I wish I could say
I am a light that never goes out
tw: blessure, désespoirLa pluie est dure aux hautes fenêtres alors que tu as les yeux perdus sur les partitions, que la musique dégueule des enceintes. Tu chantes à certains moments sur tes tubes et sur celleux des chanteuses que tu aimes, adores. Ces jours-là, tu bénis Thalassadora de les amener car il te laisse le temps de travailler, gratter quelques notes sur le papier. Il te laisse une bulle de douceur, de chaleur au milieu du tumulte de la vie, des froids et des questions. Il t'arrive souvent de penser à la rouquine rencontrée quelques semaines plutôt, à la chaleur de votre baiser. A la salle de concert plongé dans le noir, où tu ne l'as plus vue. Il t'arrive de penser aussi à ta vengeance, à la montagne qu'il te faut gravir. Tu ne sais pas trop par où commencer, comment calculer les choses. De tes longs ongles fins et manucurés, tu te demandes constamment, perpétuellement, si tu vas y arriver, en froissant papiers et articles. Alors tu chasses tes pensées en créant des chansons, des morceaux envoutants, entêtants pour s'aimer soi-même, pour ne pas s'égarer. Il y a même une chanson intitulée "Mapa" égarée dans ton classeur. Peut-être qu'un jour, tu auras le courage de la chanter. Peut-être qu'un jour, les larmes cesseront de monter en en parlant.
Un soupire et tu te laisses tomber dans le canapé bleu canard, les yeux rivés vers le plafond, les mains sur ton ventre. Il faut que tu penses à manger et puis te coucher. Tu as un photoshoot demain et tu dois être jolie, présentable, impeccable. Le rêve doit se poursuivre, le rêve de la sirène doit perdurer, durer. La nuit te semble pourtant si loin du sommeil alors que tu coules un regard vers ton portable. Il vibre brutalement contre le tissu et le prénom sur l'écran t'étire un sourire comme un soleil ardent, plaisant. Tu le saisis sans hésiter, poussant du pouce l'icone pour décrocher " Hiii Filo-Bonsoir Marilou, son reniflement à l'autre bout du combinée te fait froncer les sourcils, battre des cils lentement. Il y a un problème, un gros problème. Tu n'as pas besoin de mot pour le savoir. Je suis désolée ... désolée de te déranger ... au milieu de la nuit. Mais je, tu es la seule. Et je, j'ai besoin d'aide, s'il te plaît. Tu es où ? Tu expires dans un soupire alors que tu sors du canapé, délogeant Tab' endormi à tes côtés. Très vite, tu attrapes un hoodie avec un logo immonde, un legging. Fil, restes avec moi, ok ? Je vais te trouver. J'arrive vite, je te le promets, tu appuies sur le bouton pour sonner chez tes gardes du corps, signe que tu veux sortir. Est-ce que tu as encore de la batterie ? Partages-moi ta géolocalisation. Je suis là vite, vite. La panique gonfle ton coeur alors que tu enfiles une doudoune qui va jusqu'à tes chevilles, que tu sautes dans ta première paire de chaussures fermées - des baskets hautes et dégueulasses. Tu rabats ta capuche en sortant et dévales quelques marches avant de te jeter dans l'ascenseur. La clé t'échappe sous le stress, tu jures mais te reprends : ne t'inquiètes pas, ce sont juste mes clés. Tu les tournes en tapant le code et tapant sur le bouton -1. Là le garde du corps t'attend aussi et te lâche un : est-ce que c'est pour un moka ? Non, pour une amie, Al'. Le garde du corps est habitué à tes envies nocturnes. Tu n'as saisi que le nom d'un pub, qu'elle ne sait pas où elle est et par delà ses pleurs, il y a le ping de sa géolocalisation. Je suis là, Fil'. On prend la voiture, ok ? Tu te penches vers le garde du corps qui entre la localisation dans le GPS. Très vite, la scène prend des allures de film d'action. Pourtant, ça ne te fait pas rire quand tu invectives le pauvre Al' de faire plus vite, qu'il faut vous dépêcher. On est plus qu'à quelques mètres. Je sors de la voiture, d'accord ? Restes avec moi, tu continues d'une voix douce, rassurante. Le garde lâche un regard désapprobateur mais te laisse filer alors que tu rabats la capuche. "
Tu te mets à courir vers l'endroit et tu la vois. Sa crinière flamboyante collée à son cou, les épaules secouées de sanglots. " Fil, Fil, je te vois. Tout va bien aller, tu souffles dans le combiné et en un instant, tu es sur la sorcière. Tu l'enveloppes dans tes bras : Shhhh, je suis là, Fil'. Tout va bien, je te promets. Tu vois sa joue, tu vois ses airs apeurés, son regard perdu. Est-ce que tu peux marcher ? Tu coupes l'appel, attrapant la taille de ton crush. Il faut qu'on aille jusqu'à la voiture. Est-ce que tu t'en sens capable ? Tu désignes la voiture mal garée qui attend à l'autre bout de la place. Tu l'aides doucement, l'encourageant d'une poussée de main : Par Thalassadora, tu laisses échapper, pourquoi tu saignes ? Fil, qu'est-ce qui s'est passé ? " La voix est calme mais tes yeux ne chassent pas la peur de la voir dans cet état. Et tu ne comprends pas, ne sais pas pourquoi, soudainement, tout vous échappe. Tout dérape.