Jade Jager ⨳ the sound of eagles

Droite - Dynamique - Redoutablement organisée - Protectrice - Axée famille - Un peu vaine - Des repères moraux forts - Inflexible - Polie, à l'américaine - Un peu excentrique - Compétitrice - son fils est le meilleur le plus beau le plus fort - son mari est aussi le meilleur le plus beau le plus fort - son familier est également le meilleur le plus beau le plus fort et le plus mignon - Delulu au sujet de ceux qu'elle aime, de toute évidence - Un peu dramatique - A un peu peur d'arrêter d'être cool - Fière - Apprécie tout le monde par défaut, mais ça peut vite se gâter - Impatiente - Généreuse - Involontairement étouffante -  Inquiète, au fond, qu'il arrive malheur à son fils, qu'il ruine sa vie, ou pire, qu'il cesse de l'aimer un jour - Peur également de vieillir, de ne plus pouvoir bouger, de devenir dépendante de son tout-petit - Porte, enfin, ses émotions faussement sur sa manche - Les regrets et les remords sont enterrés avec soin, masqués derrière un sourire éternel et incassable -

1975 - a star is born
Aiden et Ember sont penchés au dessus du berceau de leur enfant qui gazouille, un petit teckel pas plus grand que la paume de la main posé dans le creux de son cou. Petit rubis déjà noué autour du cou, alors que l'enfant gazouille gaiement sous les lueurs qui dansent au dessus de son berceau, ils se félicitent a demi-mot de lui avoir donné un nom de pierre et pas tiré de la lumière. Ce sera tellement plus moderne, sourient-ils, dans le grand vent de liberté qui soulève l’Amérique des années 70. Ils ne sont plus du temps de la création du coven : ils sont un couple de sorcier.es dans l'air du temps et comptent bien le faire savoir.

1973-1984 - kids will be kids
Jade et Hugh le teckel (qui se nomme alors Gaufrette) sont un duo inarrêtable : bruyants, énergiques, iels crient et jappent jusqu'à l'épuisement total des forces en présence. Toutes tentatives de les mettre au sport échoue à rendre la maison plus calme, mais elle réussit cependant à les en éloigner pendant quelques heures. Emballée dans des justaucorps pailletés et faisant des cabrioles, tête en l'air, tête en bas, tantôt au sol, tantôt sur la poutre et tantôt avec son familier qui est beaucoup moins discipliné que Jade, la jeune pyromancienne se prend de passion pour la gymnastique et l'effort physique en général. Soucieuse de toujours mieux faire, elle s'entraîne dur, et suffisamment pour que quelqu'un se dise que, peut-être, on pouvait en faire quelque chose.


Jade a huit ans et est happée par l'énorme téléviseur familial sur lequel elle regarde avec avidité les chaînes de clip humaines, nouvellement arrivées avec le câble, ainsi que les émissions d'aérobic qu'elle suit religieusement avec son familier. L'idée de base est de se pâmer comme le font les adolescentes, pour la dixième fois de la journée, devant George Michael chantant Faith, adossé à son jukebox dans un pantalon en cuir. Hugh fait la sieste a coté d'elle pour l'occasion, mais est réveillé par ses cris d'émerveillement devant une rediffusion des championnats mondiaux de gymnastique magique. L'athlète russe, une aéromancienne, s'élance la première. Elle semble s'envoler tant elle est gracieuse, et son ruban qui bouge seul autour d'elle en ondulations serrées semble faire son effet sur le jury. La rapidité de la zoomancienne chinoise, qui enchaine les capacités animales à la suite en fonction de ses figures, est d'une incroyable technicité physique. Mais c'est la pyromancienne, qui vient de Madagascar, qui la souffle. Pirouettes enflammées, étincelles à chaque mouvement, final illuminé. Elle finit troisième, sous les protestations de la famille Jager désormais réunie pour le final. Et, alors qu'Ember va refaire du popcorn pour réconforter sa fille de la défaite de sa championne, Jade fait une promesse secrète en tenant la petite patte de Hugh/Gaufrette dans la sienne : un jour, elle sera championne du monde.


1987-1993 - teenage dreams
L'entraînement s'intensifie. Ses amis non-sportifs disparaissent peu à peu, au profit de son équipe. C'est la seule pyromancienne, d'autres magies étant plus adaptées à la pratique du sport, mais elle en tire parti du mieux qu'elle le peut, et le pari paye. Ce dont elle manque en magie adaptée, elle le compense en force physique, presque comme une humaine,dit son entraineuse d'un air désapprobateur. Mais, les compétitions locales sont gagnées, les unes après les autres, et les occasions de concourir se multiplient. Plus Jade vieillit, plus sa magie s'affine et devient élégante, flammes émergeant du bout de ses doigts pointus, étincelles éclatantes lors de ses sauts. Sa vie entière est consacrée au sport, et il n'y a pas de place pour le reste : ni pour les fêtes, ni pour les garçons. On les lui promet plus tard, et elle y croit, malgré la pression qui s'intensifie, parfois jusqu'à devenir proprement intolérable. Mais elle s'accroche, et gravit les échelons, un à la fois, pour finalement venir arracher à grand-peine le titre de championne nationale en équipe - pas assez pour faire le concours complet seule, mais soudain tous les sacrifices valent le coup. Elle est la plus jeune du groupe, mais un grand avenir l'attend, elle en est convaincue. Ça n'est que le début.

1994 - hanami
Jade et son équipe sont invitées au Japon, dans le cadre d'un échange sportif et d'une démonstration à Nara. Elle qui n'a jamais quitté le territoire américain est aux anges. Elle quitte également la surveillance parentale pour la première fois et, dans sa veste en jean, walkman hurlant Somebody to Love de Queen, la version super ou George Michael chante avec Freddy Mercury, elle s'éloigne du groupe pour découvrir les distributeurs de boissons japonais, les bonbons amusants, les magasins de musique beuglant les derniers tubes de citypop à la mode et les échoppes de nouilles à perte de vue.

Et il y a ce type dont elle ne prononce désormais plus le nom, mais qui a l'époque la regarde comme on ne l'avait encore jamais regardée, et qui la fait rire.

Et Jade, à qui on ne s'est jamais donné la peine d'expliquer quoi que ce soit des choses de la vie, tant elle a manqué d'occasions de fréquenter la gent masculine, ne voit pas ce qui pourrait mal se passer, alors que la bague de chasteté autour de son doigt n'est finalement plus qu'un anneau décoratif.


Jade n'a plus ses règles. Elle ne sait pas quand est la dernière fois qu'elle les a eues - les plus vieilles de son groupe lui ont déjà dit que c'était normal que ça s'arrête, quand on cesse de manger. Mais elle mange, elle, et bien, et pourtant ça ne revient pas, et elle est malade le matin, et elle ne sait pas ce qui se passe, mais elle est de plus en plus fatiguée et ça devient de plus en plus difficile de faire ses figures, et elle a grossi, alors elle se cache un peu derrière des survêtements larges car elle connaît les remarques désagréables de son entraineuse, qu'elle craint. Mais c'est de plus en plus dur, et, un jour, tout éclate.

Jade est enceinte.

Son enfance et ses rêves s'effondrent net.

The land of the free is not that free.

On y avorte finalement pas comme on veut. Et on ne reprend pas de carrière sportive après un accouchement non plus. Aussi talentueuses qu'elles puissent être, les femmes restent des femmes, et la décision ne leur appartient jamais vraiment.


1995 - oh yes, oh no
Jade accouche en tenant la main de sa mère d'un petit Lucius, nommé d'après son grand-père. Elle l'aime au premier regard, sans bien intégrer le fait que ce soit désormais son enfant, son petit

Elle est en train de lui donner le sein lorsqu'elle voit l'équipe américaine gagner les championnats du monde, sans pyromancienne à bord.

1996-2001 - rockabye
La situation se gâte rapidement chez les Jager. Elle a fait un bébé toute seule, certes, et elle l'a gardé, mais tout est fait pour lui faire comprendre qu'elle n'aurait pas dû. Ses amies, galvanisées par leur victoire, s'entrainent de plus belle et la fuient. Elle est désormais une mauvaise influence, et lorsqu'elles croisent Jade dans la rue, elles ne la saluent plus. Ses parents aident comme ils le peuvent, mais les reproches fusent, parfois maladroits, parfois déguisés, mais toujours là.

Bébé dans les bras, Jade essaye de ne pas paniquer. Elle a un tout petit enfant dans ses bras, le sien, et son père qui ne répond pas aux courriers qu'elle envoie désespérément au Japon. Elle a foutu sa carrière en l'air, n'a aucune rentrée d'argent, n'a pas fait d'études et doit désormais prendre soin d'un enfant en étant modérément compétente dans le domaine. Elle fait des erreurs, improvise, se fait aider par ses parents en essayant de rester imperméable aux remarques, et se concentre sur ce petit sorcier comme on se concentre sur une compétition : elle ne sait faire que ça. Une fois un peu plus grand, elle laisse Lucius a sa mère et cumule les emplois - les couches ne se financent pas toutes seules - tout en suivant une formation par correspondance. Elle deviendra enseignante d'EPS magique ou entraineuse, comme tant d'autres athlètes avant elle - avec une carrière brillante ou pas.

Un jour, elle rencontre un écossais. A priori, elle l'aime bien.


Les tabloïds de l'année 1998 font feu de tout bois et, Lucius sur les genoux, Jade apprend avec stupéfaction l'homosexualité de George Michael, dévoilée au grand jour par la presse suite à son arrestation. Attentat à la pudeur, disent les médias, et ils ont juridiquement raison; mais l'arrestation par un policier sous couverture de l'artiste, dans un lieu reconnu pour ses rencontres à caractère homoérotiques, questionne Jade. Certes, elle a le cœur brisé (mais avait déjà perdu espoir d'épouser George quelques années auparavant), mais s'interroge sur ce que ça implique. Les sorciers n'en parlent pas entre eux, et c'est interdit de leur coté de Salem également; elle ne s'est donc jamais posé la question. Mais quelque chose la met mal à l'aise, renforcé lorsqu'elle lit que le partenaire secret de son idole de jeunesse est décédé, des années auparavant, d'un virus dont elle ne connait que le nom, et qui ne toucherait que hommes qui en aiment d'autres. "C'est dingue que les hydromancien.nes n'aient rien fait", se murmure t'elle, a tort ou a raison, faisant naturellement le lien entre inaction et discrimination. Distraite, elle caresse la tête de son fils. Elle espère, au fond d'elle, que les choses changeront assez vite pour qu'il n'ait pas toutes ces questions à se poser.


2002-2011 - leaving the land of the free
Jade épouse l'écossais en question, et, après l'obtention de son diplôme, se décide à partir avec lui. Il n'y a pas grand chose qui la retient aux États-Unis, mise à part ses parents, dont les remarques ont fini par altérer définitivement l'affection. C'est plus difficile pour Lucius, mais Mark et lui s'entendent bien, en tout cas elle y croit, et elle est sûre que son enfant n'aura aucune difficulté à s'intégrer sur le vieux continent. Il est gentil, son fils, et c'est sûr qu'il aura plein d'amis. Puis elle l'inscrira au sport, comme il aime bien ça, et il s'y fera des amis, et...

Et elle est inquiète, de déraciner tout le monde, mais Mark la rassure - elle n'est plus seule, maintenant, et en cas de soucis il y a plein de solutions - et il a raison. La preuve, tout se passe finalement bien, et Jade trouve enfin un équilibre entre son nouvel emploi, trouvé à l'académie à son arrivée, sa nouvelle famille et un lieu enfin stable ou rester et prendre soin de Lucius au mieux.

Elle fait de son mieux pour lui partager tout ce qu'elle sait, l'emmène régulièrement courir, grimper et bouger avec elle, tente de lui faire faire des roues impeccables et des équilibres sans se blesser, dans le jardin familial. Elle n'a pas d'ambition d'en faire un professionnel - l'expérience lui a appris que c'était beaucoup de sacrifices pour une reconnaissance médiocre - mais elle apprécie les moments passés avec lui à partager quelque chose d'important pour elle. Ce sont des années heureuses. Elle aime son travail, elle aime son mari, elle aime son fils et elle aime la petite vie qu'ils se sont faits pour tous les trois.

2011 - farewell
Ça a commencé par de la fatigue que l'on attribuait à l'adolescence. Puis, le diagnostic est tombé : Lucius est malade, et Jade est là, impuissante, à attendre un traitement qui ne vient pas. A défaut de pouvoir le soigner, elle le protège comme elle le peut, au détriment de leurs instants communs. Terminées, les grandes sorties sportives. Terminés, les moments dehors, ensemble. La sécurité de Lucius est plus importante.

2015 - farewell, again
Le coup de grâce est porté par le départ de Lucius au Japon pour retrouver ses origines. Jade n'a pas le droit de l'en empêcher, et elle le sait, mais toutes les cellules de son être lui intiment de ne pas le laisser partir, que son père n'a jamais répondu à ses sollicitations et qu'il s'en moque, qu'il n'a pas besoin de quelqu'un d'autre qu'elle et que c'est un pays lointain et dangereux.

Mais qu'y peut-elle?

Ils manquent s'engueuler tant elle est paniquée, mais, trop inquiète de savoir son fils loin et fâché, elle finit par lâcher l'affaire, en lui faisant promettre de ne pas faire d'âneries et de donner des nouvelles régulièrement. De son coté, elle promet de ne pas se rendre malade d'inquiétude et de ne pas appeler tous les jours. Et elle s'y tiendra, jusqu'à son retour, bredouille, des années plus tard, mais avec une profession qu'elle soutiendra absolument.

Par contre, pour les colis...


George Michael décède le 25 décembre 2016. Le réveillon de Noël de cette année là est ponctué par les couinements de Hugh sur Careless Whisper, tandis que Jade chante en boucle Last Christmas après la flûte de champagne de trop. C'est la dernière partie de son adolescence qui vient de mourir.


Présent - and what?
Jade est plus inquiète que jamais pour sa famille. L'ordre a frappé dans un attentat monstrueux, l'opération de sauvetage a viré à la catastrophe, leur leader spirituel est aux abonnées absentes et Lucius a perdu sa magie. Elle en est malade de stress, mais ne laisse rien paraître. Une chose à la fois.

Déjà, s'assurer que son fils est en sécurité et qu'il ne va pas lui arriver malheur.
Ensuite, trouver un moyen de remédier à son état.

Enfin, trouver celui qui a osé toucher à un cheveu de son enfant.

Possède une boite sous le lit dans laquelle elle a rangé tous ses trophées et ses justaucorps - Carbure avec un mix étrange de nourriture très saine, de compléments alimentaires et de ce que les US ont fait de pire en matière de soda - A le nombril percé depuis ses 18 ans, et en a un peu honte - N'a pas remis sa playlist à jour depuis la naissance de Lucius, et c'est très bien comme ça - Assortit ses survêtements à ceux de Hugh - Rêve un peu de retourner en boîte, mais se sent assez ridicule à l'idée d'y aller - C'est Hugh qui a réclamé de se faire appeler autrement que Gaufrette -  Se fait venir des colis des US remplis de nourriture discutable - Fait une fixette sur le fromage en spray, et refuse d'écouter les rageux à ce sujet - A fait tomber Lucius bébé une fois, et s'en veut mortellement - A longtemps cru que c'était la cause de sa narcolepsie - A du être rassurée par son mari et deux autres praticiens de santé à ce sujet, alors que Lucius avait déjà 25 ans - N'a parlé qu'à Mark de son passé compétitif, et c'est très bien comme ça - Appelle son fils sous n'importe quel prétexte, juste pour vérifier qu'il va bien - Est horrifiée à l'idée de devenir grand-mère un jour - Rêve d'une salle de gym personnelle mais refuse de transformer la chambre de Lucius - Halloween c'est sacré - Et le quatre juillet aussi - Et Noël, également - Et une version bâtarde de Thanksgiving qui est juste une excuse supplémentaire pour manger de la dinde ensemble - et de mettre des petits costumes - et c'est très bien comme ça.