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[Terminé] Dark thoughts keep on filling up in my mind ft. Ichabod

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Nero Karlsson
Isolationniste
Nero Karlsson

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Bêta testeur.se aguerri.e
La discordance des temps modernes
Pas besoin de crème solaire
Bronzer à l'ombre
Véritable vampire
Le début des emmerdes
Le temps passe vite quand on s'amuse
La bosse de l'écrivain
L'ennemi de mon ennemi est mon ami
1ere Bougie
Nano-quoi?

Trombinoscope : [Terminé] Dark thoughts keep on filling up in my mind ft. Ichabod 8bac06d0315109a4bd4d5ae02aed14a5215ab0cf
Face claim : Ricky Olson
Pronoms RP : he/him
Âge : 35 ans
Tuer le temps : Bourrasqueur des Enfants des Vents depuis 2016, il est destiné à avoir un grand avenir en politique. Avenir dont il ne veut pas, assurément, mais qu'il n'a pas vraiment d'autre choix que de poursuivre sous peine de conséquences désastreuses.
Familier : [Terminé] Dark thoughts keep on filling up in my mind ft. Ichabod Chouette-cheveche-162023
Freja, la chouette chevêche qui semble en permanence en colère. Ce n'est pas qu'une apparence, croyez-le ; elle déteste tout et tout le monde. Attention aux coups de bec !

Compte en banque : 1732
Arrivé.e le : 09/10/2023
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Dark thoughts keep on filling up in my mind
02/08



Freedom, but at what cost ?
TW : Agression, torture, meurtre, paricide/matricide

La douleur. Encore et encore. Cette putain de douleur à laquelle je n’ai pas réussi à m’habituer, malgré les années de sévices. Oh, j’aurais cru pourtant y échapper une fois adulte. Les rêves d’un gamin écrasés par la réalité, le cauchemar n’a pas de fin.

Dix. Onze. Douze.

Les éclairs parcourent mon dos, un à un, brûlant la chair donc l’odeur me donne envie de vomir. Non, je ne m’y habitue pas. Ma peau est recouverte d’une fine couche de sueur, mon visage baigne de larmes que je ne parviens pas à retenir. Recroquevillé à même le sol, je prie pour que tout s’arrête.

Treize. Quatorze. Quinze.

L’électricité envahit mon corps, le marquant à chaque passage. Je pensais que maintenant que je la contrôle un tant soit peu, elle ne me blesserait plus…et pourtant, cette odeur immonde est bel et bien encore là. Les cicatrices sont ouvertes de nouveau, suintent d'un liquide étrange ne ressemblant même pas à du sang. “Lorsqu'il est chauffé à une certaine température, le sang coagule instantanément. Seul reste la lymphe, transparente, qui recouvre la plaie. Parfois, la lymphe elle-même finit par s'évaporer.” Une partie de mon esprit tente de rationaliser, de s’accrocher à un autre réel. Un autre monde.

“Je savais que c'était faux. Que c'était un mensonge. Tu n'as jamais guéri, hein ? Gamin difforme et monstrueux. Tu croyais que tu nous mènerais en bateau pendant combien de temps encore?!”
“S'il vous plaît…stop…”

Ma voix n'est qu'un murmure, un râle rauque qui ne tarde pas à se transformer en gémissement de douleur lorsqu'un coup de pied me cueille au ventre. Je tousse, crache du sang sur le carrelage immaculé. Déjà, je peine à garder conscience. Ma vision se trouble, je crois un instant apercevoir le visage de Lucius devant moi. Je tends le bras vers lui, espère attraper sa main…

Mais la mienne finit écrasé sous le talon de Madame Karlsson, et c'est un cri de souffrance qui s'échappe. Le craquement horrible qui en résulte me le confirme : mes os sont broyés, et j’ai l'impression que ma main est en feu. Un sanglot reste coincé dans ma gorge.

“Tu aurais dû mourir à sa place, fils indigne. Lui au moins aurait été parfait ! Tu le savais, hein ? C'est pour ça que tu l'as tué.”

Nouveau coup de pied, qui sert à me retourner cette fois. Face au visage déformé par la rage de Madame Karlsson, je redeviens le petit garçon de dix ans subissant sa colère sans pouvoir se défendre. Mon corps est secoué de spasmes, mes cheveux trempés de sueur tombent sur mon front, mon regard terne reste fixé sur ses mains sans oser trouver son propre regard.

Mais quelque chose s'éveille en moi. Ou plutôt, quelqu'un. Je sais ce que ça signifie. Cette colère froide, ces pulsions de mort. J'entends son rire dans ma tête, sa voix rauque et terrifiante à la fois.

“Elle mourra…ce soir.”

Mon coeur se met à battre la chamade. Je n'ai pas la force de retenir Jake, mais j'ai confiance en la faiblesse de mon corps. Il ne peut rien en tirer, n'est-ce pas ?

“C’est qui ce type, hein ? L'aberration qui t'a encore entraîné là-dedans…”
“Lucius Jager, il travaille à la Symphonie Verte à Old Town.”
“Un gueux en plus !”

Le nom de Lucius prononcé par ces gens me fait frissonner. Ils savent…ils le connaissent maintenant. Je tente de me redresser, mais un nouvel éclair frappe mon torse et me force à me rouler en boule, le visage protégé par mes avant-bras. Leurs voix sont distantes. Seule ma respiration, mon coeur battant la chamade et cette putain de voix rauque résonnent à mes oreilles. Mon esprit se brise encore, les insultes tournent en boucle dans ma tête.
Pas assez bien. Monstrueux. Une aberration. Une erreur de la nature. Pas assez parfait.

Ils mourront ce soir.

Mes poings se serrent, et je parviens à relever le visage vers Madame Karlsson dont l’expression ne fait aucun doute : elle veut me voir souffrir. Mes muscles endoloris bougent lentement, ma peau abîmée par la foudre se déchire au niveau des plaies. Chaque respiration est douloureuse. Si je ne possédais pas ce pouvoir, je serais déjà mort.

“Qu’est-ce qu’on peut faire ? On ne peut pas laisser cette histoire s’ébruiter, pense au scandale que ça va déclencher…”
“Ce type doit disparaître, c’est tout.”
“Non…”
“Ferme-la, toi ! Estime-toi heureux qu’on s’occupe encore de toi !”
“Laissez…le. Il est…il est innocent.”

Mon esprit se brise un peu plus. Le visage de Lucius apparaît de nouveau sous mes yeux, mais n’a plus rien à voir avec l’homme que j’aime. Son regard vitreux, le sang sur sa peau, zébrée d’éclairs…mon coeur rate un battement, j’ai envie de vomir. La terreur que je ressens aujourd’hui n’a rien à voir avec ce que j’ai pu expérimenter jusque là. Petit à petit, le contrôle que j’exerçais encore se délite, s’éloigne. Je me sens partir. Mourir, peut-être…

Ils mourront ce soir.

La respiration est calme, posée. Le sang coule lentement sur la peau, le coeur reprend un rythme normal. Le corps se redresse, les muscles répondent les uns après les autres. La marionnette désarticulée commence à se libérer de ses chaînes.

“Est-ce que je t’ai dit de te lever ? Non ! Alors ASSIS !”

L’éclair frappe, la main l’arrête immédiatement. L’électricité parcourt le corps, retour à l’envoyeur. Le cri poussé est un délice aux oreilles. Les insultes font grimacer, mots terribles qui trouvent un écho dans l’esprit brisé. La magie coule dans les veines, électricité accumulée qui n’attend qu’un geste pour s’échapper.

“Assis.”

La voix est rauque, douloureuse, bestiale. L’utilisation est compliquée, les sourcils froncés en conséquence. Le corps se redresse de toute sa hauteur, les yeux accrochent un regard angoissé. Devant la peur, les lèvres s’étirent en un sourire cruel.

Elle est si douce, ta terreur. Toi qui pensais éviter les conséquences…que dis-tu de jouer avec moi ?

La main gauche se tend, les éclairs fusent à travers la pièce pour toucher la poignée de porte qui fond instantanément, abîment le plafond et les murs. Le bruit sourd est douloureux, mais la peur qu’il instigue dans l’esprit en face est délicieuse. Nouveau sourire cruel.

“Ne reste pas planté là, bloque-le !”

Une violente bourrasque repousse le corps, le plaque contre l’un des murs avec tant de violence que la vue en est brouillée. Deux ennemis à vaincre. Deux adversaires. Impossible d’en oublier un et de lui laisser le champ libre. Comment procéder ? La magie est difficile à maîtriser.

Vous cherchez à tuer votre propre fils ? Lui qui vous protégeait de mon courroux…c’est votre arrogance qui vous tuera.

La magie est accessible de nouveau, et touche l’ennemi. Le corps abîmé devient invisible à leurs yeux, l’électricité de la pièce explose et plonge le tout dans le noir. Seul le lampadaire à l’extérieur permet encore de percevoir les deux silhouettes qui tentent de retrouver un fils qui ne se laissera pas faire si facilement. Tranquille est le pas jusqu’aux vêtements abandonnés, tranquilles sont les gestes récupérant deux lames dont l’éclat brille dans la pénombre. L’une tombe lamentablement au sol ; main gauche inutile, trop abîmée. Ce n’est pas grave. L’autre suffira amplement. L’arme abandonnée flotte doucement, portée par la magie.

Vous ne détruirez plus aucune autre vie.

Le corps se meut dans l’ombre, silencieux, et s’approche de l’adversaire le plus dangereux. Lame salvatrice qui plonge dans le flanc de celui-ci, l’autre se perd à l’arrière d’une cuisse. Le cri de douleur qui résonne est un réel plaisir. Au fond pourtant, l’être originel s’agite. Ne comprend pas pourquoi cette créature détruit l’ennemi, cherche encore à le protéger. Les protéger. Ne comprend pas que la source de tous les problèmes vient d’ici, de ces êtres infectes qui devraient déjà nourrir la terre à laquelle ils osent voler des ressources. L’oxygène qu’ils gâchent a un prix, qu’ils payeront entièrement ce soir.

Les éclairs fusent, encore, sans voir ce qu’ils visent. L’un d’eux parvient à trouver sa cible ; la douleur parcourt le corps, un grognement s’échappe et la magie s’estompe. Il est trop tard cependant, et la première lame quitte le corps pour le retrouver un peu plus haut. Puis l’autre suit sa soeur. En quelques secondes à peine, le colosse est percé de toute part, et ses forces l’abandonnent. Son sang macule les mains crispées, s’étale sur le carrelage déjà souillé par la punition qui n’avait pas lieu d’être. La rage revient en repensant à cette horreur, cette terreur qui prend aux tripes. Terreur qu’il faut infliger maintenant, vengeance à déguster après de trop nombreuses années.

“Que…qu’est-ce que…arrête tout de suite, c’est un ordre !”
“Non.”

Voix toujours rauque, toujours douloureuse, toujours bestiale. Eclairs qui éclairent, électricité qui touche sa cible, odeur de chair brûlée et souffrance qui font vaciller l’esprit. L’adversaire numéro deux ne se laisse pas surprendre, et commence à se battre pour sa vie. Ses insultes trouvent encore un écho, mais il est déjà trop tard.

Elle mourra ce soir, elle aussi.

Les lames s’enfoncent encore et encore. Le sang coule, les visages se déforment. L’homme est déjà mort, la femme ne tardera pas à suivre. Leurs corps mutilés à même le sol sont à leur tour des marionnettes désarticulées, coupées de leurs fils, incapable de se mouvoir seules. Un gargouillis rauque, et une voix résonne dans le silence nouvellement acquis.

“Pour…quoi…?”
“Sauver…Nero.”


Mon corps est figé sur place, tremblant de toute part. Agenouillé à même le sol, je fixe le carnage sans le voir. L’odeur est déjà immonde, et j’ai furieusement envie de vomir en voyant le regard sans vie des deux victimes. Je…je savais que quelque chose se passerait, mais j’ignorais qu’il irait si loin. Je ne savais même pas qu’il en était capable. Ou plutôt si, je le savais ; mais j’espérais ne jamais le voir.

J’ignore combien de temps je suis resté là, sans bouger, mais la nuit est bien installée. Incapable de me lever, je rampe jusqu’à mes affaires abandonnées dans un coin et les fouille fébrilement pour en sortir un téléphone. Je me fige de nouveau ; je ne peux pas parler à Lucius. Je ne peux pas…je dois le préserver. Mais je vais mourir, si je reste ici. Jake est encore là, tapi dans l’ombre…il pourra me tuer moi aussi. Peut-être que je devrais le laisser faire ?

Mes doigts pianotent sur le téléphone, lentement, le sang rendant la chose incroyablement complexe. Je le lâche immédiatement. Ma main gauche est hors d’usage…mais le message est envoyé. J’espère désormais ne pas être abandonné.
Crédits ; Anna Gizo
Ichabod Karlsson
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Tuer le temps : Tatoueur chez BAD DECISIONS à Leith. Etudes d'architecture qu'il n'a pas terminées, au lieu de créer des plans il les encre sur la peau de ses client.e.s.
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DANTE minuscule chauve-souris discrète qui murmure à l'oreille de son sorcier, mutique le reste du temps.

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02/08


Freedom, but at what cost ?
TW : Agression, torture, meurtre, paricide/matricide

Les rires et les chants envahissent le pub, c'est une soirée d'Août comme les autres. Tous profitent des éclaircies et du temps clément pour apprécier la soirée, alors que le pub monte un peu plus d'avantage le son de la musique au fur et à mesure que les conversations deviennent plus bruyantes. Il n'y a rien de particulier à fêter aujourd'hui, si ce n'est la vie elle-même et cette soirée d'été qui sait se faire apprécier à sa juste valeur. Cigarette au coin des lèvres, appuyé contre une table haute à la terrasse, Ichabod acquiesce en écoutant son interlocuteur : un Hydromancien qui s'apprête à partir à l'aventure. Jason a tout plaqué, son travail bien payé dans la banque de l'Edimbourg sorcier. Vendu toutes ses possessions pour s'acheter un catamaran et partir à l'aventure. Il veut faire le tour du monde, retrouver l'Océan qui l'appellent lui et sa magie. Sa femme l'a plaqué après sept ans de mariage, fort heureusement qu'il dit à Ichabod, sans enfants au milieu. Il prend le large la semaine prochaine et le tatoueur ne peut qu'approuver cette idée. C'est vrai que ça fait envie d'une certaine manière, cette future liberté que va avoir Jason. Mais c'est aussi effrayant. L'Océan est vaste, le voyage sera solitaire et bien plus dur que celui qu'Ichabod a fait il y a plus d'une dizaines d'années maintenant. Lui n'a fait que de passer de l'autre côté, n'a jamais eu l'opportunité ou plutôt le courage de réellement s'éloigner de l'Edimbourg familier malgré le danger.

Lui qui allait répondre est stoppé en voyant son portable vibrer sur la table de bar bancale plusieurs fois. C'est in habituel. La clope coincé sur le coin des lèvres, l'Aéromancien soudainement inquiet fronce les sourcils :

« Jason, en tant qu'Aéromancien, je te souhaite des vents favorables pour ton périple. Mais je vais devoir y aller, j'ai une urgence. Reviens me voir après ton tour du monde, je ne bouge pas d'ici. »

Le message est suffisamment inquiétant pour que le tatoueur ne réfléchisse pas bien longtemps. S'il se demande le temps d'un instant si ce n'est pas une sale histoire et une ruse désespérée de leurs parents, un leurre pour l'attirer, l'idée que quelque chose de réellement grave se soit passé le pousse à enfourcher sa moto. A conduire un peu trop vite également, de Leith jusqu'à New Town. Sa dernière consommation n'est même pas encore payée, la bière encore fraîche à peine entamée. Tant pis. Il y a soudainement bien plus pressent que le besoin de se désaltérer.

Depuis combien d'années n'est-il pas venu ici ? S'il a déjà visiter le cimetière familial quelques fois pour rendre visite à Aurélius, toujours dans le plus grand des secrets et en pleine nuit pour ne croiser personne, se retrouver soudainement devant la maison familiale est une toute autre chose. La dernière fois qu'il l'a vue, il était à peine majeur. A claqué la porte avec un sac sur l'épaule et juré de ne plus jamais y remettre les pieds. De ne plus jamais adresser la parole à personne dans cette foutue famille. Et il a tenu bon, jusqu'au retour de Nero. S'est même étonné de ne pas voir une tombe vide à son nom pour sauver les apparences, pour le faire passer pour mort plutôt que d'avouer qu'il était parti et avait tout abandonné.

La mâchoire serrée, l'enfant des vents s'avance vers la porte. Il a toujours détesté cette maison. Elle n'a jamais été la sienne, a simplement servi de toit sur la tête. Le manoir n'est pas un foyer, pas dans le sens au quel on l'entend généralement. Les couloirs sont trop longs, trop immaculés comme si personne n'y vivait. Les plafonds sont hauts et ornés, alors que personne en réalité ne s'embêter à lever les yeux si haut pour en apprécier les moulures. Si l'Architechture de la bâtisse est appréciable, Ichabod considère qu'elle a plus l'air d'un musée ou d'un palais comme au temps jadis que d'une maison de famille.

Lui qui s'apprête à frapper se retiens. Danger. A la place, il pousse avec précaution le lourd panneau de bois. N'accorde pas un regard aux moulures comme il l'avait prévu et préfère tendre l'oreille en se faisant le plus discret possible. Pousse même le vice jusqu'à léviter à quelques centimètres du sol pour que ses pas ne puissent être entendus. Son cœur bat la chamade. L'appréhension de ce qu'il va trouver y étant pour beaucoup. Les messages de Nero étaient composé de quelques mots, envoyés à la suite. Mais suffisamment inquiétants pour lui demander à lui, de revenir ici. La situation est assez désastreuse ou désespérée pour qu'il s'en remette à lui plutôt qu'à quelqu'un d'autre ou même à des gens -théoriquement- qualifiés comme la police.

Les lumières sont éteintes. Un mouvement de la main sur un interrupteur n'ayant aucun effet. Le tatoueur erre dans ces couloirs déserts et immaculés, décorés sans l'être : tout est aseptisé et sans personnalité, même les tableaux des aïeux font penser à ceux que l'on retrouverait dans une galerie de peinture classique.

Mais finalement c'est une odeur qui le met sur la piste. Il ne pensait pas que ce serait ce sens là qui s'éveillerait en lui : La main portée au nez, l'aéromancien retiens un grognement pour ne toujours pas être repéré mais en suit la trace.

Les pieds tombent au sol. Appuyé contre un mur légèrement calciné, ses jambes flanchent.

Il a souhaité leur mort plus d'une fois, sans jamais réaliser tout ce que celà impliquerait. Il a souhaité qu'ils disparaissent, mais dans le fond, espérait sans doute que ce serait l'âge qui finirait par les emporter pour les libérer définitivement, Nero et lui. La main tremblante contre la bouche, les yeux brulants de larmes qu'il n'arrive pas à retenir, Ichabod s'avance en silence au sein du salon d'été pour chercher des yeux le corps de Nero. Parce que c'est ce qu'il s'attend à trouver : un corps sans vie de plus, celui de son frère. Un dernier affrontement, qui aura emporté toute la famille définitivement.

Mais Nero est là, et semble vivant. Son regard est néanmoins vide. Son corps est faible, marqué par la violence de l'altercation. Tombant à genoux face à son aîné, toujours tremblant face à la scène, le benjamin de la fratrie ne sait pas quoi dire. Est-il seulement capable de parler ?... Sa main se serre sur l'épaule frêle de Nero.

« C'est fini. Nero... Tu m'entends ?... »

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02/08



Freedom, but at what cost ?
TW : meurtre, dissociation, paranoïa, mention de torture
Je ne sais plus où je suis. Plus ce que je ressens. Est-ce que j'ai mal ? Peut-être...mon corps est sous le choc, tant et si bien que j'ai l'impression d'en être prisonnier. J'aimerais hurler, hurler jusqu'à en perdre la voix, hurler jusqu'à en mourir peut-être. Mais j'en suis incapable. Adossé contre un fauteuil en cuir éclaboussé de sang, je fixe les deux corps à même le sol sans vraiment les voir. Je n'arrive pas à intégrer ce qui s'est passé. J'ai beau tenter de m'en souvenir, ma mémoire semble effacer les dernières minutes seconde après seconde, ne laissant qu'un vide sombre qui m'engloutit peu à peu. Je suis encore là, torse nu, un liquide carmin gouttant sur mon visage, avec cette désagréable sensation de ne plus être tout à fait humain...ni tout à fait vivant.

Je n'entends pas la porte s'ouvrir, ni ne voit la personne qui vient de débarquer dans le salon d'été. J'ai même oublié ces messages que je viens pourtant d'envoyer, à qui je les ai envoyés, qui est potentiellement venu me retrouver. Mais je sens bien la main posée sur mon épaule, et, lentement, mon regard se lève vers un visage qui me paraît familier.

Ichabod est là. Celui qui a abandonné cette vie il y a longtemps, qui m'a abandonné dans cette prison dorée, a pourtant couru pour me rejoindre. J'aimerais lui dire à quel point je suis heureux de le voir. Mais le suis-je réellement ? Je ne sais plus quoi ressentir. "C'est fini"...ces deux mots résonnent dans mon esprit, comme un langage que je ne comprends pas. C'est fini ? Quoi donc ? La boucherie ? La douleur ? Ma vie, peut-être ? Tout ça à la fois. Il a raison, Ichabod. C'est fini.

Quand je rêvais de me libérer de mes chaînes, j'imaginais que la liberté serait douce et agréable à toucher du bout des doigts. Je rêvais de pouvoir m'enfuir, épaulé par Lucius qui m'a proposé plus d'une fois de quitter le pays pour fuir comme deux amants maudits. J'ai même rêvé de ce moment où je me vengerais enfin de ces êtres vils qui ont détruit ma vie, rêvé de leur faire goûter la douleur, à eux aussi. Des rêves sûrement appuyés par Jake quand j'y pense, lui qui n'attendait qu'un moment de faiblesse de ma part pour frapper. Alors pourquoi est-ce que je me sens si mal ? Pourquoi suis-je à ce point prisonnier de mon propre corps ?

J'ouvre la bouche, lentement, mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Les larmes sur mon visage, mêlées d'un sang qui n'est pas uniquement le mien, ont séché maintenant. Mon regard terne trouve le sien ; il pleure, lui aussi. Pourquoi ? Les aimait-il encore, malgré ses paroles ? Peut-être qu'il s'est joué de moi, peut-être...qu'il était leur agent depuis le début. Peut-être que c'est lui qui leur a donné le piston, pour Lucius. Je tente de trouver une preuve de culpabilité sur son visage...mais n'en trouve aucune. Il semble terrifié. Par ma faute, sûrement. Encore une fois...ma faute. Je ne peux pas le supporter.

Mais ce n'est pas grave, au final. Plus rien ne compte désormais. Je n'ai plus aucun but dans cette vie-là. Je me rends compte, maintenant que mes chaînes ont été brisées, que je ne suis plus rien sans elles. Vivre avec la peur au ventre, c'était tout de même vivre quand on y pense. Maintenant...à quoi bon ? Lucius...il est hors de danger, et c'est tout ce qui importe. Il vivra bien heureux sans moi. Ichabod...il s'est débrouillé jusque là. Il peut bien me laisser crever ici. Peut-être que la police me tirera une balle dans la tête, qui sait ?

"I...Icha...bod."

Ma voix commence à revenir, mais je ne suis pas encore tout à fait là. Ma conscience vacille, s'estompe pour revenir, comme si un autre que moi tentait de prendre le contrôle. Je ne lutte pas, pourtant ; mais je ne ressens personne d'autre derrière le voile. Thanikos a disparu depuis trop longtemps, Jake a accompli sa mission et s'en est allé, me laissant gérer les conséquences de ses actes. Et moi, je ne parviens pas à tenir.

Je tends le bras droit, le regarde un instant en me demandant pourquoi il me semble si étranger. Est-ce vraiment moi qui manipule ce corps ? Est-ce seulement mon corps...? Je ne le reconnais pas. Ma main se pose sur celle de mon frère, et l'espace d'un instant, j'ai la désagréable impression qu'elle va le traverser. Comme s'il était irréel...ou que je l'étais devenu.

"Je...je..."

Je suis incapable de former des mots, des phrases cohérentes. Je ne sais même pas ce que je veux. Tout ce que je sais, c'est que si je reste ici...je finirai comme eux. Est-ce que j'ai envie de mourir ? Oui. Non...j'en sais rien, en fait. Je veux juste que tout s'arrête. Que ce soit vraiment fini.

La douleur se rappelle à moi soudainement. Je grimace en baissant le regard sur mon propre corps, remarque les très - trop - nombreuses plaies ouvertes, ces blessures déjà cautérisées qui suintent pourtant d'un liquide presque transparent. Mon regard dévie vers ma main gauche, posée sur ma cuisse ; je ne la sens même plus, mais rien qu'à son état, je sais qu'elle est définitivement hors d'usage. Je relève la tête, enfin, et ma vue commence à se troubler. Est-ce que je reprends pied avec la réalité ? Peut-être...les larmes qui tracent un sillon aux côtés de leurs soeurs précédentes sont un signe.

"Ils...ont tué...Lucius. Ils ont...je...non...non, c'est pas ça. Ils savent. Ils veulent...Icha...Ils vont le tuer. Ils vont...je dois...je...je peux pas..."

Mes paroles sont complètement incohérentes, et je n'arrive même pas à savoir moi-même ce que je veux dire par là. Le visage de Lucius apparaît de nouveau devant mes yeux, ce visage livide à la peau déchirée, ce corps nu zébré de plaies similaires à celles que je porte actuellement. Mon corps se remet à trembler, mes doigt se crispent sur la main d'Ichabod. Ignorant la douleur, je me frappe violemment la tempe de la main gauche. Je ne veux plus voir ça. Plus d'illusions, plus de cauchemars.

"Il l'a fait. Il l'a fait, Icha. Il l'avait dit. Il voulait le faire. Il l'a fait."
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TW : Crise d'angoisse, torture, meurtre, paricide/matricide

Le corps est présent, mais l'esprit n'y est pas. Ichabod comprend bien que son frère va mal, aussi bien physiquement que mentalement. La psyché semble même être dans un état plus inquiétant, actuellement : il semble être hors de danger, blessé, mais encore capable de respirer et de bouger un minimum. Certes, le cadet tente de ne pas trop regarder le corps de son frère pour ne pas flancher. Ne s'attarde pas sur les blessures pour ne pas finir avec la nausées. Il lui faut garder son sang froid, rassurer Nero pour ensuite, s'inquiéter de son état.

Il est essentiel que son frère se calme, pour que la situation s'améliore. Pour qu'Ichabod puisse comprendre ce qu'il se passe. S'il parvient à en avoir une vague idée, l'horreur de la situation l'empêche lui aussi d'avoir l'esprit suffisamment clair. Soufflant en fermant les yeux et en baissant la tête, l'Aéromancien se concentre pour regrouper ses propres doutes et se calmer. Relevant ensuite son visage vers celui de Nero, l'estomac serré en constatant les blessures qui se distinguent dans la pénombre maintenant que ses yeux s'y sont habitués, il plonge son regard dans le sien :

« Respire avec moi, Nero. »

Les inspirations et expirations s'enchaînent, pour tenter de retrouver un rythme calme. Aider le corps à reprendre possession de ses moyens. Les corps, en réalité. Car le tatoueur a lui aussi besoin de se calmer. Il lui faut à lui aussi, cesser de trembloter ainsi. Voir Nero dans cet état, l'entendre dire que Lucius a été tué... Ichabod comprend que la dispute a éclaté. Que c'est à l'annonce du prénom de l'Oniromancien, que son aîné a perdu ses moyens. Les Karlsson ne sont plus. Du moins, il ne reste qu'eux deux dans cette famille. Eux aussi portent ce nom, on ne les élimineras pas si facilement. Il en reste encore deux, mais ils sont loin d'être les pires. Eux ont au moins la décence d'avoir quelques principes.

Sa persuasion semble fonctionner. Bientôt, les respirations sont plus régulées, d'un côté comme de l'autre. Avoir retrouvé un bon rythme aide Ichabod à aborder sereinement la situation. Du moins... Le plus sereinement possible. Nero les a tués. En guise de légitime défense, certes mais... L'Aéromancien sait bien que ce ne sera pas simple de le faire comprendre aux autorités. Tous sont blessés, parents comme fils. Laissant Nero retrouver ses esprits en respirant, le benjamin s'éloigne de quelques pas. Sortant son téléphone portable pour en allumer le flash et observer les corps. La main contre la bouche pour réprimer la nausée, son regard est attiré par un autre type de blessures : il n'y a pas que les éclairs. C'est même autre chose qui a probablement eu raison des géniteurs, lorsqu'il aperçoit des plaies semblant avoir été faites à l'aide d'une arme blanche. S'éloignant pour ne plus les regarder, balayant le sol avec la lueur pâle de son téléphone, c'est d'un ton anormalement calme, usant de son don d'orateur, qu'ichabod pose la question la plus importante en cet instant :

« Où est-ce que tu as mis le couteau ? »
Crédits ; Anna Gizo


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02/08



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TW : meurtre, dissociation, paranoïa, pensées suicidaires
La voix d'Ichabod est comme une bouée de sauvetage au milieu d'un océan en furie. Je m'y accroche pour ne plus dériver, et petit à petit, me voilà de retour à la réalité. Oh, ce n'est que passager et je le sais ; mon esprit est habitué à se fermer et quitter ce corps quand la douleur, tant physique que psychologique, est trop intense. Je suis ses indications, respire en même temps que lui, calme peu à peu mon coeur et parviens enfin à avaler de l'oxygène. Il faut que je reste là. Je ne peux pas abandonner maintenant. Pas alors que je suis enfin libre.

Mon frère s'éloigne, et sans savoir pourquoi, je sens ça comme une trahison de sa part. Ma panique remonte en flèche. Mon cerveau malade ne sait pas comment interpréter ça. Est-ce qu'il va m'achever ? Est-ce qu'il va appeler quelqu'un pour le faire...? Non...non, ça n'est pas le genre d'Ichabod. Pas alors qu'il m'a poussé lui-même à quitter cette famille, sans savoir que je ne le pouvais pas. Je déglutis difficilement, et dans un espoir de m'ancrer sur terre, je profite qu'il revienne vers moi pour agripper sa main fermement et ne plus la lâcher. J'ai besoin de lui.

Je mets un certain temps à comprendre sa question. Il parle de...couteau ? Qu'est-ce que c'est, déjà ? Ah...oui. C'est mon arme fétiche. Deux poignards que je porte sur moi, et qui...oh. Qui pourraient clairement me désigner comme tueur, n'est-ce pas ? Je balaye la pièce du regard, lentement, silencieusement. J'ignore ce que Jake en a fait. Est-ce qu'il les a jetés ? Ce serait bien mal le connaître. Il chercherait plutôt à les garder, au cas où il faille nous défendre une fois encore face à l'ennemi. Mais où...?

Mon regard se pose sur un tas sombre dans un coin de la pièce. C'est là que sont rassemblées mes affaires, là que j'ai dû tout déposer avant...je frissonne rien que d'y songer à nouveau, et les larmes brouillent ma vue. Mais je ne peux pas me laisser aller. Pas encore...Ichabod compte sur moi. Je respire donc lentement, profondément, cherchant à la fois à calmer mon esprit et ignorer la douleur qui revient en force dans tout mon corps. Je tends le bras gauche vers le petit tas, et ouvre la bouche. Les mots ne sortent pas...mais après un grand effort, je parviens enfin à former une demande.

"Là...là. Donne...vêtements...s'il te plaît."

Maintenant que je suis de retour dans ce corps, j'ai une furieuse envie de le cacher. Comme d'habitude, évidemment ; ma pudeur est légendaire, et me retrouver en sous-vêtement devant mon frère, d'autant plus dans cet état lamentable, est une nouvelle épreuve pour moi. D'ailleurs, je me recroqueville en remontant mes genoux contre ma poitrine, entourant mes jambes frêles de mes bras. Mon regard semble défiant ; je suis vulnérable, mais plus les minutes passent, plus je suis conscient et honteux de cette apparence. Je ne veux pas de sa pitié.

Je peine à enfiler un simple T-shirt, ma main gauche étant bien trop amochée. Tant et si bien que la douleur me fait zoner de nouveau, manquer de m'évanouir, ce qui est hors de question dans un endroit pareil. Je reprends mon souffle, me rendant compte que j'ai une fois de plus oublié de respirer, et pose un regard terne sur mon petit frère. J'esquisse un sourire loin d'être rassurant. En réalité...je sais ce qu'il me reste à faire maintenant, pour terminer cette mission et sauver ceux que j'ai juré de protéger. Ce sourire, c'est un peu comme un chant du cygne : la marque de la fin.

"Icha...sois attentif. Je veux que...tu trouves Lucius. Que...tu lui dises...que je suis désolé. Que je l'aime."

Mais je dois le protéger, lui aussi. Ma simple présence est une menace. Mon sang est vicié par l'ascendance des Karlsson, mon esprit façonné selon leurs envies et les sévices subis. Je suis une menace pour tous ceux qui me côtoient. J'aurais aimé le voir une dernière fois, lui dire ces mots moi-même...mais c'est impossible. Je ne peux pas le mettre en danger par ma simple présence. Je serre la main de mon cadet, soutenant son regard avec une lueur de défi dans les yeux.

"Merci...d'être venu. Je suis désolé...pour tout. Tout ce que tu as subi. C'était...ma faute. J'ai essayé de...je t'ai abandonné. Et toi...tu fonces ici. Malgré tout."

Jake s'agite en moi, je le sens prêt à attaquer de nouveau. Pourquoi ? Ichabod ne m'a rien fait...il essaye de m'aider. Et mon alter si violent qui semble prêt à exploser...je secoue la tête, tentant de le contrôler, le faire fuir dans un coin de mon esprit. Mes muscles se tendent, mon poing droit se serre et ma mâchoire se crispe. Je baisse la tête, regarde mes deux victimes d'un air las.

"Il faut...purifier...par le feu. Cramer cet endroit, et eux avec. Moi...avec. Pour vous deux."
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Tuer le temps : Tatoueur chez BAD DECISIONS à Leith. Etudes d'architecture qu'il n'a pas terminées, au lieu de créer des plans il les encre sur la peau de ses client.e.s.
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Freedom, but at what cost ?
TW : meurtre, paricide/matricide, préparation d'incendie

Pouvoir respirer convenablement, du moins le mieux possible étant donné son état et ses blessures, permet au moins à Nero de lui indiquer où se trouvent les armes du crime. Hochant la tête pour lui rapporter silencieusement, accroupi face à son frère lui demandant soudainement de faire ses adieux à Lucius, le tatoueur passe ses mains sur son visage en soupirant longuement. Il doit garder l'esprit clair. A tout prix. Leur survie, à tous les deux, en dépend. Il doit être le cerveau des opérations, Nero en étant incapables.

Lui argumenterait qu'il est l'aîné et qu'il doit protéger Ichabod. Le mettre hors de danger, ne pas le mêler à cette sombre histoire. Le Benjamin pourtant, ne voudrait pas l'entendre. Lui aussi aurait du faire quelque chose pour le sauver il y a de nombreuses années. Combien de sacrifices Nero a-t-il fait pour qu'il soit sain et sauf ? Combien de fois Ichabod a t'il fermé les yeux, consciemment ou non ?

Son regard clair plonge dans celui de son frère :

« J'ai une autre solution, tu vas dire tout ça à Lucius toi-même. »

L'Aéromancien doit user de sa persuasion. Celle qu'il utilise régulièrement, pour parvenir à ses fins et faire comprendre qu'un tatouage qui a trop de significations à la fois c'est une mauvaise idée qui n'aura pas un rendu aussi joli que ce que le client pouvait imaginer. Cette nuit pourtant, il s'agit de quelque chose de bien plus important : leur survie à tous les deux. Serrant la main de Nero en soutenant son regard, le poison d'Ichabod se repends dans les pensées de l'autre enfant des vents pour en planter la graine dans son esprit torturé et embrumé.

« Je vais t'aider à te relever pour sortir d'ici. Tu vas chez Lucius, personne n'iras te chercher là-bas puisque vous n'êtes pas censé vous connaître et tu me promet de contacter le meilleur avocat de la ville pour mon dossier. »

A l'évidence, personne ne semble travailler au sein du manoir ce soir. Autrement, malgré la loyauté et la discrétion de leurs employés... La police serait déjà sur place depuis un moment pour un double meurtre. Personne ne perdras la vie dans cet incendie, l'esprit d'Ichabod s'agite pour tenter de trouver une solution viable les innocentant tous les deux. Balayant la pièce du regard un instant pour regrouper ses pensées et finir de convaincre son frère, l'Aéromancien prend une nouvelle inspiration :

« Vous avez été attaqués. Tu n'as pas vu clairement de qui il s'agissait. Les sms que tu m'as envoyé prouveront que tu m'as appelé à l'aide sans t'incriminer. J'ai un alibi, j'ai été au pub toute la soirée, tout le monde m'a vu là-bas, ça ne concorderas pas avec l'heure du décès. Tu as réussi à t'enfuir, après avoir été toi aussi agressé. Je suis arrivé trop tard, en même temps que la police qui sera prévenue de l'incendie par le reste du quartier. »

La famille est assez influente et détestable pour avoir des ennemis ou au moins être victime d'une attaque ciblée. Les motifs peuvent être nombreux : discorde politique, envie d'en finir avec leur influence, un simple braquage ayant mal tourné. Nero est suffisamment blessé pour que la réputation des morts ne soit pas remise en cause. Pas que ça lui importe, à Ichabod, mais justice a été faite pour eux. L'enterrement aura lieu, avec ce qu'il restera d'eux. Ils feront face aux photographes ensemble lors des obsèques, lorsque la nouvelle fera la une de l'Edimbourg sorcier. Grimaçant à cette pensée, le tatoueur secoue la tête en aidant son aîné à se remettre sur ses jambes.

« Pour une fois dans ta vie, fais moi confiance et laisse moi t'aider. Il y a une solution pour que tout ça n'ait pas servi à rien. J'aurais juste besoin d'un avocat compétent. Est-ce que tu peux faire ça pour moi, Nero ? »
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TW : meurtre, dissociation, paranoïa, pensées suicidaires
La voix d'Ichabod est comme une bouée de sauvetage au milieu d'un océan en furie. Je m'y accroche de toutes mes forces, et sens mon esprit s'ouvrir. Du moins, j'ai conscience que la brume dans laquelle je suis n'est plus uniquement due à ce que je viens de subir, mais également à ce que mon frère tente de faire. Si j'étais plus lucide de base, je comprendrais immédiatement son geste, et pourrais même m'en défaire relativement facilement. Mais la vérité, c'est que je n'ai peut-être pas envie de m'en défaire. C'est confortable, de le laisser me manipuler ainsi. Mon coeur prend un rythme plus régulier, ma respiration se calme et mes pensées si sombres ne semblent plus qu'un lointain cauchemar.

"Lucius..."

Je ne peux pas y aller. Impliquer Lucius dans cette histoire, c'est le mettre en danger. Déjà parce que la police risque de lui poser des questions gênantes, mais aussi...parce que je n'ai toujours pas confiance en Jake. Peut-être que sa réalité est altérée à lui aussi ? Il prendrait mon petit ami pour un ennemi, et tenterait de l'abattre lui aussi...non, je ne peux pas aller chez lui. Je secoue mollement la tête, m'apprête à discuter, mais la voix d'Ichabod coupe court à mes efforts une fois de plus.

Il me raconte ce qu'il s'est passé ici, et même s'il est convainquant, ses paroles ont quelque chose d'étrange sur lequel je ne peux pas poser le doigt. Ai-je vraiment été attaqué ? Je tente de me remémorer la scène, mais tout ce que je parviens à raviver est la douleur dans tout mon corps. Un frisson le parcourt ; mon cerveau semble chercher à occulter tout ce qui est arrivé avant le débarquement du dernier des Karlsson. J'accepte donc docilement ce qu'il me dit, acquiesce mais mon corps refuse toujours de bouger.

"C'est...faux."

Mais le mensonge cache quelque chose en lui, et je ne parviens pas à comprendre quoi. Pourquoi voudrait-il me sauver ? Après tout ce que je lui ai fait...outre notre guerre ouverte lorsque nous étions plus jeunes, je l'ai tout de même abandonné et forcé à fuir la maison. Si j'étais resté...il aurait eu une vie de rêve. Du moins, c'est ce dont je me suis persuadé. Certes, il aurait dû lui aussi se coltiner les Karlsson, mais...j'en sais rien. Je me persuade tout seul qu'il a vécu l'enfer en fuyant la maison, mais au final, n'est-ce pas lui qui avait raison de le faire ? Il semble plutôt équilibré comme type, alors que moi...

Nouveau frisson, tandis que je tente de m'appuyer sur lui pour me redresser. Par réflexe, je cherche à utiliser ma magie ; c'est elle qui me permet de flotter et de continuer à me déplacer même lorsque je suis blessé, d'ordinaire. Cette fois pourtant, sa réponse est trop faible ; je ne parviens pas à soulever mon propre corps, et ce nouvel échec vient s'ajouter au reste de mes malheurs. Et si...j'étais désormais trop atteint pour manipuler l'air ? Ca me détruirait.

Une fois debout - du moins autant que je puisse l'être, à chanceler sur place dès que je pose les yeux sur les cadavres qui me font face - je lève le regard vers Ichabod et acquiesce lentement.

"T'as pas...à faire tout ça. Pas pour moi. Te sens pas obligé. Mais...mais si tu veux vraiment le faire...merci."

Il a raison. Je n'ai jamais eu confiance en lui, du moins pas suffisamment pour lui raconter ce qui m'arrivait dans son dos. Jamais il n'a su pour les battues, a découvert mes séjours estivaux tardivement, et s'est enfui d'ici avant d'avoir le portrait total de nos géniteurs. Pourtant, il a couru à mon secours aujourd'hui. Je ne peux pas l'ignorer. Il cherche à me sauver...pourquoi ? Par culpabilité, peut-être. Parce qu'il a été aveugle pendant trop longtemps, et cherche à se rattraper. Il n'a pas de raison de le faire pourtant...à part peut-être sa propre conscience. Je soupire longuement, et serre sa main dans la mienne.

"Je te couvrirai."

C'est une promesse que je lui fais, pourtant intérieurement, mon esprit malade tente de me montrer de nouvelles horreurs. Et si je n'arrivais pas à le sauver à son tour ? Irait-il en prison à ma place ? Il y serait traité comme un moins que rien, loin d'avoir le background des Karlsson derrière lui...serait-il condamné à mort ? Y a-t-il encore la peine de mort, ici...? Je ne pourrais le supporter. Mon visage perd de nouveau quelques teintes, et je me sens vaciller de nouveau. Je n'en peux plus, définitivement. J'ai envie de dormir...dormir, et ne plus jamais me réveiller. Mettre fin à tout ça, enfin.

Le corps est abîmé, l'esprit également. Le regard balaye la pièce, satisfait, un air terriblement neutre sur le visage. Le dos se redresse, les jambes se stabilisent. Les yeux descendent sur ce corps ; il n'est pas entièrement couvert. Y a-t-il vraiment besoin de le faire ? Le monde entier se ficherait de l'apercevoir. Nero n'apprécierait pas. Mais Nero n'apprécie rien. Il n'apprécie pas non plus le carnage pourtant magnifique qui l'entoure. Nero ne comprend pas.

Cet endroit n'est pas sécurisé, pour nous. L'homme à côté...Ichabod ? Oui, c'est Ichabod. Le frère perdu, retrouvé. Ses paroles n'ont pas de cohérence, la tête se penche en le regardant. Que veut-il faire, au juste ? Les vêtements sont récupérés, le tout enfilé d'une main ; l'autre est encore morte, il semblerait. Les couteaux...couteaux ? COUTEAUX. OU. SONT. ILS. Ah, les voilà enfin. Récupérés et armés de nouveau. Jamais ils ne nous quitteront, JAMAIS. Ils sont le garant de notre survie à tous.

La fuite est préférable, aujourd'hui. La bonne action déjà accomplie, il faut désormais emmener tout le monde dans un endroit plus sécurisé. Ichabod nous couvre...Ichabod est un allié, du moins temporairement. Il ne nous trahira pas. S'il nous trahit, il faudra l'éliminer. Nous avons deux alliés maintenant : lui, et Lucius Jager. C'est vers ce deuxième allié que je vais nous emmener. Lui réussira à guérir celui qui semble trop affecté par cette soudaine libération.

Le contrôle est total sur ce corps, désormais. A peine Ichabod a-t-il le dos tourné que je quitte les lieux, fuyant par la cour intérieure pour ne pas être vu. Limiter les dégâts...il faut limiter les témoins, et éviter de devoir éliminer tous les habitants de cette ville. La magie est utile, dans ce cas précis. Impossible de flotter, mais la dissimulation est tout de suite plus simple. Se fondant dans les ombres à l'image d'un nécromancien, le corps se meut dans les ruelles d'Edimbourg pour quitter ce quartier maudit. Il faut aller en sécurité, maintenant. Rejoindre Lucius...et protéger Nero, une fois de plus.
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« C'est faux, mais c'est la version des faits que tu donneras aux enquêteurs du commissariat. »

Le mensonge est la seule solution dans cette sordide histoire : si Ichabod dit la vérité, il sera incriminé et Nero avec lui. Incriminé pour dissimulation de preuves et incendie. Son frère enfermé pour le restant de ses jours, même s'il plaide la folie. Institution psychiatrique ou prison, il faudra que son aîné paye du meurtre de leur parents, bien que certains oseraient dire que son acte était justifié après des années d'abus. Mais c'est ça, le problème avec la justice. C'est que dans le fond, elle ne conviendras jamais à tout le monde. Que rien ne justifie d'ôter la vie aux yeux de la plupart des gens. Qu'on ne pourra pas prouver qu'il s'agissait de légitime défense. Que pire encore, on blâmeras la victime de ne pas avoir parlé avant ou cherché de l'aide. Deux frères en prisons, ou deux frères innocentés. Ils ont une chance de s'en sortir. L'argent de la famille payeras un bon avocat, et Ichabod espère que le mensonge sera suffisamment convainquant.

« Tu me remercieras quand on en auras terminé avec tout ça, attends avant de le faire. »

Le plus dur est il a venir ou est-il déjà passé ? Incertain, le benjamin de la famille Karlsson une fois seul soupire accroupi au niveau d'un buisson. Brûler les lieux semble être la manière la plus sure de les innocenter. On ne trouvera surement pas d'ADN ou du moins, déterminer la cause du décès sera plus compliqué. ça auras tout l'air d'une vengeance personelle, si le manoir termine en ruines. Un attentat comme il y en a déjà eu tout un tas, une attaque ciblée. Il n'y a pas d'employés de maison ce soir seulement les Karlsson. Leur nom suffit à attirer de la jalousie, des envieux, des ennemis. L'argent leur suffit à être détestés et détestables, vu la manière qu'ils ont de traiter ceux moins fortunés. Avec une empathie égale à celle d'un glaçon dans un bon jour.

Passant ses mains sur son visage, sachant très bien qu'il n'a que peu de temps et pas les moyens de se fournir des explosifs - pas qu'il soit de toute manière en mesure de savoir où en trouver - l'Aéromancien soupire. Il va falloir ruser, pour faire brûler cette baraque. Fort heureusement, il y a des conduits de gaz. Allumant avec précaution une bougie qu'il dépose contre un carton d'allumettes, déplaçant la gazinière pour tourner la vanne de gaz et enlever le câble, Ichabod se retrouve à espérer que son plan fonctionne. La bougie devrait faire brûler le carton et allumer les allumettes. Le tout va créer une étincelle, et faire péter la cuisine d'été adjacente au lieu du crime. Lui va devoir ruser, prier pour avoir le temps de sortir d'ici. Dévalant ces couloirs qui lui sont encore familiers après tant d'années, l'Aéromancien enfourche sa moto pour faire un tour de quartier. Manque de perdre l'équilibre, en entendant une détonation en bas de la rue.

La police ne tarderas pas à arriver. Merde. Il aurait dû se griller une dernière clope, avant que les sirènes ne se mettent à raisonner.
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