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[Abandonné] Save me from my mind -- Maja

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Save me from my mind
October, 2023


ft.  @Maja Rosendahl

My lungs are filled with too much pain
TW : Description implicite et graphique d'incendie et de mort (premier paragraphe), tabagisme, terreur nocturne

Les douces lèvres de maman se plissent, se tordent, mais ne se transforment pas en ce sourire complice qui lui a tant de fois été destiné. Ne s’en échappe pas une flopée de mots tendres, comme il en a l’habitude d’entendre ; elles s’ouvrent, se ferment, sur des paroles muettes, des supplications silencieuses. N’en sortent plus que des râles, d’abord presqu’inaudibles, comme insignifiants. Des feulements à peine sonores, comme pour prouver que derrière ce faciès douloureux, il y a de la vie – encore. Mais les geignements finissent par grossir, prendre de l’ampleur, toujours plus. Toujours, toujours, toujours plus. N’en finissent pas de résonner au milieu du claquement des flammes, du craquement du bois qui cède autour d’eux, car une partie du mobilier est en train de prendre feu. Les gémissements grandissent, se transforment en sifflements, ceux d’une respiration qui devient laborieuse, de minute en minute, de seconde en seconde. La belle agonie. Les douces lèvres de maman se plissent, se tordent, prennent la teinte bleuâtre des cendres qui sèchent. Dans la tornade de suie qu’est devenue leur demeure, sa main se tend vers lui, tremblante, insaisissable. Si proche et si loin à la fois. Tha gaol agam ort, mo dhragon beag… *
La poitrine se soulève une dernière fois.
La dernière fois.
Et la sienne explose sur un cri de frayeur qui déchire l’obscurité de la nuit.

☾ ☾ ☾

L’air vivifiant agit comme une mordante caresse sur son derme recouvert d’une fine pellicule de sueur.
Accoudé à la fenêtre de sa chambre, Cináed aspire de grandes goulées d’oxygène chargées de nicotine, pour parachever son réveil. Tiré d’une énième terreur nocturne, le sommeil l’a définitivement quitté, s’est échappé au grand galop. L’a laissé en plan, bras ballants, cœur tambourinant, comme un con. Carcasse démantibulée sur jambes de coton, piteux pantin le cœur au bord des lèvres. S’il n’y avait pas la balustrade, cela ferait bien longtemps qu’il serait tombé.
Ses joues se creusent tandis qu’il tire assidûment sur le petit cône rougeoyant, démon-parade censé agir comme un médicament. Ou un pansement ? Il ne saurait plus dire, en a essayé tellement. Plus rien n’agit pour apaiser sa peine, plus rien ne marche pour chasser ses douloureux démons. Plus rien, ou presque. Jetant un œil à l’heure affichée sur l’écran du téléphone qu’il tient dans une main, recrache en soupir un nuage de fumée. Bien sûr qu’elle devait dormir, bien sûr qu’il la dérangerait. Et Cináed se déteste de lui imposer ses humeurs, se déteste d’aspirer sa lumière pour lui transmettre un peu de sa propre noirceur. Ils sont les vases communicants. Mais pas tout à fait équitablement. Cináed se déteste, mais il est faible, et lâche. Et contre les façades noircies des murs de briques de Stockbridge, glisse furtivement sa nébuleuse silhouette, ombre parmi les ombres.

☽ ☽ ☽

Enchantement d’un mimétisme maintes fois répété, ses pas tracent machinalement leur route jusqu’aux abords d’Old Town. A la lisière des premiers immeubles victoriens dont la modeste désuétude match parfaitement avec sa propre décrépitude, Cináed jette la quatrième clope qu’il a allumée en moins d’une demi-heure, l’écrase sous sa chaussure. Ses mains tremblent, tout comme, dans la poche intérieure de son caban, Velma s’agite également, mais cela n’a rien à voir avec l’afflux de tabac dans le carmin de ses veines. L’énième faveur qu’il s’apprête à demander lui coûte beaucoup, même si sûrement moins qu’à Maja.
Ses doigts pianotent le digicode qu’elle lui a donné, et quatre à quatre, il monte les escaliers jusqu’à son palier. Venir chez Maja, c’est comme rentrer chez lui ; il connaît par cœur le chemin de la maison. Doucement, son poing cogne contre sa porte pour ne pas déranger les voisins, puis un peu plus vigoureusement, ne la voyant pas venir. La tirer des songes est un délit qu’il déplore toujours de commettre, mais déjà une partie de son mal s’envole quand la porte s’ouvre sur son minois angélique chiffonné par le sommeil. « Hey, Maj… » Ses yeux accrochent un instant les iris couleurs glacier de son amie, avant de les fuir, honteux. « Je… Il est tard, pardon. Je peux entrer ? » Jette un coup d’œil par-dessus son épaule, comme pour s’assurer de ne pas avoir réveillé le voisinage. « S’il te plaît, je resterai pas longtemps. Mais, je… J’ai les idées en vrac, et tu sais. » Oui, Cin’, elle sait. Elle sait à quel point t’es bousillé. Mais sait-elle aussi à quel point t’es en train de la bousiller ?

* Je t’aime, mon petit dragon en gaélique.

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Save me from my mind
October, 2023


ft.  @Maja Rosendahl

My lungs are filled with too much pain
TW : Anxiété, cauchemar, mentions de traumatismes, mention d'incendie -non décrit

Les prunelles éreintées de cette nuit qui ne passe plus, de ce temps qui semble arrêté, Maja a les yeux d'un rouge vif, d'un feu qui la consume au dedans. Dans l'étreinte de cette pénombre sans fin, elle a le coeur au bord des lèvres et les lèvres au bord du sanglot. Engloutis au fin fond, ses démons ressurgissent pourtant ce soir, avec cette peur dévorante de sombrer dans un énième cauchemar qu'elle ne peut contrôler, qu'elle ne comprend plus. Toujours, inlassablement, sans une once de répit, Maja fait face à son reflet brisé qui l'agrippe, alors Maja manque d'air, Maja éclate en des millions de morceaux et enfin elle se réveille. Chaque nuit, elle se fragmente et les débris de son coeur maquillent ses rêves.

Ereintée de ce passé qui t'engouffre,
Le foyer de ton âme se fendille,
Et doucement tu sombres,
Attrapée par les fantômes de ton passé,
Ces portes interdites se révèlent,
Dévorée tu finis, par tes propres afflictions.


Assise au bord de la fenêtre, la poupée de cristal laisse entrer l'air frais pour embrasser ses joues, remplir ses poumons d'un air qui se veut pur et chasser ce qu'il se passe dans sa tête. Le temps est glacial mais pas autant que cette ombre qui la déroute. Cette ombre, oui, qui se cache au coin de sa chambre chaque nuit, qui glisse dans chaque recoin de son coeur et qui l'engouffre. Les yeux brillants, elle ne peut retirer ce voile de tristesse qui l'habite ce soir. Alors elle souffle et ses lèvres tremblent. Les tremblements se font tressaillement et elle laisse quelques larmes perler sur ses joues de porcelaine. Des gouttes qui se feront rivière, cette cascade de souffrances infinies qui roule jusqu'au creux de son cou. Dans un silence, Maja pleure cette vie qui l'accable.

Malgré toute la volonté du monde, elle semble ne pas parvenir à se sortir de ce gouffre. Jamais cet orage éternel ne semble lui offrir de répit. En parler autour d'elle, à Besky, à ses quelques amis, Maja l'a fait, à maintes reprises. Elle semble, depuis toujours croit-elle, être éprise de ce malheur qui pèse sur ses épaules. Alors elle pleure, elle pleure les soirs de pluie, les nuits d'été, les soirées sans fin. Elle ne compte plus les minutes, les heures qui défilent, ce n'est qu'une fois que ses prunelles se mettent à sécher qu'elle se décide enfin, lasse, à se reposer sur le canapé. Mais la voix dans son coeur de ne se tait pas. La boule d'angoisse au fond de sa gorge ne désépaissit pas.

Quand enfin elle s'apaise un peu, elle se fait sortir de cet état par la porte qui cogne. Une fois. Deux fois. Péniblement, elle regarde l'heure et soudain elle sait. Elle le sent. Toujours la même rengaine. Pourtant, elle ne peut empêcher son petit coeur de manquer un battement, de sursauter légèrement, de frétiller. Elle tente de taire cette sensation qui l'effraie, pour plein de raisons, parce qu'elle ne peut pas se l'admettre, parce qu'il lui fait plus de mal que de bien, parce qu'elle ne voudrait jamais le perdre.

Sa crinière dorée en bataille et les yeux plissées, Maja a une mine a faire pâlir les morts. Les cernes creusent son visage terne mais ses yeux brillent d'une lueur qui était pourtant perdue il y a quelques minutes. Ce bleu, vif, éclatant, continue d'éclairer sa frimousse malgré la pénible nuit rencontrée. Alors elle ouvre la porte, doucement. Pas surprise sur la personne en face d'elle. Il a l'air épuisé, Cináed. Comme d'habitude. Des balbutiements, il essaie de se confondre en excuses. Elle écoute sans écouter parce que c'est tout le temps la même chose. Elle sait et elle ne lui en veut pas. Non, jamais. Les cheveux défaits, elle et lui ont presque la même expression mais leurs démons sont tout autres. Elle l'observe, sans répondre d'abord, puis esquisse ce petit sourire. Parce que Maja craque toujours pour Cin', de son sourire ravageur mais son âme ravagée, de ses yeux éclatants mais de son coeur éclaté. Peu importe le jour, l'heure, la saison, peu importe ce qu'il se passe dans sa vie, la poupée de Cristal ne pourrait jamais refuser son aide à celui qu'elle connait depuis toujours. Ils ont grandit ensemble, elle a vécu le drame de son enfance presque aussi intensément que lui, pour des raisons qu'elle ignore, ou qu'elle cherche à ignorer. Elle était là, aux premières loges du théâtre de sa vie, celui pour qui tout a basculé.

Un funeste soir où les flammes ont jaillit,
Ce jour enfin qui a scellé à tout jamais le destin de cet enfant meurtri,
Un crime passionnel, une histoire déchirée,
Les vestiges de cette haine d'un père qui ont bondit à l'intérieur de ce petit être,
Qui n'avait rien demandé, qui ne demandera rien,
Si ce n'est un peu d'aide de celle qui lui a toujours tendu la main.


Un petit sourire en coin et la porte est grande ouverte.

« Entre, je t'en prie Cin'. Je ne dormais pas de toute façon. »

Maja n'en dira pas plus. Parce qu'à cet instant précis, elle préfère taire ses démons, parce qu'elle se dit que Cináed souffre bien plus. Parce qu'elle ne peut jamais être égoïste avec lui et qu'elle serait prête à se damner pour lui offrir un peu de repos.

Ô Maja, douce poupée à l'hypersensibilité exacerbée,
Tu le convies dans ton antre et il s'inscrit dans ton coeur,
Les nuits où tu manipules ses rêves, évitant que le feu en lui ne s'attiste,
Pourtant c'est toi qui flambe, c'est toi qui périt,
C'est toi, oui toi, Lune d'argent, Gardienne des rêves,
Qui doucement te fait engloutir par cette bête qui dort,
Une bête féroce, tapie en lui, attendant son essor.


« Je t'en prie, installe-toi sur le lit, il est pas défait. »

Elle se dirige vers la chambre, s'attend à ce qu'il la suive. Les mêmes gestes, encore et toujours, qu'elle ne connait que trop bien. Maja ferme la fenêtre pour empêcher l'air frais d'avaler davantage la pièce, elle pose un plaid délicatement sur le lit et puis se retourne vers lui. Dans l'encadrement de la porte, il ne bouge pas, il la regarde, l'air triste lui semble-t-elle.

« Désolée, il fait pas très chaud, j'avais ouvert un peu la fenêtre pour… Elle ne finira pas. Tu veux boire quelque chose, un chocolat chaud, une tisane pour te réchauffer avant de dormir ? »

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Save me from my mind
October, 2023


ft.  @Maja Rosendahl

My lungs are filled with too much pain
TW : allusion au champ lexical de l'incendie et de la mort, tabagisme, terreur nocturne

Elle est là, sur le seuil de sa porte qu’elle lui a toujours tenue grande ouverte, l’air exténué mais aussi radieuse qu’un morceau de lune qu’on aurait décroché de la voûte céleste. Un morceau brillant du plus pur des éclats qui, pourtant, nuit après nuit, perd de sa vivacité. Et lui, lui, demeure cette nébuleuse dans son ciel, ce trou noir qui l’aspire, aspire sa lumière comme une bête aussi sombre qu’insatiable. Il se nourrit d’elle, la dévore, finira probablement par l’engloutir un jour, si elle ne trouve pas la force de s’y opposer. Car cette force-là, lui, il s’en sait dépossédé.
Il le sait bien, et il sait qu’elle le sait bien également. C’est un secret, un énième secret de polichinelle parmi la ribambelle qu’il garde cachée, cadenassée dans ses placards, pourtant ce secret réside entre eux, presque tangible, palpable, trouve toujours une façon d’être oublié, mis de côté, comme si l’on déposait un mouchoir par-dessus. Alors, recommence le cercle sans fin, mascarade nocturne dont ils sont aussi bien acteurs que spectateurs et toujours, dans l’intimité de la pénombre de la chambre de Maja, ce secret c’est le leur.
« Merci. » La sincérité dégouline de sa bouche car à une heure aussi tardive, il n’est pas permis de mentir à une amie. Encore moins une amie aussi dévouée et fidèle qu’elle ne l’est. Car si l’envie de la questionner sur la raison de son insomnie est là, le voile qu’il voit passer dans le saisissant bleu de ses yeux l’empêche de formuler la moindre interrogation – douce Maja ne s’autorise jamais à passer avant les autres, qu’elle place devant elle dans la liste de ses priorités. Et Cináed se déteste de lâchement en profiter, voudrait creuser un trou dans le sol, s'y terrer et y hiberner jusqu'à tout oublier.
Il y a pourtant ce soir, quelque chose d’étrange qui flotte dans l’appartement douillet de l’oniromancienne, le parfum indéfinissable d’une rengaine un peu trop récurrente, qu’ils semblent partager. La plupart du temps, Maja est un livre ouvert, dont il parvient à lire les lignes d’un simple regard, devine les mots au moindre de ses mouvements. Mais Maja n’est aussi que pudeur, pudeur qui s’oppose à la dignité dont elle fait preuve à toujours lui tendre la main, dignité qu’il perd un peu plus chaque fois qu’il s’allonge sur son lit et l’invite à venir chasser les démons qui se logent derrière ses paupières.
À nouveau elle l’invite, mais le doute le prend à la gorge, comme si deux mains invisibles l’encerclaient, le fige sur place. Ses yeux lourds et rougis se ferment un instant, le temps d’inspirer profondément quelques secondes, reprendre contenance. Si la sorcière ne dormait pas, c’est qu’elle était en prise à bien des tracas, auxquels il vient éhontément rajouter les siens. Et à nouveau, c’est elle qui s’excuse, elle qui se plie en quatre et accable sa culpabilité par la bonté de son cœur généreux. D’un certain côté, elle lui rappelle sa mère, et la douceur dont elle faisait toujours preuve à son égard. La délicatesse de ses gestes, le miel de sa voix, la lueur sans pareille des sourires qu’elle lui adressait. Sorcha est partie, Sorcha l’a abandonné. Maja l’abandonnera-t-elle un jour aussi ? « Maja, tu… » Tu, quoi ? Tu sais que ça ne durera pas ? Tu sais que c’est la dernière fois ? C’est faux, l’affirmer serait mentir une nouvelle fois. Mais ce soir, la grande carcasse du pyromancien dans l’encadrement de la porte de sa chambre se fait un peu plus à l’étroit que d’ordinaire, ses épaules se voûtent un peu plus que d’habitude. Déplacé. Décalé. Pas à sa place, alors que Maja a toujours tout fait pour qu’il la trouve en son antre. L’idée de lui imposer un travail qui lui coûte bien plus qu’il ne lui apporte, l’importune suffisamment pour le faire renoncer à l’envie de courir s’allonger sur son lit et la supplier de plonger bien vite dans le marécage charbonneux de ses cauchemars ravagés de flammes et de flocons de cendres. Car il sait que celles qui dansent fiévreusement dans sa tête, le font également par concomitance dans celle de la douce poupée. Et la savoir (re)vivre ce drame avec lui chaque fois qu’il s’invite chez elle, est un fardeau de plus qui pèse sur son cœur gangréné.
Un mince soupir s’échappe de ses lèvres avant qu’elles ne s’incurvent sur un sourire bringuebalant, qui fait pâle figure. « Au contraire, je trouve qu’il fait bon. » Dit l’enfant des Volcans en tirant sur son pull over, protégé par sa température corporelle face à laquelle la fraîcheur nocturne n’est qu’une brise d’été. « Il fait toujours bon, chez toi. »  L’excuse tacite, celle qui pourtant résonne de véracité ; bien plus que dans sa propre tanière, c’est sous le toit de Maja qu’il se sent le plus apaisé. « Je prendrais bien un chocolat chaud. » Observe la rivière d’or de ses cheveux voltiger quand déjà elle se tourne pour rejoindre la cuisine, avant d’ajouter ; « si tu en prends un avec moi ? » Car ce soir, Cináed chercher à se jouer du temps, en ralentir le cours d’une certaine façon. Peut-être un moyen pour lui de faire amende honorable que de ne pas profiter de leur temps à eux uniquement pour ses besoins à lui. Il sait qu’il ne fait que reculer pour mieux sauter, mais savoir Maja près de lui est déjà, en soi, un pas vers la sérénité. Et leur relation, aussi miraculeuse que beaucoup trop fragile à ses yeux, mérite mieux que ses agissements de camé, gosse désabusé rendu accro aux doux opiacés diffus par sa voix chuchotant à son oreille…

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Save me from my mind
October, 2023



My lungs are filled with too much pain
TW : angoisses, cauchemars, tourments

De ses prunelles elle le toise, lui qui cherche à faire amende honorable en lui offrant ce compliment, il fait toujours bon, chez toi. De tout temps elle a essayé de l'aider à arrêter, à cesser enfin cette drogue de laquelle il ne peut s'extirper, celle qui le conduit toutes les semaines, peu importe l'heure, le temps, dans le nid de celle qui ne peut jamais refuser.

Il a les traits tirés, Cináed, ce sourire qui n'en est plus un depuis bien des années maintenant, ce même sourire qu'elle croit toujours faux, parce qu'elle a entrevu l'horreur de ses nuits, parce qu'elle est la chasse-chimères qui absorbe son affliction, parce qu'elle est cette faucheuse de cauchemars et que leur enfance durant, elle a vu celui pour qui elle pourrait se damner, s'éteindre à petits feux.

Ô Cinaéd, cette âme esseulée,
Qu'elle tente d'extirper des flammes de l'enfer,
Ce même enfer dans lequel il s'est niché,
Pour ne plus jamais entrevoir les âmes blessées
De celleux qu'il a tant aimé.


« C'est avec plaisir que je me délecterai d'un chocolat chaud avec vous, monsieur, » sourit-elle en tirant la révérence. L'envie n'est pas là, son thé déjà ingurgité, mais elle ne peut rechigner à ce joli minois quoi que ce soit. Au fond, elle sait pourquoi il est là, elle sait ce qui le conduit jusqu'à elle : ses démons tambourinent bien trop fort ce soir dans son coeur et ses émotions manquent de dégouliner de ses yeux ; elle le sait, Maja, elle le voit dans ses prunelles qu'il refuse de laisser trop briller. Comment refuser quoi que ce soit à celui dont l'âme est en plein désarroi ? Comment dire non à cet appel à l'aide, qu'il ne dit pas, non jamais, mais que tout son être semble crier ? Il veut cracher sa peine, effacer ses tourments et défaire de sa peau ce qui reste pourtant bien ancré, le drame, la peine, la colère, la souffrance. Tant d'émotions qui l'habitent et pourtant il ne laisse en paraître aucune, comme pour les oublier, pour effacer ne serait qu'une once de leur existence. Il est celui qui ne dit pas, qui ne montre pas, mais qui brûle, Ô oui brûle tout au fond.

Pourtant, la poupée aux cheveux d'or n'est pas en reste, elle aussi elle vit sa peine bien trop intensément, mais elle ne peut se résoudre à les laisser gagner, ces démons, surtout quand Cináed est là. Alors elle prépare un chocolat chaud, qu'il ne demande jamais pourtant. Habituellement bien trop pressé à effacer de son esprit ce qui le menace, c'est bien la première fois qu'il accepte un breuvage. L'espoir renaît, elle se dit que peut-être il va de mieux en mieux. Et si il était venu juste pour passer du temps avec moi ?
Elle balaye cette idée d'un mouvement de tête. Se faire une raison elle essaie, tant bien que mal. Cet ami qu'elle aime tant disparaît chaque jour un peu plus. Les éclats de rire se font plus rare, les points communs s'essoufflent, les conversations tard le soir s'écourtent.

Elle dépose devant eux les deux tasses et s'installe en tailleur sur la chaise. « Je suis un peu fatiguée ce soir, j'essayerai de faire au mieux pour qu'il n'y ait pas d'incohérences dans le rêve et qu'il ne s'arrête pas brusquement. » Elle boit une gorgée qui lui brûle les lèvres mais pas plus que ces mots qu'elle rêverait de prononcer. Arrêtons tout ça, reviens-moi comme avant. Le regard dans le vide, elle aimerait tant lui parler de choses, lui raconter sa vie, sa journée. Mais ces moments qui existaient autrefois se font si rares, ils sont le Graal qu'elle ne parvient plus à atteindre. Alors elle enchaîne sur cet instant, pourtant si intime mais qui est devenu tant habituel qu'il n'est plus si précieux. « De quoi veux-tu rêver cette nuit ? »

Maja veut pleurer. Ce soir, elle a l'impression de ne plus pouvoir.

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