This is just the beginning (ft. Davi)

This is just the beginning

Vendredi 30 août 2024

ft. Davi

Be yourself. You are the greatest gift you can give to the world.

TW : Manque de confiance en soi

Août tirait sur sa fin, mais l’air était encore doux. Il était à peine neuf heures du matin, mais les rayons du soleil éclairaient les rues du quartier de Old Town où se trouvait le nouveau lieu de travail de Maddy. La norvégienne n’avait encore jamais eu la boule au ventre à l’idée de se lancer dans un nouveau job, mais là, les choses étaient différentes. Pour la première fois, ce n’était pas l’argent qui l’intéressait, elle ne faisait pas ça par obligation, mais parce qu’elle en avait envie. Car elle avait la sensation que cela pouvait lui apporter quelque chose, que c’était une porte d’entrée pour plus grand. La jeune femme n’avait jamais vraiment réfléchi à ce qu’elle voulait faire de sa vie. Quand elle s’était lancée dans ses études, elle avait choisi sa filière un peu au hasard, plus intéressée par les soirées d’intégration que par le contenu de ses cours. Puis, quand elle avait récupéré la garde de Rune, son seul objectif avait été de ne pas la perdre. Tant pis si pour cela il fallait faire les boulots les plus ennuyants et répétitifs, tant que la paie lui permettait de subvenir aux besoins de son neveu et de maintenir les assistances sociales loin de sa porte d’entrée. Même la bibliothèque, cela avait été un choix par défaut. Elle voulait s’installer parmi les hydromanciens, ils avaient besoin de quelqu’un pour ouvrir et tenir les lieux les après-midis, le lien avait été évident. Mais là… Là c’était différent.

Arrivée devant les vitrines du magasin, elle prit quelques instants pour observer les tenues colorées qui habillaient les portants. C’était beau, pimpant, nouveau et original. L’idée de travailler avec celui qui avait créé tout cela lui provoquait des papillons dans le ventre. Elle avait conscience des différences entre son travail et celui qui s’offrait au regard des passants derrière les parois de verre. Et elle avait beau savoir que Davi l’avait engagé en connaissant ces différences, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir cette appréhension stupide qu’il se rétracte en voyant son travail. Sans doute car, pour une fois, cela ne touchait pas seulement à ses capacités : elle avait mit tout son cœur dans ses créations, même si elle suivait les idées d’autres. Elle se décida finalement à pousser la porte. Le créateur lui avait indiqué que la boutique était fermée le vendredi et qu’ils seraient tranquilles. Qu’elle n’avait qu’à entrer et qu’il viendrait l’accueillir. Dans un réflexe créé par l’habitude, elle se laissa précéder de Søren qui se faufila dans la boutique, s’arrêtant sur le pas de la porte pour observer. Sa moitié d’âme ne lui avait pas vraiment laissé le choix : il l’accompagnait. Néanmoins, Maddy ne se faisait pas trop de souci. Søren était discret et il savait qu’il ne devait pas s’approcher des tenues pour ne pas y laisser traîner ses poils. Même si sa fourrure brune d’été avait moins tendance à se laisser disperser aux quatre vents, mieux valait prévenir que guérir. La blonde s’avança un peu dans le magasin. Davi l’avait sûrement entendu et n’allait pas tarder à la rejoindre. En attendant…

Maddy abandonna le sac de courses contenant quelques une de ses créations à deux pas de la porte pour aller fureter dans les portants. Les formes, les couleurs, le mélange des matières… Tout l’attirait et lui donnait envie de découvrir tout ce que l’esprit de Davi avait à lui offrir en matière de création. Pour elle qui avait du mal à sortir des codes qu’elle avait apprit petite, le travail de Davi était aussi fascinant que déconcertant. Devant les créations de certains grands noms de la mode, Maddy avait parfois haussé un sourcil circonspect, se demandant quel était l’intérêt. Elle ne retrouvait pas les valeurs qu’elle-même prônait lorsqu’elle s’attelait à la confection d’un vêtement à savoir obtenir le mélange le plus optimal entre confort, praticité et beauté. Après, beaucoup de choses pouvait entrer dans la définition de la beauté. Pour Maddy, cette dernière était simple : un vêtement était beau à partir du moment où la personne le portant se sentait belle dedans. Fière. Confiante. C’était là le plus important pour elle. Cependant, lorsqu’elle avait découvert le travail de Davi sur Instagram, il n’y avait pas eu de haussement de sourcil. Il n’y avait rien eu du tout à vrai dire alors qu’elle scrollait encore et encore, bouche-bée, admirative et fascinée. Elle allait apprendre auprès d’un maître… Et elle ne pouvait s’empêcher de redouter ce qu’il avait à dire sur son travail.
Crédits ; gifharbor

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fin aout 2024 feat @Maddy Christensen

Il avait fini par s'endormir sur le canapé de l'atelier par flemme de rentrer chez lui et surtout, par manque d'énergie. Les semaines de rentrée chez Assunção s'annonçaient bien remplies et si Davi n'avait pas pris de jours de congés en été, il avait proposé à son équipe de ralentir. Communication, réunion, stratégie... Tout, ou presque, avait été mis en pause en fonction des absences des un·es et des autres. Lui en avait profité pour organiser la fin septembre qui arriverait aussi vite que les feuilles d'automne sur le béton de la ville.
Si on pouvait facilement s'imaginer que le couturier avait travaillé tout l'été pour préparer sa potentielle participation à la Fashion Week de Londres, il n'en était rien : Davi avait bel et bien encore refusé de s'y rendre. Pas qu'il était le seul ou le dernier styliste a décliner une telle offre ! De plus en plus de jeunes créateurices ne souhaitaient pas être accolé·es à l'effervescence et le trop de la Fashion Week, quelle que soit la ville où elle s'organisait, pour tout un tas de raisons : manque d'inclusivité et d'accessibilité, course au paraître, cruauté animale, collections en trop grand nombre, manque de transparence sur les "petites mains" derrière les "grands noms"... Si la mode restait et resterait un univers impitoyable où l'éthique se retrouvait aisément noyée par des crépitements de flash et des Une de magazines, elle commençait aussi à se parer d'alternatives plus tenables. Des alternatives que Davi soutenait et appréciait bien plus que des podiums à rallonge et des places à prix d'or. Alors pas de défilés à préparer, mais bien un autre type d'événement, fin septembre, qui l'avait occupé tout l'été en plus de quelques commandes !

La Sustainable Fashion week était une semaine de workshops, de rencontres, et de découverte se déroulant dans tout le Royaume-Uni. Elle était organisée pour un public de tout horizon et par des marques et des créateurices qui croyaient aux 4 piliers d'une mode plus éthique et utile : réutiliser, reporter, réduire et reconnecter. Si en 2023, Davi n'avait pas eu la force de se proposer, cette année, Assunção organiserait un workshop d'une journée entière à Édimbourg. Mais l'heure n'était ni à cet atelier, ni à fignoler son organisation : Maddy Christensen, la nouvelle membre de l'équipe, débutait aujourd'hui. Et si le couturier avait à la fois hâte d'être accompagné d'un deuxième cerveau créatif pour les commandes qui affluaient de plus en plus, l'angoisse de la (seconde) rencontre avait fini par lui dérober ses quelques heures de sommeil. Et si... S'il n'était pas fait pour travailler en duo ? S'il était incapable de lâcher prise ? S'il ne réussissait pas à être patient là où tout le monde lui criait de ralentir ? Si... Il fronça des sourcils en entendant la porte s'ouvrir avant de jeter un regard à sa montre : merde, il n'avait pas vu l'heure passer.

Petit coup d'œil dans le miroir, trace d'oreiller toujours bien visible sur la joue malgré l'épaisse barbe qu'il allait devoir finir par tailler, épis à droite, chemise à manches longues présentant quelques plis qui n'avaient rien de très glorieux. Un sacré portrait que donnait le créateur en vogue ! Heureusement, il avait pris le temps de se faire une petite toilette avant de prendre son thé en se levant.
Attrapant son carnet de notes et ses lunettes, il fila dans la boutique pour y retrouver sa nouvelle assistante couture. Maddy semblait concentrée sur un portant, le regard dérivant sur les quelques chemises de lin et pantalons en Tencel accrochés. Son familier, un renard, patientait à l'entrée. Davi était très fier de la scénographie de ces derniers mois et de tout le travail réalisé par l'équipe de vente pour donner vie à ce qu'iels souhaitaient pour la période estivale : de la clarté, de l'espace et de l'équilibre. Les meubles avaient été déplacés pour créer des îlots où portants et étagères laissaient passer la lumière des baies vitrées et l'espace repos, avec son canapé et ses deux fauteuils, avait pris des allures de cocon que Davi appréciait particulièrement. D'autant plus qu'il y passait la majorité de ses soirées, une fois les portes closes.

"Qu'est-ce que vous en pensez ? Du pantalon ?"

Même s'il ne s'agissait ni d'un piège ni d'un exercice, son ton n'invitait pas vraiment non plus à prendre à la légère sa question. Davi était surtout curieux d'entendre ce que Maddy avait à dire, sur ce nouveau modèle arrivé depuis juin sur les portants : parlerait-elle de la coupe surprenante ? Du tissu choisi ? De la légèreté ou de la couleur ? Ou peut-être serait-elle plus technique et s'aventurerait dans une analyse du point utilisé ? Bras clos, lunettes sur le nez, le couturier ne la lâchait pas des yeux sans se douter une seule seconde que sa posture n'était franchement pas très accueillante : lui voulait juste la voir et l'entendre s'exprimer.

Pour info sur le pantalon :

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Vendredi 30 août 2024

ft. Davi

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Les créations de Davi avaient si bien aspiré l’attention de la norvégienne qu’elle n’entendit pas les pas du créateur se rapprocher d’elle. Lorsque sa voix résonna à ses côtés, il s’en fallut de peu pour qu’elle ne sursaute pas. Pas de bonjour de la part de son nouvel employeur, elle espérait simplement qu’il ne l’avait pas dit en entrant dans la pièce et qu’elle l’avait ainsi involontairement ignoré. Elle jeta un œil au créateur. Lunettes sur le nez, un bloc notes entre les mains, une chemise légèrement froissée sur le dos… Maddy n’était pas vraiment étonnée par l’allure de l’homme cependant, l’impression qu’elle avait eu sur les quelques photos où il apparaissait avait été confirmée pendant son entretien : le style de Davi était loin d’être aussi extravagant que celui de ses créations. Elle-même était venue vêtue de chaussures plates et d’une simple robe agrémentée d’une ceinture marquant sa taille… Même si, dans son cas, la majorité de ses productions se rapprochaient de ce qu’elle-même pouvait porter.

Elle reporta son regard sur le portant et en sortit le pantalon sur lequel il l’avait questionné, prenant au sérieux les mots de l’homme, son ton n’invitant pas vraiment à la rigolade. Cependant, Maddy n’en était pas déstabilisée. Elle était ici pour travailler et elle-même se montrait sérieuse dans ce genre de cadre. Cela lui convenait donc plutôt bien. Tendant le bras pour observer la pièce dans son ensemble, elle s’efforça de poser dessus un regard dénué de ses propres affects. Bien qu’il était impossible d’être totalement objective, elle devait tendre vers ce but. « -La coupe est assez originale sans être extravagante. Elle reste pratique et élégante ce qui permet de le porter dans un contexte de travail sans que cela soit choquant. La couleur est assez sobre ce qui permet de l’accompagner d’un haut ou d’accessoires plus vifs. Dans le même temps, la fluidité du tissu et la coupe un peu ample fait qu’il est aussi approprié pour un moment plus détendu. Cependant... ». Elle tourna son regard vers Davi et lui tendit le pantalon « -Vous voulez bien me le tenir un instant, j’aimerais voir quelque chose. ». Une fois que le créateur eu attrapé le cintre, elle vint tirer au niveau de la ceinture. Un sourire se peignit sur ses lèvres. L’homme qui avait conçu ce pantalon avait pensé également au confort de la personne le portant. « -La ceinture marque la taille sans être trop serrée et est facilement extensible. Sinon, cela aurait pu empêcher quelqu’un de le porter confortablement durant plusieurs heures. Merci. ». Elle récupéra le cintre et le replaça. La pièce était conçue avec un sens certain de l’esthétisme, mais pour autant, le confort n’avait pas été négligé, ce qui plaisait à Maddy. Un vêtement était avant tout fait pour être porté. Le vêtement devait mettre en valeur la personne et pour cela, il fallait qu’elle soit à l’aise dedans. La pièce avait évoquée à Maddy la rencontre entre un pantalon de yoga et un tailleur, dans le meilleur sens du terme. Mais elle n’était pas sûre que le créateur apprécierait la comparaison et préféra garder ses lèvres closes sur cette pensée.

Lorsqu’elle se tourna de nouveau vers son nouvel employeur, la trace de l’oreiller visible malgré sa barbe attira cette fois son attention. Elle l’avait visiblement tiré du lit. Cette marque le rendait plus humain, dévoilant l’homme derrière le créateur. Ce fût cela qui la poussa à relever un point qu’elle avait noté plus tôt et qu'elle n'avait pas osé aborder « -Vous pouvez m’appeler Maddy et me tutoyer. Enfin, si vous êtes d’accord. ». Elle n’aurait peut-être pas dû le dire ainsi, sûrement pas même. Mais les courbettes gênaient Maddy, elle qui avait toujours tutoyé ses collègues. En Norvège, c’était ainsi que cela se passait et cela n'empêchait pas le respect. Certes, la jeune femme n’était plus chez elle (son précédent employeur le lui avait bien fait sentir), mais cela restait étrange pour elle de s’entendre appeler Mrs Christensen et de voir appliquer toutes ces courbettes qu’elle avait toujours trouvé inutiles… Elle n’était pas meilleure à les appliquer elle-même d’ailleurs, bien qu’elle s’efforçait de le faire du mieux possible. Alors elle tentait sa chance. Elle savait qu'elle finirait par gaffer donc mieux valait prévenir que guérir.
Crédits ; gifharbor

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fin aout 2024 feat @Maddy Christensen

À aucun moment, il ne la coupa, toujours aussi appréciateur des jugements des un·es et des autres sur les pièces qui sortaient d'ici. Clientèle habituée ou simple visiteureuse, équipe de vente ou partenaire entrepreneurial, Davi aimait prendre la température sur les vêtements créés pour obtenir des remarques de tous horizons. Il n'y avait pas seulement le rendu qui l'intéressait, loin de là. Le confort, l'appréciation du toucher, le poids du vêtement, la façon de retomber sur les épaules, l'équilibre entre les drapés... Tout était essentiel dans la création, quoiqu'en disaient certaines marques. Et même si ravir ses propres mains et son propre regard faisait partie du processus, Davi n'était pas celui qui portait ses créations. Tout de même, cela lui arrivait parfois comme avec certaines chemises ou jupes et en particulier quand il devait faire "un effort" de présentation. Cette expression, il ne l'avait jamais compris. Comme si vivre et se montrer au monde n'étaient déjà pas un effort en soi.

Et il y avait quelque chose d'intéressant dans ce que disait Maddy, alors qu'il tenait le cintre pour lui permettre d'effleurer la pièce et de tester le choix du couturier. Le confort, elle en avait légèrement douté lors de sa première remarque et Davi ne put retenir un demi-sourire de contentement en la voyant réaliser la précision des choix. Ceinture et taille serrée il y avait, mais avec de l'élasticité pour ne jamais comprimer le corps. Le choix du tencel, au-delà de ses caractéristiques plus écologiques et respectueuses de l'environnement - même si le meilleur tissu pour la Nature était celui qu'on ne créait pas - avait ce confort caractéristique qui permettait de créer des habits aussi beaux qu'agréable à porter. Et si l'esthétisme revêtait une part importante du travail du brésilien, le confort était ce qui primait dans chacune de ses créations : de la chemise plus large, mais bien coupée à la robe évasée en passant par le pantalon taille haute qu'on pouvait garder toute une journée. Si bien entendu, chaque personne avait ses besoins et que Davi ne pouvait y répondre dans un modèle précis, il se mettait toujours à disposition pour des changements minimes ou pour créer de nouvelles tailles de vêtements, au cas par cas. Un modèle économique pas très viable pour certain·es, mais que le couturier avait su rendre possible en augmentant considérablement ses prix lorsque de grands noms de la mode venaient toquer à sa porte : si un certain Alaois Ó Fearghail ne s'imaginait pas une telle action de la part du brun, Davi était bel et bien un habitué du "taxer aux riches pour promouvoir une mode plus éthique et accessible à toustes".

Pendant toute l'explication de Maddy, Davi l'avait écouté, mais aussi examiné sa façon de tenir le vêtement, de frôler le tissu, de vérifier les plis. Il y avait un lien inexplicable, entre une création et saon créateurice, qui revêtait parfois de la magie même sans qu'aucune n'ait été utilisé pour sa confection. Et déceler du respect dans les gestes de la blonde faisait aussi partie de l'exercice.

Elle remit finalement le pantalon en place sous le regard rassuré du couturier qui sut après l'avoir écouté, avoir fait le bon choix. Il n'avait pas besoin de la voir coudre ou de découvrir ses idées, assuré d'avoir à ses côtés une personne qui aurait autant de respect pour l'art de la couture que lui. Rien n'était plus agréable, pour débuter une collaboration.

"Vous pouvez m’appeler Maddy et me tutoyer. Enfin, si vous êtes d’accord."
"Bien sûr. Tu as l'œil pour les détails, c'est apprécié," répondit-il, avec de l'inviter d'un geste à prendre place dans l'espace "salon" aménagé à gauche de la boutique. Dans le langage de Davi, un "apprécié" signifiait tellement plus qu'il s'en voulait presque de ne pas réussir à faire passer la joie ressentie dans son choix de mots. Pas que le vocabulaire lui manquait ou que l'envie était absente, seulement l'inquiétude d'en dire trop était bien là, elle, de déverser un surplus d'émotions, de patauger à peine la rencontre débutait. Si son empathie était une des causes, il y avait aussi sa légendaire retenue. Ne pas trop en dire, c'était rester un pied dans les "et si" et ne pas se confronter trop tôt à la dure réalité.

Jetant un coup d'œil vers l'entrée, où le familier de Maddy attendait toujours patiemment, Davi hésita pendant une poignée de secondes à lui proposer de s'approcher et de venir avec elleux. Mais non, pas maintenant, pas encore. C'était trop tôt. Le couturier expliquerait plus tard à Maddy qu'il avait organisé un espace calme dans l'arrière-boutique pour le renard - ainsi que pour les autres familiers de l'équipe - lorsqu'il souhaiterait se reposer et laisser sa sorcière travailler. Un détail pour certain·es, un accomplissement qui avait pris des semaines au zoomancien qui continuait de mentir quand on lui demandait où était le sien, de compagnon.

"Tu as apporté quelques créations pour en discuter ?" Lui demanda-t-il, avant de reprendre aussitôt, à peine assis sur l'un des fauteuils "J'oublie toujours, est-ce-que tu veux boire quelque chose ? Manger ou..." Nouvelle reprise, nouvelle coupe dans sa question. "Oublie, je n'ai rien à te proposer pour grignoter. Vendredi." conclua-t-il, la mine un peu désolée de ne pas y avoir pensé. Fin de semaine oblige, le petit frigo d'équipe était bien vide.

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Vendredi 30 août 2024

ft. Davi

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Alors que les paroles de Davi retentissaient, l’instinct de botanicienne de Maddy lui soufflait que son attention portée aux détails était bien plus que simplement appréciée. Apparemment, le créateur était plutôt content de sa nouvelle collègue et apprentie et cela rassurait légèrement la norvégienne. Parler couture, ce n’était pas difficile pour elle, elle adorait ça. Et avoir les enseignements d’une telle pointure, c’était inespéré. Son stress était plus que compréhensible, mais la simple réponse de Davi lui a déjà permit de se détendre un peu. Bien sûr, crier victoire trop tôt serait présomptueux, il n’a pas encore vu son travail. Mais aux yeux de Maddy, c’était déjà un très bon début.

Elle suivit rapidement les pas du propriétaire l’amenant à un espace un peu plus en retrait, aménagé par des fauteuils et baigné par la lumière du soleil. Les lieux lui évoquaient un petit nid, un îlot d’apaisement. La boutique toute entière dégageait une impression de tranquillité et Maddy était persuadée que cela ne tenait pas seulement au fait qu’ils n’étaient que deux à s’y trouver. L’aménagement semblait avoir été pensé pour créer des petits coins un peu plus intimes tout en gardant une circulation aisée et un espace aéré. Cela avait été pensé et bien en plus, ceux qui avaient créé cela avaient eu le nez fin… Ou plus vraisemblablement, savaient exactement ce qu’ils voulaient.

A peine installée dans son fauteuil, elle était prête à se relever pour aller chercher le sac contenant les quelques pièces qu’elle avait amené, cependant une nouvelle question de Davi la coupa dans son élan. Avec la boule au ventre qui s’était formée dans son ventre à l’idée de cette rencontre, elle n’avait rien pu avaler en-dehors d’un café. Elle n’avait pas été stressée au moment de son entretien d’embauche puisqu’elle n’en attendait rien. Elle tentait simplement sa chance, il y avait peu d’éventualités où cela pourrait aboutir sur quelque chose. Cette fois-ci elle avait quelque chose à prouver et cela avait eu le don de l’angoisser quelque peu. Mais maintenant que le nœud dans ses entrailles s’était un peu desserré, avaler quelque chose de plus consistant ne serait pas de refus. Cependant, si ses espoirs furent vite déçus, elle n’en montra rien et se contenta de sourire « -Aucun souci, un thé sera largement suffisant. Si tu as un thé noir, c’est parfait. ». Les thés qui avaient sa préférence étaient très spécifiques, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle n’aimait pas les autres. Tant pis pour son petit gâteau, elle passerait dans une supérette pour se faire plaisir un peu plus tard. Elle l’aurait bien mérité après tout. En se redressant, elle ajouta « -Je vais aller te chercher le sac avec mes créations, je t’en ai ramené quelques unes. ».

A l’entrée, Søren s’était roulé en boule sur le parquet dans un rayon de soleil, la truffe coincée sous sa queue. Il ouvrit un œil à l’approche de Maddy et le referma aussi sec, préférant profiter de la chaleur que de se préoccuper de sa moitié d’âme qui s’en sortait visiblement parfaitement bien sans lui. La norvégienne ne put empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres devant cette réaction et, en passant à ses côtés, elle en profita pour lui adresser quelques grattouilles derrière les oreilles. C’était une habitude qu’ils avaient prise depuis l’enfance, Søren étant particulièrement sensible aux sensations de toucher, Maddy avait toujours un geste pour lui lorsqu’il était à portée de ses doigts. Elle savait que cela le rassurait d’une façon qu’il n’avouerait jamais. Il n’aimait pas le reste du monde en-dehors d’elle, Rune et Solvi à l’époque, et savoir que l’un des trois, particulièrement Maddy, était à proximité était apaisant. Les oreilles gigotèrent sous ses doigts et elle eut un petit rire avant de le laisser finalement tranquille à se dorer la couenne au soleil. Elle récupéra rapidement le sac et rejoignit Davi, laissant son sac à côté des fauteuils qu’ils occupaient. Sur le haut, une chemise crème bien ajustée, tout ce qu’il y avait de plus classique. Mais le diable se trouvait dans les détails et ici, en l’occurrence, dans les broderies discrètes représentant diverses plantes et qui avaient été réalisées à la main. « -Merci pour le thé. Si tu veux tu peux déjà regarder. Il y a surtout des pièces dont je me servais en tant que pièces d’exposition pour pouvoir les faire découvrir et les vendre après. J’ai aussi amené quelques petites choses au tricot et au crochet vu qu’on en avait parlé. Mais bref, je pourrais te parler un peu plus de chacune d’elle si tu as des questions. ». Le stress avait tenté de reprendre le dessus et Maddy qui avait sentit son cœur s’accélérer en fin de tirade avait préféré couper court avant que sa voix ne se mette à vaciller… Ou qu’elle raconte une quelconque bêtise. Elle récupéra sa tasse pour s’occuper les mains et avala une petite gorgée du liquide « -Il est très bon, merci. ».
Crédits ; gifharbor