[Abandonné] Pv Moira - Trash talk

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Du coin des yeux, Moira suit les échanges autour de la table, un air nonchalant plaqué sur le visage. Prétendant feuilleter les dossiers en face d’elle, la Gardienne des écrits est passée maître dans l’art de ne pas se mouiller – sans mauvais jeu de mot. Les réunions de ce genre étaient rarement intéressantes, et elle était bien contente de ne pas être sollicitée si souvent que cela. Son expertise tenait davantage de l’apparat que de la véritable politique la plupart du temps. Ses yeux verts daignaient sonder la pièce lorsqu’un point religieux – ou jurisprudentiel – devait être soulevé. Pour le reste, elle laissait le soin à tous les autres aspirants crieurs de s’en donner à cœur joie.

Non pas que l’actualité la désintéressait, mais la jeune femme avait appris depuis longtemps à choisir ses batailles. Mieux valait rester silencieuse, pour que sa voix porte d’autant plus lorsqu’elle décidait de l’élever. C’était un luxe que de pouvoir être discret puis de se faire entendre. Le reste du temps, son rôle était de détendre l’atmosphère en parlant de tout et de rien, prétendant s’ennuyer mortellement. Une fonction qui lui convenait à merveille.

Droite sur sa chaise, la brunette lève les yeux au ciel quand le ton menace de monter. Il semblerait que la dénommée MacAlister soit de nouveau parvenue à faire sortir Owen de ses gongs. Non pas que cela soit bien compliqué – son aîné ne faisait aucun effort pour cacher son agacement. Son avis sur la question du secret de leur monde était connu de tous, Moira admirait presque les expansionnistes de risquer de nouveau ses foudres.

Pour la énième fois cependant, elle souhaite que son ami se montre plus mesuré. Bien qu’elle partage son opinion isolationniste, elle sait à quel point froisser l’égo des mauvaises personnes peut compliquer leur vie. Elle avait opté pour la diplomatie, derrière son apparence tête en l’air et désintéressée de tout.

Pour autant, elle n’allait pas le laisser gérer cette situation seule. Les yeux rivés sur sa manucure, la jeune femme attendit que la Conseillère termine sa phrase avant de lâcher l’air de rien :

- Oui, je crois que nous avons tous compris votre position sur ce point très chère… Ai-je manqué la remise sur le tapis du sujet sur le programme de l’ordre du jour ?

Son ironie toute en fausse innocence ne trompait personne, mais Moira savait que ses collègues se demandaient souvent sur quel pied danser avec elle. Toujours excentrique et en apparence totalement dans la lune, se fichant à peu près de tout, elle alternait entre politesse obséquieuse et sarcasme à peine dissimulé. Elle tentait en revanche de toujours se montrer respectueuse envers tout un chacun. Conserver des bonnes relations avec les personnes influentes pourra toujours servir.

De plus, elle tenait un poste imposant dignité et réserve. Elle se devait de présenter un minimum de décorum.

Cela n’allait pas l’empêcher de soutenir son ami en prétendant ne rien comprendre à la situation.

Il fallait reconnaitre que les dernières nouvelles au sujet du fameux ordre humain étaient on ne peut plus inquiétantes. Elle avait grimacé lorsque les tracts avaient commencé à apparaitre ici et là. L’hydromancienne se rappelait distinctement avoir soupiré, songeant qu’il ne manquait plus que cela pour compléter le tableau désastreux qu’était devenu son existence ces derniers jours. Si elle s’était rangée du côté des isolationnistes plus par intérêt personnel et mépris affiché pour les êtres dénués de magie, ce retournement de situation changeait la donne. Désormais plus intéressée par la survie de ses proches que pour son statut social, elle ne comprenait pas que des querelles intestines comme celles-ci aient encore leur place dans le contexte actuel.

Révéler leur existence aujourd’hui serait une très mauvaise idée, et à la place de la doyenne de la salle, Moira se serait abstenue de tout commentaire en ce sens. Choisir le moment pour formuler sa requête était presque aussi important que son contenu, mais il semblait que ses compagnons de table ne disposent pas de son penchant pour l’élégance.

L’héritière Auchincloss se garda donc de toute remarque, observant la tête de leur Coven perdre peu à peu patience. Malheureusement pour lui – et heureusement pour l’ensemble des hydromanciens – Owen restait pieds et poings liés tant qu’aucune action concrète de la part des humains ne soit à noter.

Poussant un soupir exagéré de soulagement à la fin de la réunion, Moira se leva lentement. Prenant le temps de s’étirer, elle réunit méthodiquement ses affaires avant d’emboiter le pas au grand blond. Elle pouvait déjà imaginer ses remarques excédées sur ce qu’ils venaient d’entendre avant même d’avoir quitté la pièce.

Cela ne manqua pas, puisque la porte une fois refermée, l’exclamation du plus âgé tira un léger rire à la jeune femme.
Tandis qu’Owen se laisse tomber lourdement dans son fauteuil, Moira s’étendit sur le sofa non loin, jambes étendues. Cette posture scandaleuse pour n’importe quel témoin était devenue une habitude chez elle.

Dire qu’au début, ce grand dadet l’impressionnait… désormais, elle récoltait ses confidences et excès d’humeur.

- Allons donc. Je ne pensais pas que MacAlister était ton genre. Mais après tout, les vieux pots, la confiture, tout cela…

Scannant la pièce à la recherche d’un alcool quelconque pour faire passer cette interminable entrevue, la jeune femme secoua la tête avant de plaquer l’arrière de sa tête le plus confortablement possible.

- Ils deviennent pénibles à revenir à la charge continuellement. Mais il semblerait que nous soyons entourés de « progressistes », que veux-tu.

Passant ses doigts contre ses tempes comme pour chasser un mal de tête, Moira se redressa sur un coude pour observer les yeux bleus perdus entre colère et exaspération.

La position d'Owen n'avait rien de facile, et Moira n'échangerai leurs places pour rien au monde. Sachant déjà que sa mission du jour sera de distraire l'un de ses seuls proches, elle se permit un sourire en coin.

- Assez parlé de ce fossile vivant. N’as-tu aucun potin à raconter, ou préfère-tu casser encore un peu de sucre sur leur dos ? Tu sais que je suis à ton service pour servir d’oreille attentive.

Redressant dramatiquement la tête, elle se pencha un peu.

- Je t’écoute donc, c'est le moment de se décharger. Je ne dirais pas non à un verre, par contre.


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