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[Terminé] nébuleuse | judd

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Mary Fairbairn
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Après sa séance de TCI, Armand, alourdi d'une charge qu'il ne saurait nommer, s'est aventuré de la ceinture du cimetière vers le temple en son centre. Le réflexe est tant celui du Tisseur qu'il est devenu au fil des années que celui de l'enfant venu se recueillir face aux ancêtres qui dansent toujours au dessus de leur tête et ce par tous les temps, comme des échos mélodieux provenant des étoiles. L'étrange réside toutefois dans l'ordre des choses, puisque O'Moran s'est aventuré là après un contact spirite. Là où la raison s'envolait, l'on cueillait pourtant et trop souvent le besoin.

L'enregistrement n'a pas été réécouté, comme s'il guettait une seconde et désordonnée réaction suite au premier des constats qu'il a pu faire pendant le contact. Ce n'est certainement pas une couche de déni, car le nécromancien est paradoxalement extralucide sur ce qu'il vient de se produire, à cette belle heure de l'après-midi. Il ignore cependant pourquoi ce moment a été choisi précisément pour pouvoir lui céder ces mots, et pourquoi il avait choisi de les lui exprimer de cette façon là. Armand O'Moran a entretenu des relations par intermédiaires avec les ancêtres pendant des décennies durant, éprouvant le poids de générations qui n'étaient parfois pas les siennes, sans ployer face contre terre. Il s'est même étonné d'accueillir la présence de son bien-aimé père, à des moments disparates, et c'est cette même présence qui lui arrachait autant de rares sourires cois.

Aujourd'hui pourtant, même si c'est la voix de son père qu'il a entendu par delà le grésillement de sa radio balayée sur des fréquences aléatoires et inexposées à l'intrusion humaine, alors qu'il ne s'y attendait pas, ce n'est pas un sourire qui est venu défroisser ses traits. A vrai dire, il lui faudrait plus qu'une heure, qu'une soirée, qu'une semaine pour pouvoir conscientiser et dire à proprement parler ce qui l'a traversé, et ce qui le traverse encore lorsqu'il rentre chez lui, non, chez eux, dans cette maison de Dean Village, où Judd est probablement déjà arrivé.

Toujours est-il qu'Armand s'est senti incapable de le réécouter, tout en continuant de l'entendre au creux de ses tympans. Ce même alors qu'il entend la playlist colorée du Rivera en s'engouffrant dans la maison dont il ne verrouille jamais vraiment la porte ; affairé à préparer le repas. Son énergie à toute épreuve l'enveloppait en permanence, tandis que son flegme dissocié, à lui, semblait ternir un peu le tableau à chaque fois qu'il franchissait son cercle, ici ou en dehors. Drôle de constat qui venait lui aussi de l'extérieur, la plupart du temps. Armand était incapable de penser du mal de leur relation, pour la simple et bonne raison qu'il s'y sentait un tant soit peu à sa place.

S'il n'avait pas cuisiné ces lasagnes végétariennes, sans doute qu'il aurait oublié de se nourrir. Titan, lui, est muet comme une carpe, même lorsque Nilsa s'essaie à le provoquer, en essayant de l'attraper là où il pouvait bien se percher. Et puis viennent les heures du coucher, tant redoutées pour l'enfant qu'il était, moins pour l'adulte qu'il est devenu ; bien que l'un comme l'autre ne soient réellement dissociés même encore aujourd'hui. A la fatigue naturelle se mêle un trop plein de l'esprit, foisonnant de toutes ces choses que le nécromancien peinera à démêler. Le devoir de se souvenir est aussi pénible que celui de mémoire, parfois, et c'est précisément ce qui lui grignote le mental alors qu'il a pivoté pour faire dos à Judd, peu après lui avoir souhaité une bonne nuit.

Les habitudes de sa moitié d'âme ne l'ont jamais vraiment dérangé, que ce soit ses lectures ou ses rédactions, le soin apporté au silence et au tamisé des lumières lui suffisant. Ce n'est d'ailleurs pas celles-ci qui l'empêchent de s'endormir - une fois n'est pas coutume - ce même après une bonne heure et demie à s'y essayer. Lorsque ses paupières s'entrouvrent, il y a comme une évidence qui se créée là où nul ne voit. Et puis Judd, après un son caractéristique de fluo passant sur une ligne de papier, dit : "Tu ne dors pas. Ta respiration est plus lourde quand tu dors." car il a senti.

Et après deux secondes, le nécromancien pivote un peu, de quoi lui offrir au moins un profil. Il en faut pourtant davantage pour qu'il parvienne à exprimer quelque chose de vaguement intelligible, ses hautes sphères étant vraisemblablement saturées.

"Ce n'est pas grave" constat pragmatique sur la chose, faute de mieux. Il n'y avait rien d'anormal à ce qu'il peine à trouver suffisamment de sérénité mentale pour dormir. Il y avait pourtant dans l'air qui les sépare ce quelque chose, présent depuis le début de soirée, qui saurait avoir été capté par l'homme à ses côtés. Ce quelque chose que l'on justifierait par la fatigue, mais qui pourrait tout aussi bien être un signe avant-coureur d'une nouvelle déclinaison de l'esprit d'Armand O'Moran.
Judd Rivera
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Familier : Nilsa, belette à longue queue au pelage aussi doux que ses canines sont aiguisées.
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supernova

février 2024, le soir feat @Armand O'Moran


Elles étaient rares, les soirées où il rentrait tôt sans avoir l’esprit occupé par une quelconque mission. Rares au point où il avait décidé de se rendre immédiatement chez Armand pour leur préparer un repas qui réchauffait les cœurs et les ventres de toute personne qui en prenait une assiette : des lasagnes. S’il y avait bien un domaine où sa patience lui jouait parfois des tours, c’était la cuisine. Judd n’était ni bon ni mauvais cuisinier, mais s’aventurer dans le temple des poêles et du four relevait toujours du défi personnel. Il n’était pas de celleux s’essayant à des recettes personnalisées, avec une touche en plus d’huile, une pincée d’herbes provençales ou de la crème végétale au lieu de la sauce tomate au hasard du goût et des envies. Non, Judd faisait partie de l’équipe “au gramme près”, à peser tout et n’importe quoi pour s’assurer que le résultat serait parfaitement celui du livre ou du blog de cuisine - qu’il avait choisi méticuleusement après des heures à lire les commentaires.

Ce soir ne dérogeait pas à la règle, bien qu’il avait déjà réalisé cette recette de lasagnes une bonne vingtaine de fois pour Armand et lui. Sa moitié méritait ce qu’il y avait de meilleur et à vrai dire, lui aussi. Alors oui, il suivrait la recette à la lettre même si ses gestes avaient gardé la mémoire des soirées précédentes. Et que Nilsa se moquait gentiment de lui en modifiant les grammages quand il lui demandait de le seconder. Ne jamais croire une belette qui préférait le chaos à la tranquillité.

Le quotidien d’Armand et Judd était régi par deux choses : les habitudes rassurantes et la tendresse silencieuse. Par exemple, le pyromancien relevait toujours le menton et plissait des yeux lorsque le Tisseur rentrait, comme quand il était plus jeune et cherchait du regard la nouvelle lune, discrète, mais bien présente. Ou, lorsqu’ils se préparaient à se coucher, Judd attendait religieusement dans la salle de bain que sa moitié soit posée sur le côté gauche pour venir s’enrouler dans un plaid et s’allonger à ses côtés. Ainsi, il lui laissait prendre toute la place qu’il souhaitait même si pour Armand, cela signifiait la place de son corps, ni plus, ni moins. Alors pendant que Judd finissait d’hydrater sa peau, le nécromancien alla se coucher.

Au lit, lunettes sur le nez, la bouillotte chaude collée à son abdomen en attendant l’achat d’une couverture gigasmooch, Judd reprit sa lecture du soir, fluo en main pour la moindre phrase qui lui plairait. Parfois, il jetait un coup d’œil sur la ligne légère des épaules d’Armand, qui se relevait en rythme quand il dormait profondément. En plus de vingt ans, Judd avait appris à reconnaitre chaque réaction corporelle et faciale de son adoré. Du plus petit soubresaut aux trapèzes se contractant en passant par l’horizon des lèvres qui s’étiraient de quelques millimètres, la Sentinelle avait parfois l’impression de lire le Tisseur comme l’un de ses livres préférés : avec précision et patience, notant tout ce qui pourrait réchauffer son âme et serrer son cœur. Il y avait aussi la façon dont il respirait qui lui permettait de savoir quand le sommeil était léger ou que les cauchemars venaient s’engluer dans sa tête. Et depuis une heure trente, la respiration du nécromancien n’avait pas changé. Rien, pas même une expiration plus longue qui signifierait le début d’un cycle de sommeil. Nada.

- Tu ne dors pas. Ta respiration est plus lourde quand tu dors.

Non, il ne voulait pas dire par là qu’il ronflait. Du quatuor magique, seule Nilsa respirait comme un tracteur embourbé dans la terre. Judd ne bougea pas pour autant, le regard dardé sur la conversation des personnages de son roman. Même quand il sentit Armand se retourner d’un quart, il ne cilla pas, car la sérénité faisait aussi partie de leur histoire. Les remarques de l’un n’appelaient jamais à une réponse de l’autre et cela ne signifiait rien de plus qu’un respect profond que certain·es voyaient peut-être comme un manque de communication.

- Ce n'est pas grave.

Nilsa releva la tête du fauteuil, elle aussi surprise par la réponse. Armand n’avait pas dit “ce n’est rien” ou “je ne dors pas encore.” Si cela avait été le cas, Judd n’aurait pas posé son fluo ni fermé son livre lentement pour venir le poser contre son abdomen chaud.

- Il n’y a pas besoin que ce soit grave pour en discuter.

Si c’était une invitation à parler, Judd ne s’offusquerait pas qu’Armand se détourne pour repartir dans le fil de ses pensées à défaut de celui des rêves.

- Et je sais que ce ne sont pas mes lasagnes. Elles étaient délicieuses.

Le ton se voulait plus doux qu’amusé, mais ainsi, il lui faisait comprendre qu’il avait bien senti que quelque chose gravitait au-dessus d’Armand depuis le début de la soirée. Et si Judd était habitué aux frasques de Jacques et à la fatigue du métier de Tisseur, il sentait que ce soir, c’était différent. Que dans ce “grave” planaient bien plus d’informations que ce qu’Armand souhaitait partager, au-delà du sommeil qu’il n’arrivait à trouver.
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"Il n'y a pas besoin que ce soit grave pour en discuter."

Alors que lui-même ne s'était pas aperçu de son déraillage de pensée vers l'avant, Judd lui désigne du doigt sa propre trame supposée, comme s'il avait su la lire avant lui. Armand a beau avoir été d'une introspection à toute épreuve durant son existence, le quotidien quant à lui était plus ardu à disséquer, qui plus est avec ces états asthéniques accumulés. Sans doute aurait-il été plus conscient de ses propos dans d'autres circonstances, même si passé quarante ans, on ne pouvait pas réellement attendre de miracle venant d'un Tisseur de Récits, aussi vaillant puisse t-il se montrer.

Le livre qui se ferme, le fluo laissé de côté, tout ça, il l'a pourtant bel et bien capté, bien qu'il ne cesse d'entendre ce ver d'oreille incessant au même moment. En témoigne l'œil évanoui dans un ailleurs pendant quelques secondes, avant qu'un clignement vienne le ramener. Quelque chose est là, et pour une fois, ce n'est pas Jacques ; parce qu'il est bien éveillé, malgré des signaux ambiguës.

"Et je sais que ce ne sont pas mes lasagnes. Elles étaient délicieuses."

Il y a quelque chose qui sourit à l'intérieur du nécromancien à cet instant. Il avait ce don de l'attendrir, parfois par une fierté qui était toute mesurée. Les lasagnes étaient effectivement délicieuses, mais il y avait encore mieux :

"Et je ne me suis pas brûlé avec."

Comme un relent d'optimisme murmuré, là où, si le Rivera savait, n'aurait probablement eu l'effet que d'un écran de fumée. Le grave quant à lui aurait pu s'envoler à son tour, s'il n'était pas d'un champ lexical anormal dans la bouche du O'Moran. Une pause est marquée, comme les silences ornent leurs interactions, parfois ; et il remercie Judd de lui laisser ce temps-là.

"Mon cœur bat trop fort." Ca me dérange. C'est ce qui est sous-entendu dans le ton employé, bien que la nuance, dans son monocorde, soit particulièrement dérisoire. Lorsque la tête est pleine de trop de choses, c'est vers les sens qu'il se tourne assurément. Cette technique est usée dans bien des situations, celle-ci lui parait tout à fait adaptée. Il s'installe dos contre le matelas, roulement posé qui n'en fait jamais plus qu'il ne devrait. Encore une fois, une absence. Légère. De quoi fédérer tout ce qu'il avait de plus conscient, pour le lui livrer.

"J'ai besoin d'éteindre mon esprit" admet-il avant de chercher un œil d'obsidienne qui l'observe déjà, un peu plus haut ; fronçant un peu les sourcils. La luminosité, bien que faible, lui était désormais bel et bien en vue. Ce qui n'était pas grave, c'était qu'il pouvait y avoir pire. Ce qui n'était pas grave, c'est qu'il s'en relèverait. Ce qui ne serait pas grave, ce serait de lui avouer le reste en le sachant prêt. Mais de ce dernier point, il n'était assuré de rien. Il était pourtant déjà trop tard, comme si la trame de leur réalité s'était accordée pour faire communiquer de sujets délicats. Où se trouvait l'épine se trouvait pourtant aussi la possibilité de l'ôter, et de panser les plaies par après.
Judd Rivera
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supernova

février 2024, le soir feat @Armand O'Moran


TW : mention de brûlure par le feu


- Et je ne me suis pas brûlé avec.

Il dodelina de la tête, bien heureux de le savoir. S’il y avait bien un détail les différenciant et qui gênait vraiment Judd, c’était son immunité au feu alors que la peau d’Armand cloquerait à la moindre flammèche. Il faisait constamment attention au placement des bougies chez lui et proposait toujours d’allumer toutes les sources de chaleur quand il venait chez le nécromancien. Car si lui n’était pas blessé en cas d’accident, ce ne serait pas le cas de son adoré. Et ça, c’était quelque chose de difficile à accepter pour la Sentinelle, ne pas pouvoir protéger Armand de ce qui était indissociable de son identité. Ne pas protéger celleux qui comptaient.
Le pyromancien se souvenait parfaitement du moment précis où il avait pris conscience de la différence de magie entre lui et les nécromanciens, ses parents en particulier. C’était la nuit de ses 5 ans, juste après que minuit ait sonné. La lune n'en était qu'à son croissant et malgré le froid, iels avaient installé une petite table dehors pour l'occasion. L'enfant s’était trop approché des bougies de son gâteau pour les éteindre et le bout de son nez avait rencontré l'une des flammes vacillantes. Son père avait poussé un petit cri d’inquiétude et sa mère s’était levée par réflexe, prête à courir chercher un torchon humide. L’enfant avait calqué sa réaction sur les leurs, se reculant en posant sa paume dessus, comme s’il avait senti la douleur. Mais rien, ni sensation de chaleur, ni peau abimée. Encore aujourd’hui, quand il était en leur présence, il évitait tout contact avec le feu de la cheminée ou les bougies odorantes. Bien entendu qu'iels savaient que leur fils ne craignait rien et maitrisait bien plus qu'une flamme de chandelle. Mais à leur côté, Judd redevait simplement l’enfant de 5 ans qui attendait vaillamment de voir sa magie s’élever par un ciel d’encre et une lune croissante.

La Sentinelle reprit le fil de la discussion après s’en être éloignée. Armand laissait toujours du temps entre ses réponses, comme si chaque mot devait être pesé avec la même précision qu’il écoutait les ancêtres. Ça permettait à Judd de s’évader et de se préparer à ce qui viendrait ensuite, car le cinquantenaire savait que, plus Armand prenait son temps, plus dure serait l’information à écouter.

- Mon cœur bat trop fort.

D’un mouvement doux, Judd se tourna de profil, pour voir mieux le sien et surtout, capter les mouvements de sa cage thoracique. Ils n’avaient pas changé depuis tout à l’heure, mais le pyromancien était quelqu’un de corporel, qui appréciait regarder les gens dans leur entièreté sans que cela n’ait à voir avec leur apparence. Judd aimait simplement voir le corps bouger, vivre, exulter. Dans le cas d’Armand, percevoir la moindre fluctuation de ses mains ou de son ventre était comme un trésor. Et parfois, quand il dormait trop profondément, Judd ne pouvait s’empêcher de le fixer longuement, le regard inquiet de ne pas le voir se réveiller. "Jacques a gagné" faisait surement partie de son top 10 des phrases les plus notées dans son journal.

- J'ai besoin d'éteindre mon esprit.

Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils, l’écho à ses pensées bien trop vif et tranchant. Pour se calmer et le calmer, il releva la main qui vint se caler contre sa tête. Doigts de feu contre tignasse de nuit, chaque caresse se cala sur sa propre respiration, pour inviter Armand à faire de même. Calmer ce cœur qui battait trop fort et emplissait un peu trop sa tête, une première mission que Judd Rivera prendrait à bras-le-corps et avec détermination.

- Ton esprit est bien trop unique pour l’éteindre. Il me manquerait. Par contre, j’en connais d’autres…

Le ton se voulait badin alors que les mots étaient puissants. Mais si Judd s’était bien promis une chose, c’était d’éviter d’être dans l’abattement, avec Armand ou une autre personne. Quelle que soit la situation, aussi difficile, misérable ou violente, le brun la prenait toujours dans sa plus pure essence : une situation à comprendre et à solutionner. Ni plus ni moins.

- Au lieu de l’éteindre, tu pourrais en déverser un peu quelque part… Entre nous deux par exemple, y’a toujours un peu de place.

Il lui sourit, même si Armand ne le voyait surement pas. Entre eux deux, c’était le vide, là où la douleur, les pensées et les esprits ne pouvaient les atteindre. Entre eux deux, c’était le cocon, protégé par deux âmes semblables aux murs hauts des châteaux forts. Entre eux deux, c’était l’espoir, de se servir de l’autre comme d’un rempart quand la vie prenait des allures de raz-de-marée. Il y aurait toujours un espace entre eux, qui leur permettrait de se protéger du monde entier.

La main toujours occupée à lisser les cheveux sombres du nécromancien, elle s’attarda un peu plus sur le haut de son front, la pulpe de doigts y appuyant davantage. Parfois, il y mettait un peu de chaleur car les esprits avaient tendance à préférer le froid des âmes.

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La sensation qui accompagne le geste de Judd s'ancre profondément en lui, s'arme d'un pouvoir apaisant pour son tumultueux. La chaleur tranche avec la fraîcheur habituelle de sa carne, lui refait prendre conscience de son individualité, ce que le nécromancien a de fait tendance à oublier. Les sensations physiques sont en cela des bouées à ne pas négliger. Sans avoir à le méditer davantage, la respiration du Tisseur s'essaie à se synchroniser avec ces passes dans ses cheveux, et il n'en faut pas plus non plus pour que ses paupières s'alourdissent. "Ton esprit est bien trop unique pour l’éteindre. Il me manquerait. Par contre, j’en connais d’autres…" le sous-entendu ne trouve pas matière à réflexion, en ce qui le concerne, retrouvant malheureusement le son de la voix de son paternel au creux de son oreille. L'autre, pour Judd, n'était décemment pas l'autre qui s'était invité aujourd'hui, chez Armand.

Le temps se suspend à nouveau, et l'un se préserve un tant soit peu en gardant les paupières closes. Peut-être que ça lui permet aussi de mettre de l'ordre là où il n'y en avait plus.

"Au lieu de l’éteindre, tu pourrais en déverser un peu quelque part… Entre nous deux par exemple, y’a toujours un peu de place."

C'est là où le bât blesse : O'Moran s'essayait toujours à mesurer ses propos, pour qu'ils investissent les lieux et les âmes au moment le plus opportun. Cette nuit-là, il n'y avait rien qui puisse le relier à ce qu'il a l'habitude d'être ou de faire. Le naturel était décuplé auprès de sa moitié, et parfois, laissait place à une porte ouverte sur des souffrances inopinées. C'était pourtant le lot de tout être vivant, si peu qu'il soit en lien, n'est-ce pas ? Sans doute parviendrait-il à jauger la situation sous un meilleur angle, une fois l'air de vérité expié de ses poumons.

Il faut bien une dizaine de secondes, si ce n'est plus, pour que le nécromancien vienne chercher d'une main celle qui l'apaise là, au dessus de son crâne, pour pouvoir enlacer ses doigts sur son poignet, et même plus haut que ça à vrai dire. Une amarre.

"Mon père est venu me parler, aujourd'hui,"

Une amarre qu'il sentait bien ne pas être pour lui, au fur et à mesure que ses pensées et mots étaient verbalisés. La mort fait partie du processus, et Judd a vécu entouré de nécromanciens. Il n'en restait pas moins vrai que leur élucubration et les contacts qu'ils pouvaient nouer avec les ancêtres restaient légitimement un mystère. La peur de manquer de la présence des êtres aimés était une peur qui enserrait l'esprit de la majorité des personnes logées sur cette planète. C'était une angoisse viscérale et partagée par beaucoup. Si le pyromancien s'était amouraché d'un homme perdu entre ces deux mondes, et fréquenté par l'invisible dont il ne parle pas vraiment lorsqu'il est là, cela reste un fait indéniable.

"Il m'a dit quelque chose que je ne savais pas."

Alors qu'il était persuadé de le connaître, au moins jusqu'à ce que cette mort, à laquelle il était étrangement préparée, ne l'emporte. Pourquoi tant de temps s'était écoulé avant de lui transmettre pareille confidence ? Armand ne le comprenait pas, malgré toutes les croyances qu'il pouvait entretenir depuis longtemps quant aux synchronicités, notamment.

"Je ne sais pas si je devrais être en colère. Attristé... vexé."

Les aveux sont lourds de sens, là où dans l'esprit du fils, il ne demeurait que de l'incompréhension. Tout ce qui était vrai, pour l'heure, c'était qu'il était perdu dans ce maëlstrom. Il n'avait jamais vraiment su mettre des mots sur les émotions qui le traversaient, ce trouble s'étant intensifié au fil du temps passé à être rempli de celles des autres, morts ou vifs. Les fjords de l'homme vont retrouver les sombres du Rivera, l'amarre physique se faisant un brin plus prononcée.

"Il était malade depuis sept ans, avant qu'il ne parte." Armand ne sait pas s'il doit se laisser nourrir par l'émotion de Judd pour retrouver les siennes. Car il a l'impression de ne rien ressentir vraiment, dans ce trop plein qui ne veut rien dire. "Il ne l'avait dit à personne. Pas même..." à moi. Ni aux Rivera. Ni à ceux qui auraient pu l'entourer, là où l'homme avait préféré endurer seul, jusqu'à son ultime voyage. Comment avait-il pu ne pas voir lui-même, à vrai dire, là où la médecine avait depuis toujours été sa spécialité ? Etait-ce si injuste que ça ? Devrait-il se sentir idiot, incapable ?

Cela faisait des années qu'il s'invitait parfois à ses séances spirites, pour le saluer, lui rappeler sa présence qui ne l'a jamais vraiment quitté. Cet aujourd'hui, pourtant, défiait l'habitude, défiait même l'attendu. "C'est sa voix que j'entends encore, ça ne s'arrête pas depuis," et à ces mots mêlés, l'œil d'Armand s'absente, reparti loin de là. Ce n'est pas grave, en vérité, il en va de ces fois où la boucle ne s'arrêtait pas. Jacques ou le chant des défunts, il ne pourrait jamais vraiment s'en défaire, mais la mélodie paternelle elle, avait autant d'impact qu'il s'agissait de la figure la plus importante que sa vie ait porté.
Judd Rivera
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février 2024, le soir feat @Armand O'Moran

La sensation des doigts d’Armand contre son poignet lui rappela instantanément celle de la couverture chauffée qu’il avait enfant. Celle que ses parents lui avaient acheté, quand il grelottait de froid en plein hiver et se plaignait des courants d’air. C’était tout aussi sécurisant et réconfortant, même si la peau de son adoré était aussi fraiche que son ancien plaid était bouillant. Certainement que les mots sécurité et réconfort n’auraient pas été évoqués par quelqu’un d’autre, en parlant d’Armand O’Moran. Mais des deux, c’était bien lui qui faisait toujours redescendre le Rivera quand son énergie incendiait sa santé. Et puis…. Les longs doigts pâles du nécromancien le ramenaient toujours aux siens. À ce Coven qu’il n’arrivait pas à quitter malgré la tête prise par une tout autre communauté. Alors oui, O'Moran était aussi sécurisant et réconfortant qu'une couverture ouatée.
À l’écoute de la moindre information, le pyromancien dut faire barrage à ses émotions quand Armand évoqua son père. Il savait bien à quel point l’homme avait compté aux yeux de son partenaire et même s’il n’en parlait jamais, sa présence résonnait encore et toujours dans chacun de ses gestes. Fils de Tisseur, héritier du patronyme, membre émérite des Vagabonds. Armand filait dans la même direction que son paternel, en y traçant un ligne parfaitement parallèle. Mais égoïstement, en écoutant le reste, Judd eut du mal à ne pas laisser dériver ses pensées vers ses propres parents. Il ne restait plus longtemps au couple Rivera et leur rejeton était persuadé que, quand l’un·e partira, l’autre suivrait aussi rapidement qu’un au revoir murmuré.

- Il m'a dit quelque chose que je ne savais pas. Je ne sais pas si je devrais être en colère. Attristé... vexé.

Fronçant des sourcils face à l’énumération des émotions possibles, Judd reprit contact avec la situation, enfermant à double tours les précédentes pensées. Qu’avait pu lui dire son père, pour le laisser dans un tel état de questionnement ? Car si chercher à comprendre n’était pas rare pour Armand, l’entendre en parler ouvertement l’était. Ces moments où son raisonnement interne se glissait au bout de ses lèvres, comme un secret qu’il ne dévoilait qu’à peu de gens, étaient tels des zircons que le pyromancien chérissait. Il sentit le feu contre ses joues alors que les larmes se frayaient un chemin plus haut. Armand le regardait fixement et dans cet échange de mots et d’œillades, il y avait quelque chose de somptueux, malgré la tristesse de l’instant. L’obsidienne dévoila sa brillance dans un reniflement léger, qui pourrait passer pour une inspiration un peu trop profonde. Judd se sentait privilégié d’entendre ces mots-là. D’être présent pour les écouter, même si oui, il y avait une forme de mélancolie entremêlée.

- Il était malade depuis sept ans, avant qu'il ne parte. Il ne l'avait dit à personne. Pas même…

À lui. À personne surement, connaissant un peu le bonhomme qu’était le patriarche O’Moran. Judd avait des difficultés à l’imaginer malade, lui qui était toujours prompt à travailler ou à leur répéter un “amusez-vous bien” quand le pyromancien emmenait son ami de toujours s’essayer à des aventures plus audacieuses qu’un clip de BTS. Mais si Cédric avait gardé pour lui cette information, ce n’était que dans le but de protéger son fils unique. De le laisser vivre son existence sans se poser davantage de questions qu’il n'en avait déjà dans la tête.

- C'est sa voix que j'entends encore, ça ne s'arrête pas depuis.

Un oh soufflé s’exfiltra de ses lèvres alors qu’il avait réussi à tenir sa langue depuis le début des révélations. Cela expliquait le sommeil impossible à trouver, l’œil absent et l’impression de le voir chavirer à chaque instant. Armand était une vieille barque dont les fissures s’élargissaient plus rapidement que Judd les réparait. Et si le premier n’avait jamais demandé au second de devenir charpentier, comment faire autrement quand on aimait un Tisseur dont l’esprit était un hublot ouvert sur l’Ailleurs ? Parfois - et il s'en voulait pour ça - le pyromancien exécrait les ancêtres qui venaient trop souvent épuiser Armand. Mais ici... Il ne pouvait pas ressentir cette émotion envers ce père qui voulait seulement se dévoiler un peu plus à son enfant.

Se relevant un peu, Judd se positionna pour l’inviter à se rapprocher de lui, à venir poser sa tête contre son myocarde. Ça n’allait pas empêcher la voix de Cedric O’Moran, mais au moins aurait-il autre chose à écouter, de plus habituel, de moins incertain.

- Est-ce que… est-ce que ça aurait changé quelque chose que tu saches ?

Envers une autre personne, cela aurait pu être mal pris. Que Judd interroge sur ce que cela aurait apporté de plus au passé. Mais s’il posait la question à Armand, c’était tout simplement pour le remettre dans l’instant et l’accompagner à se demander pourquoi l’hypermnésie s’était engluée ce soir, à la voix de son père. Comment aurait agi Armand le jeune, face à cette information ? Judd avait déjà son idée de la réponse.

- Et quand il te l’a dit, comment l’as-tu senti ? Gêné ou satisfait de mettre de la lumière sur une situation qu’il avait préféré garder pour lui ?

Chaque mot était choisi avec précision, car même s’il s’agissait d’amour, la stratégie avait toute sa place. Surtout quand il s’agissait d’amour. Poser les bonnes questions au bon moment, sélectionner les termes pour induire une réflexion chez l’autre ou même faire preuve de précision pour éviter les silences. Il n’était pas question ici de double sens ou de lire entre les lignes, mais d’offrir à Armand une conversation la plus guidée possible pour lui éviter de se perdre là où il cherchait pour une fois des réponses à voix haute.


Mary Fairbairn
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tw; mort, deuil, mention de funérailles

Au gré des secondes et du contact visuel auquel il s’était appliqué comme on aurait scellé une lettre il y a de cela deux siècles, Armand croit sentir les nuances chez Judd, qui le détournent petit à petit de ses propres émois. A moins qu’il ne s’en accapare, d’une certaine manière, le brillant de ses sombres et ce reniflement n’ayant dupé personne. Or, son partenaire n’apprécie pas particulièrement qu’on lui relève ce genre d’observations, si bien que le nécromancien le tut. Pas qu’il eut souhaité lui en faire part, non ; il avait vraisemblablement plus difficile à faire, la barre du navire lui échappant une fois de plus de la main. Le safran était forcé par des courants dont il n’avait pas le contrôle. Cedric, Judd, et peut-être même sa mère, Victoire, qu’il n’a jamais eu en contact spirite depuis qu’elle s’en était allée elle aussi. S’il avait réussi à faire le deuil de ce silence, pour des raisons que seule sa propre science pourrait justifier (il était très jeune lorsqu’elle l’a quitté), il n’avait en revanche pas l’aisance de digérer les propos que son paternel lui avait confié.

Aussi se laisse t-il aller se loger au plus proche du pyromancien, dont les battements du cardiaque lui viennent sitôt qu’il y colle son visage. Le réflexe d’Armand d’aller calculer ses paramètres ne vient pas, ou plutôt, ne s’enclenche pas correctement. Parce qu’il y a d’autres choses, sous cette carne, qu’il croit sentir, et cela se confirme dans ce qui se loge dans la voix de son propriétaire.

Est-ce que… est-ce que ça aurait changé quelque chose que tu saches ?

Les regrets. C’est ce dont lui a parlé Peryn, lorsqu’ils se sont rencontrés pour la dernière fois. Il y a finalement un peu de ce goût-là, lorsque la question est posée là. Armand entame déjà sa réflexion sur celle-ci qu’une autre l’accompagne.

Et quand il te l’a dit, comment l’as-tu senti ? Gêné ou satisfait de mettre de la lumière sur une situation qu’il avait préféré garder pour lui ?

Il laisse reposer son bras contre Judd, l’étrange dichotomie de température corporelle lui amenant une certaine quiétude - dans la mesure de ce qui était considéré possible.

J’aurais pu… l’aider ?” Le silence est sommaire. Il reprend. “Mais je crois qu’il ne voulait pas être aidé.

Finalement, il y a quelque chose qui s’enclenche émotionnellement, pour de bon, lorsqu’il admet ces réflexions comme vérités personnelles : il n’y avait que cela pour brin de sens, désormais. Quelque chose vient se loger au creux de sa gorge, de l’ordre de l’affect, et il le remarque comme l’on remarquerait une rature étrange sur un Rembrandt. Avec une curiosité légitime, et une acceptation résignée face à une œuvre déjà aboutie.

Il voulait probablement rejoindre ma mère, sans que je n’aie à m’en mêler.

Cedric O’Moran aurait-il pu se montrer aussi égoïste ? Il l’ignore. Il n’est pas son père, ne le sera jamais, quant bien même leur chemin professionnel, a minima, s’accordait. Certaines personnes ne souhaitent pas être aidées. C’est une autre chose qu’il avait admise face à Peryn. Lui-même, l’avait-il vraiment ? Ou se laissait t-il seulement porter face au courant… qui n’était autre que la guidance de son aimé ?

Je ne suis pas… à l’aise avec les émotions.” C’est un retour à une des questions, sur les ressentis qu’il avait pu avoir… du moins, interpréter les émotions d’un autre, qui n’était plus là. Les siennes étaient déjà plus à sa portée, même si l’exercice était tout aussi compliqué. “Il n’y a que des mots.” Ce sont eux qui lui épinent le crâne, encore, depuis de longues heures. “Sept. Après sept, il fallait partir. On me l’a dit.” Ce que dit Armand à cet instant n’est qu’une partie de ce qu’il a entendu lors de sa séance, ce qu’il a enregistré, et ce qui vient à nouveau de lui foudroyer l’esprit. Les vocalises paternelles ne s’arrêtent pas vraiment. Cedric savait qu’il serait en sursis, et il avait même et finalement reçu une information prophétique qui défiait tous les cadres qu’on voulait bien donner aux enfants de son propre coven. Comment avait-il été, ces sept dernières années ? Plus souriant que jamais.

A ses funérailles, son fils l’a été aussi, quant bien même ses paupières s’étaient imbibées de larmes.

Armand a encore l’impression d’y être : non, il vient d’y retourner.

Il sourit et dans toute la dignité qu’on lui sait, pleure pour de bon, cette fois-ci.

Judd Rivera
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- J’aurais pu… l’aider ?

Silence chez Armand, silence aussi du côté Judd qui savait pertinemment qu’il ne suffisait pas de vouloir pour pouvoir, surtout lorsqu’il était question de quelqu’un d’autre.

- Mais je crois qu’il ne voulait pas être aidé.

Là résidait toute la douleur d’aimer quelqu’un. Savoir que l’ont pourrait se proposer, qu’on pourrait faire une différence auprès de cet être tant choyé, mais de devoir rester statique en attendant son consentement. Des paroles qui ne venaient parfois jamais dans les situations où la mort grignotait un peu plus chaque instant. Cedric était un homme solaire, même si beaucoup s’imaginait encore que les nécromancien·nes n’étaient que dureté et noirceur. Cedric était de ces personnes qui prenaient la peine des autres, mais ne mettait jamais la sienne sur les épaules de sa famille. Et même si Armand ne lui ressemblait guère sur bien d’autres plans, sur celui-ci, il était le portrait craché de l’ancien Tisseur. Judd savait parfaitement qu’un jour, il serait celui qui murmurerait un “j’aurais pu l’aider… mais je crois qu’il ne voulait pas être aidé” à Nilsa. Qui d’autre pourrait le comprendre ? À moins que ce soit le contraire et qu'Armand se retrouverait à nouveau aux prises avec des regrets, à cause des êtres qui l'adoraient autant que la nuit choyait les étoiles. Le pyromancien brillait peut-être à chaque sortie mais il tenait davantage du crépuscule quand il était question d'exprimer les maux qui lui traversaient le corps et le crâne. Peut-être que cela devait-changer ? Pour éviter à l'homme entre ses bras de se retrouver avec un nouveau poids sur les épaules et d'autres échos au creux de ses synapses ?

- Il voulait probablement rejoindre ma mère, sans que je n’aie à m’en mêler.
- … et vivre ces quelques années sans que rien ne change dans son quotidien.

Discret murmure qui vint se loger dans les épis sombres du Tisseur, comme le souffle d’un feu de cheminée. Le rassurer sans le brusquer, lui laisser de l’espace sans l’abandonner, lui répondre sans écraser ses propres pensées. Judd était quelqu’un de pointilleux, qui aimait prendre son temps pour tout et y aller progressivement pour ne jamais brûler les étapes. Mais avec Armand… Oh avec Armand, il faisait preuve d’une telle retenue que très souvent, il se redécouvrait à ses côtés. Comme si le nécromancien révélait les plus beaux reflets de la pierre qu’il était, bien loin de tout ce que certain·es aimaient s’imaginer de lui. Colérique ? Judd ne l’était pas. Donneur de leçon ? Encore moins. Violent ? Pas le moins du monde malgré sa position au sein du Coven. Mais finalement, est-ce que cela l’importait qu’on lui prête une personnalité qu’il n’avait pas ? Non. Tant qu’Armand et lui savaient, tout le reste lui importait peu, à Judd.

Ses bras se refermèrent doucement contre le dos du Tisseur, en faisant bien attention à ne pas l’enserrer comme dans un étau.

- Je ne suis pas… à l’aise avec les émotions. Il n’y a que des mots. Sept. Après sept, il fallait partir. On me l’a dit.

La sentinelle resta silencieuse, prenant chaque mot comme une information bien plus importante que ce qu’elle laissait penser à première vue. Et non, il ne fut pas surpris de sentir le corps d’Armand changer légèrement de densité et d’entendre sa respiration se loger davantage dans le creux de sa gorge, là où les sanglots naissaient. Il ne fut pas non plus surpris, en regardant un peu de côté, de percevoir la bouche de son amour se muer en un doux sourire. N’y avait-il pas de la beauté, dans les révélations que Cédric avait faites à son fils aujourd’hui ? Si Armand avait exprimé une forme de regret ou d’incompréhension, il prenait aussi conscience que les mots avaient enfin été dits.

- Si Cédric t’en a parlé aujourd’hui, c’est qu’il a su que tu étais prêt à l’entendre, en tant que Tisseur et en tant que fils. Ça ne résout en rien ta gêne, mais… cela te montre que tu continues de faire ton chemin de la plus belle des façons et que sa confiance en toi est arrivée à un tel point qu’il pouvait t'en parler.

Judd garda ensuite le silence, ne fit pas plus de remarques. Son pouce commenca à tracer des lignes imaginaires sur l’épaule du Tisseur alors que son esprit repartit dans sa propre histoire, dans son propre futur. Il ne restait pas sept années à ses parents ni deux. Un an tout au plus, quelques mois peut-être. Il le savait, sa mère et son père aussi sans même avoir besoin d’une quelconque prophétie. Mais à la différence d’Armand, Judd ne pourrait plus les revoir par la suite, ni entendre leur voix lui rappeler constamment qu’iels seraient toujours à ses côtés, même dans l’Après. Il sentit son coeur se serrer un peu trop fort à la pensée. Cela faisait bien longtemps que Judd n’avait pas ressenti cette forme d’amertume. Si le feu ondulait sous ses doigts, son rêve avait toujours été de guider les défunt·es et il savait depuis toujours que cela ne se concrétiserait pas. Son père n’arrêtait pas de lui rappeler que la lumière pouvait elle aussi aiguiller mais le pyromancien était incapable d’oublier qu'elle les blessait constamment aussi. Que la lueur réconfortante de son enfance était le glas de ceux qu'il aimait profondément.

Sa tête se baissa légèrement, assez pour venir déposer un baiser papillon sur les cheveux d’Armand, qui sentaient bon la lavande.

- Il est fier de toi et… je pense que c’est sa façon de te le montrer.

Judd ne se releva pas, resta là, le menton posé sur le crâne d’Armand. Même si la position n’avait rien de confortable, son amour pour lui avait tendance à anesthésier son corps et réveiller son âme. Et lentement, il commença à susurrer Make A Memory de Bon Jovi. Ce n’était pas une chanson pour détendre et encore moins une comptine pour s’endormir, mais quand Judd sentait ses émotions monter, il préférait chantonner quelque chose qui lui semblait en accord avec le moment. Comme si c’était plus simple de s’exprimer à travers les mots de quelqu’un d’autre.
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tw; mort, deuil

En ne lui ayant rien avoué pendant sept ans, et en le lui avouant ce jour, Cedric avait réussi la prouesse d’apprendre une nouvelle leçon de vie à son fils. Sans doute savait-il qu’il comprendrait, une fois la tempête passée. Que sourire dans les derniers moments à partager n’est pas une trahison face à la vie, ni même à ses proches. Armand ne sait pas vraiment si son père craignait la mort dans son sens premier, ou s’il craignait qu’ils ne retrouvent plus jamais le fil de leur âme respective, liée par une énergie qu’on ne saurait diviser par une seule volonté. Il s’était permit de juger la chose comme il jugerait la couverture d’un livre : en surface. Car après tout, après tout ce qu’ils avaient traversé et partagé, il restait cette part de mystère, vivace, qui voulait reprendre sa place.

La sensation d’être enveloppé physiquement et psychiquement semble avoir des effets bénéfiques pour le Tisseur, qui s’était perdu dans les palabres de son aimé. Il ne se souvient pas de l’étreinte d’une mère, à peine celle de son père, maintenant qu’il s’essayait à les retrouver par la force de la pensée. Armand n’a jamais été très tactile, ce qui pourrait tout aussi bien expliquer qu’on ne lui ait jamais vraiment donné d’étreintes durant le clair de son existence. Recevoir, en revanche, lorsque l’instant est opportun, efface tout malaise potentiel. Il y a des moments pour et des moments sans. Il sait que ceux-là sont choisi par les astres qui courent le ciel et d’autres qui ont hérité de leur poussière.

Si Cédric t’en a parlé aujourd’hui, c’est qu’il a su que tu étais prêt à l’entendre, en tant que Tisseur et en tant que fils. Ça ne résout en rien ta gêne, mais… cela te montre que tu continues de faire ton chemin de la plus belle des façons et que sa confiance en toi est arrivée à un tel point qu’il pouvait t'en parler.

Sa tête va à la positive, tu as raison, a t-il envie de lui dire, mais rien ne sort, parce qu’il s’éponge un peu le visage de sa main. Il sent le baiser sur le sommet de son crâne, ses mots eux, lui laissent la place d’être encore un enfant. Des pensées filent comme étoiles filantes dans son esprit tandis que la chanson murmurée par Judd s’instille, sollicite une partie de lui qui n’a d’yeux que pour le saint art qu’est la musique. En synchrone, Armand expire : “There’s nowhere else tonight we should be.

Il sentirait presque que les larmes ayant coulé de sa paupière à la peau de Judd ont déjà disparu de son derme ; évaporées. Il y a le temps de cette chanson, et puis, un léger silence avant que le nécromancien ne s’admette forcé, par l’instinct, de lui parler de ses ressentis. Factuellement, quant bien même il ne faisait que les intellectualiser.

Je ne voulais pas te le dire, tout à l’heure.” Quand il est rentré, en le voyant cuisiner ces lasagnes avec lesquelles il ne s’était pas brûlé. “Je voulais faire le point avec moi-même avant, je… ne voulais pas te blesser.” Parce qu’il ne voulait pas que cela ravive chez lui des peurs vis à vis de ses propres parents, aussi naturelles soient-elles. Il renifle doucement. “Tu es blessé ?” qu’il lui demande tout de même, relevant vaguement le visage sans aller jusqu’à décoller ce dernier du pyromancien. Pour ainsi dire, ce n’était qu’un mouvement de menton tiré vers le haut, revenu à sa juste place peu de temps après.

And you run and you run to catch up with the sun but it’s sinking, racing around to come up behind you again… expire t-il sans y mettre une once de mélodie. Mélomane mais pas artiste. The sun is the same in a relative way but you’re older ; shorter of breath, and one day closer to death.” il ne sait pas chanter Time des Pink Floyd, mais peut-être serait-elle appropriée, pour ce qu’il n’arrivait pas, lui non plus, à lui exprimer.

Judd Rivera
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février 2024, le soir feat @Armand O'Moran


La voix d’Armand se calque sur la sienne, le timbre plus léger peut-être, plus lointain mais qui porte les mots de la chanson avec autant d’émotion que son compagnon. There’s nowhere else tonight we should be. Ils sont ici, à cet instant, ensemble, l’un dans les bras de l’autre, sans que rien ne vienne entacher le moment. Armand est ici, dans le creux du corps de Judd, pour laisser filer quelques informations et quelques sentiments. Judd est ici, contre Armand, pour l’écouter et s’accrocher à ce qu’il ressent pour lui au lieu de se laisser happer par ce qu’il ressent pour eux.

- Je ne voulais pas te le dire, tout à l’heure. Je voulais faire le point avec moi-même avant, je… ne voulais pas te blesser

En parlant du loup… Parfois, Judd se demande si le nécromancien ne lit pas les pensées en plus d’entendre les défunts.

- Tu es blessé ?

Il voit à peine le mouvement de tête, les yeux déjà dans le vague. La question tinte dans son esprit, se répercute sur chaque côté de son crâne sans trouver de réponse satisfaisante. Alors il prend son temps.

- Non. Il m’en faut beaucoup plus, tu sais.

L’égo du Rivera est peut-être grand mais il est rare qu’on réussisse à le froisser. Il en est de même avec ses sentiments, bien que, paradoxalement, il est très facile de le faire pleurer pour toutes les autres raisons imaginables. Une chanson, un repas cuisiné, une bonne blague ou quelques mots, comme ceux d'Armand ce soir. Et plus simplement, Judd pleure beaucoup pour éteindre le feu qui prend trop de place à son goût.

Il reste statique, ne ressert ni ne desserre son étreinte lorsque le Tisseur laisse une nouvelle chanson filer entre ses lèvres, sans qu’une mélodie vienne s’y accoler. Et pourtant, les mots le frappent, le touchent et lui tirent un nouveau reniflement. Enfin, la question d’avant commence à créer quelque chose de profond en lui. Soulève des informations qui avaient besoin de temps pour sortir.

- Je crois que… je leur en veux de m’avoir fait comme je suis. Pyrokinésiste. Ils n’y pouvaient rien mais il m’arrive de me réveiller et de m’imaginer être comme eux, comme… toi.

De pouvoir entendre celleux qui sont partis, de savoir qu’ils ne sont pas loin. Pendant longtemps, Judd a détesté sa magie. Après les premières années d’amusement, à éclairer le centre de sa paume, sont venues celles de la compréhension, qu’il ne pourrait jamais faire parti des Vagabonds. Et si les Enfants des Volcans l’ont accueilli les bras ouverts avant et après l’Académie, il a toujours eu cette sensation d’être un invité parmi eux, avant d’en devenir un aussi chez les Nécromanciens.

Se laissant glisser près d’Armand, pour s’allonger à son tour et retrouver un peu d’aisance, il ferme les yeux pour simplifier l’échange. Avoir les prunelles claires d’Armand braquées sur lui pourrait le noyer, tant il a ce talent pour le faire plonger dans ses émotions tête la première.

- Ils vont mourir et je ne pourrais plus jamais leur parler. Un jour, ils seront là et le lendemain, je n’aurais plus que des souvenirs et l’impression de ne plus avoir le droit de faire parti de ma famille.

Il a un doux sourire, les yeux toujours clos alors que ses sourcils se relèvent par l’amusement de sa prochaine remarque.

- Ils m’engueuleraient s’ils savaient ce que j’étais entrain de te dire. Ne leur répète pas s'il te plait.
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Non. Il m’en faut beaucoup plus, tu sais.

Lui aurait-il seulement fait cet aveu, s’il l’avait été ? Sans doute qu’Armand l’aurait décelé plus tôt que tard, aussi, mais l’entendre expiré des lèvres du pyromancien valait bien tout son paroxysme d’observation. Il décide de le croire, par respect pour lui, peu importe ce que son cœur pourrait bien lui souffler. Avait-il seulement réussi à lui transmettre ce que recelait ces quelques phrasés musicaux ? Qu’il ait réussi ou pas, le nécromancien ne s’admettrait pas vaincu. Qui plus est, il y avait toute une nuit pour se reposer l’esprit, ou moins essayer, pour réitérer un jour plus ou moins lointain, mais qui serait plus opportun.

Et puis, c’est triste à dire, mais Armand s’étonne quelque peu d’entendre sa moitié lui céder certaines choses qu’il… avait déjà décelées, sans savoir vraiment comment achalander ce propre système de pensées agglomérées.

Je crois que… je leur en veux de m’avoir fait comme je suis. Pyrokinésiste. Ils n’y pouvaient rien mais il m’arrive de me réveiller et de m’imaginer être comme eux, comme… toi.

Le mal dont il a hérité, Armand ne le comprendra jamais, faute de l’avoir expérimenté de lui-même. Lui était né au sein de nécromanciens qui n’avaient guère fait sentir au fils de Cédric qu’il était moins, plus, ou différent d’eux. Aussi écoute t-il, songeant aussi à ce qu’il pourrait bien faire pour l’apaiser - entre deux pensées volantes, pourtant, il entend encore la voix de son père, et il en fronce les sourcils. Il le laisse reprendre la place qui lui sied le mieux, tandis qu’à son tour, il se laisse glisser à ses côtés, ne reposant plus contre lui à proprement parler. Pour ainsi dire, Armand le voit, et ce profil l’aurait plus que deviné, s’il ne s’était pas plu à clore les paupières.

Il ressent sa pudeur, ou croit la ressentir, lui qui est si malhabile avec les émotions, a parfait l’art de les décrire chez les autres. Faute de mieux, il ne savait que les intellectualiser. Trop ressentir était parfois à double tranchant, Armand en était mort déjà plusieurs fois.

Ils vont mourir et je ne pourrais plus jamais leur parler. Un jour, ils seront là et le lendemain, je n’aurais plus que des souvenirs et l’impression de ne plus avoir le droit de faire parti de ma famille.

Il aimerait lui dire qu’ils continueraient de vivre en lui, comme les humains le font déjà. Pourrait se proposer de les consulter, pour qu’ils puissent lui délivrer les mots qu’il n’entendrait pas. Mais Judd parviendrait-il seulement à accepter le fossé qui allait fatalement s’imposer entre lui et ses défunts aimés ? Armand avait en ce sens une chance que lui n’avait pas et, il fallait au moins ces paroles-là, ces instants partagés, pour pouvoir le conscientiser.

Peu importe l’aide qu’il pourrait lui proposer, les faits, eux, ne sauraient être altérés. Il le savait fier, sans doute préfèrerait-il leur silence plutôt que de prêter une partie de son cœur impuissant à son âme sœur.

Ils m’engueuleraient s’ils savaient ce que j’étais entrain de te dire. Ne leur répète pas s'il te plait. - Je ne leur dirai rien.” Ca lui semblait tellement naturel qu’il ne comprenait même pas qu’il lui demande un silence qu’il aurait de toute évidence gardé. Le Tisseur comme le médecin s’y étaient faits. L’homme qui en aimait un autre aussi. En réponse à son sourire, quelque chose de léger qui y ressemble déride le nécromancien à son tour ; lui si peu expressif, si ce n’est par le regard.

Mes larmes seraient encore là, si tu avais été comme moi.

Et, peut-être, ne l’aurait-il pas autant aimé ; s’il n’était pas qui il était. Si le feu était son allié, Armand ignore s’il aurait été aussi attiré par lui que s’il avait été aussi loin de la réalité que lui pouvait l’être, parfois. Comment lui dire qu’il n’était pas une erreur ? Que son existence avait du sens, même là où la frustration le gagnait encore aujourd’hui, à plus de cinquante ans ?

Il ne parvient pas à ôter le bleu de son regard de son visage. Sans doute qu’il lui en voudrait un peu pour ça. Pourtant, c’est par cette attention maintenue que l’homme parvenait à effleurer tout ce qu’il pouvait ressentir pour cet autre à ses côtés.

Peut-être même que je ne t’aurais pas autant aimé si tu n’avais pas été toi.

Toi, fait de feu, de lave, entier de tout ce dont tu pouvais être fait. Forgé dans l’obscurité pour mieux briller. Même la matière la plus sombre de l’univers a donné naissance aux plus lumineuses des étoiles et des soleils.

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février 2024, le soir feat @Armand O'Moran


- Je ne leur dirai rien.

Judd le savait déjà, même avant de lui demander de garder son secret. N’était-ce pas ainsi, entre eux, depuis toujours ? À s’écouter, à s’accepter, à prendre le silence de l’un ou les yeux plissés de l’autre sans jamais partager ce qu’ils vivaient aux autres ? Parfois, il arrivait même qu’on lui demande à lui, s’il allait se poser un jour avec quelqu’un. La relation qui le liait avec Armand était si étonnante pour certain·es (et d’une logique imparable pour d’autres) qu’iels ne pouvaient s’imaginer que le pyromancien s’était déjà bel et bien posé. Depuis des décennies à vrai dire. Leur discrétion était telle, amenant leur union à l’opposé de ce que la société dictait, que beaucoup ne reliait jamais le patronyme O’Moran à celui de Rivera alors qu’il n’y avait pas plus attachés que ces deux-là. Comme les fils d’une pelote, enchevêtrés l’un à l’autre, qui pouvait vivre leur existence en solitaire mais créait quelque chose de beau quand on les tissait entre-eux.

- Mes larmes seraient encore là, si tu avais été comme moi.

Si ce que lui offrit Armand n’était pas un sourire dans la plus pure définition, il en était un aux yeux de son partenaire. Et si capter ses prunelles glaciales aussi longtemps lui donnait l’impression d’être mis à nu, Judd ne brisa pas cet instant : il était trop précieux, comme l’une des pierres qu’il affectionnait tant. Quant à ses mots… Ô, le pyromancien eut une peine immense à ne pas laisser glisser de nouvelles larmes sur ses joues sombres. Si son rang, sa droiture et sa magie faisaient de lui un roc, sa personnalité éclaboussait toujours son visage de mille et une nuances.

- Peut-être même que je ne t’aurais pas autant aimé si tu n’avais pas été toi.

Sa longue expiration se faufila entre les mèches d’Armand, comme le Zéphyr, doux et chaud. Peut-être oui, qu’il n’y aurait pas eu cet écho entre eux. Cette impression de se regarder dans un miroir et d’y voir, non pas un reflet, mais ce qui leur permettait de se maintenir à flot.

Judd garda le silence de longues secondes, parfaitement conscient que ses joues avaient retrouvées l’humidité des larmes du début de leur conversation. Là, il savait qu’il pouvait les laisser couler. Là, il avait conscience qu’elles étaient à leur place, que son partenaire les comprendrait. Les je t’aime étaient rares entre eux et pourtant, ils couvaient dans chaque regard, chaque geste, aussi discret soit-il, et chaque larme. Car si l’amour entre Armand O’Moran et Judd Rivera était de ceux qu’on confinait à l’intimité, ce n’était pas par honte. C’était tout simplement par dévotion. Il leur appartenait et le partager à d’autres serait comme offrir un quartz fantôme à quelqu’un qui n’y connaissait rien en pierre.
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