Under the sea - ft. Maeve

Il n'est pas aisé et même contre intuitif de s'éloigner de son élément de naissance. Enfants des vergers sont bien contents lorsqu'ils ont les pieds sur la terre ferme, botanomancien comme zoomanciens se retrouvent plus proche du plancher des vaches que des cieux ou des grandes étendues d'eau - en règle générale. Car tout dépend en réalité d'où l'on a grandit : c'est certain qu'en étant un.e enfant de Zoia qui aurait grandit dans un atol coralien, se transformerait plus facilement en mouette ou en poisson clown qu'en sanglier par exemple.

Voler n'est pas la chose la plus naturelle qui soit, lorsque l'on est Zoomancien. Il a fallu de longues années de pratique à Amor pour parvenir à se diriger avec aisance à l'aide d'une paire d'ailes et il n'y a guère que sous sa forme favorite, en étant un adorable bourdon dodu, qu'il y arrive parfaitement. Se retrouvant souvent assoupi dans une fleur même, lorsque les beaux jours arrivent. C'est qu'on s'y sent bien, le nez dans le pollen. C'est confortable, des pétales qui servent de couverture, encore plus quand il y a une brise légère pour vous bercer en faisant bouger la tige. C'est doux, ça sent bon, c'est relaxant. Très relaxant, la vie de bourdon. S'il s'écoutait, il y a bien longtemps que le portoricain aurait fait le choix de vivre exclusivement en tant que bourdon. ça fait aussi moins peur que ses araignées chéries, et ça ne pique pas contrairement aux abeilles que les moins courageux chassent de peur d'être piqué. Pourtant, ça n'arrive qu'en cas de dernier recours. C'est bien mal connaître les abeilles que de penser qu'elles n'ont que pour unique but de vous piquer !

Voler sous forme d'insecte est une réussite. Se transformer en bestiole venimeuse également, le plus souvent en arthropode et plus rarement en reptile. Les mammifères... Il n'y a que ceux de petite taille que le zoomancien parvient à maîtriser. En particulier, la forme de souris. A bouclettes. Adorable bestiole, mais qui provoque souvent quelques rires. Les essais pour prendre la forme d'un chat se poursuivent mais dernièrement, Amor a laissé cet entraînement un peu de côté. Il peut désormais emprunter les capacités d'un félin de manière plus stable qu'avant : retombe sur ses gros pieds avec un équilibre digne d'un gymnaste et peut lever la jambe plus haut que d'ordinaire comme le ferait un chat pour se toiletter. Il est en bonne voie et sait qu'il y arriveras !

Mais voilà qu'il a réalisé quelque chose d'intéréssant, il y a quelques temps, au détour d'une conversation avec sa collègue Maeve. Elle aussi soigneuse à l'hermitage, il n'est pas rare que les deux enfants des vergers se croisent et perdent une heure ou deux à discuter en oubliant totalement ce qu'ils étaient censés faire à la base. Mais c'est toujours enrichissant pour lui, d'échanger avec sa collègue. Et ils se sont rendus compte d'une chose : ils vivent sur une île. Oui, c'est bien. Portorico aussi c'est une île. Plus chaude et tropicale qu'ici. Oui, certes une île donc et bien ? Qu'est-ce que ça peut bien changer au final ? Il n'y a pas grand chose qui diffère d'un pays plus fermé. C'est jusque qu'il y a la mer à portée de nez, mais qu'ici en Ecosse ils sont assez proche du continent pour ne manquer de rien et ne pas avoir à taper dans leur livret A pour s'offrir un pot de Nutella au super marché contrairement aux antillais.es.  

Non, loin de là. Le soucis principal c'est qu'en discutant... Tous les deux ont réalisé que si un jour, il y avait un énorme déluge ils allaient mourir noyés. Si l'on surnomme volontiers le portoricain Boucle d'or grâce à sa crinière dorée toujours parfaitement bouclée, Amor estime qu'il est temps d'ajouter une nouvelle princesse disney à sa liste : Ariel la petite sirène. La noyade est un cas extrême, certes. Il y a peu de chance que ça arrive puis surtout, il y aurait tout unt as d'autres choses à gérer dans un scénario apocalyptique pareil. Mais toujours est-il, que ce serait bien utile de pouvoir se transformer en petit poisson... Parce qu'on ne sait jamais.

Le rendez vous à donc été pris entre les deux idiots du village, soudainement angoissés par une fin du monde biblique qui n'arriveras probablement pas de leur vivant : Quoi que, est-ce que l'Atlantide ça n'a pas un peu de vrai comme toutes les légendes ? Il y a sans doute eu des civilisations entières qui ont terminé six pieds sous la surface de la mer par le passé, les atlantes -ou qu'importe leur nom- auraient surement bien aimé avoir leur don pour se transformer en anchois ! Le terrain de jeu est quand à lui tout trouvé, avec le port de Leith. Ici... Ce n'est pas l'eau qui manque.

Heureusement qu'ils ont eu cette conversation en été, et pas en plein mois de décembre. Dans le pire des cas... ça les rafraîchiras.

Certain qu'ils pourront y arriver, qu'à deux on va plus loin que tout seul, Amor est d'une humeur confiante en ce début d'après midi. S'est montré raisonnable en ayant un déjeuner léger, pour ne pas couler comme un gros galet au fond de la baie d'Edimbourg et espérer réussir à se munir de branchies. Ou au moins... De trouver le lien avec une espèce animale semi aquatique. Ce serait déjà un bon début, non ? Le tricot rayé lui semble être la meilleur option, dans son cas : déjà proche des reptiles, le zoomancien est familier avec le fait de ne pas avoir de pattes et des glandes de venin.

Tout vas bien se passer, il en est certain. C'est une superbe journée d'été, lui a enfilé son plus beau short et un magnifique bob criard aux fleurs tropicales. Il est prêt, pour la baignade de sa vie en compagnie de son amie. Peut-être qu'Amor devrait cesser de toujours voir le bon côté des choses, non ? ça lui éviterais probablement de nombreuses déceptions dans la vie.