[abandonné] just a little late, I found you

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Sílas soupire pour la énième fois de la soirée — c’est à se demander s’il lui reste de l’air dans les poumons à ce rythme — en maugréant dans la barbe qu’il n’a pas que, si son ami ne débarrasse pas le plancher dans les cinq secondes, il va probablement l’étriper à mains nues, et même la menace du sang ruinant son parquet n’est pas suffisante à défaire cette envie bien ancrée dans son crâne ’’Hein... ? Bah... partir où ?’’ - ’’Non mais t’es con ou quoi ?’’ il possède déjà la réponse et n’a pas besoin d’en entendre une autre, si bien qu’il reprend aussitôt en fulminant presque de colère ’’Chez toi, bordel !’’ ou ailleurs qu’il se retient de rajouter, parce qu’il se fout pas mal de savoir où le petit emmerdeur va loger après avoir quitté son appartement, le plus important tient dans ce détail : qu’il se barre ’’C'est... bien, là, non ? On est bien...’’ le pianiste est à présent certain d’avoir commis des actes hautement répréhensibles dans sa vie antérieure ’’Tu te fous de ma gueule ?’’ juste pour être sûr, n’est-ce pas ’’Non mais t’endors pas !’’ désespéré, il se rapproche du comptoir en regardant le guitariste qui a logé sa figure entre ses bras, visiblement assez détendu pour balayer ses sommations d’un revers de cils.

Il est bien placé pour savoir à quel point l’opium le rend aussi sourd qu’aveugle mais, en cet instant, il se fiche pas mal des états d’âme de celui qu’il a longtemps considéré comme un ami ’’C’est pas vrai…’’ qu’il marmonne avec nervosité en soupirant encore une fois, avant de sortir son portable de sa poche pour appeler Camille, en ne faisant pas vraiment attention à l’heure — est-ce qu’il a déjà considéré les horaires avant d’illuminer la vie de son meilleur ami ? ’’Dépêche toi de rappliquer chez moi : il y a un mec qui veut pas partir !’’ Camille n’est, certes, pas le plus courageux ni le plus vaillant de son répertoire, mais le coréen sait qu’il ne lui tournera pas le dos après les mots qu’il vient de prononcer, juste avant de raccrocher pour appuyer l’effet dramatique.

Après un trop long malentendu comme seuls Camille et Sílas ont le secret, c’est le premier qui a l’idée de fouiller dans le téléphone d’Aydan pour dénicher son adresse, pendant que le pianiste s’acharne à nettoyer le comptoir pour passer ses nerfs - et pour éradiquer les microbes, sait-on jamais. Et les voilà donc, encore fourrés dans une histoire pas possible, à raccompagner le malheureux guitariste qui ne doit pas vraiment comprendre ce qui lui arrive entre ses deux accompagnateurs, qui le laissent néanmoins au chaud dans son lit, non sans lui avoir malencontreusement (ou pas) cogner sa tête contre l’encadrement de la porte de sa chambre. ’’Oh ça va, j’ai pas fait exprès !’’ qu’il  se défend en regardant Camille, marmonnant ensuite à voix basse un ’’De toute façon, il n’y a pas grand-chose à casser là-dedans.’’ frottant ses mains l’une contre l’autre comme s’il venait d’accomplir une sale besogne, le coréen hausse les sourcils devant la vision qui s’offre à lui - se retenant à moitié de sortir de quoi faire le ménage, puis décrète un ’’On se barre.’’ qu’il applique à la seconde où il le prononce. Qu’est-ce qui va arriver à Aydan ? C’est plus son problème.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god