Lift me out Of my own skin Of all my doubt - ft. Le jumeau maléfique de Thanikos

TW : TDI, funérailles, détresse psychologique, mention des attentas du 1er juin

La période du mois de Septembre est bien plus chargée qu'Aster ne l'aurait cru. Tout d'abord, il y a eu des décisions à prendre, qui ne furent pas faciles. Du moins, pas pour tout le monde. Pas pour ellui, qui n'a pas hésité lorsque le sujet a été amené sur la table à donner une voie en faveur. Les Vipères sont de retour. Iel s'est remémoré ses cours d'histoire, sans doute avait-iel tendu l'oreille ce jour-là pour se souvenir des faits lorsqu'ils furent évoqués de nouveau à la fin du mois d'Août. Saint Patrick est bien trop présent et Aster est de celleux qui pensent que parfois, il faut remédier au mal par le mal. Qu'aux grands maux il y a les grands moyens et que la violence s'avère inévitable. Iels ont essayé le pacifisme, iels ont essayé de rester caché·es comme des rats. Alors que ce n'est pas les sorcier·ères qui devraient craindre l'autre côté. Alors, Aster a soutenu la proposition.

Les noms ont été proposés, beaucoup ont pensé aux gardes des Coven. Bien entendu, un nom semblait évident à Aster : Izel. Il faut bien un représentant des enfants vagabonds dans cette sinistre organisation, quelqu'un qui en comprenne les enjeux mais qui surtout : devrait s'en faire une joie. Les pulsions de violence que peut ressentir son allié ne lui sont pas étrangères. Autant diriger cette énergie vers la bonne direction, et entamer la première étape de leur plan. Deux aéromancien·es ont été retenus. L'une est une victime directe des attentats du premier juin, mais a survécu. L'Hydromancienne l'ayant sauvée d'un destin funeste certain a également été recrutée. Elle est expérimentée, a elle-même servi son Coven dans sa patrie natale comme lancière de la froideur. Le second nom du deuxième bourrasqueur lui a cependant fait hausser un sourcil.

Tout comme son cours d'histoire, le prénom lui est revenu en mémoire. Nero, ce n'est pas aussi courant que Richard ou James. Thanikos non plus, ce n'est pas courant. Et en voyant la photo sur le dossier, bien qu'Aster n'ait aucunement une mémoire visuelle, iel a très bien reconnu l'homme dessus. C'est donc lui, que Thanikos lui a demandé de surveiller au cas où il lui arriverait quelque chose. Malheureusement, l'Oracle s'en serait rendu·e compte bien avant s'iel avait enterré les Karlsson le mois dernier. C'est l'un·e de ses collègues qui s'en est chargé·e, ellui avait ce jour là été demandé·e à un Famadihana au sein de leurs plaines Oniriques.

L'adresse notée sur un coin de papier, pour s'assurer de tenir une promesse. Mais aussi, l'envie de connaitre le fin mot de cette histoire et la vérité. Un jumeau ? Vraiment ? Est-ce que c'est bien ça ? Iel n'a pas souvenir pourtant que les Karlsson aient plusieurs enfants. ça se saurait si c'était le cas. Si Aster s'intéressait un peu plus à la presse et aux ragots, iel saurait aussi que l'on parle beaucoup de Nero. Mais d'un autre frère également, dont le prénom -Ichabod- lui aurait aussi ravivé quelques souvenirs. A croire que les mathématiques sont tout ce qui lui importe et que lea médium a oublié d'apprendre à lire lors de ses années à l'Académie.  

Il y a ensuite eu l'affaire Davi, dont iel est encore épuisé·e quatre jours plus tard. Quelque chose en ellui lui dit qu'iel n'aurait pas dû dire la vérité. Qu'il aurait fallu mentir, pour l'aider à être soulagé. Et depuis, Aster ne peut s'empêcher de se questionner. Est-ce que l'honnêteté était la bonne solution pour annoncer que Liz ne reviendrait pas pour parler au Zoomancien endeuillé ?... Il faut parfois dire les choses clairement, en prendre conscience pour avancer et entamer un chemin de guérison. C'est ce que Zephyr lui a soufflé : lui aussi a eu besoin d'un véritable électrochoc pour changer radicalement il y a quelques années. S'il n'avait pas été mis au pied du mur, s'il ne s'était pas retrouvé dans une clairière à reconnecter avec la nature (lors d'une énorme descente d'un cocktail indécent de substances nocives diverses)... Et bien, il ne serait plus là. Son amour le lui a dit très clairement, et Aster s'en est aussi retrouvé·e secoué·e.

Alors c'est pour ça, qu'iel se décide à noter l'adresse sur un bout de papier. Ce n'est sans doute pas très professionnel, de garder des informations comme ça. De les obtenir de cette manière. Mais iel se doit d'agir. Ses cartes ne lui ont pas donné un très bon éclaircissement sur la question Nero. C'est même l'inverse, iel a plus de question qu'au début. Une âme, scindée en des milliers de fragments. C'est ce qu'iel a tiré de son enquête personnelle, en interrogant les ancêtres et les esprits.

Décidant qu'il serait de mauvais goût de venir les mains vides chez le supposé jumeau ayant signé son contrat chez les Vipères pour s'occupper personnellement de la secte faisant des vagues de l'autre côté du miroir, Aster s'est donc chargé·e d'une bougie de la maison Zoia. Ce n'est pas comme si son grand-père lui en avait refilé quelques pots, qu'ellui-même ne brûle pas non plus. Parce que ça pue. Peut-être qu'il n'y a que les Crowley qui n'aiment pas ? Peut-être que lui aimeras l'odeur ? L'Oracle partageant l'avis de son aïeul sur les bougies et leur senteur, iel a tout de même la délicatesse de les renifler en amont pour sélectionner celle lui semblant être la moins saturée.

Voiture garée, lea nécromancien·ne attend la fin de son breakdown immonde pour couper le contact. Ses pas lea dirigent vers la porte d'un petit cottage. Plutôt mignon. Le genre de maison que l'on trouve certes dans le quartier des enfants des vergers, mais aussi et surtout dans tout les contes de fées de son enfance. ça lui rappelle un peu la maison de blanche neige. La nuit ne tarderas pas à tomber. Le bourrasqueur devrait être rentré du travail. En toute logique. Frappant donc contre le panneau de bois, Crowley attent patiament, sa bougie parfumée dans les mains et Moonbeam dans son sac sur son épaule. Et quand la porte s'ouvre, iel décide de sourire. On lui a déjà dit que les enfants pleurait car iel avait trop de dents, que c'est parce que les nourrissons avaient peur d'être dévorés que les larmes coulaient. Ce qui en soit, n'a aucune logique : Aster n'a ni plus ni moins de dents que quelqu'un de normalement constitué.

« Bonsoir, Nero je suppose ? »

Evidemment, que c'est lui. Mais un détail attire l'attention cependant. Quelque chose qui n'était pas présent sur la photo d'identité du dossier du bourrasqueur, qu'iel a eu entre les mains avant hier lors qu'il a fallu sélectionner le choix définitif de candidat·es.

« Non, y a les tatouages... C'est Thanikos alors ? »

Merde, ça ne lui semble pourtant pas logique non plus, à Crowley. Si c'était vraiment son ami, il se serait déjà mis à sautiller frénétiquement sur le palier en parlant très vite, heureux de lea revoir et d'avoir une visite surprise. Nez froncé et visiblement confus·e, Aster qui dernièrement manque de sommeil et de délicatesse préfère une fois de plus, se montrer plus honnête qu'il ne le faudrait sans doute :

« C'est le quel, des deux ? »

Trois., lui murmure une voix rapidement. Un chuchotement, qui ferait sursauter n'importe qui d'autre. Comme une voix dans un film d'horreur, à la quelle on ne s'attendait pas lorsque tout était silencieux quelques instants auparavant.

« Comment ça, trois ? »

TW : mention de meurtre, angoisse

Well, this was a confusing day. Week ? I don't even know.

J'ai l'impression de flotter dans un autre monde, depuis l'incendie. La guérison trop lente, la course contre la montre pour remplir des milliers de papiers avec le notaire et d'autres organismes quels qu'ils soient, Sortir mon frère de prison, plonger dans mes cauchemars aux côtés de mon petit ami, retrouver Thanikos...trop de choses différentes à la fois, que je ne contrôle parfois pas le moins du monde. Un soupir, un retour aux source par notre déménagement qui s'est aussi fait dans la précipitation - en même temps, je n'avais plus nulle part où aller. Un retour au champ de coquelicots, au calme du cottage dans lequel j'ai encore quelques beaux souvenirs d'enfance, d'insouciance. C'est peut-être la meilleure chose qui aurait pu m'arriver.

Mais alors que je pensais être en sécurité, définitivement je veux dire, il semblerait que Jake ait fait des siennes. Mon alter protecteur nous met en danger...du moins, c'est la sensation que j'ai. A moins qu'il s'agisse d'un mauvais rêve, encore ? Cet endroit...cette femme qui ressemblait à un fantôme...ces agresseurs pourtant si nombreux...je n'arrive pas à savoir si c'est la réalité ou simplement un autre cauchemar si réaliste que je ne le distingue pas de la réalité. Ca ne devrait pas me surprendre, mon imagination est débordante lorsqu'il s'agit de me faire souffrir. Et s'il était vraiment sorti, je serais probablement blessé, non ? Si Jake ne semble pas ressentir la douleur des blessures, les conséquences me retombent toujours sur les épaules. Là...bon, certes, j'ai mal à la main. Mais je bouge aussi énormément dans mon sommeil, Lucius me l'a confirmé. J'ai peut-être juste...dormi dessus, ou frappé le mur en me retournant. Oui, il y a une explication beaucoup plus logique que de croire que ni Lucius, ni Freya, ni Nuggets aient constaté mes escapades nocturnes.

Pourtant, je suis tout de même épuisé. Ma reprise du travail n'est encore pas proche, mais mon amant ne peut pas rester avec moi toute la journée. Alors je tente de me buter au travail, un autre genre de travail bien sûr, celui de remplir encore...des papiers. Vérifier la comptabilité avec le comptable officiel des Karlsson au téléphone, indemniser les domestiques ayant naturellement perdu leur travail avec l'incendie - et le fait que Lucius refuse purement et simplement d'engager qui que ce soit dans notre quotidien - déclarer les décès à tous les organismes imaginables, s'occuper de la succession...je ne chôme pas malgré mon arrêt, et c'est peut-être ça qui m'épuise puisque les cauchemars se font plus rares désormais, grâce aux efforts colossaux de mon cher et tendre.

Le cottage est isolé, les premiers voisins se situent à plusieurs centaines de mètres de l'autre côté du champ. Personne ne vient nous rendre visite, à part quelques animaux sauvages de temps en temps et un foutu chat qui se balade un peu trop souvent dans le jardin pour pisser dans les plantes. Middle age men problem. Alors c'est peut-être normal que les quelques coups au panneau me fassent immédiatement sursauter et lâcher mon stylo, le regard immédiatement suspicieux posé sur la porte. Est-ce que...est-ce qu'on m'a retrouvé ? Non, ce n'est pas logique. Réfléchis, Nero. Pourquoi viendrait-on te voir toi personnellement ici ? Le seul capable de visiter est Ichabod, et je doute qu'il en ait réellement envie. Parce qu'il a du mal à se replonger dans son passé, lui. Parce qu'il n'en a pas l'occasion non plus.

Lucius est encore au travail, et je ne suis vraiment pas rassuré d'ouvrir cette porte. Ma magie n'est plus ce qu'elle était, elle me fait défaut, et même si j'aimerais croire que la raison est ma blessure, au fond de moi quelque chose me dit que le blocage est différent. J'inspire profondément pour me donner du courage, quitte la table du salon qui me sert de bureau, et pars ouvrir.

La personne qui me fait face a un style étrange, pour ne pas être vexant. Des cheveux longs et colorés, une garde-robe plus sinistre encore que la mienne, un regard profond qui me met moi aussi mal à l'aise. Et...une bougie dans les mains ? Le genre d'énorme bougie qui dure des jours entiers, qu'on trouve dans des magasins spécialisés. Je sais que Lucius les apprécie parfois, moi...certaines ont brûlé pendant effectivement des jours entiers à la maison. Mais pourquoi est-ce qu'il se trimballe ça, ce type ?

"Ou...quoi ?"

Si au départ je ne suis pas surpris qu'il connaisse mon nom - c'est assez courant chez les Karlsson qu'on se réfère directement à nous comme des amis, la célébrité due à la fortune suffit, et je n'ai pas besoin de fouiller tous les tabloïds d'Edimbourg pour savoir que mon nom y a été placardé des centaines de fois depuis l'incendie - mon coeur rate un battement lorsqu'il se corrige. Moi qui suis déjà pâle, mon visage perd encore quelques teintes. Entendre ce nom de la bouche de quelqu'un d'autre qui n'est pas Lucius, c'est une véritable catastrophe pour moi. Pire encore : non seulement il semblerait qu'il le connaisse, mais en plus...connaisse d'autres secrets qui ne devraient pas être ébruités. La panique dans le regard, la respiration irrégulière et un début d'angoisse montant dans ma gorge, je balaye furtivement du regard l'extérieur derrière lui. Personne...pas l'ombre d'une autre présence. Il est seul. Bien.

"Pas un mot. Entrez."

Je ne lui laisse pas le choix, en vérité. Une bourrasque suffisamment puissante le pousse en avant et le force à passer le pas de la porte, que je ferme immédiatement à sa suite. La clé tourne dans la serrure ; l'endroit est scellé, désormais. Personne ne peut entrer ni sortir, par sécurité. Lucius ne rentrera pas avant une bonne heure, nous avons donc le temps lui et moi d'éclaircir la situation.

"Qui êtes-vous, et comment connaissez-vous Thanikos ?"

J'ai l'impression d'avoir déjà rencontré cet homme. Peut-être à un soirée mondaine, qui sait ? Son apparence est suffisamment atypique pour que je m'en souvienne. Mais de là à dire que je sais parfaitement de qui il s'agit...ah. Ma mémoire me fait défaut. Mon regard glacial plonge dans le sien, tout aussi bleu et perturbant - un Karlsson caché ? - les bras croisés, je semble me protéger. Les deux familiers, pour leur part, regardent l'inconnu d'un air intrigué plus que suspicieux.

C'est qui, lui ?
Aucune idée. Mais il en sait déjà trop.
Tu crois qu'il les connait...tous ?
J'en sais rien. J'ai peur que oui.

Freya plisse des yeux en fixant le nouveau venu, avant de pousser un petit hululement et de se percher sur le manteau de la cheminée. En cas de problème, elle pourra tout à fait sortir par l'une des fenêtres entrouvertes de la cuisine et chercher de l'aide. Mais elle n'aime pas non plus me laisser seul depuis cet été, et même si je râle, je l'en remercie intérieurement. J'ai besoin de soutien aujourd'hui encore.

"On ne mentionne pas ce nom, à l'extérieur. C'est dangereux. Et on ne mentionne personne d'autre, d'ailleurs. Pas de Thanikos. Pas de Jake. Compris ? Personne."

J'assume déjà qu'il connaît tout le monde, maintenant. L'adrénaline vient se mêler à ma magie, qui crépite dans mes veines et fait d'ailleurs flotter quelques objets sans que je la contrôle. Ca arrive parfois, lorsque la panique est proche. Heureusement, ce n'est pas dangereux...pour le moment. Disons que cette personne ne risque pas de finir avec un couteau planté dans la gorge par inadvertance ; sauf si elle s'avère être une menace.

TW : funérailles

Il est très courant, qu'Aster soit confus·e. Ordinairement, c'est face à un tirage de cartes un brin cryptique, ou un signe de l'univers lea laissant perplexe. C'est rare, qu'iel soit en train de douter complètement en face d'une personne bien vivante, en chair et en os. Face à une goule, encore. Pourquoi pas. Sa propre magie, à un palier plus avancé lea laisse souvent plein·e d'interrigations, se demandant surtout par curiosité comment est-ce que la magie peut aller contre la science, contre ce que l'on essaye de faire depuis la nuit des temps à savoir : revenir d'entre les morts et peut-être rester là encore un moment; pourquoi pas de manière indéfinie. Iel n'a malheureusement pas reçu ce genre de dons, et doute qu'iel sera doué·e une fois le palier trois atteint. Son talent principal demeure dans les arts mystiques, dans cette zone de flou artistique que personne ne comprend en dehors des mediums dans son genre. Issu·e d'un·e lignée de prophètes, ou plutôt de pythies aux augures indéchiffrables, cela n'étonneras personne. Chacun a ses propres talents, sa propre utilité et ses propres buts lors de sa vie mortelle ici bas sur terre, pendant ce laps de temps plus ou moins long que l'esprit de Necrosmoryx détermine en amont.

L'Oracle est certain·e se son rôle à jouer. Quel est celui de Nero, Thanikos... Jake ? Le troisième prénom lui est inconnu. Penchant la tête sur le côté en voyant l'homme face à lui paniquer, sa magie faisant même des siennes pours faire léviter quelques objets, Aster dépose le sac où se trouve son familier au sol délicatement. Une manière d'affirmer qu'iel compte s'installer, en tant qu'invité·e -non désiré·e. Mais aussi de s'assurer qu'en cas de pépin, Moon iras mordre. Fort. Rompre un tibia si besoin, bouffer la chouette les regardant de travers s'il faut en arriver là & même le chat à poils longs qui s'est joint à la séance de jugement intensif entre les murs de ce cottage qui quelques instants plus tôt, lui semblait pourtant accueillant d'apparence. A moins que ce ne soit ellui, qui aille mordre en premier·ère ?

« Je viens de la part de Thanikos. La dernière fois que nous nous sommes vus, il m'a demandé de prendre soin de Nero. Au cas où quelque chose arrive. Me voilà. »

Cherchant rapidement du regard un endroit où poser la bougie pour user de la magie des ombres en cas de problème lea contraignant à se dissimuler pour fuir - ou riposter, l'Oracle trouve un petit meuble dans l'entrée pour déposer son offrande. Ou son cadeau empoisonné, reste à déterminer si Nero trouveras aussi que les bougies sentent mauvais ou non.

« Il s'est à l'évidence, passé quelque chose. Je n'ai pas enterré vos parents moi-même, mais je suis au courant. »

C'est un peu tard, pour les condoléances non ? ça va faire un peu plus d'un mois. S'iel ne se remémore pas la date exacte des funérailles, Crowley sait qu'elles ont eu lieu début Août. Nero. Karlsson. Les pièces du puzzle sur son identité s'assemblent peu à peu. Ou du moins, autant que possible. Iel est désormais capable de faire la relation entre l'enterrement et le nom de famille. Personne n'en serait choqué, au sein du coven des enfants Vagabonds. Là où les enfants des vergers estiment le temps avec les espèces végétales ou le comportement animal, chez les nécromancien·nes on estime le temps bien souvent avec une rubrique nécrologique.

« Je viens en paix. Et pour tenir une promesse faite à un ami. »

Mais aussi maintenant, pour comprendre. En guise de bonne foi, l'Oracle dégaine son téléphone portable, pour montrer les SMS échangés avec Thanikos, dont de nombreux sont restés sans réponses.

TW : misgenderism

Fight, flight, freeze, fawn. Les quatre réactions se mêlent dans mes veines, se battent jusqu'à ce qu'une seule prévale : "fight". La guérison est en bonne voie, je ne ressens plus cette paralysie face à l'ennemi, cette volonté de fuir et d'éviter à tout prix la confrontation. Je suis entier de nouveau, et je sens d'ailleurs Jake s'agiter face à ce que je prends pour une véritable menace. Le sorcier qui me fait face ainsi que son familier, tous les deux capables d'attaquer en même temps. Freya aussi est sur les nerfs, prête à frapper de son minuscule bec comme si cela allait me sauver la mise.

"Tha...Thanikos ?"

Les pièces du puzzle bougent lentement dans mon esprit, pour former une image floue que je n'arrive pas à saisir. Pourquoi Thanikos s'inquiéterait-il pour ma santé ? Il devrait plutôt s'en faire pour la sienne ! Lui qui a disparu pendant si longtemps...et qui a failli me refaire le coup, cette fois encore...lui que j'ai dû libérer de mes mains, d'une prison faite de ma propre psyché...non, ça n'a aucun sens. Je fronce les sourcils, mais les objets descendent d'eux-mêmes pour se reposer bien sagement à leurs emplacements. Quand bien même la paranoïa me noue encore les entrailles, ma magie a décidé de faire confiance à cet inconnu. Du moins...dans la mesure du raisonnable.

Les paroles qu'il prononce me mettent la puce à l'oreille. "Ce n'est pas moi qui ai enterré vos parents"...un nécromancien ? Ca expliquerait le teint cadavérique, le côté "éthéré" et fantomatique, mais aussi l'apparence complètement hors du temps. Ses yeux en ont trop vu, comme tous les autres nécromanciens que j'ai pu rencontrer. Ici et ailleurs, assaillis par des milliers d'âmes trépassées, voyant ce que nous ne voyons pas. Une belle bande de weirdos.

"Vous êtes ami avec...Thanikos ?"

Cette fois, je tente de comprendre. Comment se sont-ils rencontrés ? Est-ce vraiment un ami, ou tente-t-il juste de m'amadouer pour un quelconque dessein ? Est-ce que Thanikos en a d'autres, des amis comme ça ? Est-ce qu'il a dévoilé notre secret ? Non, visiblement non...puisque cet homme - est-ce vraiment un homme ? J'ai un doute d'un coup - parle de nous comme de deux personnes distinctes. Il se base sur les tatouages, donc...peut-être croit-il que Thanikos en a et Nero non ? Merde. Maintenant il sait que nous en avons tous les deux. Des tatouages distincts, très similaires. L'a-t-il remarqué ? Evidemment qu'il l'a remarqué. Les nécromanciens ont une très bonne mémoire, non ? Putain. J'ai envie de disparaître.

"Qui êtes-vous, et depuis quand est-ce que vous le fréquentez ?"

L'interrogatoire continue. La crainte me noue toujours les entrailles, mon regard est toujours aussi perçant, mais j'ai besoin de savoir. Les amnésies dues à la prise de contrôle d'un autre alter sont toujours frustrantes, et si je pensais me tenir informé de tout ce que nous avions fait jusque là, je me rends compte qu'il me manque tout un pan de ma vie. Une amitié, ça ne se développe pas en une seule rencontre. I faut du temps, trouver des points communs, s'assurer que l'autre ne soit pas un traître capable de rapporter des horreurs aux mauvaises personnes...c'est peut-être pour ça que je n'ai aucun ami, moi. Alors comment justifier que je n'ai jamais entendu parler de cet individu, dans ce cas ? Son histoire est suspecte. Mais en même temps...Thanikos n'aurait jamais donné mon nom à n'importe qui, ni n'aurait expliqué où nous vivions désormais. Quoique, je suppose qu'une adresse est simple à trouver sur internet de nos jours.

"Et surtout...pourquoi est-ce que j'ai jamais entendu parler de vous avant ?"

Si l'excuse de Thanikos est seulement de dire que nous sommes de la même famille, frères peut-être, alors le fait qu'il ne me dise pas tout de sa propre vie est normal. Nous sommes deux adultes après tout. Mais il contrôle ce corps, et moi aussi. Alors je DOIS savoir ce qu'il fait avec, pour éviter un autre...hmm...drama, comme avec Lucius par le passé.

Enfin, la tension se dissipe. Nero semble se calmer, les objets se retrouvent à leur place habituelle, la chouette si elle garde un air suspicieux ne bouge pas. Moon pour sa part est encore un brin tendu aux côtés de saon sorcier·ère mais a bien compris qu'il n'y avait plus d'urgence pour sauter à la gorge de l'Aéromancien. Pas dans l'immédiat du moins.

« Oui. »

Oui, iels sont ami·es depuis quelques mois maintenant. Un an, peut-être ? Aster n'a pas réellement la notion du temps qui passe, laissant ça aux autres pour se soucier d'avantage des cycles lunaires et du cycle de la vie, de la mort.

« Je m'appelle Aster. Je suis Oracle, pour le coven des enfants vagabonds. Représentant·e au conseil aussi, pour les nécromancien·nes. Thanikos et moi on s'apprécie pour échanger en matière de sciences et de mathématiques. »

Iel n'aime pas toujours déballer son CV, mais puisqu'il lui demande, autant qu'il sache qui lui fait face. Oracle et membre du conseil. Mais aussi passionné·e de mathématiques. En vérité, Aster aurait pu envisager une toute autre carrière que la sienne. Iel aurait pu aller à l'université, si elle n'était pas exclusivement chez les humain·es, en vérité, ça l'aurait intéréssé·e de poursuivre des études de mathématiques à un niveau plus avancé. Faire travailler d'avantage sa cervelle, repousser ses limites. A défaut de fréquenter les bancs de la fac alors qu'iel en a tout à fait l'âge en théorie, lea nécromancien·ne préfère continuer son éducation seul·e en se tenant au courant des avancées dans le domaine, tenter de résoudre quelques problèmes poussés pour occuper ses après-midis.

« Peut-être parce que ça ne vous intéresse pas, les conversations de nerds ? »

Qu'est-ce qu'iel en sait, de pourquoi il n'a pas entendu parler d'ellui avant ? Haussant simplement les épaules en donnant une réponse bête à une question bête, une question qu'iel ne s'est pas posé·e non plus pour être honnête, iel hésite à faire un pas en avant vers l'Aéromancien qui lui fait face.

« Thanikos aime l'astrophysique. J'aime les mathématiques. Alors forcément, on discute surtout de ce genre de choses souvent trop complexes pour le commun des mortels, quand on est amené·es à échanger. »

Se rendant compte que ça pourrait être mal pris, qu'iel a été un peu trop honnête ou direct·e, l'Oracle se râcle la gorge :

« Faut pas croire que je viens de vous traiter d'abruti, j'en sais rien, je ne vous connaît pas encore assez pour le savoir. »

ça aussi, c'est mal formulé. Fronçant le nez, irrité·e que son insolence prennent encore une fois de plus le dessus sur tout le reste, Aster qui est bien plus à l'aise avec les morts qu'avec les vivants comme beaucoup d'autres partageant sa magie se corrige encore maladroitement :

« On a toustes des qualités différentes dans la vie, c'est pas grave si vous n'aimez pas les sciences. Vous êtes peut-être callé en histoire ou en langues à côté, en étant Aéromancien ? »

Ou peut être qu'il est con comme un barreau de chaise. C'est aussi une possibilité, et ça... C'est pas bien grave non plus, c'est juste qu'iel n'en feras pas forcément un ami. Ce n'est de toute manière pas le but de sa visite. A l'origine, Aster est ici pour s'assurer que Nero ailles bien. Maintenant qu'iel le sait vivant, l'Aéromancien n'étant clairement pas un fantôme malgré sa carnation digne d'une feuille de papier, Crowley voudrait comprend qui il est. Et savoir si c'est un abruti ou non est une question légitime, pour ensuite chercher à comprendre exactement qui il est. Qui ils sont. Parce que si les jumeaux existent, iel n'en a jamais vu ayant exactement les mêmes tatouages au détail près.