white tulips are for forgiveness | Lucius

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April avait les mains moites.

A l'angle de la rue de la Symphonie Verte, dans les petites rues aux décors printaniers installés par son coven du marché de Grassmarket , elle tentait , appuyée sur un Dùghlas qui mastiquait tranquillement un brin d'herbe qui traînait là, de trouver le courage de franchir la porte du fleuriste. Elle avait dompté sa crinière rousse du mieux qu'elle le pouvait, et avait masqué ses cernes à grand renfort de cosmétiques bon marché. Leçon de beauté : être soi-même, clamait le mannequin filiforme sur le présentoir où l’anticerne avait été acheté la veille : elle avait l'air d'avoir fait ses quinze heures de sommeil et de n'avoir jamais eu aucune responsabilité de sa vie, et April avait été instantanément convaincue. Maintenant qu'elle pouvait se regarder dans le reflet d'une vitre, elle était bien obligée de s'avouer qu'aucun anticerne n'aurait pu réparer son état de fatigue à elle, ni même résorber totalement les poches violacées qu'elle a sous les yeux.

"Dùghlas, on dirait que j'ai pris du crack."

Le familier navigua entre des petits sorciers, soucieux de ne pas leur marcher sur les pieds, et pris le temps d'observer le visage de sa sorcière avant de formuler une opinion.

"C'est vrai."

April pinça les lèvres, essuya un pâté de mascara tombé sur sa pommette et tenta de se recoiffer, sans grand succès. Elle avait l'air épuisée parce qu'elle l'était, et aucun artifice n'aurait pu y changer quoi que ce soit. Résignée, la botanomancienne soupira et sortit de son sac le bouquet de tulipes blanches qu'elle avait prévu pour l'occasion. Elle avait réussi à se battre pour que Dùghlas lui en laisse un peu et avait rempli le vide que le taureau avait laissé dans ses plates bandes en flanquant une énorme canette de monster en son centre, dans la composition la plus esthétiquement discutable qu'elle avait jamais produit. Mais c'était sincère: elle avait disparu sous les radars de tout le monde après sa nomination en tant que Chroniqueuse des Feuillages, et il était temps qu'elle aille tenter de sauver une amitié à laquelle elle tenait : si un bouquet moche mais honnête pouvait aider, il fallait tenter le coup.

"Elles sont délicieuses, il va adorer."

April adressa un sourire un peu crispé à Dùghlas et lui caressa distraitement le bout du nez, avant de se reconcentrer sur une tâche imaginaire sur sa veste, dans une tentative un peu vaine de reculer l'instant ou elle entrerait dans la boutique pour s'excuser d'avoir disparu et espèrerait obtenir une forme de pardon de Lucius. Une partie, la plus rationnelle, de son cerveau, lui indiquait qu'il ne lui en voulait probablement pas et qu'il avait probablement déjà compris ce qu'elle avait traversé. L'autre, malheureusement aux manettes, avait déterminé qu'il la détestait forcément, qu'il était déçu et qu'il allait la chasser en hurlant, et que s'il n'avait jamais ne serait-ce que suggéré être capable d'un tel comportement, c'était peut-être parce qu'il était capable de se contrôler mais que cette fois-ci, exceptionnellement, il lui en voudrait suffisamment pour se fâcher et peut-être même qu'il crierait et...

En train de s'effondrer dans sa spirale anxieuse, frottant sa veste de plus belle, April ne repéra pas immédiatement la commerçante qui la saluait de l'autre coté de la vitre, l'air vaguement inquiet. Leurs regards se croisèrent, April poussa un cri et bondit en arrière avant de s'enfuir vers la porte de la Symphonie Verte.

Le destin (et la voisine) avaient parlé. Il était temps.

"Essaye de ne pas manger la devanture, s'il te plait.
- Je suis un exemple de modération."

Grande inspiration. Puis elle poussa la porte de la boutique, l'estomac noué. Tout allait bien se passer. Après tout, il n'avait jamais envoyé un seul signal comme quoi il était fâché après elle.

Et puis, j'ai mon cadea...oh.

Est-ce que son plan de réconciliation de génie était en train d'offrir des fleurs à un fleuriste en plein milieu de sa fleuristerie?

Well fuck me then.

La sonnette retentit, annonçant sa présence, et April hésita a prendre les devants en signalant que c'était elle, enfin, et qu'elle était désolée et qu'elle allait repartir mais qu'elle posait un truc sur le comptoir en vitesse mais qu'elle restait pas et qu'elle était désolée et sortir en courant pour ne pas affronter l'image mentale terrible et irrationnelle qu'elle s'était faite de la situation. Elle ouvrit la bouche, aucun son ne sortit, et la referma, avant de s'essuyer la paume contre l'arrière de sa jupe, les entrailles sciées en deux de culpabilité et la lèvre tremblante.

April avait les mains très moites.

Crédits ;

Calme, comme à son habitude, Lucius s'occupe de retirer les épines d'une sélection de roses tout en souriant au jeune homme nerveux de l'autre côté du comptoir. C'est une belle journée aujourd'hui, relativement. Il ne fait pas trop chaud, il ne pleut pas non plus le temps est donc idéal. La clientèle est polie et rapidement satisfaite. Alors, tout ne peut aller que pour le mieux à la symphonie verte. Le seul évènement notable, c'est ce jeune amoureux un peu angoissé à l'idée de son date au restaurant ce soir. C'est la fille de ses rêves.

On a tendance à facilement se confier à l'Oniromancien qui toujours, écoute attentivement en parlant peu. Jager c'est cette oreille attentive, qui hoche la tête pour vous signifier qu'il a bien compris. Qui avec une patience infinie, attend la fin des tirades avant de parler à son tour d'un ton posé :

« Je suis certain qu'elle apprécieras l'effort. Un bouquet, ça fait toujours plaisir. Et oui, le romantisme se perd, mais justement, ça va vous démarquer des autres garçons qui lui ont proposé un rendez-vous ou qui ont cherché à obtenir son attention. »

Il n'y a pas de quoi stresser, vraiment. Enfin, c'est lui qui dit ça mais à sa place, il ne ferait pas le malin non plus. S'il sait être à l'aise avec les femmes, ça l'angoisse toujours un peu plus quand il veut vraiment plaire à l'autre personne. C'est bien souvent elles qui viennent vers lui. Lucius sait toujours quoi répondre, mais ne fait que très rarement le premier pas. Un amoureux au tempérament passif, ceux qui croient au mythe infondé du mâle Alpha sont en sueur face au rêveur. Beau garçon qui n'a jamais eu à vraiment chercher par lui-même, on pourrait penser qu'il n'a qu'à se pencher pour ramasser les femmes à ses pieds et qu'il a enchaîné un bon nombre de conquêtes. Mais non. En réalité, pas vraiment. Il a du succès, il le sait, il voit bien l'effet qu'il peut faire. Remarque les regards des demoiselles qui se retournent dans la rue parce qu'il attire l'attention. Mais il n'en joue pas spécialement, et secoue la tête en rigolant quand justement, le jeune homme lui dit : mais ça doit être facile pour vous...

« Non, je suis très timide. »

Vous ne devriez pas pourtant.Un peu gêné et maladroit, l'autre lui réplique qu'il a tout pour lui : grand, tatoué, musclé. S'il ne va pas jusqu'à dire à Lucius qu'il a aussi un beau visage, l'Oniromancien hausse les épaules :

« ça n'empêche pas que je stresse quand même quand j'ai un rendez-vous. Mon seul avantage par rapport à vous, c'est que je sais bien faire les bouquets. Mais chacun son métier. »

Et c'est bien vrai en un sens. Parce que si Lucius ne doute pas réellement de sa capacité à plaire physiquement, qu'il semble à l'aise avec le genre opposé ça n'a pas toujours été le cas. Et c'est toujours un peu vrai. Quand une fille lui plaît vraiment, que ce n'est pas juste pour s'amuser, il peine à enchaîner plus de trois mots. Heureusement, il n'a plus à s'en soucier depuis un moment. Est-ce qu'il a trouvé ? La question du client pourrait sembler un brin intrusive. Et en soit, elle l'est. Mais le fleuriste relève simplement la tête tout en découpant le papier pour emballer les roses.

« Oui. »

Et comme ça ne pouvait pas tomber au pire moment, lorsqu'il relève le visage pour répondre au jeune homme, Lucius fronce les sourcils en voyant une tignasse rousse dans sa vision périphérique. Des cheveux qu'il reconnaît sans mal, avant de sourire à pleine dents :

« Oh, April ! »

Le client se retourne. Regarde la Botanomancienne, avant de regarder Lucius, puis de nouveau la jeune femme. Et soudainement, le fleuriste ne sait plus quoi répondre. Se contente de rire un peu gêné par la situation. Est-ce que ce serait malpoli de dire qu'April n'est pas sa petite amie ? Ou est-ce que ce serait encore plus bizarre de ne rien dire ? Préférant faire l'autruche, soudainement un peu embêté par le quiproquo, le tatoué se racle la gorge avant de passer maladroitement une main dans ses cheveux courts.

« Je crois qu'on a terminé pour votre bouquet, ça vous convient ? »

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La sorcière n'était pas seule dans la boutique, et son pire cauchemar était lentement mais sûrement en train de se produire. Le jeune homme s'était retourné vers elle, l'air un peu béat, et la regardait comme si elle était Anthearia en personne. April lui adressa un sourire crispé. Un client, probablement.

"Salut Lucius! Je."

Les mots commençaient à lui échapper à une vitesse déconcertante. April enfonça les ongles de sa main libre dans sa paume et enchaîna.

"J'étais dans le coin et je me suis dit que ça faisait longtemps que je n'étais pas passée voir ce bon vieux Lucius."

Au secours.

La botanomancienne, mal à l'aise, prit appui dans le regard de la troisième personne qu'elle ne connaissait pas et lui adressa un vigoureux signe de tête. Il récupérait un bouquet de roses. Probablement pour une amoureuse qui serait ravie de les recevoir. Pendant un instant, April se demanda si ses fleurs ne portaient pas a confusion, mais elle chassa rapidement l'idée de son esprit: les tulipes blanches étaient, en langage des fleurs, synonyme de pardon. Il aurait fallu être profondément ignorant pour les prendre pour un genre de déclaration bizarre, et la sorcière décida que si tout le monde était dans cette fleuristerie, c'est qu'ils savaient tous précisément ce que le bouquet voulait dire.

"Je vous imaginais très différente", lâcha le jeune sorcier, un sourire qu'April n'arriva pas à interpréter sur les lèvres, mais qu'elle assimila directement à l'adjectif "entendu", quoi que celui-ci puisse bien vouloir dire dans le contexte. Les yeux écarquillés, les mains toujours autour de ses fleurs, la botanomancienne chercha en vain à comprendre la convention sociale qui devait s'appliquer dans ce cas précis, avant de déterminer qu'elle n'avait aucune espèce d'idée de ce qui se passait et que dans tous les cas, la vérité et la politesse étaient toujours de mise.

"Merci bien. Je ne vous imaginais pas du tout."

Hm. Ça sonnait mieux dans ma tête.

Réprimant l'envie d'envoyer un message à Aphrodite qui démarrait par "au secours" et finissait par "viens me chercher", April se para d'un sourire affable alors que son cerveau comprenait enfin les enjeux de cette question d'imagination. Ce type, qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, avait ressenti le besoin de se faire une image mentale d'elle. Ce n'était. Pas. Un. Client. Ordinaire. C'était sûr, Lucius lui avait parlé d'elle, et probablement pas en bien étant donné qu'elle avait honteusement disparu sans donner de nouvelles. Le type devait se figurer qu'elle était un genre de gorgone instable et désagréable, alors qu'elle était juste fatiguée et débordée par les conséquences de ses propres actions. Et en plus, si Lucius lui avait parlé d'elle, c'est nécessairement qu'ils étaient un peu proches; en six mois, il avait eu le temps de se faire de nouveaux amis qu'elle ne connaissait pas. Ami qu'elle venait probablement d'injurier frontalement.

Well played.

Il était encore possible de tout rattraper.

"Mais je manque à tous mes devoirs! April, ravie."

La botanomancienne serra la main vigoureusement du jeune homme qui n'avait rien demandé, esquivant le regard de Lucius tant qu'elle n'avait pas rattrapé le coup. Elle n'avait pas été une bonne amie, c'est vrai, mais elle était encore capable de sauver les meubles et de ne pas aggraver la situation en se tenant face aux amis de Lucius comme un éléphanteau dans un magasin de porcelaine.

"Je travaillais ici il y a quelques années. J'étais jeune et inexpérimentée, mais heureusement, Lucius m'a appris tout ce que j'avais à savoir et j'ai vraiment pu grandir entre ses mains!"

C'était vrai: April aurait été bien incapable de faire un bouquet de fleurs sans l'aide de son mentor, auquel elle adressa un sourire qu'elle voulut rayonnant et qui sortit juste bizarre, absolument imperméable aux tragiques ramifications que pouvaient suggérer sa phrase dans le contexte (notamment celle, prégnante, des activités qu'entreprenait Lucius avec ses jeunes employées). En lieu et place de ça, elle se sentit un peu satisfaite d'avoir pu contextualiser la raison de sa présence tout en faisant bonne figure auprès d'un inconnu, et peut-être, en ayant un peu amadoué son ancien patron.

Tout était désormais moins gênant et bien plus clair pour tout le monde.

C'était sûr.

Je vous imaginais très différente. Et c'est à ce moment là, que Lucius se rend compte du quiproquo énorme. Si l'humour d'April arrache au fleuriste un petit rire discret, il secoue ensuite la tête pour confirmer et éclaircir cette situation. Le client doit croire que c'est elle, la petite amie.

Ravi que le bouquet soit terminé et convienne, Lucius s'empresse d'encaisser le client pour s'en débarrasser. Pas qu'il ne l'aime pas. Il ne le connaît pas vraiment, ce pauvre Roméo stressé par son date avec la fille de ses rêves. Mais Jager n'a pas trop aimé ses questions intrusives sur sa vie sentimentale à lui et surtout... S'est senti gêné par le malentendu sur sa relation avec April. Parce que c'est bizarre dans les deux sens, qu'il ne savait pas trop quelle était la meilleure chose à faire : ignorer totalement le malentendu, ou bien dire clairement que non ce n'est pas avec la Botanomancienne qu'il sort actuellement. Finalement, il préfère l'option de l'honnêteté.

« Ah, April et moi sommes amis seulement, mais je suis certain que votre rendez-vous se passera bien ! Bonne chance à vous ! L'amour sera de votre côté. »

Sauf s'il commence à poser des questions gênantes à la nana avec qui il a un rencard. Dans ce cas-là, Lucius ne peut rien pour lui. Il n'est qu'un fleuriste confectionnant des bouquets pour aider, pas un faiseur de miracles. Sinon, il serait mieux payé. Parce que tout le monde espère un miracle dans sa vie, que ce soit sentimentalement parlant, ou pour sa carrière ou même la santé. Malheureusement, personne n'a ce pouvoir.

Soulagé de voir le jeune homme quitter le magasin, l'Oniromancien prend un instant pour s'appuyer sur son comptoir et soupirer la tête baissée. C'est terminé, enfin. Mais il a besoin d'un petit instant de calme pour se remettre de ses émotions; comme bien souvent lui qui est décidément vraiment trop sensible.
Contournant son comptoir une fois remis le voilà souriant à April avant de lui donner une accolade franche. Il est heureux de la revoir. Elle lui a manqué et Lucius sait d'avance que ce n'est pas parce qu'elle était fâchée pour une raison inconnue. Il a vu les nouvelles dans le journal, sa nomination au poste de chroniqueuse des feuillages. C'est un travail prestigieux et important. Certes, son rêve à elle c'est de devenir une chercheuse reconnue mondialement pour ses études sur les fungis. Mais il faut bien commencer quelque part. L'avantage maintenant c'est que la sorcière avec son nouveau poste possède l'accès aux savoirs gardés de son coven. Des recherches sans doute inédites, pour en apprendre plus. Elle ne peut pas être la première à vouloir mener des recherches sur les champignons. C'est même une certitude, puisque Lucius connaît Zephyr, le préparateur des élixirs, qui lui aussi... Aime ces végétaux particuliers.

Il se retiens néanmoins d'utiliser le terme simpliste de végétaux, lorsqu'il parle des champignons. Parce que c'est incorrect d'un point de vue purement scientifique, que c'est un abus de langage et qu'avec April ou Zephyr, il aurait le droit à un quart d'heure (au bas mot) d'explications sur le pourquoi du comment les champignons ne sont en réalité pas des plantes, ou pas totalement.

Les rêves, ça le connait. C'est même tout le principe de sa magie à vrai dire. Mais justement, le principe d'un rêve c'est qu'il ne se réalise pas toujours une fois que l'on est éveillé ou confronté à la dure réalité. Néanmoins, April y arriveras sans doute. Parce qu'il a toujours cru en elle et a même acheté et lu son livre en guise de soutien.

« ça fait plaisir de te revoir, April. Désolé pour le client et ses questions bizarres... Je lui disais juste avant que j'avais quelqu'un, il a du croire que c'était toi. »

Au moins, le malentendu a été dissipé. Souriant toujours malgré ses traits fatigués, le fleuriste recule pour se poser sur son comptoir de manière nonchalente à la recherche de sa canette d'energy drink posée derrière. Une cannette qu'il secoue en constatant qu'elle est malheureusement vide.

« Félicitations d'ailleurs, pour ton nouveau job. J'ai pas eu trop le temps pour les messages, désolé. »

Car sa propre vie est bien plus remplie qu'on ne pourrait le croire, lui qui n'est qu'un simple fleuriste. Remarquant d'ailleurs le bouquet dans les mains d'April, il hausse un sourcil :


« Toi aussi tu as un date avec quelqu'un ?... »

Des tulipes blanches et une canette de Monster, c'est un choix étrange. Mais Lucius n'est pas là pour juger.

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April salua le client qui sortait, un peu confuse par l'interaction. Ils ne se connaissaient finalement pas si bien que ça? C'était juste un client? Pas un ami? April tenta de négocier intellectuellement ce qui venait de se produire, et parvint à la conclusion qu'elle n'avait rien compris du tout et qu'il fallait probablement qu'elle lâche l'affaire. Le type disparut au coin de la rue avec ses fleurs, laissant April avec son bouquet et sa canette de monster dans les mains. Est-ce qui'elle venait de rater une interaction sociale?

Il faudrait qu'elle envoie un message à Aphrodite à ce sujet. Elle avait toujours été plus douée qu'elle dans le domaine, et April ne voyait aucune honte dans le fait de faire appel à des professionnels.

Distraite un instant, ses fleurs toujours en main, la sorcière regarda autour d'elle: la boutique avait changé avec les saisons, mais restait l'endroit dans lequel elle avait travaillé le temps de décider de son avenir, puis de se plonger définitivement dans les voies magiques. Elle avait été le lieu de beaucoup d'apprentissages, de beaucoup de décisions, de beaucoup de demandes d'aides, aussi. Depuis son départ aux États-Unis, elle avait changé de statut, mais April aimait toujours ces murs, les fleurs et son propriétaire, auprès duquel elle avait appris, d'une certaine manière, à prendre des décisions pour elle-même et sa propre existence. Elle y était devenue adulte, sommes toutes, et l'endroit faisait désormais un peu partie d'elle.

"Je suis contente de te voir aussi, Lucius."

Elle lui rendit son accolade, heureuse qu'il ne soit pas fâché après elle. Elle avait paniqué pour rien, comme d'habitude. La remarque la fit grimaçer.

"Mince, j'avais pas du tout compris la situation. Je pensais que c'était un ami à toi. C'est pour ça que je suis mieux dans le fond de la salle, en général."

Les conséquences s’abattirent d'un coup sur April, qui comprit enfin qu'elle avait été particulièrement malaisante pour Lucius. Ouch. Cela ne changeait pas de ses interactions passées avec d'autres client·es lors de ses rares passages en caisse, des années auparavant, et si elle avait progressé dans un tas de domaines, force était de constater que sur celui-ci, elle n'avait rien appris du tout. Elle n'avait par ailleurs tellement rien appris qu'elle avait occulté l'espace d'un instant le fait que Lucius venait de lui dire qu'il voyait quelqu'un; mais le moment était passé, et April se promit de lui poser la question plus tard, une fois mieux installée, pour au moins le féliciter de ça.

De félicitation en félicitation, c'est sa nomination qui revient au centre de la conversation, et elle lui adresse un sourire très crispé. Il lui était douloureux d'entendre la satisfaction de tout le monde alors qu'elle-même ne souhaitait qu'une seule chose: que tout ceci ne se soit jamais produit et qu'on trouve rapidement quelqu'un d'autre pour la remplacer. Mais il fallait bien donner le change, et April ne voulait pas mordre la main qu'on voulait bien lui tendre.

"Merci beaucoup. C'est moi qui m'excuse, je..je ne m'attendais pas exactement à obtenir ce poste, et ces six derniers mois ont été un peu...un peu pris."

Lucius avisa les fleurs, et demanda à April si elle avait un date. L'espace d'un instant, la botanomancienne se demanda pourquoi donc elle aurait un date et ce qu'elle ferait ici si elle avait un date, avant que, finalement, les morceaux se recollent et qu'elle comprenne le malentendu. C'était donc les fleurs qui confusaient tout le monde depuis le début. Soudain détendue, April rit, et le naturel revint au galop: elle était à nouveau April un peu idiote avec ses mots, mais April souriante.

"Quoi? Non. C'est déjà assez la merde comme ça sans rajouter des dates médiocres par dessus, si tu veux tout savoir. Non, c'est pour toi? C'était pour m'excuser. J'ai disparu pendant six mois, j'ai donné zéro nouvelles parce que j'étais absolument sous l'eau avec le printemps et nos festivals liés, bref. Je n'ai pas été une très bonne amie, et je voulais m'excuser, voilà. Je t'ai pris aussi une canette de ce truc que tu aimes bien: apparemment c'est un nouveau goût avec des couleurs rigolotes, je me suis dit que ça te ferait plaisir."

April tendit l'ensemble dans la direction de Lucius.

"L'expert a parlé: les tulipes sont apparemment excellentes."

Cette nouvelle année 2024 semble être bien chargée pour tout le monde. April aussi a été occupée ces six derniers mois. Tu m'étonnes. Entre son voyage aux Etats-Unis puis sa nomination au sein du Coven, Lucius sait qu'elle a été occupée. Tout comme pour la parution de son bouquin sur les champignons, qu'il a lu sans tout comprendre. C'est tout de même très différent d'une plante, un fungi et il manque quelques bases à l'Oniromancien pour réellement saisir toute la complexité des travaux d'April. Ce ne sont pourtant pas les amoureux des champignons, qui manquent dans sa vie. S'il avait eu un centime à chaque fois qu'il tombait sur quelqu'un qui adore ces végétaux -qui n'en sont pas au sens biologique stricte- il aurait deux centimes. C'est peu, mais étant donné la faible probabilité c'est déjà beaucoup.

S'il a été occupé à essayer de comprendre le livre d'April, il y a aussi autre chose. Il est en réalité bien pris et préoccupé depuis cet automne, lorsqu'enfin il s'est officiellement mis en couple avec Nero, avant d'apprendre tout un tas de choses sur lui. C'est compliqué, comme situation. Ce n'est de la faute de personne, c'est juste ainsi que la vie est faite et il faut faire avec sans jugement. C'est comme ça qu'on l'a éduqué Lucius : accepter son prochain avec ses différences tant que l'on est dans la limite du raisonnable. Accepter un raciste ou un abruti avéré... C'est encore différent. Mais ça, celleux qui le connaissent le savent : Lucius ne juge autrui que rarement, uniquement lorsque les valeurs de la moralité sont remises en cause.

Les fleurs sont en réalité pour lui et le voilà à rire en prenant le bouquet qu'on lui tend. Maintenant qu'il l'a dans les mains, il constate effectivement quelques traces de dents. S'il n'est pas Zoomancien ni zoologue qualifié, qu'il ne saurait pas reconnaître comme ça vu d'oeil qui a mangé des tulipes, l'Oniromancien sait fort heureusement quel genre de familier accompagne son amie au quotidien. C'est bel et bien ce cher
Dùghlas qui est le coupable tout désigné. Mais une fois encore, Lucius ne lui en veut pas. Il voit même ça comme une manière de participer à sa façon venant du taureau.

« Je suppose que Dùghlas attend dehors ? »

En espérant qu'il n'aille pas -trop- gringotter les fleurs de la devanture de la fleuristerie. Espérer qu'il n'y touche absolument pas est un optimiste dont même Lucius ne saurait faire preuve, ne connaissant que trop bien le fier taureau.

« Vous tombez à pic en tout cas, je termine mon shift dans cinq minutes. On peut aller boire un café, si vous voulez. »

C'est à croire que les planètes se sont alignées aujourd'hui et pour une fois, elles sont dans un axe positif. Pas de client relou à gérer, hormis ce monsieur avec des question un peu trop intrusives, pas de catastrophe notable avec une plante magique qui ferait des siennes. Non, juste la possibilité pour une fois, de se voir malgré les emplois du temps chargés de la vie d'adulte. Plus l'on approche des trente ans, plus c'est difficile semblerait il et Lucius se demande maintenant comment faisaient ses parents pour réussir à voir leurs amis régulièrement quand ils avaient son âge. Les diners à la maison étaient assez communs, surtout quand il faisait beau en été. Famille de pyromanciens oblige, on mangeait souvent des barbecue chez les Jager durant ses grandes vacances et de préférence, tard le soir pour ne pas incommoder l'enfant vagabond accidentel dans la lignée.

« Et ça me fait penser qu'il y a un café vegan qui vient d'ouvrir plus bas sur la rue. J'y suis pas encore allé, on peut essayer pour l'heure du goûter. »

Parce que c'est l'heure après tout, que même s'il fait très attention à cause du sport, le rêveur sait s'autoriser quelques écarts tout en restant raisonnable. Soudainement, l'idée d'une grande tasse de café noir et d'une part de tarte ou de gâteau lui fait très envie...

April sourit à la mention de Dùghlas : le familier aimait bien Lucius, et c'était réciproque, même si elle soupçonnait l'affection du taureau d'être intéressée - elle l'était toujours un peu. Mais pour une fois, elle avait obtenu de lui qu'il ne ravage pas la devanture de la fleuristerie sous prétexte d'être un gourmet incompris. Il n'y avait pas de petites victoires, et elle savourait celle-ci à sa juste valeur. Elle jeta un coup d'oeil au travers de la fenêtre, mais pas de taureau en vue. Peut-être avait-il fui la tentation en allant se balader non loin?

"Je crois qu'il est parti faire un tour. Tes fleurs sont délicieuses, mais avec son estomac, c'est un coup à frôler la banqueroute."

La botanomancienne eut un petit rire.

"Il s'est fâché récemment avec le maraîcher d'à coté. Il a voulu goûter une carotte, le type l'a traité de grosse bête, il s'est vexé et a mordu en plein milieu de sa pile de concombres. Aucun des deux ne veut s'excuser, et je n'ai toujours pas réussi à rembourser le type qui demande une punition exemplaire à la place, et que je le discipline. J'imagine qu'il est allé régler ses comptes...ou déterrer la hache de guerre."

April avait pourtant bien tenté d'expliquer les lois du marché et la réalité du capitalisme à Dùghlas, mais sans grand succès: après tout, Karl Marx n'était pas une lecture facile pour démarrer, et Dùghlas était un taureau, ce qui n'arrangeait en rien sa compréhension des dégâts économiques qu'il engendrait. Elle avait bien tenté de lui mettre, après moult protestations sur fond de "je ne suis pas une vache laitière", un collier avec une petite bourse remplie d'argent pour les dédommagements, mais il s'était montré trop protecteur vis à vis des finances de sa sorcière, et ça n'avait rien résolu du tout. Pire, un gamin du quartier avait tenté de lui chiper sa bourse, et Dùghlas lui avait écrasé le pied sous son sabot, ce qui avait nécessité un hydromancien d'urgence.

"Si tu veux tout savoir, au début je pensais qu'il n'avait pas conscience de ce qu'il faisait. Mais maintenant, je crois qu'il est très bien au courant, et qu'il a bien compris qu'il était trop gros pour qu'on lui dise quelque chose. C'est comme si j'avais un enfant de 500 kilos."

Elle l'avait dit avec douceur. Elle n'était pas zoomancienne, mais elle avait compris qu'elle ne ferait rien de Dùghlas qu'il n'avait pas envie de devenir lui-même, et elle appréciait d'avoir dans son entourage proche quelqu'un qui ne se laissait rien dicter du tout, jamais.

La mention d'un café dehors fit sourire April. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas profité d'un bout de coffee shop et d'une bonne tasse réconfortante de café. Et, à la mention d'un nouveau café vegan, April laissa échapper un gloussement de joie.

"Ooooh! Je crois que je vois lequel c'est! Je l'ai vu passer sur instagram et je n'ai pas eu une seule seconde pour aller l'essayer alors que la carte a l'air super."

April serra son sac, prête à décoller, et attendit sagement que Lucius ferme boutique avant de partir. Elle avait vraiment aimé les années passées ici, au lieu d'aller à l'université. Elle n'aurait pas supporté des années suppléentaires à être bizarre en grand groupe: la boutique avait été un peu chez elle pendant un temps, et elle l'aimait particulièrement pour ça. Elle était contente d'être rentrée.

Le coin de l'oeil dirigé vers la fenêtre, une grosse masse rousse un peu trop proche des fleurs restées dehors. Les sourcils froncés, elle fonça à l'extérieur, pour affronter l'inévitable.

"Dùghlas! Je peux savoir ce que tu fais?
-Je vérifie si les fleurs sentent bon."

La botanomancienne détourna son attention de la porte, incapable de savoir si son ami sortait ou pas.

"Il faut féliciter Lucius. Elles sentent très bon. Il a un vrai talent!"

Levant les yeux au ciel, April regarda le bouquet de près, croisant les doigts pour que son ravageur XXL n'ait pas failli à sa promesse. Elle avait déjà eu assez honte aujourd'hui comme ça.

TW : mention de racisme et de grossophobie
« Quelle idée de le traiter de grosse bête aussi. »

ça ne se fait tout simplement pas, d'insulter les êtres vivants sur leur physique. Familier ou sorcier.ère, même humain.e. Parce que ce n'est pas le genre de choses qu'on choisit dans la vie, que Lucius lui-même en a parfois souffert quand on se réfère à son métissage pour l'insulter. Ce n'est pas forcément la première chose qu'on remarque chez lui - sa grande taille venant en premier- mais pendant un temps, lorsqu'il était plus jeune l'Oniromancien avait envisagé de se faire faire une opération de chirurgie esthétique pour avoir un regard plus occidental et éviter ainsi les moqueries. Finalement, il n'a jamais franchi le pas et se dit que c'est mieux ainsi. Qu'il faut s'accepter comme on est, avec ses différences qui font qui l'on est. S'il ne peut rien faire pour être plus petit alors il n'y a pas de raison pour qu'il change le reste. Commencer à modifier les choses, c'est selon lui le meilleur moyen de toujours en vouloir plus après et de ne jamais être satisfait. Les complexes ne sont jamais simples à gérer, pour personne. S'accepter comme on est peut s'avéré difficile mais c'est probablement la plus saine des options.

Lucius et ses yeux en amande, Dùghlas et ses cinq cent kilos : c'est pareil dans le fond, ils sont ainsi et personne n'a le droit de les attaquer sur des choses qu'ils n'ont pas choisi. C'est même un brin grossophobe. Non, ça l'est carrément, de lui dire qu'il est une grosse bête. Comme si c'était une mauvaise chose, d'être plus large que la moyenne. Alors que non, ça ne change rien. Mais un Taureau des Highland ne va pas être aussi svelte qu'une antilope. C'est juste mauvais et mesquin d'exiger de Dùghlas d'être autre chose qu'un fabuleux bovidé au pelage tout aussi roux et flamboyant que sa sorcière.

« Peut-être qu'il n'aurait pas dû manger les légumes, mais tu as proposé de rembourser les dégâts et c'est honnête. Y avait pas vraiment d'autre alternative, à part le faire recracher, mais les dégâts sont irréversibles... C'est pas une raison de l'insulter pour autant. »

Le familier du fleuriste est tout de même plus pratique que celui d'April. Un chat, c'est assez classique comme animal. La seule réelle difficulté, c'est d'entretenir les longs poils soyeux de Nuggy, qui est semblable à un petit nuage et exige des séances de spa régulières : toilettage et massage des coussinets ainsi que du visage. Le chat d'ailleurs, n'est pas non plus très bien élevé quand on y réfléchit, à venir manger à table avec Lucius; mais dans sa propre assiette à côté tout de même. Seulement, le statut de familier lui donne quelques excuses pour exiger un tel traitement, contrairement à un chat classique. Mais à bien y réfléchir, il y a fort à parier que même si Party Nuggets n'était qu'un félin ordinaire, le sorcier serait tout aussi permissif avec lui.

Ses affaires rangées pour laisser la boutique et la fermeture à ses collègues, voilà que Lucius revient pour retrouver le duo des rouquins. Le taureau renifle les fleurs, et entendant un bout de la conversation, le rêveur sourit avant d'approcher sa main pour caresser la tête du familier :

« Salut Dùghlas ! »

N'étant pas revenu les mains vides, sachant qu'il faudrait occuper le taureau, Lucius lui présente un gros sac de feuilles qui ont été retirées des bouquets. Des fleurs également, qui n'étaient plus de première fraîcheur ou tout du moins, pas assez pour être vendues. Mais bien assez pour être dévorées.

« J'ai pensé à toi, pour que tu ai de quoi grignoter aussi au café. »

April semble avoir entendu parler du café, a vu une publication sur Instagram. C'est tant mieux, ils pourront ainsi tester ce nouvel endroit ensemble : et il n'est jamais trop tard pour un café quand on s'appelle Jager.

La remarque de Lucius toucha un point sensible, aussi fugacement qu'elle était repartie.

Dùghlas et April, ensemble, ne se formalisaient plus des remarques de ce genre : ils étaient un duo revendiqué de grosses bêtes, l'une appuyé sur l'autre comme une image d'Épinal de fermière écossaise. Ils tiraient leur force dans l'espace grâce à leurs corps massifs car ils n'avaient pas eu le choix; et ils marchaient désormais ensemble au milieu de la rue sans plus se soucier du regard d'autrui. Des années de remarques à l'académie s'en étaient assuré. Mais c'était séparément que tout se jouait, pour eux. Les remarques rendaient April triste et affectaient largement son estime d'elle-même ; Dùghlas, lui, se mettait en colère, et ruait dans les brancards.

C'est vrai que ce n'était pas gentil, et il était tout seuil, songea la sorcière qui se promit de s'excuser. Il n'aurait pas hésité, lui, un seul instant, à défoncer une pile de légumes supplémentaires pour faire bonne mesure si c’était à elle qu'on avait fait la remarque.

Ca l'avait d'ailleurs mise dans un paquet de situations gênantes qu'elle s'était retrouvée incapable de gérer : mais il y avait eu des progrès, et il avait cessé, la dernière année de sa scolarité écossaise, de déféquer dans les dortoirs en signe de vengeance. A coté de ça, les concombres étaient un moindre mal.

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Soulagée, April constata que Dùghlas n'avait effectivement pas touché à la devanture, et appréciait simplement l'odeur des fleurs. Elle se maudit du peu de confiance qu'elle lui avait fait sur ce coup là, mais l'animal ne sembla pas s'en formaliser. C'était, après tout, déjà arrivé, et ça se reproduirait probablement. Le taureau sembla soudain s'illuminer à la vue de Lucius et de son sac de feuilles, et se retint de mettre son museau dedans tout de suite, préférant la flatterie de l'oniromancien sur le bout du nez.

"Lucius, ça fait trop longtemps. C'est gentil d'avoir pensé à moi. Lord Party Nuggets vient avec nous, ou c'est l'heure de sa sieste?"

Le titre honorifique n'était pas moqueur: mais le chat lui semblait être une créature digne et noble, et il se sentait une proximité certaine avec les familiers à poils longs qu'il considérait comme des membres distants d'une même famille spirituelle, unie par le plaisir du brossage et les barrettes fantaisie. Il attendit la réponse, et emboita poliment le pas de la petite troupe en direction du café vegan.

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"Lucius, c'était une super idée de venir : regarde comme c'est mignon!"

April avait poussé une petite exclamation de joie devant la charmante devanture du café, richement décorée, et s'était approchée pour regarder au travers de la vitre l'arrangement de pâtisseries, peu concernée et peu consciente du fait que de tels débordements à la vue d'une boulangerie étaient réservés habituellement à des sorciers et sorcières sensiblement plus jeunes. Son regard fut attiré par une machine comprenant tuyaux, ce qui semblait être une cuve, des pistons et plusieurs récipients, et elle cligna des yeux, incrédule.

"Je n'ai jamais vu une machine de ce genre. Tu crois qu'ils font des jus avec?"

La pauvre April était perdue face à la mécanique, et la fonction de ce qui était simplement une machine à café japonaise venait de lui échapper totalement. Mais cela suffisait amplement à son bonheur: la machine étrange et la sélection de douceurs, dont une tarte aux pommes promise comme servie chaude et avec de la crème avaient refait son après-midi, surtout en compagnie d'un ami. Emballée par le projet goûter et le beau temps, elle tira une chaise en terrasse, et invita Lucius à s'installer.

Ça allait être super.

« Je suis là, Sir Dùghlas. »

Une petite voix discrète s'élève dans le dos de Lucius, qui en rigolant, tourne sur lui-même pour que l'on puisse voir le chat l'accompagnant. Assis fièrement dans son sac à dos de transport, aux couleurs d'une Pokeball, on peut apercevoir la tête du familier et ses grands yeux ronds et bleus. Ce sac a été une aubaine pour eux, l'un des meilleurs cadeaux qu'on ait pu leur faire et bien entendu, une brillante idée d'Armand collectionneur de cartes Pokémon émérite. Bien plus pratique et mobile que toutes les autres méthodes que le sorcier et son familier aient pu tester au fil des années. Moins encombrant qu'une cage de transport, même à roulettes. Plus stable selon le chat et au moins, il peut voir ce qu'il se passe là-haut. Plus pratique aussi que de se faire porter dans les bras tout le temps, Party Nuggets ne voulant pas salir ses coussinets royaux et encore moins prendre le risque d'avoir le poil poussiéreux ou pire - mouillé par la pluie. Parce que ça fait des bouclettes, que ça ne va pas du tout, qu'il faut donc refaire un bain et un brushing derrière pour lisser son poil. D'ailleurs, ce soir, le chat a réclamé à Lucius de le brosser un peu plus sous les pattes pour enlever quelques frisotis.

Véritable chat de salon détestant aller en extérieur là où c'est salissant, grosse feignasse qui apprécie les siestes en compagnie de Lucius tout aussi fatigué que lui en permanence. A bien y regarder, son sorcier est un peu pareil : lui aussi fait très attention à ses cheveux. C'était encore pire quand il les avait très longs et que de dos, de loin, on l'appelait parfois Mademoiselle avant de se rendre compte qu'il était quand même sacrément trop grand pour être une femme. Pas que les femmes grandes n'existent pas, non ce n'est pas ça. Mais c'est quand même vachement plus rare de faire 1m90 que quand on est un homme.

Le salon de thé est en effet assez mignon, April a trouvé le bon mot. Regardant autour de lui en souriant, appréciant la décoration, Lucius est heureux de pouvoir apprendre quelque chose à quelqu'un. Pour une fois. Du moins, en dehors des conseils sur l'entretient des plantes qu'il donne tous les jours aux client.e.s de la symphonie verte :

« Ah non, c'est pas pour les jus ! C'est une cafetière Japonaise. »

Le procédé est assez complexe, avec tout ces tubes et les réceptacles de verre on pourrait croire à une machine d'alchimiste. C'est aussi un procédé assez long, bien plus qu'avec les machines à café modernes. Mais au Japon et en Asie plus généralement, les gens ont tendance à prendre leur temps. Il suffit de regarder comment se déroule la cérémonie du thé, pour le comprendre. C'est pour apprécier le produit dans son entièreté, que l'on prend autant son temps dans ce genre de moments. Au quotidien bien entendu, tout le monde va chercher son café dans un magasin ou... Carrément dans un distributeur, pour le café glacé. C'est un peu étrange, on n'y est pas forcément très habitué en occident mais le café en canette manque à Lucius parfois, qui s'en procure dans des épiceries spécialisées dès qu'il le peut. Au même titre que du véritable coca cola Américain, bien plus sucré que celui que l'on trouve en écosse. Choc des cultures à son arrivée à Edimbourg quand il était enfant, de constater que le coca n'avait pas du tout le même goût qu'aux Etas-Unis. Aussi bien pour lui que pour sa mère, qui avaient échangé un regard surpris la première fois qu'ils se sont rendus au macdonald's de l'autre côté de l'Atlantique. Bien qu'il ait au final plus vécu ici qu'à Salem, l'Oniromancien s'étonne toujours des Européens. Notamment de leur nouvelle taxe d'un pound symbolique lorsque l'on souhaite une boisson sucrée au fast-food.

Toujours est-il qu'ici il ne compte pas boire un coca. Ils en ont certainement en stock pour la clientèle mais autant profiter pour boire un café bien fait, qui sera meilleur que celui qu'il tire de sa machine avec ses petites capsules le matin chez lui.

« Tu m'étonnes que tu les ai vus sur Instagram, j'suis sur que tout le monde fait des photos esthétiques devant le mur de fleurs là. »

C'est vrai que c'est joli et que ça doit rendre bien en photo, un mur végétal avec quelques plantes fleuries. Un regard sur la table des clients à côté d'eux lui indique aussi que les boissons et les pâtisseries sont visuellement très travaillés. Vraiment ici, c'est un lieu branché.

Une cafetière japonaise?

April fronça les sourcils brièvement. Elle n'avait jamais vu pareil engin, et n'était pas certaine de comment ça pouvait bien fonctionner. Elle ne connaissait en plus pas grand chose à la culture japonaise, mise à part leurs champignons, ce qui limitait son champ d'action intellectuel; mais elle savait cependant qu'ils avaient un goût général pour la précision. Ça, la culture high-tech et le goût pour les gundams achevèrent de convaincre April que ça devait probablement très bien marcher sans qu'elle n'ait besoin de comprendre comment, et qu'il s'agissait certainement d'un produit localisé dont elle ne connaissait pas l'existence et qu'il fallait qu'elle teste. Avec une confiance à toute épreuve dans sa conclusion, elle répondit juste, l'air assuré :

"Ah oui! Pour les cafés japonais!"

Hein? Non, ça n'allait pas du tout. Comment ça, les cafés japonais?
Une fois les mots sortis de sa bouche, la sorcière réalisa rapidement qu'ils ne s'appuyaient sur aucune réalité tangible et qu'elle venait de faire un pet de cerveau - probablement dû à la fatigue. Lucius ne jugeait jamais, et si elle était confortable avec lui, force était de constater qu'elle mettait un peu moins d'effort dans les filtres sociaux que d'habitude, et que, de fait, elle finissait invariablement par dire des grosses conneries. Soucieuse de ne pas raconter davantage d'âneries, elle se contenta de hocher la tête, l'air vaguement confus.

"Je...je vais goûter, ça a l'air super."

Dissipant ses questionnements caféinés au profit de la décoration du café, April acquiesça à la remarque de Lucius. Le mur de fleurs était somptueux : il manquait de morilles à son goût, mais il était suffisamment coloré pour attirer son attention. La botanomancienne avait après tout une réputations d'imprimés tape-à-l'oeil qui lui collait légitimement à la peau, et tout ce qui avait plus de deux couleurs vives rentrait automatiquement dans le scope de ce qu'elle aimait bien. C'était comme ça qu'elle avait meublé chez elle, c'était comme ça qu'elle peignait ses figurines, et c'était comme ça qu'elle tenait ses registres de chroniqueuse : dans six couleurs différentes et avec de la papeterie à pompons.

"C'est vrai que ça a l'air branché...Si j'avais su, j'aurais fait un effort. Dùghlas, peut-être que tu pourrais poser devant en partant? C'est autant ton instagram que le mien. Si Party Nuggets est d'accord pour venir avec toi, ça vous ferait un souvenir."

April se prenait assez peu en photos, et l'idée d'avoir un souvenir d'elle et de Lucius ne lui avait même pas traversé l'esprit, tant elle fuyait les caméras d'une manière générale. La faute, probablement, à des parents qui avaient documenté avec précision chacun de ses premiers pas, premiers bains et autres premiers pipis qui étaient encore au mur du cottage familial et présentés comme une grande fierté à quiconque s'y hasardait pour la première fois. L'âge adulte ne la protégeait pas des clichés de ses parents, mais venait avec la possibilité d'esquiver toutes les autres occasions - possibilité dont elle se saisissait à chaque fois.

D'humeur assez gaie, elle prit place a une petite table et attendit que le service vienne à leur rencontre.

J'espère que ça n'est pas un de ces endroits ou on commande au comptoir...?

Si c'était le cas, elle se relèverait; mais pour le moment, toutes les tables ayant été servies, elle n'avait pas idée de ce qu'il fallait faire, et décida que si elle dérangeait, on viendrait bien lui dire. A moins, évidement, que Lucius, qui avait toujours été plus à l'aise, capte directement comment procéder. Une tarte aux pommes et un café japonais-pas-japonais-mais-avec-la-machine-japonaise, ça ne devrait pas demander tant d'efforts intellectuels que ça.

En attendant, elle avait des questions à lui poser. Elle avait cru comprendre que son ami avait trouvé l'amour, et si elle ne se sentait pas de le questionner frontalement (elle se savait maladroite), elle comptait tout de même bien se renseigner sur les récents développements. Si elle n'était d'une manière générale pas tellement du genre à aller mettre son nez dans ce qui ne la regardait pas, elle avait six bons mois de vie à rattraper et il fallait bien démarrer quelque part. Attendant que son ami s'installe, elle se hasarda sur une question qu'elle espérait peu intrusive, sourire aux lèvres et ton posé.

"Ça a été, ces six derniers mois? J'ai cru comprendre que c'était calme, à Edimbourg, mais peut-être que la fleuristerie a connu des aventures formidables?"

Toute anecdote était bonne à prendre, en réalité, pour rejoindre le monde des vivants après son hibernation professionnelle.

TW anxiété sociale, mention d'agression physique, de racisme et de gros con

« C'est toujours bien d'essayer des nouvelles choses quand on en a l'occasion. »

Lucius essaye au passage de s'auto-convaincre de ses paroles, lui même étant facilement anxieux à la moindre petite contrariété ou situation malaisante imprévue. Il a fait beaucoup d'efforts, depuis son enfance. Petit c'est sa mère qui le poussait à aller jouer avec les autres enfants quand il n'osait pas y aller de peur de déranger. On a essayé de lui faire faire du théâtre -un an- à l'entrée du secondaire pour l'aider à vaincre sa timidité. Le tout s'est soldé par l'Oniromancien jouant le rôle d'un arbre lors de la pièce de fin d'année, faute de mieux. Mais une bonne appréciation sur son dossier scolaire tout de même : Lucius est volontaire et faute de devenir un jour une star d'Hollywood, il pourrait envisager une carrière de décorateur de set étant donné l'enthousiasme donné au sein du club pour aider à préparer. C'est finalement le club de natation, rejoint l'année d'après qui l'aidera le plus à prendre confiance en lui. On aurait cru qu'il ferait du rugby ou du basket, en étant un si grand dadet. Mais lui a préféré aller à la piscine, s'est révélé être plutôt bon dans la discipline et a finalement -enfin- pu s'épanouir un peu. Assez pour prendre cofiance en lui et réussir à aller vers les autres. ça ne l'empêche pas de paniquer intérieurement, Lucius sait juste très bien le cacher. Sait très bien faire l'autruche également, quand c'est arrangeant de ne pas regarder les choses en face.

« Oh oui, ce serait bien. »
« Seulement si vous faites attention à prendre nos meilleurs profils. »

Les familiers présents sur les réseaux ont une réputation à tenir. Jager sait son familier un brin vaniteux, il est celui exigeant un toilettage impeccable tous les jours pour entretenir sa longue fourrure soyeuse lui donnant des airs de nuages. Il est aussi celui ayant forcé l'Oniromancien à s'quérir d'un Rumba, pour aspirer les poils envahissant son petit appartement d'Old Town. Si ça existait à l'époque, il en aurait probablement demandé un pour Noël à sa mère histoire de le ramener dans son cartable à l'Académie et ainsi, épargner ses colocataires de chambrée d'avoir eux aussi, des poils de chats sur leurs uniformes. Tout pour se faire bien voir et être agréable, pour ne pas être détesté.

« Des choses fantastiques, je ne sais pas. Mais oui, il s'est passé des choses... »

A commencer par le sale type de la saint Valentin. Mais fort heureusement, un serveur passe près de leur table pour prendre leur commande. Lucius n'a pas eu le temps de regarder la carte, ou plutôt n'y a pas songé en préférant sortir son familier du sac à dos Pokeball pour l'installer sur ses genoux -et ainsi ruiner son pantalon de travail.

« Je vais prendre la même chose que Madame s'il vous plaît. »

A savoir un café et une tarte aux pommes. Un café de cafetière japonaise, plus précisément. C'est un bon choix, c'est classique et ça plaît à tout le monde une bonne tarte aux pommes. En espérant qu'elle ne soit pas dégueulasse, car ni l'un ni l'autre n'oserait aller se plaindre au comptoir et ils se retrouveraient à finir leur assiette dans le silence pour ne vexer personne.

Une fois le serveur reparti, avec un sourire de Lucius pour le remercier de son travail, l'Oniromancien soupire en se servant un verre d'eau. C'est une bonne idée de mettre tout de suite une carrafe sur la table pour attendre sa commande. Pas qu'il fasse -encore- particulièrement chaud pourtant, mais ça occupe et c'est déjà bien.

« On a eu un client raciste à la Saint Valentin. »

Le trou de balle légendaire, le boss final des abrutis qui a réussi à faire sortir le gentil géant de ses gonds, lui qui d'ordinaire préfère sourire et ravaler ses larmes pour ne pas avoir à affronter un conflit quelconque. Tout pour ne pas être détesté.

« On venait de fermer, avec une des collègues. Tu sais, c'est toujours des grosses journées les 14 février... Bref, un gars arrive cinq minutes après et on a pris pitié de lui, parce qu'on est trop gentils et qu'on voulait sauver sa saint Valentin à lui. Faute de pouvoir la fêter nous, vu le travail monstrueux de la journée. Bref, on est arrangeants et gentil. Il nous annonce qu'il a trompé sa femme avec sa cousine et qu'il veut s'excuser... »

A toujours vouloir se faire apprécier de tout le monde, ça finit par revenir vous mordre le cul parfois.

« On essaye de lui proposer pleins de trucs, mais rien ne va. Il a ensuite dit qu'on était pas compétants. Ma collègue de la soirée était d'origine turque et du coup, il s'est cru malin à nous demander si on comprenait l'Anglais dans ce magasin. »

Pour le coup, Lucius ne se souviens plus exactement de ce qu'il avait répondu à cet affront. Mais se remémore qu'il avait songé à lui répondre en Japonais, sous le coup de la fatigue et de l'épuisement mental de faire face à un tel couillon après une journée à courir partout - sans possibilité de faire une sieste.

« Je me suis peut-être légèrement énervé après qu'il m'ait mis une claque et j'ai failli le jeter dans une plante vénéneuse. Une superbe Gympie Gympie. »

Comment ça, Lucius ne savait pas si les derniers évènements de la fleuristerie étaient fantastiques ou pas?

April fronça les sourcils : si les questionnements étaient sincères, ce n'était pas exactement la réponse pleine de romance qu'elle attendait. Et si ça n'était pas le cas, c'est qu'il s'était produit plus grave, plus important ou en tout cas plus marquant à très court terme que le fait de trouver l'amour. La sorcière ne dit rien, commanda, adressa un baiser volant et un pspsps de rigueur à Party Nuggets en regardant le ballet du service, commande prise, carafe apportée, le tout réglé comme du papier à musique - il faudrait encore un temps avant de devenir habituée et de commander directement au bar avec un geste de main pour avoir "la même chose" à chaque passage, sans avoir à échanger de mots autres que bonjour, merci et au revoir (ce qui était le rêve le plus fou de la sorcière, qui souhaitait échanger avec des inconnu.es à peu près autant qu'elle souhaitait que Dùghlas lui marche sur le pied quand elle était en sandalettes).

"Oh merde", laissa échapper la sorcière en apprenant ce qui s'était produit.

Un acte raciste? Manquait plus que ça. April se posait globalement assez peu ce genre de questions, bénéficiant d'un privilège non négligeable, celui d'être blanche et d'appartenir à une famille aussi vieille que l'Edimbourg sorcier, mais elle était tout de même consciente que tout le monde n'était pas logé à la même enseigne. Une éducation à l'académie des Serpenchantements, les hurlements indignés des grumeaux à table à chaque fait divers et la vie en collectivité avait fait le reste, et si elle ne s'était pas engagée sur ces questions (parce qu'elle ne s'était, par ailleurs, pas engagée du tout dans aucun des domaines, bien incapable qu'elle était de se projeter dans une vie politique publique), elle faisait attention à ce qu'elle faisait, ne serait-ce que pour ses nombreuxses camarades qui n'étaient pas écossais.ses.

Le reste navrant de l'histoire déjà sordide acheva de la convaincre que décidément, si tous les gros cons n'étaient pas racistes, l'inverse n'était pas nécessairement vrai et que ce type était un bon représentant de l'espèce, cumulant toutes les tares à la fois sans aucune rédemption possible. Soufflée par l'audace d'étaler au vu et au su de toustes qu'il était une grosse merde, April ne répondit d'abord rien, les yeux ronds, peinant à se représenter la scène de cet horrible personnage qui laissait trainer ses parties partout et qui étalait son racisme crasse au comptoir. Elle aurait bien eu de la peine à savoir ce qu'elle aurait répondu dans ce cas précis : on s'était déjà fendu de remarques assez désagréables à son égard, mais pas de ce type là, et jamais à ce degré de violence. Et, à la mention de la claque, elle reposa son verre d'eau doucement.

"Merde, Lucius, ça va? Enfin, ça a l'air d'aller mais ça a été? Et ta collègue? Comment elle va? Et la gympie? Non, on s'en fout de la gympie. Enfin on s'en fout pas mais c'est pas important là maintenant. Comment est-ce que vous allez tous les deux? Comment ça s'est fini? Vous avez appelé la police?"

Elle avait dit merde deux fois, signe qu'elle était stressée à l'idée que son ami (qu'elle aimait beaucoup et dont elle connaissait la pratique sportive, mais qu'elle n'aurait tout de même pas emmené en première intention pour aller casser la gueule à autrui) ainsi que le personne de la fleuristerie ait eu à vivre une situation pareille. Pratiquement debout, à moitié assise sur sa chaise

"Merde alors."

Ca faisait trois fois.

"Il y a quand même des gens sans aucune espèce de gêne, je ne sais pas comment il a pu se dire que c'était adapté cette espèce de sale con."

En fait, elle savait très bien comment elle aurait réagi si quelqu'un lui avait fait une remarque d'un tel degré au sujet de son poids : elle se serait mise instantanément à pleurer, et Dùghlas aurait cherché à se venger en appelant ça de la justice - un truc comme ça, probablement.

"J'espère quand même que tu n'as pas eu de problèmes après l'évènement? Le type était un odieux connard, j'espère qu'en plus il n'est pas parti se plaindre ou je sais pas quoi?"

Ou alors, il avait laissé un commentaire odieux sur Wizadvisor, l'application dédiée aux commentaires sur les commerces locaux et qui s'était changé, comme n'importe quel espace d'expression en ligne, en dépotoir hanté de boomers scandalisés que le personnel des cafés vegan n'aient pas des kilos de viande crue en réserve pour nourrir les trois pauvres familiers carnivores affamés qui s'y rendaient à l'année, entre deux commentaires sincères sur la qualité de la bouffe.