[Terminé] My corner of the sky ; Amor & Jingyi

tw: anxiété, nourriture

Jingyi se rappelle parfaitement comment elle a fini dans cette situation délicate.
Elle se souvient de tout, depuis le brouhaha tumultueux de la réunion d'équipe jusqu'à ce moment fatidique. Celui où l'impatiente Belladonna, voyant qu'elle faisait mine de ne pas réagir à ses coups de coude, avait pris la parole et demandé le silence. Et ce que Belladonna demandait, Belladonna l'obtenait : les regards s'étaient tournés vers la timide zoomancienne et elle s'était noyée dans son stress autant que dans ses propres mots. Pas merci Bella, vraiment. Après la réunion, Zhara avait même dû rassurer Jingyi, encore tremblante d'avoir parlé devant toute l'équipe. « N'empêche que je l'aime bien, ton idée, moi. » Avait dit Bella, pas désolée pour une pound d'avoir mis Jingyi dans cet état.

Depuis, la zoomancienne se répète les mots de son amie en boucle - autant pour se rassurer que pour se donner de la force. Heureusement, elle n'est pas seule dans ce projet. Pas qu'elle ait pensé à demander de l'aide au moment de la réunion d'équipe, elle avait trop peur de déranger pour ça. Mais elle sait qu'elle peut compter sur l'aide et le soutien de ses ami‧e‧s et collègues.

Et justement, en voilà un‧e qui passe à la porte ouverte de son bureau. Le sourire s'agrandit en reconnaissant les boucles d'Amor : « entre ! » L'invitation est lancée sur un ton où se mélange la joie de voir Amor et le soulagement de voir Amor. Vraiment, elle sait pourquoi Bella a insisté pour qu'elle propose ce projet de documentaires behind the scenes pour sensibiliser le public sorcier à leur travail de conservation. Mais elle n'a absolument aucune envie d'être la personne en face cam. Sur les conseils de Dubh, elle a déjà tenté l'expérience sur un réel de son compte instagram et elle n'a jamais eu le courage de poster la vidéo.

Alors que ses ami‧e‧s, elleux, feront d'excellent‧e‧s ambassadeur‧ice‧s.
Iels ont le charisme et l'aisance pour ce type d'exercices.

Aussitôt, le corps se met en mouvement : elle se lève, contourne le bureau chargé de papiers et de croquis. Et Jingyi accueille Amor dans une étreinte amicale autant que dans ce bureau qu'on pourrait imaginer être celui d'un‧e botanomancien‧ne tant il regorge de fleurs autour desquelles Fang vole et se régale. « Je suis contente que tu soies là, merci de m'aider pour le projet de la rentrée ! » Glisse-t-elle en s'éloignant. Dans ses mots résonnent une reconnaissance profonde mais aussi, à égale mesure, cette éternelle crainte d'embêter, de déranger. « J'ai fait des gâteaux au haricot rouge et j'ai amené un nouveau thé pour te remercier ! » Les doigts se referment sur une boîte en bois laqué qu'elle ouvre avant de la tendre vers lui. « Comment tu vas ? »

La confiance en soi, c'est une chose importante dans la vie. Amor a sans doute l'habitude de complaire Jingyi, de s'adapter pour la laisser s'effacer et rester dans l'ombre là où l'ornithologue se sent la plus à l'aise si elle n'est pas avec ses bêtes à plumes. C'est souvent ce qu'il se passe lorsque deux caractères opposés se rencontrent : les extrovertis prennent le dessus, attirent l'attention sur elleux et les introvertis pour leur part, se contentent de rester éffacé.e.s pour être dans leur zone de confort. La dynamique est naturelle, presque tacite. Mais Belladonne lui a remonté les bretelles à ce sujet la semaine dernière. Amor, tu prends trop de place.

C'est inconscient, pour le Portoricain. Il y a réfléchit longuement, après la conversation. Est resté étrangement silencieux la soirée suivant la discution qu'il a eu avec la Botanomancienne, indiquant que pour une fois : il était plongé dans ses pensées au lieu de déblatérer une idiotie à la minute. ça a même un peu inquiété Sky, qui d'ailleurs est lui aussi d'un tempérament introverti. Comme quoi, on en revient toujours à ça : les duos se forment naturellement, l'introverti trouve un être opposé pour s'y accrocher et se cacher derrière. Il a fallu du temps à son meilleur ami pour s'affirmer lui aussi. Ce n'est qu'à l'Adolescence que le rêveur a pu se détacher un peu d'Amor qui radiait pour deux. Sky s'est affirmé en vieillissant, a exprimé son individualité en étant le mec cool de l'académie qui a déjà des tatouages alors qu'il est à l'école. C'était le type un peu artistique et alternatif, qui attirait l'attention avec ses airs de rebelle. Pourtant, il n'utiliserait pas cet adjectif pour décrire son frère de coeur. D'ailleurs, Jingyi non plus il ne la qualifierait pas de rebelle. Et pourtant, elle est allée contre sa famille en arrêtant la formation d'oracle des bosquets pour devenir ornithologue.

Amor sait que c'est important pourtant, particulièrement dans les familles asiatiques comme la sienne, de répondre aux attentes de ses parents. Alors, peut-être que dans le fond c'est un peu une rebelle aussi, plutôt qu'une petite bulle de douceur ?... Toujours est-il que le Zoomancien ne peut pas faire dans la demi mesure. Le voilà à applaudir de manière dramatique et théâtrale après la prise de parole de sa collègue en réunion. Comme s'il venait d'entendre la clef de l'existence elle-même. Un coup de pied de Belladone sous la table plus tard pour lui signifier qu'il exagérait vraiment, le voilà poussé par la botanomancie le vers le bureau de Jingyi. Vas la faire rire un peu, tu sais faire.

C'est vrai, qu'il sait faire.

Comme à son habitude, elle sait accueillir. Un câlin, c'est toujours bien et un bon départ. Encore plus quand on lui propose également des gâteaux.

« C'EST VRAI ?! »

Il ne masque jamais son enthousiasme, Amor. Il ne sait pas le faire. Et c'est un homme simple :à l'image des bêtes, donnez lui à manger et il sera heureux.

Prenant place sur la petite chaise en croisant les jambes, le voilà qui s'agite d'impatience à l'idée d'un thé accompagné de pâtisseries aux haricots rouges. Pourtant, il n'est pas là pour un tea time. Enfin, pas que. Non, si Amor est ici c'est parce qu'il tient lui-même une chaîne Youtube sur les arachnides et que son savoir aideras Jingyi à tourner une vidéo sur ses oiseaux pour sensibiliser le publique à leur conservation. Pourquoi pas, à aussi créer des vocations au près des jeunes de l'académie.

« Tu sais quoi ? L'avantage de cette histoire de vidéo, c'est qu'on est jeunes et qu'on nous laisse faire. Si on avait demandé à des quadragénaires de s'en charger, ils auraient demandé à ce qu'on fasses un podcast dans notre chambre comme en 2010, avec l'angle vue du haut là, tu vois de quoi je parle ? En mode "ça vous est déjà arrivé de regarder en haut et de voir un oiseau ?" pour la phrase d'intro. »

tw: anxiété, nourriture

Assise à ton bureau, tu te sens encore trembler au souvenir de ces regards qui te détaillaient, t'entaillaient la peau et la confiance. Heureusement, Amor était là pour te soutenir de ses applaudissements. Sans lui, sans Bella et Zhara, tu es sûre que tu te serais défilée, tête baissée. C'est vrai : c'est un peu ce que tu as fait, lorsque vous avez toustes été remercié‧e‧s à la fin de la réunion. Tu as filé, ton journal de notes contre toi, comme un bouclier de papier ; tu t'es défilée dans la marée de la foule pressée et tu as rejoint ton bureau.

Le sourire d'Amor te met toujours du baume au coeur, t'amène sans cesse un sourire aux lèvres. Plus encore, tu as un rire qui t'échappe, s'envole quand son enthousiasme carillonne gaiement. « Toujours, bien sûr. » Tu assures, avec moins de décibels, mais une certaine assurance. Être une bonne hôtesse, c'est ainsi que tu as été éduquée - c'est presque naturel, maintenant, de toujours avoir quelque chose à manger ou à grignoter pour tes visiteur‧se‧s.

Alors te voilà en train de chauffer l'eau, de sortir deux tasses, de poser les pâtisseries entre vous deux sur la table. Peut-être que t'agiter te permet de ne pas penser tout de suite au reste et à ce qui vous attend. Ce n'est pas tant la montagne de travail qui t'effraie : tu n'as jamais compté tes heures pour le sanctuaire, été ou pas. C'est plutôt le jugement qui sera porté sur le résultat final (et sur toi en particulier). Les plus âgé‧e‧s de vos collègues n'avaient pas l'air convaincu‧e‧s mais ont accepté quand tu as dit que tu ferais le travail. Maintenant, tu as peur de te prendre un je l'avais dit en retour de flammes.

Heureusement, Amor semble avoir lu dans tes pensées car, tandis que tu attrapes la bouilloire qui chante l'ébullition, il te confie le fond de sa pensée. Ses mots te font rire, doucement, gentiment parce que tu n'es pas une personne moqueuse mais il a raison tout de même. Tu se souviens encore des reportages avec cette voix-off, toujours la même, qui racontait des évidences et comblait un silence qui n'avait pas besoin d'être rempli. « Oui, c'est vrai, tu acquiesces avec un rire indulgent en mettant le thé à infuser et tu te laisses un peu attraper par le jeu d'Amor : La maman oiseau ramène à manger à ses petits qui, sinon, ne survivront pas sans elle. J'aimerai quelque chose de plus vivant, montrer le travail qu'on fait ici. » Et pas seulement aux jeunes enfants des vergers qui viennent visiter l'Hermitage une fois par an. Tu voudrais créer des vocations, attirer des dons aussi. Alors tes doigts poussent vers Amor ton carnet de notes, sur la dernière page utilisée : « Je me disais qu'on pouvait faire des formats vidéos sur chaque métier un peu clef du sanctuaire, montrer leur quotidien et leur rôle. En parallèle, on pourrait aussi faire des réels qu'on mettrait sur l'instagram du sanctuaire pour faire un effet publicité des vidéos et profiter de plusieurs canaux en même temps. »

Tu parles vite, trop vite - portée par le stress qui revient. Si tu as ton compte instagram, il n'est pas vraiment professionnalisé. Ton ami, lui, est un spécialiste de Youtube, un vrai créateur de contenu (pas comme toi, n'est-ce pas ?). Alors tu crains un peu son verdict (et si c'était vraiment nul ton idée au final ?), même si tu sais qu'Amor est incapable de méchanceté. « Qu'en penses-tu ? Dis-moi surtout si c'est nul et que je me trompe, hein ! » Tu te redresses brusquement pour aller servir le thé, t'occuper avec un petit rire nerveux (et peut-être un peu éviter de lire l'expression d'Amor). « Vraiment, c'était une idée que j'ai eu un soir mais je ne suis pas la plus indiquée pour l'exécuter, tu es même probablement la moins indiquée, tu en es persuadée : et je suis sûre que les autres ont accepté principalement parce que j'ai dit que je m'en chargerai. »

CW: mention de serpents et d'araignées

La bouche pleine d'un des petits gâteaux en attendant que le thé soit prêt, Amor écoute avec attention Jingyi. Qu'importe qu'elle parle vite et beaucoup, lui aussi, il est habitué et saisis sans mal les informations qu'elle lui transmet dans la conversation. Prenant le temps d'avaler sa bouchée pour qu'elle puisse le comprendre convenablement, il hoche la tête :

« Les reels c'est une super idée, on peut aussi les publier en short sur youtube et sur tiktok, ça nous fait une vidéo pour 3 plateformes et ça réduit le travail tout en brassant plus d'audience. »

Les formats courts ont du succès, dans le jeu de l'algorithme il faut s'adapter et savoir où frapper pour avoir plus d'impact. C'est important d'analyser ces données là pour avoir une réelle idée de l'étendu de son contenu. ça donne des statistiques aussi sur Youtube, sur la tranche d'âge, le genre et la localité des viewers. Si ce n'est clairement pas la partie du travail qu'Amor préfère il la sait essentielle pour s'adapter. Prêt à tout pour faire connaître ses mygales chéries et autres bestioles qu'on ne qualifie généralement pas d'adorables.

« On va tester la température avec ton idée, voir si le concept fonctionne et intéresse les gens. C'est vrai que les métiers ça peut être un contenu plus pédagogique et niche qu'un truc plus axé sur la vie quotidienne qui brasse plus large. Mais si c'est éducatif, qu'on en apprend plus sur les différents animaux tout en présentant le métier, si on a des images mignonnes de bestioles, ça devrait attirer l'attention. C'est le plus difficile. Enfin, pas avec tes oiseaux, eux, les gens les trouveront choupis. Ce sera plus compliqué pour Zhara et moi... »

Quoi que, si sa chaîne Youtube sur les arachnides fonctionne, c'est bien qu'il y a un publique pour ça. Les reptiles peuvent avoir du succès aussi sur les réseaux sociaux, s'ils sont assez mignons - comme les petites couleuvres à nez plat. Ou s'ils ont une personnalité intéressante, à défaut d'être vraiment adorables.
Sinon, on peut toujours compter sur la personnalité du ou de la vidéaste. Amor est convaincu que c'est plutôt lui, qui a su attirer l'attention sur les araignées. Un Portoricain qui parle très vite et enchaine les blagues, tout en expliquant des termes scientifiques habituellement barbants. C'est l'humour qui est la clef de son contenu, pour faire passer un message dans le fond bien plus important : soyez gentils avec les insectes aussi, même s'ils ne sont pas aussi mignons qu'un lapin bélier ils sont très important pour l'écosystème et ne vous feront pas de mal pour la plupart. Quoi que.

« Y a surtout les plantes de Bella, qui peuvent nous sauver avec tout le pan plant tok sur tik tok. Mais si ça attire l'attention, ça va aussi proposer les autres vidéos dans le feed des gens et donc élargir l'audience en toute logique. »

C'est inhabituel, qu'Amor soit aussi sérieux. C'est rare de l'entendre parler comme ça, comme un adulte. Beaucoup douteraient qu'il en soit même capable et pourtant : si c'est pour le bien être des êtres vivants et la préservation de l'éco système, le clown a tendance a disparaître et à rappeler que, quand même, il a été capable d'obtenir un master en entomologie.

« J'irais promouvoir le projet aussi, sur mon contenu perso pour essayer de lancer un peu la machine au début. Je vais juste éviter de montrer tout de suite les grosses mygales aux gens, on va plutôt partir sur les petites araignées sauteuses qui sont mignonnes pour pas les effrayer d'entrée de jeu. »

C'est souvent délicat, de faire comprendre son métier et son amour des arachnides, mais Amor est convaincu qu'avec de l'humour, on peut tout dédramatiser - même le poison de la veuve noire.

tw: mentions d'araignées et de serpents, mention d'abandons d'animaux

Amor a dit que c'était une super idée. Et Bella a dit qu'elle aimait cette idée.
Alors tu te raccroches à leurs mots quand tu te sens glisser à nouveau dans les bras de ton manque de confiance. « Oh, oui, on pourra les publier sur Youtube et sur Tiktok. » Tu répètes après Amor, acquiesces d'un hochement de la tête. Mais la vérité, c'est que tu connais mal les autres plateformes qu'Instagram qui héberge ton contenu du dimanche. Alors tu le crois volontiers. C'est Amor, l'expert en la matière. « Je ne savais même pas que le sanctuaire avait un Tiktok, tu sais qui s'en occupe, toi ? » Avoues-tu, à demi persuadée que si compte il y a, alors il est probable que personne ne se charge de l'alimenter en contenu. Et aussi novice que tu soies, même toi, tu sais que ça n'est pas bon pour le reach.

Quand Amor propose de tester le public avec un premier contenu pilote, tu t'empares aussitôt d'un carnet et d'un stylo, notant toutes les idées du Portoricain (ou essayant de le faire en tous cas) pour ne rien en perdre. Là où beaucoup voient en l'arachnologue un amuseur de foules, toi, tu le connais bien assez pour savoir que dans ce débit de paroles et d'enthousiasme se trouvent un trésor d'idées à exploiter en faveur de la faune et de la flore. « Tu dis ça, mais je les trouve toujours très mignonnes tes araignées, moi. » Même les plus velues. Et il en est de même pour les protégé‧e‧s de Zhara. « Et puis, si je montrais un Bec-en-sabot du Nil, les gens trouveraient vite les oiseaux moins mignons, crois-moi. » Un sourire se tisse, un peu triste, à l'idée que la foule base son jugement sur des critères esthétiques quand chaque espèce est nécessaire à son niveau à l'équilibre de la nature. « C'est vraiment dommage que le capital sympathie des gens ne soit pas le même pour tous les animaux. » Tu soupires parce que sur ton compte, c'est tout l'inverse avec ton audience : les oiseaux n'ont pas de souci de popularité. Au contraire, tu passes ton temps à répéter aux gens de ne pas acquérir des oiseaux de compagnie car la très grande majorité des oiseaux ne sont pas des animaux de compagnie. Que ce n'est pas parce qu'iels font ton quotidien qu'iels pourraient faire le quotidien de tout le monde (et surtout pas dans une cage, brr, quelle horreur). « Hier encore, j'ai reçu un message de quelqu'un qui me demandait où iel pouvait déposer une chouette achetée petite et qui, forcément, a grandi depuis. » Racontes-tu avec un agacement visible. Et, vraiment, tu t'es énervée en story parce que ce genre de comportements irresponsables avaient le don de te faire sortir de tes gonds. « Je pense qu'il faudra vraiment insister sur le fait que ce ne sont pas des animaux de compagnie et que s'en occuper et leur fournir tout ce dont iels ont besoin, c'est un travail à plein temps, et pas juste un loisir qu'on fait deux heures la semaine. »

Et tandis que les idées s'échangent et se partagent, tu sens le stress s'évaporer, s'en aller. Ici, tu es en sécurité - et Amor aime tes idées. Ca veut dire qu'elles ne sont pas aussi ridicules que ce que tu pensais. Peut-être même qu'elles sont un peu intéressantes, non ? « Ca pourrait être bien de combiner le contenu animalier et soins avec les plantes de Bella. Par exemple, en expliquant quelles plantes on trouve dans l'habitat naturel de telle ou telle espèce. Ca attirera au moins quelques gens de plant tok qui aiment les animaux, n'est-ce pas ? Et ça mettra l'emphase sur le fait que tout se rejoint dans la nature ! » Après tout, vous n'êtes pas là pour créer juste des vocations en ornithologie : toutes les spécialités sont importantes et bonnes à prendre. Tu travailles bien assez avec Amor, Zhara et Bella pour le savoir.

« Oh, bonne idée de promouvoir le contenu sur nos plateformes personnelles. Je vais faire pareil, tu as raison. Même si je n'ai pas beaucoup de followers, c'est toujours ça de pris. Et si on annonçait une collaboration entre nos comptes et le sanctuaire ? Comme ça, on créera peut-être un cercle vertueux d'intérêt aussi ? » Proposes-tu, en servant deux tasses fumantes de thé, parce que tu sais que dans la défense de la nature, toute visibilité et tout bonne volonté est importante. Et tu flashes un sourire, un vrai sourire qui te dévore les joues et qui n'est alourdi par aucune anxiété, parce que portée par l'impulsion d'Amor, tu crois enfin que cette idée peut aboutir à un résultat intéressant, peut-être même à une réussite.

CW: mention de serpents et d'araignées et d'abandon d'animaux

« C'est normal, que tu sois pas au courant... On en a pas encore. »

Mais il faudra, parce que effectivement si le projet se concrétise il y aura tout un tas de choses à faire : trouver un nom qui accroche, se partager le mot de passe, faire la promo... La liste est longue. Jingi s'applique à tout noter, comme une élève modèle à l'école alors qu'Amor lui se concentre afin d'être pour une fois cohérent dans ses paroles. La Zoomancienne lui confie qu'elle trouve toujours ses araignées mignonnes, et lui juge bon d'ajouter avec un sourire :

« Et moi j'adore les Bec-en-sabot du Nil. Ils sont super originaux. »

Il est vrai cependant, que beaucoup de gens n'apprécient pas forcément les animaux qui ne sont pas mignons. Ou qui ne répondent pas aux critères de mignonitude populaires du moins. Quand elle évoque le fait d'insister sur le fait que ce ne sont pas des animaux de compagnie, Amor hoche vivement la tête en faisant rebondir ses bouclettes par la même occasion :
Si au Royaume-Uni et aux Etats-unis il n'y a pas besoin d'un certificat de capacité pour avoir une tarentule chez soi, Amor se dit que parfois, ce serait tout de même mieux de l'imposer. Il a déjà récupéré plusieurs araignées comme ça, confiées par des propriétaires dépassés par les évènements qui ne s'attendaient pas à ce que la bestiole grandisse autant.

« Le mois denier j'ai récupéré une mygale rose du Chili. Le propriétaire pensait pas que ça vivait jusqu'à vingt cinq ans... C'est sur qu'on fera de la prévention, à ce sujet. Je peux comprendre que des gens veuillent des animaux de compagnie exotiques, mais ils ont tous des besoins spécifiques et il faut réfléchir avant. Tu me diras, faut réfléchir aussi avant de t'engager pour adopter un chat ou un lapin, même si c'est plus facile. Que ce soit un animal classique ou un peu exotique, il faut savoir dans quoi on s'embarque. Y aura jamais assez de prévention à ce sujet. Y a des gens qui se disent que c'est normal, que j'ai tant de mygales chez moi, mais non, pas du tout... J'essaye au maximum de ne pas normaliser la chose. La plupart sont des animaux que j'ai récupéré, ou qui sont là pour être étudiés à des fins scientifiques. »

Parce qu'il y a finalement, très peu de papiers et de recherches sur les arachnides et que c'est bien dommage. Amor spécifiquement, aime étudier le comportement de ses bêtes à huit pattes. Jingyi et Amor sont sur la même longueur d'ondes, et le Portoricain approuve de nouveau d'un hochement de tête le fait de faire une boucle : que ce soit avec les plantes de bella, ou en faisant de la pub entre les différents comptes pour se promouvoir les un.e.s les autres.

« Avec un peu de chance, on arrivera à devenir viral et à sensibiliser le publique sur tout un tas de trucs : créer des vocations peut-être, faire comprendre que la biodiversité est fragile, que tous les animaux même les moins mignons sont importants et aussi mettre en garde contre les adoptions impulsives. »

C'est finalement un gros projet, mais s'ils y parviennent, la récompense et l'impacte sera important. C'est finalement ce qui compte le plus, dans cette affaire : le bien être de la nature en général, que ce soit pour les animaux ou les plantes. Chaque partie du puzzle est importante et il faut le réaliser pour le bien de l'Humanité, celle avec un grand H englobant sorcier.ère.s et humain.e.s.

A défaut d'avoir de la bière pour trinquer, Amor lève donc sa tasse de thé :

« A ce fabuleux projet. »

tw: mentions d'araignées et de serpents, mention d'abandons d'animaux, mention de burn-out

Les pages se noircissent au fil des idées qui germent dans votre discussion. Réseaux sociaux : trouver nom, créer les comptes, choisir CMs (IMPORTANT : pas James-Harry-de-l'Arrogance) Et tu notes tout précieusement, soigneusement. Tu as toujours eu ce côté bon‧ne élève mais noter et annoter, c'est devenu une seconde nature depuis ton burn-out et les problèmes de mémoire qui l'ont accompagné. Des to-do lists aux favoris enregistrés sur ton smartphone, même s'iels finissent égaré‧e‧s dans un coin, tu trouves rassurant de savoir qu'iels sont quelque part en cas d'oubli.

Ta tête ne se lève que pour un compliment aux araignées. Habituée aux animaux depuis ton enfance en Chine, toustes te semblent intéressant‧e‧s et mignon‧ne‧s - mais tu sais que pour le public, c'est loin, très loin, d'être le cas. « Et les becs-en-sabot t'aiment ! » La réponse se ponctue d'un rire amical. Presque tous les animaux finissent par les aimer - facile à dire en tant que zoomancien‧ne‧s, mais véridique, tout de même. A part les arrivées récentes, toujours plus stressées et anxieuses, Jingyi n'a pas souvenir d'une seule créature à l'Hermitage qui n'ait pas au moins un‧e sorcier‧e favori‧te.

« C'est affreux pour cette pauvre mygale. Et tu as totalement raison, et puis, iels ne pensent jamais qu'en adoptant un NAC, on sort un animal de son biome donc, forcément, il faut le reproduire chez soi pour que l'animal se sente bien. Des oiseaux tropicaux en Ecosse, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour le comprendre, non ? » Ca te dépasse les gens qui n'y réfléchissent pas et prennent ensuite ton compte Instagram pour un numéro vert SOS débarrassez moi de mon NAC et le sanctuaire pour un endroit pratique où se débarrasser de leurs animaux. De ton avis, ces gens-là mériteraient de vivre le traumatisme d'un abandon pour connaître un peu ce qu'iels infligent à leur animal. « C'est la faute des animaleries en partie, tu te mords la lèvre pour t'empêcher de jurer et d'insulter ce système qui te répugne : elles vendent des animaux avec des kits de soin totalement inadaptés et te font croire que c'est facile de s'occuper d'un animal. J'espère vraiment que nos vidéos de soins animaliers vont aider à faire ouvrir les yeux aux gens : on pourrait peut-être demander à Maeve d'être notre invitée pour ces vidéos. »

Quand ton ami acquiesce à tes mots, mentionne la possibilité de devenir viraux, le contentement te monte aux joues, les rosit délicatement : l'approbation d'Amor n'est pas une petite chose à tes yeux. Et plus que l'approbation, l'arachnologue semble confiant dans vos capacités de réussite, serein sur le potentiel de ton idée. Pour toi, c'est énorme. Grisant, même.

Ton sourire grandit encore au toast proposé, et tes doigts s'enroulent immédiatement autour de la porcelaine délicate : « Et à son équipe de choc ! » Les deux tasses rencontrent dans un tintement clair, et le liquide chauffe agréablement ta gorge. Tu te sens énergisée, revigorée par ta discussion avec Amor. « Bon ! Tu t'empares d'un biscuit, l'appétit un peu retrouvé maintenant que tu es rassurée : Par quoi on commence ? On peut réfléchir à la vidéo pilote par exemple ? Ca me semble le plus logique. » Réfléchir au fond d'abord, le message à transmettre, l'histoire à raconter. Puis s'occuper ensuite de la forme. Tu ignores si c'est la bonne méthode mais c'est ainsi que tu as toujours procédé sur ton propre compte.

« Tu as proposé de commencer avec des oiseaux, on peut démarrer avec les dodos, qu'en dis-tu ? Il y a même eu la ponte d'un œuf récemment, on l'a trouvé avec Cecil l'autre jour. Il faudra juste s'assurer de ne pas stresser la mère dodo. » Il faut dire qu'avec seulement une petite vingtaine d'individus, le programme de conservation reste précaire et la ponte de cet unique œuf est, en soi, un évènement.

La vidéo pilote c'est toujours la plus difficile. Parce qu'on s'y reprend souvent à cinq ou six fois avant de la sortir. Qu'on est pris de doute, sur tout même les petits détails insignifiants que personne ne remarque. Amor est de ceux qui veulent toujours bien faire, du moins, quand ça l'intéresse suffisamment. Autrement, il se contente bien du strict minimum comme ça a été le cas durant sa scolarité concernant les matières qui ne parvenaient pas à le stimuler. Il n'avait fait que des efforts en mathématiques durant le tertiaire, conscient qu'il aurait besoin d'un bon dossier en sciences pour espérer intégrer des études de biologie ensuite. Mais depuis son diplôme ?... Amor n'a pas réellement touché à une calculatrice. Ni pratiqué des équations complexes, où il y a plus de lettres que de chiffres. Amor n'est pas allé dans l'une des ivy league sélectives, mais ça lui a largement suffit. Ce n'était de toute façon pas son but : lui voulait rendre ses parents fiers et pouvoir vivre ensuite décemment de sa passion pour l'entomologie une fois adulte.

Toujours est-il que la vidéo pilote, doit marquer le coup et donner le ton. Les sorciers ont fort heureusement leur propre carneaux, pour éviter que les humains ne tombent trop facilement par accident sur des vidéos compromettantes. De l'autre côté, on a pas vu un seul dodo depuis plusieurs siècles. Et puis, si jamais un hacker venait à tomber dessus... Il penserait sans doute qu'il s'agit d'effet spéciaux. Amor est néanmoins toujours prudent à ce sujet. Ses vidéos à lui s'adressent à un publique plus large, humains ou sorciers. Il prend juste soin de ne pas dévoiler sa vie privée, pas plus que nécessaire, pour ne pas risquer les questions gênantes des internautes.

« Hum, on va devoir diffuser sur canal sorcier de toute manière pour le sanctuaire de base... Alors les dodos, je dirais que c'est une bonne idée ? »

Tout comme ils ont leur propre chaîne de radio à Edimbourg, iels ont aussi leurs séries TV et leur internet spécifique. Il y a surement déjà eu quelques accidents, des petits malins qui sont entrés alors qu'ils n'auraient pas du. Le secret magique est de plus en plus fragile, à cause des technologies : le Zoomancien en a conscience, et sait que ce n'est qu'une question de temps avant que ça ne se saches. Peut-être même que ça arriveras de son vivant ?

« ça peut montrer qu'on fait ce genre de choses, au sein des sanctuaires. Il y a sans doute tout un tas de sorciers qui ne savent pas qu'il y a des espèces normalement éteintes qui ont été préservées chez nous : ça peut donner une lueur d'espoir. Ou au moins, attirer la curiosité. »

tw: mentions d'araignées et de serpents, anxiété

La première vidéo est la plus difficile, tu le sais bien : tu t'étais décomposée entre nervosité et anxiété lorsqu'il t'a fallu poster ton premier réel sur Instagram, quand bien même on n'y voyait pas ton visage. Tu crois bien qu'il a fallu l'impulsion de Dubh, même, pour t'encourager et te pousser à le faire. Et si les gens n'aiment pas ? Et s'iels se moquent ? Et si, et si, et si ? Mais comme avec l'hydromancien, tu te sens plus rassurée de faire cette première vidéo (et toutes les suivantes) en étant épaulée d'Amor. Tu aimes travailler avec le Portoricain, même si son énergie est difficile à canaliser (et que tu te laisses facilement emporter aussi), et tu aimes ses idées. Tu es même admirative de sa créativité dès qu'il s'agit de mettre en avant ses araignées et son contenu - toi, tu te trouves encore bien novice en la matière, tes initiatives toujours ralenties par des dizaines de questions et d'interrogations anxieuses.

Un acquiescement de ta part ponctue les mots d'Amor sur les praticalités de diffusion, sur le public visé. Sorcier‧e‧s, oui, c'est bien - c'est plus simple. Vous ne voulez pas les questions des curieu‧se‧xs sur l'Hermitage of Braid et risquer une sanction pour mise en péril du secret magique. Qu'importe que tu te dises que pour préserver l'environnement, les sorcier‧ère‧s seul‧e‧s ne suffiront pas. Ce n'est pas la question pour le moment.

« Oui, et puis, voir ce qu'est le travail des programmes de conservation. Beaucoup de gens ne se doutent pas de ce que c'est, ça reste assez abstrait pour plein de monde au final, tu hausses les épaules, puis t'empares d'un petit gâteau que tu prends le temps de grignoter - autant pour le savourer que pour digérer tout ce flux d'informations et d'idées que vous venez d'échanger : Je suis contente de travailler sur ce projet avec toi et les filles. » Confies-tu avec douceur, reconnaissance aussi. Sans elleux, et surtout sans Amor, tu serais en train de te décomposer dans ton bureau, à imaginer mille scenarii catastrophes - tu le sais bien ça.

En parlant de Zhara et Bella, d'ailleurs ... « tu sais où elles sont ? Je croyais qu'elles allaient nous rejoindre ? » La question glisse sur tes lèvres avec un petit goût de surprise qui ne s'attarde pas réellement : « enfin, tant pis pour elles, les mots sont joyeux, un peu facétieux : tu veux aller voir la maman dodo et son nid ? On les a installé‧e‧s, elle et l'œuf, dans la volière pour pouvoir surveiller que l'incubation se passe bien. Les naissances de dodo sont tellement rares, j'espère que je pourrais assister à l'éclosion de l'œuf ! » Même si vous êtes le dernier sanctuaire à avoir une population viable de dodo, la vingtaine d'individu‧e‧s dont vous vous occupez reste fragile, prompte à s'éteindre elle aussi si la reproduction et les naissances ne sont pas suivies de près. Alors quand tu as trouvé ce nid avec son unique œuf dans la forêt, ça a été l'évènement au sein du département d'ornithologie pendant quelques jours.

Tw mention d'espèces en voie d'extinction et menacées, mention d'araignées
« Euh... Non ? »

Amor n'a aucune idée d'où sont leurs collègues. Ne savait même pas qu'elles étaient censées venir. Est-ce qu'on lui avait demandé de leur dire de se ramener aussi et qu'il a oublié ? ça n'étonnerait personne, étant donné la tendance d'Amor d'être particulièrement tête en l'air. Il oublie constamment les petites choses du quotidien comme celle-ci, s'en rappelle trois heures après ou six mois plus tard quand c'est déjà passé depuis longtemps. Le plus souvent au cours d'un moment qui n'a rien à voir avec la chose qu'il a omise. Il a essayé les blocs notes, les rappels sur le téléphone, s'écrivait même sur les bras au marqueur quand il n'avait pas autant de tatouages que maintenant mais rien n'a jamais fonctionné. A moins que quelqu'un d'autre ne s'en souvienne à sa place. D'ailleurs, en parlant d'oublier les trucs voilà qu'il se rappelle qu'il doit passer son contrôle technique qui est en retard de deux semaines. Ni une ni deux, profitant de se lever pour aller voir maman dodo, le voilà qui sort son téléphone pour tapoter un SMS rapide à Sky, son pense bête personnel.

Bro fais moi penser à appeler le garage pour mon contrôle technique stp merci je t'aime.

« Bien sur que je veux voir l'oeuf. »

Portable verrouillé avec un petit clic, rangé dans la poche. Un biscuit dans la bouche pour la route jusqu'à l'enclos des dodos et les voilà partis à la rencontre de l'œuf et de sa mère. Il y a assez peu de dodos. L'espèce a été préservée, du mieux qu'ils ont pu. C'est triste de se dire qu'ils ont simplement disparu parce que les gens mangent de la viande. Si tout le monde était végétarien ou vegan, on en serait pas là et le monde se porterait mieux aussi. Avoir si peu d'individus au sein d'une même espèce est aussi relativement dangereux, il se rappelle de son cas d'étude à l'université sur les guépards à ce sujet. Il ne reste que 10 000 individus dans la nature, la génétique est mauvaise et c'est compliqué pour eux de continuer à survivre. Alors c'est un miracle que les dodos puissent encore tenir étant donné le peu d'individus restants. Les générations de zoomancien•ne•s s'en occupant font toustes au mieux pour les préserver, éviter les mélanges entre individus trop proches mais la réalité est là : les survivant•e•s sont toustes lié•e•s.

Chaque oeuf est un petit miracle et même sans être Ornithologue, il en a conscience. Ses araignée à lui en ont des centaines d'oeufs. Ce n'est pas comparable, même pour les espèces en danger il y a toujours plus d'individus pour tenter de sauvegarder les espèces. Les arachnides sont moins complexes à gérer, même si au sein de certaines espèces, l'accouplement s'avère fatal pour l'une des araignées. La nature est parfois cruelle, mais ça... personne ne peut rien y faire. A part essayer de sortir très vite papa quand c'est possible, il n'y a pas de moyen de faire autrement.

Trottinant aux côtés de Jingyi, les voilà donc arrivant vers l'enclos. C'est difficile pour Amor, de se faire discret pour ne pas déranger ni effrayer la maman couvant son œuf. Mais le voilà à faire un effort, surhumain pour lui, pour ne pas sautiller partout tant il est excité.

tw: mention d'espèces en voie d'extinction et menacées, mentions d'araignées, mention de deuil

Un sourire t'échappe quand Amor avoue qu'il ignore où sont Bella et Zhara. Il n'y a rien de grave, de toute façon à leur absence : un « tu veux bien aller les prévenir qu'on sera dans l'enclos de la maman dodo ? » adressé à Feng perché sur une branche au-dessus de toi et tu observes ton familier voler par la fenêtre toujours entrouverte pour aller chercher vos amies. « S'il les trouve, elles nous rejoindront, et sinon, tant pis pour elles, elles verront la maman un autre jour. » Une épaule se hausse, les opportunités ne manqueront pas, c'est certain, pour tes amies de rattraper l'occasion manquée. Après tout, tous les quatre, vous passez vos journées au sanctuaire - pas parce que c'est votre travail, mais parce que c'est votre passion et votre vocation.

Les couloirs s'enfilent et défilent alors que vous vous dirigez vers les enclos réservés à l'ornithologie et aménagés spécialement pour les oiseaux recueilli‧e‧s par le sanctuaire. « Je crois que je vais ressortir mon lit de campement quand on approchera du terme de l'incubation, comme ça je pourrais dormir sur place et être là pour la naissance, ce n'est pas la première fois que tu fais ça et tant pis si on te prend (encore) (toujours) pour une acharnée du travail. Tu es avant tout passionnée : ça me rappelle quand j'étais petite, je faisais ça aussi avec mon père, ça énervait beaucoup ma mère qui trouvait qu'une enfant n'avait pas à camper dans un sanctuaire toute la nuit. » Confies-tu à Amor avec un sourire tendre qui brille jusque dans tes yeux. Autrefois, le souvenir t'était douloureux, au point de le taire. Mais les années passant, le passé se réconciliant avec le présent, une douce nostalgie prend maintenant le pas sur ton deuil, sur le manque de l'être parti, du parent disparu de ta vie.

Doucement, ta main vient pousser la porte qui sépare la volière du reste du bâtiment et c'est comme si un autre monde s'ouvrait à vous. Un monde entier dédié au bien être des oiseaux et de leurs soins. Au-dessus de vous, une forêt intérieure, œuvre des botanomancien‧ne‧s, s'étend ses branchages, créant un sentiment de sécurité aux oiseaux. Et à toi aussi, tu dois l'avouer. Ici, ton cœur s'apaise et tu te sens à ton aise - comme si tu t'effaçais, comme si rien ne comptait d'autre qu'elleux. « Elle est là-bas, tu montres du doigt un enclos, à peine plus loin et d'un pas tranquille, tu t'approches, diffusant autour de toi apaisement sur le fil de ton harmonie empathique avant de t'annoncer à la dodo occupée à couver : bonjour toi » La maman lève les yeux vers vous, la curiosité brille au creux de son regard noir. « Elle est belle, pas vrai ? On a trouvé son nid avec Cecil dans la forêt. » Dans le sanctuaire, ce n'est un secret pour personne que l'oniromancien passe régulièrement t'aider, t'accompagner dans ton temps de bénévolat ici. « On a eu une sacrée frayeur, d'ailleurs : Effie, tu sais, sa familière, s'était précipitée vers le nid et forcément, la maman dodo a voulu défendre son œuf. » Puis tu offres un sourire fier à l'oiseau alors que lentement, tu pénètres dans l'enclos.

L'approchant, tu parles à l'oiseau avec une tendresse réelle, palpable : « Tu es une bonne maman dodo, ton œuf est en sécurité maintenant. Tu veux bien me laisser t'examiner ? » (jet de dés) Ta main se tend vers l'oiseau, propose le contact sans l'imposer et c'est elle qui finit d'initier le contact, tant physique que mental, entre vous en glissant sa tête dans le creux de ta paume, réclamant les caresses que tu t'empresses de lui donner. Tes gestes envers elle sont tendres, mais expérimentés aussi, habitués aux oiseaux, à leurs humeurs et leurs caractères. L'examen est rapide, prompt pour ne pas la déranger plus que nécessaire, et tout en continuant tes tendresses envers elle, tu demandes mentalement à la dodo si elle accepterait une autre personne, ce à quoi elle te répond par l'affirmative. Alors tu proposes à Amor avec un sourire : « Elle est d'accord pour que tu la caresses si tu veux le faire. »

Tw mention d'araignées, mille pattes et scorpions / mention de difficultés à concevoir un enfant

« ça devait être super. »

Amor ne se souvienne pas que Jingyi ait déjà vraiment parlé de sa famille. Ils sont collègues, ils sont amis, ils s'entendent bien mais pourtant aucun des deux ne parle réellement de ses proches. Chez les Morales Rosa, le temps est au ciel bleu, tout le temps. Il n'y a que sa mère qui ait longtemps été horrifiée de voir son fils unique adoré et chéri tant aimer les bêtes dangereuses, venimeuses et vénéneuses. Mais plutôt venimeuses. Si les Botanomancien.ne.s sont immunisés à la plupart des poisons de plantes, les Zoomancien.ne.s pour leur part n'ont pas d'immunité au venin et autres toxines animales. Il a toujours trouvé ça injuste. C'est que ses parents ont tant peiné à l'avoir que maman est encore plus inquiète que la moyenne le concernant. Ils ont espéré et essayé de nombreuses années pour cet enfant, et les ancêtres leur ont donné un petit garçon un brin incoscient. La maturité n'a pas aidé Amor à devenir plus prudent, contrairement à ce que l'on aurait pu penser. Chez lui s'accumulent les arachnides, mais aussi quelques scorpions et mille pattes. Arachnologue avant d'être entomologue, il apprécie tout de même les insectes tout aussi vicieux, si ce n'est plus, que les araignées et autres mygales - ses favorites. Ce ne sont pas les plus grosses qui sont les plus dangeureuses, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Mieux vaut se faire mordre par une Antillena rickwesti aux longues pattes poilues qu'une petite veuve noire.

Pourtant, même si elle n'a jamais trop évoqué sa famille, le Portoricain est reconnaissant qu'elle partage ce souvenir d'enfance qu'elle garde de son père avec lui. ça devait être super, vraiment, il le pense sincèrement. C'est bien d'avoir un intérêt commun avec ses parents, de pouvoir hériter de leur savoir et de se faire transmettre une passion de manière intergénérationnelle. C'est important, le bouclé aurait aimé avoir ça lui aussi mais n'est pas jaloux pour autant. Parce qu'il n'est de toute manière pas capable de l'être, préférant toujours se réjouir du bonheur d'autrui plutôt que de se comparer aux autres et de s'apitoyer sur son propre sort. Son propre sort, qui n'a rien de triste quand on y regarde de plus près. Amor de toute façon, ne s'inquiète jamais de quoi que ce soit.

« Je t'apporterais le café le matin, promis. »

Parce que c'est important pour bien se réveiller. Iels n'ont pas le métier le plus facile du monde mais pourtant, boucle d'or pourrait sans doute affirmer qu'aucun des deux ne voudrait en changer pour tout l'or du monde. Une fois dans l'enclos, il tente de retenir son enthousiasme débordant pour ne pas effrayer l'oiseau. Jingyi s'en approche doucement tout en lui expliquant les mésaventures de la maman dodo et se son œuf. ça a mal commencé, ou plutôt, ça a commencé en demi teinte avec une grosse frayeur à cause d'un familier trop surexcité. Mais ça se termine bien : maman dodo est au chaud avec son œuf, on s'occuperas bien d'elle ici. Elle a probablement tout un tas de fruits délicieux à se mettre sous le bec, et bientôt, bébé aussi en aura tout un tas à dévorer pour bien grandir lui aussi. Ou elle aussi. Allez savoir, avec les oiseaux, on ne peut pas être aussi certain qu'avec les reptiles lorsqu'il est question d'œufs en gestation. Zhara elle pourrait prédire le contenu de sa couvée en fonction de la profondeur et de la température des œufs, Jinyi et lui n'ont aucun moyen de savoir ce que la nature leur offriras en récompense de leurs efforts.

« C'est vrai, j'ai le droit ? »

Un peu comme un enfant à qui l'ont autoriserait à reprendre une part de dessert, un Amor enthousiaste s'approche donc de la maman dodo avec précaution. Il a bien fait de rester calme jusqu'à présent, pour ne pas reproduire la même erreur qu'Effie le petit panda roux. Enjambant l'enclos avec précaution, le Zoomancien tend la main pour la montrer et laisser l'oiseau s'habituer à sa présence, sentir qu'il ne lui veut aucun mal. Eux aussi ont un sixième sens, dont ont hérité les zoomancien.ne.s. Une fois certain qu'elle n'est pas effrayé, le portoricain passe donc sa main sur le cou de la maman dodo, du bout des doigts dans un premier temps pour établir le contact en douceur, observer ses réactions. Puis plus franchement, une fois certain d'être accepté par l'oiseau. C'est la première fois qu'il en touche un de cette espèce.

« Tu fais un super travail pour t'occuper de ton œuf. Jingyi s'occuperas bien de vous deux c'est promis. »

tw: mention d'espèces en voie d'extinction et menacées, mention de deuil

Il y a un voile pudique sur tes jeunes années, sur ton temps à Wuhan et tes souvenirs de ton père. Tu n'en parles pas beaucoup. Au début, parce que tu n'avais littéralement pas les mots pour en parler - enfant déracinée et exilée en terres écossaises. Ensuite, parce que ton deuil est devenu intime, privé. Tes questions sur ton père n'avaient pas le droit d'être posées, vocalisées, de peur que la réputation familiale en souffre dans cette nouvelle société où vous étiez installé‧es. Aujourd'hui, alors que le deuil n'est plus aussi douloureux, tu supposes que tu as simplement pris l'habitude de te taire avec les années - que tu as perdu l'habitude d'en parler. « Ca l'était, on adorait les oiseaux, et tu ris un peu : enfin, lui adorait tous les animaux mais les oiseaux sont mes favoris depuis toute petite. » Lui, il aimait la nature tout entière - animaux, plantes, tout ce qui était vivant le fascinait. Des fois, elle se dit qu'il aurait été ravi de connaître ses ami‧es du sanctuaire.

« Oh merci ! De l'épaule, elle vient rencontrer celle d'Amor dans un petit coup amical, ponctué d'un immense sourire : Avec beaucoup de sucre, le café, hein ? » Demande-t-elle, le regard plein de gourmandise. Vraiment, c'est un miracle qu'elle ait de si bonnes dents malgré tout le sucre qu'elle s'enfile tous les jours avec joie et bonheur (sa mère et sa tante le lui disent sans cesse).

A l'approche des enclos, le calme revient entre vous, soucieu‧se‧x de ne pas déranger ou effrayer les animaux présent‧es. Celui de la maman dodo n'est pas loin et bientôt, te voilà dans l'enclos à l'examiner. Tes gestes, comme tes mots envers elle, sont chargés de tendresse et de délicatesse - on t'aurait confié le plus précieux trésor du monde que tu ne l'aurais pas manipulé autrement. Précieuse. C'est ce qu'elle est, après tout - elle et toutes les créatures de ce monde que tu veux protéger, sauvegarder.

L'examen fini, tu invites Amor, sur autorisation de la dodo, à vous rejoindre et l'enthousiasme du zoomancien te fait sourire en retour. « Bien sûr, elle m'a donné son plein consentement. » Tu confirmes avec un hochement de tête avant de plaisanter : « En plus, elle pourrait se vexer si je lui promets des gratouilles et qu'elle ne les a pas. » Tandis qu'Amor s'avance, tes yeux observent l'interaction entre lui et l'oiseau avec attention mais sans inquiétude. Tu as déjà vu travailler le Portoricain de multiples fois, tu sais qu'il est délicat avec les animaux, soucieux de ne pas les forcer. Alors tu es sereine quand tu écartes la main et que tu lui laisses la place pour un meilleur accès au nid. « Et bientôt, tu seras une star du net aussi, glisses-tu à la dodo avec un petit rire, bien plus confiante en votre projet maintenant que tu as l'aide de ton ami : grâce à Amor. »

Puis, fixant un coin de l'enclos, tu songes à quelque chose, tu te rappelles les expéditions d'ornithologie auxquelles tu participes fréquemment : « On pourrait lui demander si elle accepterait qu'on mette une petite caméra portable à cet endroit. » Tu pointes un coin assez éloigné du nid pour ne pas stresser la dodo, mais avec un angle de vue très bon sur ce dernier. « Ca nous donnerait des images pendant qu'elle couve son œuf ... et même après l'éclosion, ce serait utile pour observer les comportements de lae petit‧e, autant que pour nos vidéos. Tu en penses quoi ? »

Tw mention d'espèces en voie de disparition & d'araignées

« Pas que grâce à moi ! Je vais pas faire grand chose, à part ramener du café. Avec beaucoup de sucre. »

Il ne tiens pas à s'approprier toutes les fleurs pour le travail qu'iels vont accomplir ici. C'est une idée de Jingyi de documenter la naissance de l'œuf, pas la sienne. Lui n'est là que pour aider, savoir comment filmer et mettre en scène, comment publier sur les réseaux sociaux et espérer attirer le plus d'intérêt sur leurs activités afin de sensibiliser le publique.

Pour ne pas risquer de trop stimuler la maman dodo avec les gratouilles, le voilà qui retire délicatement sa main pour rester accroupi à ses côtés avec Jingyi. Regardant le coin de la pièce, le Portoricain hoche la tête. Ce serait une bonne idée, ça encore. Une idée que sa collègue a eu sans aide. Bella a raison, de pousser un peu leur chère ornithologue à avoir plus confiance en elle. Il n'y a pas de raison de se dénigrer, surtout quand on pense à des choses intelligentes comme celles-ci.

« Oui ça peut être super. Pour documenter le couvage, la naissance si on a de la chance aussi de la capturer à la sortie de l'œuf. Mais ça peut aussi permettre d'observer de loin, sans la déranger si on peut connecter la caméra à nos portables pour avoir un retour en direct. »

Lui a passé un master en arachnologie. Il a néanmoins eu des cours plus généraux au début, sur le comportement animalier et sur la biologie animale en général avant qu'il ne se spécialise vers ses belles à huit pattes.

« Je suppose que d'un point de vue Académique, on a très peu de matériel à étudier sur les dodos pour les zoomancien.es qui se sont spécialisé.es en ornithologie ?... ça pourrait peut-être faire avancer les choses, pour les études comportementales et donc, à terme, aider à les sauver. »

C'est important de penser aux choses sur le long terme. Mieux une espèce est documentée, plus l'on peut avancer pour la comprendre et aider à sa préservation. Lui-même étudie beaucoup le comportement de ses araignées. Beaucoup l'ignorent, mais certaines mygales sont tout à fait capables de jouer avec une balle un peu comme un chat, par curiosité si l'on en place une dans leur terrarium. Qui aurait cru qu'une araignée serait intéressée ? Pourtant, certaines le sont. D'autres ne le supportent pas, tout dépend des individus et du tempérament. Il y en a qui en auront peur, d'autre vont attaquer et enfin il y a celles qui joueront avec avec leurs pédipalpes.

« ça pourrait vraiment être super. ça t'éviterais de venir camper trop tôt aussi ! Si tu as la possibilité d'économiser quelques nuits de sommeil dans ton lit... c'est bon à prendre. On commence à se faire vieux faut qu'on commence à songer aux problèmes de dos. »

Dépliant ses jambes pour se redresser et s'éloigner doucement de la maman dodo, Amor les mains dans les poches adresse un sourire à Jingyi :

« Je vais me mettre une note sur mon portable, mais envoie moi aussi un message ce soir pour que j'y pense. J'ai une caméra qui peut se connecter à ramener pour l'installer ici. Je l'aie déjà utilisée pour filmer la mue d'une de mes mygales. »

tw: mention d'espèces en voie d'extinction et menacées

« Le café bien sucré et toute la connaissance technique, je n'appelle pas ça pas grand chose. » Un sourire se trace sur tes lèvres alors que tu secoues la tête, en désaccord avec les mots de ton ami. « Et tu oublies le soutien moral aussi. » Le plus important à tes yeux. Parce que, quelques moments plus tôt, dans ce bureau, tu n'étais pas capable de te dépêtrer de ton stress, tu ne savais pas par où avancer. Amor t'a aidée, écoutée. Et, surtout, il t'a donné une chose que tu as rarement : de la confiance en ton idée.

Ses encouragements te poussent même à en proposer une nouvelle d'idée, et c'est un sourire ravi qui illumine ton visage quand Amor dit que « ça peut être super ». L'approbation d'un‧e de tes ami‧es collègues a toujours compté à tes yeux. Peut-être que tu les mets sur un piédestal, Bella te le dit souvent souvent avec un air de reproche mécontent. Mais, tous les jours, tu les vois travailler, s'acharner pour finalement s'imposer, triompher. Et ça t'émerveille tout ce qu'iels savent accomplir avec la seule force de leurs convictions tandis que tu t'emmêles dans tes doutes et tes hésitations.

« Oui, on manque vraiment d'informations sur leurs habitudes. La population de la réserve est vraiment petite donc c'est difficile de différencier ce qui est un comportement de l'espère ou un simple comportement propre à l'individu‧e. » Et c'est encore pire avec les jeunes oisillon‧nes, plus rares encore que les adultes. « Donc même le matériel vidéo qu'on n'utilisera pas pour notre projet sera très utile pour le programme de préservation. » Observer sans intrusion comment se fait la couvaison, quels sont les comportements de la maman dodo avec saon petit‧e - ça vous permettra de vous occuper au mieux des prochain‧es oisillon‧nes dodo. Alors, s'il est possible d'installer une caméra et de la connecter à ton portable comme le propose l'arachnologue, tu connais déjà le nom de ton feuilleton préféré pour les prochains mois.

Un rire t'échappe quand Amor mentionne ton dos et tes nuits à préserver. C'est vrai que tu n'es plus cette petite fille qui campait dans un sanctuaire avec son père. Les nuits sur un lit de camp se font plus sévères avec ton corps maintenant qu'il y a vingt ans. Mais, en réalité, qu'importent les conséquences au réveil : il y aura toujours quelque chose de magique à l'idée de dormir au milieu des créatures à tes yeux.

« Oui, bien sûr pour la caméra. Tu connais Amor, tu sais qu'il faut lui rappeler les choses - ça ne te dérange pas : après tout, c'est toi qui demandes un service, ce n'est pas à lui d'en porter toute la charge mentale. Merci encore pour la caméra, et pour ton aide bien sûr. C'est vraiment gentil. Ca m'aide vraiment, alors merci. » Une dernière caresse à la maman dodo, la promesse mentale de revenir s'occuper d'elle plus tard dans la journée et tu te relèves, étires les bras au-dessus de toi. Puis un regard vers l'horloge suspendue à l'entrée de la volière te rappelle que tu as un autre engagement à tenir. « Je dois passer voir James-Harry, une grimace mécontente froisse ton visage à l'idée de devoir croiser ton collègue ornithologue, plus célèbre pour sa quantité de publications grand public et d'interviews que pour ses travaux : j'ai promis de lui passer mes notes sur les Frimastras pour son prochain livre. » Tu sais très bien ce qu'il va en faire, que tu n'auras même pas une mention dans les remerciements et encore moins une compensation monétaire. Mais tu n'as pas osé lui refuser ce service qu'il t'a demandé en pleine salle de repos, au milieu d'autres collègues. « Je dois repasser par mon bureau pour prendre mes notes, tu informes Amor quand vous ressortez ensemble de la volière : du coup, je t'abandonne ici. Passes une bonne journée ! Et merci encore. »

Et après une dernière salutation à ton ami, tu files à pas rapides vers ton bureau. Tu n'as pas particulièrement envie d'entendre les réflexions de James-Harry sur ta ponctualité ou sur ta considération pour son emploi du temps surbooké.