Les chevaliers du Friday 13th - ft Silas

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Manches de sa chemise blanche retroussées, mains habile et rapide, Ryung avait enfilé son costume de barman le temps d’une soirée. Remplacement d’urgence pour ne pas laisser Silas tenir le bar seul en cette nuit hivernale, celui que l’on surnommait le rat avait accepté de laisser de côté ses tableaux de comptes et les affaires officieuse.

Et ce n’était pas plus mal, car il y avait du monde ce soir. Rarement un instant pour se poser, les deux acolytes du soir étaient actif en permanence. Différences d’âges et caractère peu bavard les amenant à peu discuter depuis l’embauche de Silas, les deux n’échangeaient jusqu’ici que pour se relayer les informations. Ryung discutait sûrement plus avec certains clients habitués qui en profitaient pour prendre des nouvelles qu’avec Silas. "-Fais un effort Ryung pour ne pas te montrer trop emmerdant" lui ont dit certains membre de la bande… Paire d’yeux qui regardent un instant en l’air, soupir envers ses amis lorsqu’ils lui ont fait cette demande, il ne comprenait vraiment pas pourquoi… Enfin, il savait qu’il pouvait se montrer râleur et avait un sale caractère, mais l’aéromancien ne lui a rien fait alors pourquoi serait-il désagréable avec lui ?

Effectivement, armé de son sourire commercial vers les clients, il arrivait aisément à être tout à fait correcte envers le jeune sorcier. À priori ce n’était pas un trop mauvais soir pour lui… Il faut dire qu’avec tout ce monde présent, le Rat avait plutôt les yeux qui brillaient de voir l’argent récolté et ne se préoccupait de rien d’autres. Jusqu’à la fin du service…

Derniers verres servis, bar qui allait bientôt fermer pour le reste de la nuit, Ryung nettoyait le comptoir tout en saluant ceux qui commençaient déjà à partir. Petit à petit, la musique de fond s’entendait à nouveau, les jacassements s’estompaient, mais les deux hommes pouvaient alors entendre des rires provenant de voix plutôt grave venir de l’autre bout de la pièce. Se posant un instant contre un pilier il eut un léger soupir en tendant l’oreille. “Sûrement n’ont-ils pas entendu la consigne qu’on allait fermé.” air nonchalant et un peu fatigué sur le visage de celui qui approchait la quarantaine, il posait finalement le torchon qui lui avait servi a essuyer le comptoir avant de passer de l’autre côté du bar. “Je vais aller les voir.”, dit-il au plus jeune avant de se diriger vers les hommes en question.

Assis autour d’une table ronde, les 3 hommes continuaient de rire fort et à priori à faire des blagues plutôt graveleuse. Type de clients que Ryung avait déjà vu passer de nombreuses fois dans ce bar depuis l’ouverture, il se doutait que ça n’allait pas le faire avec simplement quelques paroles. Mais il faut commencer avec la diplomatie avant de sortir les muscles. “Excusez-moi messieurs, mais on va fermé. Lo-…”, couper sec dans ses paroles, l’un des hommes vint lui dire “On a pas fini nos verres.”, des clients comme il les aimait… Ou pas. “Loin de moi l’idée de vous virer alors que vos verres ne sont pas finis, mais je vous prierais simplement de vous dépêcher.”, au fond, le coréen savait très bien que ça ne suffirait pas, mais employer la méthode forte tout de suite n’était pas dans la politique du bar à moins d’une impolitesse significative. Débarrassant leur table des verres vides -et Dieu sait combien il y en avait-, il ramenait le plateau vers le comptoir. “Bon, je pense qu’à tout les coup ils vont prendre leur temps pour boire et vu le nombre de verres qu’ils ont bu ils sont bien bourrés. Si d’ici 10 minutes ils n’ont pas fini on retourne les voir ?”, d’un calme olympien, il s’adressait à Silas sans aller dans une quelconque forme d’autorité. Le jeune serveur avait déjà prouvé être capable de faire ce métier, alors Ryung ne lui disait pas ce qu’il pouvait faire ou non, ce n’était pas son boulot de le faire. Aussi il préférait simplement coopérer avec lui pour que tout se passe sans trop de problèmes. En espérant que ce soit le cas vu les gaillards et leur rire graveleux.

TW : alcools, violence physiques

Le tintement aigüe des verres s’entrechoquent sous les rires et les joyeuses exclamations de voix, s’évanouissent au milieu des corps qui s’élancent sur la piste de danse, provoquant un amas de formes longilignes sans cesse en mouvement, telle une mer perpétuellement en remous, voguant au rythme de la musique hurlée dans les hauts-parleurs, qui le font grimacer chaque fois qu’il passe à côté d’eux. Il n’accorde que trop peu d’importance à cette vision de peaux agglutinées, principalement parce qu’il n’a guère le temps de s’y attarder ; derrière son bar, depuis lequel il ne cesse de faire des allers-retours pour transporter des plateaux garnis de boissons alcoolisées, qu’il fait parfois voguer juste à côté de lui grâce à sa télékinésie, le coréen perd lentement mais sûrement le peu de patience que son mauvais tempérament recèle — c’est à dire pas grand chose, à force de côtoyer les clients qui excellent dans l’art de mettre cette dite patience à rude épreuve. « Il y a un cocktail que j’adore mais qui n’est pas à la carte, je me demandais si…. » si je pouvais t’emmerder un peu est-ce qu’il entend, même si ce n’est pas ce qu’elle dit. Replaçant correctement des verres propres sur l’étagère derrière lui, Sílas ne peut s’empêcher de soupirer avec agacement en abandonnant sa tâche pour se rapprocher du comptoir, y déposant ses avants-bras en courbant son dos, faisant face à une petite blondinette qui tente de l’amadouer avec un sourire auquel il ne répond pas ; il est trop tard pour qu’il fasse l’effort d’être poli. « J’écoute. » dit-il sans joie, faisant tout de même preuve d’une bonne volonté puisque, même s’il n’a aucune envie d’accéder à sa requête, il lui laisse une chance de le convaincre. Ravivée par cet élan, la blonde déjà largement éméchée commence à lui faire le récit d’une boisson ayant beaucoup trop d’ingrédients pour qu’il puisse en retenir les premiers ; plissant légèrement ses paupières, il arque l’un de ses sourcils en mordillant le coin de sa lèvre durant quelques secondes avant de la couper, un peu trop sèchement peut-être : « Euh…. J’ai vraiment l’air d’être un chimiste ? » Il attend une réponse mais la blonde se décompose, perdant son sourire en même temps que sa voix ; mécontente, elle recule lentement en le toisant d’un oeil mauvais mais, lui, bien trop heureux de s’être débarrassée d’elle, lui adresse un sourire narquois avant d’en retourner à ses verres, qui sont une bien meilleure compagnie.

« Et moi, j’peux boire ? » Regardant par-dessus son bras légèrement relevé, il observe son chat qui se positionne à côté de lui, assis sur ses quatre pattes tendues, le museau relevé en sa direction.  Un sourire attendrit emplissant ses lèvres, il penche légèrement son menton sur le côté en lui murmurant, d’une voix curieusement suave : « Bien sûr… Un verre de javel, ça te va ? » « Avec plaisir, je ne suis pas de mauvais poils, moi. » Les deux se regardent, longuement, sans parler et sans réagir, avant qu’Icarus ne s’insurge enfin : « ELLE ÉTAIT GÉNIALE MA BLAGUE » Roulant des yeux d’un air lassé, le coréen soupire de nouveau avant de finir son service aussi poliment que possible, déjà impatient de regagner le calme de son appartement mais…

Le bar s’étant considérablement vidé à cette heure tardive, il sait que la fermeture tant attendue est proche ; Sílas abandonne donc son bar pour le laisser entre les mains de Ryung, en profitant pour replacer correctement les chaises autour des tables qu’il essuie lorsque c’est nécessaire, ramenant ensuite les derniers verres abandonnés à chaque coin de la pièce, quand des bavardages un peu trop tonitruants se font entendre à l’autre bout de la salle, obligeant le coréen à lever le nez, et les yeux qui ont avec, en leur direction. « Sûrement n’ont-ils pas entendu la consigne qu’on allait fermé. » Qu’il est naïf, songe-t-il tout bas et sans le regarder, ramenant plutôt les derniers verres entamés dans l’évier derrière le comptoir. « Ou ils s’en foutent. » Ce ne seraient pas les premiers, ni les derniers malheureusement. « Je vais aller les voir. » Nettoyant les derniers verres derrière le comptoir, Sílas lève ses yeux effilés sur son comparse, en lui adressant quelques mots d’encouragements, qui sonnent presque avec amusement : « Bonne chance. » Il va en avoir besoin.

Le chevalier partit en croisade contre l’envahisseur revient bredouille, ou pas totalement puisqu’il dépose un plateau entièrement recouvert de verres vides, si bien que certains sont empilés les uns dans les autres. « Wow… » Il a de sacré concurrents en matière de descente. « C’est juste leur table ? » Il ne sait pas s’il doit être admiratif ou ahuri alors, dans le doute, il opte pour les deux. Prenant quelques verres pour les déposer aussi dans l’évier, sans quitter le plus âgé des yeux. « Bon, je pense qu’à tout les coup ils vont prendre leur temps pour boire et vu le nombre de verres qu’ils ont bu ils sont bien bourrés. Si d’ici 10 minutes ils n’ont pas fini on retourne les voir ? » Un léger sourire mutin se dessine sur ses lèvres, tandis qu’il abandonne sa besogne pour attraper un torchon sur le côté, essuyant ses mains tout en disant, avec une forme de lassitude : « Je ne voudrais pas te gâcher la fin du film mais je parie qu’ils vont te dire qu’ils payent et que, comme ils payent, ils ont tous les droits. Parce que, oui, le client est roi. » Le roi des cons, mais ça il s’abstient de le dire. « Si tu veux. » Il hausse légèrement ses épaules avant de les redresser, s’empressant de laver les verres qu’il positionne à côté, à l’envers, sans vraiment faire attention à celui qui l’accompagne, jusqu’à ce que des voix vociférantes se fassent entendre, crachant des insultes et des menaces sous le bruit de verres brisés. Ils sont en train de se battre ?!

Passant la pointe de sa langue sur ses premières dents, il tord sa nuque pour tenter d’apercevoir la scène, faisant ensuite le tour du comptoir pour rejoindre la salle en fronçant les sourcils. « Eh oh, on se détend ! » Il a haussé le ton mais les trois tocards ne l’ont pas entendu, poursuivant leur affrontement musclé ; un peu trop, peut-être, car l’un d’eux attrape l’autre pour le basculer vigoureusement sur la table ronde, qui cède sous son poids dans un craquement macabre. « Peut-être c’est sa nuque qui vient de craquer. » Se retournant vers son comparse du soir, il lui dit, déjà saoulé par avance et sans mauvais jeu de mots :  « Bon, c’est le moment où on les fout dehors, non ? »

TW : alcool, violence, injures

Deux dynamiques différentes, deux postures différentes et pourtant ils n’étaient pas si éloigné l’un de l’autre. Si Ryung était plutôt de bonne humeur ce soir, ça n’entache rien au faite qu’il est souvent râleur et que bon nombre de clients l’agace à petite dose et que plus jeune il aurait sûrement réagi comme le fait Sílas. Heureusement qu’à petite dose, ça lui permettait de mettre son masque d’hypocrisie et pas partir en vrille à râler sur tout les clients qui passaient. Après tout, il fallait tenir une certaine bonne image du bar aussi…

Le ciel s’enfonçait vers une nuit sombre et nuageuse tandis que petit à petit le bar se vidait, mais pas totalement. Ancrés sur leur table, des rires si fort qu’un mort pourrait se réveiller, ça faisait soupirer Ryung qui pour être honnête en avait un peu rien à faire de ces types et voulait juste finir le service, commençant à fatigué de la soirée. Alors, l’homme qui a mûri sur certains aspects, reste calme mais est loin d’être naïf. Il sait, il en a vu des gars pareil dans ce bar ou même ailleurs, des gaillards qui se pensent supérieur mais qui ne sont rien que de grandes gueules. Seulement, il leur laisse le bénéfice du doute, sans y croire, simplement parce qu’il applique ce qu’il a appris avec son boss. 1 fois, mais pas 2.

“Oui, mais ils apprendront vite que même avec moi je juge que le client n’est pas roi.”, et c’était vrai. Si le Rat avait une fâcheuse tendance à accepter certaines choses qui lui étaient propre en pensant à tout l’argent que ça pouvait amener, tout les comportements ne sont pour autant pas accepté. Pour lui, le client n’est pas roi à partir du moment où ça manque de respect que ce soit envers d’autres clients, envers le bar ou envers des salariés. Et puis… Ils ont déjà payés.

Un léger sourire s’était afficher sur les lèvres du coréen, qui se mit à essuyer une table non loin du comptoir. Il entendait encore ces rires grotesque, jusqu’à ce que ces hommes remplacent leur rire gras par des insultes et menaces. Verre brisé, Ryung songeait déjà aux multiples dégâts que ces clients pouvaient faire et il était hors de question de devoir débourser un centime dans une réparation. Non, ce n’était pas le moment. En même temps, ça ne l’était jamais pour l’Oncle Picsou.

Sílas s’en occupe, au départ. Bien évidemment, Ryung le seconde assez vite surtout quand il voit et entend la table craquer sous le poids d’un des trois gaillards. Aucune pitié pour ce gars qui vient peut-être de se coltiner un séjour aux urgences, Ryung poussa un long soupir exaspéré face à cette scène. “C’est le bon moment oui.”

Celui qui venait de balancer son (ex)camarade de beuverie s’avançait vers celui-ci, seulement Ryung se mit en travers de son chemin. “Revoilà le chieur de tout à l’heure, bouge toi.”, visiblement énervé, il essayait d’attraper le serveur par l’épaule. Raté pour le bonhomme un peu plus petit que le coréen, Ryung se laissait toutefois attrapé par le poignet pour finir par faire une prise qu’il connaissait par cœur après des années de pratique. Avec sa main libre il donna un coup vers le plexus solaire attrapait rapidement le poignet de l’adversaire. Lui retournant ainsi le bras, il libéra son poignet pour ensuite donner un dernier coup qui n’était pas voué à faire mal, simplement voué à le bloquer et le mettre à terre. Un premier gars était maintenant à terre, sans égratignures -pour le moment-, mais avec un bras et une épaule toujours maintenu à terre par le sorcier. “Le chieur de tout à l’heure préfère que ce soit toi qui bouge. On ne veut pas de mec comme ça dans ce bar, encore moins quand celui-ci doit fermé.”, son ton de voix était désormais froid, sec, beaucoup moins nonchalant. Il ne cherchait pas à parlementer, simplement à faire peur que ce soit à lui ou à un de ses potes et si ça ne fonctionnait pas il irait plus fort que cette prise d’hoshinsul.

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Les exclamations furibondes emplissent la pièce d’injures et de mouvements de lutte, si bien que les deux hommes interrompent chacun leurs gestes pour s’enquérir de la situation ; sourcils froncés et lèvres pincées, le plus jeune s’avance le premier en tordant sa nuque sur le côté pour apercevoir l’attablée houleuse, devenue véritable ring de boxe. Deux hommes, ivres et chancelants, s’éborgnent en coups de poings et rixes verbales tandis que le troisième, tout aussi alcoolisé, les observe simplement en sirotant le fond de son verre, les sommant d’un seul geste de la main pour qu’ils cessent leur affrontement ; une scène misérable qui ne manque pas de le faire soupirer.

Mais quand bien même sont-ils saouls, imprégnés par les dizaines de verre descendus les uns après les autres, chopes qui trônent fièrement sur la table malgré le fait que Ryung en ait déjà enlevé quelques uns, les deux hommes finissent par faire céder la fameuse table, qui s’effondre bien vite sous le poids d’un seul ; ce dernier, déjà heurté par le rude choc subit, se voit en plus douloureusement piqué par les morceaux de verre s’étant retrouvé sous son dos, lui provoquant des gémissements plaintifs pathétiques. Ne serait-ce pas le moment pour intervenir et les faire déguerpir ? « C’est le bon moment oui. » Il avait raison concernant le client qui se croit être le roi mais qui oublie de quoi : il ne dirait pas qu’il l’avait prévenu mais il l’avait prévenu.

Le plus âgé est le premier à s’avancer d’une démarche assurée, accueilli par une phrase dès plus amicale ; si Ryung hérite du plus virulent, Sílas lui, se rapproche du grand blessé, qui gesticule en donnant l’impression d’être une tortue sur le dos. « Vous parlez quelle langue ? » Non pas qu’il ne fait pas d’effort mais les syllabes, agglutinées par l’alcool, rendent le discours totalement incohérent et incompréhensible.  « Faudrait penser à voir une orthophoniste, je pense. » Oui, il est docteur à ses heures perdues, ayez confiance en son diagnostique. « On va se relever, allez ! Vous m’aidez ou vous buvez, vous ? » Demande-t-il à l’homme qui est toujours assis avec son verre, visiblement peu gêné que la table sois à ses pieds, dans un amas de poussières, de morceaux bois éclatés et d’éclats de verre. Comme il ne bouge pas, le coréen comprend rapidement que l’inconnu choisit la deuxième option : boire. Soit. Deuxième soupir qui passe la barrière de ses lèvres, il use de sa télékinésie pour lui arracher la précieuse boisson, qui s’échappe de ses mains en lui provoquant un cri de surprise. « Eh oh l’asticot ! » Faisant claquer ses doigts devant ses yeux hagards pour capter son attention, il pointe ensuite du doigt celui qui se trouve toujours au sol en disant, d’un ton toujours agacé : « J’adorerai le garder comme tapis mais il est un peu bruyant alors, récupérez votre pote ! » L’homme aux joues rouges et aux yeux exorbités se lève enfin, et se penche au-dessus de son camarade de beuverie pour l’aider à se redresser en même temps que Silas, qui se positionne de l’autre côté ; un de chaque côté pour remonter le grand blessé qui pleurniche, rien de plus simple… C’était sans compter sur le silencieux qui, d’un équilibre précaire avec l’alcool dans le sang, part à la renverse dans l’autre sens, emportant de nouveau son collègue dans une chute. « J’suis clairement pas assez payé pour ce job. »

La lèvre supérieure retrouvée dans une grimace, il contemple les deux hommes qui tentent de se redresser par eux-mêmes, tandis qu’il appuie ses mains sur ses hanches. C’est le moment que choisit Ryung pour faire une superbe démonstration de Taekwondo, digne de Kung Fu Panda, obligeant le plus jeune à hausser ses sourcils avec étonnement tout en l’observant. « Le chieur de tout à l’heure préfère que ce soit toi qui bouge. » Bah du coup, non, il ne bouge plus là. C’est pas le moment de le dire ? C’est pas le moment de le dire. « On ne veut pas de mec comme ça dans ce bar, encore moins quand celui-ci doit fermé. » Dan est flippant, Cat est flippant, Ryung est flippant… C’est un bar ou un club de MMA, ici ?

« Je m’occupe de celui-là, hein. Enfin, du duo. » Se retournant vers ses deux boulets, qui ont au moins le mérite de ne pas être violent, Sílas attrape le bras de l’un d’eux pour le tirer de toutes ses forces, afin de le redresser avec plus ou moins de difficulté. « Allez, on va prendre l’air. » Prendre l’air, prendre la porte, prendre congé, il va un peu prendre ce qu’il veut mais dehors ; le soutenant malgré le poids de l’homme enivré, il commence à se diriger avec lui vers la porte lorsque ce dernier, dans un élan de lucidité, s’écrie en interrompant sa marche : « ATTENDEZ J’AI PERDU BOUBOULE » Hein ? C’est le nom de l’autre boulet ? Ok, il est chauve mais quand même c’est pas une raison pour le… « C’EST MON FAMILIER ! » Oui bah, ça aurait pu être le chauve.  « C’est quoi comme animal ? » Appuyant son paquet malodorant contre un tabouret du comptoir, Silas revient sur ses pas en répétant, ayant un peu de mal à croire qu’il est en train de faire ça :  « Bouboule ? Où t’es Bouboule ? » Non, vraiment, il n’est pas assez payé.

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Alors que Ryung s’occupait de celui qui avait causé le plus de problèmes. Il préférait s’occuper de lui, car ainsi les dégâts seraient moindre. Normalement.

Sílas quand à lui s’occupait du blessé. Le troisième était à priori occupé à boire, ça ne semblait pas plus simple même avec les moins emmerdants du lot. Trois bourrés à se coltiner, trois profils différents, trois chieurs de première. Décidément la soirée commençait à agacer Ryung qui décidait donc de passer aux choses sérieuses en bloquant le kéké du jour. Il s’était pensé au-dessus, mais il s’est vite retrouver à terre. Digne du bar Friday 13th, Ryung montrait ainsi ses capacités à gérer les idiots. Bien que comptable officiel du bar, il devait savoir faire plus au vu des activités secrète qui les amenait parfois vers le danger.

Ryung hochait la tête aux dire de l’aéromancien qui précisait s’occuper du duo. “Maintenant tu vas gentiment te relever, si t’essayes de m’attaquer je ne serai pas aussi sympa.”, il était prévenu avec Ryung, au moins ça. Car avec quelqu’un comme Bear ce n’était peut-être pas la même chose par exemple. Il lâchait le gars, mais l’attrapait par le bras pour le relever. “Tu nous dois des sous pour la table et les verres, donc tu vas venir avec moi et payer et après tu te casses.” dit-il avec un regard glacial -ironique pour un pyromancien-. Il l’emmène vers le comptoir, le mec ne disait plus grand chose. Il semblait être un peu redescendu sur terre et encore un peu sonné par la surprise. Mais ils furent surpris par un crie. Bouboule ? Familier ? Quoi ? En allant vers le comptoir, le coréen croisait alors son collègue appeler un certain Bouboule. “Euh… Tu nous fais quoi là ?”, demandait alors Ryung, perplexe face à la situation. “J’AI PERDU BOUBOULE”, gueulait encore l’autre idiot. “Ah. Et du coup t'es obligé de gueuler ?”, fut tout ce qu’arrivait à répondre le pyromancien qui était de plus en plus ronchon à cause de la tournure des évènements. Perplexe, surpris, il avait légèrement relâcher son attention sur le bras de son adversaire qui en profite alors pour s’enfuir. Visiblement apeuré. Quel con pensait le coréen. Mais il ne dit rien, soupirant en roulant des yeux à la place… Ce n’était pas si grave, il savait qu’avec Ferret et Chameleon le retrouver ne serait pas si compliqué. Aucun client partant sans payer n’échappait à la bande bien longtemps.

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Le diction populaire qui dit ‘’deux salles deux ambiances’’ n’a jamais connu celle du Friday 13th un soir de fermeture : ici c’est une salle deux ambiances. Pendant que Ryung tente d’immobiliser le virulent ivrogne ayant tenté de l’abattre avec une attaque plus ou moins avortée, Sílas doit se coltiner un duo aussi improbable que pénible, où le simple fait de relever l’ivrogne n2 constitue un effort considérable, effort point soutenu par l’ivrogne n3 d’ailleurs, qui se retient de finir son verre — ou du moins ce qu’il en reste. « Debout ! » La formule marche aussi bien que lorsque Ron l’a ordonnée à son balai lors de son premier cours de Quidditch : l’ivrogne n2 esquisse de vaines tentatives pour se redresser mais, en vain, puisqu’il retombe inévitablement comme un faon tente de marcher sur un lac gelé. « Bon bah, restez au sol. » Étrangement, là, la demande est exécutée avec aisance. « Tu nous dois des sous pour la table et les verres, donc tu vas venir avec moi et payer et après tu te casses. » Pendant que l’Oncle Picsou règle ses comptes en les faisant, Sílas attrape le bras de l’ivrogne n3, qui a au moins le mérite d’être un peu plus aguerri sur ses jambes, commençant à le guider vers la sortie lorsque la chasse aux trésors débute : après « où est Charlie » voici « où est Bouboule. »

« Il ressemble à quoi, votre familier ? » Demande-t-il à l’attention de l’homme assis sur un tabouret près du comptoir, les coudes et le dos appuyés sur ce dernier, l’air dans le vague. Aucune réponse. En se retournant vers lui, Sílas hésite un instant à faire basculer le tabouret mais, l’effort à fournir par la suite pour remettre sa victime sur ses pieds n’en vaut clairement pas le coup. Alors, gonflant ses joues lisses pour souffler d’agacement, il recommence à chercher le précieux familier en l’appelant, balayant minutieusement la salle du regard et cherchant derrière les décombres de la table fracassée, s’il ne trouve pas une quelconque silhouette animale. « Euh… Tu nous fais quoi là ? » Parce que c’est pas limpide, en plus ? « Je cherche son familier, pour qu’il puisse repartir avec. Sauf si tu veux ouvrir un chenil ici, hein. » Puisqu’il se doute que la réponse est négative, du moins il l’espère, le coréen se remet à chercher le fameux familier perdu dans les décombres de la bagarre ; prenant un morceau de la table dans sa main, il l’envoie machinalement par-dessus son épaule mais le dit morceau atterrit sur la tête de l’ivrogne n2, qui émet un long gémissement de douleur en se redressant assis, aussi rapidement que s’il avait eu un ressors dans le dos. « J’vous avais dit de vous lever. » C’est vrai qu’il l’a dit : preuve, s’il en fallait encore, qu’il faut toujours l’écouter.

« J’AI PERDU BOUBOULE » Ah ! Ivrogne n3 est revenu d’entre les morts. Peut-être qu’il aurait dû y rester. « Ah. Et du coup t'es obligé de gueuler ? » « C’est quoi, votre familier ? Il n’y a rien ici. » Dit-il en se redressant, profitant de l’occasion trop belle pour glisser ses mains sur les aisselles de l’ivrogne n2, le remettant aussitôt sur pieds et le poussant, d’une main appuyée dans son dos, vers la sortie. Si l’ivrogne n2 marche d’un pas hésitant et pas tellement pressé, Sílas fronce légèrement ses sourcils en voyant une véritable tornade passée à côté de lui : l’ivrogne n1 vient de s’enfuir… Quelqu’un a de l’aspirine ?

« Bon, un problème à la fois. » Essayant de garder son calme autant que son énergie, il se positionne devant ivrogne n3 en collant l’extrémité de ses pouces et de ses index, le fixant avec une expression plutôt agacée au visage. « C’est quoi votre putain de familier ? » Un rictus hilare prend place sur le visage de l’ivrogne n3. « Une cafard ! » « Tu m’étonnes. » Marmonne-t-il en haussant ses sourcils, se retournant vers Ryung pour hausser ses épaules avec, semble-t-il, un début d’indifférence. « Ben j’le trouve pas. » « C’est normal je l’ai pas mené avec moi ! » La nervosité passe premièrement dans ses mains qui se crispent, tandis qu’il se recule de quelques pas, remuant légèrement le bout de son nez afin de finalement revenir vers l’ivrogne n3 pour l’attraper par le bras afin de le jeter dehors à son tour. Gardant la porte ouverte, ce qui laisse filer un air frais grandement salvateur contre sa peau, il attend que son acolyte finisse de débarrasser le bar de l’ivrogne n2.

TW : mention de cafard

Les tempes massées légèrement, grimace du plus âgé fatigué de voir cette scène et cette histoire de ‘Bouboule’, il eut un instant de grand embarras en voyant son collègue chercher le soi-disant familier. Peut-être était-ce vrai, mais Ryung et sa méfiance habituelle doutait de la sincérité d’un ivrogne qui venait de se faire frapper.

Et voilà que l’autre ivrogne s’enfuyait. Non mais décidément c’est une belle bande de bêta ceux-là. Pour rester politiquement correct. Avec tout ça, il n’aidait pas vraiment le serveur qui gérait la partie familier perdu. À priori il n’y avait rien, et Ryung sentait venir le coup fourré à plein nez excepté si le familier du gars c’est genre un truc microscopique. Mais est-ce seulement possible ? Il n’y croit pas vraiment…

À priori, le plus jeune perdait patience face à l’ivrogne n3 qui se mit alors à rire. Un cafard… Mouai… Du grand n’importe quoi. Ryung se mit à soupirer d’indifférence en croisant les bras, il avait juste envie de rentrer chez lui car vraiment ces cons l’ennuyait au plus haut point. Dommage, la soirée avait bien commencé. Mais au Friday 13th ce genre de chose arrive fréquemment.

Nervosité du jeune, Ryung observait simplement la scène non sans un petit rictus au coin des lèvres en voyant Sílas jeter dehors le crétin et son cafard invisible. Mais le coréen ne restait pas les bras croisés pour autant. Bien que voyant enfin les prouesses de Sílas lui prouvant que c’était une bonne recrue, il s’approchait de l’ivrogne n2 qui marchait de manière approximative, il semblait découvrir à quoi servait des pieds et des jambes mais ne se pressait pas. L’attrapant par le bras il l’incitait alors à sortir et enfin le bar était désencombrer de ces poivrots.

Fermant la porte derrière lui, retournant le panneau qui indiquait que le bar était fermé il vint souffler visiblement profitant enfin du silence. Enfin presque, la musique tournait encore, mais ça il était habitué ça ne l’embêtait pas. “Enfin tranquille.”, finit-il par dire en partant alors à la réserve pour prendre de quoi nettoyer les conneries de ces trois hommes. “Je pense qu’on est bon pour aller jeter la table… En attendant on peut la mettre à côté de la poubelle dehors, je ne vois que ça.”, en espérant ne pas retomber sur un autre ivrogne du coin ou un de ces trois gars.

TW : alcools, violence physiques

Après avoir cherché Bouboule avec énergie et persévérance — preuve qu’il est vraiment dévoué à ce métier même s’il ne peut plus supporter les clients, à condition qu’il ait déjà pu les supporter par le passé certes, Sílas assiste à une fuite digne d’un film d’action de bas-étage. L’ivrogne n1 s’évade avec autant d’acharnement que s’il s’était trouvé à Guantanamo, alors le plus jeune le suit des yeux en fronçant légèrement les sourcils, appuyant ses mains repliées en poings contre ses hanches, sans trop savoir s’il doit lui courir après ou non… Sans tourner pleinement son menton en sa direction puisque cela lui semble trop risqué, il se contente de zieuter vers Ryung pour constater que… celui-ci ne bouge pas. Du coup, pas la peine de courir ? Tant mieux parce qu’il a les chevilles fragiles (forcément, elles sont énormes). « Euh… On le rattrape pas ? » Demande-t-il juste pour être sûr du projet : le projet étant qu’il n’y en a pas, du coup.

Après l’escapade prodigieuse, c’est l’ivrogne n3 qui a son moment de gloire : le familier qu’il a réclamé n’est pas présent dans cette salle, ce qui pousse le coréen à émettre un grognement agacé, qui n’est pas suffisant pour effrayer qui que ce soit ici. Le rire gras du buveur ne l’empêche pas de l’attraper par l’épaule afin de le conduire vers la sortie sans délai, puisqu’il estime avoir usé toute sa patience pour les six prochains mois. L’imitant, le Rat s’empresse de dégager le dernier soulard de la bande et, fermant la porte après son geste, il permet au plus jeune de les regarder s’affairer à l’extérieur, sans trop savoir s’il doit rire ou pleurer. Pleurer de rire serait un bon compromis. « Ils font des roulades dans la rue. » Il penche son menton de gauche à droite en se murmurant qu’ils sont plutôt souples mais, lorsque l’un d’eux finit la tête écrasée contre le pied d’un lampadaire, il ne peut s’empêcher de pouffer de rire en gardant ses lèvres closes. « Enfin tranquille. » Tout est relatif mais, au moins, ils peuvent finir de remettre le bar en ordre. « Je pense qu’on est bon pour aller jeter la table… En attendant on peut la mettre à côté de la poubelle dehors, je ne vois que ça. » « Je vais t’aider, attends. » Il aurait pu se rapprocher pour ramasser les morceaux de bois avec ses mains mais, plutôt, il reste de l’autre côté de la salle et se contente d’user de sa télékinésie pour que les débris se soulèvent du sol, partant les uns derrière les autres vers la ruelle, grâce à la porte gardée ouverte par l’une de ses mains. Ce n’est pas de la flemme : c’est de l’économie d’énergie.

Il s’apprête à dire qu’il ne leur reste que les verres à laver mais, dans la rue, il entend l’un des ivrognes dire : « EH REGARDE J’AI TROUVÉ UN FRISBEE » Les bras croisés, il penche l’avant de son corps pour regarder ce qui se passe à l’extérieur, se baissant de justesse avant que le dit Frisbee, qui est en réalité la moitié de la table ronde cassée, vienne frapper contre l’encadrement de la porte. « Il aurait pu me péter le nez ! » Oui, c’est la première chose à laquelle il pense. « Vous avez de la chance que Dan soit pas là. » Dan et ses grosses paluches de barbare, assurément, les deux seraient déjà en charpie.

Refermant la porte, il renifle légèrement en passant ses mains sur son nez intact, avant de passer derrière le comptoir pour commencer à nettoyer les verres restants, en les entendant hurler à la mort dehors… Ils ne vont donc jamais partir ?

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Bras croisé, il n’a pas chercher à rattraper celui qui s’est enfui. À quoi bon ? Ryung savait que Ferret ou Chameleon seraient sur le coup au besoin, ou même lui dans les prochains jours. Sílas n’en savait rien, car il n’avait pas encore connaissance des talents d’informateurs des deux collègues.

Un ivrogne en moins à gérer, il en restait deux autres. Tout finit par se régler, du moins en partie. Dans la rue c’était autre chose. Tandis que le Rat fermait la porte, les gaillards semblaient faire des roulades dans la rue. Soit. Malgré les lèvres closes, il perçoit l’amusement de son collègue et il faut avouer que ça l’amuse légèrement aussi face au ridicule de la situation. Mais il passe à autre chose à savoir s’occuper du bar. L’aéromancien fut d’une aide plus qu’utile puisqu’avec un peu de télékinésie les restes de la table partaient vers la ruelle tout se passait bien, mais… les revoilà.

La moitié de la table ronde revint tel un frisbee, frappant l’encadrement de la porte. Ryung sursauta sur le moment et s’était éloigné de la porte de justesse. “Putain ! Ils sont vraiment cons !”, sûrement la première fois depuis le début de la soirée que Ryung montrait sa perte de patience. “Au moins ils ne t’ont pas eu.”, finit-il par dire au plus jeune. Il n’avait pas envie que le serveur soit blessé, pas par compassion ni rien, leur relation n’est pas à ce stade, simplement il n’a pas envie d’aller aux urgences ce soir et ça l’embêterait que Sílas ne puisse pas travailler les prochains jours à cause d’ivrognes pareil.

Les deux hommes finirent par continuer de nettoyer le bar, mais les idiots dehors continuaient. Encore. Musique éteinte, on entendait plus qu’eux maintenant. Mais une bonne nouvelle vint égayer la soirée. Tandis que Ryung passait un coup de balai dans les lieux, il finit par trouver un porte monnaie. Oh… ça il aimait. Ouvrant celui-ci il vit une pièce d’identité et reconnut celui qui s’est enfui. “Ah bah voilà regarde ce que j’ai trouvé.”, dit-il au sorcier. “Ce con s’est enfuie mais a oublié son porte-monnaie, au moins il payera pour la table comme ça.” et tout le monde était content.

Posant le porte-monnaie sur le comptoir, il eut une petite surprise à nouveau en regardant sur le côté : le saoulard qui avait soi-disant perdu son familier toque à une fenêtre et colle sa tête contre celle-ci en faisant des grimaces. Se massant les tempes il soupirait. “C’est une espèce invasive qu’on a là. Je crois que c'est lui le véritable Bouboule.”, léger trait d'humour de la part du Rat, la fin de soirée commençait à être longue et cette histoire de Bouboule restera certainement gravé à jamais dans les annales du bar.

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Ayant échappé de peu à une attaque de Frisbee lancé à toute vitesse contre l’encadrement de la porte entrouverte, le coréen à tout juste le temps de venir frotter la ligne droite de son nez inchangé, lorsque son comparse fait entendre sa voix dans une élocution qui retranscrit à merveille la colère grandissante qui vient saisir jusqu’à ses traits. « Putain ! Ils sont vraiment cons ! » C’est un bon résumé de la situation, mais Sílas n’avait pas besoin qu’il le dise pour le savoir : il arrive à les repérer lui-même, les cons. Et il y en a beaucoup trop qui passent la porte du bar d’ailleurs. « Au moins ils ne t’ont pas eu. » Il a eu de la chance dans son malheur, même si la chance doit quand même sacrément se moquer de lui pour le mettre dans une telle situation. « On va dire ça, oui. » Pendant que les ivrognes continuent de prendre le trottoir pour un parc d’attraction, il referme soigneusement la porte avant de retourner derrière son comptoir, entreprenant de nettoyer les derniers verres abandonnés par la fine équipe de gymnastiques oeuvrant à l’extérieur.

Ayant presque achevé sa tâche, il lève un sourcil curieux lorsqu’il voit revenir Ryung en sa direction, arborant une expression davantage réjouie, malgré les exclamations furibondes venant de dehors. « Ah bah voilà regarde ce que j’ai trouvé. » Essuyant un verre avec un torchon propre avant de le déposer à l’envers à côté de l’évier, Sílas pose les yeux sur le fameux porte-monnaie, sans trop savoir ce qui égaye autant les pensées de son interlocuteur. « Ce con s’est enfuie mais a oublié son porte-monnaie, au moins il payera pour la table comme ça. » Les mains du serveur s’immobilisent tandis que ses paupières battent à plusieurs reprises, ne partageant pas vraiment la mine satisfaite du comptable puisque, de son point-de-vue — et puisqu’il n’a pas connaissance de ce que contient précisément le porte-feuille ni les intentions de son comparse, si Ryung parle des billets, c’est proche de l’escroquerie puisque faisant l’acquisition d’un objet à partir d’une somme qui ne lui appartient pas, et qui a donc été détournée. « Et qu’est-ce que tu comptes faire ? » demande-t-il en essuyant ses propres mains avant de quitter le comptoir pour jeter une oeillade à l’extérieur, pouvant observer, à loisir, les pitreries de l’ivrogne n3 collé contre la vitre, semblable à une gargouille déformée. « C’est une espèce invasive qu’on a là. Je crois que c'est lui le véritable Bouboule. » Si un soupir passe la barrière de ses lèvres, il ne trouve pas la force d’en rire tant il se sent usé par la situation. « On peut toujours sortir par derrière mais… » Mordillant le coin de sa lèvre, il se retourne vers Ryung pour lui demander, avec un brin d’hésitation : « Ça ne risque rien ? Faudrait peut-être les faire partir. » Pour de bon, cette fois.

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Bar en cours de nettoyage, prêt à être fermé bien que les bêtises des gars dehors continuaient et tapaient un peu sur le système du coréen, celui-ci finit par être plutôt satisfait en trouvant le porte-monnaie de celui qui devait payer pour la table. Comme il l’aurait fait face à un membre de la bande, Ryung partage l’information avec le serveur même si ce dernier n’est pas familier des agissements en douce de Ryung et de ses collègues. Qu’est-ce qu’il compte en faire ? Cette question interrogeait un peu le brun, peu habitué à autant de sérieux face à cette nouvelle. Il faut dire qu’il y avait plusieurs possibilités… Se servir directement dans le porte-monnaie avant de le rendre discrètement pour ne pas se faire griller (une chose que l’ancien voleur a fait de nombreuses fois, initié par Pearl à cet art), le rendre gentiment sans faire d’histoires (mais ce n’était pas son genre), ou bien attendre que le gars revienne de lui-même s’il n’a pas peur et lui demander de payer au même moment (une proposition qui peut intéresser Ryung). Face au serveur, le plus âgé se dit qu’il valait mieux rester dans la sécurité, ne pas lui laisser percevoir son passé de voleur tout comme son présent de revendeur. “Si on le garde dans les parages, le gars devrait revenir et donc on peut en profiter pour qu’il paye ce qu’il a cassé. En attendant… Dans les objets trouvés.”, dit-il un peu plus sérieusement venant caser le porte-feuille dans une boîte où traînait certaines objets non récupéré. Il verrait avec Cat demain, concernant la table et ça ne regarderait pas nécessairement Sílas.

Pour le moment, ce qui les regardait tout les deux c’était deux yeux déformés par une vitre, grimaçant tel un zombie en manque de cervelle. Sílas se posait la question, hésitant, s’ils pouvaient vraiment partir sans rien craindre pour le bar. Ryung n’était pas trop confiant non plus de laisser le commerce comme ça. “Tu as raison. Après je ne sais pas trop comment. Je peux bien les aveugler temporairement mais ils vont hurler.”, le pyromancien était à court d’idée, et s’ils sortaient tout les deux pour les emmener loin du bar ils laissent le bar sans surveillance et ils ne sont pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Modeler de la roche ne servirait pas à grand chose, et faire du feu même dans une poubelle n’aidera peut-être pas.  “Tu sais faire une grosse rafale de vent pour les envoyer loin ?”, il n’était pas vraiment sûr de sa proposition, étant à vrai dire peu sérieux en proposant ça, mais qui sait ? Cela peut fonctionner sur un malentendu. Un coup de vent peut peut-être les dégriser, qui sait ?

Ryung n'a pas vraiment d'idées autre à dire vrai. Et puis... Ils étaient vraiment devenus incontrôlable. Alors que Rat cherchait une idée, l'idiot qui n'était pas le nez collé à la vitre se mit à lancer une pierre contre la porte. Heureusement ça ne touchait que la porte et ce n'était pas une vitre, mais décidément ils aimaient lancer n'importe quoi. “Sinon on leur lance des trucs nous aussi.”. Un peu plus sérieux dans cette proposition, il désespérait un peu.

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La trouvaille, précieusement déposée sur le comptoir comme une relique hautement estimée, attire la curiosité de l’un et l’appétence de l’autre ; le premier le considère avec méfiance quand le second l’entrevoit comme une solution au problème posé. Mais si Sílas ne soupçonne rien de tangible, puisqu’il n’a, à l’heure actuelle, aucune raison d’imaginer que des affaires douteuses sont à l’oeuvre entre ces murs, il ne peut s’empêcher d’éprouver un certain malaise quant au fait de conserver le porte-monnaie en ces lieux, alors que ce dernier pourrait simplement être rendu aux crétins encore dehors, et qui auront tout le loisir de le restituer à son propriétaire. « Si on le garde dans les parages, le gars devrait revenir et donc on peut en profiter pour qu’il paye ce qu’il a cassé. » Ses opales mordorées braqués sur son vis-à-vis, le coréen presse ses lèvres dans un sourire aussi forcé que maigre, qui s’éternise pas sur ses lippes, ses paumes appuyées sur le bord du meuble. « En attendant… Dans les objets trouvés. » Le porte-monnaie rejoint effectivement la petite boite emplie de babioles perdues ou abandonnées, mais cela ne réconforte pas tellement le plus jeune, qui ne peut s’empêcher de sentir sa nuque se tendre. Ne sachant où et pourquoi cette méfiance s’est articulée, il tente de ne pas y accorder trop d’importance pour le moment.

Pour l’heure, sa seule aspiration est de rentrer chez lui mais, force est d’admettre que la présence des ivrognes grimaçants derrière la vitre ne recèle rien de rassurant ; dans quel état vont-ils retrouver le bar, demain ? « Tu as raison. » Comme toujours, mais on l’a déjà dit ! « Après je ne sais pas trop comment. Je peux bien les aveugler temporairement mais ils vont hurler. » Sans avoir changé la position de son buste, il soupire en portant son menton en direction de la ruelle joyeusement animée, ne pouvant s’empêcher de se demander comment les voisins peuvent rester de marbre avec tant de vacarme sous leurs fenêtres. « Ils m’ont l’air suffisamment déchaînés… » S’il n’y a aucune animosité dirigée envers son aîné, le musicien commence sérieusement à perdre patience vis-à-vis des alcooliques qui émettent des ricanements de hyènes derrière la porte, les provoquant avec un plaisir non dissimulé. « Tu sais faire une grosse rafale de vent pour les envoyer loin ? » « Tout dépend ce que tu entends par loin… » Grimaçant légèrement, il passe sa main dans ses cheveux en se retournant finalement vers son acolyte. « Je peux les éloigner de quelques mètres mais je ne suis pas l’immigration, ils ne vont pas sortir du quartier. » Comme il n’a pas d’idées plus lumineuses que Ryung, Sílas grimpe sur un tabouret pour s’y assoir, appuyant ses coudes contre le comptoir en gonflant ses joues pour soupirer, commençant à ressentir la fatigue l’envahir, sursautant presque lorsque la pierre vient ricocher contre la porte. De mieux en mieux. « “Sinon on leur lance des trucs nous aussi. » Une idée germe dans son esprit, si bien que l’illumination se répercute jusqu’à ses traits qui se détendent tout à coup, propageant même un sourire mutin à sa bouche. « Je peux les assommer sans faire exprès. Ils feront une longue sieste jusqu’à demain matin. » N’hésitant qu’à moitié, il pivote un instant son menton vers la ruelle puis vers Ryung, ayant l’air d’attendre l’avis de son compère avant de passer à l’action, sans perdre son sourire espiègle. « Je serais leur marchand de sable. »

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Être tranquille à la fermeture du bar, c’était parfois trop demander. Cela dépend des soirs, ça dépends des jours, sur qui on tombe aussi, mais il arrive quand même fréquemment que des gens bourrés et cons ralentissent la fermeture. Par contre, qu’ils continuent de faire les crétins dehors devant le bar ça arrive un peu moins souvent.

Là on arrivait à un cas où ils se collaient à la vitre en imitant des zombies en plus de vouloir jeter des choses sur le bar. Au bout d’un moment, ça devenait fatiguant et il fallait vraiment s’en débarrasser pour ne pas retrouver leur lieu de travail sans dessus dessous le lendemain matin. Ils étaient ceux qui travaillaient ce soir alors ils devaient assurer la sécurité du bar à l’intérieur comme à l’extérieur. Et même si les affaires allaient bien, Rat ne voulait vraiment pas s’amuser à devoir payer pour des réparations.

Ainsi, le comptable réfléchissait un instant. Les aveugler, mauvaise idée, comme dit le serveur en face de lui ils sont suffisamment déchaînés on ne va pas les faire hurler plus. Idée en l’air que l’aéromancien les envoient loin avec une rafale de vent, il ne savait pas vraiment si ça pouvait se faire et n’était pas totalement sérieux. Il manquait juste d’idées. “Ouai j’imagine bien, après c’est toujours ça de pris ça peut les calmer et les empêcher de venir, mais on est pas à l’abri à ce qu’au contraire ça les énerve et qu’ils reviennent.”, les idées manquaient, ils fatiguaient tous les deux. Une pierre fut lancée contre la porte, ce qui amenait Ryung a proposé l’idée saugrenue de lancer à leur tour des choses. Las, pas plus d’illuminations que ça, c’était tout ce qu’il avait en tête, mais à priori ça inspirait son collègue qui eut un sourire espiègle. “Carrément, je peux sortir les occuper ce qui te permettra de passer à l’action sans trop de soucis.”, même s’ils étaient saoul, faire diversion était préférable.

D’un commun accord, c’était parti pour s’occuper de cette manière des deux crétins. Ryung prit son manteau, sortant alors du bar, attendant tout de même qu’une nouvelle pierre soit lancée. En effet, l’un d’eux s’était préparer pour une nouvelle attaque et le coréen avait anticiper. La pierre se mit à ricocher contre la porte et Ryung, observant un instant la fenêtre, jugeait que c’était bon, il pouvait sortir. Ramassant au passage un des cailloux, il jouait avec dans sa main. “C’est pas très malin de lancer des pierres contre le bar vous savez.”, il eut un petit sourire espiègle, voulant leur faire croire que c’était lui qui allait s’occuper des représailles, mais il n’en était rien. Pour une fois.

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Excepté lorsque le sujet est celui de la musique — et plus particulièrement du piano, il n’est pas d’une patience franchement remarquable, Sílas, et s’il a supporté les déboires des alcooliques depuis plus d’une heure, c’est uniquement parce qu’ils se déroulent sur son lieu de travail. Il n’est pas de mauvaise volonté, mais il a épuisé sa capacité à endurer la lourdeur et la connerie des autres — mais il supporte toujours aussi bien la sienne, bizarrement. Et connerie ou pas, il lui vient l’idée d’assommer les ivrognes pour les mettre hors circuit pour le reste de la nuit : il faut parfois user de grands moyens lorsque la situation l’exige et, dans la présente situation, il exige de rentrer chez lui. “Carrément, je peux sortir les occuper ce qui te permettra de passer à l’action sans trop de soucis.” La connerie, ce soir, est contagieuse puisque Rat, qui est un homme pour le moins réfléchi et sensé, trouve que son idée fumeuse en est une bonne : il n’en faut pas moins à l’ancien pianiste pour retomber sur ses jambes d’un air triomphant, à la fois surpris et fier qu’on retienne sa proposition qui, même pour lui, paraissait foireuse. ’’Sérieux ?’’ Un sourire enjoué se dessinant lentement sur ses lèvres, il sort un paquet de chewing-gum à la fraise de sa poche afin d’en glisser un entre ses lippes, tendant ensuite ledit paquet en direction de son complice, attendant qu’il en prenne un — ou pas, avant de le ranger. C’est son moment de gloire : il n’a jamais eu à assommer des ivrognes avant ce soir !

Faisant ricocher la sucrerie contre ses dents, il observe le plus âgé qui s’avance en premier en faisant une bulle rose avec son chewing-gum avant de le suivre, marchant dans ses pas en se tenant à bonne distance, ne voulant pas attirer l’attention sur lui puisque les ivrognes doivent être pleinement fixés sur Rat. Pendant que ce dernier commence à discuter avec eux, en jouant avec des pierres qu’il manie dans sa main de manière visible comme s’il s’apprêtait à leur balancer à la gueule, le plus jeune balaye la rue du regard en cherchant un objet pour les assommer : il lui faut quelque chose de suffisant épais pour les rendre inconscients mais pas les tuer, mais pas trop fin sinon ils auront simplement une égratignure et ils seront encore plus déchaînés. c’est plus facile dans les films, pense-t-il en grimaçant, apportant une main à sa mâchoire pour frotter la peau de son visage d’un air indécis. Finalement, lorsque ses yeux effilés se posent sur un morceau de bois issu de la table cassée, de forme ronde et qui lui semble suffisamment épais, il renifle discrètement avant de remuer le bout de son nez, croyant avoir dégoté l’arme parfaite pour réaliser son plan.

Et c’est ainsi que, pendant que Rat joue avec ses pierres, il peut constater qu’un morceau de bois plus ou moins arrondi lui passe à côté pour aller frapper le premier homme à la tête, ce dernier poussant un râle de douleur avant de tomber au sol, rapidement suivi des deux autres. L’un d’eux, ayant peut-être le crâne plus dur, tente de se relever mais peine grandement à la tâche, et Sílas se rapproche alors en mordillant nerveusement l’intérieur de sa joue, sans le quitter des yeux. ’’Il est solide, celui-là…’’ Ce qui ne le remplit nullement de joie puisqu’il veut toujours rentrer chez lui : il se retourne donc vers son complice en lui disant, bien embêté : il s’apprête à demander à Rat ce qu’ils doivent faire, mais l’homme tombe finalement sur le trottoir dans un râle, obligeant le plus jeune à écarquiller ses yeux quand il marmonne, inquiet : ’’Il est pas mort, hein ?!’’ Non, vraiment, il veut rentrer chez lui. C’est donc pas le moment de mourir.

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La fatigue se faisait sentir de la part des deux hommes à partir du moment où celui qui paraissait souvent le plus sérieux acceptait l’idée du plus jeune. Idée qui pouvait apparaître comme une véritable connerie d’un certain point de vue, c’était là la seule solution en tête pour s’en débarrasser vite et pouvoir rentrer. Ces sorciers bourrés étaient aussi collant que du chewing-gum accroché à votre basket et il fallait vraiment faire quelque chose au lieu de rester les regarder jusqu’à ce qu’ils s’épuisent.

En parlant de chewing-gum, Ryung acceptait celui tendu par le serveur tout en signalant par un signe de tête qu’il était sérieux et le remerciait. Au moins, mâcher lui ferait oublier la faim qui commençait à le tirailler. - Heureusement il lui restait un peu de tarte aux épinards préparé gentiment par son voisin, boss et ami Alaois, la veille. - Il ne manquait plus que de se débarrasser des idiots scotché dehors face au bar. Soit… C’était parti.

Bonbon entre les dents, venant faire un peu de bruit, il sortait sans se laisser démonter par ces gars prêt à jeter tout et n’importe quoi sur la façade. Caillou ramassé, c’était à son tour de jouer avec les nerfs des anciens clients pour leur faire croire qu’il allait aussi leur lancer des pierres en pleine figure. Il voyait sur la tête d’un des ivrognes qu’il n’était pas bien rassuré. Au moins, ça fonctionnait. Silas pouvait faire le job sans risquer d’être emmerder car tout les regards se posaient sur Rat.

Le pyromancien s’amusait à transformer la matière entre ses mains, la rendre plus dangereuse pour leur faire peur, mais ils ne fuyaient pas ces idiots, ils continuaient à regarder bien que l’un d’eux n’était pas rassuré. Leur attention était captive laissant le champ libre à l’aéromancien pour attaquer. Un homme à terre, vite suivi. Un homme résistait, pour finalement tomber. Ryung qui avait lâcher le caillou, s’approchait tout en étant visiblement perplexe face à la situation ayant, l’espace d’un instant, un doute sur la condition de cet homme. Il espérait vraiment que la connerie n'avait pas dépassé les bornes, si on pouvait éviter les détectives au bar et sur le dos du jeune serveur, c'était mieux. “Quand même pas…”, il se mit accroupis face au corps qui était tomber lourdement sur le trottoir et passait son doigt sous le nez pour vérifier s’il respirait. Quelques secondes s’écoulaient, de longues secondes de doute et finalement au-delà de la respiration pouvant se sentir sur la main froide du sorcier, c’est un ronflement à réveiller tout un immeuble qui se dit entendre. “Même en dormant il fait un vrai boucan celui-là.”, maugréait Ryung avant de se relever. “Il va bien, comme tu peux le voir et l'entendre, il dort.”, disait-il pour rassurer le plus jeune. “Je pense qu’on peut vraiment rentrer chez nous cette fois, non ?”, car ça devenait long, ça ne s’arrêtait pas. À ce titre, il ne put s’empêcher d’observer les autres gars autour de lui pour vérifier s’ils étaient tous bien à terre pouvant permettre aux bosseurs de nuit de rentrer chez eux.

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C’est sûrement une idée à la con, dans le fond, d’assommer des gens ivres pour se débarrasser d’eux, et si ce n’est pas une idée à la con, Sílas est presque sûr que ce n’est pas franchement légal de le faire — sans savoir que l’aspect légal, dans cet endroit, c’est pas ce qui prime, mais ces deux pensées annexées à la lassitude et la fatigue ne l’empêchent pas de le faire pour autant, puisqu’il use bien d’un morceau de la table cassée pour les forcer à s’assoupir, les regardant tomber l’un après l’autre en étant, tout à coup, plus très sûr que l’idée à la con devait être appliquée. “Quand même pas…” Il retient son souffle quand Ryung part vérifier que l’inconnu respire encore, lui, ses sourcils se fronçant d’inquiétude et ses dents s’accolant les uns aux autres tandis que sa lèvre supérieure se retrousse, les épaules remontées et légèrement rentrées vers l’intérieur de son corps. ’’Alors…?’’ Fébrile, la voix incertaine et tous ses muscles tendus, il attend que la sentence tombe, mais c’est finalement un long et bruyant ronflement de la part du dormeur qui vient faire retomber sa montée d’angoisse ’’Oh putain…’’ marmonne-t-il tandis que ses épaules chutent et qu’il apporte sa main à son front, pivotant sur ses pieds pour détourner le regard un instant. “Même en dormant il fait un vrai boucan celui-là.” Le commentaire de son acolyte le faisant souffler un air amusé par le nez, Sílas hausse ses sourcils en se retournant vers lui, tout de même soulagé d’être débarrassé des lourdauds alcoolisés. “Il va bien, comme tu peux le voir et l'entendre, il dort.” — ’’Heureusement, oui. J’ai pas envie de retourner en prison.’’ laisse-t-il filer sans véritablement s’en rendre compte, les yeux fixés sur le ronfleur tout en mordillant l’intérieur de sa joue, avant que Ryung prononce enfin les mots réjouissants tant attendus “Je pense qu’on peut vraiment rentrer chez nous cette fois, non ?” puisque l’annonce le fait sourire et lui fait presque oublier qu’il a failli tuer un homme (trois en réalité mais c’est un détail superflu), si bien qu’il redresse sa nuque en affichant un sourire radieux. ’’Oui, je pense qu’on a assez donné pour ce soir.’’ craignant peut-être que la situation leur échappe encore une fois, le plus jeune ne perd pas de temps avant de rentrer dans le bar pour aller chercher ses affaires, enfilant sa veste et récupérant ses effets personnels avant de retrouver son acolyte du jour. ’’On ferme, c’est bon ?’’ Non pas qu’il est pressé de retrouver son lit, mais un peu quand même.