[Terminé] You. Me. And a rainy evening. ft. Liya

Qui n'en a rien à faire de la Saint Valentin ? Probablement lui, qui n'a même pas fait l'effort de proposer une planche de flash pour cette année. Ichabod qui n'est pas réellement inspiré par l'amour, qui s'est contenté de ses rendez vous habituels. Une retouche pour commencer sa journée tranquillement sans forcer à quatorze heures, puis la suite d'un bras entamé il y a deux mois. Et enfin, la pause café. Le temps pour lui de se poser sur sa tablette, d'essayer plusieurs choses les jambes croisées dans le canapé de l'accueil. Un canapé qui lui est plus sympathique que Pazuzu chez Liya, puisque ce n'est pas lui qui a eu à le déplacer et à le monter. L'Aéromancien essaye différentes polices, réfléchit sa tasse à la main. Efface et recommence, retouche légèrement les lettres et s'applique à proposer plusieurs choses.

Parce qu'ils ne sont pas très organisés, Liya et lui. Leurs autres collègues ont déjà terminé à dix sept heures, ou terminent de ranger leurs affaires pour ensuite partir et rentrer chez eux. Ichabod lui, attend que Liya termine pour la tatouer ensuite. Ils auraient dû faire ça avait hier, quand il n'y avait personne au salon et qu'ils se faisaient chier tout les deux. Au lieu de sortir fumer des clopes et enchaîner les boissons chaudes en ricanant bêtement. Mais tant pis, ce soir, c'est bien aussi. Vagabond raté, né dans le mauvais Coven, l'enfant des vents est de toute manière un couche tard, quelqu'un de plus actif la nuit et qui n'aime pas se lever tôt. La luminosité qui baisse donc, ça ne le dérange pas plus que ça. Ce n'est sans doute pas pour rien, qu'il s'est vu affublé d'une chauve souris. Au moins, ils ont pu choisir dans quelle langue tatouer Liya. En français, en souvenir de la notice. Il doit encore lui apprendre à prononcer ça correctement. Parcontre, il n'a pas pensé à lui demander quel type de police d'écriture elle aimerait avoir. Le voilà donc avec la même phrase, présentée de dix manières différentes.

C'est important de choisir la bonne calligraphie. Et le bon tatoueur. Les lettrages, on commence souvent avec ça. C'est une base du tatouage, lui vérifie toujours soigneusement qu'il n'y a pas de faute et angoisse à chaque fois qu'on lui demande d'écrire quelque chose dans une langue qu'il ne connaît pas. S'assure toujours cinq ou six fois au près de saon client.e que c'est bien ok. Parce qu'il ne veut pas que son travaille finisse sur une page instagram de tatouages moches, ou de tatouages qui ne veulent rien dire. Il n'a pas envie de tatouer "Menu B3 au Poulet" en chinois, au lieu d'une phrase plus poétique sur la floraison printanière. AH, qu'il lui tarde d'être plus vieux pour une fois. D'atteindre ce troisième palier, afin de maîtriser les différentes langues du monde. Si son oreille s'est déjà habituée à certaines, proches de celles qu'il connaît et parvient à déchiffrer en faisant preuve de logique; pour celles plus lointaines c'est une autre paire de manches. Ce n'est pas demain la veille qu'il saura lire les caractères asiatiques, ou l'alphabet arabe.

Mais aujourd'hui, il n'a pas de doute sur l'orthographe ou la langue qu'il s'apprête à encrer sur sa collègue. Dite collègue qui d'ailleurs, est en train de raccompagner sa cliente avec qui elle semble avoir terminé. Souriant à la dame pour lui dire aurevoir, l'Aéromancien pose sa tablette pour aller aider Liya à ranger son poste et gagner du temps.

« Tu sais qu'on est vraiment nuls tous les deux ? Parce qu'on a pas discuté du type de police que tu voulais pour ton post-it permanant. J'ai essayé au moins dix trucs en t'attendant, ça nous donneras une piste en fonction de ce que tu préfères. »

Une fois n'était pas coutume, pour les fêtes célébrées par beaucoup, Liya répondait absente. Non pas que l'amour ce n'était pas son truc, juste que tout ce qu'on en faisait autour l'agaçait, surtout pour la saint Valentin. Franchement, voir des cœurs partout et les couples faire un échange de salive dans la rue, ça dégoûtait un peu l'oniromancienne, qui préférait largement des célébrations plus simples et significatives, comme organiser une sortie dans un lieu que l'autre découvrir, faire une activité qu'on aime, plutôt que d'offrir des chocolats et des roses. Même si c'était bon et joli, dans un sens, mais ça ne restait pas dans le temps et surtout, pas dans les bons souvenirs. Sérieusement, qui allait se rappeler qu'un jour, quelqu'un lui avait offert 52 chocolats et un bouquet de 15 roses. Non mais vraiment. Alors, forcément, le 14 n'était pas une date particulière pour elle, encore moins en étant célibataire. Elle avait tout de même fait quelques flashs pour marquer le coup, surtout parce qu'on lui avait demandé si cette année, elle en faisait alors forcément... quand quelques client.es semblent intéréssé.es, on fait son possible pour les satisfaire et ramener un peu plus d'argent dans son portefeuille, après tout, le client est roi, non ?

D'ailleurs, elle raccompagne la dernière personne, qui avait adopté un de ces dit flashs. Liya avait fini ses rendez-vous aujourd'hui, mais elle n'allait pas quitter le salon tout de suite, devant à son tour passer sous les aiguilles pour encrer son post-it. Le tatouage aurait dû être fait la veille parce que les deux collègues avaient largement le temps, mais au lieu de ça, ils s'étaient lancés tenter par une clope, puis deux, accompagnées de conversations amusantes et intéressantes, si bien qu'ils n'avaient pas eu le temps ensuite, idiots qu'ils étaient, ils n'avaient pas vu le temps passer. Mais ce n'était pas grave, après tout, ni l'un ni l'autre n'avait quelque chose de prévu pour le 14, alors autant caler un rendez-vous en fin de journée. Ils avaient bien passé Noël ensemble alors pourquoi pas la saint-valentin ? En toutes amitiés, rien que de l'amitié, c'est ce que se répétait la rêveuse depuis cette décision, comme pour se convaincre qu'elle ne ressentait rien de plus pour son collègue.

Remerciant d'un sourire le sorcier venu lui prêter main forte pour le rangement et le nettoyage de son poste de travail, elle relève brusquement la tête vers lui quand il prend la parole, assez surprise parce qu'il venait de dire.

" Attends, quoi ? Je croyais qu'on en avait parlé hier pourtant. "

Elle cherche d'ailleurs dans sa mémoire le moment où le type de police avait été abordé et puis, elle comprend en continuant de se souvenir, pourquoi ils n'avaient pas continué cette conversation.

" Ah oui, non, on a été interrompu par ce gamin qui s'est cassé la tronche à force de courir après Rex, le fier et fougueux chihuahua..."

Et qu'est-ce qu'elle s'était mordue les lèvres pour ne pas rire devant cet évènement, parce que vraiment, c'était hilarant.

" Mais bon, tu es un super tatoueur, ça sera incroyable, je ne saurais même pas quoi choisir tellement je serais éblouie par tes tracés. "

A deux, ça va forcément plus vite pour tout ranger et une fois satisfaite de l'allure de son poste et après avoir jeté tout ce qui avait besoin de l'être, Liya se dit qu'elle avait besoin d'une autre tasse de thé avant de commencer à se faire tatouer et puis pendant cette petite pause, elle pourrait regarder et choisir ce qui lui plaisait le plus dans les propositions, que son collègue avait préparées.

" Un café pour parler type de police ? "

Parce que tant qu'à être au niveau de la machine, autant proposer.

« MAIS NON, j'avais momentanément oublié Rex !! »

Comment avait-il pu oublier le chihuahua champion de course d'obstacle ? Parce qu'il avait tout de même sauté très haut avec de si petites pattes, pour passer au dessus d'un fut de bière qui traînait plus bas dans la rue devant un pub en pleine recharge des stocks. Un moment d'égarement sans doute. Si Liya avait su retenir son rire, lui n'avait pas pu s'empêcher d'éclater quand l'enfant était tombé. Oh, il iras en enfer pour ça. Et pour tout un tas d'autres choses. Mais vraiment, il ne faut pas compter sur Ichabod en cas de chute, il est du genre à d'abord se fendre la poire avant d'aider.

« Je ne dis jamais non à un café. »

C'est même un problème finalement. Parce que même à vingt trois heures, il accepteras d'en boire un. Quasi immunisé à la caféine à ce stade, l'Aéromancien a conscience qu'il devrait probablement se limiter un peu plus. Et pourtant... A chaque fois qu'il songe à être plus raisonnable, c'est après avoir décidé d'en boire une nouvelle tasse.

« Promis, je vais m'appliquer pour pas te rater. »

Suivant Liya à la cuisine en embarquant sa tablette laissée sur le canapé de l'accueil, le tatoueur déverrouille son objet de travail et retrouve sans mal la bonne page. C'est la dernière sur laquelle il a travaillé alors... La tablette s'est simplement mise en veille et est restée là où il en était. Tendant donc la bête à Liya pour qu'elle choisisse, Ichabod prend le temps d'étirer longuement son dos. De faire quelques mouvements des épaules, pour se mettre en condition. C'est une chose à la quelle on ne pense pas forcément ça, quand on se lance dans le métier : le putain de mal de dos. A rester penché sur quelqu'un toute la journée des heures durant. A prendre des positions improbables parfois, si la zone de tatouage est un peu difficile d'accès.  

« Tu sais quoi ? Le jour où je déménage, je prend un appart' avec une baignoire pour mon vieux dos. C'est non négociable comme critère. Et un truc avec un ascenseur, ou en rez de chaussée. Parce qu'il est bien mon perchoir actuel. Mais il manque une baignoire et c'est chiant de monter les sacs de courses. »

Les courses. Il a oublié de les faires. Le temps qu'il s'occupe du tatouage de Liya, tout sera fermé. Il n'auras que l'option d'un fish and chips à emporter ou encore une fois, d'utiliser le service uberwitch pour commander quelque chose. Décidément, si Liya doit se faire un post-it pour se souvenir de réfléchir avant d'agir, lui devrait s'en faire un pour mieux s'organiser.

« Putain, les courses... »

C'est le genre de choses qui sortent toutes seules. Noyant sa détresse dans sa tasse de café, il soupire en passant une main dans ses cheveux bruns :

« J'ai oublié de faire les courses. J'ai pas envie de me faire un uberwitch et j'en ai marre du fish and chips en bas de chez moi. T'as prévu quelque chose ou on va se taper un Burger ? J'ai un pote, qui travaille dans un pub, et ses burgers à lui sont incroyables. Vraiment, la qualité s'est améliorée depuis qu'il travaille là-bas. »

En parlant de mieux s'organiser, sans compter qu'il a oublié d'aller au super marché, Ichabod a également omis un détail important : c'est aujourd'hui la saint valentin. Sans doute qu'ils peineront à trouver une place ce soir. Quoi que, qui amène sa copine au pub ce soir-là ? C'est en général plutôt les restaurants un peu plus chics qui sont pris d'assault non ? Même si les burger de Peryn sont absolument délicieux, les meilleurs qu'il ait mangé, vraiment... Est-ce qu'il y aura tant de monde que ça ce soir ? Sans doute que oui.

" Quoi ? Mais comment as-tu pu oublier le grand et magnifique Rex ??? La vieillesse te guette, il semblerait. "

Liya ne peut s'empêcher un petit rire alors qu'elle fait celle qui est outrée de voir qu'un incident aussi drôle puisse être oublié aussi vite, ses abdominaux, eux, s'en souviennent bien à force d'être contractés et devant la chute et à force d'entendre le rire contagieux de l'aéromancien. Profitant d'être dans la cuisine, la sorcière vient lancer un café qui ne tarde pas à être prêt grâce à la machine. Son thé, lui, met un peu plus de temps à se faire, alors elle en profite pour regarder les propositions de police d'écriture qu'Ichabod lui propose, en regardant avec attention les dix propositions.

" J'espère bien ! Sinon je mettrais un avis négatif sur la page du shop, un truc du genre " Tatoueur dopé au café, qui se moque des enfants qui tombent et qui perd la mémoire, mon tatouage est raté, si je pouvais mettre 0 étoile je le ferais !" "

Petit sourire moqueur aux lèvres, l'oniromancienne vient faire apparaitre les trois propositions, qui la font hésiter, devant elle, pour mieux se rendre compte de ce que ça pourrait donner, tout en écoutant ce que son collègue lui raconte.

" Je comprends pour la baignoire, je suis bien heureuse d'avoir la mienne, même si elle est petite ...  "

Elle détourne le regard de ses illusions quelques secondes pour regarder son ami, semblant calculer la taille qu'il faisait.

" Après, si tu veux tenter la baignoire malgré tes grandes jambes, je te laisse volontiers ma salle de bain ! Tu pourras faire la bise à Pazuzu comme ça. "

Après tout, si un simple bain pouvait l'aider avec son dos, qui était-elle pour le laisser souffrir ? Finalement, il n'y a plus que deux écritures dans les airs, que Liya vient finalement faire apparaitre sur sa peau, à l'endroit désiré. Avant d'entendre l'autre sorcier juré. Un peu surprise, la brune vient reposer son regard sur l'homme près d'elle, écoutant attentivement ce qu'il disait. C'est vrai que c'était chiant, d'avoir oublié de faire les courses et elle pouvait tout à fait comprendre que faire un uberwitch, c'était tout aussi chiant, le temps de trouver ce qu'on veut manger ou même un restaurant ouvert (et bien souvent, celui qu'on voulait n'était pas ouvert, évidemment.) puis même, attendre, c'était long, surtout quand on avait faim, mais en même temps, manger toujours la même chose... La rêveuse était à deux doigts de lui dire d'aller faire ses courses pendant que les magasins étaient ouverts, après tout, elle pouvait bien attendre quelques heures de plus pour son tatouage ! Mais à la mention de Burger merveilleux... comment résister ?

" Ok, j'allais te dire qu'à la limite, tu pouvais vite y aller, mais tu m'as donné faim avec tes Burgers incroyables...Alors, vendu, ce soir ça sera Burgers du pub de ton pote ! "

Après les pizzas de Noël, les Burgers de saint-valentin, ils étaient vraiment bien lancés pour casser tous les codes des plats "traditionnels " de certaines fêtes, Liya avait presque hâte de voir quel plat ils mangeraient à la prochaine grande occasion.

" Par contre, tu devrais peut-être te faire un post-it aussi, tu m'as l'air assez tête en l'air depuis quelques temps... Remarque, pour un aéromancien, ça doit être normal, j'imagine ? "

Sur cette réflexion, la brune retourne à son futur tatouage, hésite encore entre deux modèles, chacun avait quelque chose qu'elle aimait, mais il manquait tout de même un petit quelque chose...

" En fait, je crois que je vais te faire faire un onzième modèle... Un mix de ces deux-là."

Faisant danser ses doigts, voilà que les deux écritures se mélangent devant leurs yeux et enfin, la sorcière trouve que cette fois-ci, c'est la bonne, elle saute presque de joie, quand elle vient apposer l'illusion sur son bras, heureusement qu'elle n'avait pas sa tasse dans une main, cette fois-ci...

" Comme ça, ça serait parfait ! "

En plus, ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas refaite tatouer, au moins plusieurs mois, alors forcément, elle était un peu surexcitée et par l'idée, par le fait de ressentir de nouveau les aiguilles pour graver quelque chose sous sa peau et puis, ce n'était pas n'importe qui qui allait la tatouer, sans oublier les burgers de saint-valentin... vraiment une fin de journée incroyable.

« Il faut excuser mon grand âge, trente trois ans c'est quand même très vieux. Bientôt la maison de retraite. »

Et le déambulateur aussi. A moins qu'il n'accepte la proposition de Liya de prendre un bain chez elle ensuite, dans sa minuscule baignoire ? C'est la première fois qu'on l'invite à venir se laver. Oh, ce n'est pas une question d'hygiène, il ne croit pas puer tant que ça. Il a pris sa douche hier soir, a mis du déodorant et changé ses vêtements.

« D'accord, un burger en échange d'un bain on fait comme ça. »

Liya elle s'occupe pendant ce temps de choisir quel motif prendre pour son lettrage. Soufflant donc sur sa tasse de café qu'il commence à savourer, il prend l'initiative de verse l'eau chaude de sa collègue une fois celle-ci prête, le temps qu'elle apporte elle-même les modifications. C'est tout de même bien pratique, les illusions des Oniromanciens pour ce genre de choses. ça sert tout de suite plus que lui et sa maîtrise des courants d'airs... Quoi que, sa verve aide grandement quand les clients sont un peu compliqués et qu'il faut les raisonner. On a souvent du mal à se rendre compte, surtout pour ses premiers tatouages que avoir trente cinq significations différentes au sein d'un même et unique motif, le tout sur dix centimètres parce que : vous comprenez, j'aimerai que ça soit discret... C'est impossible.

Hochant donc la tête au choix de la sorcière, il reprend sa tablette pour en faire une photo, avoir l'exact motif sous les yeux au cas où il y ait un problème. Partant dans l'espace tatouage avec sa tasse, Ichabod prend le soin de se désinfecter les mains, d'enfiler des gants puis de passer de l'antiseptique sur la peau de sa collègue. C'est toujours un peu désagréable quand c'est frais comme ça. L'odeur prend aussi au nez facilement, si on est un peu sensible à ce genre de choses. Mais lui s'est habitué à la fragrance du désinfectant qui règne en maître incontesté dans ces lieux. Son marqueur à la main, pendant qu'elle sirotte son thé, l'enfant des vents s'applique donc à retracer les contours du motif choisi. Un joli mélange finalement, au quel il n'aurait pas forcément pensé de lui-même.

« J'espère que t'as mangé aujourd'hui quand même ?... Sinon on se fait une première pause pour manger un twix dans la cuisine avant d'y aller. »

Une question qu'il pose toujours aux gens avant d'entamer son oeuvre. S'enquiert à la façon d'une grand-mère (pour rester dans le thème de sa vieillesse prématurée) de savoir si saon client.e a mangé quelque chose avant de venir. Parce qu'on a beau dire, il vaut mieux prévenir que guérir. Avoir un minimum de sucre et d'énergie dans le système pour que le corps tienne le choc et que tout se passe pour le mieux. Même pour un petit truc de dix centimères, sans trente cinq significations parce qu'il a réussi à entourlouper lea client.e, et surtout pour un plus gros qui va prendre du temps. Tournant la tête vers sa propre tasse de café qu'il n'a pas terminé, il soupire :

« Et finir nos tasses. »

A prendre des pauses toutes les cinq minutes, ça ne va pas avancer très vite. Pour autant, ni l'un ni l'autre ne semble spécialement pressé. De mémoire, le pub où travaille Peryn ferme à une heure du matin le week end. Sans doute aussi les soirs de fête comme aujourd'hui. Alors, ils ont de la marge. La baignoire de Liya est quand à elle, ouverte normalement en 24/24. A moins qu'elle n'ait des horaires et travaille au noir en tant que bain publique pour arrondir ses fins de mois ?

" Promis je viendrais te rendre visite avec une boite de chocolat à la liqueur et une carte des autres collègues... Quoique, peut-être que vous serez déjà plusieurs là-bas, au final. "

Et elle finirait par vite y arriver aussi, trente-trois ans, ce n'était pas si loin que ça.... Seul Aydan avait le temps de voir venir la maison de retraite... Elle s'assurerait de lui transmettre la lourde responsabilité de ramener des chocolats régulièrement, sous peine d'avoir des appels paniqués du personnel soignant parce qu'un gang de personnes âgées et tatouées seraient en train de faire n'importe quoi.

" Marché conclu ! "

Elle venait de faire une sacrée affaire, mine de rien, elle s'étonne d'ailleurs un peu de ça.... Ichabod devait vraiment souffrir au niveau du dos pour accepter si facilement... Mais bon, un burger contre le prêt de sa baignoire, il y avait peut-être un business à se faire. Quoi qu'il en soit, la sorcière vient reprendre ses tentatives de polices remerciant l'aéromancien quand elle se rend compte que de l'eau chaude a été versée dans sa tasse. Et quand enfin, tout lui plait, elle vient donner le feu vert à son ami, laissant l'illusion le temps qu'il prenne en photo le rendu. Ni une ni deux, les voilà partit dans la zone tatouage, enfin, Liya vient tout de même faire demi-tour pour récupérer sa tasse, honteusement oubliée sur le plan de travail de la cuisine. Enfin installée la brune laisse faire son collègue, buvant tranquillement son thé alors qu'elle sent quelques frissons la parcourir, au contacte frais du désinfectant.

" J'avais oublié à quel point c'était froid..."

Et comme pour contrer la fraicheur, elle vient boire une nouvelle gorgée, avant de se figer à la question d'Ichabod... Est-ce qu'elle avait mangé aujourd'hui ? Le fait qu'elle ne se souvienne d'aucun repas ou encas l'inquiète, elle avait vraiment oublié quelque chose d'aussi primordial ? La réponse est bien évidemment "oui". Enfin non, il y avait eu une tentative de grignotage entre deux rendez-vous, un paquet de biscuit ouvert, très certainement en train de trainer sur son bureau, mais il y avait eu quelque chose qui était venu perturber sa pause, surement un coup de téléphone ou quelqu'un qui passait pour voir un peu les disponibilités. Et puis après, tout c'était un peu enchaîné et quand elle tatoue, Liya oublie complètement le reste, même son ventre vide, il semblerait.

" Tu as raison... Une pause twix pour se donner de la force, c'est une bonne idée ! "

Non, elle ne tentait absolument pas de cacher qu'elle avait oublié quelque chose d'aussi important, surtout quand on se faisait tatouer, ce n'était pas vrai.

" Et puis bon, je ne suis pas sûre qu'un café froid, ça sera très bon...."

C'est ça, il fallait noyer le poisson. Mais c'était peut-être un peu trop ? Tant pis.

" Et puis un thé trop infusé, c'est hyper âcre."

En parlant de thé, la brune vient reporter sa tasse à ses lèvres, pour boire une nouvelle gorgée, un moyen pour elle de se taire et de ne pas continuer à dire n'importe quoi.

Le café froid ce n'est pas très bon. Il le boit pourtant régulièrement froid, oubliant sa tasse dans un coin ou la terminant après une séance de tatouage. Le thé trop infusé c'est âcre. Elle le boit souvent trop infusé aussi pourtant, Ichabod le sait bien. Il suffit de voir leurs collections de mugs à tous les deux. De véritables professionnels pour semer des tasses ça et là, qu'on retrouve parfois quelques jours après. Surtout et encore plus avec la fatigue, quand leur magie fait des siennes. Une tasse invisible pour Ichabod et ses perceptions, une tasse prenant une autre forme pour Liya et ses illusions.

« Comme ça le marqueur sèche aussi correctement et ça risque pas de baver. Déjà que je suis sénile, si en plus ça part en couilles tu vas avoir un tatouage vraiment laid. »

Oh il a l'habitude d'attendre un peu avant de réellement commencer à tatouer. Généralement il attend que le stencil sèche, lui qui en général est bien obligé de faire comme ça pour ses dessins d'architecture. Plus rarement, c'est justement le feutre qui doit sécher. Le plus souvent pour des lettrages ou un trait qui le guide pour compléter quelque chose. Retirant donc ses gants, habitué à ce genre de valses, l'Aéromancien récupère sa tasse posée non loin. Le café est encore tiède, et ses cigarettes l'appellent. Sale habitude de l'enfant des vents aux bronches déjà naturellement fragiles, mais il ne parvient pas à s'en passer et les enchaîne. Au moins, le cendrier devant le shop a été vidé avant hier et ne déborde plus.

La veste sur les épaules, une fois dehors et la clope allumée, il se penche en avant. Serre sa veste contre lui et plisse les yeux en scannant la rue commerçante. A la recherche d'un évènement important pour les occuper. Il se passe toujours quelque chose dans le quartier, Ichabod la commère est généralement au courant de tout en observant autant. Quand ils seront tous à la maison de retraite, à compter sur Aydan pour les visiter régulièrement lui qui est quand même bien plus jeune, le tatoueur s'assureras de demander des nouvelles du quartier au Pyromancien pour se tenir au courant des évènements. Véritable pie curieuse, qui aime un peu trop regarder ce qui ne le concerne absolument pas.

Mais ce soir, Rex n'est pas là. La boutique de chaussure voisine est en train de fermer son rideau de fer, et à part un type qui court avec des chocolats* et une bouteille de vin à la main -pour sans doute rejoindre sa belle- il n'y a rien à signaler. Déception de l'Aéromancien.

« Il a l'air honnête, je pense qu'il ramène juste des chocolats pour souhaiter une bonne valentin. C'est pas l'attitude d'un homme qui a quelque chose à se faire pardonner, il a la démarche trop sure. Il a même l'air d'être pressé de rentrer chez lui retrouver sa moitié pour la soirée. »

Parce que par habitude, le tatoueur a forcément pensé à une femme. Alors que finalement, ce n'est peut-être pas le cas. C'est juste qu'il y pense moins souvent.

Et si en plus de manger un petit quelque chose, de ne pas oublier une énième fois sa tasse on ne sait où, le marqueur pouvait sécher tranquillement sans baver, la pause twix semblait être indispensable. De toute façon, les deux tatoueurs ne semblent pas pressés : il n'y a pas de courses à faire, un pub ferme généralement assez tard, ils peuvent donc prendre quelques pauses. La brune part tout de même côté cuisine récupérer un petit encas, se couvrant de son épais foulard en laine qui donnait plus l'impression d'être un petit plaid ainsi porté au vu de la taille. Mais au moins, la sorcière pouvait sortir dehors sans avoir trop froid, tout en laissant son avant bras à l'air libre pour que l'encre sur sa peau sèche tranquillement. Rejoignant ensuite son collègue, la rêveuse prend le temps d'observer la personne qui était malheureusement passé sous le radar de la commère du quartier, alors qu'elle ouvre le paquet de barre chocolatées.

" Effectivement... Et puis il n'a pas un énorme bouquet de je ne sais pas combien de roses pour se faire pardonner. Par contre, pourquoi est-ce qu'il court comme ça ? Il est tôt encore, on ne fête pas la saint-valentin si tôt, si ? "

Il n'est même pas encore dix-huit heures.... Vraiment, c'était étrange. Liya réfléchit alors qu'elle vient manger un bout de son twix, tout en suivant du regard l'homme qui disparait au loin.

" Oh, je sais. Cette année, c'est peut-être lui qui s'occupe des préparatifs parce que c'est un peu la crise à la maison. Mais il est un peu en retard sur son planning, parce qu'il a dû déposer les enfants chez les grands-parents qui, comme d'habitude, l'ont retenu parce qu'il faut prendre un café avec des petits gâteaux et ont demandé des nouvelles d'un million de choses avant de dire "oh lala, mais il est déjà cette heure-ci ? Tu ferais mieux de te dépêcher sinon rien ne sera prêt" Parce qu'il a décidé de faire le plat préféré de sa femme. "

Oui, c'était une scène tout à fait plausible pour Liya, qui vient resserrer un peu son plaid contre elle, l'hiver était toujours présent malgré des températures plus douces, elle avait tendance à un peu l'oublier, même si elle était vite rappelée à l'ordre, surtout quand un petit vent frais se mettait à souffler, mais c'était ça, de ne pas être trop loin de la mer, aussi.

" Mais bon, au moins, il veut faire les choses bien, c'est un brave gars. Je me souviens qu'une année, on m'avait promis une "super saint Valentin où tu n'auras rien à faire" Ça c'est terminé en soirée rugby bruyante parce que " Tu comprends, c'est mon équipe de toujours qui joue." "

Et le lendemain, l'oniromancienne avait mis la personne à la porte avec ses affaires quand elle avait vu l'état de l'appartement en revenant de chez une amie avec qui elle avait passé la soirée.

« Ah bah oui forcément, son fameux risotto aux gambas. »

Tant qu'à faire, Ichabod reste dans la gastronomie Italienne. Le plat est bien entendu, un brin plus compliqué que les pizzas qu'ils dévorent au salon de tatouage. Mais c'est le premier plat qui lui est venu en tête. Sans doute parce que lui-même apprécie ce plat, en particulier s'il y a triple dose de parmesan dedans. Si l'homme mystérieux, qui a disparu au coin de la rue est à priori un gars bien on ne peut pas en dire quatant de la Saint Valentin foireuse que lui raconte Liya. Ichabod n'a pas souvenir d'avoir vraiment merdé une quelconque année. C'est que ça a toujours du relativement bien se passer, ou qu'il est effectivement sénile. Lui n'accorde pas d'importance particulière à cette fête mais a toujours essayé de faire un effort s'il était accompagné à cette date et que la demoiselle y accordait de l'importance.

« Un énorme beauf, en résumé. »

Ah si, il se rappelle d'une saint valentin un peu pourrie. Mais ce n'était pas réellement de sa faute. Plissant les yeux en tirant sur sa clope, il confie sa propre maladresse à Liya :

« Une année, je devais avoir genre 20 ans pour ma défense, j'ai failli offrir des roses jaunes à ma copine de l'époque. Je savais pas que c'était pas cool niveau signification, je voulais bien faire. Parce que quand je l'avais rencontrée, elle avait une robe de cette couleur là, alors je voulais être mignon. Les fleuristes m'ont sauvé la vie et évité un drame en m'apprenant ce que ça signifiait dans le langage des fleurs, et je suis reparti avec un truc plus classique. Je me souviens plus trop de la couleur, mais surement du rose et du rouge, le truc banal mais au moins, t'es sur de pas faire de faux pas avec ça. »

Cette année, il n'y a rien à célébrer. Pas de petite amie à inviter, il fêteras donc avec Liya et un burger. C'est finalement tout aussi bien, au moins, personne ne se prendra le tête. Peut-être même qu'ils pourront assister à une dispute de couple au pub plus tard pour pimenter leur soirée. Une fois sa cigarette terminée, L'Aéromancien retrouve l'intérieur du chop avec la rêveuse. Il y fait plus chaud que dehors, il n'y a au moins plus ce petit vent frais qui ennuie plus qu'autre chose. Reprenant donc son petit rituel bien établis, Ichabod se prépare à encrer le motif à Liya. Dernière vérification imposée, maintenant qu'ils ont terminé leurs tasses et magé un twix, il demande pour être bien certain :

« Tout est ok pour ton motif ? Est-ce que c'est ton dernier mot ? »

" Exactement. D'ailleurs, tu savais qu'il avait changé sa recette dernièrement, toi ? "

C'était un peu devenu leur truc depuis Noël, ça, imaginer la vie des personnes qu'ils croisaient ici et là, parce que c'était toujours divertissant, d'une certaine manière et Liya trouvait que ça faisait fonctionner son imagination et quoi de mieux quand son métier était la création ? Bien sûr, il fallait tout de même que le quotidien des gens soir tout de même réaliste, quoique, peut-être qu'un jour elle croiserait quelqu'un qui ressemblerait tellement à une créature magique ou quelque chose du genre, peut-être que là, elle laisserait un peu d'irréalisme s'installer.

" Totalement, il n'a pas fait long feu, heureusement."

Au moins, elle avait appris à repérer les signes et autres red flag du style pour s'éviter des relations de ce style. Oh, bien sûr, il y avait eu des ratés, comme partout, mais au moins, elle s'était moins laissée aveugler par les premiers émois. C'est peut-être avec cet apprentissage que la sorcière était devenue de plus exigeante au niveau de ses relations, surtout romantiques. Liya écoute ensuite la maladresse que son collègue avait failli faire et ne peut s'empêcher de sourire tendrement quand il lui explique pourquoi le jaune lui avait semblé être une bonne couleur.

" En vrai, l'idée que tu as eue était très mignonne, peut-être qu'en comprenant l'histoire derrière ça, ta copine de l'époque n'aurait pas cru certaines choses, mais dans le doute, il valait mieux jouer la carte de la sécurité ! "

Parce que bon, rien de pire qu'une dispute le jour de la saint-valentin, surtout s'il y avait suspicions de tromperies, c'était toujours dur de se justifier pour quelque chose qu'on n'avait pas fait, parce que, généralement, la personne était tellement hors d'elle, qu'elle croit qu'on lui ment, encore. Finalement, les deux artistes rentrent au chaud dans le shop, pour enfin passer au vif du sujet : le post-it de Liya. Se réinstallant confortablement, la brune laisse l'autre sorcier reprendre son rituel.

" C'est mon dernier mot, Jean-Pierre."

Depuis le temps, elle ne ressentait plus autant le stress de ses premiers tatouages, bien sûr, elle sert un peu les dents tout de mêmes la première fois que sa peau est percée, mais elle s'y fait vite, avec toute l'encre qu'elle avait sous l'épiderme, c'était juste le temps de s'y réhabituer.

" N'empêche, je crois que c'est le premier tatouage que tu me fais. Je trouve ça honteux de ne pas être passé sous tes aiguilles avant, depuis le temps que je suis ici."

Mais au fond, c'était peut-être assez logique. Au début, elle n'aurait jamais osé lui demander ce genre de choses, bien trop sur ses gardes. Et au fil du temps, elle avait eu bien d'autres projets qui ne correspondaient pas forcément au style de l'aéromancien et puis quand l'idée n'est pas là, ça ne sert à rien de forcer.

« Sans doute qu'avec des explications ça passe bien, mais les fleuristes ont voulu bien faire et éviter un drame, je comprend. »

Et il ne leur en veut pas. Certains couples ont sans doute un sens de l'humour solide, pour peut-être même aller jusqu'à s'offrir spécifiquement des roses jaunes à la saint valentin. Pour montrer l'absurdité de la chose, de la fête, du langage des fleurs et que finalement on s'en fout bien de toutes ces conneries. Que c'est juste celles et ceux qui ne s'aiment pas tous les jours, sincèrement, qui en font des tonnes pour marquer le coup une fois par an. Ou que ça permet de découvrir le vrai visage de l'uatre... Comme pour Liya avec son ex beauf fan de rugby finalement. Au jeu du "je n'ai jamais rompu à la saint valentin" elle pourrait dire qu'elle l'a fait.

Installé dans le salon maintenant que les boissons sont finies et le twix dévoré par l'Oniromancienne, Ichabod s'attèle donc à sa tâche et rigole à sa réflexion. C'est vrai qu'ils ne se sont jamais tatoués l'un et l'autre. Pourtant ça fait quelques années maintenant qu'ils travaillent ensemble tous les deux.

« T'auras qu'à m'en faire un aussi à l'occasion, alors. Pour faire ça correctement et équilibrer les choses. »

Délicat dans le tracé des arabesques, concentré sur les lignes de calligraphie, Ichabod s'applique pour réussir ce tatouage. Il n'est pas très gros et lui est généralement assez rapide pour travailler. Il y a des tatoueurs plus lents que d'autres, lui est de ceux qui font ça relativement vite. Quitte a parfois faire un peu mal en contrepartie, mais ça ne fait mal qu'une ou deux fois, puisqu'il repasse rarement trente six fois au même endroit. Finalement ça revient sans doute au même. C'est juste que ça lance un peu plus sur le coup, plutôt que d'être plus étalé. Au moins, il n'a pas l'hypocrisie de dire qu'il est très doux comme certains le font. Lui préfère ne rien dire et si on lui demande un peu naïvement si ça va faire mal, il répond que oui, puisque ce sont des aiguilles qui s'enfoncent dans la peau. Pour autant, même s'il appuie avec une certaine confiance pour que ce soit terminé le plus vite possible, l'Aéromancien fait toujours attention de ne pas y aller trop fort non plus afin que la cicatrisation ne peine pas. De ne pas faire mal inutilement non plus. Quoi que, ça dépend si le client est particulièrement chiant et que sa verve d'Aéromancien n'y fait rien.

« La bonne nouvelle c'est que normalement, t'auras pas ou peu de retouches à faire dessus. »

Essuyant la peau au fur et à mesure pour admirer son tracé il hoche la tête pour lui-même d'un air entendu. A ne pas douter de lui et de son geste, connaissant bien sa machine au fur et à mesure des années, ils ont gagné du temps sur le tatouage tous les deux. La séance de torture de Liya sera moins longue que prévue. Et plus vite ils auront terminé, plus vite ils pourront aller au pub pour manger leur burger. Et ensuite ? Ah oui, c'est vrai qu'on lui a aussi promis un bain. Pour apaiser un brin la douleur du premier passage, l'Aéromancien esquisse un geste vague de la main pour faire passer une brise fraiche sur la peau de sa collègue. Sa soulage, généralement, la douleur étant comparable à celle d'un méchant coup de soleil.

" Ça me va, dès que tu auras une idée, une envie, tu me feras signe. Enfin, je peux toujours te faire un petit truc pour te rappeler de faire tes courses. "

Et après un petit rire, Liya laisse l'artiste faire son œuvre, lui faisant tellement confiance qu'elle en vient même à fermer les yeux pour profiter d'un peu de calme, après avoir eu pas mal de pipelettes dans la journée. Elle l'était aussi, en soi, mais à la fin d'une journée à ne faire que discuter, un petit moment calme faisait toujours du bien.

" Et ça, c'est une super bonne nouvelle ! Même pour la cicatrisation, ça ne sera pas trop chiant je pense."

Elle fera tout de même faire attention pendant ce temps-là, à ne pas porter n'importe quoi pour ne pas venir abimer plus la peau, mettra tout de même des draps qui ne craignent pas parce qu'avoir une tâche d'encre sur du tissu, ce n'était vraiment pas chouette, encore plus quand c'était la parure qu'on préférait. Mais vu l'emplacement et la finesse des traits, ça ne serait pas aussi galère avec les plus grosses pièces que la sorcière avait fait par le passé.

" Ou bien, je pourrais te faire notre fidèle cactus momie au top de sa forme, quoique, momifié ça à aussi son charme. "

Bien sûr, ce n'est rien de bien sérieux, l'oniromancienne vient juste dire ce qui lui passe par la tête, parce que maintenant qu'il était lancé, son cerveau ne cessait d'imaginer mille et une possibilité de dessins à encrer. La sorcière remercie intérieurement son ami de venir soulager quelques peu sa douleur avec une petite brise, elle a un peu la chair de poule, certes, mais sur le coup, ça fait du bien.

" Enfin, du moment que tu ne me demandes pas de te faire des cœurs rouges avec je ne sais quel prénom ou symbole, moi ça me va. Enfin si, un vrai cœur du genre anatomique, ça c'est cool, mais sinon ... En fait, plus jamais je fais de flash ou même de rendez-vous tatouage le jour de la saint-valentin. Je sais qu'on ne doit pas juger, mais parfois, c'est vraiment difficile."

Mais mine de rien, après cette journée forte en émotions, la brune avait gagné un nouveau tatouage qui allait lui servir à vie et soulager un peu la charge mentale de son familier, si elle n'oubliait pas de regarder son avant-bras avec de prendre des décisions idiotes. Mais en plus, un burger dont on vantait les mérites, la journée n'était pas si nulle que ça finalement.

Un post it de courses, Ichabod n'est pas certain qu'il s'en souviendrait pour autant. Ses bras à lui sont déjà plus remplis que ceux de sa collègue, ça se perdrait facilement au milieu de tout ce bordel sans queue ni tête.

« Ce serait bien la seule plante qui crèverait pas ! »

C'est vrai qu'il a un don surnaturel pour faire mourir les plantes. Même quand il ne s'en occupe pas, qu'il ne fait que partager le même air avec elles. Un cactus c'est censé être solide, tenir le coup sans trop d'efforts. C'est pour ça qu'ils ont essayé au shop, tenté le coup une ultime fois avec cette plante qu'on leur avais vendu comme increvable même pour les pires jardiniers. Il aurait fallu au moins un botanomancien, voire deux ou trois pour la maintenir avec lui à côté. Ichabod a terrassé le cactus, désormais momifié et laissé là en guise de décoration sinistre. Un rappel pour dire à leurs client.e.s de ne vais leur offrir de plantes pour ne pas qu'elles terminent dans le même état.

« J'ai... »

Il marque une pause le temps de réfléchir en levant les yeux au ciel. En profite pour passer un nouveau coup de sopalin.

« J'ai trois prénoms de filles différents. Y en a une, je sais même pas qui c'est. Mais je me rappelle plus de la soirée non plus. »

Y a sans doute plus d'une personne qui en aurait honte, qui serait gêné d'aborder ça. Ichabod lui préfère ne pas vraiment s'en soucier. Des décisions impulsives, pas toujours sobres, qui restent là. Il a au moins ça en commun avec Liya, ne pas réfléchir. Surtout pour le genre opposé. Quoi que dernièrement, il se pose trop de questions, bien plus que d'habitude. Avant de réfléchir, pour une fois, et de se dire qu'elle n'est que sa collègue, qu'il n'y a rien. Que si il y avait quelque chose entre eux, ce serait déjà arrivé depuis le temps qu'ils se connaissent. Qu'il se fait des idées et qu'il n'y a rien de plus qu'une amitié les liant. C'est bien la première fois, qu'il se prend autant la tête sur une histoire de fille. Son frère d'ailleurs, n'aide pas à gérer la situation. Il n'aurait jamais dû en parler à Nero, qui depuis qu'il est au courant de ses hésitations, le pousse plus ou moins subtilement vers l'Oniromancienne. Mais encore une fois ce soir, Saint Valentin ou pas, ce n'est toujours pas un date.

« Je prend ça comme une expérience de vie et des post it aussi, ils sont là ces tatouages, j'ai pas forcément envie de les recouvrir ou de les passer au laser. Mais j'ai décidé de plus me faire tatouer de prénom féminin, après le dernier, parce que je te dis, je sais vraiment pas qui c'est et je ne connais personne avec ce prénom. Vraiment, je sais pas ce que j'ai foutu ce soir-là. J'me suis mis un mot dans mon porte feuille aussi "plus de tatouages si t'as bu Ichabod". Pour l'instant, ça fonctionne ça va faire quand même trois ans que j'me suis pas réveillé avec un tatouage dont j'avais aucun souvenir. »

La morale de l'histoire ? Les Post-it c'est utile. Si lui a réussi à ne pas se faire tatouer en ayant bu un verre de trop (ou plutôt une bouteille, s'il est au point de ne pas s'en souvenir du tout) peut-être que Liya elle parviendras à réfléchir. Approchant la lumière blanche du bras de L'oniromancienne d'ailleurs, Ichabod fronce les sourcils pour observer son travail. Jette un œil à la tablette pour comparer son œuvre à la photo. Encore un dernier trait décoratif

brève mention d'une soirée qui aurait pu mal tourner.

" Ne parle pas trop vite, si ça se trouve, il pourrait y avoir des complications !  "

Après tout, vu la poisse qu'Ichabod semblait avoir avec les végétaux, peut-être qu'il y aurait une infection ou n'importe quoi d'autres pour venir attaquer le pauvre cactus tatoué sur sa peau, alors non, il ne fallait pas réveiller le mauvais œil qui semblait être en permanence au-dessus de sa tête. La conversation dérive sur les complaintes de la tatoueuse, qui se promet presque de ne plus jamais faire de flash spécial saint-valentin, avant que l'aéromancien ne reprenne la parole, avouant alors qu'il avait trois prénoms féminins tatoués, dont un dont il ne se rappelait pas réellement à qui il appartenait. Le regard se fait plus malicieux en entendant cette information.

" Aucune de tes copines ne t'ont demandé des comptes par rapport à ces prénoms ?"

Parce que ça arrivait, parfois, qu'une personne parfois un peu trop jalouse demande pourquoi tel ou tel prénom du genre opposé était tatoué sur la peau de la personne qu'elle aimait. Liya ne juge pas son ami pour autant, écoute avec grande attention ce qu'il lui dit tout en observant parfois un peu son bras qui se fait torturer depuis quelques minutes.

" C'est pas bête ça, le coup du post-it dans le prote-feuille, c'est sûr qu'au moins, dès que te veux récupérer ta carte pour retirer de l'argent, tu le vois, ça te fait un rappel presque quotidien, c'est bien. Enfin, si on ne perd pas son porte-monnaie tous les quatre matins. "

Non pas que ça lui arrivait souvent, la preuve, ça faisait maintenant presque un mois qu'il était toujours dans son sac, sans l'avoir perdu une seule fois.... Enfin, est-ce qu'il était réellement toujours au fond de son sac ? Tiangou allait encore la tuer si jamais ce n'était pas le cas.

" Après, si tu t'es fait tatouer le prénom d'une fille, c'est que la soirée devait être cool, même si tu ne te souviens pas."

C'était souvent ce qu'on disait après tout, parce qu'après tout, si quelque chose s'était mal passée, il s'en souviendrait non ? Quoique, Liya se souvient très bien d'une soirée dont les souvenirs sont assez vagues et qui aurait pu mal tourner si Aydan n'avait pas été là. Mais ce n'était pas le sujet et elle préférait revenir sur des choses plus joyeuses.

" Après, si c'est un prénom peu commun, il y a peut-être moyen de la retrouver un jour, sinon.... Elle restera à tout jamais "La mystérieuse fille au prénom commun." "

Joli titre d'histoire en soi, on pourrait même imaginer qu'à la fin, il la retrouve ou pas, si on préfère le drame. Le sorcier vient observer son travail, c'est un signe pour dire que c'était bientôt terminé, non ? L'oniromancienne ne le dit pas, mais elle a réellement hâte de voir le résultat, elle se contrôle cependant pour ne pas trépigner de joie et ainsi ne pas gêner son collègue pendant son boulot.

" Et du coup, ça se prononce comment, cette phrase ?"

Parce que ça aussi, elle avait oublié de lui demander la veille pendant qu'ils étaient en train d'inventer des vies à chaque personne devant eux. Parce que, forcément, ils avaient été bêtes jusqu'au bout.

Des questions, il y en a eu bien entendu. Mais le tatoueur hausse les épaules:

« C'est arrivé qu'elles me demandent oui. Mais j'explique la situation simplement, y a rien de plus à savoir que ça. Deux exes et une fille dont j'ai aucun souvenir. »

D'ailleurs, Liya le fait rire en lui demandant si c'est un prénom commun. Que si elle s'appelait Eglantine, ça aurait pu être simple de la retrouver de passer une annonce dans le journal. Plus compliqué si c'est une Mary ou une Elizabeth. Mais Ichabod secoue la tête :

« Non le prénom c'est Juliet. C'est assez commun, puis si ça se trouve c'est une connerie comme quoi je cherche à être le Roméo de quelqu'un tu vois ? Je suis même pas certain que ce soit une Juliet en particulier ou si c'est dans le sens "général" de la chose en mode référence. Mais le post it fonctionne plutôt bien. Faudrait peut-être qu'à l'occasion je réfléchisse à recouvrir ceux que je peux. C'est pas ma priorité, mais on verra bien. Y a sans doute moyen de cacher Zoey avec le cactus d'ailleurs, c'est un vieux machin tout moche sur le mollet. »

Erreur de jeunesse, Ichabod n'est pas resté bien longtemps avec la susnommée Zoey. Zoey qui d'ailleurs était particulièrement jalouse, lui avait fait un cinéma par rapport au fait qu'il avait tatoué le prénom de son exe d'avant. Une fille spéciale pour Ichabod, une humaine mais bel et bien son premier amour, sa première relation sérieuse. Il sait maintenant qu'un avenir avec elle aurait été complexe voir impossible. Par le simple fait qu'ils ne soient pas du même monde. Il aurait du continuer à mentir encore et encore. La rupture aurait donc eu lieu. Ou risquer de lui révéler toute la vérité sur leur monde, un risque que l'Aéromancien n'était pas prêt à prendre à l'époque. Maintenant non plus en réalité. Que ce soit pour la sécurité des sorciers ou... La sienne. Il n'y a pas à réfléchir bien longtemps quand on connaît les Karlsson pour savoir qu'une humaine au bras de leur fils, finirait par mystérieusement disparaître. Que lui-même aurait d'énormes problèmes si on le retrouvait. La technique de l'autruche c'est ce qui lui réussit le mieux, pour l'instant.

« Je te montrerai si tu veux. Je suis pas resté super longtemps avec elle, c'était une chieuse. »

Et il n'y a pas besoin de s'étendre plus longtemps sur ses histoires d'amour en réalité. Liya est adulte elle aussi, a eu son lot de partenaires avec qui ça n'a pas fonctionné pour une raison ou pour une autre. Terminant quelques détails sur le tatouage, il rigole à la question de la prononciation :

« Réfléchis avant d'agir. »

La phrase est prononcée rapidement sans hésitation. L'habitude et l'aisance avec le Français, qu'il connait depuis l'enfance. Pourtant à l'essai suivant il détache plus calmement les syllabes tout en passant un coup pour nettoyer le tatouage frais.

« Ré.. flé.. chis. C'est le R le plus dur. »

La langue Française un peu maltraitée.

La sorcière hoche doucement la tête quand Ichabod lui explique que si, il y en a eu des questions, mais qu'il se contentait d'expliquer la situation et que ça s'arrêtait là. Au moins, il n'était pas tombé sur trop jalouse, heureusement pour lui, dans un sens, parce qu'il n'y avait rien de pire, selon elle, surtout si c'était par rapport à une précédente relation qui n'était plus. Elle ne peut s'empêcher de sourire encore plus, quand elle entend le rire du tatoueur, visiblement, sa question était amusante, mais Liya trouvait que ça lui allait bien, à l'aéromancien, d'être ainsi, la mine moins renfermée, comme si toute la misère du monde lui pesait sur les épaules. Et même si la brune se perd un peu dans la contemplation des traits plus heureux de son ami, elle n'oublie pas d'écouter ce qu'il lui répond. Effectivement, Juliet c'était très commun, parce que certains parents aimaient la tragédie, c'était une jolie histoire en soi, mais la fin, un peu moins. Sérieusement, si un jour elle avait un enfant, jamais elle ne lui donnerait un prénom de protagoniste qui meurt tragiquement dans une œuvre majeure, ça serait un peu glauque, non ?

Un cactus pour cacher un prénom, bonne idée, surtout s'il avait mal vieilli, autant s'en débarrasser ? Et puis, vu la longueur du mot, un cactus, vivant ou momifié, serait parfait. Mais l'oniromancienne ne s'attendait absolument pas à la réflexion sur la pauvre Zoey et elle éclate de rire quand elle entendant que c'était une chieuse, au moins, ça avait le mérite d'être clair.

" Pardon, tu as dit ça si naturellement, je n'étais pas prête. "

La tatoueuse espère d'ailleurs qu'elle n'a pas trop bougé pendant les derniers détails de son encrage, ça serait vraiment bête que tout soit foutu à cause de cette Zoey qui, là, deviendrait la reine des chieuses.

" Mais pas de soucis, un cactus contre une chieuse, c'est pas mal comme deal ! "

Finalement, Liya se souvient tout de même que la phrase qu'elle vient de se faire tatouer n'est absolument pas dans sa langue de prédilection et que donc, un cours de prononciation s'impose. Le sorcier ne se fait pas prier et vient la lui dire dans un français visiblement parfait mais auquel elle ne comprend rien. Sourire poli aux lèvres, la brune regarde son professeur du moment, complètement perdue avant d'oser enfin dire les choses.

" Je n'ai absolument rien compris."

Heureusement, le deuxième essai est plus adapté alors qu'Ichabod vient détacher les syllabes du premier mot. Et effectivement, le R est le plus dur. La rêveuse fait quelques essais et si le "fléchis" arrive assez naturellement, le "ré", lui, reste plus compliqué à prononcer, ressemblant généralement plus à un lé.

" Réfléchis, le R fait un peu agressif quand même, je trouve. "

« La prononciation du R en français, c'est difficile pour tout le monde quand on apprend la langue. C'est super particulier, comme sonorité, mais c'est pas pire que l'Allemand... »

Pas qu'il parle couramment Allemand pour autant, bien qu'il soit en mesure d'en comprendre quelques mots pourtant. S'il essayait vraiment, qu'il se mettais dedans Ichabod sait qu'il apprendrait très vite. Parce qu'il a toujours été doué en langue, en maîtrise déjà parfaitement trois; dont une morte ne servant absolument à rien d'autre que de déchiffrer des vieux grimoires dans les quels il ne met pas le nez de toute manière. Non, la seule chose drôle avec cette langue savante, c'est que ses frères et lui échangeaient dans cette langue entre eux lors de leur enfance pour ne pas que les adultes autour les comprennent. Surtout les domestiques du manoir Karlsson, moins lettrés et éduqués que leurs employeurs. ça permettait de prévoir une attaque stratégique des cuisines après leur couvre feu, pour une part de dessert en plus.

Le Latin n'est pas la chose la plus utile qu'il maîtrise, mais sert tout de même à appréhender le français avec moins de stress. Comme l'Espagnol ou l'Italien, qu'il arrive à bafouiller en prenant un peu de temps pour réfléchir en amont. Sa magie d'enfant des vents y est pour beaucoup, le tatoueur en a conscience. C'est qu'ils sont doués pour les paroles dans son coven, que passé un certain âge d'ailleurs, les langues n'ont plus de secret pour eux. Aux prémices de sa trentaine, il se surprend à déjà comprendre par association sans grandes difficultés des langues plus lointaines qu'il ne connaît pas forcément : comme les langues scandinaves par exemple. Malgré son nom de famille trahissant un indéniable linéage en provenance de ces contrées, les fils Karlsson n'ont jamais été forcés d'apprendre avec assiduité le Suédois.

« Je t'enverrai un vocal sur instagram si tu veux, pour pratiquer la prononciation. Tu pourras même le télécharger et le mettre en sonnerie de réveil, pour apprendre tous les matins. »

Bon, peut-être que ce n'est pas la chose la plus nécessaire. Mais ça le fait doucement rire. Emballant correctement le nouveau tatouage pour la soirée, Ichabod ne juge pas forcément utile de donner des consignes à Liya. Ce n'est pas son premier tatouage, elle-même travaille ici et l'a déjà entendu mille et unes fois répéter la même chose à ses clients pour les soins. Et en cas de doute, elle l'a sous la main. Jetant rapidement son bazar pour débarrasser son poste, prenant le temps de passer un coup de désinfectant, l'aéromancien regarde ensuite son portable. Il est encore très tôt dans la soirée.

« Je vais te montrer le prénom de la chieuse, tiens. »

Soulevant le base de son jean noir qu'il remonte dans un ourlet, Liya peut donc apprécier un joli Zoey au dessus de la cheville. Enfin, joli... C'était une de ses premières calligraphies à Ichabod. Le trait est tremblant, l'encre n'était à l'évidence pas assez profonde et en conséquent : le tatouage a mal vieilli. Un gris délavé, qu'il ne sera pas difficile à couvrir. Il n'y a qu'un gros trait noir, barrant le prénom qui soit encore bien visible. Une rature faite lors de leur rupture, sur le coup de la colère et cette fois-ci : parfaitement droit et bien encré.

« Tu vois, c'est super délavé et ce sera pas trop chiant à fondre. A la limite, y a que le trait pour barrer son prénom qui est un peu chiant, mais peut-être que le cactus peut avoir un pot ? »

Les covers ? C'est toujours un peu emmerdant à faire, il le sait bien. C'est pour ça qu'il garde la plupart de ses tatouages ratés, fait lorsqu'il était beaucoup plus jeune. Des trucs qu'il ne referait certainement pas aujourd'hui. C'est souvent une mauvaise idée de faire ça dans la cuisine d'un pote en soirée.

Cactus ou pas cactus telle est la question.

"Heureusement que c'est en allemand qu'on a décidé d'écrire cette phrase alors..."

Mais en même temps, cette langue n'avait rien à faire là, parce qu'elle ne la connaissait pas et surtout, qu'elle ne faisait pas référence au précédent Noël qui avait été mémorable pour bien des choses. Et au fond, heureusement que c'était la notice en français qu'ils avaient trouvé en premier, si ça avait été une autre langue, ça n'aurait pas été la même chose, c'était certain.

" Ça dépend, si tu prends une douce voix, peut-être que ça pourrait m'aider, mais si tu me vois arriver de mauvais poil, c'est que ce n'était pas ça"

Elle pouffe également de rire alors qu'elle laisse son bras sèchement tatoué se faire emballer, ça n'allait pas être forcément très agréable jusqu'à ce que la sorcière soit chez elle, mais au moins, sa peau fraichement trouée serait protégée. En tout cas, l'oniromancienne était vraiment contente de son nouveau petit bébé, ayant tout de même hâte de le voir bien cicatriser. Une fois bien protégée, la brune vient aider son collègue pour ranger et nettoyer un peu son plan de travail, après tout, c'était pour elle qu'il était resté un peu plus longtemps, il était donc normal qu'elle l'aide, comme il l'avait fait avant. Et puis, quand on lui propose de voir le fameux prénom de la mythique chieuse, forcément, elle accepte, se penche un peu quand le prénom barré apparait.

" Hmm je ne dirais pas que je suis une grande médium, mais on me murmure que ça ne s'est pas bien terminé. "

Et après un petit ricanement qu'une vraie sorcière pourrait faire, Liya redevient un peu plus sérieuse, continuant d'observer le tatouage délavé tout en écoutant Ichabod lui parler alors que dans sa tête, pleins d'idées de combinaisons fusent.

" Non, clairement, le trait on peut le reprendre en base pour le pot, genre la bordure, tu vois ? On le prolonge en joli arrondit et ton cactus aura un nid douillet pour ne pas finir desséché ! Tu voudrais de la couleur ou on resterait simple ? "

Dans tous les cas, elle pourrait jouer sur les dégradés pour finir de fondre le Zoey barré, avec un peu d'ombres ici et là, ça ne devrait pas trop poser de problème. Attrapant un crayon et un papier qui traînait, la sorcière vient commencer un brouillon, elle ne le finirait pas ce soir, clairement pas, mais avoir une esquisse de son idée serait un plus pour le jour où ils se repencheraient réellement sur le projet.

« C'est honteux que ton troisième oeil ne soit pas développé... C'est votre truc à vous les vagabonds pourtant, non ? »

Ils ont toujours semblé être plus mystique que les autres autres coven, aux yeux d'Ichabod. Les Vagabonds sont les plus proches des anêtres, de la spirituaité avec leur magie. Communiquant avec eux grâce à différentes techniques pour les nécromanciens, tandisque les Oniromanciens pour leur part, peuvent prédire le futur dans leurs songes. Des dons pratiques, mais qui semblent être un peu alléatoires et capricieux. L'Aéromancie est une magie plus prévisible, laissant moins de marge d'erreur aux sorciers qui en sont doté. Il vaut mieux calculer son coup correctement pour ne pas faire tomber la foudre au mauvais endroit, savoir gérer sa télékinésie pour épargner des orteils. Les Pyromanciens sont pourtant encore plus dangereux dans la logique d'Ichabod : là où un Aéromancien peut vous envoyer un courant d'air sur le nez par erreur, un hydromancien ruiner votre brushing avec de l'eau... Un enfant des volcans peut faire plus de dégâts. L'élément du feu est imprévisible, l'énergie mystique des vagabonds capricieuse. Chaque magie possède ses propres avantages et inconvéniants finalement.

Hochant la tête en regardant son mollet pendant que Liya décri ses idées, l'enfant des vents approuve ses propositions :

« Hum, ça me rassure de savoir que tu pourras couvrir ça sans trop de soucis. On verra bien quand on aura du temps... Ou quand y pensera. »

Probablement que ça lui reviendra en tête d'ici trois mois, de préférence à un moment où l'un comme l'autre ils seront occupés pendant toute la journée à tatouer. Il est rare que les planètes s'alignent et qu'une annulation de dernière minute profite aux deux tatoueurs en même temps. Surtout avec Ichabod qui en étant un tatoueur très rapide, book parfois plus de monde sur une seule journée que le reste de ses collègues. Au final, ça lui permet de faire des journées plus chargées pour se dégager d'avantage de temps libre en callant tout ses rendez-vous en même temps. Dans la mesure du possible, en fonction des plannings de sa clientèle. Non il faudrait que quelqu'un avec un gros projet annule subitement pour que ça lui laisse suffisamment de temps.

Attrapant ses affaires, poubelle à la main pour sortir et fermer le shop, la cigarette déjà entre les lèvres et Dante accroché à son perfecto de cuir tête en bas, l'Enfant des vents fait un signe de tête à Liya de le suivre. Il n'est pas encore trop tard, sans doute qu'ils parviendront à trouver une table au pub du coin sans trop de difficulté. Du moins, c'est ce qu'il espère.

Il semblerait que pour une fois, le destin n'ait pas décidé de leur mettre des bâtons dans les roues. Les deux tatoueurs ont sans doute déjà eu leur lot d'aventures et d'imprévus pour un moment à Noël dernier. En arrivant au pub, bien qu'il soit bondé, on leur indique qu'il reste une table de libre pour deux. La serveuse s'excuse d'avance, elle n'est pas très bien placée. Mais qu'importe, ils ne sont pas un couple d'amoureux. Et même s'ils l'étaient, est-ce que ça les dérangerait tant que ça ?... Probablement que non. L'un comme l'autre ne semblent pas spécialement inquiétés par ce genre de détails futiles. Une bonne table, qu'est-ce que c'est au final ? Tant qu'on peut s'assoir et manger un bon burger avec une pinte, il n'en demande pas plus.

En rejoignant la table, Ichabod se racle la gorge. Merde, il y a des plantes partout dans ce coin là... Les pauvres.

« Il me faut normalement plus de temps qu'une soirée pour en venir à bout, on va espérer que ça se passe bien pour les plantes. »

"Les deux premiers sont trop souvent ouverts pour que le troisième en fasse de même ! Après, je pense que je suis coincée entre les nécromanciens et les oniromanciens, c'est pour ça que ça cafouille de partout, il y a un bug dans la génétique ou un truc du genre. "

C'était l'une des explications qu'elle avait trouvée au fils des ans pour expliquer pourquoi une partie de sa magie n'était pas si présente que ça. Si les illusions étaient acquises et perfectionnées depuis longtemps, tout ce qui était rattaché de près ou de loin avec le fait de s'endormir était proche du néant. C'est vrai que le fait d'être insomniaque, ce n'était pas facile tous les jours, mais Liya trouvait que c'était encore pire quand on était oniromancienne. Après tout, c'était un comble pour une sorcière dont la magie était basée sur les rêves et tout ce qui s'y rapportait de ne pas réussir à l'utiliser convenablement. Pourtant, ça avait bien commencé, les professeurs étaient confiants quant à son avenir, et pourtant, il avait suffi d'un évènement pour que la petite Liya se braque, créer des verrous inconscients pour ne plus rêver, pour ne plus voir les horreurs que son subconscient créait, depuis des années.

La tatoueuse savait très bien d'où tout ça venait mais l'idée même de défaire les cadenas rouillés par le temps lui fait peur, parce qu'elle n'a pas envie de remuer le passé, parce qu'elle ne veut pas s'y confronter, parce qu'elle ne plus perdre pieds. Alors, elle résiste, chaque nuit, laisse son esprit carburer à mille à l'heure, pour lui ressortir mille et un souvenir gênants, lui faire se demander si elle n'a pas été maladroite en disant ça, la faire culpabiliser de ne pas avoir réussi à finir sa liste de tâches plus longues que son avenir, lui donner cette idée fixe qu'elle devait faire du rangement dans ses placards, là, maintenant, sinon elle ne pourrait pas dormir. Tout était bon pour ne pas dormir et surtout, pour ne pas se retrouver une nouvelle fois dans cette salle de bain à l'atmosphère si pesante. Et quand le corps était sur le point de lâcher, il y avait toujours une potion ou deux qui traînait, pour ne faire aucun rêve, un tour de cadran et la brune était repartie pour des semaines voir des mois.

Mais pour l'instant, il y avait bien plus important que de penser à ses nuits sans rêves ou sans sommeil : Zoey devait disparaitre, devenir un magnifique cactus. Heureusement, ça ne serait pas trop compliqué à recouvrir, Liya vient exposer quelques idées qui semblent convenir à Ichabod, parfait. Encore quelques coups de crayon sur le papier avant que la sorcière ne se lève pour aller le déposer sur son bureau, émettant un petit rire quand l'enfant des vents parle de faire ce projet quand ils y penseront.

" Tu vas voir qu'on y pensera quand rien ne sera fait pour qu'on puisse se repencher sur le projet. Du genre, quand l'un sera en vacance à l'autre bout du monde ou encore qu'on sera bookés pendant des mois et des mois. Ou qu'on aura une jambe ou un bras dans le plâtre parce qu'on aura provoqué la colère de Pazuzu."

Finalement, le duo sort enfin du shop, fermant ainsi la porte pour ce soir. Liya espère que ce n'est pas trop tard pour avoir une table, sinon, ce n'était pas grave, ils trouveraient autre chose, mais quand même, on lui avait vendu l'idée que c'était les meilleurs burgers au monde, ça serait décevant si elle ne pouvait pas les gouter.... Heureusement, une table est libre et après avoir suivi la serveuse, la rassurant que ce n'était pas grave qu'ils voulaient juste manger un bon repas, le raclement de gorge de l'aéromancien interroge la brune, qui finit par comprendre pourquoi en remarquant les plantes.

" Elles vont survivre, ne t'en fais pas ! Tu n'as qu'à t'asseoir ici, tu seras un peu plus loin d'elles comme ça et au pire, si vraiment elles font leurs drama queens, on les embarque chez moi le temps de les soigner ! "

Avec un grand sourire, Liya vint s'installer au plus près des plantes, regarde même si certaines ont besoin d'être déplacées. Après tout, ils étaient là pour passer une bonne soirée et si Ichabod était plus en train de penser aux plantes qu'à ce qu'il a dans son assiette, c'était vraiment triste. Une fois leur commande prise et la serveuse partie, la rêveuse observe un petit peu plus la salle, qui est vraiment bondée.

" Le fait qu'il y ait autant de monde un soir de saint-valentin confirme que la cuisine doit vraiment être bonne ici, j'ai encore plus hâte d'y gouter maintenant. "

Tout semble aller pour le mieux ce soir et ce n'est pas pour rassurer Ichabod : ce n'est pas normal pour leur duo, que tout se passe sans encombre. Les plantes vont survivre à sa présence a priori, il n'y a pas de chaise bancale ou de couple voisin qui explose dans une dispute avant de les prendre à parti pour demander qui des deux à raison. Du moins, pour le moment. Tout est calme et c'est étrange, l'Aéromancien sans doute un peu paranoïaque se demande quand est-ce que ça va leur tomber sur le coin du nez sans prévenir et pas si.

Le menu du pub est plutôt simple, c'est souvent le cas dans ce genre d'établissements. La carte est assez réduite, propose des plats simples et a plus de variétés en alcool. Se décidant très rapidement sur le burger qu'il dévoreras, un truc avec des steak beaucoup de fromages et du bacon, il prend un instant de plus sur la bière. Finalement, ce sera une valeur sure : une Guinness.

« C'est étrange que tout se passe bien, tu ne crois pas ? »

ça l'inquiète vraiment, pour le coup. Est-ce qu'il y aura des conséquences à cette soirée de Saint Valentin, qui n'est toujours pas un date pour autant ? Une intoxication alimentaire peut-être ?... Non, il n'a jamais été malade en venant ici, mais est-ce que Liya a l'estomac plus sensible que lui ? Il y a des gens qui tombent malade avec un rien. Ce serait pourtant mal venu de parler de ça à table, encore plus avec une femme. Alors le tatoueur garde ses pensées pour lui, espérant que la brune ne passera pas les prochaines quatre huit heures à vomir à cause d'un oignon avarié dans son burger.

« On devrait en profiter et ne pas trop se poser de questions, si on fait genre que tout va bien, peut-être qu'il ne se passeras rien pour une fois ?... »

Heureusement, les boissons arrivent pour le distraire. Mais d'en avoir parlé, ça semble avoir attiré la malchance sur eux. Comme quoi, il suffit de peu. Les deux boissons ne sont pas celles qu'ils ont commandées. Il s'agit de deux shooters d'alcool fort qu'ils n'ont pas pris.

« Heum, pardon mais c'est une erreur, je crois que vous êtes à la mauvaise table. »

En effet, c'est une petite étourderie de la serveuse débordée par les évènements. Il faut dire que le pub est rempli, alors ça peut vite arriver et il n'y a rien de dramatique. Assurant donc à la jeune femme que ça n'a rien de grave, qu'il n'y a pas de mal, ils n'attendront que quelques minutes de plus pour leurs boissons et ne sont pas pressés. ça n'a rien de dramatique et au final, Ichabod est soulagé. ça aurait pu être pire, elle aurait pu se prendre les pieds dans un familier et leur renverser la commande dessus ! Le tatoueur songe immédiatement au petit fennec sur excité de la table d'à côté : Il ferait un très bon coupable pour ce genre de mésaventures.

Liya préfère un hamburger au poulet, elle aurait pu choisir le végétal, mais la présence d'épice l'avait finalement faite craquer. Et puis, comme boisson, une bière ambrée, ses préférées, de quoi accompagner son collègue pour ce repas. Mais la rêveuse voit bien l'expression d'Ichabod et c'est tout sauf elle de quelqu'un qui profite de la soirée, au contraire, il est anxieux, semble se poser bien des questions qui n'ont pas lieux d'être. Est-ce que c'est la présence des plantes autour d'eux, qui le rend ainsi ? Ou la foule ? Son ami n'a jamais montré de signe d'anxiété sociale, mais sait-on jamais ? La brune se demande, s'apprête à poser la question, pour savoir si tout va bien, mais le sorcier la prend de court, vient exposer ce qui semble occuper ses pensées depuis qu'ils sont arrivés ici.

" Maintenant que tu le dis ... Mais peut-être que c'est parce qu'il n'y a plus de malédiction ?"

Et c'est avec un petit sourire qu'elle accueille la suite des paroles de son ami. Ça avait vraiment l'air de le préoccuper et dans le fond, l'oniromancienne trouvait ça mignon. C'est vrai qu'ils avaient eu leurs lots de soucis et qu'ils étaient habitués à avoir la poisse alors elle comprenait les angoisses de l'aéromancien. Il n'y était peut-être pas trop habitué, à tout ça, au final, à tous les imprévus qui pouvaient se produire. Là où Liya, elle, vivait avec quotidiennement, se laissait peut-être parfois un peu trop portée par le mouvement ou au contraire, emportée par ses émotions, mais elle y était habituée d'une certaine manière alors elle ne se posait plus autant de questions, depuis le temps.

" Totalement, il ne faut pas se poser de questions ! Et si jamais quelque chose arrive, ce n'est pas grave, Ichabod. Du moment qu'il n'y a pas mort d'homme, tout va bien ! Et au pire, on en rigolera après."

Même si elle n'est pas la plus confiante sur ce qu'elle vient de dire, Liya tente d'être persuasive, affiche toujours son grand sourire, pour que son collègue arrive à se détendre un peu, rien qu'un peu, ça serait déjà beaucoup pour elle. Mais la malédiction qui pèse sur eux semble revenir au galop, pour leur rappeler qu'elle est bien là, quelque part, alors que la serveuse leurs ramène les mauvaises boissons. La pauvre est toute confuse, s'excuse platement alors que ce n'est pas réellement de sa faute, vu le monde qu'il y a. La sorcière laisse son collègue gérer avant de souffler, sur le ton de l'humour quelques mots, une fois la pauvre demoiselle repartit.

" Je me disais bien que c'était trop petit comme verre, pour de la bière... Quoique, pour des êtres minuscules, ça doit être la taille idéale pour un verre de bière. "

Observant un peu la pièce, la femme cherche de quoi détourner l'attention d'Ichabod, qui, même s'il semble un peu plus soulagé, à toujours sa tête de grand anxieux.

"Je pense que la malédiction n'est pas loin, mais a décidée de tourmenter quelqu'un d'autre... à savoir qui, maintenant, parce que je t'avoue que si on peut éviter d'être trop proche de cette personne, c'est plutôt pas mal... "

Comment ça, peut-être qu'on les oubliera et qu'ils pourront vivre des jours heureux, sans pleins de malheurs et d'imprévus. Mais dans la salle, aucune famille, aucun couple ne semblent être aux prises avec une terrible entité venue les tourmenter. À la limite, il y a bien ce couple avec ce petit fennec en familier, qui n'arrête pas de bouger dans tous les sens, mais c'est peut-être juste on caractère qui veut ça, après tout, tous n'étaient pas aussi calmes que Tiangou ou encore Dante. Mais, de là à être le fléau ? Pas sûre. Quoique, ce petit animal est tellement sur excité, est à l'origine d'un presque drama, alors que la serveuse revient avec les boissons des deux tatoueurs, les bonnes cette fois-ci, le familier vient se prendre dans ses pieds, ce qui la fait trébucher. L'oniromancienne écarquille les yeux, voyant déjà le plateau se reverser sur eux et avoir de l'alcool sur ses vêtements, ce n'était pas vraiment agréable. Par miracle, celle qui tient le plateau arrive à retrouver son équilibre, a rattraper les boissons avant qu'elles ne se reversent, alors que l'animal se fait rouspéter par son sorcier. Cette fois-ci, c'est Liya qui rassure la femme, sur le fait qu'elle n'y était pour rien, qu'ils comprenaient et que le plus important, c'est que tout le monde allait bien. Et une fois les bières en main, Liya vient trinquer.

"A ce nouveau tatouage et a ce champ de protection autour de nous ! "

Un champ de force, c'est bel et bien ce qui protège actuellement les deux sorciers installés dans le pub. Déjà qu'on leur a trouvé une table le soir de la saint valentin alors qu'ils n'avaient rien réservé en s'étant décidés au dernier moment ! Les plantes semblent également bien se porter malgré l'aura menaçante du Karlsson installé non loin. Les verres amenés étaient juste une petite erreur et ça arrive étant donné que le pub est plein à craquer. Il semblerait d'ailleurs que Liya et lui aient pris la dernière table disponible. Est-ce qu'un couple a finalement annulé après une dispute en ce 14 février ? Ou est-ce que c'est simplement le destin et le hasard ayant fait qu'il leur restait de la place juste pour eux ?

Il n'est pourtant pas vraiment du genre à croire au destin, Ichabod. Se pense abandonné des ancêtres. S'il n'a jamais été particulièrement spirituel comme garçon, il faut bien avouer qu'il ne comprendrait pas réellement pourquoi les anciens lui accorderaient leur bénédiction et protection : il a renié cette famille il y a bien longtemps il n'est certainement pas dans leurs petits papiers.

La catastrophe est frôlée à cause du petit Fennec, qui l'inquiétais de base. Dans son champ de vision périphérique le temps d'un instant, il imagine l'Oniromancienne et lui couverts de bière. Mais la serveuse a un sens de l'équilibre parfait. Soupirant presque de soulagement, il hoche donc la tête aux belles paroles de la brune. Il n'aurait pas fait mieux, comme toast pour trinquer.Contrairement aux autres duos présents, eux ne vont pas se souhaiter "à notre amour". Parce que ce n'est pas comme ça entre eux. Du moins, c'est ce que lui se répète. Que ce serait compliqué s'il y avait quelque chose d'autre entre Liya et lui. Pourtant, plus il y pense, plus il se dit que ce serait bien d'essayer. Parce qu'elle sait déjà pas mal de choses sur son passé, contrairement à une autre fille qu'il pourrait croiser et rencontrer avec qui il faudrait partir de zéro. Ichabod n'a pas envie d'expliquer sa vie et de justifier le pourquoi du comment sa petite amie ne rencontre jamais les autres Karlsson. Ici aussi du côté sorcier, c'est plus compliqué. Soit il ne dit pas comment il s'appelle, soit il ment carrément en inventant un nom au hasard le plus souvent Jhonson. Mais on ne peut décemment pas construire une relation stable avec une femme si on lui cache la moitié de sa vie. Il lui a fallu du temps au tatoueur, pour le réaliser et en prendre conscience. Maintenant, il le sait. Est-ce qu'il a changé ses habitudes en décidant d'être honnête pour autant avec ses dates lorsque l'on apprend à se connaître ?... Pas vraiment.

Alors Liya, oui, ce serait évident. Mais trop évident, c'est ce qu'il se dit. Ils se connaissent bien, s'entendent à merveille et aussi... Elle ne le laisse pas indifférent. Pourtant, Ichabod craint que ça ne ruine tout entre eux de passer à autre chose. Il sait ce qu'il y perd, à savoir une relation amicale qui se passe bien. Mais pas ce qu'il y gagnerait. Et si finalement, ils se séparaient et en venaient à se détester ? Il aurait juste perdu une très bonne amie. Et les amis, on les garde précieusement.

Se forcant donc à sourire à la sorcière en trinquant, l'enfant des vents prend une très grosse gorgée de bière brune afin d'oublier ces pensées parasites. Nero le premier, son frère, voudrait le pousser dans les bras de sa collègue. Parce qu'il mérite de trouver sa moitié et d'être heureux lui aussi. Mais vraiment, la peur de la perdre tout simplement l'emporte sur le reste. Si bien qu'il continue de taire ses sentiments naissants, tout en continuant d'espérer qu'un jour, ça se feras peut-être tout à fait naturellement sans forcer le destin.

« Heureusement qu'on a de la chance aujourd'hui, vraiment. J'ai pas le courage pour une catastr... »

Et la voilà, la mésaventure inévitable qui arrive tôt où tard quand ils sont ensemble tous les deux. Il n'est pas du genre à vraiment rire du malheur des autres, mais pourtant, Ichabod se retiens de cracher sa bière en rigolant. Le Pub a prévu une activité Karaoké pour les couples, une sorcière a tout de suite couru vers la scène pour passer en première. Elle a des choses à dire visiblement, et des démons à exorciser :

« And I, never should have gave my heart Should've never let you in my life !!! »

Quelqu'un passe vraisemblablement une très mauvaise Saint Valentin.

"Je crois qu'on a trouvé le couple qui est poursuivit par la malédiction ! "

Elle rit, Liya, alors qu'elle se dépêche de tendre une serviette au cas où son collègue recrachait vraiment sa bière, ils avaient déjà échappée à cette boisson quelques secondes auparavant, ce n'était pas maintenant qu'Ichabod allait être trempé par cet alcool. La sorcière reporte ensuite son attention sur la pauvre femme qui continue de chanter, toujours aussi faux, mais c'est peut-être pour traduire à quel point son cœur était brisé.

" Je ne savais pas qu'on avait été choisis pour être le jury de "Vos sorciers ont du talent"... Bon, visiblement, elle ne sera pas retenue pour la suite de l'aventure. "

La voix se fait encore plus brisé, quand un membre du personnel s'approche, tente visiblement de la raisonner et ça aurait pu marcher, la preuve, elle commençait à replacer sur micro sur son trépied, mais en voyant un homme arriver devant la petite scène, visiblement embarrassé, la chanteuse du dimanche passe des larmes à la colère, se saisissant de nouveau le micro.

" C'est lui !! Le salaud qui m'a trompé avec sa secrétaire, RETENEZ BIEN SON NOM C'EST RORY MURRAY ce connard m'a même fait un enfant dans le dos, alors qu'il ne se disait pas prêt pour en avoir !!! 10 ans de mariage, partit en fumée parce qu'il a préféré aller voir ailleurs !! Alors que je restais sagement à la maison, COMME IL LE VOULAIT, pour entretenir le foyer, lui faire des bons petits plats, pendant qu'il se tapait cette poufiasse de Nora !!! "

Liya est partagée entre l'envie de rire, mais aussi son empathie pour la femme qui continue de raconter toutes les bêtises que son imbécile de mari avait fait. Est-ce qu'elle avait un bon avocat au moins ?

" J'espère qu'elle a un bon avocat, parce que là, il peut se retourner contre elle pour diffamations et injures... En fait, on aurait dû commander des pops corn, pas des hamburgers..."

D'ailleurs, le personnel finit par arriver, aidant le trompeur à faire descendre la femme qui se débat énormément, continuant de hurler tout ce qu'elle a subi pendant bien des années en pensant que tout était parfait dans sa petite vie. La femme avait vraiment tout lâché ce soir...

"J'espère qu'on ne sera jamais comme ça..."

C'est plus une pensée qu'elle dit à voix haute, le ton est bas, mais Ichabod peut facilement l'entendre, avec le vacarme qui se calme, maintenant que le couple maudit est dehors. Et puis, Liya se rend compte, de ce qu'elle vient de dire, que ça sonnait d'une certaine façon. Moira dirait certainement que c'est l'une des fameuses perches qu'elle tendait à son ami pour voir si quelque chose de plus fort était possible mais c'est tout de même gênant. Les joues rouges, Liya commence à paniquer, chercher ses mots pour tenter de rattraper le coup, face à ce lapsus révélateur.

" Enfin, je veux dire... si un jour on était en couple, enfin, avec quelqu'un d'autre, tu vois ? Et que la personne nous trompait, tout ça, j'espère qu'on ne sera jamais dans cet état parce que.. ça craint... N'est-ce pas ? "

Le cœur qui bat beaucoup plus fort, l'oniromancienne à l'impression d'étouffer à cause d'une chaleur qui serait arrivée d'un coup, alors qu'elle laisse un petit rire gêné se faire entendre, partant ensuite noyer sa gêne dans sa boisson. Vraiment, si Tiangou était là, il serait en train de hurler de rire tout en se moquant d'elle, ouvertement en plus.

La scène qui se déroule au sein du pub laisse Ichabod pantois un instant. C'est cette gêne par procuration qu'il ressent, en voyant cette dame dévastée raconter son histoire à qui veut bien l'entendre. Ou subir, plutôt, puisque maintenant toute l'assemblée sait ce qu'il s'est passé pour qu'elle en arrive là : on connaît même le nom du salopard et le prénom de la maîtresse, une certaine Nora. Préférant noyer le malaise dans l'alcool, le tatoueur prend donc une gorgée. Une gorgée de bière avec la quelle il manque de s'étouffer quand Liya prend la parole.

Et il la voit galérer et patauger dans ses explications. Finalement, ça deviens dérangeant pour eux aussi cette soirée de saint valentin. Et l'Aéromancien ne sait pas trop quoi en penser de tout ça. Est-ce que c'est un lapsus révélateur ? Ou est-ce que l'Oniromancienne lui fait comprendre avec ses justifications maladroites que ce n'est pas ça, justement ?

Alors il préfère rire et hocher la tête avant de conclure :

« Je suis d'accord, vaut mieux communiquer pour pas que ça se termine aussi mal que cette histoire. Si on est honnête dès le début, qu'on se dit tout... ça se passe bien, je suppose. »

Ce que lui n'a jamais fait d'ailleurs. Il le regrette un peu, de ne pas avoir été honnête avec les filles qu'il a pu fréquenter. Mais au moins, il n'a jamais fait d'enfant dans le dos à l'une d'elles. On ne pourra jamais lui reprocher d'avoir été adultère et c'est déjà un bon point. Lui sait qu'il a toujours été correct sur ce point, bien que ses exes ne l'aient pas toujours cru.

Pour faire oublier la scène de ménage aux clients présents, il semblerait que le Pub remette la soirée Karaoké à plus tard, choisissant de remettre une musique de fond pour ne pas risquer un nouveau débordement. Sage décision, personne n'est encore assez saoul pour entendre les autres chanter faux et apprécier le manque de musicalité.

Les burger viennent les sauver de cette conversation que ni l'un ni l'autre ne semble envie d'avoir. Sans doute parce qu'aucun des deux tatoueurs n'ose s'exprimer sur la situation, que leur relation est un flou artistique certain. Qu'il y a la peur, du côté d'Ichabod, de tout gâcher s'ils se mettaient en couple tous les deux. Perdre l'amitié précieuse de Liya, si un jour il y a rupture, la perdre définitivement sans possibilité de se rattraper. C'est ça qui l'effraye le plus, finalement.