Code mistake ft. Zephyr

TW : cigarette, alcool, usage de drogues récréatives

Zephyr, putain ça fait une heure déjà. Ichabod les mains dans les poches, qui appuyé contre sa moto semble avoir accepté son destin. La cigarette entre les lèvres, à attendre ce qui lui semble être une éternité. Regardant régulièrement l'heure sur son portable, comme si le temps allait passer plus vite. Ah, pourquoi aucun pouvoir magique ne permet de faire avancer l'heure différemment ? Ralentir les secondes pour qu'elles deviennent des heures au sein d'un ascenseur en compagnie d'une belle femme. Transformer les secondes en heures complètes lorsque l'on attend la compagnie d'un Botanomacien. D'un Botanomancien qui semble posséder une vision relative du temps qui s'écoule, si Ichabod en juge l'heure de retard qu'il a déjà sur ce qu'ils avaient convenu ensemble. Si il se pense être un esprit libre, Zephyr est incomparable et le ferait passer lui, pour un type totalement psychorigide et coincé. Déconnecté de la réalité, complètement perché pourraient être un moyen de décrire cet homme avec qui il a un rendez-vous. Ichabod lui a promis un verre, pour fêter leur anniversaire à tout les deux. Lui est du six décembre, Zephyr du huit. Des naissances proches en dates, une excuse idéale pour boire un verre. Et qui sait ensuite ce qu'il se passeras, avec Osbourne on ne peut jamais prévoir. Natifs du sagittaire, bien que l'un soit clairement plus erratique que l'autre, leurs soirées ne sont généralement pas banales. La dernière fois, l'aéromancien s'est réveillé avec un nouveau tatouage sans avoir aucun souvenir de l'avoir fait. Autant dire qu'ils ont sûrement passé une très bonne soirée, bien que sa mémoire lui fasses défaut et qu'il serait bien incapable de vous dire où ils sont allés, où il s'est fait tatoué et par qui.

Zephyr est un poème à lui tout seul, fait partie des gens qui si ils n'existaient pas devraient être inventés. S'il n'est probablement pas un modèle de sobriété, ni même de sérieux, le tatoueur sait l'apprécier pour ce qu'il est. Pense même que parfois, les gens devraient plus s'inspirer de lui et de sa manière de voir la vie. Zephyr ne semble jamais avoir le moindre problème, son esprit est toujours léger et rien ne l'inquiète jamais réellement. Il semblerait que tout glisse sur lui, que tout lui passes au dessus de la tête. Et dans le fond, c'est sans doute pour ça qu'il est aussi heureux : parce qu'il n'en a absolument rien à foutre de rien. Alors si c'est frustrant d'attendre une heure et de voir les mégots s'empiler dans la poubelle d'à côté, si c'est frustrant aussi de toujours le voir débarquer à l'improviste au salon de tatouages en annonçant toujours j'sais pas, c'que tu veux quand il lui demande ce qu'il voudrait se faire tatouer... Ichabod l'apprécie.

Apprécie encore plus quand il voit une silhouette familière trottiner vers lui avec un certain entrain. C'est qu'il doit être à peu près sobre pense Ichabod pour l'instant. car ça ne saurait pas durer bien longtemps. Il le connaît depuis suffisamment de temps pour deviner ce qu'il a pu prendre en amont. Quand il est amorphe c'est en général de l'herbe en quantité inhumaine. Quand il est plein d'énergie, ce sont soit ses champignons rigolos, soit une sobriété relative faisant ressortir son énergie naturelle.

Sachant d'avance que ça ne sert pas à grand chose d'annoncer ENFIN, j'ai failli attendre ! en le voyant arriver, Ichabod se contente d'ouvrir les bras en souriant. Oh, Zephyr est tactile. Très tactile. Triste d'avoir appris aussi qu'il n'était pas intéressé par les hommes, mais l'a accepté sans mal lorsque l'Aéromancien lui a annoncé la triste nouvelle de son hétérosexualité.

« Allez champion, cours plus vite, viens chercher ton câlin ! »

Crédits : iconsfinder ; theneongod

La vie mérite d’être vécue. C’est du moins ma philosophie personnelle, à chaque fois que je découvre une nouveauté dans la forêt, dans la ville, de nouvelles espèces qui voient le jour. Assister à la naissance et l’évolution des champignons de la clairière a quelque chose d’émouvant qui me fait vite oublier les nombreuses averses à cette période de l’année, cette pluie glaciale qui pourtant m’éclaircit les idées. Danser sous les larmes du ciel, admirer les cercles de champignon qui se sont formé dans la nuit, c’est la définition que je me fais d’un paradis sur terre. C’est qu’elles sont si choux, mes beautés tout juste nées ! On en mangerait. Mais pour les besoins du scénario, il ne vaut mieux pas que je croque dans l’une d’elle dans l’immédiat ; ou tout court, en réalité. Parce que ces champignons-là, ils ne sont pas très comestibles, hé ! C’est un coup à se taper une bonne chiasse pendant deux jours. J’ai vu un type les confondre avec des girolles l’autre jour, laissez-moi vous dire qu’il a dû s’en mordre les doigts pendant une bonne semaine. J’aurais pu le prévenir, n’est-ce pas ? Ah mais je l’ai fait ! Mais le pauvre, il ne m’a pas cru. J’étais pourtant éloquent, je crois ? Je sais plus…enfin j’avais pas pris grand-chose, juste fumé un p’tit joint à peine chargé. Rien qui m’empêche de réfléchir, hé !

Je ne vais pas souvent en ville, mais quand j’y vais, c’est toujours pour une bonne raison. Par exemple, il m’arrive de rendre visite à des copains, des potes, des conquêtes, des amants, amantes…en fait, je ne sais pas trop pourquoi, mais tout le monde semble vouloir se rassembler en ville ! C’est bien pour vivre apparemment, parce que ce n’est pas très viable de squatter dans une forêt, ou de créer sa propre cabane, ou même de creuser un trou dans la colline pour cacher ses affaires à l’image des terriers de lapin. Pourtant, ils ne savent pas ce qu’ils ratent ! Je communie avec le monde entier comme ça. Bon, ça ne m’empêche pas de finir la plupart du temps chez l’un de ces étranges personnages, ou dans l’une de ces très nombreuses soirées où je finis généralement par black out sur le canapé. Quoi qu’il en soit, je trouve que je passe beaucoup de temps en ville pour un type qui cherche à rester au milieu de ses bois ! Mais si c’est pour embrasser le reste du monde, je suis totalement open. C’est la vie que j’ai choisi de mener.

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous je crois. C’est mon frère que je dois voir, mon bro, l’amour de ma vie - comment ça, tout le monde semble être l’amour de ma vie ? C’est faux ! Enfin à moitié vrai. En fait, vous savez quoi ? Vous avez totalement raison ! Tout le monde est l’amour de ma vie. Mais lui, c’est quand même bien spécial ! Je disais quoi, déjà ? - Ichabod, Bobod, le BG de service, l’adorable petite bouille de tatoueur de Leith. C’est lui qui m’a fait une grande partie de mes récentes pièces ! Avoir ses mains expertes sur mon corps a quelque chose de sexy, en plus d’être étrangement thérapeutique. Ah, quel dommage qu’il soit hétéro ! Je l’aurais bien croqué à l’occasion, mais je respecte. C’est du gâchis franchement, un beau gosse comme ça, il devrait être disponible pour tout le monde, hé !

Bref. J’ai rendez-vous avec Ichabod, quelque part dans l’après-midi. Quand ? A vrai dire, je ne m’en souviens pas. Quand le soleil est encore haut dans le ciel, pardi ! Parce que s’il commence à décliner, c’est que nous ne sommes déjà plus l’après-midi. Quoique, en fait…nous sommes en décembre, non ? Peut-être que le soleil commence à décliner vers midi…j’ai oublié. C’était quoi la question, déjà ? Pas de question ? Ah merde ! C’est pas grave. J’ai à faire, de toute façon.

Trottinant dans les rues de Leith - certains diraient que je suis plutôt en train de sprinter, mais c’est juste que j’ai l’habitude de courir vite - je m’arrête toutes les deux minutes pour escalader un plot, séparer deux pigeons qui se battent pour des restes de nourriture, admirer un magnifique papillon se poser sur la façade de l’un des hauts bâtiments. Mais malgré ces dérives, j’arrive enfin dans la rue de mon joli tatoueur, et le vois même au loin qui m’attend les bras tendus. Le sourire jusqu’aux oreilles, je lui fais de grands signes de la main pour le saluer.

“Bobod ! Sweetheart !”

Il ne me faut pas plus d’encouragement pour me précipiter vers lui, et le prendre aussitôt dans mes bras pour lui faire un énorme câlin comme si je ne l’avais pas vu depuis une éternité - alors que sincèrement, ça doit faire à peine une semaine, deux tout au plus. Le temps est une illusion. Qu’importe ! Je l’aime mon joli coeur. Les bras autour de son corps tout frêle, je dépose un baiser sonore sur sa joue.

“I missed you SOOOOO much, love ! Feels like forever.”

M’éloignant pour l’observer dans son entier, je tâte ses biceps avec appréciation. C’est qu’il a poussé à la salle, ce petit ! Bientôt, il sera capable de me rattraper.

“Sweeeeeetiiiiiiie, how come you’re so strong now ? Takin’ steroids again ? HAHA just messin’ with ya, love !”

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L'étreinte sincère du Botanomancien lui arrache un sourire. Une tape dans le dos plus tard, Ichabod ricane à son insinuation. Lui, prendre des stéroïdes ? Quelle drôle d'idée. Oh dire qu'il n'a jamais rien essayé serait mentir. Mais tout est resté dans un cadre récréatif. Certains argumenteraient que ce n'est pas nécessairement une chose plus saine, mais lui estime que ça ne fait de mal à personne d'autre à son cerveau.

« C'mon champ, cut the jokes and get on the bike. »

Ichabod qui avec une tape sur le torse de l'autre lui tend son casque. Parce qu'il sait bien que Zephyr n'y penserait pas forcément à en mettre un mais c'est quand même important. Si l'espace d'un instant la curiosité de l'Aéromancien lui fait se demander si un cerveau sortirais vraiment sur le bitume, il préfère chasser cette pensée. On peut douter des capacités mentales de Zephyr, mais tout de même… Serait-il en sécurité en cas d’invasion zombie ? C’est qu’ils mangent les cerveaux des gens dans les films. Pour être épargné lui aussi, Ichabod sait ce qu’il lui reste à faire : se mettre une mine monumentale ce soir. Laisser sans doute ses clefs dans un bar par soucis de sécurité routière et galérer ensuite à les retrouver une fois sobre. Parce que le tatoueur sait d’avance qu’il y a de fortes chances pour qu’il ne se souvienne pas où est-ce qu’ils ont finit la soirée.

La moto qui vrombit, pour faire un cour trajet. Quitter Leith et ses environs trop urbains pour rejoindre la frontière du quartier. Mais tout de même changer immédiatement d’ambiance : les rues sont plus vertes une fois le pas de Green banks passé. Les jardinières sont fleuries, le béton bien moins présent. Si l’environnement reste urbain, il ressemble d’avantage à un petit village de campagne qu’à une véritable ville où les immeubles s’entassent dans la grisaille. Quartier coloré et toujours rempli de verdure, il sait que Zephyr sera plus à l’aise ici plutôt que sur le territoire des hydromanciens. Ou pire, son cauchemar personnel sans doute : stockbridge & cannonmills. Les mages de feu ont eu cette manie d’aménager leur quartier avec beaucoup de pierres. Ce qui fait parfaitement sens étant donné leur magie. Mais pour les enfants des vergers, se rendre là bas est complexe. Chaque coven est différent, les ententes peuvent varier d’une personne à l’autre.

Une fois arrivé sur un boulevard tout de même assez animé en ce week end, Ichabod se gare proprement. Glisse ses clefs dans sa poche et range les casques dans le coffre de la moto. Géniale invention songe-t-il pour lui même. Heureusement que les coffres existent pour éviter de se trimballer avec toute la soirée. Quoi que, en cas de bagarre, ce serait efficace pour assommer quelqu’un. Dans les bars on est jamais à l’abris de ce genre de choses, il y en a qui ne savent tout simplement pas gérer la manière dont ils sont une fois alcoolisés. Lui a l’alcool plutôt joyeux en général. Parfois triste, mais rarement violent. Zephyr… Est-il seulement capable de s’énerver ? Il lui a expliqué qu’il y a quelques années, il a passé trois jours et trois nuits au sein d’une clairière au sein de laquelle il s’est élevé et éveillé spirituellement grâce aux esprits de la nature. Lui aussi aimerait atteindre le même niveau de zen que son ami. Mais est-ce seulement possible ? Sans doute que non, en dehors d’une lobotomie. Radicale, mais efficace.

« Better here than in the pyromancer’s area, innit ? »

Bras dessus bras dessous, Ichabod joyeux qui passe son bras autour des épaules musclées de l’autre, pour s’engouffrer dans un bar. The rest is history.

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Je mets un certain temps à comprendre ce qu’il veut que je fasse, en me donnant un casque de moto. Puis mes neurones se connectent enfin, et je comprends qu’il me l’offre pour le moment. Faire de la moto avec un casque ! C’est une première pour moi, tiens. Enfin la moto tout court, je crois que je ne suis pas monté dessus très souvent. C’est instable, mais quelle exaltation de sentir le vent dans ses cheveux à une vitesse déraisonnable ! C’est déjà mieux que la voiture, si vous voulez mon avis. Mais le meilleur, la nouveauté que j’ai découvert il y a peu, c’est la trottinette électrique. Est-ce que vous avez déjà lancé votre trottinette à pleine vitesse sur les longues lignes droites de Green Bank ?! Ca, c’est une autre façon de s’amuser ! D’ailleurs, est-ce qu’il n’a pas une trottinette électrique mon petit Ichabod ?

Je grimpe sur le bolide non sans m’être battu avec ce casque avant - est-ce que c’est l’avant, ou l’arrière ça ? Non, ça ne peut qu’être l’avant ! A moins que ce soit l’arrière ? Mais est-ce que mes cheveux ont besoin de voir quelque chose ? Ca c’est la question. Ils sont vivants mais je crois qu’ils n’ont pas d’yeux ! Est-ce que c’est possible des cheveux avec des yeux ? Il existe bien des meuporgs, alors je suppose que tout organisme peut-être vivant ! - et en quelques minutes à peine nous voilà de retour à Green Bank. Aaaah ! Moi qui pensais qu’il allait m’emmener dans les fin fonds de Leith, me voilà rassuré ! J’avais prévu le coup quand même, j’ai rempli mes poches de terre et de petits champignons pour m’accompagner. Mais il semblerait que ça ne serve pas à grand-chose, la nature est bel et bien présente autour de nous.

Nous quittons le véhicule et laissons en arrière nos casques, non sans m’être de nouveau battu avec - c’est comme ça que ça s’enlève, ce machin ? Ah, mais je suis en train de dévisser ma tête avec ! Est-ce que tous les casques sont comme ça ? Pourquoi est-ce qu’il faut mettre un casque ? Est-ce que je peux fabriquer un casque customisé en bois pour la prochaine fois ? Est-ce que le casque en bois risque de s’enflammer s’il tombe de haut ? C’est un peu comme une comète, non ? - et approchons du bar le plus proche dont la devanture un peu vieillotte me rappelle certains quartiers de Leeds.

“Pyros are so weird, man…once I tried to bring a very nice wild flower I found in the fields to a pyro chick and next thing you know she crystallized it in pure glass ! Said she wanted it to last forever. Can’t trust ‘em with flowers. Love ‘em, but don’t you ever bring ‘em flowers.”

Ca me rend triste de voir que tout un coven semble s’être mis d’accord pour refuser de laisser sa place à la nature, et cette anecdote qui commence pourtant à dater - est-ce que c’était durant l’Académie, ou un peu après ? J’en sais foutrement rien ! - m’a choqué au plus haut point. Désormais, j’ai plutôt tendance à protéger les plantes de mes amis pyromanciens, de peur qu’il leur prennent l’idée de les brûler ou de les transformer en trophée tout brillant.

“Oh by the way, I know this place ! Owner’s a really cool dude. Likes some of my potions !”

Aussi étrange que cela puisse paraître pour le commun des mortels, je travaille de temps en temps. Je choisis juste quand et comment, et mon coven s’y est habitué avec les années. Je reste efficace et toujours partant pour fabriquer de nouvelles choses, alors je suppose que c’est ce qui me donne carte blanche depuis si longtemps !

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« Do I need to remind you how flowers react to me ? »

Serial killer de plantes vertes, c'est la triste vérité. Incapable de maintenir une plante en vie plus d'une semaine. Capable d'en faire crever une sans même s'en occuper, juste parce qu'ils partagent la même pièce. Ichabod, ce n'est vraiment pas le genre de gars avec la main verte c'est même l'exact opposé. Heureusement, qu'il n'est pas né au sein du coven des enfants des vergers. Oh, s'il avait été botanomancien comme son ami... sa malédiction n'aurait pas lieu d'être -ou alors, il serait uniquement en mesure de manier la terre ? S'il était Zoomancien et devait fréquenter des fans de plantes vertes régulièrement dans son quotidien ???... Quel enfer. Heureusement qu'il a des gênes de pigeon, finalement. Dommage d'ailleurs que Zephyr n'ait pas pris les mêmes que lui. Il sait sa mère Aéromancienne, mais d'un côté... Le benjamin des Karlsson est bien incapable de l'imaginer avec une autre magie que celle des plantes.

Le fait que la nana ait figé la fleur dans du verre, juste parce qu'il a voulu être galant et lui offrir un petit quelque chose... ça en dit long sur ses sentiments. Ses sentiments à elle, pas spécifiquement ceux du Botanomancien. Ichabod le connaît assez bien pour savoir qu'il n'est pas le genre d'homme à se fixer, à se poser, avec une seule et unique femme. Jamais on ne verra Zephyr daron, marié, avec 3 enfants dans une maison et un labrador dans le jardin. Cette vie-là n'est pas faite pour lui, le tatoueur en est convaincu :

« You dodged a bullet with this pyro girl. Trust me. »

Sans doute qu'elle était obsédée par Zephyr. Pour une raison ou pour une autre. Grand et costaud, plein de tatouages...Ah, ça peut plaire aux femmes ! Après, l'Aéromancien a du mal à envisager quel genre de femme le trouverait convenable pour une relation sérieuse. Il suffit de parler avec cinq minutes, à peine, et encore, c'est en prenant son temps. Mais en engageant la conversation avec lui, on se rend très vite compte que Osbourne, c'est le fun pour une nuit mais qu'au quotidien c'est ingérable dans un couple. A moins d'être une sainte. Ou vraiment désespérée. Ou instable. Ou les trois à la fois.

Il lui indique connaître le propriétaire du bar. Ichabod hoche la tête d'un air entendu.

« Everybody likes them, you're the best. »

Et il le pense réellement. Aussi loufoque soit-il, c'est qu'il est doué. Il ignore bien comment il fait, pour toujours tomber juste sur les dosages. Parce qu'il l'a vu faire une fois. Un bordel monstrueux, un placard planqué au fonde de la forêt avec un chaudron posé là sur une étagère bancale mais... La potion contre le mal de crâne qu'il lui avait refilé ce jour-là s'est avérée mille fois plus efficace qu'un ibuprofène. Mystère.

Pénétrant donc dans le bar aux côtés de l'Anglais, le tatoueur prend l'initiative de l'ammenner sur la terrasse à l'arrière pour être tranquille. Attire à eux l'un des chauffages extérieurs pour rester au chaud lors de la soirée, tire le cendrier vers lui pour s'allumer la première clope de la soirée. La serveuse arrive. Une... Jeune femme... A la belle personnalité, peut-être. Il n'en sait rien, mais en tout cas au premier coup d'œil il ne la complimenterais pas forcément là-dessus mais plutôt sur son décolleté. Ichabod qui se râcle la gorge, attrape la carte et se plonge dedans en la remerciant pour ne pas trop fixer longtemps. Ah, quelle idée d'être venu dans un Biergarten ! Enfin non, c'était le bon plan : de quoi picoler, de quoi manger un bout et le tout au sein du quartier des enfants des vergers. Que Zephyr soit à l'aise au milieu de la verdure, que lui soit assuré de ne pas tout faire mourir en étant entouré de Botanomanciens compétants. Peut-être qu'il finiras même par faire copain copain avec le lierre qui leur tombe à moitié dessus. Ou est-ce que c'est une autre plante ? ça n'a pas de fleurs le lierre, si ? Soudainement, il a un doute. Et si c'était de la vigne ? Rah, vraiment.

La serveuse repartie avec son accent Allemand, qu'Ichabod trouve charmant au passage, l'Aéromancien lui accorde un dernier coup d'œil pour constaté que le côté pile est aussi généreux que le côté face et esquisse un mouvement de tête discret en sa direction à Zephyr :

« Nice view, hey ! Don't you think ? Love the decor in this pub. »

Les blondes, c'est pas spécialement son genre pourtant. Mais là. D'ailleurs, il devrait commencer par une petite bière pour entamer la soirée, avant que ça ne devienne progressivement plus fort. La clope coincée entre les dents, les sourcils froncés, le brun réfléchit un instant :

« Should we take 2 liters to share together ? As a start. »

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Ca pour avoir évité le pire, j’ai évité le pire ! Même si je ne vois pas trop ce que veut dire mon cher ami ici présent, mais je suppose qu’il se comprend lui-même. C’est le but hein, d’abord se comprendre, et après comprendre les autres ! Pour ma part, la première partie est déjà compliquée à atteindre. Parfois, je dis des trucs et je sais même pas moi-même ce que ça veut dire. C’est dur parfois quand même, la vie.

Mon sourire s’élargit lorsque Ichabod me dit que tout le monde aime mes potions. C’est vrai que je n’ai encore jamais eu personne qui s’en est plaint, peut-être parce que s’ils n’aiment pas, ils ne reviennent pas. Oh, il y a eu des gens pour crier dans mon atelier parfois ; mais un petit mot gentil, un câlin, une nouvelle potion et ils repartaient heureux, du moins c’est ce que j’aime à croire. C’est que j’ai le chic pour remettre du baume au coeur, peu importe l’état mental de la personne qui me côtoie. C’est pour ça qu’on m’aime je parie ! Pour cet amour que j’offre sans attendre quoi que ce soit en retour. Ce bonheur que je veux partager avec tout le monde.

La serveuse débarque pour prendre nos commandes, et je n’arrive pas à détacher mon regard de son magnifique décolleté. Ooooh ça, c’est une oeuvre d’art ! Un sourire idiot au visage, je suis la jolie demoiselle des yeux sans cacher mon intérêt. Je ne suis pas l’homme le plus discret du monde, et quand j’aime quelque chose, j’aime aussi le faire savoir. Alors lorsque j’entends les paroles de mon ami, je me mets immédiatement à ricaner.

“Yeah…I think I’ll take her somewhere nice, later. Wanna share ?”

Mes paroles peuvent parfois paraître osées, et certains n’apprécient pas. Mais Ichabod me connaît depuis le temps, il sait que je ne pense pas à mal, que j’ai simplement…quelques petits soucis avec les normes sociales, d’après ma mère. Mère qui a passé pourtant des années à essayer de me les inculquer, pour me voir détruire ses efforts en quelques mois à peine dès que j’ai quitté le nid familial. Oh, elle n’a pas fait son deuil pendant très longtemps ! Je crois que me voir heureux et en bonne santé rattrape mes conneries, à ses yeux. C’est un bon point, non ?

“Eeeeeeeh yeah definitely ! D’ya think you can keep up with me at this game, bro ?”

Je ne passe pas assez de temps avec mon tatoueur préféré, c’est ce que je me dis depuis tout à l’heure. Parce qu’il est toujours occupé, parce qu’on ne prend pas le temps, parce que je ne vois pas les jours défiler et que ce que je considère comme “hier” peut aller de trois jours à deux mois précédents. Le temps est une illusion, et je suis complètement paumé. C’est généralement quelqu’un d’autre qui vient me rappeler quel jour on est, quand j’ai un rendez-vous. Mais les rendez-vous aussi, c’est surfait ! Au moins, je me suis rappelé de venir le voir aujourd’hui. Certes, un peu tard par rapport à ce qu’il attendait, mais le principal reste que je suis là !

Comme il commande nos deux pintes, je sors mon petit matériel pour l’étaler sur la table. Quelques pochons, un paquet de tabac à moitié vide et des feuilles, ainsi qu’un briquet qui ne tardera pas à rendre l’âme. Je commence à rouler un joint relativement bien chargé - enfin normal pour moi, mais peut-être mortel pour quiconque tente de tirer dessus, j’en suis certain - déchirant tranquillement un morceau de carton pour en faire un filtre de fortune.

“Dy’a want one ? I have enough for the whole evening. And we can smoke here, they’re cool with it, really.”

Quand j’y pense, je ne sais même pas s’il fume, lui !
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« I love you bro, but sharin' a woman with you ? I'm not sure, I'd rather have two gorgeous girls in my bed. Don't get me wrong, you're a good looking lad. But you know I do like ladies. »

Pour le coup, Ichabod n'est pas bien certain de comment ça pourrait se passer à deux hommes avec une femme. Oh, il se doute bien. Mais est-ce qu'il aimerait ça ?... L'Aéromancien n'est pas certain non plus qu'il aimerait faire ça à trois, tout court. Une femme lui suffit, pourquoi en avoir deux ? Logistiquement parlant, il aurait peur qu'une personne sur les trois se sente un peu délaissée.

« Oh no. I'm not mixin' anythin' yet. »

La dernière fois, ça s'est mal terminé. Ou en fait, il n'en sait rien, parce qu'il ne se rapelle plus. Préférant donc ses cigarettes à l'herbe, au moins pour le début de soirée, Ichabod se rabat donc sur la bière qu'il commande au près de la demoiselle au généreux décolleté. Tant qu'il est encore assez sobre pour dire non aux épices de Zephyr, autant en profiter. D'ici quelques heures, le tatoueur sait qu'il ne pourras plus se montrer aussi raisonnable.

« Probably later in the evening, tho. We got the whole night, innit' ? »

Quand on leur ramène leurs deux litres de bière à partager, l'Aéromancien coince sa cigarette entre ses dents pour immédiatement leur servir deux verres. Ils sont là pour trinquer à leur vieillesse, non ? Trentre trois ans pour l'un, trente sept pour l'autre. Il n'y a que quelques années qui les séparent, mais mentalement parlant, le brun se sent un peu plus jeune. Tant qu'il n'a pas passé la barre des trente cinq ans, il se sera pas un vieillard. Et encore, l'âge c'est dans la tête c'est ce qu'on dit non ? Il n'y a réellement que son dos qui le fasse souffrir régulièrement, les risques du métier lorsque l'on est tatoueur. Parfois des crampes dans les mains après une longue journée. Toujours le souffle court, mais il ne peut s'en prendre qu'à lui même et sa mauvaise habitude d'enchaîner les clopes alors qu'il est naturellement fragile en tant qu'enfant des vents. Levant son verre donc, pour le faire tinter contre celui du botanomancien assis sur le banc de l'autre côté il déclare solenellement :

« Happy birthday to the both of us. A few days early, but who's counting anyways huh ?»

Un peu comme les années qui passent. Ou le nombre de verres qu'il vont prendre ce soir... Mieux vaut ne pas savoir compter parfois.

« Have you planned anything the day of your birthday ? Are we juste celebrating together tonight or is it just a warm up for you mate ? »

Lui n'a rien prévu de particulier. Sans doute qu'ils se feront une soirée Pizza avec le reste de l'équipe du shop, prenant son anniversaire comme une bonne excuse pour manger leur plat Italien favori. Comme s'ils en avaient réellement besoin, d'une occasion particulière, pour commander chez leur pizzaiolo favori... Mais ça donne bonne conscience, toujours, de se dire qu'on fait ça pour fêter quelque chose.
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Aaaah j’aurais au moins essayé avec Ichabod ! Mais il semblerait qu’il soit un peu frileux pour tester le sexe à trois avec une jolie demoiselle. C’est dingue comme les hommes qui se disent hétéro peuvent avoir du mal avec ce qui est considéré comme “homosexuel”. Comme s’il avait peur que je le drague lourdement après coup ! Bah, c’est pas grave. Je ferai mon deuil de voir cet homme magnifique dans le plus simple appareil, j’ai d’autres plans de toute façon sur le long terme.

J’allume mon joint et acquiesce sereinement à ses paroles. Hmm, il me semblait bien que je ne l’avais jamais vu fumer avant. Peut-être des cigarettes en soirée, comme tout le monde…mais de l’herbe ? Ah. La plupart des gens, surtout ceux qui ne font pas partie de mon coven, ont tendance à croire que c’est plus dangereux pour la santé que le tabac. La vérité, c’est que c’est à peu près la même chose pour tout le monde. Certes, nous, on ne risque pas de faire un bad trip…mais franchement, j’ai quasi jamais rencontré qui que ce soit qui avait fait un bad trip à cause d’un joint. Comme quoi, ça dépend vraiment des personnes qu’on côtoie ! Il faut dire que je n’assiste que rarement à la première fois de mes potes, donc je ne suis peut-être pas bien placé pour juger. Au moins, Ichabod n’est pas totalement fermé à la proposition !

“Yeah, I got nothing to do.”

Ce qui est souvent le cas le soir, pour être honnête. C’est ce qui me mène presque tout le temps dans des soirées improvisées, où je squatte un canapé pour parler philosophie du vivant et théories sur la paix dans le monde avec des gens que je ne recroiserai probablement jamais. Là au moins, je sais qui est avec moi et où le retrouver ! Ichabod, c’est mon frère d’une autre mère. Je ne risque pas de ne jamais plus le croiser, hé !

J’attrape mon verre rempli de ma main libre, et le lève avec un sourire, le joint au coin des lèvres. La bière, c’est vraiment le meilleur alcool qui soit. J’aime bien le reste hein, mais ça c’est différent !

“Yeaaaaaah ! I’m not counting either, can’t even remember when it is exactly. The 7th ? The 8th ? Aaaaah it’s so hard to remember sometimes !”

J’entame déjà ma boisson d’une longue rasade, et étouffe un rot en la reposant sur la table en bois. Une moue sur le visage, le regard rivé vers Ichabod, je réfléchis intensément à la question.

“Nah, I don’t think so…well…oh wait, yeah, I think I have something !”

D’habitude, je n’y pense même pas à cet anniversaire. C’est généralement les autres qui s’en occupent pour moi, que ce soit les parents ou mes potes. Mais cette fois, j’ai un rendez-vous. Bon, je sais plus trop quand il est, mais je sais au moins le jour…alors ça doit être le jour de mon anniversaire, non ?

“Yeaaaaaah Aster wants me to come to their house, whatever, I guess ? Told them not so long ago that it was soon my birthday, and they figured out the date by themselves. So I dunno what they plan to do with me, they’re so young ! We’re gonna drink, smoke and eat stuffs, I guess. No orgy for me that night, I don’t wanna traumatize that little cutie pie.”

Aster, c’est un peut étrange la relation que nous entretenons ellui et moi. D’ordinaire, je ne reste pas longtemps accroché aux gens…et là, pourtant, je passe pas mal de fois chez ellui sans raison valable. Peut-être parce que c’est une princesse extraterrestre, qui sait ? Iel me fascine.

“What’d ye wanna do when it comes ? Take a break from the shop, maybe ? Travel a bit ? Find love ? Ye can do all of that, y’know. That’s life.”
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Hm, le botanomancien lui parle de quelqu'un qu'il ne connaît pas. Une personne qui se nomme Aster, qui semble être plus jeune que lui. Assez âgé.e pour picoler et fumer, mais pas assez pour une activité de groupe particulière. Est-ce qu'il y a vraiment un âge pour ça ? Parce que même là après avoir dépassé les trente ans symboliques, Ichabod n'est pas certain de vouloir essayer ce genre de choses. ça doit dépendre des individus sans doute, des préférences en la matière. Aster doit donc être un.e jeune adulte, selon sa réflexion logique. Quand on est dans le début de sa vingtaine, on sait généralement ce que c'est, au moins en théorie, l'amour en groupe. Reste à voir si on veut l'appliquer ou non.

« You know, it's not about age... I'm not really sure to be willing to try this myself. »

Mais il connaît les mœurs légères et polyamoureuses de Zephyr. ça ne le choque pas plus que ça. Certes, ce n'est pas spécialement commun comme préférences mais ce sont les siennes à lui. A aimer tout le monde, sans distinction et incapable de pratiquer la monogamie. Il lui a déjà expliqué que c'est parce qu'il a trop d'amour à donner. Alors même s'il ne comprend pas très bien le principe, Ichabod l'accepte. Tant que tout le monde est majeur et consentant, en soit, iels font bien ce qu'iels veulent.

« I'm boring you know. At least, to someone like you. Straight and monogamous. I'd like to find a nice girl and settle down one day, but it ain't that easy. Kids tho, I'm not sure. And ussually woment want a baby. Most of them do ? I think ? »

Il n'en sait rien en réalité. Parce qu'il n'a que rarement abordé le sujet avec les femmes qu'il a fréquenté, bien souvent ça n'a pas duré assez longtemps pour que la conversation ait lieu, ou alors, ils étaient bien trop jeunes pour vraiment y penser. Mais maintenant à son âge vénérable de trentenaire, s'il rencontre une femme qui a à peu près son âge Ichabod sait que le sujet devra être abordé. Parce que le temps est compté, que la nature est faite ainsi. Il y a même des chances de croiser une maman célibataire, qui a déjà eu un enfant d'une première union. ça dans l'absolu, ça ne le dérangerait pas plus que ça. Ce qui le fait hésiter au sujet des enfants, c'est la génétique qu'il transmettrais lui. Celle des Karlsson. La lignée ne continueras pas avec Nero qui est homosexuel. Aurelius n'est plus de ce monde. Il ne reste donc que lui et... this bloodline ends with me est une chose à la quelle il songe souvent.

« So find love, yeah, I guess. We'll see. »

Prendre des vacances, ça ne lui est pas arrivé depuis longtemps d'ailleurs. Peut-être qu'il devrait, mais son agenda est booké jusqu'à Février déjà. Beaucoup ont déjà prévu de venir après les fêtes pour commencer l'année 2024 avec un peu plus d'encre, d'utiliser les traditionnelles étrennes de la nouvelle année pour un dessin permanant.  
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“Yeeeeew ? Borin’ ? Naaaaah.”

On dirait que je me moque de lui, mais vraiment, c’est complètement faux ! C’est juste que je trouve ça super drôle qu’Ichabod, avec son air de beau brun ténébreux aux yeux si bleus, ne soit pas un Casanova. Moi, je tombe complètement sous le charme et je ne me prive pas de le lui montrer ! Ah, mais il veut une relation sérieuse, je crois. Bah. Il peut bien s’amuser un peu en attendant de trouver “the one” ? D’ailleurs, il trouverait peut-être “the one” en s’amusant !

Je réfléchis quand même intensément à la question des enfants, les sourcils froncés et le visage déformé en une moue enfantine. Moi, j’en veux vraiment pas. C’est pas que je ne les aime pas, hein ! J’aime bien les enfants (à ne pas sortir de son contexte s’il vous pliz !) mais seulement ceux des autres. Le monde entier douterait de ma capacité à élever un enfant alors que je suis moi-même un brin immature, et laissez-moi vous dire que LE MONDE ENTIER A RAISON. Je ne sais absolument pas m’occuper d’un petit être, qu’il s’agisse d’un mini humain ou d’un animal de compagnie. Je suis trop laxiste apparemment, c’est un coup à rendre ledit humain - ou animal - complètement sauvage.

De toute façon, je crois que ça ne fonctionne pas, tout en bas. Avec mes déboires de jeunesse - et probablement ce que je prends encore aujourd’hui en terme de drogues, même si ce sont des substances naturelles et non plus artificielles - je pense que je tire à blanc. Ou alors ça fonctionne quand même, et je dois avoir des mini moi qui ont poppé un peu partout dans le monde, et…OH. Est-ce que je suis papa sans le savoir ?

“Yeah, nah, I dunno man…never met a chick who wanted kids. They’re all fun and parties now. But I’ve met a lot of dudes who wanted to pass on their legacy or some shit like that…like, when they’re drunk and they tell ye their whole backstory, y’know ?”

Est-ce que c’est parce que c’est un bordel pas possible pour être une femme dans cette société ? Possible. Ca doit être incroyablement chiant de devoir gérer un gosse toute seule en gardant un semblant de carrière, sans vivre au crochet de qui que ce soit. En prime, c’est une grosse charge de tenir l’éducation d’un gamin à bout de bras.

Mais plus j’y pense, plus l’idée d’avoir un gosse commence à me plaire. HUH ! Ca doit me sortir de la tête immédiatement, pour le bien de l’humanité. Vous imaginez des mini-moi se balader dans tout Edimbourg ? Ce serait…ok, de mon point de vue ce serait incroyablement cool. Mais je pense que le reste des sorciers risquent de se tirer une balle dans la tête, et je ne suis pas du genre à souhaiter la mort de qui que ce soit ! Alors on va se calmer, et rester sage pour le moment.

Ichabod veut trouver l’amour. Vraiment ? Je rigole à cette phrase, et m’appuie un peu plus sur le dossier de ma chaise.

“And there’s no one you wanna get right now bro ? Surely ye already have one girl in mind, innit ? Can’t believe yer just waitin and not even havin fun !”

Deux idéologies se heurtent ici, entre nous. Moi, je n’aime pas me prendre la tête. Je vais avec le flow de la vie, profite de chaque instant pour ne pas les voir passer et regretter après. Lui ? J’ai l’impression qu’il force un peu trop le destin…et en même temps pas assez. Déjà qu’il se contente d’un seul genre !

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Est-ce qu'ils ont vraiment cette conversation, d'un coup ? Il semblerait que oui. Cigarette au bec, Ichabod écoute et entrecoupe d'une gorgée de bière de temps en temps pensant que Zephyr lui parle de ses propres déboires. Il n'a jamais rencontré de femme quoi voulait d'enfant, seulement des femmes qui voulaient s'amuser. Sans doute parce qu'il n'a jamais été dans une relation super sérieuse, qu'il n'a jamais eu l'intention claire de se poser avec qui que ce soit. S'il avait eu un date avec quelqu'un qui cherchait aussi à faire connaissance pour envisager une relation à long terme, la question serait venue sur la table tôt ou tard. S'il n'en a pas parlé avec les dames qu'il a fréquenté, c'est que tout le monde voulait simplement s'amuser le temps d'une nuit sans jamais y repenser ensuite. Mais la conversation des enfants finit par arriver lorsque l'on est dans une situation stable avec une autre personne. Sans doute que même les couples homosexuels en parlent ? Peut-être plus les femmes que les hommes d'ailleurs. Les clichés ayant la vie dure, Ichabod reste persuadé que le sexe opposé au sien à cette horloge biologique, ce désir de maternité qui se manifeste tôt ou tard dans la plupart des cas. Les hommes eux, veulent en effet transmettre le nom de leur lignée pour certains. C'est comme ça qu'on les a éduqués, les fils Karlsson : il faudra un jour faire un mariage d'intérêt avec une jeune femme issue du même cercle social, d'une bonne famille. Faire une alliance avec une famille X ou Y et avoir de préférence au moins un fils qui à son tour, transmettras le patronyme. Une fille, c'est bien aussi, pour les placer et les marier. Mais un fils ? C'est mieux, parce que c'est celui qui donnera son nom aux enfants. Et c'est ainsi que le cycle de la vie continue, que les sorciers perdurent. Peut-être qu'ils n'ont pas ce genre de conversations chez les humains. Ou un peu moins. Mais de leur côté du miroir ? Il faut rester en vie, perdurer, faire continuer les dons pour ne pas disparaître. Ne surtout pas se mélanger à une créature humaine pour ne pas que la magie se perde. Soupirant longuement, terminant son premier verre avant de se resservir copieusement pour cesser de penser à ces conneries, le tatoueur esquisse un sourire au botanomancien :

« I'm not drunk enough to tell you my whole backstory. »

Parce qu'il y a bien une fille à qui il pense. Mais l'Aéromancien reste convaincu que ça n'a rien à voir. Qu'il y pense juste un peu plus que d'habitude parce qu'ils se sont confiés l'un à l'autre dernièrement.

« I'll let you know if I get married this year or not. But you'll have to tell me if you also get married. »

C'est peu probable, connaissant Zephyr, qu'il termine la bague au doigt. Que ce soit dans un avenir proche ou lointain, il n'y a pas de raison qu'il le fasse. Lui qui justement ne cherche pas à tout prix ni la stabilité, ni la monogamie. Alors il n'est pas prêt de rencontrer une Madame Osbourne, en dehors de sa daronne. Encore moins un Monsieur Osbourne, puisque les mariages entre personnes de même genre ne sont pas encore autorisés dans leur société. Les humains sur ce point, sont plus ouverts. Mais encore une fois... Parce qu'ils sont plus nombreux et n'ont pas un besoin absolu de faire perdurer leur espèce.

« In french, they have a saying. If you're the one finishing a bottle of alcohol, a big one, like wine or someting like that, they all say "marié avant la fin de l'année". That means you'll get married before the end of the year. But don't worry, we're in December, it's too late now. We're safe today. »
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C’est dommage ce qu’il raconte, Ichabod, sur le fait de ne pas être assez bourré pour me causer sérieusement. Mais c’est courant chez les gens qui ont du mal à se sortir le balai qu’ils ont enfoncé profondément dans le cul - ce qui est le cas de mon cher frangin ici présent, même s’il ne pense pas être concerné. C’est qu’il a beaucoup de manière, bobod ! Comme s’il venait d’un autre monde lui aussi. Ca fait beaucoup d’extraterrestres sur cette planète quand même !

“T’is a shame, I’d love to know who is the lucky girl before you actually put a ring around that pretty finger.”

Je me ressers également de la bière, regrettant d’avance que mon ami ici présent ne me fasse pas assez confiance pour me parler de tout et n’importe quoi. J’affiche d’ailleurs une moue boudeuse, qui se transforme en véritable grimace à l’image de celle qu’un enfant ferait après s’être fait gronder.

“Pff…I’m never gonna get married, y’know ? I dunno…no one wants someone like me forever, I’m not the one you bring to yer parents.”

Ca devrait peut-être me rendre triste ce genre de réflexion, mais en fait, je m’en fous royalement. Le mariage, c’est un concept surfait dans notre société, et j’ai pas besoin d’enchaîner quelqu’un à ma cheville pour l’aimer. D’ailleurs, c’est pas interdit d’être avec plusieurs personnes à la fois quand on est marié ? HA ! Dans ce cas, c’est même carrément le concept même du mariage qui me rejette. Je fais bien de ne pas m’y intéresser, hmm !

“Mar…marrriieeeey…what the fuck is that language mate ?!”

C’était du français, ce truc bizarre qu’il vient de prononcer, là ? Déjà j’ai rien compris, mais en plus…non, j’ai vraiment rien compris. Marié avant la fin de l’année ? Mais pourquoi est-ce que les gens ont des superstitions aussi étranges dans les autres pays ? Nous on a pas de trucs dans ce genre, n’est-ce pas ? D’ailleurs, pour montrer que c’est un ramassis de conneries, j’aimerais bien quiller une bouteille.

“The french are weird, man. That’s a border I don’t wanna cross, even if they say french girls are hot. Ever tried a frenchie ? I’m sure they’d love yer lil accent there.”

Je tire une longue latte sur mon joint, recrachant la fumée d’un air pensif. Peut-être qu’il a déjà essayé, en fait…ou alors…

“Ooooor…y’already have a frenchie in ya bed ! Ye just don’t wanna share, doooon’t yew ?”

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« French is hard man.»

Ce n'est pas une légende, la langue est tout de même un brin difficile à maîtriser: ne serait-ce que leur grammaire pleine d'exceptions, le fait de donner un genre à tous les mots et surtout l'accent à parfaire. Mais les longues heures de travail et son don naturel d'enfant des vents aident tout de même Ichabod à la maîtriser à la perfection; cette langue qu'on dit être la plus sexy du monde. Lui n'a jamais compris l'attrait, peut-être parce qu'il l'a apprise dès l'enfance. Qu'il fallait que les fils Karlsson soient lettrés pour briller en société et permettre à leurs parents de se vanter de l'intelligence et du talent de leurs enfants. Même lui, celui en trop. Le petit dernier dont on ne voulait pas forcément après deux grosses difficiles, la première totalement dans le déni, la seconde compliquée alitant leur mère. Il aura fallu attendre ce garçon dont elle ne voulait pas, qu'elle espérait être une fille secrètement pour au moins trouver du positif dans la chose, pour que la gestation se passe sans encombres. Ichabod n'a pas été un bébé compliqué, à ne pas bouger de manière anormale, à ne pas épuiser outre mesure sa mère. Il aura pourtant été le dernier, Madame Karlsson a finalement mit un stop à Monsieur Karlsson qui lui, aurait aimé en avoir encore d'autres. Les familles nombreuses sont légion en Suède et sans doute qu'il aurait aimé faire la même chose pour se rapprocher de la culture de ses ancêtres scandinaves pas si lointains que ça.

« But it's a fun language still. Do you know they even have a word specifically to say "someone who died because they were threw out fo the window?" it's défenestré.  »

Mieux vaut penser aux bizarreries du français que de s'apitoyer et de trop réfléchir. L'alcool est également présent pour ce genre de soucis, pour oublier et ne pas laisser ses pensées prendre le dessus. Elles ont rapidement l'avantage sur Ichabod et c'est ça le plus emmerdant dans l'histoire.


L'alcool a bien coulé et la soirée a bien avancé. Les deux compères ont quitté le premier pub puis un second et sont désormais au troisème. Il semblerait que cette soirée se soit transformée en barathon improvisé. Comment est-ce que tout ça a commencé ?... Well, Ichabod a fait des avances à la Botanomancienne qui s'est offusquée. Alors, ils sont allés ailleurs. Et là, ils ont rencontré justement, un gars qui est Français. Le coup du sort, du hasard. Problème ? Ichabod qui maintenais au Botanomancien qu'il parlait français aussi bien que l'Anglais se retrouve bien emmerdé quand en voulant lui payer un verre, le sorcier à l'accent improbable lui demande :

Oh l'ami, vous avez du pastaga dans ton'g pays?

Un brin confus, et ivre il faut l'avouer, l'Aéromancien se tourne vers Zephyr avec les yeux qui louchent à moitié :

« Do yer' know by any chance what the fuck is that?  »

Si c'est une boisson alcoolisée à base de champignons, Zephyr doit surement savoir. Autrement ?... il va falloir deviner. Parce que leur ami du soir ne parle que très mal Anglais et est en réalité plus compréhensible en français. A l'évidence, aucun des trois compères de beuverie n'est encore assez alcoolisé pour être en mesure de soudainement parler toutes les langues du monde avec une confiance absolue.

« What about you love ? Do you know? »

Décidément on ne l'arrête plus Ichabod, accoudé sur le bar, à afficher son plus beau sourire à la serveuse qui se trouve de l'autre côté. En temps normal pas sur qu'Ichabod l'aurait abordée celle-là. Parce qu'elle doit avoir à peu près la même carrure que Zephyr, et que son vrai prénom ce n'est certainement pas Daisy mais plutôt Daniel.
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