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Love language: running away

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Gabriel Selvaggi
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Gabriel Selvaggi

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fin août feat  @Filomena Barclay-Nave  

TW nourriture + mentions légères : arme à feu ; manipulation parentale ; toxicité familiale ; abandon ; hallucination

La pizzéria avait ouvert la semaine dernière, sans trop faire de vague. Pour celleux n'ayant jamais vécu à Florence, elle n'était qu'un énième restaurant implanté dans la capitale écossaise qui offrait une jolie carte, quoiqu'un peu légère au vu de la concurrence. Mais pour Gabriel, Gustapizza avait la saveur du bonheur. Gustapizza, c'était le Florence qu'il avait tant aimé. Gustapizza, c'était les souvenirs joyeux, le sourire d'Alice et les yeux pétillants de Filomena face aux gressins glissés entre les lèvres d'un Gab bien jeune, qui aimait mimer un morse adorateur de sauce tomate. Gustapizza, c'était aussi le dernier restaurant fait à trois avant le départ. C'était le dernier souvenir heureux avant la découverte, la dernière impression de normalité avant le cauchemar. La dernière fois que Gabriel avait cru avoir le droit à une vie ordinaire. Une vie toute simple.

La salle était plutôt silencieuse, quelques chaises seulement étaient prises et d'autres réservées. Lui était assis à une table à deux, qu'il occupait seul sans une once de gêne. Tant qu'il payait, qui viendrait l'emmerder de toute façon ? Personne. Gabriel savait se montrer charmant quand l'occasion le demandait, mais généralement, il dévoilait un visage fermé, un vocabulaire composé uniquement de monosyllabes et un regard qui ne donnait pas envie de lui adresser la parole. Tout pour qu'on le laisse tranquille, à manger en solitaire, un livre en main et le silence comme compagnon de diner.
Il avait reçu la newsletter sur son ancienne adresse mail pour le prévenir de l'ouverture à Édimbourg. Apparement, deux membres de la famille Esposito - propriétaire du Gustapizza florentin - avait décidé de faire grandir la renommée du nom et de profiter de leur déménagement sur les terres écossaises pour y ouvrir un établissement secondaire. À la lecture, Gabriel avait senti une pointe lui piquer le myocarde. Entre la colère et l'amertume, les souvenirs joyeux et le dégoût de lui-même, le Garde l'avait supprimé en un tap du pouce. Storytelling de qualité ou pas, il y avait des portes qu'il préférait garder fermées. Puis, il y était revenu, fouillant dans la corbeille de ses mails pour retrouver l'adresse encore non répertoriée sur Internet. En fin de compte, s'y rendre, c'était une façon de clore totalement la parenthèse florentine. C'était dire adieu sans avoir à parler. C'était se laisser aller à la nostalgie sans prendre ses responsabilités. C'était aussi piocher dans son passé pour mieux vivre le présent, exister dans un moment de douceur, sans se mettre en danger. Et puis, Gabriel devait se l'avouer : il n'avait jamais mangé de meilleures pizzas que chez Gustapizza, alors autant en profiter.

Si la décoration du lieu avait pris des codes de l'Écosse, Gabriel y retrouvait l'odeur caractéristique de la sauce napolitaine qui faisait déjà la réputation du lieu, 13 ans auparavant. C'était rassurant. La carte avait la même simplicité que dans ses souvenirs, mais l'ajout de pizzas végétariennes faisaient son plus grand plaisir : à l'époque, le blond demandait toujours de retirer les ingrédients d'origine animale pour les remplacer par des légumes. Ça manquait de protéine mais tout était si bon que le sportif y mangeait au mois une fois par semaine, avec ou sans son ex-compagne.
Parfois, le Garde relançait son ancienne carte SIM, pour relire le dernier message échangé entre Alice et lui. Si ses sentiments pour l'italienne avaient disparu des années auparavant, son coeur bourdonnant aujourd'hui pour une toute autre personne, le quarantenaire avait toujours cette douloureuse sensation d'avoir failli à son rôle. Mais lequel, là était toute la question. Celui du Garde ou celui de l'homme ? Même aujourd'hui, Gabriel n'était pas certain d'avoir pris la bonne décision. Laquelle, ça aussi, c'était une question sans réponse. Il n'arrêtait pas d'y penser depuis début juin, après avoir appris au détour d'une conversation avec son frère, que la raison de son retour à Édimbourg reposait sur un tissu de mensonges : Raphael n'avait jamais été plus en danger qu'il ne l'était déjà à l'époque où son ainé avait fui l'Écosse. À nouveau, Gabriel avait répondu au chant toxique de ses parents, sans s'imaginer un instant que leurs mots n'étaient que poison. "Reviens, ton petit frère a besoin de toi". Gabriel était talentueux pour fuir, mais il avait aussi un sacré don pour courber l'échine face à des parents qui n'en avaient que le titre.
Que serait-il devenu, s'il était resté à Florence ? S'il n'avait jamais regardé son numéro écossais ? S'il avait fermé les yeux devant ce qu'il avait vu, ce soir-là, dans la chambre de gattina ? S'il en avait parlé à Alice, au lui de fuir, comme un couard ? Qui serait-il devenu ? Un autre lui, peut-être meilleur, et certainement moins aigri. Un être qui ne porterait ni arme à sa ceinture, ni haine dans l'éclat des pupilles.

"Merci" glissa-t-il au serveur qui venait de lui amener un panier de gressins dorés à point.

Après en avoir attrapé un du bout des doigts pour le grignoter, il releva les yeux et fut automatiquement attiré par une tignasse rousse contrastant avec le mur beige de l'entrée. Gabriel ne croyait pas au destin, mais le destin lui, croyait en Gabriel et ne l'oubliait jamais. Ja-mais. Et quoi de mieux que de ramener dans cette soirée déjà chargée en souvenirs, la couleur de cheveux caractéristique de son ex ? Il ne manquait plus que... Il avala de travers et failli s'étouffer quand l'inconnue se tourna vers lui. Alice. Non. Si. Putain. Toussant le plus discrètement possible avant de cracher le reste du gressin dans sa serviette pour s'éviter une deuxième fausse route, il ferma les yeux un instant. Respire, inspire, respire... Gabriel n'était pas sujet aux hallucinations et espérait que cela ne serait jamais le cas - sa vie était déjà bien assez compliquée pour y ajouter le doute à chaque oeillade. Alors, en réouvrant les yeux, il espérait fermement que la tâche rouge aurait un nez plus long, un menton plus carré ou des yeux moins pétillants. Mais devant lui, la réalité avait toujours le même visage. Celui de la honte, de l'amour et de la cavale. Pas Alice, non. Filomena. Sa Filomena.

Filomena Barclay-Nave
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Filomena Barclay-Nave

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Tuer le temps : SOUVERAINE IGNEE des Enfants des Volcans. Unanimité désunie, légitimité remise en question par une poignée. Prise au milieu de rapports d'influence quand tu essaies de mener ton office avec sincérité et dignité.
Familier : MILTON est un SURICATE. Présence constante, ou presque, à tes côtés - éternel compagnon de vie, partenaire qui ne t'abandonnera jamais.
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@Gabriel Selvaggi & Filomena



tw: nourriture ; abandon

A l'oreille, la sonnerie résonne dans le vide et comme à chaque fois, tu espères qu'elle ne répondra pas. Les brefs silences qui ponctuent la sonnerie de téléphone te laissent des interrogations malvenues. Décrochera ou décrochera pas ? Une part de toi voudrait qu'elle ne décroche pas, qu'une semaine de plus s'écoule avant que le contact ne se noue (difficilement). Mais soudain, un « oui, bonsoir ? Filomena ? » te parvient de l'autre bout du monde et tu forces un sourire comme si elle pouvait te voir. « Bonjour Mamma, comment tu vas ? » Le ton se fait faussement enjoué, sonne un peu surjoué mais ta mère ne relève pas et te répond avec le même enthousiasme (prudent, superficiel) : « ça va, et toi ? » Tu racontes le banal de ton quotidien, les petits riens qui émaillent tes journées. Au final, tu omets presque tout (les difficultés de ton nouveau rôle, la solitude, les fiertés). Et elle fait de même. Ca fait des années que le malaise s'est installé entre vous, a pris racine si profondément que vous ne savez plus communiquer sur les sujets importants sans vous disputer, sans tout fracturer de nouveau. Désormais, la moindre phrase est scénarisée, calculée, évaluée pour ne pas provoquer une nouvelle dispute : vous marchez sur des œufs.

Où sont passées les années où vous pouviez tout vous dire ?
Toi-même, tu es incapable de trouver une réponse à cette question alors que tu raccroches sur un nouvel échange de banalités, cette nouvelle discussion d'étrangère à étrangère avec ta propre mère.

Un soupir flotte dans l'air chaud de tes quartiers alors que tu bascules en arrière, appuies ton dos contre le fauteuil où tu es installée. « Et si on allait manger une pizza dehors ? J'ai envie d'une de chez Gustapizza, ça fait une semaine que j'attends. » Propose le suricate en se perchant sur l'accoudoir. « C'est dangereux dehors. Je ne veux pas que ... tu sais. » L'idée de cette irrévocable séparation entre toi et le familier te fait frissonner. « Dans ce cas, tu n'as qu'à aller la chercher et me la rapporter. Ca ne me dérange pas de t'attendre ici. Et profites en pour t'en prendre une aussi. » Tu sais que c'est la façon de Milton de te changer les idées, mais la fatigue s'accroche à tes nerfs et tu es tentée de refuser la proposition du familier. Milton ne t'en laisse pas le temps et file vers la porte qui sépare tes quartiers et le reste du monde : « Allez, lève-toi, je vais prévenir la sentinelle incandescente. »

« Je reviens vite. » La promesse fait acquiescer lae chauffeur‧euse mais la sentinelle, elle, descend en même temps que toi de la voiture qui vous a conduit‧e‧s jusqu'au centre historique de la ville. L'air, dans la rue de la pizzeria, sent la fin de l'été et cette odeur caractéristique, tellement nostalgique de la pizza de ton enfance. Il ne manque que les rires de Mamma et sa main dans la tienne pour t'y croire de nouveau, pour tout revoir à nouveau. Cette époque où vous étiez heureu‧se‧xs, du moins tu le pensais.

Avant d'entrer, tu secoues la tête, chasses le passé et les regrets. Puis, à deux, vous passez la porte. Tu repères immédiatement les différences dans le décor de la pizzeria, soulagement et déception se disputent dans ton cœur. Mais tu ne prends pas le temps de t'y attarder : tu te diriges au comptoir pour prendre commande, la même que celle qu'Alice prenait toujours pour votre petite famille. Et alors que tu t'apprêtes à rejoindre la sentinelle, c'est ce même passé tenu à distance, mis à l'écart qui vient te frapper en pleine figure et en plein cœur. « Gabriel ? » Les traits sont alourdis par les années, mais c'est bien lui et aussitôt les peurs d'Alice reviennent à tes oreilles, font battre ton cœur plus fort. Est-ce qu'il est là par hasard ou est-ce qu'il vous cherchait ?

C'est ridicule.
Tu te sermonnes, en colère de céder, même pour un instant, aux anxiétés de ta mère. Sans doute est-ce pour ça que tu t'avances vers lui, le regard vissé au sien, bien décidée à confronter ce passé, à démêler enfin le vrai du supposé. « Bonjour Gabriel, tu l'appelais comme ça aussi, autrefois, mais désormais ta voix ne charrie plus la même affection, l'intonation est celle d'une adulte parlant à un autre adulte - lointaines sont les années bienheureuses, tu as grandi depuis, tu as tes propres cicatrices maintenant : Comment vas-tu ? Je peux m'installer ? » Question rhétorique alors que ta main tire déjà la chaise en face de lui et que tu t'installes avec un sourire poli, détaché. « Ca faisait longtemps. Le dernier mot glisse avec une ironie au vitriol et tu demandes : Qu'est-ce que tu deviens ? »

Où étais-tu, toutes ces années, alors qu'on aurait dû être heureu‧se‧xs toustes les trois, Mamma, toi et moi ?
Gabriel Selvaggi
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fin août feat  @Filomena Barclay-Nave  

TW nourriture + abandon + culpabilisation + champ lexical du feu + mentions légères d'arme à feu et de pensées violentes, insultes

Pendant une seconde, la solution de se cacher derrière la nappe à carreaux lui traversera l'esprit. Très vite remplacée par celle d'abandonner la table comme un coup de vent, un gressin en bouche, les responsabilités dans sa poche. Mais rien, il ne cilla pas, les yeux verts rivés sur le visage de Filomena comme un papillon attiré irrémédiablement vers une flamme. Pour l'enfant qu'elle avait été, pour l'adolescente qu'il avait abandonnée, Gabriel avait été capable de n'importe quoi : sauter d'un pont à l'élastique avec elle dans ses bras, s'intéresser à une collection bien étrange de verre poli, ramener du foin pour un lapin qu'il n'avait jamais vu, mais qui gambadait dans tout l'appart' durant ses absences. Être heureux aussi, sourire comme jamais il n'avait souri, rire en oubliant la raison de l'amusement, aller chercher un sirop pour la toux sous une pluie battante à 01h du matin, aimer à en perdre les mots quand elle lui faisait confiance et lui parlait de sa vie, dans son internat. Capable de tout, jusqu'à ne pas suivre ce que son éducation lui avait appris et se répéter pendant des mois, qu'il avait fuit pour les protéger. Demi-bullshit. Il aurait pu faire mieux, tellement mieux, mais Gabriel était réputé pour son audace et son efficacité, pas pour son respect des êtres qu'il chérissait au point d'en avoir le cœur fracturé. Paradoxe vivant dont il avait pris conscience il y a seulement quelques années. Il ne comprenait toujours pas comment on pouvait aimer et détester jusqu'à l'équilibre parfait, sans qu'aucun sentiment ne renverse l'autre. Sans que rien ne vienne déranger cette étrange harmonie qu'il savait problématique. Pourtant, à cet instant, Gabriel se sentit vaciller. À moins que ce soient ses doigts, tremblants sur sa cuisse, qui cherchaient le réconfort de son arme à feu.

Ne me reconnais pas. Prends ta pizza et dégage.

"Gabriel ?"

Un bout du gressin descendit lentement dans sa gorge, alors que Filomena s'avançait vers lui, d'une démarche si assurée que le Garde sentit une pointe de fierté lui ébranler le myocarde. Pourtant, il n'était en rien de responsable de cet éclat de vie, dans le regard de la rouquine. Encore moins pouvait-il se féliciter qu'elle soit devenue une adulte là où il l'avait abandonné si petite.

"Bonjour Gabriel. Comment vas-tu ? Je peux m'installer ?"
"Hey..."

Il y avait quelque chose dans la façon dont son prénom glissait de la bouche de Fil qui l'irrita et il s'en voulut immédiatement. Elle avait raison de mettre un peu de fiel dans son ton. Lui aurait été le premier à le faire s'il en avait eu l'occasion. Il avala sa salive avec difficulté, en espérant secrètement que son téléphone se mette à sonner. Mais y'avait que dans les films, que les méchants étaient sauvés.

C'était étrange, de la voir s'installer là, devant lui, alors qu'il restait incapable de réagir, le visage plombé par tout un tant d'émotions qui essayaient de faire pencher la balance, dont l'équilibre était de plus en plus précaire au fil des secondes. Et puis, il y avait cette étrange ressemblance avec Alice qui venait encore plus peser dans son hésitation. N'avait-elle pas été celle qui avait allumé ses flammes en première ? À jouer de ses doigts bouillants, tout sourire, avec son enfant ? N'avait-elle pas été celle qui avait mis leur relation au feu ce soir-là, en s'imaginant que personne ne les verrait ? Que lui garderait les yeux fermés, devant une telle réalité ? L'écossais avait peut-être omis une partie de sa vie, mais Alice lui avait menti, elle aussi. Alice avait mis feu au baril d'essence que Gabriel n'avait jamais pu entièrement refermer, en fuyant l'Écosse. Iels étaient tous·tes les deux responsables. Et maintenant, il y avait Fil qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, prête à lui servir le même mensonge.
Gabriel avait presque honte, d'essayer de mentalement s'en convaincre, comme s'il était revenu treize ans en arrière, à se répéter que son départ leur avait sauvé la vie. Bel enfoiré, de mettre la responsabilité sur les autres juste pour ne pas s'écrouler sous ses propres conneries.

Menton relevé, confiance tenue à bout de bras alors que la colère s'insinuait sous sa carne comme un serpent prêt à attaquer. Alice était responsable. Fil était une sorcière. Lui, un Garde. Le calcul était simple, pas besoin de réfléchir plus loin que le bout de son nez.

--

Combien de fois, lui as-tu volé son petit nez parsemé de son ?

"Il est où mon nez, Gab ?"
"Parti avec ton rhume. Tu devrais aller mieux maintenant."
"Tu restes ?"
"Je ne bouge pas d'ici, gattina. Tu m'entendras ronfler au moins jusqu'à ta majorité."


--

"Ça faisait longtemps. Qu'est-ce que tu deviens ?"
"Je...j'attends ma pizza" répondit-il, la voix plus tremblante qu'il aurait aimé, l'impossibilité de mettre du poison, dans sa réponse. Il n'y arrivait pas. Il n'y arriverait pas.
"Tu as... sacrément grandi, Fil. 10 ? 12 cm ? Et tes cheveux...Jolie routine."

Pas même un sourire en coin, alors que la gêne se lisait dans ses yeux ronds comme des soucoupes. Jeu d'acteur au point zéro, un talent indéniable pour se prendre les pieds dans la honte. Même si Gabriel n'était pas connu pour être un grand bavard, il avait déjà fait mieux, en termes de conversation. Et puis, il y avait tous ces mots, toutes ces remarques assassines, cette rage sans raison, cette haine remise quotidiennement en question, qui attendait bien au fond de sa gorge, bloquée par quelque chose que le Garde n'arrivait pas encore à identifier.

--

"Gabriel, parle moi."
"Ça réglera rien Alice."
"Non, mais ça te ferait du bien".


--

"Ta maman est... ta mère... Alice est là ?"

Bredouiller n'était pas au programme, revoir son ex non plus. Quoique, entre la mère et la fille, Gabriel n'était plus trop sûr de ce qui était préférable comme retrouvailles. Si Alice avait toujours une place dans son cœur, le Garde avait fini par éteindre le moindre sentiment pour elle. Mais pour Filomena... Et puis il comprit, ce qui bloquait sa gorge et lui donnait l'impression d'étouffer au fil des secondes. C'était l'incendie. Celui d'un cœur qui reconnaissait celle pour qui il avait hésité, ce soir-là, entre disparaître et rester. Entre fuir et grandir.

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tw: nourriture, abandon

Milton t'aurait dit de t'en aller. De l'ignorer. Mieux, de le snobber.
Après tout, quel besoin avais-tu de lui dans ta vie ?
Puisqu'il n'avait plus voulu être ton père, tu n'avais plus à vouloir être sa fille.

Pourtant, assise face à lui, jambes croisées et dos bien droit, ton cœur se gonfle d'une colère brûlante et de ressentiments amers. Tu as la langue lourde de pourquoi. Parce qu'au fond, tu l'aimes encore, ton père. Et la gamine en toi ne comprend pas pourquoi il est parti. Tu ne comprends toujours pas ce que tu as fait de mal pour qu'il ne t'aime plus, pour qu'il n'ait plus voulu être heureux avec vous.

Est-ce que tu le dégoûtes tant que ça ?

Ton regard accroche le sien et refuse de le lâcher, de le laisser s'échapper. « Je vais attendre avec toi alors. J'attends ma pizza aussi. » Déclares-tu, la voix égale, sans lui laisser le choix. Tu attrapes même un gressin dans la panière pour le grignoter et l'empêcher de protester. Tu veux lui imposer ta présence et tes questions - tu veux te persuader que tu n'es pas émue par sa gêne. Qu'est-ce que son inconfort face à toutes ces nuits à le pleurer, à l'espérer ? Aux disputes avec ta mère quand tu voulais emporter les dessins que tu lui avais offerts dans ta valise pour les lui rendre plus tard ?

Rien.
Ce n'est rien qu'un dîner gâché contre des années de souvenirs abandonnés.

« Tu as... sacrément grandi, Fil. 10 ? 12 cm ? » A l'entente de ton diminutif dans sa bouche, tu vacilles un instant, prête à chuter dans le chaleur du passé, mais ça ne dure qu'un moment. Immédiatement, la chaleur qui flashe au fond de tes prunelles s'éteint. « Ca dépend, tu commences sur le ton des conversations banales, triviales. Tu laisses les mots flotter entre vous avant d'asséner sans pitié : je ne me rappelle plus exactement quand tu es parti. » Tu mens. Tu te souviens de la date, tu te souviens du jour. De tout. Depuis l'instant où tu as mis le pied dans le logement déserté jusqu'au moment où la fatigue t'a abattue, il n'y a pas un détail qui se soit dilué dans le cours du temps.

Ca ne ferait pas aussi mal autrement.
La plaie ne serait pas aussi vive si ta mémoire l'avait couverte d'une jolie cicatrice.

« Mais c'est vrai que j'ai eu le temps de grandir pendant que je t'attendais. » Glisses-tu, entre honnêteté et méchanceté gratuite. Sur ta langue, dansent encore tes questions. Elles ont un goût de vulnérabilité qui te fait hésiter. Tu n'as envie de trop te dévoiler ou d'avouer qu'il t'a tellement, tellement manqué. Parce que tu sais que les choses ont changé, irrémédiablement ; qu'il est trop tard pour rattraper les années qui se sont échappées. « Toi, tu as l'air fatigué, par contre. C'est le travail qui t'épuise ? » Tu appuies sur les mots. Quelque part, sans doute, que tu t'imaginais Gabriel avec une autre famille, heureux avec elleux au lieu de vous. Tu t'imaginais le Gabriel que tu connaissais parce que ce n'est qu'ainsi que tu l'as connu. Sourire aux lèvres, affectueux, paternel. Tu n'imaginais pas cet homme solitaire, aux traits durement taillés. Tu ne le voyais pas dîner seul à cette table de restaurant.

Un sourcil se hausse en un arc surpris quand Gabriel mentionne ta mère. « Non, elle n'est pas là, j'ai passé l'âge de vivre avec ma mère. » Les mots sortent, plus secs que prévus. Moins neutres que tu l'aurais voulu. Et tu secoues la tête, il n'a pas à savoir les fractures qui se creusent entre Alice et toi. Il ne mérite pas d'avoir des nouvelles d'elle. « Et toi, tu es seul ? »

D'autres mots s'apprêtent à franchir tes lèvres mais un serveur s'approche, pizza en main, et les sourcils se froncent au-dessus de ton regard quand il te coupe la parole : « Voici votre pizza, monsieur ... ? annonce-t-il avec une once d'hésitation en te voyant installée à la table alors qu'un unique couvert est dressé : Est-ce que je dois vous apporter des couverts supplémentaires ? » Et tes lèvres restent scellées ; ton regard, fiché dans celui de Gabriel. Tu laisses s'écouler un instant, puis deux, puis trois - avant de poser ta question comme un défi à te rejeter une seconde fois : « Qu'est-ce que tu en penses ? »
Gabriel Selvaggi
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TW nourriture + abandon + culpabilisation + champ lexical du feu + mentions légères d'arme à feu et de pensées violentes + en sous-texte violence intrafamiliale et masculinité toxique

"Ça dépend."

Il savait qu'il prendrait cher rien qu'avec ce court laps de temps laissé entre deux phrases, mais Gabriel l'accepta, ne tenta pas d'esquiver avec une blague ou un regard de travers. Si le Garde avait un goût pour la fuite, il avait aussi cette facilité à endurer sans broncher la violence qu'on lui envoyait dans la tronche, méritée ou non.

"Je ne me rappelle plus exactement quand tu es parti. Mais c'est vrai que j'ai eu le temps de grandir pendant que je t'attendais."

Mais le regard fixe et le menton haut ne servirent à rien quand la boule bouillante dans sa gorge manqua de l'étouffer face à la réponse de Filomena. S'y attendre était une chose, se recevoir des années de rancoeur dans la tronche en était une autre. Ne pas répondre, ne pas filer, juste la laisser s'exprimer. Combien de temps l'avait-elle attendu, ce jour-là ? L'imaginer assise sur le sofa en velours sombre, les yeux rivés sur la porte d'entrée en espérant le voir rentrer lui tira un reniflement de malaise. Lui aussi, avait longuement regardé la porte de son hôtel de Florence la première nuit loin d'elles, la peur au bide et son arme en main, paniqué à l'idée qu'Alice vienne le chercher. Se venger.

"Toi, tu as l'air fatigué, par contre. C'est le travail qui t'épuise ?"
"Ouais."

Un simplement acquiescement de tête pour lui répondre, pas trop sûr que Filomena veuille réellement savoir pourquoi il semblait tout droit sorti d'un film de zombie. Après tout ce qu'il lui avait fait, n'avait-elle pas le droit de l'utiliser comme punching-ball, pour faire passer la colère ? Gabriel pouvait au moins lui offrir ça, à défaut d'avoir été le père qu'elle méritait.

Dans son malheur, Alice n'était pas là, même si la remarque sur l'âge de la jeune femme devant lui le fit tiquer. Fil n'était plus une adolescente, encore moins une enfant. Elle était aussi adulte que lui (plus même, au vu de sa répartie), d'une maturité effarante, à venir le confronter dans un restaurant où tout autour, la vie semblait continuer son bout de chemin. Gabriel avait toujours jalouser celleux qui vivaient leur existence loin de la magie et de tout ce qui s'y accolait. Leur naïveté avait la saveur de la liberté.
Pourtant, la fêlure dans sa voix, c'était elle qui lui fit froncer des sourcils. Il les avait connu unies comme les doigts d'une main, se souvenait clairement des étreintes à deux, puis à trois devant un dessin animé le dimanche après-midi. De ses propres doigts dans les cheveux roux d'Alice, de sa main qui venait serrer celle de Fil. Jamais il n'y avait eu de difficultés dans les relations entre l'adolescente et sa mère, au-delà des embrouilles pour un devoir pas fini ou la paille du lapin, qui jonchait le sol de sa chambre. Surement que cela avait participé au sentiment de quiétude de l'écossais. Lui qui n'avait connu que la dureté des mots et l'éducation stricte découvrait une autre façon d'être parent à travers le comportement d'Alice envers sa fille. Avait découvert qu'il pouvait être un homme différent de ceux qui avaient fait partie de sa vie d'avant. Avait-il une part de responsabilité, dans cette cassure quand Filomena évoqua sa mère ? Peut-être. Certainement même, et savoir qu'il avait davantage impacté leur vie que ce qu'il se répétait jusqu'à présent lui fit baisser la tête. Après le choc vint la honte, tout aussi brûlante que le reste.

"Et toi, tu es seul ?"

Il n'avait pas encore relevé les yeux et remercia intérieurement le serveur qui coupa net Filomena. La laisser s'exprimer, il pouvait faire, mais pas au point de chialer devant elle. "Garde tes larmes Gabriel, elles ne servent qu'à montrer combien tu es faible" lui répétait constamment sa mère, quand enfant, il explosait de panique en entrant dans la salle de bain familiale. Mais combien de fois Alice lui avait dit que pleurer un bon coup, c'était toujours salvateur ? Il ne savait pas, ne savait plus comment réagir, alors que sa réalité à peu près stable se confrontait à celle où il avait réellement connu l'équilibre.

"Voici votre pizza, monsieur ... ? Est-ce que je dois vous apporter des couverts supplémentaires ?"
"Qu'est-ce que tu en penses ?"
"Bien-sûr. Ajoutez une limonade à l'orange sanguine. Merci." Qu'aurait-il pu répondre de toute façon ? Non ? Pas à elle. Surtout pas à elle.

Coup de menton de politesse alors qu'il se retrouva bien obligé de planter ses prunelles claires dans celles brûlantes de Filomena. Bordel, qu'elle lui donnait envie de fondre en larmes

"J'aime bien manger seul, ça me permet d'avancer sur ma lecture du moment et... enfin, t'en as sûrement rien à foutre de ce que je lis actuellement."

Sa main remonta finalement sur la table, pour s'y poser et arrêter de chercher la réassurance de son arme à sa ceinture. Ça servait à rien, il n'aurait jamais eu le cran de la lever contre ce font qu'il avait si souvent embrassé, en souhaitant la bonne nuit à sa Filomena.
Regard haut et bouche pincée, il reprit d'un ton qui se voulait le plus stable possible. En réalité, chaque mot était marqué par un tremblement de voix, qui frôlait le sanglot.

"Pose-moi toutes les questions que tu veux et j'y répondrais aussi sincèrement que possible."

Car il y avait des secrets que Gabriel ne pouvait pas lui révéler à moins de la mettre en danger. Ou alors, était-ce pour lui, se protéger ? Il n'en savait trop rien, mais se doutait que Filomena ne resterait pas assise sur sa chaise avec son air revêche et son feu dans le cœur en apprenant que l'homme devant elle était un Garde de l'Ordre de St Patrick. À moins que... Peut-être était-ce la solution, finalement, pour qu'elle fuit et ne pense plus jamais à lui. Au point où il en était, dans ses relations sociales, Gabriel préférait être craint par Filomena que détesté. Ça au moins, il savait gérer.

Mais derrière la jeune femme, il en voyait une autre la scruter depuis qu'elle s'était assise à sa table. Elle la fixait trop pour ne pas la connaître, semblait être dans la même tranche d'âge.

"Par contre, j'crois que y'a ta copine qui te cherche."

Et s'il était prêt à s'expliquer, avoir du public n'était pas encore dans sa liste de possibilités. Un pas à la fois.

Filomena Barclay-Nave
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Filomena Barclay-Nave

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tw: mention de violence physique, nourriture, abandon

« Bien-sûr » Répond-il, et la surprise glisse dans tes yeux un instant, le temps d'un battement. A la question du serveur, tu t'attends à une fuite. A un rejet, même. Et tes muscles tendus, tu es déjà prête à partir en guerre, à t'imposer à lui. A le déranger, peut-être même à le frapper. Tu veux mettre le chaos dans sa soirée comme il a mis ta vie sens dessus dessous. Pour une fois, tu veux l'avantage : tu ne veux pas celle qui a mal, qui se blesse les doigts sur les bords tranchants de votre passé.

Mais tu ne t'attends pas à ça.
Et tu es encore plus désarçonnée quand il commande ta boisson préférée - ça se lit sur les traits de ton visage, de la courbe de tes lèvres jusqu'au pli entre tes sourcils froncés. Il se rappelle. De quels autres insignifiants détails se souvient il sur toi, sur votre vie d'avant ? Est-ce que, comme toi, il chérit ces petites choses qui faisaient votre bonheur d'antan ? La question te brûle la langue. Dans son sillage, elle traîne une myriade d'interrogations. Pourquoi pourquoi pourquoi ? Tu te demandes s'il te répondrait si tu trouvais en toi le cran de poser les vraies questions, d'admettre entre les lignes que sous la rancœur se trouve un amour cadenassé de peur.

La peur de ne pas avoir été aimée.
Celle d'être détestée, de le dégoûter.
De voir vos souvenirs définitivement balayés, moqués.

Au fond, tu as peur d'être vulnérable de nouveau devant lui. Tu as peur de lui montrer ce cœur qu'il a déjà brisé une fois, n'est-ce pas ?

Tu secoues la tête à ses mots. « Non, c'est faux, ça m'intéresse. Tu contres immédiatement sans hésiter, sans regretter. Qu'est-ce que tu aimes lire ? » La sincérité enrobe tes mots, une sorte de douceur ponctue ta phrase. Les yeux se font scrutateurs, ils détaillent le visage de l'homme en face de toi. C'est un autre Gabriel que tu découvres, bien loin de celui que tu as connu et que tu t'es imaginé pendant tout ce temps. Lui aussi, les années l'ont marqué, réalises-tu. C'est presque comme si tu rencontrais une autre personne. Hors d'ici, dans une rue quelconque, banale qui n'aurait rien à voir avec ce bout importé d'Italie, rien de ce décor du passé ; tu ne sais pas si tu l'aurais reconnu.

« Tu promets de répondre sincèrement ? » Tu ne peux pas empêcher le doute d'aiguiser tes mots. Mais ta posture se fait moins défensive quand tes jambes se décroisent, que ton dos gagne le dossier de ta chaise. Les traits de ton visage se font moins ciselés, moins crispés alors que la réflexion te gagne. Les questions tournent dans ta bouche, se bousculent sur ta langue. Elles laissent un tourbillon entre amertume et espoir. Tu veux demander tant et trop de choses à la fois. Des plus petites choses aux plus grandes, c'est comme si tu avais besoin de tout confirmer, de tout vérifier dans ce passé qui vous a réuni‧es.

Est-ce que tu as tout inventé de votre bonheur ?

Tu ne sembles sortir de ta réflexion que lorsque Gabriel mentionne ta copine et par réflexe, tu lâches un « je n'ai pas de copine, je suis célibataire » comme s'il était encore ton père. Ton sourcil s'arque au-dessus de ton regard interrogateur et tu suis les yeux de l'homme pour tomber sur la silhouette de la Petite Flammèche qui t'escorte pour ta sortie. « Ah, mon amie, oui. Je reviens, excuse-moi. » Tu acquiesces de la tête avant de te lever. De rejoindre la pyromancienne. Tu comprends. Tu comprends, vraiment, qu'elle fait simplement son travail mais tu ne te fais toujours pas à cette présence constante auprès de toi. Parfois tu as l'impression de ne plus avoir de vie privée. Plus encore quand ce ne sont pas Theodore ou Judd, plus expérimentés et plus discrets, qui t'accompagnent. Alors tu l'invites à partir discrètement du restaurant - qu'elle rejoigne la voiture ou qu'elle t'attende sous la pluie, tu ne t'en soucies pas ce soir. « Je discute avec une ancienne connaissance, j'arrive. » Promets-tu pour couper court aux protestations de la Flammèche.

Le pire que tu risques, au final, c'est un cœur brisé à ramasser - te dis-tu en revenant à la table. Parce que maintenant tu sais la question que tu veux poser. C'est un peu la seule qui compte au final. Alors tu tires la chaise pour t'asseoir de nouveau. De nervosité, tu mordilles ta lèvre, vieille habitude que tu avais déjà, enfant. Puis tes yeux reviennent à Gabriel.

« Est-ce que tu m'as aimée ? Tu sais, autrefois. »

Est-ce que tout ça, c'était vrai ?
Gabriel Selvaggi
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TW abandon et répercussions d'un père qui chie dans la colle + en sous-texte violence intrafamiliale et masculinité toxique

Pendant un instant, il s'en veut de ne pas lui avoir laissé l'espace pour le questionner sur sa lecture. De s'être imaginé qu'elle n'en avait rien à foutre, de son quotidien, de ce qu'il aime, de ce qui occupe ses pensées, quand le travail n'y est pas. Si elle savait que ses lectures tournent toutes autour d'une même thématique, que Gabriel a le coeur qui fond en découvrant des histoires familiales plus ou moins simples, plus ou moins dramatiques mais toutes avec une fin heureuse. Si elle savait qu'à travers ces récits, il apprend, décortique, fronce des sourcils, peste contre lui-même, de ne pas avoir réagit comme l'héro·ïne dans telle ou telle situation. Gabriel le sait, qu'il n'a jamais été le héros de sa propre histoire, tient d'avantage du side-kick qu'on trimballe à droite à gauche à coups d'ordres, de messages et d'engueulades. Celui qui arrondit le dos, baisse le menton et n'ose pas élever la voix même si son ventre se tord, à l'idée d'acquiescer une nouvelle fois. Pour d'autres, il tient davantage de l'ennemi N°1, celui qui détruit sans se retourner, qui pille sans sourciller. Mais lui, qu'est ce qu'il veut être, finalement ? Peut-être un personnage secondaire. Celui qu'on voit vivre sa vie en trame de fond, connu seulement parce qu'il est le voisin qui file une bouteille de limonade à l'orange sanguine au personnage principal, en lui glissant discrètement  "ma fille aussi, elle ne boit que ça". Gabriel, il rêve tout simplement de tranquillité, d'un bout d'jardin avec terrasse pour les repas en famille et surtout, d'une haie bien taillée. Ça voudrait dire qu'il a du temps à y accorder.

"Tu promets de répondre sincèrement ? "

Il acquiesce en silence, ne peut même pas croiser ses doigts, comme ses mains sont posées bien en vue de Filomena. Elle ne se doutera pas que cette confiance, cette posture, est déjà gage de sincérité. Pas de bras croisés, pas de mains planquées, pas d'arme à distance des doigts. Rien que lui, le cœur cabossé, son ego un peu piqué et le sentiment que le destin a envie de faire de 2024, son année. Heureusement, Fil part quelques instants, non sans lui préciser que ce n'est pas sa copine mais une amie. Qu'elle est célibataire, Filomena. Si l'information le fait buguer quelques secondes, le Garde a du mal à ne pas sourire : a-t-elle déjà été amoureuse ? Lui en aurait-elle parlé, s'il était resté à Florence ? Gabriel aurait adoré l'écouter, sans pour autant la conseiller tant ses premiers rendez-vous avec Alice avaient été des échecs digne d'une rom-com hollywoodienne. Mais ça, cela restait entre elle et lui, iels se l'étaient même promis, une fois la rougeur des joues du Garde tombée et le rire attendri d'Alice calmé.

Regard rivé sur le duo, il a son sourire nigaud qui disparaît alors qu'une pensée le traverse : il pourrait partir, là. Elle n'aurait pas le temps de l'arrêter, il y a une porte à l'arrière que Gabriel a remarqué, en entrant dans le restaurant tout à l'heure. Non, il lui a promis. Mais en fin de compte, ce ne serait pas mieux pour elle, qu'elle ne sache rien ? Non, ce serait pire. Il le sait bien, lui qui a découvert la vérité sur son retour, en juin dernier, lui qui a compris, à quel point il est un pantin qu'on mène par le bout du nez. Il doit rester. Il va rester et ses doigts, qui s'accrochent un peu plus à la nappe, ne laissent pas de doute sur toutes les ressources que ça lui demande, au fuyard qu'il est.

Son menton se relève un peu, quand Filomena revient s'asseoir. Pas bravache pour autant, juste que ça simplifie sa respiration, d'ouvrir un peu plus le haut du corps et sa cage thoracique. Il ne peut s'empêcher de remarquer la lèvre mordillée de la rouquine : déjà enfant, elle faisait ça quand le trac la prenait et que lui, apprenait ce que c'est, que d'être un peu un père. Pose-lui tes questions Filomena, demande lui pourquoi il est parti, pourquoi il n'a pas appelé, pourquoi il n'a pas prévenu. Il t'expliquera tout, il te dira qu'il a pris peur, qu'il n'a pas su gérer, qu'il a merdé, qu'il....

"Est-ce que tu m'as aimée ? Tu sais, autrefois."

Quoi ?

Et là, il craque. Maigre sourire qui apparaît, sourcils qui se froncent, hoquet de surprise qui s'échappe de ses lèvres. Le rire qui glisse ensuite est autant gêné que gênant. Réaction viscérale qui lui échappe, lui qui s'attendait à tout sauf à cette question. Aux mille et uns reproches mérités, aux "pourquoi" par poignée, pas à ce qu'elle doute qu'il l'ait aimé. Jamais Gabriel ne s'est imaginé une seconde que Filomena pense que ces six années ont été un mensonge.

"Hein ?"

Il a fui parce qu'il les aimait. Il n'a jamais repris contact parce qu'il les a toujours aimées. Pour lui, ça a toujours été clair, et même s'il a conscience que sa fuite n'avait rien d'une déclaration d'amour en bonne et due forme, jamais il ne s'est dit qu'un abandon remettrait en question tout ce qu'iels avaient vécu jusqu'à là. Que sa fuite avait planté une telle question dans l'esprit de Filomena. Égoïsme dont il prend conscience à cet instant. À toujours se répéter "je suis parti pour les protéger" à mettre le je en premier, il en a oublié que celles qui sont restées avec un puzzle troué, c'est Alice et Fil, alors que lui avait toutes les pièces en main. Qu'en les abandonnant, il a laissé croire à celle qu'il a toujours considéré comme son enfant qu'elle ne comptait pas.

Il lui faut quelques secondes pour se reprendre, fermer la bouche, et arrêter de rire comme un mec paumé qui voit ses choix d'antan le percuter de plein fouet.

"Gattina, je t'ai toujours... Je t'aime toujours. Mon dépa... ma fuite n'avait rien à voir avec toi, ni avec ce qu'on a vécu, à trois avec ta mère, c'est..."

Compliqué ? Difficile à exprimer autour d'une table d'un restaurant italien où le monde semble vivre sa meilleure vie alors que tous·tes les deux, vous replonger dans un passé plus tumultueux qu'un cauchemar ?

"Bordel, ça va être compliqué..." qu'il se murmure pour lui, en se passant une main sur le visage. Il sent ses yeux le piquer, lui crier de se laisser aller.  

"Est-ce que t'as une autre question ?"

Qu'elle guide la suite, qu'elle reprenne la parole, qu'elle lui balance sa limonade dans la tronche, avant que lui craque et lui dise lentement "Ne me pardonne jamais. Je ne te mérite pas."

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tw: nourriture, abandon

Son rire grince à tes oreilles. Il n'a rien des rires chauds et lumineux que tu lui connais. Et tu ne sais pas comment réagir. Bien ? Mal ? Tu gigotes sur ta chaise, mal à l'aise. Tu n'arrives même pas à comprendre, deviner ce qu'il pense, quelle réponse il va donner à ta question.

Alors tu es incapable de te préparer à ce qui t'arrive en pleine figure.

Gattina.
Ce surnom, c'est comme un coup en plein cœur porté sur le fil fuyant d'un rire éclaté au sol. C'est le passé enterré qui te revient dans la face. Le souvenir de toute cette complicité, toute cette douceur entre vous. Tu ne l'appelais pas Papa, jamais ; tu ne sais plus trop pourquoi, c'était juste comme ça. Mais à chaque fois qu'il disait Gattina, tu entendais ma fille.

« Bordel, ça va être compliqué... »

Tes yeux le fixent, perplexes, à ses mots. Sur la table, la main posée se serre en poing, les ongles forment des demi-lunes au creux de la paume tendre. Il dit qu'il t'a aimée, qu'il t'aime toujours. Tu es soulagée de n'avoir rien inventé mais en même temps ... ça te perd. Tu ne comprends pas. Il avait promis d'être toujours à tes côtés. Qu'est-ce qui est si compliqué que ça ait valu briser votre famille ? Votre bonheur ?

Les mots glissent sur ta langue, tu prends le temps d'une gorgée de cette limonade servie un peu plus tôt. Tu formes le début d'une autre question, d'une seconde interrogation.

Puis les mots de ta mère te reviennent. Ceux-là même qu'elle répétait alors que tu pleurais, que tu refusais de faire ta petite valise - de quitter votre maison. Comment allait faire Gabriel pour vous retrouver si vous partiez ? Comment allait faire Gabriel pour rentrer à la maison si vous n'étiez plus là ?

Certain.es humain.es sont comme ça, Filomena. C'est pour ça qu'on se cache. C'est pour ça que Gabriel ne reviendra pas.

Et têtue et entêtée, tu répétais : pas Gabriel, pas Gabriel.
Et tu la traitais de menteuse, elle qui n'avait jamais eu que la vérité pour toi jusqu'ici.

Aujourd'hui encore, tu ne veux pas y croire.

« Maman dit que c'est parce que tu n'aimes pas les gens comme nous, une inspiration tremblante glisse entre tes lèvres - tu appuies sur les mots avec un air entendu. Il n'y a que la présence d'inconnu.es autour de vous qui t'empêche de dire le mot. Sorcier.es. Puis la seconde question est enfin articulée : c'est pour ça que tu es parti ? »

Suivie d'une autre, presque immédiatement tant tu as peur de n'avoir plus assez de courage pour la poser aussi frontalement : « Je te dégoûte ? »

Tout ton corps se crispe.
Tes muscles se tendent.
Tes bras se croisent.

Comme si tu t'apprêtais à prendre un coup.

S'il te répond oui, que vas-tu faire, petite Filomena ?
Gabriel Selvaggi
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TW nourriture + abandon + culpabilisation + extremisme religieux, chasse aux sorcier·es, violence intrafamiliale en sous-texte

Pendant un instant, il a l'impression qu'elle ne va jamais reprendre la parole. Que ses mots, son rire, sa déclaration lui font autant de mal que son départ. Sa fuite. S'il avait réfléchi plus loin que le bout de son nez, s'il avait réussi à écraser la peur et le passé ce soir-là, peut-être aurait-il au moins réussi à mettre sur papier les raisons de sa disparition. Rester, à l'époque, Gabriel en aurait été incapable, encore bien trop empêtré dans un schéma de haine et de terreur. De leur magie, de ce qu'elles pourraient lui faire, avec. De ce que lui devrait faire, en écho. Non. De ce qu'il aurait fait en premier, par habitude. Par instinct de survie.

La peur est quelque chose de difficile à surmonter, encore plus quand elle a été nourrie par une éducation violente où les parents tiennent davantage des bourreaux. Peut-être que si leur rencontre s'était passée aujourd'hui, tout aurait été différent. S'il avait ouvert cette porte, hier soir et pas 13 ans en arrière, là, il aurait peut-être été capable de ne pas se laisser happer par la peur. Il aurait attendu que l'échange entre mère et fille se finisse, assis sur le lit de la chambre en face et en aurait parlé à Alice. Il lui aurait dit d'une voix un peu tremblante "Je vous ai vu et je sais qui vous êtes. Je dois te parler moi aussi." Il aurait laissé ses mains bien en évidence, lui en aurait tendu une, paume face au ciel et aurait espéré qu'elle la lui prenne. Il aurait eu peur Gabriel, ça, ça ne changera sûrement jamais, mais il lui aurait fait confiance. Parce que c'était Alice et que c'était Filomena. Parce qu'elles étaient la famille qui l'avait accueilli, celles qui l'aimaient pour ce qu'il avait choisi de devenir, au-delà de ce qu'on attendait de lui.

Il y a un temps de pause qui lui semble infini. Le mouvement de main de Filomena lui arrache un tremblement incontrôlable avant de la regarder boire sa limonade. Il y a le regard qui se perd derrière elle, qui ne peut s'empêcher de lorgner sur la porte de sortie, par habitude. Toujours cette habitude, d'opter pour la fuite.

"Maman dit que c'est parce que tu n'aimes pas les gens comme nous."

Le regard clair qui se plonge à nouveau dans celui de la rouquine alors que le courage, c'est elle qui l'a englouti. Elle qui le porte fièrement sur ses épaules, qui le laisse glisser de sa bouche alors que lui, n'a même pas été capable d'utiliser les bons mots, dans ce SMS qui lui reste en travers de la gorge, même 13 ans plus tard.

"... c'est pour ça que tu es parti ? Je te dégoûte ?"

Gabriel est un soldat expérimenté, sait reconnaître la tension dans le corps de l'autre, l'angoisse qui glisse dans les muscles, qui glacent les tendons. Et percevoir ces signes chez Filomena, à l'instant même où elle termine sa question, est plus douloureux que toutes les attaques qu'il s'est pris dans la tronche. Regarde sa maturité, regarde son courage.
Une pizza arrive, se glisse entre les deux, comme pour leur permettre de respirer un bon coup.

"Mademoiselle, votre pizza."
"Madame." que Gabriel reprend aussitôt, l'habitude de se corriger lui-même, quand il merde. Allez inspire toi d'elle. Lui mens plus.
"Oui, pardon, madame. Et pour monsieur."

Gabriel, il a l'impression de faire un bon dans le passé avec l'odeur de la pizza sous son nez et Fil en face. Il se dit que peut-être, il pourrait faire mieux cette fois. Ne lui a-t-il pas promis, d'être le plus sincère possible juste avant ?
Coup de menton poli envers le serveur, espère qu'il ne reviendra pas de sitôt alors qu'il tente de son mieux, de reprendre ses esprits.

"Non Filomena, tu ne me dégoutes pas. Comment t'expliquer..."

La faire fuir ou faire en sorte qu'elle le déteste ? Il ne sait plus finalement Gabriel. Aucune de ces solutions ? La vérité ? Les deux premières seraient tellement plus simples, pour lui. Mais pour elle ? Comment peut-il décider pour elle, ce qui serait mieux ? Ne l'a-t-il pas déjà fait, en fuyant ce soir-là sans leur expliquer la vérité ? Les mots, aujourd'hui, il les a. Il pourrait choisir l'entre-deux, lui parler de l'Ordre tout en expliquant qu'il ne veut plus en faire partie. La faire fuir en lui expliquant qu'il veut changer. Peut-être reviendrait-elle ensuite ? Pourquoi reviendrait-elle, alors qu'il est le monstre qui les traque ? Elle mérite la vérité Fil. Elle mérite de savoir, que le problème ce n'est pas elle. Ça a toujours été lui.

"Mon petit frère est comme toi. Pas le même type de..." Il hésite, le regard qui flanche, lorgne sur les tables d'à côté. "... lapin, mais comme toi."

Car ça aussi, maintenant, il comprend. Que ce lapin dont il n'a jamais vu le pelage, est son animal-magique. Sa rencontre avec la pieuvre bavarde aura au moins servi à quelque chose.

"Quand je l'ai découvert, j'ai... paniqué. J'ui parti alors que j'aurais dû rester pour le protéger. Et..."

Jamais il n'a expliqué à son frère pourquoi il avait fui, ce jour-là. Pas même ses parents sont au courant, que Gabriel a disparu, car il lui était impossible de chasser celui qu'il aimait de toute son âme.

"En te voyant avec ta mère, ça a été pareil. J'ai paniqué parce que... j'suis pas quelqu'un de courageux Fil, c'est pas ce qu'on m'a appris à être et... j'voulais surtout pas vous blesser."

Rien que la vérité dans ses mots, même si Gabriel en a conscience, qu'il n'est pas le plus clair. Que dans "pas quelqu'un de courageux", elle pourrait y lire un "qui n'est pas capable de discuter". Que dans "blesser", Fil pourra y déceler un "violent reproche".
Mais peut-être comprendra-t-elle la suite. Il n'peut pas faire mieux. Pas maintenant, alors qu'il relève enfin les yeux après les avoir gardés rivés sur sa pizza.

"On m'a éduqué pour que la logique et l'ordre soient au centre de ma vie. Et vous, vous étiez tout sauf ça. Il fallait que je vous abandonne."

Car elles, elles étaient la liberté.

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tw: nourriture, abandon, chasse aux sorcières & secte

Ta question est lâchée et t'as les mâchoires serrées à s'en fendre l'émail. La nourriture arrive, s'installe entre vous - traité de paix en carton, boucliers de papier. Si tu t'es emparée de ta limonade plus tôt, cette fois, tu ne bouges pas, ton regard évite même les pizzas déposées entre vous. Ce sont les mêmes, exactement les mêmes, qu'autrefois - recréant avec une précision douloureuse votre dernière sortie en famille. Et ça te file la nausée, ces odeurs du passé. Parce que tu le voudrais ce retour en arrière. Tu le voudrais tellement fort que tout soit comme avant. Mais tu sais que c'est trop tard, beaucoup trop tard. Tu sais que, même si tu lui pardonnais, même si tout était effacé, trop d'années se sont écoulées désormais, trop de cicatrices parcourent vos carnes et vos cœurs. Vous n'êtes tout simplement plus les mêmes personnes à présent.

Une fois coupé, le lien renoué ne revient jamais à son état initial.

Tu as demandé alors tu le laisses expliquer les choix du passé, les erreurs faites puis refaites. Tu retiens tes mots et tes questions parce que, pour la première fois, Gabriel te raconte son passé et dresse son propre portrait. Alors tu le laisses cheminer, te guider vers la réponse, la conclusion qui a mené à sa fuite. « J'voulais surtout pas vous blesser » dit-il et cette fois, tu n'arrives pas à rattraper le « c'est raté, ça » qui bondit hors de ta bouche. Ton premier réflexe est de vouloir t'excuser, te faire pardonner pour ces mots durs et le tranchant de ta voix - mais cette fois, les pardon et les excuse-moi restent scellés derrière tes lèvres, lourds sur ta langue. Pourquoi devrais-tu présenter des excuses pour avoir dit la vérité ? Pour le confronter à ce qu'il a causé ?

Et dans ta colère, tu ne remarques pas le sous-entendu qui se glisse entre les mots. Tu ne réalises pas de quoi il parle*. Parce que, bien sûr, à aucun moment, tu n'imagines Gabriel prêt à être violent physiquement contre vous. Qu'il fasse partie de cet Ordre qui vous chasse et vous assassine ? Ca ne fait même pas partie de l'arc des possibles dans ta tête. Il y a un gouffre entre vous que tu ne vois même pas.

Alors quand il parle de logique et d'ordre, tu fronces les sourcils comme à chaque fois que tu te penches sur une question difficile, sur un problème qui se refuse à toi et t'échappe. « Et ta fichue logique t'interdit absolument d'avoir des lapins dans ta vie ? » Une de tes mains vient déranger ta chevelure, agitant les boucles rousses que tu ramènes en arrière. Mais cette fois, ça ne t'aide pas à remettre de l'ordre dans tes idées. « Je comprends que ce soit un choc de découvrir ça mais ... enfin, on aurait pu en discuter. Maman n'a pas arrêté de t'appeler pour que vous en parliez. » Tu te souviens encore des fois où tu l'écoutais, l'oreille collée à la porte de leur chambre alors que tu étais censée dormir. Tu te souviens des vocaux laissés sur la messagerie, des messages qui n'obtenaient que le silence pour réponse. « On aurait compris. Maman aurait compris. » Toi, tu n'aurais vu qu'une chose : qu'il était revenu parmi vous. « Mais toi, ta fichue logique t'a dit de mettre au feu presque six ans de bonheur ? » De tout abandonner. « C'était si effrayant que ça, la possibilité de nous garder dans ta vie ? On était si effrayantes que ça ? »


* lancer de dés
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fin août feat  @Filomena Barclay-Nave  

TW nourriture + abandon + dépréciation + insulte + culpabilisation + extremisme religieux, chasse aux sorcier·es, violence intrafamiliale en sous-texte

Ouais, c'est raté et il le sait, Gabriel. Il les a blessées et n'arrive même plus à y ajouter le "mais elles sont en vie" qui lui a longtemps permis de panser ses plaies et de rapiécer son cœur. Il les a blessées et reconnaît dans les yeux de Filomena une colère qu'il voit tous les matins dans le miroir. Combien de fois s'est-il retrouvé dans sa salle de bain, les yeux rivés sur son reflet en se demandant bien ce qu'il briserait dans la journée ? Combien de fois s'est-il retrouvé dans cette putain de salle de bain, à ressasser tout ce qu'il avait fait de mal ? Combien de fois... Trop de fois, trop d'yeux clairs fermés, trop de lèvres mordues, trop de phalanges blanchies pour ne pas hurler et détruire ce que le miroir lui renvoie tous les jours. Gabriel se dégoûte, Gabriel se déteste. Mais c'est encore pire de reconnaître tout ça dans les yeux de Filomena.

Regard qui ne se baisse pas, ne fuit pas, ne cherche pas à s'ancrer autre part que sur ce visage suspicieux qui a le droit de savoir.

"Et ta fichue logique t'interdit absolument d'avoir des lapins dans ta vie ?"

La ride du lion qui se creuse un peu, pas sous la colère, mais sous la gêne de se voir exposer toute son incohérence. Lui qui est si logique, lui qui est connu pour son esprit cartésien est pourtant revenu sur ces terres pour un sorcier. Lui qui utilise l'excuse du "je n'ai pas été éduqué comme ça" n'empêche pas son cœur de tambouriner à la pensée que Filomena l'a un jour perçu comme son papa. Il devrait la détester, il devrait balancer son identité à ses supérieurs, mais il en est incapable Gabriel. La logique existe-t-elle quand elle prend racine dans la haine ? Il ne sait pas, ne sait plus.
Et quand elle ramène soigneusement ses boucles vers l'arrière, Gabriel y lit de l'agacement en plus de la colère. Pourtant, ce geste, il réveille un autre souvenir en lui. Un élastique tenu du bout des dents, les deux mains occupées à terminer sa première tresse. Tutoriel suivi sur Dailymotion avec attention, regardé de nombreuses fois pour imprimer chaque geste comme quand il s'entraînait pour une activité toute aussi technique, mais tellement moins satisfaisante. Joie immense de demander un matin à une Fil' de 8 ans "tu veux que j'essaye de te coiffer comme Alice n'est pas là ?" Et cinq minutes plus tard se retrouver avec des mèches rousses entre les doigts. Tellement de mèches qu'il s'y est perdu, a dû recommencer à trois reprises. "Et si ça ne lui plaît pas ? Et si je n'y arrive pas ?", incapable de penser à autre chose qu'au massacre de la chevelure de feu. Car il n'était doué qu'à ça Gabriel. Car cela ne faisait que quelques mois, qu'il apprenait à être autre chose. Finir par accrocher l'élastique auburn au bout de la longue tresse, y déceler déjà des erreurs, des bosses qui devraient être plates et des cheveux qui s'échappaient de la coiffure, mais attendre fébrilement le retour de la principale concernée. Et se recevoir un "c'est moche quand même, Maman elle fait pas comme ça". Mais rien d'autre. Pas de regard dur, pas de haine, pas d'violence, pas de dégoût. Juste la vérité qui faisait un peu mal au cœur, mais nulle part ailleurs. Et questionner d'une voix mal assurée, comme si c'était la première fois qu'il osait demander de l'aide "Tu veux bien me guider ? Pour que j'apprenne à faire mieux ?". Car il n'avait besoin que de ça Gabriel. À 24 ans, il n'avait besoin que d'une main tendue pour oublier celles qui l'étouffaient.

"Je comprends que ce soit un choc de découvrir ça mais ... enfin, on aurait pu en discuter. Maman n'a pas arrêté de t'appeler pour que vous en parliez. On aurait compris. Maman aurait compris"

Il sait tout ça, il se souvient du nombre d'appels manqués, des SMS à peine lus, des "appelle-moi s'il te plaît" et de sa seule réponse qui a scellé leur histoire. Alice aurait peut-être compris, mais lui n'aurait jamais eu le cran de rester auprès d'elle. Elle aurait peut-être accepté ses "je ne veux plus faire partie de ce qu'ils sont", mais lui n'aurait jamais été capable de se faire confiance. Gabriel ne porte pas le nom de l'archange pour rien. Il est celui qui exécute les missions. Il est la main d'un Dieu que l'Ordre utilise comme excuse pour commettre l'inexcusable.

"Mais toi, ta fichue logique t'a dit de mettre au feu presque six ans de bonheur ? C'était si effrayant que ça, la possibilité de nous garder dans ta vie ? On était si effrayantes que ça ?"

(les dés)

Il finit par baisser les yeux devant les accusations - réelles - de Filomena. L'odeur de la pizza est prenante, lui soulève un peu le cœur, mais il garde le silence pendant de longues secondes. Seules ses joues mordues de l'intérieur laisse filtrer un peu le tumulte de ses pensées.

"Oui." C'est finalement avoué du bout des lèvres tandis que ses doigts se chahutent les uns contre les autres. Se serrent et se desserrent pour l'aider à se concentrer sur l'instant."J'ai eu peur de vous. De ce dont vous... vous étiez capable. Mais en vrai Fil, j'ai..." Et souffler un bon coup, clore les yeux une seconde, avant de se reprendre avec autant de courage que possible. "... j'ai eu encore plus peur de moi."

Et sentir les tremblements secouer tout son corps, remonter contre son dos humide, ses épaules tendues, sa mâchoire serrée et lui faire relever les yeux une nouvelle fois. Ne plus se cacher, ne plus se défiler. Lui dire la vérité.

"Je suis désolé de vous avoir abandonné Filomena. C'était la seule chose dont j'étais capable, mais... mais ça ne s'excuse pas. J'te demande pas de me pardonner, seulement de... Me donner la possibilité de faire mieux cette fois."

De tresser la continuité de leur histoire. Y aura sûrement toujours des bosses, et peut-être un ou deux cheveux qui s'échapperont de l'ensemble. Mais si à l'époque, Gabriel recherchait une main tendue, aujourd'hui, il espère seulement que la sienne sera acceptée.

Filomena Barclay-Nave
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@Gabriel Selvaggi & Filomena



tw: nourriture, abandon, chasse aux sorcières & secte

Il dit oui et c'est comme si quelque chose s'effondrait en toi. Oui, il a eu peur de toi. Pour lui, à cette époque, tu étais une menace. Tu risquais de lui faire du mal. Dans la poitrine, ta respiration se creuse, tu te forces à expirer un souffle qui se fait douloureux. En toi, il y a Gattina qui chiale que son père a peur d'elle. Elle chiale si fort que tu ne tires pas tout de suite le trait jusqu'au bout, que tu notes seulement de façon vague et superficielle qu'il avait peur de ses propres réactions. Qu'il te faut un moment pour comprendre, saisir dans sa gestuelle et ses mots qu'il avait peur d'être violent. Qu'il a peut-être encore cette peur. « Je ne te ferai jamais de mal, Gabriel. Pas comme avec le cadeau de mes Ancêtres, glisses-tu dans un murmure brisé, entre promesse et affirmation. Les yeux clignent plus fort et tu sens la brûlure des larmes qui menacent, qui terrassent. Tu les chasses furieusement du revers de ta manche. Ni hier, ni demain. Et toi, Gabriel ? » Tu ramènes à nouveau tes boucles en arrière. Cette fois, ça t'aide à maintenir un peu de contenance. A replacer les traits de ton visage vers une émotion moins blessée, moins brisée avant que vos regards ne s'accrochent à nouveau.

Donner la possibilité de faire mieux cette fois.

« Je. » Tu commences. Puis tu refermes la bouche, à court de mots. La vérité, c'est que tu ne sais pas. Tu ne sais tout simplement pas. Ce que vous êtes aujourd'hui. Ce que vous pouvez être demain. « Je ne sais pas. » Tu admets. Les mots sont lents. Ils pèsent sur la langue. Laissent un goût amer dans ta gorge. « On ne se connait plus. » Tu as grandi, il a vieilli. Gattina & Gab, est-ce qu'iels existent encore au présent ? Ou est-ce que tu essaies seulement de ramener deux fantômes du passé ? Vous êtes deux personnes différentes désormais, presque des inconnu‧es qui se sont connu‧es dans un passé lointain. Tu es une adulte maintenant, tu t'es (re)construite sans lui. Il ne connait pas plus la Filomena adulte que tu ne connais le Gabriel qu'il est. « Je ne sais pas si qu'on peut reprendre où on en était. » Il y a des fractures mal resoudées à réparer entre vous. La maison de votre relation est en ruines maintenant, y a-t-il quelque chose à en sauver ? Les murs qui protégeaient votre amour tiennent-ils encore debout ou sont-ils prêts à s'effondrer, n'attendant que la prochaine brise ? « Mais ... » Tu te mords la lèvre inférieure. Incertaine de ce que tu fais. Certaine, en revanche, que ton père te manque. Que Gattina n'est pas prête à le laisser partir maintenant qu'elle l'a retrouvé.

Ton regard retombe sur les pizzas qui refroidissent entre vous.
Et il y a comme une douce nostalgie qui flotte dans ton regard. Il y a des mots du passé qui résonnent mais, pour la première fois depuis des années, sans la douleur de l'absence et de l'abandon.

" Gab Gab, diiiis, tu me laisses goûter ? "
" Filomena, n'embête pas Gabriel : tu as déjà ta pizza. "
" Mais je veux goûter celle de Gabriel, Maman ! Juste une part ! "
*rires* " La prochaine fois, tu commanderas la même. "
" Promiiiiis, merci Gab ! T'es le meilleur ! "

« Mais ... est-ce que je peux avoir une part de ta pizza, s'il te plaît ? » Mais peut-être que tu peux vous redonner une chance d'être autre chose. Et, petit à petit, (re)construire votre relation sur de nouvelles fondations.

Peut-être que vous pouvez commencer par ça.
Partager un repas.
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TW patriarcat + nourriture + abandon + auto-dépréciation + arme à feu . En sous texte : extremisme religieux, chasse aux sorcier·es, violence intrafamiliale

"Je ne te ferai jamais de mal, Gabriel. Pas avec le cadeau de mes Ancêtres. Ni hier, ni demain."

Et il veut la croire. Il aimerait tellement la croire et une part de lui à confiance en elle. Cette part, c'est celle du père qui n'a jamais cessé de penser à Filomena, celle du jeune adulte qui s'est senti à sa place dans cette famille qui l'a accueilli les bras ouverts, celle de l'homme qui tente jour après jour de déconstruire tout ce qu'il a été. Mais Gabriel est une multitude de pièces. Certaines ont la surface tellement élimée qu'on y voit à travers, d'autres sont plus difficiles à gratter, mais se décollent avec un peu de patience et quelques-unes sont tellement bien imbriquées qu'il faudrait les arracher avec les dents pour les retirer de l'ensemble. L'une d'entre elle, elle s'appelle "phobie" et même si Filomena n'est pas de celleux qui remuent les courants et noient les vivants, il y a toujours ce sentiment de n'être rien face à des aptitudes qui défient les lois et la science. Et pour un homme à qui on martèle depuis petit qu'il est et resterait toujours au-dessus de toustes, c'est difficile à déconstruire cette angoisse qui en dissimule une bien différente : celle de perdre le contrôle.

Il y a l'attente, qui lui semble si longue et en même temps nécessaire, de l'entendre répondre. L'espoir surtout, qu'elle ne gardera pas les lèvres closes même si c'est pour le rejeter. Il le mériterait, Gabriel et s'y attend depuis toutes ces années même s'il ne s'imaginait pas retrouver Filomena par hasard, devant deux pizzas brûlantes. Mais si elle préfère ne pas répondre, il acceptera aussi. Ce sera difficile à avaler, sûrement qu'il devra maîtriser la moindre réaction de son visage pour ne pas laisser glisser un mélange de tristesse, de dégoût pour lui et d'impatience envers elle, mais elle ne lui doit rien. Et il lui doit tout. Du temps, de l'espace, des explications et des actes surtout.

" Je."

Ses yeux bleus se relèvent, s'accrochent au moindre son, au moindre geste de l'italienne. Et si son visage a retrouvé sa façade en béton armé, ses doigts, eux, continuent de gigoter comme s'ils tentaient d'attraper quelque chose dans l'atmosphère. Du courage, peut-être. Oui, son courage à elle.

"Je ne sais pas. On ne se connait plus."

Il ne cille pas Gabriel, ne cligne pas des yeux, ne hoche pas du menton et n'avale pas la salive qui stagne derrière ses dents. Il aurait peur de s'étouffer avec, car ce qu'elle lui répond est criant de vérité. Iels ont grandi, ont changé. Leurs regards ne sont plus les mêmes, elle semble ne plus avoir besoin de ses bras et lui, n'ose plus demander son aide. Et finalement se sont-iels déjà connu·es ? Gabriel sait aujourd'hui que la magie a une place importante dans la vie des sorcier·es, sans se douter jusqu'où pour autant. Mais si elle se matérialise sous la forme d'un animal, n'est ce pas une preuve de sa place prépondérante dans leur existence ? Alors que connaît-il vraiment de la Alice et de la Filomena du passé ? Elles n'ont pas pu vivre à ses côtés avec cette part d'elles libérée, alors ont-elles été heureuses comme il se l'imaginait avant ? Et lui... Gabriel n'a jamais été plus lui-même qu'à Florence, mais ce qu'il leur a dissimulé faisait aussi partie de lui à l'époque. Elles ne l'ont jamais connu totalement. Quant à aujourd'hui... Si Filomena avait connaissance de tout ce qu'il a brisé, peut-être que ses Ancêtres la supplieraient, de ne pas le laisser filer.

"Je ne sais pas si qu'on peut reprendre où on en était. Mais..."

Et il attend le quarantenaire, il attend en se retenant d'accompagner ce "mais" d'un mouvement de menton, d'une oscillation de ses émotions qui quémandent de glisser hors de sa paume. Il ne sait pas combien de temps cela dure, peut-être des secondes, peut-être des minutes. Il a les yeux accrochés à ceux de Filomena, même quand elle baisse les siens vers les pizzas et qu'il rencontre sa chevelure. Il y a l'océan qui miroite au soleil, la pluie qui se gorge de chaleur, le ciel qui s'embrase au crépuscule. Si elle part, si elle décide de disparaître, au moins aura-t-il eu le temps d'imprimer l'image de celle qu'elle est devenue. Et même sans la connaître, Gabriel ne peut s'empêcher d'être fier. Parce qu'elle est devant lui et qu'elle n'a pas fui. Qu'elle n'est ni Alice, ni lui. Qu'elle est uniquement elle.

"Mais... est-ce que je peux avoir une part de ta pizza, s'il te plaît ?"

Pendant une poignée de secondes, il est incertain de comprendre ce qu'elle lui demande. Pas la question, pas à quoi elle fait référence, mais à ce que cela signifie. Mais Gabriel n'a pas envie d'y réfléchir, pas maintenant. Si ce n'est que pour un dîner, s'iels ne se revoient plus après ce soir, il ne dira rien. C'est sûrement pour ça qu'il fait attention à ne pas répondre ce qu'elle recevait en écho, à Florence. Pas de prochaine fois sur les lèvres de Gabriel, pour ne pas qu'elle se sente forcée de quoi que ce soit, pour lui montrer qu'il accepte ses mots, qu'il prend ce "mais" simplement, sans se projeter. Sans rien attendre d'autre. Qu'iels sont dans le présent et que leur passé n'est pas obligé de refaire davantage surface.

"Ouais. J'ai mangé trop de gressins et j'ai pas très faim de toute façon" répond-il en attrapant un peu précipitamment couteau et fourchette avant de lui offrir un sourire discret. Oui, il est un peu trop heureux de partager sa pizza avec elle.

Finalement, ses mains se calment un peu sous le geste et sa gorge n'est plus aussi sèche quand il glisse la part dans l'assiette de Filomena. Il y a quelque chose de tendre dans ce moment, réminiscence du passé sans être parfaitement semblable, geste familier sans que son autre main cherche les doigts d'Alice, pour se rassurer. Il y a quelque chose de nouveau, qui se créer.

"Oh et..." qu'il se reprend, avant de glisser une main dans son sac à dos, posé au sol. Y a le poids de son arme qui le dérange à la ceinture, qui lui fait mal en se pliant. "Tiens. Comme tu voulais savoir ce que je lisais." Sur le bord de table, il glisse le livre "Hello Beautiful" de Ann Napolitano. Sa couverture clair-obscur jure un peu avec la nappe rouge et blanche.

"J'aime bien sa plume. J'en suis qu'au quart pour l'instant, mais j'ai la version numérique alors tu peux le garder. Ça te plaira peut-être."

Ses lectures surprennent parfois, lui qu'on s'imagine plus le nez dans des polars. Gabriel, il lit surtout des histoires de vie, de familles, de secrets, d'amour aussi. Des autres et de soi. Des histoires qui l'aident à rebâtir une compréhension plus précise du monde qui l'entoure. Des pages qui l'accompagnent pour changer de chemin.

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