(vilhelm) ☽ i just wanna lose control in your gravity

TW : maladie d'un proche

Plusieurs options se sont offertes à Ethel lorsqu’il a reçu le dernier message de Vilhelm, avec beaucoup trop de ponctuation agglutinée pour qu’il ne s’en alarme pas à la première lecture. Sous l’essor de cette inquiétude appuyée par la notification apparue sur son écran verrouillé, il a tenu son téléphone dans sa paume en évaluant les possibilités à sa disposition : il vient d’achever sa journée au cabinet, son dernier patient doit à peine franchir les portes automatiques de l’immeuble pour en sortir, mais il est attendu ailleurs et il sait que Neven refusera catégoriquement de reporter leur entrevue, déjà repoussée une première fois par son voyage en Inde. Il ne sait pas trop quel sujet son aîné tient tant à aborder, mais Ethel suppose que l’état de santé fragile de leur mère est à l’origine de cette soudaine prise de position ; leur père est bien moins disposé à honorer son rôle de chef de famille maintenant que sa femme démontre des signes précoces de démence, et l’idée que Neven cherche — encore — à le rapatrier dans leur firme bancaire pour affermir leur banque privée n’est pas si saugrenue. Mais il n’a pas besoin de réfléchir bien longtemps avant de faire un choix, et il courbe la nuque pour pianoter un « j’arrive » à l’attention de Vilhelm, joignant le geste à la parole en s’empressant de rassembler ses affaires dans son bureau pour le quitter à son tour.

Il devrait prendre le chemin de la propriété des Hasting, ce serait peut-être la décision la plus raisonnable mais, malgré les nombreux appels de Neven pour le sommer de rentrer chez eux afin d’avoir cette discussion urgente, c’est vers le quartier Nord de l’Edimbourg non-sorcier qu’il se dirige, en ne prenant même pas la peine de renvoyer un message à son grand-frère pour lui expliquer toute la situation ; de toute façon, Neven ne comprendrait pas. Mais est-ce qu’il a vraiment besoin que les autres comprennent ? En cet instant précis, la seule chose qui semble avoir de l’importance à ses yeux est l’état de son ami, dont le souhait exprimé avec urgence le pousse à croire que la situation est grave. Jamais, jusqu’ici, Vilhelm ne l’avait appelé à l’aide de la sorte, et c’est en sentant l’anxiété enfler dans son buste qu’il abandonne sa voiture une fois celle-ci garée sur le bas-côté, claquant brutalement la portière sans même s’en rendre compte. Il ne prend pas non plus la peine de sonner à l’interphone et, par chance, la porte d’entrée du blond n’est pas fermée à clef alors il en passe le seuil sans difficulté aucune, en faisant résonner sa voix un ton au-dessus de la normale pour manifester sa présence ’’Vilhelm ?’’ retirant ses lunettes de soleil, il replie les branches pour les tenir d’une main avant de faire quelques pas dans l’entrée, cherchant du regard l’homme qui est au centre de toutes ses préoccupations actuelles, et qui lui a tant manqué lorsqu’ils furent éloignés par approximativement 7 408 km. ’’Tout va bien ?’’ il faut espérer que oui, même s’il en doute un peu.

crédits/sejanuspiinth & keiynan-lonsdale