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loin des yeux, prés du coeur ; Judd

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Cecil Galbreath
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Face claim : Daniel Sharman
Pronoms RP : IL ; masculinité jamais ébranlée, jamais remise en question.
Âge : TRENTE-ET-UN ANS et les yeux rivés vers les sommets, les pensées habitées pour être le meilleur, pour cultiver ton héritage.
Tuer le temps : Alors tu te dresses en jeune GARDIEN DES LIMBES. Si tu connais la discrétion, tu n'as aucun souci à être le bras armé de ton coven, de ta famille, de celleux que tu protèges bec et ongles. Alors que les cauchemars se déchainent, que l'anxiété les gagne, que la peur les dévore. Plus vite, plus fort. Qu'on apprenne à vous craindre.
Familier : EFFIE, PANDA ROUX ( Ailurus fulgens) ; elle secoue la tête en douceur, s'accroche souvent à ta jambe, grimpe pour lover sa tête dans ton cou. Effie est needy, attentionnée, et toujours collée à toi. Effie et toi êtes inséparables.
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loin des yeux,

prés du coeur.
- with     @Judd Rivera   


tw : auto dépréciation, angoisse, pression familiale

Le coeur explosé, éclaté en milliers de morceaux, tu ne fais attention à rien. Tu ne fais plus attention à grand chose alors que tu enfonces Effie dans la voiture, malgré ses protestations, ses " Cecil ! Cecil ! Attends ! Tu ne peux pas laisser Jingyi et Fang comme ça ! " Elle n'arrive plus à t'atteindre la panda rousse. Elle n'arrive pas à trouver le chemin de ton coeur, à te faire entendre raison. A stopper la machine infernale. A t'empêcher de mettre la clé dans le contact. La familière essaie bien, s'accroche à ta manche, te supplie de ne pas y aller, de ne pas les laisser.

La voiture quitte, pourtant, la place et tu t'enfonces dans la nuit noire. Loin des braises de ce que tu as laissé. Loin de l'horreur semée, de son visage semé, souillé de larmes, des suppliques que si, si, vous pouvez rester ami‧e‧s. Les kilomètres défilent et Effie pleure à tes côtés, te disant combien tu es méchant, combien tu lui as fait mal. Toi, tes yeux restent bloqués sur la route, sur la ligne blanche avalée dans le phare. Tu ne peux pas, tu ne peux plus. Et tu revois son visage, ses traits. Tu revois sa beauté, tu revois ses yeux brisés, choqués. Tu revois la réalisation et le manque d'amour : tu sais bien que ce sera jamais réciproque. Tu sais bien que tu as tout gâché, que t'es quelqu'un de pas bien. T'es un mauvais ami.

Effie a fini par se taire au bout d'une demi-heure. Elle pleure en silence, elle a arrêté de lutter, elle a arrêté de tenter de te convaincre de faire demi-tour. Ses mots ne sont rien que du vide pour toi. Ses mots ne t'atteignent plus et tu t'es terré dans le silence. Tu ne sais pas où tu vas, tu ne sais pas vers où tu roules. Tout ce qui compte, c'est de s'éloigner. C'est de ne plus y penser : son nez, ses yeux, ses pleurs. C'est d'essayer de ne plus y penser.

Ce soir, tu l'as perdu. Ce soir, il n'y a plus rien à sauver.
Ce soir, t'es qu'un enfoiré, le dernier des demeurés.

C'est le premier soir sans Jingyi. Combien de soirs sans elle ? Combien de journées avant de ne plus y penser ? Combien de temps te faudra-t-il ? Est-ce qu'on se remet un jour de son premier amour ? Entre la tête et le coeur, entre la raison et l'hésitation, tu sais plus quoi entendre, quoi choisir. C'est peut-être pour ça que tu te retrouves en bas de chez lui, chez eux. Tu te gares et t'arrêtes lentement, coupant le contact, les yeux dans le vide. Tu ne sais pas comment tu t'es retrouve sous les fenêtres de ton parrain. Tu ne sais pas pourquoi tu finis par sortir de la voiture, à te trainer dans l'immeuble, dans l'escalier. Tu as l'impression que les marches sont sans fin. Tu as l'impression que c'est le purgatoire qui s'ouvre à toi. Tu as l'impression que l'enfer va tomber sur toi.

C'est le premier soir sans Jingyi. Et tu ne sais pas si tu vas pouvoir y survivre. Tu ne sais pas si tu vas pouvoir l'encaisser lorsque tu sonnes à la porte : " Parrain ... La voix est éraillée, abîmée par quelque chose. Tu n'as pourtant pas pleurer. Est-ce que c'est parce que tu as l'impression de t'être arraché le coeur ? Judd, c-c'est Cecil, la voix chevrote, trotte. L'ami de ta mère, l'ami de toujours malgré son opposition farouche à la façon dont parfois elle vous élève. Et tu ne vois que lui pour t'entendre, pour te comprendre. Tu ne vois que lui pour en parler, pour l'expirer hors de ta bouche. Tes parents ne se sont jamais aimés. Pas comme ça. Ton entourage ne compte que peu d'histoires heureuses et il n'y a qu'Armand et lui qui peuvent te ressembler. S'il te plait, murmures-tu contre la porte. S'il te plait, j'ai merdé. J'ai tellement merdé. " Tu t'es brisé le coeur et t'as tout saccagé, t'as tout gâché.

C'est le premier soir sans Jingyi. Et il y en aura tellement d'autres que t'oses pas les compter. " C'est Jingyi ... Je lui ai dit. " Tu expires contre le battant de la porte. Les mots te brulent la gorge, le sol se dérobe sous tes pieds et t'as l'impression que toute ton existence part en fumée. " Je lui ai dit que je l'aime. " Et cette fois, tes yeux se gorgent de larmes et tu te laisses glisser contre la porte. Tu les sens dévaler ton visage et tu pleures, tu pleures si fort. Tu laisses tout aller alors que les sanglots éclatent ta voix : " J-Je t'en prie ... J'ai besoin de toi. " Juste de lui.
Judd Rivera
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Judd Rivera

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Tuer le temps : Sentinelle Incandescente, rang acquis dix ans en arrière / Représentant des Volcans au Conseil d'Edimbourg depuis Octobre 2024 / Ancien lapidaire freelance qui répond parfois à des commandes de son cercle proche.

Familier : Nilsa, belette à longue queue au pelage aussi doux que ses canines sont aiguisées.
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debut septembre  @Cecil Galbreath   

TW : ergomanie (obsession du travail) + validisme intériorisé

Si habituellement, le mercredi soir était sa soirée au Friday 13th, un coup de fatigue avait stoppé Judd dans sa routine hebdomadaire. Pas de mocktail, ni de discussions entrainantes avec des inconnu·es ou des habitué·es ce soir, seulement le poids d'une couette chaude sur lui, une tisane fumante et un livre sur l'histoire du Nail Art, sa nouvelle passion qu'il allait vite mettre en action. Lunettes sur le nez, durag sur les cheveux, Nilsa sur son coussin favori, il ne manquait bien que la présence réconfortante d'Armand à ses côtés pour faire de cette soirée un parfait moment de self-care. Depuis quelques semaines, Judd tentait d'écouter davantage ses ressentis et de mettre sa santé avant ses loisirs. Si changer sa routine ne lui était pas très confortable, il n'avait pas pris rendez-vous avec une doctoresse ni consulter Ms. Omundson pour mettre à mal leur accompagnement. Tant qu'on ne lui demandait pas de réduire ses heures en tant que Sentinelle, le pyromancien était tout à fait capable de déroger à son emploi du temps millimétré.

Il en est à sa quarantième pages et au troisième pets d'une Nilsa profondément endormie quand le bruit de la sonnette lui fait lever les yeux par dessus ses verres. Coup d'oeil sur son réveil : 9:34pm. Armand a la clé, donc impossible que ce soit son compagnon. Lentement, Judd se lève, attrape sa robe de chambre et enfile ses chaussons pour descendre l'escalier. À peine en est-il a la moitié qu'il reconnait la voix derrière la porte. Mais pas la cassure. Pas les sanglots. Pas le déchirement qui lui vole une inspiration. Descendant deux à deux les marches, le pyromancien se précipite et ne regarde même pas par l'oeilleton avant de tourner la clé dans la serrure. Ses bras sont déjà ouverts pour rattraper Cecil, son cœur en suspens, de comprendre ce qui lui arrive.

"Je lui ai dit que je l'aime. J-Je t'en prie... J'ai besoin de toi."

Pendant une fraction de seconde, le cinquantenaire ne comprend pas. Ses yeux d'obsidienne sont ronds comme des soucoupes, les lèvres entrouvertes sous le choc d'entendre les reniflements de son filleul, brisant une part de lui qu'il ne pensait pas un jour effleurer des doigts. Judd n'a jamais souhaité être parent, n'en a jamais ressenti le besoin, sa vie étant parfaitement comblée sans la présence d'un bambin dans les pattes. Par contre, cela ne l'a pas empêché d'aimer son filleul à la hauteur de l'amour d'un parent envers son enfant, avec la liberté (et l'absence de certaines responsabilités) que son rôle lui conférait. Alors une fraction de seconde, c'est tout ce dont il a besoin pour réagir, poser ses mains dans le dos de l'oniromancien, le serrer tendrement contre lui, et lui faire sentir qu'il est là et ne partira pas. Jamais Judd n'abandonnera Cecil.

"Shhh, je suis là Cecil, je suis là."

La Sentinelle ne bouge pas, le tient contre lui sur le pas-de-porte, ses doigts usant d'une lumière réconfortante pour chauffer légèrement les muscles du dos de son filleul. Les pleurs ont tendance à contracter les dorsaux et à laisser en souvenir, des douleurs dont on n'a pas besoin en plus des bleus au cœur.

"On va entrer et si tu te sens capable, on va en parler. Et si ce n'est pas possible, j'ai l'intégrale du Seigneur des Anneaux en Blu-ray, on pourra encore se moquer de la magie de Saroumane."

Sa voix se fait aussi douce que possible, comme un murmure privilégié pour Cecil. Personne n'a à savoir ce qui se passe ici. Personne n'a à poser de questions, sur l'état inquiétant de Cecil, entre les bras de son parrain. Se détachant légèrement, Judd cherche des yeux Effie et la trouve, là, à côté de son sorcier, les yeux froncés dans un boudin qui n'augure rien de bon sur ce qui s'est passé avant d'en arriver là.

"Nilsa, tu t'occupes d'Effie s'il te plait ?

Judd n'a pas besoin de se retourner pour savoir que sa familière est dans l'escalier, dressée sur ses pattes comme la fière combattante qu'elle est. Mais pas de bataille ce soir, ni de mollet à chiquer. Seulement des larmes à faire couler, un cœur à rapiécer et peut-être, seulement peut-être, un amoureux à réconforter. Et puis surtout, Judd sait que Nilsa a un faible pour Effie. Effie et ses oreilles toutes douces, Effie et son pelage roux brillant, Effie qui ressemble à une cornaline de haute qualité selon les dires de la belette (Judd lui a toujours demandé de ne pas comparer le panda à une pierre, encore moins en y ajoutant "de haute qualité" mais bon, Nilsa fait ce qu'elle veut, surtout aimer).

"Bien sûr ! Effie, viens, on va te faire un jus de sucre de canne" glisse-t-elle, les pattes qui tapotent le sol à vitesse grand v, ses griffes déjà crochetées dans celles d'Effie.

"Et nous, on va aller s'asseoir sur le canapé si ça te va ?"

Bien que Judd vive dans un immeuble de standing, il y a plus confortable que son pas-de-porte. Mais si Cecil préfère, ils resteront là. Judd lui a dit, il ne l'abandonnera pas.

Cecil Galbreath
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tw : auto dépréciation, angoisse, pression familiale

Les larmes perlent, sillonnent les joues, laissant aller le chagrin. Tu laisses aller la peine, tu laisses le coeur réaliser qu'il faudra vivre sans Jingyi, qu'il faudra t'habituer à ses absences. Et peut-être que c'est le soleil qui ne se lèvera plus jamais sur une nuit infinie. Peut-être que tu as l'impression d'avoir froid sans elle. De ne plus vraiment être toi, aussi. D'avoir perdu un morceau de toi avec elle. Et c'est ça le son d'un coeur brisé. C'est ça, le marasme dans lequel t'es plongé tout entier, dans lequel tu t'es embourbé.

Et peut-être, peut-être juste un peu, Judd est-il capable de t'en sortir un peu. Un espoir infime de pouvoir respirer un peu entre tes larmes, un espoir si mince entre les yeux rougis, le nez gonflé, la voix fracturée, brisée. Un espoir qu'il n'anéantit pas alors que ses bras t'enveloppent, te ramènent à lui. Le nez se perd dans son haut, les sanglots s'étouffent dans le tissu. Et il n'y a que des mots sans queue, ni tête qui se bousculent sur tes lèvres. Il n'y a que des phrases que seul toi peut comprendre, apprendre. Il n'y a qu'un drame silencieux dont tu n'as jamais parlé. Et tes bras, tes mains viennent s'accrocher à son dos, à sa robe de chambre. Là, oui, t'es en sécurité. Là, tu sens un peu ton coeur à la maison. Parce qu'avec Maman, on ne parle pas d'amour, de ce qui ronge le ventre et les pensées. Parce qu'il n'a jamais été facile de poser des mots sur la tempête sentimentale, sur le coeur en bandoulière. Parce qu'il n'y a que lui pour t'expliquer, te glisser comme l'amour n'a pas qu'une façon d'être. Parce qu'il est heureux quand tes parents, sans être malheureux, ne sont pas des exemples d'un bonheur marital sans tâches. Parce qu'il y a Armand.

Les yeux se ferment un instant, les cils s'imbibent de larmes. Et il y a un soupir qui t'échappe, qui dérape en sentant ses gestes, en sentant qu'il est là. Qu'il sera toujours là. Dans la peine, dans les larmes, dans ce que le coeur a peur de susurrer, murmurer. Et la peur (d'être rejeté, de ne pas être assez) vole en éclats à la douceur des mots du pyromancien, à ses promesses de ne pas t'abandonner. Et la chaleur se diffuse peu à peu du bout de ses doigts aux muscles tendues et tu te laisses aller. Tu le laisses tout avoir, tout voir : la douleur, la crainte, l'impression d'avoir tout fait foiré. L'impression qu'on va t'abandonner, te laisser comme Carmen, comme Alastair, comme Jingyi qui ne t'aimera jamais.

A la proposition, tu hoches la tête doucement, restant pourtant agrippé à lui. Si tu te détaches, est-ce que tout s'effondre ? Est-ce que ce n'est qu'un rêve ? " Ne m'abandonne pas, chuchotes-tu, murmures-tu de cette voix si friable, si fragile. Ne pars pas ... s'il te plait. " Et tu régresses, tu chutes, devenant ce garçonnet ayant peur de ne pas satisfaire sa mère, de ne pas faire honneur à son nom. Qui va s'effondrer. Qui va se faire bouffer par ses démons. Qui finira par chanceler, se tuer sur la pression qu'on lui impose. Les doigts figés, les ongles ripant contre le tissu, tu le serres si fort. Tu le serres trop fort. Et puis finalement, un murmure, une ouverture : " Da-D'accord ... " D'accord pour rentrer. D'accord pour avancer, ne pas rester sur le palier. D'accord pour le lâcher. Les dents serrés, les mains blanchies, tu détaches un doigt puis le second. La respiration est retenue alors qu'une main se détache, que le corps se décale, quittant la chaleur de ton parrain. Il y a un reniflement alors que la dernière main lâche sa prise. L'effort te coûte, l'effort t'a semblé insurmontable. " On, tu t'arrêtes un instant, sentant les sanglots dans ta voix remonter. Tu prends une inspiration, tu te frottes un oeil. On va rentrer. " Et tu croises tes bras sur ton torse, espérant ramener un peu de chaleur au milieu des angoisses.

Comme un écho, les mots t'atteignent comme une vieille stéréo déconnant. Et tu prêtes pas vraiment attention à Effie, à ses sourcils froncés, au nœud papillon un peu lâche sur sa petite poitrine. L'apparition de Nilsa, les griffes crochetées dans les siennes, ne défroisse pas son expression. Et alors qu'elle rentre avec la belette, elle te décroche une petite claque sur le mollet, en grondant : " Abruti, t'as gâché mon anniversaire. " Le choc te lâche un hoquet de surprise, la rudesse des mots égratigne, ratatine ton coeur. Effie le regrettera, ou pas, plus tard mais là, elle part déjà avec Nilsa en lâchant des "hurmf " , des regards noirs par dessus son épaule et des murmures plaintifs aux oreilles de qui veut bien l'entendre. Et une autre volée de larmes perlent sur tes yeux, il y a le torse qui se contracte, la douleur qui revient. " Ca-Canapé, ta voix t'échappe et putain, qu'est-ce qu'elle a raison. Tu ne peux pas lui en vouloir : tout est de ta faute. Tout est toujours de ta faute. Et tu entres lentement, presque en te traînant. Et tu t'effondres sur le meuble, la cravate pendant au travers de ton torse, les yeux sont vides. Vides de vie. Vides d'espoir. Le silence se tisse, la bouche entrouverte, les yeux se ferment, la tête se laisse aller sur le bord du canapé. T'as l'impression que tu vas vomir ton coeur. T'as l'impression que tout est broyé, tout est cassé. Que jamais le jour ne se lèvera sur toi. Et tu l'expires : elle a raison. J'ai tout gâché ; son anniversaire, le mien. Alors que j'avais qu'à fermer ma grande bouche ... J'avais qu'à me taire et tout aurait été comme d'habitude. La voix se fracture de nouveau. Sur la rétine : ses larmes, ses mots, ses suppliques. Et la réalisation douce-amère, pulvérisant toutes tes croyances, toutes promesses : vous ne serez plus jamais ami‧e‧s. Comment on apprend à vivre avec un coeur brisé ? Tu lui demandes parce que Judd est le seul à savoir, à comprendre. Parce qu'il t'a appris l'amour. Parce qu'il t'a dit qu'il n'y avait pas que ce qu'on avait prévu, choisi pour toi. Est-ce qu'un jour ça ira mieux ? "


Judd Rivera
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debut septembre  @Cecil Galbreath   

TW : peur du deuil + fin de vie + dépréciation

"Abruti, t'as gâché mon anniversaire."

Son regard se braque sur Effie, mais le prénom de la panda reste bloqué entre ses lèvres. Pour ne pas déclencher une autre angoisse chez son filleul, pour ne pas blesser la familier, pour ne surtout pas créer plus de rancœur entre les deux, alors que le pyromancien ne saisit pas exactement ce qui a bien pu se passer. Judd n'est pas en colère contre Effie, ne pourrait jamais l'être, mais la petite tape dans le mollet de Cecil et la remarque virulente n'ont pas sa place dans cet appartement. Encore moins quand son filleul a les yeux rougis et le corps tremblant. Les yeux du pyromancien lorgnent du côté de Nilsa, pour s'assurer que la belette a compris sa mission, avant de se reposer sur la silhouette légèrement recroquevillée de l'oniromancien. On dirait qu'il a perdu plusieurs centimètres et que sa cage thoracique se ferme sur elle-même, tant la souffrance a l'air compliquée à gérer. Égoïstement, Judd est aussi un peu rassuré d'avoir entendu les derniers mots en ouvrant la porte. En trouvant Cecil sur son palier, dans cet état émotionnel et sans avoir pu en capter la raison, il se serait attendu à une explication bien différente qu'un je t'aime visiblement sans écho. La principale intéressée ne le saura jamais, mais lui non plus n'aurait pas su retenir les flots si Helen avait été la raison de cette tempête. La perdre ne briserait pas le coeur de Judd. Elle le lui arracherait.

"Ca-Canapé."
"On y va, tu seras plus à l'aise assis" répond-il, le sourire tendre et la main jamais loin, au cas où Cecil a besoin de lui. Les doigts tendus, les genoux un peu pliés, le regard qui ne le quitte pas, Judd le rattrapera toujours, quel que soit âge et quelle que soit la chute. Il sera toujours là.

Il ne leur faut pas beaucoup d'enjambées pour rejoindre le salon, l'appartement du Rivera étant luxueux, mais sans grand couloir pour s'y perdre - ou pour tenter une course effrénée, Nilsa étant en perpétuelle quête de performances sportives nocturnes. Judd a un soft spot pour les pièces ouvertes et l'absence de mur. Ça laisse la chaleur embrasser chaque pièce sans que rien ne puisse l'arrêter. Lui aussi a besoin d'espace pour vivre : un feu qu'on retient, c'est l'étouffement assuré.

Le corps qui accompagne le mouvement de son filleul, Judd finit par s'asseoir à son tour, à présent rassuré qu'il ne s'écroulera pas sur le sol. Mais une seconde après, il se relève un peu, se rapproche et vient davantage desserrer la cravate de Cecil. Le trentenaire a les yeux dans le vide et le cœur ailleurs et ne remarquera sûrement pas cette intention, mais qu'importe. Lui donner de l'espace, au corps, aux mots, mais aussi au souffle. Le Rivera et sa crainte des cous serrés, secret que seul Armand pourrait comprendre. Aucun collier, aucune cravate, aucun nœud papillon, aucune chemise boutonnée jusqu'au premier bouton pour Judd. À force d'imaginer le cauchemar récurrent de son âme soeur, il en a fait une habitude dans son quotidien.

"Elle a raison. J'ai tout gâché ; son anniversaire, le mien. Alors que j'avais qu'à fermer ma grande bouche ... J'avais qu'à me taire et tout aurait été comme d'habitude."

Et alors qu'il se recule, épaule contre le dossier du canapé, entremêlement de jambes qui ne feront pas de bien à son dos, Judd garde le silence, préférant attendre que Cecil lui pose une question. La patience a toujours été un atout, chez le Rivera. Et s'il a parfois des difficultés à la garder quand il se retrouve nez à nez avec un manque de travail d'un·e collègue ou de la mauvaise foi d'une inconnue dans un fichu parc, avec ses proches, il leur laisse tout le temps nécessaire. Des minutes, des heures, des jours même. Ne jamais brusquer les émotions a toujours fait partie de son adage, même si parfois, oui, il lui arrive que les siennes entravent celles des autres, tant il s'en fait l'écho. Il s'en veut parfois, Judd, de lâcher une larme quand l'autre a seulement besoin de silence.

"Comment on apprend à vivre avec un cœur brisé ? Est-ce qu'un jour ça ira mieux ?"

Les lèvres qui s'entrouvrent, puis se referment instantanément, pour bloquer l'expiration de surprise qui pourrait blesser son filleul. Dire que le pyromancien ne s'attendait pas à parler de cœur brisé ce soir serait un euphémisme. Dire qu'il n'y connaît pas grand-chose serait un mensonge. L'amour romantique n'est pas la seule forme d'attachement qui éclate les palpitants pour en faire de simples confettis.

"Oui et non. Cela dépend de beaucoup de facteurs, et ça peut être très long pour se sentir mieux, mais... Le cœur est un organe merveilleux Cecil et malgré les blessures, il continuera de battre. Parfois lentement, parfois avec des petites douleurs, qui te rappelleront ce moment, et un jour, il battra tellement fort que tu oublieras presque pourquoi tu as cru qu'il allait simplement s'arrêter, ce soir-là."

Le ton se veut enveloppant, mais aussi sérieux, pour que Cecil se rattache à quelque chose de factuel, de réel. Car si Judd n'a jamais eu le cœur brisé par Armand - car il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais qu'Armand -, son palpitant est morcelé depuis des mois, en sachant la Clôture du Rêve si proche pour sa mère et son père. Chaque fissure devient un peu plus épaisse quand il va les voir, et parfois, la Sentinelle a l'impression que son myocarde s'arrête, quand il passe la porte de la maison familiale en se demandant "est-ce la dernière fois ?".

"Est-ce que tu veux bien me raconter ce qui s'est passé ? Imagine que... imagine que je sois un miroir. Un miroir très brillant, avec des petites agates bleues dans les coins et.... Enfin, un miroir. Et je vais essayer de te renvoyer le reflet de la situation, et pas seulement ce que toi, tu vois. Est-ce que tu t'en sens capable ?"

Patience et écoute, deux qualités que Judd mettra au service de son filleul toute la nuit s'il le faut. Il fera de son mieux pour que le mal-être de Cecil arrête de s'infiltrer sournoisement dans les brèches qui viennent s'ajouter à celles déjà bien présentes dans son palpitant. Car il n'y a pas qu'un cœur brisé, dans ce canapé. Il y aussi un p'tit bonhomme que Judd a vu grandir au même rythme qu'une charge qu'aucun être ne devrait avoir à porter. Il y a un adulte qui suffoque, dans l'étau des responsabilités.


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tw : auto dépréciation, angoisse, pression familiale, fiançailles imposées, age gap

Judd a toujours été dans le paysage. Pas comme la figure austère de ton paternel. Pas comme les ambitions de ta mère. Pas comme un‧e parent‧e. Mais toujours là. A sa façon. Dans les mots parfois énervés, agacés qu'iels s'échangent avec maman et dans ceux plus rassurants, plus lents pour te montrer qu'il y a une autre vie que celle dessinée, pensée pour toi. Qu'il y a un monde qui t'attends. Qu'il y a des choses qu'on ne peut pas contrôler, que l'amour n'a pas à être dicté, décidé par quiconque. Surtout pas par tes parents. Surtout pas si tu ne choisis pas, toi.

Et peut-être qu'il ne le réalise pas. Peut-être que toi-même, tu effleures à peine les graines qu'a semé doucement, patiemment ton parrain au fil des discussions, des questions. De ce dont tu ne pouvais pas parler avec ta mère. De ce que tu oses à peine souffler. Avec le pyromancien, tu as appris les contours de l'amour. Tu as effleuré des émotions que tu ne t'autorises pas toujours à ressentir, à sentir. Tu as caressé que tu pouvais être ami avec des gens qui peuvent leur déplaire. Tu trembles encore d'oser mais il y a toujours eu son regard bienveillant sur tes pas chancelants. Il y a toujours eu la réalisation que ce qu'on vous faisait à Carmen et à toi était mal, loin d'être normal. Il est parvenu à t'aider à poser des mots et à t'affranchir, te glisser hors de portée des attentes. Au moins sur la question du mariage, des fiancées, de ce qu'on voudrait que tu fasses, que tu sois. Et t'as toujours peur de voir de la déception dans les yeux de ta mère, du dégoût dans le regard de ton père. De n'être qu'un nom qu'on rature sur un arbre généalogique. D'une honte qu'on cache. Une tâche sur une lignée parfaite. Mais avec Judd, l'ami de ta mère, tu n'as pas besoin d'être tout ça. Tu n'as pas besoin d'y penser, d'hésiter.

Tu n'as besoin que d'exister, de respirer. Et tu es Cecil. Juste Cecil. Pas un Galbreath qui doit tout à son nom, à ses ancêtres. Pas un fils aîné destiné au sommet. Pas l'enfant de ton père ou de ta mère. Tu es juste toi sous son regard, ses égards alors qu'il s'assoit. Les yeux se ferment un instant et pourtant, le pyromancien se redresse légèrement, laisse ses mains courir sur le nœud de la cravate. Il la rend plus lâche, moins serré comme pour te laisser respirer, comme pour te laisser le temps de reprendre ton souffle. Les yeux se rouvrent sur son visage, ses rides d'expression, sur son apparence rassurante. Et les mots se bousculent entre tes lèvres, sans vraiment de sens, sans vraiment de queue, ni de tête. Parce que tu oublies qu'il ne sait pas, qu'il ne sait rien. Parce que tu as vécu l'amour dans l'espace calfeutré de ton coeur. Parce que tu n'as pas osé le souffler jusqu'ici.

Judd se repose dans le canapé, son épaule frôlant la tienne. Sa chaleur se diffuse doucement, lentement. Il t'a toujours semblé que la sentinelle émettait toujours un peu plus de chaleur que la moyenne des gens. Il t'a toujours semblé que chez lui, ça sent bon un feu de cheminée craquant sous le bois qu'on met dans l'âtre. Dans Judd, il y a une impression de maison retrouvée, d'étreinte tendre. Et le pyromancien écoute sans t'interrompre, sans chercher à comprendre, à te faire répéter. Il laisse les larmes couler, les mots s'exfiltrer de ta bouche. Il t'écoute comme il l'a toujours fait. Il t'écoute sans juger, sans que tu aies besoin de trembler. Et à ta question, il semble y avoir une hésitation puis des mots doux, lents, trouvant leurs chemins. Peut-être jusqu'à l'orée de ton coeur. Peut-être qu'ils y resteront un temps et que tu y repenseras la nuit lorsque les yeux la chercheront. Lorsque ses absences rimeront avec sentence.

Et les mots tournent alors que tu refermes tes yeux : " (...) et un jour, il battra tellement fort que tu oublieras presque pourquoi tu as cru qu'il allait simplement s'arrêter, ce soir-là. " Tu y trouves un semblant de réconfort, l'impression que peut-être le monde, ton monde, s'écroule mais il continuera de tourner. Il continuera à avoir du beau (même sans Jingyi). Les étoiles brilleront encore et la lune se lèvera envers et contre toustes. Envers et contre la peine qui te saigne. Et ta main se tend pour toucher la sienne et l'envelopper : " C-C'est comme, tu déglutis difficilement, les larmes coulent encore. Comme de continuer à faire rouler les pierres jusqu'à ce qu'elles descendent la colline seules ? Un jour, ça devient plus facile. Un jour, on arrive à respirer. " Et il y a la douceur du pouce qui parcourt l'angle de sa main. Il y a comme une compréhension douce.

Les yeux se rouvrent sur l'homme à tes côtés, leurs éclats clairs semblent salis par une mer de douleur, de rancœur (envers toi-même) alors que tu le laisses te demander de t'expliquer. Et la comparaison avec le miroir t'arrache un maigre sourire. La tête sur le côté, le corps doucement se déplace pour accompagner le mouvement, pour être entièrement tourné vers le cinquantenaire. " Ok, murmures-tu. Je veux bien essayer, susurres-tu. Brièvement les yeux se referment doucement et se rouvrent sur un souffle pour dégager la poitrine, pour laisser le corps se dépêtrer de la tension. Au moins un peu. Il y a cette fille, un petit sourire se glisse doucement. Elle est tellement belle. Son sourire il m'a toujours fait quelque chose, ici, ta main trouve ta poitrine, ton torse alors que le coeur s'emballe, dévale. Et c'est comme si le soleil se levait avec elle. C'est comme si la nuit était amoureuse du jour. Ca fait très très longtemps qu'on se connaît. Au début, l'école était compliquée pour elle donc je l'ai aidé à l'Académie. De fil en aiguille, on est devenu‧e‧s très ami‧e‧s. Et puis sans vraiment m'en apercevoir, je suis tombé tellement, tellement amoureux. Un petit silence alors que dans l'appartement, tu pèses le poids de tes mots. Jamais tu ne l'avais dit à quelqu'un‧e d'autre. Jamais tu n'avais soufflé ce qui te remue et te bouscule. Ca fait longtemps que je le sais. Mais je suis moi. Sans le dire le malamour que tu te portes éclates : idiot, imbécile, déception sur déception, fils de pacotille. Alors je sais, je sais qu'elle ne peut pas m'aimer comme je l'aime. C'est comme si la nuit courait après le jour mais jamais au grand jamais ils ne se rencontrent. Elle et moi, c'est pas compatible. Alors j'ai abandonné l'idée de lui dire. Tant que j'avais sa présence, c'était ok. Tant que je pouvais la voir sourire, ça me suffisait. Bercé d'illusions, tu réalises pas la vérité. Tu t'entêtes à l'esquiver, à la fuir. Et chaque année, on fête mon anniversaire ensemble. Juste tous les deux. C'est ... notre tradition. Elle a cru que quelqu'un‧e a dit quelque chose sur elle, ça m'a énervé. Et j'ai compris, alors qu'elle est tellement jolie dans cette robe d'Assunção, j'ai compris je ne peux plus être son ami. Et je lui ai tout lâché pour partir sans attendre. Et elle, le beau visage de la zoomancienne te revient en pleine face, ses larmes, son incompréhension, la douleur, elle ne va jamais m'aimer comme ça. " Une amertume te grignote le coeur, un dégeulis sur ton amour propre. " Personne ne peut m'aimer comme ça. "
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Il y a le regard qui se plisse un peu, les rides qui se creusent légèrement, avant qu'un délicat sourire vienne en révéler de nouvelles. Il est amoureux. Son filleul est amoureux. Ça fait pulser son propre coeur, d'une joie qu'il peine à dissimuler. Puis, il y a les lèvres qui s'entrouvrent, abandonnent une expiration de surprise - ou d'affliction - d'entendre la suite de ce que Cecil a sur le bord des lèvres. Il est lui. Oui, il est lui dans toute sa perfection et son imperfection, dans sa sublime complexité, dans cet enchevêtrement d'éducation difficile, de rencontres décisives, d'amour parental bancal, d'abandons chaotiques et d'obligations familiales. Judd aimerait tellement que Cecil se perçoive comme son entourage le regarde. Que ce manque de confiance qui taillade son âme s'écrase sous le flux d'amour qu'on ressent à son égard. Que toute cette haine, qui semble décisive dans l'image qu'il voit, s'amoindrisse pour laisser un peu d'espace à la fierté qui brille dans les yeux des sien·nes. La Sentinelle n'ira pas parler pour son paternel, mais il sait, le pyromancien, qu'Helen est fière de lui. Il sait qu'elle l'aime au-delà de ce que le Gardien des limbes peut s'imaginer. Car si Judd brûlerait le monde pour Cecil, Helen, elle, dévasterait la conscience de celleux qui oseraient toucher à un cheveu de son fils. Et un incendie, ça s'apaise, pas un esprit pillé. Pas un esprit écrasé sous les talons d'Helen Galbreath.

Chaque phrase, Judd l'appuie d'un coup de menton pour tenter de ne pas trop dévoiler l'afflux d'émotions qui galvanise son palpitant. C'est sa façon de gérer le reste de son faciès, de bouger la tête au rythme des explications. Cecil a déjà bien assez à gérer et il n'a pas à prendre sur ses épaules les vives émotions de son parrain. Il n'a pas à s'en vouloir, de lui faire ressentir autant de peine et de chagrin. Alors le pyromancien doit se maitriser pour ne pas aller chasser les perles qui glissent sur les joues de son filleul. Pour ne pas aller les cueillir et lui éviter de se noyer. Il y a quelque chose de douloureux, à le voir se fustiger sans avoir la possibilité de lui piquer son bâton pour le jeter dans un lac sans fond. Mais Judd ne cille pas, ne fait aucune remarque et il ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour Carmen : elle serait si fière de lui, il a presque cadenassé son visage à la hauteur de celle qui semble constamment étouffer son propre myocarde.

Alors, quand l'oniromancien termine ses explications, Judd garde le silence quelques instants. Pour peser ses mots, pour décider intelligemment par quel bout prendre tout ce qu'il vient de lui offrir avec confiance.

"Merci de m'avoir expliqué. Maintenant..." Ses mains se posent sur ses cuisses, pour arrêter de chercher ses bagues à tourner et se focaliser sur ce qu'il a à lui dire."Tu dis qu'elle est le jour et toi la nuit et que c'est incompatible, mais... Que fais-tu de l'aube ? Que fais-tu du crépuscule ? Ne sont-ils pas la rencontre des deux et les plus beaux moments de la journée ? Lorsque le ciel se pare de mauve, de rouge, d'or et de rose, y'a quelque chose d'unique qui se déroule, non ? Pas un matin, le même ciel, pas une soirée, les mêmes couleurs et pourtant, toujours les mêmes astres responsables d'un sacré spectacle."

Il y a ses épaules qui se soulèvent dans une expiration poussée. Dans une réaction typique d'un homme qui aime et qui ne peut dissimuler le bourdonnement de son coeur quand il commence à en parler.

"Tu sais, j'ai toujours dit à Armand que les plus beaux ciels sont ceux où nos mondes se percutent parce que l'aube et le crépuscule sont les seuls instants de la journée où tout semble plus doux. Où ce nous est possible."

Quand la nuit noire rencontre le feu brûlant, c'est comme si deux coeur se touchent et vivent dans un même espace temps. Et n'est-ce pas ce qu'à toujours espérer Judd au fond ? Combler l'espace béant qu'il y a entre son Coven et celui de ses proches ?

"Et de ce que tu m'expliques, et sans vouloir offenser ma Souveraine, Jingyi... c'est bien son prénom ? Car il croit l'avoir entendu à travers sa porte, mais ne voudrait pas faire erreur. "Jingyi semble être un sacré soleil. Je comprends mieux les paillettes dans tes yeux et tes joues rosies ces derniers mois." Qu'il glisse, un brin taquin, pour détendre l'atmosphère. "Je ne vois aucune incompatibilité ici, simplement... De l'équilibre. Et je pense que c'est quelque chose dont tu as besoin Cecil. De l'équilibre et une personne qui met de la lumière dans ton quotidien."

Quelqu'un de lointain de son monde, qui n'a rien d'un·e Vagabond·e et qui n'est pas liée à sa famille. Si Judd, lui, a besoin d'une connexion avec le Coven des sien·nes, Cecil a besoin de comprendre que son cœur peut exister au-delà des Plaines Oniriques.

"Mais je suis bien d'accord avec toi sur un sujet. Un sujet très important." Regard qui glisse sur ses chaussures, sur le cuir qui prend la douce lumière du salon. "Ces chaussures, mmmhh.... Personne ne peut les aimer. Elles sont luxueuses, je ne dis pas le contraire, mais... Aaaah, il faut vraiment que je te présente à mon cordonnier." Un rire s'échappe de ses lèvres, remplit l'espace entre eux d'un peu de taquinerie. "Par contre, ça, tout ça là...." Index qui se lève, remonte l'entièreté de la silhouette de Cecil pour pointer là où le myocarde explose, puis là où l'esprit chahute. "Ça.... C'est très bien. Pas parfait, parce que qui l'est ? Mais c'est très bien et c'est surtout amplement suffisant. Et je suis certain que Jingyi le voit et te l'aurait dit si tu lui avais laissé le temps de s'exprimer. Car c'est bien le seul problème que je vois, à part tes chaussures. De ne pas lui avoir donné le temps de te répondre. Même si elle ne t'aime pas comme toi tu l'aimes, si comme tu le dis, tu es la lune et elle le soleil, tu lui dois cet espace de rencontre."

Instant de pause, main qui vient se poser délicatement sur celle de son filleul pour en réchauffer les phalanges.

"Tu lui dois un crépuscule Cecil, pour qu'elle ait la possibilité de colorer ton monde si elle le souhaite."


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loin des yeux,

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Et puis après tes mots, le silence retombe. Dans la chaleur de l'appartement, dans la détresse encore sur tous tes traits, tu laisses tout aller. Tu laisses tout t'échapper ; ce que tu n'as jamais osé souffler, ce que tu as si longtemps gardé dans le creux de ton coeur, ce qui te hante et te dévore. Ce qui te donne toujours un peu tort. Parce qu'à ne pas le laisser s'exprimer, tu arrives trop tard. Bien trop tard. Mais tu n'as pas été élevé ainsi. Tu n'as pas été éduqué à t'exprimer, à laisser les failles se voir. Ta perfection se joue sur toutes les coutures, sur des centaines de milliers de dorures : l'aîné au sommet, le cadet dans ses pas, la benjamine pour clore la marche. Il en a toujours été ainsi. Il en sera toujours ainsi.

Sauf avec Judd. Les responsabilités sont laissées sur le pas de la porte, les retombées sur les tien‧ne‧s ne t'obsèdent plus. Il n'y a que la douceur, la bienveillance du pyromancien. Il n'y a que sa chaleur. Parce qu'au fond, il s'en tape bien du nom que tu portes, de ce qu'on t'impose. De ce qu'on veut pour toi. Tout ce qui compte, c'est toi. Tout ce qui compte, c'est ce que tu veux. Mais est-ce que tu peux ne pas le décevoir aussi ? Est-ce que ses yeux vont se teindre de cette déception cruelle, de ce regret ? Pas lui. Tu le sais bien. Pas lui, tu en es persuadé que peut-être son amour perdurera. Jamais lui, il ne t'a jamais abandonné combien le monde lui tendait les bras. Jamais il n'a oublié une de tes lettres. Jamais il n'y a eu de regrets entre vous. Il y a juste cette tendresse, ce modèle si différent, si éloigné de celui de ta mère. Au fond, en le choisissant, ta mère t'a sans doute fait le plus beau des cadeaux. Elle t'a permis de respirer un peu. Elle t'a permis de ne pas rester prisonnier de tes chaînes, du poids de ton éducation. Il y a tellement de tendresse à l'égard de la Sentinelle. Il y a tellement à exprimer qui ne se joue que sur un mot : merci.

Tes yeux suivent le geste de ton parrain, écoutant ses mots et il y a un "o" qui se trace sur ta bouche de l'image qu'il laisse sur tes paupières, sur le creux des rêves. Tu fermes un instant les yeux, imaginant le crépuscule et l'aube, le mélange de violet et d'oranger. Mais il y a ce stress, cette impression que les mondes dans lesquels vous êtes avec Jingyi sont à des années les uns des autres. Rien ne se touche. Rien ne se frôle. Et puis, est-ce que vraiment tu vas la jeter dans la fosse aux lions ? Est-ce que vraiment elle ne sera pas dégoûtée, dépassée par ce que vous faites ? C'est un beau spectacle, tu sais. Tu veux bien y croire. Pourtant, ça ne dure jamais. Cela ne reste pas. Est-ce que ça signifie qu'il faut toujours se séparer ?

Tu relèves les yeux à la mention d'Armand, le compagnon, l'amour de la vie de Judd. Il y a un sourire que tu ne peux retenir. Tu as toujours trouvé ça beau : leur façon de s'aimer, d'être là l'un pour l'autre et leur histoire. Combien de fois ton romantisme a rêvé d'aimer comme ça ? Combien de fois as-tu glissé à ta mère " quand je serai grand, je serais comme tonton Judd. Je trouverai un amour aussi fort et beau que ça. " ? Rien de moins, rien de pire. Oh, au fond, on ne devrait jamais devenir grand. On devrait toujours avoir des rêves d'enfant. " Mais, ça a toujours été possible entre Armand et toi, tu fais dans un sourire, en posant tes yeux clairs dans les siens. Il n'y a pas un monde pour moi où vous n'êtes pas amoureux et heureux ensemble. Il n'y a pas une heure où je me dis que les ancêtres vous ont créés pour vous aimer. " Tout est si fluide, si naturel, si beau entre eux.

Tu hoches la tête à sa demande de confirmation sur le prénom de la zoomancienne. Et il y a les yeux qui se baissent à ce qu'il a remarqué, à ce que tu tentes si vainement de cacher. Un petit sourire timide se tisse, les yeux larmoyants se sèchent un peu et tu rosis de plaisir. Ca te fait plaisir que lui, il l'ait vu. Que lui, il perçoive les menus changements dans tes habitudes. Qu'il le souffle sur des airs de taquinerie et de confidence. " Tu es bien le seul à le voir, à me voir, tu souffles en douceur. Il n'y a pas de rancœur. Il y a juste la réalité : maman ne voit pas ces choses là. L'équilibre, ah. Il y a une grimace qui passe sur ton visage. Il y a le doute d'y arriver, d'y croire. Et si je jette de l'ombre partout dans sa vie ? Et si elle déteste ce que je suis vraiment ? " Parce que Jingyi n'a pas besoin de toi, c'est toi qui en a besoin. Il y a un petit rire teinté d'amertume, des mots qui t'explosent à la figure : " Elle n'a tellement pas besoin de moi dans sa vie. " Le coeur brûlé à l'acide, au vitriol, il y a ce chuchotement au creux de ton oreille : personne n'a besoin de toi.

Et si Judd, aussi, n'avait pas besoin de toi ? Tes yeux ne deviennent que deux fentes où s'embrasse les abysses alors qu'il dit qu'il est d'accord avec toi. Tu sens ton coeur se froisser, entamer de s'éclater. Il y a un mouvement de recul de ton corps, un geste d'éloignement comme pour esquiver la trajectoire de la balle. Tu vois, tu avais raison ; personne ne peut t'aimer. Pas comme ça. Pas avec tout ce que tu traines. La bouche s'entrouvre pour s'excuser, pour mimer un mouvement de départ et puis la chute te fait ouvrir de grands yeux. L'étonnement dévore tes traits et un rire fleurit à la mention de tes chaussures. " Elles sont très jolies mes chaussures ! Tu protestes doucement, mollement, laissant un sourire demeurer. Ok, ok, d'accord pour voir ton cordonnier. Et tu l'écoutes, tu le laisses envelopper tes doigts de la chaleur de sa main. Ca te touche qu'il pense que tu es assez, que tu suffis. Ca te touche qu'il voit du beau en toi. Mais tu blémis à ce que tu dois à l'ancienne amie, tu fais " non, non " de la tête. Et tu viens doucement poser ta tête dans le creux de son torse et souffler : J'ai peur, parrain. " Des airs de garçon de six ans se cachant le noir loin des cauchemars. Des airs d'enfants dans le creux de la tourmente. " Je ne suis pas assez courageux pour ça, tu soupires, expires. Je ne veux pas voir le dégoût, la haine, la colère dans ses yeux. J'ai si peur du rejet. " Vilaine laideur de l'homme cis hétéo jamais confronté au rejet, vilain petit détail qui souffle qu'il a peur de tout perdre. " Et puis ... Si je ne suis plus son ami, qu'est-ce que je suis ? Un inconnu ? Un connard qui voit juste dans son amie une petite amie potentielle ? Je veux pas ... de ça. " L'image du fuckboy, du pote qui attend qu'un moment pour mettre dans ses draps ses amies.

Tu relèves les yeux vers les siens et soupire doucement. " C'est pas beau la lâcheté mais là, je n'ai plus la force, tu admets, acceptant ta laideur et toute l'horreur que tu laisses. Je ne sais pas si je serai un jour prêt à la nuit qu'elle va laisser si elle ne m'aime pas comme ça. " Parce qu'à deux, vous êtes peut-être le crépuscule mais seul, il n'y a que la nuit noire. Il n'y a que toi qui buche et trébuche. Il n'y a que le froid d'une nuit de décembre. Et t'as peur, t'as si peur d'être seul à jamais dans le noir, englouti dans le désespoir. " Et puis ... Tu renifles un instant, ravalant d'autres larmes, d'autres drames. J'aimerai que ça dure plus longtemps que le temps d'une aube ou d'un crépuscule. Un silence : je veux tellement de temps avec elle. " Tu veux une éternité. Tu veux l'aimer à jamais à travers des baisers, des rendez-vous où vos mains seront liés, des souvenirs par paquet entier. Des années qui passent et trépassent pour laisser des photos vieillis et des sourires ridés. Tu veux une vie entière. Tu veux l'univers alors que tu sais, tu sais bien, que ce soir le jour ne se lèvera pas. Qu'il ne se lèvera plus jamais sans elle.
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Mais, ça a toujours été possible entre Armand et toi.

Judd a souvent senti que Cecil idéalisait sa relation avec Armand. Mais tant qu'elle lui conférait un schéma relationnel sain et différent de ceux qu'il connaissait, cela ne dérangeait pas le pyromancien. Et si leur relation est au beau fixe, cela n'est pas toujours le cas et il important que Cecil prenne conscience que le bonheur n'est pas synonyme de perfection. Un jour, ils en parleront, mais pas maintenant. Pas alors que son filleul a le regard qui cherche une ancre et le coeur qui déborde.

Quant à la possibilité d'une relation entre le nécromancien et le pyromancien... Oui et non.

Oui, rien ne les a empêché de se trouver, en tant qu'amis pour débuter avant de glisser vers autre chose qui n'a pas de définition. Et quant bien même la société sorcière a évolué, il y a eu des années plus difficiles, des moments où Judd a senti un poids sur son coeur de ne pas pouvoir chérir sans rencontrer certains regards, sans entendre certaines réflexions. Si Armand et lui ont toujours été discrets de par leur personnalité et leur façon de s'aimer, il arrive que la Sentinelle se demande si la société n'a pas impacté certains éclats de son palpitant tout de même. Ce sont des éléments dont Cecil n'est pas au courant, trop intimes pour être révélés, trop difficiles à expliquer, même pour le pyromancien.
Et non, car leur relation est teintée d'un spectre qui entrave leur passé et futur, éclabousse ses nuits d'angoisse, noie ses yeux en silence. Parfois, Judd se demande si Armand va disparaitre sous le poids du souvenir de Jacques. Si la réminiscence liée au collier qu'il porte va finir par lui prendre son existence et ne laisser qu'une coquille vide où le bleus des yeux a fuit pour ne laisser qu'un voile laiteux sur ses pupilles. Judd a peur de perdre Armand et si Armand conçoit sa crainte, il ne peut rien y faire. Jacques est trop important.

Heureusement pour la Sentinelle, les joues de Cecil se rosissent et le sel glisse un peu moins de ses cils. Retrouver cet éclat lui fait un peu oublier la douleur de le voir au plus mal et l'amère sensation de savoir Jacques toujours dans un coin de son crâne. Et puis il y a l'annonce, les mots qui lui tirent un léger froncement de sourcils, cette "peur" que Cecil évoque, cette crainte d'être repoussé. D'être vu et d'être laissé. Et la suite ne fait que confirmer la sensation du pyromancien.

"Je ne veux pas voir le dégoût, la haine, la colère dans ses yeux. J'ai si peur du rejet." Et il y a plus de reflets dans les mots de Cecil que Judd n'aurait imaginé. Différente situation, échos semblables, de celui qui a peur d'être repoussé. Si les situations entre les deux hommes divergent, il y a partout le coeur au centre. Le coeur qui palpite, le coeur qui grogne, le coeur qui s'épuise à force de vouloir convenir.

"C'est légitime..." souffle-t-il, sans briser l'instant, seulement pour déposer un peu de compréhension dans ce que lui offre Cecil. Ça aussi, ça vaudrait un échange. Mais pas tout de suite. Judd a ses ombres dans le palpitant et ses craintes qu'il refuse d'avouer car lui aussi, manque parfois de courage.

"Un inconnu ? Un connard qui voit juste dans son amie une petite amie potentielle ?"

Ça lui arrache une expiration en peu trop prononcée, de celle qui dévoile l'ébranlement. Judd n'aime pas les insultes. Il lui arrive parfois de lâcher un "merde", mais cela reste rare et souvent dans des situations où la fatigue ne le lâche plus. Mais en dehors de ça, les insultes pour dénigrer quelqu'un ou s'auto-dénigrer, cela ne passe pas chez le pyromancien. À ses yeux, c'est se cacher derrière un mot pour ne pas s'avouer la réalité. Que veut dire "connard" pour Cecil ? Un homme qui se joue d'une amie ? Un homme qui ne voit en l'amitié qu'une façon de réussir à séduire ? Ce sont ces mots-là qui permettent de prendre de la hauteur en percevant tout ce qu'on n'ose pas dire à voix haute. Ce sont tous ces termes qui doivent voir le jour, pas des insultes simplistes qui veulent tout et rien dire et peuvent se glisser dans n'importe quelle situation.
Heureusement, dans ce qui suit, Judd sait que Cecil en a conscience. Dans ses yeux bleus qui se relèvent et ne le quittent pas, il perçoit la clarté de ce comportement.

"C'est pas beau la lâcheté mais là, je n'ai plus la force. Je ne sais pas si je serai un jour prêt à la nuit qu'elle va laisser si elle ne m'aime pas comme ça. Et puis..."

La Sentinelle se note d'acheter une boite de mouchoirs à dissimuler sous sa table basse pour les prochaines fois. Ce sera plus confortable que de renifler, pour Cecil et pour lui.

"J'aimerai que ça dure plus longtemps que le temps d'une aube ou d'un crépuscule. Je veux tellement de temps avec elle."

Un mince sourire se trace sur son visage, en prenant conscience de l'étendue des sentiments de son filleul envers cette personne. Un sourire tendre, un brin joyeux, de le voir si amoureux, et un peu peiné aussi, de le voir assis dans son canapé et pas aux côtés de Jingyi. Judd a beau ne pas la connaitre et ne pas pouvoir - ni vouloir - se projeter sur un avenir possible entre son filleul et elle, il sait aussi qu'à cet instant, le seul en capacité de créer ce potentiel futur, c'est Cecil.

Les doigts qui ne lâchent pas ceux du trentenaire continuent de diffuser un peu de lueur réconfortante. Judd espère que la suite ne sera pas brûlante.

"Ce que je vais te dire va peut être être..." Il hésite, dodeline de la tête "Un peu difficile à entendre. Et douloureux, mais c'est important que tu écoutes attentivement."

Judd s'attend d'une seconde à l'autre à le voir se refermer, à déceler dans ses épaules de la tension. Il appréhende même la rondeur de son dos, la perception de ses yeux base baissés. Peut-être même sentir la main de Cecil se détacher de la sienne. Il se prépare à toutes ces éventualités, mais c'est son rôle de parrain, de l'aider là où ses parents ne le peuvent pas.

"Tu as peur du rejet de Jingyi, mais tu veux passer une éternité avec elle. Tu as peur de ce qu'elle pourrait te dire, mais tu dis n'être plus rien sans elle. Ce que j'entends Cecil, c'est que tu l'aimes comme rarement on aime, mais que tu ne respectes pas entièrement qui elle est."

Chaque mot est posé, pesé, millimétré. Il y a une telle importance dans ce que Judd exprime qu'il est tout aussi important de choisir les termes que la façon de les exprimer. Pas de regard fuyant, pas de tremolo. De la régularité dans la voix et de la clarté dans chaque choix pour que son filleul comprenne qu'il n'y a aucun rejet de sa part, seulement du soutien. Seulement du secours.

"Aimer, c'est laisser de la place à l'autre et pas seulement dans les bons moments. Aimer, c'est respecter l'autre dans son entièreté, pas seulement quand ça nous arrange. Laisse la décider de ce qu'elle aime et ce qu'elle n'aime pas. Laisse la réagir avant de projeter ce que tu ne sais pas. Ne laisse pas ta peur prendre son espace à elle. Peut-être qu'elle sera en colère de ton départ précipité et ce serait légitime : ne serais-tu pas en colère toi ? Mais vois l'espace que tu lui laisses pour te répondre comme une marque de respect envers elle. Ce qui se passe après, c'est un tout autre sujet, que l'issue soit agréable ou difficile. Là, ce qui compte c'est toi, qui tu veux être."

Qu'elle le rejette ou l'aime en retour, qu'elle soit énervée de sa fuite ou compréhensive, tout ça ne compte pas à l'heure actuelle. Ce que Cecil doit comprendre, c'est qu'en l'aimant et en lui avouant, il a créé de la réciprocité. Et la réciprocité implique l'égalité de l'échange. Sa peur lui a volé cette égalité et peut-être qu'exprimé de cette façon, en remettant Jingyi au centre comme une entité active et non passive, Cecil comprendra que Jingyi n'est pas qu'une possibilité dans un scénario faits d'angoisses et de "et si?". Elle existe.

"Le courage ça s'apprend, ce n'est pas inné. Tout comme on apprend à accepter et à faire avec ses peurs. Mais d'abord il faut faire un premier pas vers ce qui nous terrorise le plus : il faut accepter qu'on ne peut pas tout contrôler. Surtout l'amour et surtout les autres. Laisse la entrer même si tu as peur. Il n'y a que comme ça que tu pourras avancer."

Et à aucun moment, Judd n'a lâché le regard de Cecil. À aucun moment, il ne l'a abandonné.
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