Let's work - Feat Nero

TW : violence verbale

C’est impossible. La vie me fait marcher, j’en suis certain. Cette putain de…cette espèce de…non, je ne dois pas penser ainsi. Si, j’ai le droit ! Après ce qu’il s’est passé, je ne peux pas faire comme si de rien n’était. Je ne peux pas rester silencieux, accepter mon destin et voir tous mes efforts s’effondrer un à un du haut de ma tour dorée.

Le sommeil me fuit encore, malgré mes nuits passées chez Jager à profiter de ses compétences pour m’endormir. A peine relâche-t-il sa vigilance que les cauchemars m’assaillent, me laissent tremblant dans le lit, le front perlé de sueur et la respiration irrégulière. Non, même lui ne peut plus rien pour moi. Alors j’emmène mon cocktail de potions, médicaments et autres “remèdes miracles” dans l’espoir de grapiller quelques heures de sommeil par-ci par-là. L’efficacité laisse à désirer, mais au moins…j’apparais un peu plus frais une fois le jour levé.

Parce que j’ai une image à tenir, dans ce monde. L’image d’un être parfait, du moins dans la limite du possible pour un homme qui manque cruellement de quelques centimètres de hauteur et de nombreux kilos de muscles. Ce que mon physique n’a pas, je le compense avec une intelligence hors norme et une maîtrise de la magie qui frôle la perfection. J’en ai pour preuve les éclairs qui parcourent parfois mes mains, illuminent mes veines et me fascinent autant qu’ils m’effrayent. C’est que l’électricité peut-être dangereuse, et les nombreuses cicatrice mal camouflées sous l’encre en témoignent.

Tout de noir vêtu - ce qui ne change en rien de mes habitudes, qu’on se le dise - je suis le premier à passer la porte de l’Horizon Infini, le dos droit et le visage totalement inexpressif. Seul témoin de mes problèmes récents, des cernes bien mal camouflées sous une fine couche de fond de teint de marque. Un homme qui se maquille, ça n’est pas viril…mais apparaître faible alors qu’on doit protéger l’un des fleurons du coven des Enfants des Vents, c’est sans doute pire.

Alors que je vaquais à mes occupations à vérifier l’état des lames accrochées à mes harnais, une véritable tornade bien trop joyeuse pour son propre bien débarque et déblatère immédiatement des idioties. Mon regard tueur la dévisage intensément. A mon mépris pour sa personne s’ajoute la frustration de constater qu’elle est bien plus grande que moi, chose que j’ai tendance à oublier - occulter surtout - lorsque je ne la côtoie pas pendant un moment.

“Ce que tu dis n’a aucun sens, comme d’habitude, O’Sullivan.”

L’air digne une fois de plus, je la suis néanmoins vers notre poste et note qu’elle n’a absolument pas suivi le protocole habituel. La mâchoire crispée, je pèse le pour et le contre de lui faire la morale. Depuis qu’on m’a collé cette petite dans les pattes, je m’efforce de suivre des missions en solo plutôt que de devoir me la coltiner. Cependant parfois, lors de ce genre d’événement, je n’ai d’autre choix que de collaborer avec elle…et croyez-moi, cela m’emmerde profondément.

“J’ignore si tu possèdes réellement un cerveau fonctionnel dans ta boîte crânienne, mais tu sembles prendre ce travail à la rigolade sous prétexte que nous ne quittons pas les locaux. Je me demande encore comment une personne de ton…statut…a pu être acceptée.”

Savoir qu’une personne pareille tient la vie d’un haut placé entre ses mains me fait craindre un incident diplomatique à chaque instant qui passe. Est-ce qu’elle est seulement capable de les défendre si je ne suis pas là ? Hmm. J’en espérerais presque une attaque, là tout de suite, pour que tous se rendent compte à quel point l’avoir dans les parages est une erreur monumentale.
Crédits ; Dust