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[Abandonné] We own the night (ft Peryn)

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WE OWN THE NIGHT
21.11.23




   Peryn et Alba, c’est un duo qui aurait mieux fait de ne jamais se croiser. Non pas que les deux jeunes se détestent, bien au contraire. Dès leur première rencontre une connivence, complicité même, bien manifeste et dangereuse, s’est instaurée entre eux comme une évidence. Un soir qu’Alba n’était pas fatiguée après le travail et n’avait personne avec qui sortir, elle avait joué les piliers de bar dans le pub où Peryn officiait. Ils avaient rapidement échangé, avant de passer la fin de la soirée à faire la course dans des caddies dans le parking vide d’un supermarché. C’est ça, Peryn et Alba, se retrouver après leurs services respectifs pour faire des âneries ensemble. Oh, jamais rien de bien grave, pas de vandalisme ou de grand banditisme, non pas qu’Alba y aurait dit non. Juste deux grands enfants qui cherchent à évacuer la pression.

   Ce soir à nouveau, Alba se retrouve à traîner dans son vingt-cinq mètres carrés sans trouver le sommeil. Elle sort son portable : 1h15. Peryn ne sera sûrement pas rentré du travail à cette heure-là. Elle n’est même pas sûre qu’il ait terminé. En semaine, les horaires de ce genre d’établissement ont tendance à varier selon l’affluence de la clientèle. Message, Peryn [Abandonné]  We own the night (ft Peryn) 1f608 : toi, moi, de la weed, une entrée mal fermée du théâtre de Leith, ça te chauffe ? Sans attendre de réponse de sa part - elle est sûre qu’elle sera positive, et quand bien même il dirait non elle en profiterait seule - elle dépose un baiser sur le crâne écaillé de Guadalupe, lové dans une écharpe, attrape son sac à main, y glisse sa Ventoline et sort de l’appartement.
   Le théâtre est situé bien plus au nord du quartier de Leith, bordé par la mer, à une demi-heure de marche. Alba, aussi solaire soit-elle, est un oiseau de nuit ; l’odeur saline et le calme nocturne apaise son esprit électrique. Ce soir, elle n’a pas envie de se défouler, juste de s’asseoir et de discuter. Apaiser son cerveau de toutes ses anxiétés. D’habitude, c’est Lucius qu’elle aurait appelé. Mais l’oniromancien lui aurait apporté des solutions trop concrètes, aurait proposé de l'aider à s'endormir. Et bien qu'elle l'aime de tout son cœur, ce soir ce n'est pas de ses soins dont elle a besoin mais juste d'extérioriser. Si elle ne sait pas grand chose des tourments qui habitent Peryn elle le connaît néanmoins suffisamment pour savoir que sa tête aussi est un volcan en éruption et qu'il saura la comprendre.
   Arrivée vers le théâtre, elle prend en photo une ruelle adjacente qu'elle envoie à son comparse avant de s'y glisser et de pénétrer dans le grand théâtre par une porte dérobée que le concierge ne ferme jamais à clef afin de pouvoir sortir fumer sa cigarette quand il l’entend. Alba l’a vu faire il y a une demi-dizaine d’années, et depuis, le théâtre qu'elle n’a jamais l’occasion de fréquenter au quotidien est l'un de ses lieux de pèlerinage nocturne favoris. Elle s’y sent au cœur du monde et seule au milieu de l'onde à la fois. Elle peut se terrer sur un siège à rêvasser de ce à quoi pourrait ressembler sa vie comme se tenir au milieu de la scène et hurler dans le vide la fable de sa propre existence. Et puis il y a les coulisses. Ce serait mentir que de dire qu'elle n’y a jamais emprunter quelque pièce de costume ou accessoire qui aurait accroché son regard de pie. Mais pas ce soir.
   Elle traverse le couloir des loges en silence, sans allumer la lumière. Elle connait le chemin vers la salle de représentation et ses dorures par cœur. Mais quand elle ouvre la porte, une silhouette se dessine déjà dans le noir. Il ne devrait y avoir personne ce soir. Qui va là ? Alba se gifle intérieurement face au cliché de sa réplique, bien digne d’une comédie de mœurs qu’on aurait joué il y a deux siècles sur cette même scène. De ses mains émanent une lumière suffisamment vive pour désarçonner la personne en face et pour qu’elle-même reste masquée.

Crédits ; theplastichearts & hayleyrism

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TW Violence verbale, stress

Cent balles. Quel fils de pute. Cent balles pour un renfort en urgence, prévenu une heure en avance, parce que son dernier cuistot venait de claquer la porte. Cent balles pour assurer un service seul dans une cuisine qu’il ne connaissait pas, à se défoncer comme un chien pour ne pas faire attendre les clients, tenir la cadence toujours, ne pas se laisser déborder, ne pas se laisser bouffer. Je te sauve ta cuisine une soirée et je mérite, quoi, dix balles de l’heure ? Et t’as cru que j’allais dire merci ? La porte du vestiaire claque derrière lui, sac en bandoulière. Le bâtard est là, dans la cuisine, et il se plante devant lui, s’imposant de toute sa carrure comme s’il pouvait encore l’intimider. « Un service ça se finit quand la cuisine est propre. » Le palpitant rate un battement. Peryn sent l’orage venir, la moutarde lui caresser le coin du nez. Il plisse les lèvres et hausse le menton pour dévisager son patron d’un soir, le jauger dans les yeux – parce qu’il ne s’écrasera jamais plus face à un tas de merde. Il a donné.

« Oui. Tu penseras à bien astiquer le frigo surtout, mon grand. » Il avance d’un pas. L’homme se décale pour le bloquer. « Tu vas faire quoi, hein ? Tu vas me taper ? Tu vas me séquestrer ? Non. Tu te démerdes. Je vais être poli, une dernière fois : laisse-moi passer. » Un instant s’étire pendant lequel les deux hommes se jaugent du regard, réfléchissant à leurs options. Les mains de Peryn s’ouvrent et se ferment mécaniquement comme pour évacuer la tension et éviter de l’empoigner de suite. Finalement, l’homme se décale, et Peryn s’engouffre aussitôt par la porte. « Et que j’te revois pas trainer par ici ! »

La clé tourne deux fois et la porte s’ouvre en grinçant. Peryn entre, contourne un premier carton, allume la lumière – la porte claque derrière lui – et balance son sac dans un coin. D’un pas lent, il se dirige vers sa cuisine, contemple le post-it rose collé au carrelage blanc au-dessus de son évier : Pense à faire des courses, ducon. Grognement. Appuie sur le bouton de la bouilloire et s’adosse à la fenêtre. Le portable vibre, main tâtonne dans ses poches pour le sortir. Alba : toi, moi, de la weed, une entrée mal fermée du théâtre de Leith, ça te chauffe ? Un sourire se dessine brièvement sur son visage.

Alba, c’est l’imprévu qui passe par la fenêtre. Un visage confus dans la foule d’abord, une silhouette de passage sur laquelle on ne s’attarde pas puisqu’elle n’est probablement que mirage, mais quelque chose se passe. Au-delà des mots, ils se comprennent sans se connaître. La silhouette se dégage de la foule, les mots se délient et avec eux les premiers défis aussi – parce que c’est l’humeur du moment, de s’évader de la réalité crasse pour être, simplement. Il pensait qu’elle se défilerait, n’était pas prêt à ce qu’elle en remette une couche, et voilà qu’ils déambulent sur des caddies dans un parking vide, à qui fera le plus de tours sur lui-même, à qui ira le plus vite. A qui courra le plus vite, quand un caddie s’échappe dans une pente et va s’écraser contre une voiture, alarmes affolées. Cela fait du bien d’être cons. Ils ne se connaissent pas vraiment, ne se posent pas plus de questions que cela et ne s’ancrent surtout jamais dans aucun sujet sérieux, mais pétillent ensemble sur ce chemin qu’on interdit normalement aux adultes.

Le théâtre de Leith. Le bâtiment n’est pas laid en soi quoi qu’assez austère, malgré les efforts notables pour arrondir ses angles et enjoliver ses façades par quelques vitraux ou balcons de fer ouvragé. Il pourrait même être plaisant si Peryn n’avait pas une telle méfiance de ce que représentait un théâtre : du jeu et du faux, des masques élevés en art pour distraire une foule qui admire cette faculté à changer de peau, se faire autre. Rien d’étonnant que ce bâtiment soit un des incontournables de Leith tant cela correspond à ce qu’apprécient ses congénères hydromanciens. La ruelle prise en photo n’est pas très difficile à trouver, et la porte laissée entrouverte laisse peu de doutes quant à l’itinéraire de sa comparse. « L’escalade aurait été plus héroïque, Alba, mais on se contentera de ça pour le moment », qu’il marmonne avant de s’y glisser à son tour.

Il y a ce long couloir avec des embranchements réguliers – qu’il n’emprunte pas faute d’indications plus précises. Dans la pénombre, il se concentre sur le bruit feutré de ses pas, et avance à tâtons en espérant ne pas heurter un vase ou quelqu’objet trop cher et trop fragile pour se trouver sur sa route. Puis, soudain, sur sa droite, sa voix qui résonne avec force. « Qui va là ? » Peryn pivote pour découvre la petite ombre d’Alba projetant de la lumière devant elle. Une autre ombre, masculine cette fois, sur la scène. « J’sais pas mais on se tire ! » Sa main se pose sur son bras pour l’attirer vers lui et lui intimer de le suivre.

Courir à l’aveuglette. Putain, ils sont probablement déjà cramés. Il sent sa présence sur ses talons, et ponctue leurs efforts d’un « Allez, grouille ! » alors qu’ils tournent une énième fois dans une allée qu’il ne connait pas, dévalent une volée de marche ou qu’il se prend un bureau. Les portes s’ouvrent au hasard dans l’espoir de trouver une bonne planque ou pour le plaisir de semer la confusion – jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus qu’une devant eux. Dans un ultime effort, Peryn se précipite, l’ouvre et s’arrête devant un placard à balai. Il se fige, essoufflé, et regarde Alba, les traits décomposés avant de se rompre en un rire stupide et nerveux. « Bah j’espère que t’es une bonne contorsionniste ma grande. »

Lequel des deux a refermé ? Il n’est pas sûr. Les jambes recroquevillées sur le côté, un bras derrière la nuque, l’autre tendu en hauteur, il cherche à calmer sa respiration. « Ça va, t’es meilleure athlète qu’actrice en tout cas », lâché dans un souffle goguenard. « Olalaaaaa, mais qui va lààààà ? » Souffle se mue en une voix grave et rauque, un peu trop bruyante. « Mouahaha, ch’est moi, le grand méchant ooooogre. »
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WE OWN THE NIGHT
21.11.23




   Alba étouffe un cri de surprise quand elle entend la voix de Peryn résonner derrière elle. Merde. L'espace d'un instant elle avait espéré que l'hydromancien l'ait devancé et qu'il avait trouvé son chemin tout seul et l'attendait sur la scène. Mais non, de toute évidence ça doit être le concierge ou un nouveau gardien embauché depuis la dernière fois qu'elle est venue faire ses emplettes un tour dans le théâtre. J’sais pas mais on se tire ! Peryn lui attrape le bras et l'entraîne avec lui dans l'obscurité.
   Alba éteint la lumière que diffusent ses mains et suit du mieux qu'elle peut la silhouette de son partenaire de crime. C'est qu'elle n'a jamais été taillée pour courir, avec ses poumons trop serrés. Escaliers, virages, portes ouvertes au hasard. S'ils avaient le temps, Alba pourrait lui indiquer le chemin vers les loges les plus rarement utilisées, mais elle est bien trop occupée à souffler comme un buffle actuellement. Si l'homme qui les pourchasse les perd de vue, nul doute qu'il les retrouvera à sa respiration sifflante. Elle jure intérieurement à nouveau. Elle aurait dû emmener Guadalupe. Oh, le précieux boa aurait détesté se faire porter durant cette course effrénée, précieux comme il est, mais elle aurait pu le lâcher sur le chemin, histoire de faire une bonne frayeur à leur assaillant et de gagner du temps pour se planquer.
   Finalement, Peryn pile net devant la dernière porte qui se trouve face à eux. Il l'ouvre et c'est avec dépit qu'ils découvrent un minuscule placard à balais, dont l'espace est déjà bien rempli par des étagères de produits d'entretien et autres équipements ménagers. L'hydromancien reste un temps immobile avant d'éclater d'un rire nerveux. Bah j’espère que t’es une bonne contorsionniste ma grande. Elle le pousse dans le placard avant de refermer la porte derrière eux ; si elle avait pu tourner le verrou dix fois plutôt que deux, elle se serait plus encore acharné dessus. Tandis que l'enfant des vagues continue de lui assener des vacheries, elle fouille désespérément dans son sac à la recherche de sa Ventoline. Rah, il n'aurait pas pu être aéromancien celui là ? Au moins, ça aurait servi à quelque chose qu'il brasse autant d'air ! Mouahaha, ch’est moi, le grand méchant ooooogre. C'est décidé : elle lui jette une serpillère bien marron en plein sur la tête. Son inspiration prise, elle reprend ses grands airs. Je suis sûre qu'il était tétanisé à l'idée que je lui fasse rôtir les fesses ! Si t'avais pas pris la poudre d'escampette comme une couille molle, ça lui serait jamais venu à l'esprit qu'il pouvait nous courser !
   C'est bien beau de débattre de qui est fautif de leur fuite à moitié ratée, les voilà néanmoins piégés comme des rats dans le minuscule placard qui empeste la javel. Alba tente à son tour de s'installer, face à Peryn, le dos contre le mur poussant quelques balais suspendus, les jambes en l'air, les pieds posés sur la grande étagère qui lui fait face. Narquoise, elle lui assène un petit coup de genou sur l'épaule. Eh dis donc, t'aurais pu trouver plus sexy comme endroit, si tu voulais jouer à seven minutes in heaven. Mais elle se tait rapidement et plaque sa main sur la bouche de son comparse en entendant des pas se rapprocher de la porte. Puis s'éloigner. Pour revenir. Le concierge-gardien-ogre semble avoir perdu leur trace et ne pas se douter qu'ils puissent s'être cachés dans le placard à balais. J'vous préviens la canaille ! J'ai fermé toutes les portes à clef, y a pas moyen que vous réussissiez à sortir d'ici en me passant sous le nez ! Sept minutes qui se transforment visiblement en sept longues heures, et elle pense déjà aux courbatures qui vont lui affliger le dos et les jambes au petit matin. Et puis au pire, qu'est-ce qu'ils risquent ? Ils n'ont rien volé, rien saccagé. Même si les policiers les cueillent entre les bouteilles d'alcali et d'eau déminéralisée, tout au plus ils pourront lui reprocher d'avoir des plantes un peu trop magiques sur elle. Au vu de son passif, c'est bien le moindre mal qu'on puisse lui mettre sur le dos !

Crédits ; theplastichearts & hayleyrism
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Ses ricanements sont coupés par un tissu épais et humide qui lui arrive en pleine tronche, étouffés dans un son étrange entre grognement boudeur et rire surpris. Ça sent la crasse humide et maturée. La serpillère est aussitôt renvoyée vivement à l’expéditrice mais manque sa cible et vient claquer contre une paroi du placard. Trop petite, Alba, c’est pas du jeu. « Je suis sûre qu'il était tétanisé à l'idée que je lui fasse rôtir les fesses ! Si t'avais pas pris la poudre d'escampette comme une couille molle, ça lui serait jamais venu à l'esprit qu'il pouvait nous courser ! » Poudre d’escampette, vraiment ? Elle sort d’où la teignasse, du 19ème siècle ? En même temps ça s’équilibre avec couille molle. Pas très 1850 ça. « Oh pardon altesse, j’suis sûr qu’il se chiait littéralement dessus à l’idée qu’tu fasses de la lumière. Vraiment très impressionnant. Par contre si tu sais aussi faire rôtir les fesses, pas touche aux miennes hein. On a dit, pas les fesses, pas le visage et pas maman. »

Il plie ses jambes au mieux pour permettre à la pyromancienne de s’installer en face de lui – elle le ferait probablement de toutes façons, quitte à l’écraser au passage. Froncement de sourcils. Il ne faudra pas très longtemps qu’il tétanise, le corps déjà éprouvé par des heures de service. Hors de question de passer la soirée ici : pas une minute de plus que de besoin. Avec un peu de chance, le gardien se rassure en ce moment-même en se disant qu’ils sont déjà sortis. Le genou d’Alba vient appuyer contre son épaule. « Eh dis donc, t'aurais pu trouver plus sexy comme endroit, si tu voulais jouer à seven minutes in heaven. » Ses yeux s’arrondissent. C’est bien la première fois qu’une forme d’incertitude le parcourt en sa compagnie depuis leur rencontre et il s’empourpre peut-être légèrement. Rictus léger, la pique arrive. « Ah, parce que tu… »

Alba devant lui, sourire en coin. Alba qui attend la faille pour l’aligner, lui qui s’y prépare pour mieux riposter derrière. Alba qui se raidit soudainement et s’avance rapidement, trop rapidement, et sa main qui vient se plaquer sur sa bouche, son corps à lui qui se fige face à cet assaut soudain et ses mots qui meurent sur ses lèvres. Il la dévisage sans comprendre, main qui s’enroule sur son poignet pour lui intimer de ne pas faire ça. Des bruits de pas, derrière la porte, de plus en plus nets – et les muscles se détendent un peu, comme rassurés qu’il ne s’agisse que de ça. « J'vous préviens la canaille ! J'ai fermé toutes les portes à clef, y a pas moyen que vous réussissiez à sortir d'ici en me passant sous le nez ! » Pas se retirent, eux toujours figé dans cette étrange posture. Peryn hausse des épaules et appuie un peu sur le poignet de sa complice pour lui demander de le libérer. Il détourne le regard pour fixer la porte.

« Ta lumière elle fait pas sauter les serrures, j’imagine ? » Elle pourrait peut-être manipuler le métal pour faire sauter le verrou – ou les coincer encore plus en le faisant fondre. Des années passées loin du monde sorcier le rendent bien peu au fait des possibles ici, en dehors des siens. Va savoir s’il n’y a pas des protections contre les pyro sur les portes en plus. « Tu peux p’t’être tenter la comédie et on voit ce qu’il se passe ? Malheur ô malheur, prenez pitié de moi nobles serrures, pardonnez ma sottise AIEUH ! » Son bras se rabat devant son visage pour se protéger de quelques coups et projectiles divers. Rire étouffé.

Le sorcier ouvre la porte du placard et rampe jusqu’au sol pour avoir la place de se redresser en grognant. Il se tourne vers Alba – est-elle dubitative ou a-t-elle juste envie de l’abandonner à son sort ? « Bah quoi ? Je sais pas crocheter des serrures, mes pouvoirs servent à rien et j’ai pas envie d’attendre qu’il revienne. Par contre, on est d’accord : ya bien des fenêtres ici ? » Il en a vu à l’étage quand il longeait le bâtiment. L’inconvénient c’est que c’est haut et qu’ils ne pourront probablement pas descendre, à moins de trouver des draps ou d’arra… Oh ouais, on peut arracher les rideaux au pire. Et prier pour que le nœud tienne. « Tu sais faire des nœuds Alba ? »

Paume ouverte contre vitre froide. Ils échangent un regard, lui sans trop savoir si ses idées valent finalement la peine d’être simplement formulées. La poignée tourne, la fenêtre s’ouvre en grinçant et laisse passer un courant d’air froid. Frisson. Prudemment, avec lenteur, Peryn s’avance et s’installe sur le balcon. Ouais c’est haut putain. C’est putain de haut. Ils savent qu’ils n’ont pas beaucoup de temps avec l’appel d’air froid dans le bâtiment et l’ogre qui rode pour leur tomber dessus, et son palpitant s’emballe soudainement. « Bon… Je… Si tu veux, je peux te faire la courte échelle ? ‘fin, j’veux dire, à défaut de, euh, descendre, on est pas très loin en-dessous du toit. Et j’me disais, comme tu es pe… comme je suis plus grand, c’est sûrement plus… non ? »
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