As sure as the moonlight strikes our skin ft. Nero

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Nero Karlsson
Isolationniste
Nero Karlsson

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Trombinoscope : As sure as the moonlight strikes our skin ft. Nero - Page 2 8bac06d0315109a4bd4d5ae02aed14a5215ab0cf
Face claim : Ricky Olson
Pronoms RP : he/him
Âge : 35 ans
Tuer le temps : Bourrasqueur des Enfants des Vents depuis 2016, il est destiné à avoir un grand avenir en politique. Avenir dont il ne veut pas, assurément, mais qu'il n'a pas vraiment d'autre choix que de poursuivre sous peine de conséquences désastreuses.
Familier : As sure as the moonlight strikes our skin ft. Nero - Page 2 Chouette-cheveche-162023
Freja, la chouette chevêche qui semble en permanence en colère. Ce n'est pas qu'une apparence, croyez-le ; elle déteste tout et tout le monde. Attention aux coups de bec !

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As sure as the moonlight strikes our skin
14/08/24



I howled a wrecking ball, and you were porcelain
TW : torture

Je me croyais prêt. Pourtant, dès que le couloir est visible, mes démons se réveillent et ma peur me noue les entrailles. Chaque portrait montre un membre de la famille à l'air sinistre, des photos et peintures que j'ai pu voir dans les bouquins qu'on m'a fait avaler dès mon plus jeune âge. Karlsson. McGuire surtout. Des noms prestigieux, au moins un des deux qui ne devrait pas l'être. Mais au moins, je ne suis pas seul face à eux : Aurelius et Ichabod sont là, avec moi. Lucius également, mon cher Lucius qui ne sait pas à quel point j'ai besoin de lui. Je ne suis pas seul. Je ne dois pas être seul.

Alors quand je me rends compte que ma grand-mère commence à disparaître, qu'elle s'éloigne pour entrer dans son tableau, la panique commence à monter en moi. Je ne peux pas continuer. Pas s'ils m'abandonnent un à un. Aurelius, qui conserve sa main dans la mienne, tente déjà de la retirer ; je ne peux pas le laisser faire. Je la lui tiens fermement, la gorge nouée et le regard vide fixé droit devant moi. Je n'ai pas la force nécessaire. Pas encore.

Mon regard se baisse doucement vers l'enfant, qui semble d'un coup plus adulte malgré son apparence. Il est sage. A grandi dans mon esprit comme s'il avait lui aussi eu le droit d'atteindre l'âge adulte, et est devenu plus mature que moi. Il veut partir...il doit partir. Mais je ne peux pas.

"Je..."

Je n'ai pas le droit de le garder avec moi. Il a son rôle à jouer, à veiller sur nous de là où il est. Si je le force à continuer, qui sait ce qu'ils lui feront subir ? Est-ce qu'ils seraient capables de s'attaquer à leur enfant préféré ? Car c'est bien ce dont il s'agit. Aurelius a toujours été le préféré dans la famille. Peu de responsabilités sur ses épaules, un enfant désiré, qui a failli mourir dès la grossesse et qui pourtant a survécu...pour mourir bien plus tard. Ils n'auraient jamais osé lever la main sur lui. Mais là, au sein de ma psyché ? Rien ne les en empêche. Ils le feront souffrir, j'en suis certain.

A regret, je lâche la main de mon frère et le regard avec regret prendre à son tour sa place dans son tableau. Son sourire est candide, son regard pétillant lorsqu'il le pose sur moi. Il me donne sa bénédiction ; grand-mère également, d'un air plus réservé. Et Ichabod qui a repris son apparence plus habituelle ne part pas encore, reste dans l'attente que quelque chose se produise. Mais je le sais ; lui non plus ne pourra pas nous suivre.

Lucius m'entraîne plus loin, là où l'horreur risque de se produire une fois encore. Le salon d'été. Je le reconnais avant même d'y mettre les pieds, comme je reconnais exactement la scène qui n'attend qu'un geste de ma part pour se reproduire. Nous sommes de retour dans un passé plus proche cette fois. Et je dois...oui...je dois m'en détacher.

Sur le portrait, les Karlsson se détachent peu à peu jusqu'à en sortir. Un deuxième homme semble observer la scène, un rictus de mépris sur le visage ; grand-père McGuire, le digne père de sa fille, vouant lui aussi une haine sans précédent pour ma personne. Son regard est perçant, fait oublier le reste des personnes présentes sur son portrait.

"Lucius...il faut que je le fasse seul."

Je comprends maintenant que je ne peux pas me reposer sur qui que ce soit, ce soir. Je dois les vaincre tout seul, sans attendre que Lucius me sauve la mise, ou que Jake revienne ici. Je ne peux pas toujours me cacher derrière les autres, et j'ai besoin de me sauver moi-même. Prenant donc une grande inspiration, je m'avance vers mes bourreaux, les poings serrés dans les poches de ma veste.

"Quelle arrogance de croire que tu peux te débarrasser de nous si facilement, enfant."

La voix dure de Madame Karlsson trouve un écho en moi, déclenche une panique que je peine à ne pas laisser voir. S'ils savent qu'ils m'atteignent, ils en profiteront. Alors je conserve un visage de marbre, la mâchoire crispée pour ne pas montrer à quel point mes lèvres comme mes mains tremblent. Pourtant, je crois que ça ne passe pas inaperçu. Monsieur Karlsson éclate de rire.

"Cesse d'être aussi ridicule. Tu sais que tu ne fais pas le poids."
"Tu sais ce qui t'attend si tu nous tiens tête..."

Le bruit si caractéristique des éclairs résonne dans la pièce, tandis qu'une lumière vive entoure le couple. L'électricité danse sur leur peau, menaçante, se concentrant sur leurs mains. Normalement, c'est à ce moment-là que je retire mes vêtements et me mets à genoux sur le carrelage, la tête baissée, attendant la sentence en priant pour qu'elle ne soit pas aussi terrible que les précédentes. C'est là que je laisse ma dignité en arrière, et que je les laisse m'humilier. Là que je perds toute humanité.

Mais pas aujourd'hui.

Mon regard se lève au lieu de descendre au sol, et je choisis de soutenir le leur. La surprise est lisible un instant sur leur visage, avant de laisser la place à une colère sourde. Madame Karlsson en particulier, paraît plus monstrueuse que jamais. Presque pas reconnaissable avec son expression d'intense dégoût. Je tiens bon.

"Comment oses-tu..."
"Vous êtes morts. Tous les deux."

Ma voix est rauque, trop faible à mon goût, les mots se détachant les uns après les autres comme si je ne croyais pas moi-même à ce que j'affirme. Mais c'est la vérité : ces êtres ne sont que des simulacres de ceux qu'ils ont été de leur vivant. Jake m'en a libéré : maintenant, c'est à mon tour de faire un effort.

"Vous ne pouvez plus rien contre moi. Vous êtes juste...de mauvais souvenirs."

Un éclair fuse dans ma direction, comme pour me prouver à quel point ces souvenirs peuvent me faire du mal. Et c'est vrai ; l'impact sur ma poitrine est douloureux, assez pour me faire tomber à genoux, le coeur battant la chamade et la respiration difficile. Mais je reconnais cette douleur ; elle n'est rien comparé à ce que j'ai déjà vécu. Ce n'est qu'un souvenir, encore.

"Vous n'êtes que des souvenirs."
"Tais-toi, enfant ! Tu vas voir ce qu'il en coûte de nous défier !"

Des éclairs, encore et encore. De l'électricité qui parcourt mon corps, qui s'insinue dans les cicatrices sur ma peau et semble les décorer de lumière. Je sens Lucius s'agiter à côté de moi, mais parviens à lever le bras gauche pour l'empêcher d'intervenir ; il pourrait être blessé, lui aussi. C'est à moi de le faire. A moi de me battre.

"Des souvenirs, c'est tout."

Ma voix n'est plus qu'un murmure. En transe, je les vois bien m'attaquer mais ne sens presque plus aucune douleur. L'énergie, par contre, afflue dans mes veines. Une énergie insoupçonnée, comme si j'avais emmagasiné leur pouvoir pour nourrir le mien. Un soupir, et je peux enfin tenter de me redresser. Difficilement, au début ; une jambe après l'autre, comme un mort-vivant tout juste relevé. Les éclairs zèbrent ma peau là où ils l'ont abîmée, dessinés par-dessus les tatouages, et semblent affluer vers mes paumes. L'arme de l'ennemi retournée contre lui.

"Des souvenirs."

La magie fuse dans un bruit sourd semblable à celui de la foudre, dirigée directement vers les deux immondes êtres qui nous font face. Une lumière blanche et intense remplit la pièce, aveuglante. La fin de tout, peut-être.