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I am my mother's savage daughter - Ft. Isaac

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Aileen Flores
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I am my mother's savage daughter
05.09.24



The one who runs barefoot
TW : Angoisse, santé mentale, TOC.

Dire qu'elle était nerveuse serait un euphémisme. Aileen avait juste envie de disparaître elle ne sait où, mais de disparaître tout de même. Il faut dire que le fait que le pasteur veuille la voir l'inquiétait énormément, faisait réapparaître en elle certains souvenirs de l'enfance qu'elle aurait préféré oublier. Trois jours déjà que le rendez-vous était fixé, trois jours de pur chaos pour la jeune femme, qui avait vu certains symptôme reprendre à cause de toute cette pression qu'elle s'était prise d'un coup, accentuer par les paroles de certains membres de sa famille. " S'il demande à te voir, c'est que tu n'as pas assez la foi." " C'est sûrement grave, est-ce que tu as besoin de confesser quelque chose, ma petite ? " La blonde ne peut s'empêcher de tourner vivement la tête, ayant l'impression d'entendre de nouveau la voix de sa tante, comme pleins d'autres, plus ou moins sournoises, qui semblaient revivre dans son esprit. Bien entendu, elle avait reprit rendez-vous avec sa thérapeute, quand elle s'était aperçut qu'elle mangeait ses petits pois deux par deux, chacun d'un côté, qu'elle avait recommencé à aligner parfaitement ses couverts et assiettes dans les placards, de peur qu'un malheur arrive, que ses robinets étaient vérifiés très exactement huit fois de suite, quand les heures miroirs lui apparaissaient. Mais il n'y avait pas de rendez-vous avant, seulement après la rencontre avec Isaac.. l'univers était décidément contre elle.

Ne cessant de tapoter la pulpe de ses pouces sur chaque doigt de ses mains engouffrées dans ses poches de manteau, la blonde attend son heure, a presque courut au lieu de rendez-vous en pensant être en retard. Et quand le visage familier de Monsieur Matthews apparaît dans son champ de vision, sa respiration se coupe, tandis que bien des questions s'imposent à son esprit : est-ce que tout allait bien se passer ? Est-ce qu'il allait lui faire des reproches ? Est-ce qu'il avait entendu parler de son trouble ? Si oui, est-ce qu'il pensait lui aussi que c'était l'œuvre d'un démon ou autre chose du genre ? Est-ce qu'il allait lui proposer, voir la forcer à reprendre les purifications ? Les prières et autres rituels désagréables du genre ? Ou alors, il allait lui faire un discours sur le fait qu'il serait temps de penser au mariage ??? Non, il n'était pas comme ça, elle n'entendait que du bien du Pasteur Matthews, même si elle, son instinct lui disait qu'il était dangereux, mais c'était certainement ses traumatismes d'enfance qui parlaient ? Reprenant un peu son souffle, le sourire crispé, l'humaine essaye de paraître détendue face à l'homme qui vient de la rejoindre.

"Bonjour Monsieur, j'espère que vous allez bien. "

Parce qu'elle, pas du tout. Vraiment. Si elle avait pu fuir à peine avait elle vu Isaac qu'elle l'aurait fait. Mais ça l'aurait rendue encore plus suspecte, non ? Et puis, qu'est-ce qu'il aurait ensuite été raconter à sa famille ? À la communauté ? Non, il valait mieux subir cette entrevue, hocher gentiment la tête, faire des jolis sourires, aller à quelques messes pour montrer sa bonne foi et ça serait réglé cette histoire. Du moins, elle l'espérait.



Isaac Matthews
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The one who runs barefoot
TW : manipulation, fanatisme religieux

La vie d'un Pasteur dans cette communauté n'était pas très différente de celle de n'importe quel croyant. Isaac se levait, priait, organisait ses affaires et s'occupait de ceux qui avaient besoin de lui. Son rôle de Conseiller, en particulier durant ces temps troublés, lui demandait bien davantage d'énergie et de temps. Temps qu'il rognait un peu plus sur le reste de ses activités, lui qui s'absentait régulièrement de la paroisse dans le simple but de servir l'Ordre plutôt que lui-même. Oh, il n'abandonnerait jamais les fidèles ; toujours, sa présence se faisait sentir à King's Church et aux alentours. Toujours, on murmurait son nom dans les couloirs du temple, dans ceux du château d'Edimbourg une fois la nuit tombée. On se demandait comment un homme tel que lui pouvait être partout et nulle part à la fois, on plaisantait en estimant qu'il avait appris à maîtriser l'art de se dédoubler. On admirait sa capacité à voyager dans le monde entier, bien qu'il ait dû malheureusement annuler ses derniers départs depuis juin dernier. Personne ne pouvait se targuer de le connaître dans son entier, mais tous se reposaient sur lui malgré tout.

Intérieurement pourtant, Isaac commençait à sentir le douter poindre dans sa poitrine. Ses prières se faisaient plus intenses, plus nombreuses depuis que Lazarus avait été contraint d'entrer dans la Garde. L'ultime épreuve de son Dieu une nouvelle fois, en qui il devait avoir confiance. Des plaidoiries dignes des grands tribunaux qu'il délivrait à une entité supérieure si prompte à lui faire passer de si terribles épreuves, à tester sa foi chaque jour un peu plus que le précédent. Son influence suffisait pour le moment à protéger son fils, mais pour combien de temps ? Les sorciers se battraient-ils bientôt pour récupérer la seule chose capable de les détruire ? La Relique possédait-elle seulement ce pouvoir, d'ailleurs ? Depuis des mois maintenant, les efforts de l'Alchimiste semblaient enchaîner échecs sur échecs. Le temps leur était compté.

Peut-être avait-il accepté pour se changer les idées, Isaac, lorsqu'on lui avait demandé de rencontrer une certaine petite fidèle qui semblaient s'éloigner du droit chemin. Peut-être avait-il besoin de se rassurer sur sa capacité à sauver quelqu'un, n'importe qui, à défaut de réussir à sauver son propre fils. Alors il avait donné sa parole à cette famille inquiète pour sa progéniture. Oui, il retrouverait sa foi avec elle, l'accompagnerait dans la lumière. Lui qui avait vu sa propre soeur s'éloigner de Dieu ne pouvait laisser qui que ce soit emprunter le même chemin.

Le rendez-vous ne se faisait pas à la paroisse, pas même au temple d'ailleurs, mais simplement dans un café quelconque. Rien d'ostentatoire dans cet endroit, pas plus dans sa tenue du jour d'ailleurs ; un simple costume comme il en avait l'habitude, sous un long manteau en laine brun agrémenté d'une épaisse écharpe et de gants en cuir. La température avait beau être clémente pour le commun des mortels, monsieur Matthews craignait déjà la fraîcheur de l'automne précédent le froid mordant de l'hiver. Un sourire poli s'afficha sur son visage lorsqu'il aperçut la demoiselle ; bien qu'on lui ait décrit longuement son apparence et sa prétendue "assiduité" aux offices religieux, il n'avait pas encore fait le rapprochement avec celle qui se tenait devant lui.

"Bonjour mademoiselle Flores. On ne peut mieux, merci. Entrons, le vent se lève."

Une brise légère caressait déjà leur visage à tous les deux, rien de bien désagréable, cependant il n'appréciait tout de même pas cet affront de la part de la nature. La fatigue avait sans doute sa part dans cette sensibilité accrue.
Le café en question était plutôt grand à l'intérieur, bien que la devanture ne paie pas de mine. Ancien, il possédait une salle à l'arrière vers laquelle la serveuse les dirigea immédiatement. Isaac n'avait pas spécifiquement réclamé un peu d'intimité pour leur discussion, mais il approuvait néanmoins l'idée. Certaines personnes n'étaient pas à l'aise de discuter religion en public, quand bien même il n'était pas interdit à proprement parler d'en aborder le sujet. Il remercia chaleureusement l'employée, retira une couche de vêtements et s'installa à table.

"Notre discussion n'a pas vocation à s'éterniser, sauf si vous en exprimez le désir. Sachez que je ne suis pas là pour juger vos actes et pensées. Je ne fais que répondre aux inquiétudes qui m'ont été rapportées...j'espère que vous n'êtes pas anxieuse à cette idée."

S'il affichait toujours un sourire avenant, le regard d'Isaac était malgré tout froid comme la glace. Il exprimait certes une volonté de rester neutre, mais analysait néanmoins les petites expressions sur le visage de sa vis-à-vis. Son stress était visible même par quiconque n'était pas très observant ; il était évident qu'elle aurait préféré être n'importe où ailleurs qu'à cet endroit. Savoir quelle emprise il avait sur elle plaisait au Conseiller, cette pensée perverse de savoir l'autre mal à l'aise en sa présence lui boostait son ego. Il ne l'admettrait jamais, bien entendu.

"Savez-vous pourquoi nous sommes ici tous les deux, mademoiselle Flores ?"
Aileen Flores
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Suivant le pasteur à l'intérieur, Aileen essaye de ne pas trop traîner des pieds, mais elle a plus l'impression de s'enfoncer dans la gueule du loup actuellement, elle a cette peur qui lui tord le cœur, celle d'avoir l'impression qu'elle n'allait jamais ressortir vivante de cet endroit. Elle qui était en panne d'inspiration pour son roman, ce moment fatidique où l'un des personnages principaux décide de se sacrifier pour le bien commun, elle en avait là le parfait exemple, du type de pensée qui pouvait l'habiter. Même si, en réalité, elle aurait préféré ne jamais le vivre de cette manière. Arrivée à la table où se déroulerait cette entrevue, la blonde vient enlever manteau et écharpe, s'assoit bien vite devant Isaac. Elle essaye de se détendre, Mais c'est bien compliqué, ses doigts trinque, sous la table, alors que ses ongles viennent enlever les petits bouts de peau qu'elle avait grignoté juste avant. Elle voulait être partout, sauf ici.

La jeune femme vient doucement hocher la tête, quand le Pasteur lui dit que la discussion n'allait pas s'éterniser, ça l'arrangeait bien, l'écrivaine, même si elle ne peut s'empêcher de penser qu'il allait forcément juger ses actes et ses pensées, sinon, il ne serait pas là, devant elle, à vouloir parler de tout ça. Elle a tout de même un petit mouvement d'agacement quand on lui affirme que c'est bien sa famille qui est à l'origine de la demande, sérieusement, on ne pouvait pas la laisser tranquille ...? Sérieusement, elle aurait pu directement répondre à leurs interrogations, leurs inquiétudes. Non, elle n'avait personne dans sa vie, non, elle n'allait donc pas se marier, oui, elle voulait des enfants, juste, elle voulait être avec quelqu'un qu'elle aimait, pas avec le premier venu qui n'était pas fiable, c'était tout.

A moins qu'il y avait autre chose ?

Cette pensée fait écarquiller les yeux d'Aileen, dont le cerveau se met à fonctionner à plein régime. Vient ramener des sons, des images, des sensations à la jeune femme, qu'elle pensait avoir oublié depuis le temps. Le froid, l'odeur du bois, les prières, la pierre, le froid. Mais non, son inconscient préfère lui faire imaginer qu'Isaac était là pour lui demander de reprendre le programme qu'elle avait étant enfant, celui visant à éloigner sa maladie, sa malédiction qui pesait toujours sur elle, selon certaines personnes de son entourage. Partir encore, manqué des choses, redevenir une coquille. Non, Aileen ne voulait pas retourner prier pendant des heures et des heures, elle ne voulait pas suivre à la lettre les préconisations de certain.es savant.es pour éloigner le mal, ne pas la laisser sombrer. Parce qu'elle ne sombrait pas, son cerveau était juste fait de cette manière, ce n'était pas sa faute, il y avait eu un diagnostique, elle était suivie pour tout ça. Même si pour certaines personnes, ce n'était que du vent, visiblement. Mais je ne suis pas maudite, je ne suis pas folle, je le sais, ça arrive à certaines personnes, mais je vais bien, je ne suis pas folle.

"Euh..."

Se raccrochant au regard froid qui est posé sur elle, l'humaine revient doucement dans la réalité, il lui faut quelques instants pour s'ancrer de nouveau, rassembler ses idées, les trier, entre celles qui ont lieu d'être et celles qui ne sont que des parasites. Tout va bien, je suis dans un café, à Édimbourg, je ne suis pas là-bas. Je vois une table, je vois mes mains, je vois le regard du pasteur. Je sens l'odeur du café, je sens le sucre. J'entends la voix du Pasteur. La femme se concentre d'ailleurs sur sa respiration, qu'elle avait oubliée pendant quelques instants, avant de reprendre, après une longue expiration.

"J'imagine que ma famille doit s'inquiéter parce que je ne suis toujours pas mariée, à mon grand âge et que je n'ai pas fondé une famille encore ? Après tout, à 32 ans, ça commence à faire beaucoup ? "

Mais il devait y avoir autre chose, non ? Sinon, le pasteur ne se serait pas déplacé pour si peu, l'aurait à la limite interpellée en sortie d'office, pour lui en toucher deux mots ? Je ne veux pas y retourner, je ne veux pas recommencer, je ne veux pas revivre ça.

"Et puis, peut-être qu'elle est inquiète parce que je n'ai pas la même vision que la plupart des membres de ma famille, j'imagine ? Que je suis un peu trop... à contre-courant ?"

Ou qu'ils veulent me renvoyer dans cet enfer ? Se mordant un peu la lèvre inférieure, enfonçant les ongles dans la paume de sa main, la plus jeune ose à nouveau un petit regard vers Isaac, parce que ça commençait à faire long, sa contemplation de la table et qu'on lui avait toujours dit qu'il fallait regarder les gens dans les yeux, quand on leurs parlait, même si actuellement, ça lui faisait plus peur qu'autre chose, que ce soit cette conversation ou bien même le Pasteur en lui-même.


Isaac Matthews
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La jeune femme paniquait, et cela se voyait sur son visage malgré ses efforts pour le dissimuler. Depuis le temps, Isaac avait appris à déterminer l'état mental des autres pour mieux s'adapter - pour mieux les manipuler. Il savait quand faire preuve de fermeté, quand se montrer aussi doux que possible tel le serpent offrant la pomme à Eve. L'analogie le ferait certainement réfléchir si on la lui mentionnait ; n'était-il pas lui-même devenu le diable en personne ? L'ange déchu devenu roi d'un royaume infernal...bien qu'il n'ait aucun royaume sur lequel régner - pour l'instant.

Elle commençait à faire des hypothèses, la pauvre fille. Tentait de comprendre par elle-même pourquoi le pasteur de sa communauté cherchait à ce point à la rencontrer. Des hypothèses qui firent doucement rire Isaac, donc les yeux pétillaient de malice. Elle n'avait pas tort : sa famille l'avait réellement missionné de lui mettre un peu de plomb dans la cervelle, inquiète de la voir partir sur un mauvais chemin et de s'y perdre. Mais pour lui, les choses étaient moins...radicales. Ce qui était étrange et un peu ironique lorsqu'on y songeait, pour un dévot comme lui qui avait un rôle si important dans une organisation remplie de dévots. Le pasteur si pieux ne s'était pourtant jamais remarié suite au décès de sa femme, malgré la pression tant de ses pairs que de sa propre famille. Il avait préféré faire l'autruche, et prouver qu'il pouvait élever son fils sans grande figure féminine à la maison. Résultat ? Lazarus était devenu un jeune homme parfaitement équilibré.

En entendant les paroles de Flores, Isaac ne put s'empêcher de songer au mouton noir de sa famille. Sarah, sa soeur bien-aimée, avait vite rempli ce rôle lorsque la perte de leurs aînés fut trop grande pour le supporter. Lorsque sa foi avait commencé à faiblir, pour s'éteindre petit à petit à mesure que le temps passait. Il regrettait, le benjamin des Matthews, de ne pas avoir su trouver les mots pour lui montrer le chemin. Regrettait de ne pas parvenir à communiquer clairement avec elle pour l'embrasser de nouveau dans la foi de Dieu.

Cette entrevue qui n'était qu'une formalité au départ devenait d'un coup un but à atteindre pour le Conseiller. S'il parvenait à sauver l'âme de cette jeune fille, peut-être pourrait-il sauver celle de sa soeur. Galvanisé par cette nouvelle résolution, l'homme afficha un sourire acquiesça pour montrer qu'il avait bien compris.

"Votre famille est inquiète, oui...mais n'est-ce pas normal ? L'inquiétude provient d'un amour profond pour vous. Peut-être ont-ils du mal à discerner vos différences, et ne comprennent-ils pas pourquoi vous n'avez pas la même vision qu'eux. Ce n'est pas la première fois qu'on me demande de rencontrer quelqu'un en dernier recours."

Il sentit la tension s'élever d'un cran dans le corps de son invitée. Ses paroles résonnaient en elle, quelque chose qui semblait bloquer toute discussion à ce sujet. L'homme de foi fixa un instant son visage, avant de détourner le regard pour ne pas appuyer ce malaise entre eux. Quelles paroles pouvait avoir fait écho en Flores pour qu'elle réagisse ainsi ? La mention de sa famille ? D'un dernier recours ? Impossible de le savoir pour l'instant. Il ne la connaissais malheureusement pas suffisamment pour naviguer dans ses eaux sans risquer d'heurter un iceberg. Mais ça allait changer.

"En vérité...oh."

La serveuse revint à cet instant précis, coupant immédiatement la discussion. Pas qu'il soit particulièrement gêné de parler face à d'autres, mais s'il voulait mettre à l'aise une personne visiblement hostile à cette entrevue, il allait devoir prendre toutes les pincettes du monde. Il prit donc le temps de commander un thé et invita sa vis-à-vis à faire de même, attendit que l'employée disparaisse et reprit aussitôt.

"Je disais donc...en vérité, je ne partage pas la vision de votre famille. Je ne vous connais qu'à travers leurs dires, mais j'ai l'impression qu'ils ont tendance à...diaboliser ce qui n'a pas lieu d'être. Je serais bien mal placé pour vous pousser vers les liens sacrés du mariage."

Sans expliquer plus en détail où il voulait en venir, Isaac leva simplement sa main gauche. A l'annulaire, nulle bague n'était visible ; son alliance avait quitté son doigt depuis des années, reposant sagement dans une boîte en bois lustrée dans laquelle d'autres objets de valeur étaient stockés. Des objets qui avaient appartenu à Mary, qu'il manipulait de temps en temps lorsque la nostalgie - ou plutôt le regret - le prenait. Mais son invitée n'était pas censé connaître toute sa vie. Pour elle, le pasteur n'avait simplement jamais été marié.

"Parlez-moi de vous, mademoiselle Flores. Pourquoi votre entourage semble-t-il si inquiet pour vous ? Quels intérêts spécifiques les ont ainsi poussé à m'impliquer dans cette histoire ?"

La faire parler la détendrait peut-être. Il avait fait un pas vers elle en avouant sa "non-union", et espérait qu'elle en fasse également un vers lui. Rien n'était moins sûr, cependant ; ils partaient du mauvais pied, avec ce rendez-vous "imposé". Pourtant, Isaac ne perdait pas espoir.
Aileen Flores
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Comment ça, dernier recours ?? Aileen se fige, le regard fixé sur ce maudit pasteur qui lui provoque bien des ressentis négatifs, depuis le début. Son corps est si tendu, la blonde en oublie presque de respirer alors que l'angoisse, elle, ne cesse de monter. Comme ça, dernier recours ? Sa famille voulait lui refaire vivre ce calvaire ? Mais ses parents semblaient avoir compris que ça n'avait rien à voir avec une possible malédiction ou autre, non, que c'était son cerveau qui était fait ainsi, à cause du climat familial, de ce sectarisme qui ne l'avait jamais vraiment fait se sentir en sécurité, que ce n'était pas réellement elle, juste son inconscient.

Mais peut-être que les matriarches leurs avaient retourner le cerveau, encore ? Ou même ce Pasteur, qui ne semblait pas franc du collier. Il avait comploté avec la Maria, n'est-ce pas ? Josefina était pas mal dans le genre, remarquez... Elle qui n'arrêtait pas de lui rappeler que son horloge biologique tournait et que, bientôt, elle ne pourrait plus avoir d'enfant. Ils s'étaient ligués contre elle, c'est ça ? Comptait lui trouver un mari, comme il faut, pour qu'elle finisse pas vieille fille, qu'elle retrouve sa foi ? Trop de choses tournent, ça lui donne le vertige, à Leen, alors qu'elle ne peut pas détacher son regard d'Isaac, jusqu'à ce que la serveuse vienne les interrompre. L'écrivaine pouvait de nouveau respirer, elle hésite même à partir avec la serveuse, lui disant que l'homme en face d'elle était très étrange et la mettait mal à l'aise. Mais si elle faisait ça, la famille Flores allait être folle de rage, sûrement le côté Selvaggi, forcément. Alors, non, la jeune femme allait rester bien assise dans son siège, se concentrer sur la chaleur de sa tasse de thé contre les paumes de ses mains et tenter de gérer la situation sans rester tétanisée devant Monsieur le Pasteur.

Et si ses sourcils étaient quelques peu froncés avant, voilà qu'ils se haussent sous la surprise d'Aileen. Comment ça, Isaac ne partageait pas la vision de sa famille ? Ce qu'il dit n'a aucun sens. Vraiment. Baissant un peu sa garde, Aileen observe le pasteur, sans un mot, avant de regarder la main qui se lève, il n'y avait pas de bague à son annulaire... Il n'était donc pas marié ? Ça faisait sens maintenant, sur pourquoi il disait ne pas être bien placé pour la pousser dans un mariage. Mais ce qui finit de la surprendre, c'est la question qu'il lui pose.

"... ils ne vous ont rien dit...? "

Pourtant, c'était bien leur genre, de parler d'absolument tout sur elle, en mal, bien entendu, à n'importe qui pourraient les entendre, alors que le Pasteur ne sache rien de son parcours... Ça relevait du miracle. Et la pauvre brebis galeuse ne voit absolument pas le mal que ça pourrait faire, lui faire, de parler d'elle, pour une fois qu'il n'y a pas le prisme familial entre elle et les autres.

" C'est étrange comme sensation, vous savez ? Que quelqu'un ne me rencontre pas avec un avis déjà tout fait. "

Ça la rend presque timide même, Aileen, qui regarde un peu son thé, ne sachant pas très bien par quoi commencer.

"C'est la faute de personne, si on en est là, vous savez ? Juste... ils ont leurs idées, leurs convictions et ... "

L'écrivaine se stoppe, semble chercher ses mots. C'était la première fois qu'elle allait parler à quelqu'un de l'Eglise, de tout ça, est-ce que c'était une bonne chose ?

"Disons que je ne rentre dans aucune de leurs cases, comme je vous le disais avant... Je sais que je ne suis pas capable de devenir une femme au foyer après un beau mariage, pour m'occuper des enfants et du foyer, ça m'horripile, comme futur, enfin je sais qu'il n'est pas fait pour moi. "

Elle pourrait se marier un jour, oui, si ça se présentait et qu'elle aimait réellement quelqu'un pour arriver à ce stade.

"Ils disent que je suis une femme des temps moderne, la génération trop perdue, celle qu'on ne pourra pas sauver. Si vous voulez mon avis, je ne pense pas que ma génération soit si ... décadente. Il y a certains phénomènes, c'est vrai, de nouvelles problématiques, mais chaque génération contient tout ceci, juste d'une autre manière. "

Combien de fois, est-ce qu'elle l'avait entendu ? "Génération de bon à rien, de fou, qui gâchent leurs vies, Dieu ne pourra plus rien pour eux. " que de jolis termes, pour la désigner elle et tant d'autres.

"Et puis, je pense que ce qui les inquiètent, c'est que je ne sois pas comme eux, comme... d'autres ? Enfin, pas que je me prenne pour quelqu'un que je ne suis pas, avec une réalité propre, mais juste... J'ai trop d'imagination depuis toute petite et ça leur fait énormément peur. Pour eux, c'est lié à une défaillance ou plutôt... "

Non, elle ne pouvait décemment pas parler de magie, malédiction sorcière et autre chose du genre devant le Pasteur... C'était juste courir à la perte.

"Non, défaillance, c'est le mot. Tare, qu'importe, pour eux, ça m'empêchera d'être stable, trouver quelqu'un de bien et avoir une vie rangée... enfin, vous voyez le genre... "

Elle rit nerveusement, l'humaine, consciente que peut-être, elle se confiait un peu trop à l'homme en face d'elle.

"Enfin voilà .... Vous aviez raison sur le fait que oui, l'inquiétude provient d'un amour profond, d'une envie que tout aille au mieux pour l'autre, mais parfois, ma famille est beaucoup trop bornée pour voir que leur amour est trop étouffant au point de me faire du mal, à force. "

Et quel mal lui avait été fait, depuis toutes ses années... C'était aussi en partie à cause d'eux, que son cerveau avait créé de nouvelles connexions, laissé l'inconscient grappiller le conscient. Un frisson parcours son échine. Elle se sent étrange, Aileen alors qu'elle fixe un point lointain, certains sons, images, sensations lui revenant. Elle arrive tout de même à se défaire de tout ça, reportant ses iris sur les prunelles glaciales d'Isaac.

"Mais bon, j'ai l'habitude de tout ça et je sais que je ne les referais pas et j'ai bien conscience que ce qu'ils diabolisent est simplement ce qui leur fait peur... Ça aide à relativiser, dirons nous. "

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