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Say it in the silence ; Davi & Jingyi

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Xie Jingyi
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Xie Jingyi

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Face claim : havana rose ly
Pronoms RP : she/her
Âge : 29 ans
Tuer le temps : ORNITHOLOGUE à l'Hermitage of Braid
Familier : FANG, un Loddigésie admirable (colibri) qui déteste ces fausses fleurs en plastique (quelle ignoble farce !) que les citadin‧e‧s mettent partout pour faire joli (c'est moche, d'abord)
Compte en banque : 836
Arrivé.e le : 27/07/2024
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Champion.ne : Say it in the silence ; Davi & Jingyi SirdFq0 Say it in the silence ; Davi & Jingyi R4Ntd6Z Say it in the silence ; Davi & Jingyi OcdIEGk

   
Say it in the silence



tw: pression familiale, anxiété

Sur la table basse du salon, le colis t'attendait depuis des jours. Pas comme ces colis abandonnés, délaissés qu'on aurait oubliés. Tout au contraire. Chaque matin, tu te dépêchais de passer devant, tu t'appliquais à ne pas t'attarder ; et le soir, une fois rentrée, tu t'arrêtais devant. Assise sur le canapé, tes doigts courraient sur le paquet, défaisaient soigneusement le sac et tiraient religieusement la robe de son écrin.

Tu l'avais tellement souhaitée, cette robe. Quand tu l'avais achetée, c'était comme un cadeau de toi pour toi, une de ces félicitations que tu t'accordais si rarement. Tu avais conscience que c'était un caprice, que tu n'en avais pas fondamentalement besoin mais ça te faisait plaisir de te l'offrir. Simplement, tu ne t'attendais pas à ce que ta famille réagisse si fort quand tu avais évoqué ton achat au détour d'un ça va ? innocent. De ta mère à tes grands-parents, en passant par ta tante, les critiques avaient plu sur toi avec la force des orages des enfants des vents. Enfant obéissante, tu avais fini par te laisser convaincre, poussée dans tes retranchements par toutes ces injonctions.

Parce que c'était de l'argent gâché.
Il était temps d'être plus responsable avec ton argent : on ne savait jamais quel malheur pouvait nous tomber dessus - Maman.

Parce que ça ne t'allait pas.
De toute façon, à quelle occasion est-ce que tu porterais une telle robe ? Tu sortais à peine. - Tata.

Alors tu avais fini par revenir à la boutique, plus forcée que persuadée. Ta robe neuve, jamais enfilée et toujours rangée dans son sac, tu avais balbutié à la première personne croisée que tu venais rendre la robe, et tu avais été incapable d'expliquer pourquoi. Parce que, dans ton cœur, tu ne voulais pas rendre la robe : tu l'aimais cette robe. Tout dans ta posture le criait, de la façon dont tu évitais les regards jusqu'à tes mains crispées sur le sac. Pourtant, ce jour-là, il avait bien fallu lui dire au revoir à cette robe, la laisser partir. Ton humeur s'en était trouvée assombrie pour la journée - même les blagues d'Amor et les consolations de Zhara n'avaient pas su te ramener le sourire aux lèvres.

Un soir, c'était sur ton perron que tu l'avais retrouvée, soigneusement pliée.
Depuis, elle attendait. Et tu la fixais tous les soirs, en rentrant, te demandant si, vraiment, tu avais le droit de la considérer tienne.

Et ce soir ne fait pas exception alors que, dans la nuit tombée, le dîner mijote doucement et te laisse toute latitude pour cogiter, tergiverser sur ce que tu devrais faire. Rendre la robe est une option qui ne t'enchante pas mais tu as beau y réfléchir, tu n'as aucun moyen de remercier le créateur à la valeur de ce cadeau. Et, à dire vrai, tu ne connais même pas Davi Galhardo Assunção, sinon via sa marque et le fait qu'il soit, tu l'as appris un peu par hasard via lae facteur‧ice, qu'il est un de tes voisin‧e‧s. Sans savoir même ce qu'il apprécie, tu es bien en mal d'avoir la plus petite idée de cadeau à lui faire en retour.

« Il est là, Jingyi. Profites-en ! »

L'exclamation de Fang te fait sursauter et tourner la tête vers une des fenêtres où apparait la silhouette de l'homme (« Non mais tu croyais que je te mentirai ? Allez, dépêches-toi, tu vas le rater ! »). Ni une, ni deux, tu t'empares du sac, tu enfiles une paire de sandales dans l'entrée et la porte s'ouvre à la volée pour te céder le passage. « Monsieur Galhardo Assunção ! » Dans la nuit paisible, l'appel est impossible à rater et aussitôt, tu rougis, gênée à l'idée de déranger le voisinage à cette heure bien avancée. Arrivée à sa hauteur, tu t'inclines respectueusement, promptement, comme une cadette face à un aîné : « Je- je vous présente mes excuses pour vous déranger à cette heure, m-mais ... est-ce que je peux vous parler de la robe ? » Aussitôt, les bras se tendent, présentent le sac ouvert dans lequel ladite robe est rangée. « C'est très gentil de me l'avoir offerte, vraiment, j'apprécie énormément votre geste, je ne saurais vous remercier suffisamment... » Et c'est bien ça le souci. Un souffle pour rassembler ton courage, puis tu marmonnes, toujours gênée : « Mais je n'ai pas les moyens de vous remercier comme il faut pour ce cadeau. »
Davi Galhardo Assunção
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Davi Galhardo Assunção

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Face claim : Marco Pigossi
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Âge : 34 ans
Tuer le temps : Créateur de la marque Assunção, couturier et propriétaire d'une boutique d’Old Town. Demi-couture et haute-couture qui privilégie l'upcycling et les tissus vegan pour une mode plus slow et respectueuse de toustes.
Familier : Décédé en 2019 dans les incendies ayant ravagé l'ouest de l'Amazonie. Liz était un papillon baudroie, aux ailes dorées. Très peu de gens sont au courant et quand on lui demande, Davi prétexte que Liz est parti se balader.
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SAY IT IN THE SILENCE

aout 2024 feat  @Xie Jingyi   

Il faisait encore un peu jour quand Davi sortit de la boutique. L’été et ses journées à rallonge, mais aussi ses heures dorées qui apportaient à l’atelier une atmosphère feutrée que le couturier appréciait particulièrement. Même si l’été d’Édimbourg n’avait rien à voir avec la chaleur moite de Rio Branco, Davi appréciait particulièrement ces soirées où le silence se faisait dans la boutique et où il pouvait continuer à ranger, coudre, dessiner et organiser pendant de longues heures, sans craindre que les températures extérieures viennent lui arracher des tremblements en sortant. Plusieurs années ici et il ne se faisait toujours pas à l’hiver infernal écossais, malgré les couches de tissus douillets et l’écharpe qui le transformait en tortue à cette époque. Peut-être qu’il ne s’y faisait toujours pas car une part de lui était restée là-bas, à Rio Branco. Peut-être que son corps voulait lui rappeler que, même si aujourd’hui il craignait la chaleur, elle avait tant fait partie des moments privilégiés avec son familier qu'il lui était impossible d'entièrement la détester. Liz adorait rester des heures à prendre le soleil, virevoltant dans le ciel à la moindre lueur. Peut-être aussi que c’était pour ça, que Davi aimait autant la Golden Hour. Le créateur avait l’impression que le papillon baudroie recouvrait le monde de ses ailes mordorées et le saluait, quel que soit le lieu où il se trouvait.

Il était pratiquement 21h30 quand il arriva enfin dans sa rue. Rentrer à pieds lui prenait une bonne heure, mais au moins évitait-il l'angoisse de la conduite, le brouhaha des transports en commun ou les contacts involontaires dont le couturier se prévenait autant qu’il le pouvait. Mains qui se touchaient, bras qui se frôlaient, il y avait des sensations que Davi ne supportait pas et le peau contre peau avait tendance à déclencher en lui une gêne qu’il ne saurait nommer. Si par ces températures, il avait parfois du mal à garder ses chemises à manches longues, au moins lui permettaient-elles de se protéger. Celle qu’il portait aujourd’hui, il l’avait terminé quelques jours avant. Une chemise ample, d’un vert profond, en lin lavé. Avec son éternel pantalon ocre, son sac à dos et ses solaires plus du tout utiles en cette fin de journée, il aurait pu passer pour un touriste perdu dans un quartier résidentiel. Tout en lui criait “je vis ici mais faites comme si je ne faisais que passer”. Alors, en entendant son nom crié de l’autre côté de rue, avec un monsieur qui lui rappela certaines interviews gênantes, Davi manqua de se prendre les pieds dans la petite marche de son perron tant la surprise le prit au coeur. À aucun moment il ne s'était imaginé devoir converser à une telle heure du soir, mais peut-être était-ce une erreur ? Il l'espérait.
Il lui fallut quelques secondes pour se retourner, lunettes toujours sur le nez et tomber face à face avec une personne aux cheveux couleur bubble gum. Nuance très jolie, qu'il se nota mentalement de colorer dans son carnet-nuancier. Il s'agissait surement un·e ami·e d’Aster, les associations d'idées et de personnes qui n'avaient de logiques que dans sa tête.

- Je- je vous présente mes excuses pour vous déranger à cette heure, m-mais ... est-ce que je peux vous parler de la robe ?

Il ne put retenir un froncement de sourcil, heureusement invisible grâce à ses lunettes. Il ne connaissait pas cette personne, et n’était pas certain de comprendre de quelle robe elle parlait. Il lui fallut un sac ouvert, un packaging bien reconnaissable et ladite robe, parfaitement pliée dedans, pour recoller les morceaux. Mais bien sûr, les cheveux roses ! Pas une amie d’Aster, mais sa voisine et aussi une cliente. La cliente qui était revenue avec sa robe, toute penaude de la rapporter. Les retours étaient rares chez Assunção, et quand il y en avait, il s’agissait surtout d’échange pour une autre taille ou alors d’un ourlet à ajouter. Le service après-vente était une des fonctions que Davi appréciait particulièrement tant il aimait s’occuper jusqu’aux plus petits détails des vêtements. Mais cette fois-ci, pas d’ourlet ni d’échange, simplement un remboursement qui avait le goût de l’abandon selon Mary, l’une des vendeuses de la boutique qui s'en était occupée. Davi en avait été attristé toute la soirée après, incapable de vraiment comprendre la raison de ce retour.
Mais quand il avait croisé cette même cliente dans la rue, la voyant s’engouffrer dans le cottage en face du sien, le couturier avait relié les points et compris qu’elle était aussi sa voisine. Et s’il y avait bien quelque chose qui dérangeait Davi, c’était de savoir qu’une de ses créations - ou dans ce cas, l’abandon d’une de ses créations - avait rendu malheureux quelqu’un. Il lui avait fallu plus de deux semaines pour se décider à lui offrir la robe retournée, par crainte de comment cela pourrait être perçu, et il avait finalement abandonné ledit sac devant sa porte, sans aucun mot ni explication. Davi avait de bonnes intentions, mais pas toujours de bonnes idées. Heureusement pour lui, elle ne semblait pas l’avoir trop mal pris, bien au contraire même. Quelque chose en lui s’alluma, comme une douce lueur qui réconforta son âme d’artisan : la robe avait retrouvé sa fonction première, créer de la joie et ça, ça lui faisait réellement plaisir.

Sans lâcher la moindre réponse, le regard passant du sac ouvert au visage gêné de l’inconnue, seule la fin de sa remarque le fit, enfin, réagir.

- Le principe d’un cadeau, c’est qu’il n’y a rien à offrir en retour. Vous le savez, hein ?

Le regard un peu en contrebas pour la regarder dans les yeux, il prit conscience qu’elle ne devait rien voir de ses expressions - il avait toujours ses lunettes - et que son ton plat comme un trottoir devait lui donner l'allure d'un nécromancien perdu dans la vie d'Hermitage of Braid. Retirant ses solaires d’un geste un peu maladroit, sourcils toujours froncés, il reprit sans perdre en courage :

- Enfin, je ne voulais pas vous… gêner avec cette robe et je n'attends rien en retour, mais on m’a dit que vous n’aviez vraiment pas envie de vous en séparer alors… Voilà.

Voilà. Parfois, il avait envie de se claquer, tant son coeur avait les bons mots, mais sa bouche la mauvaise façon de les révéler.
Xie Jingyi
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Xie Jingyi

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Say it in the silence



tw: anxiété

Sous le regard du styliste, le rouge te monte aux joues. Alors les mots s'échappent, dérapent dans une vaine tentative de combler le silence qui s'étire. Est-ce qu'il te juge (négativement) de derrière l'ombre de ses lunettes ? La question semble te figer dans un dernier aveu, une dernière phrase à peine murmurée dans la pénombre. Le corps s'incline plus bas, alourdi par le stress et la volonté de montrer que tu ne souhaites pas être irrespectueuse, mais ses mots te font relever un visage rougi de gêne vers lui.

« Voilà. » termine Davi et cette fois, tu te redresses complètement, la surprise inscrite partout sur les traits de ton visage. Voilà ? La tête se penche sur le côté, sans vraiment comprendre ce qu'il veut dire. « Oui, je sais ce qu'est un cadeau... » Ta voix n'est qu'un filet inaudible mais le ton trahit le mais quand même qui te monte déjà aux lèvres. Depuis l'enfance, on t'a appris qu'un cadeau, ça se rend d'une façon ou d'une autre - en guise de reconnaissance et de gratitude. Alors tu essaies de rassembler tes mots, de lui faire comprendre parce que « c'est un magnifique cadeau, monsieur, tu insistes, tu emphases sur l'adjectif, le qualificatif. Tout l'amour que tu as pour ce vêtement brille dans tes yeux, se lit dans tes doigts serrés autour de la lanière du sac. Tu t'es sentie belle dans cette robe, tu t'es sentie pousser des ailes - prête à affronter le monde : Donc, même si vous n'attendez rien en retour, je ne peux pas accepter ce cadeau sans rien vous offrir en retour. Ce ne serait pas respectueux, vous voyez ce que je veux dire ? »

Mais au fond, tu ne sais pas toi-même ce que tu veux dire, ou même ce que tu veux qu'il comprenne. D'un côté, il t'est impensable, impossible de garder la robe et de ne rien lui offrir en retour. De l'autre, tu n'as pas envie, non plus, de dire une seconde fois au revoir à cette robe.

Perdue entre ton éducation et tes envies, peut-être que tu attends qu'il te donne une solution. Qu'il tranche et choisisse pour toi. Mais il n'a pas l'air décidé à le faire alors que vous vous fixez dans un silence qui te donne envie de te cacher.

Puis, tu te rappelles de ton repas qui mijote tranquillement. Tu souviens surtout de ce que tu as ramené de chez ton grand-père, plus tôt dans la semaine. De ce colis de papier blanc où des sinogrammes s'étalent en encre rouge. « Restez ici, s'il vous plaît ! » Tu n'attends pas vraiment sa réaction, ni sa réponse : poussée par ton stress, te voilà déjà repartie au pas de course vers ton cottage un peu plus loin. La porte s'ouvre sur un intérieur lumineux, chaleureux, le temps que tu retires tes sandales et que tu te saisisses du paquet, sur le comptoir de ta cuisine. Quelques minutes plus tard, tu ressors et tu rejoins Davi, le souffle court, les joues rouges de t'être dépêchée. « C'est une galette de Pu Erh*, ça ne vaut pas la robe mais celui-ci est un thé rare, glisses-tu en tendant le paquet où sont enfermées les notes boisées et terreuses d'un thé vert fermenté : Est-ce que vous aimez le thé ? » Le doute brouille l'expression de ton visage, fait ses griffes sur tes nerfs : et s'il détestait le thé ? Tu t'apprêtes déjà à lui proposer autre chose, n'importe quoi vraiment, dans l'espoir naïf de tomber sur quelque chose qui trouve grâce à ses yeux. Mais tu te forces au silence, mordillant ta lèvre tout en guettant sa réaction.



* Exemples de galette de Pu Erh : version emballée, version ouverte
Davi Galhardo Assunção
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Davi Galhardo Assunção

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SAY IT IN THE SILENCE

aout 2024 feat  @Xie Jingyi   

TW: anxiété

"Oui, je sais ce qu'est un cadeau..."

Il venait de la blesser, en était certain sans avoir à écouter la suite ou à regarder son visage à demi dissimulé dans la pénombre. Surement que ce qu'il y verrait le toucherait au coeur et lui donnerait envie d'éviter l'inconnue jusqu'à son futur déménagement - déjà en réflexion après un tel début de conversation. Si l'intention n'était pas de la mettre mal à l'aise avec ce cadeau, Davi souhaitait encore moins la gêner avec sa façon de lui répondre ou de lui rappeler la définition d'un présent. Cette remarque, il aurait dû se la garder de toute façon, n'avait pas à s'imaginer ce qui trottait dans la tête de l'inconnue. Qui n'en connaissait pas le sens de nos jours ? Comment avait-il pu penser que son observation serait comprise comme de la réassurance et non comme une moquerie ? L'intérieur de sa joue pincée entre ses molaires, il commença à se triturer l'esprit pour s'excuser.

Il n'avait rien trouvé d'autres qu'un "bien sûr, vous savez ce qu'est un cadeau"  - qui serait finalement pire - que les mots de la femme aux cheveux rose filèrent jusqu'à son coeur et stoppèrent net l'éternelle boucle de ses pensées. Oh, magnifique. Il n'y avait rien de plus agréable pour Davi que d'être témoin de la joie apportée par ses créations. Et si Mary lui avait parlé en long, en large et en travers du regard attristé de l'inconnue venue rendre le vêtement, il ne s'était pas attendu à voir de lui-même, à quel point elle semblait apprécier la robe. Si la gêne du couturier ne disparut pas, elle s'accompagnait à présent d'un demi sourire, un peu béat. Pourtant, pas un mot ne franchit ses lèvres alors que sa voisine continuait de s'excuser, de lui parler de respect, et peut-être de tout un tas de choses qu'il n'écoutait plus vraiment. Même si les compliments n'étaient pas une denrée rare, Davi ne s'y était jamais fait et les prenait comme s'il s'agissait du plus précieux des trésors et que plus jamais, il n'en aurait. Il devait la remercier, maintenant.

"Tant que vous la port..."
"Restez ici, s'il vous plaît !"
"Ah euh... Okey.

Coupé net dans sa réponse, il suivit des yeux la silhouette de sa voisine, sans trop comprendre ce qui venait de se passer. Ou ce qui allait se passer ensuite. Bon, les remerciements attendraient, il n'avait qu'à rentrer chez lui, là, maintenant et oublier cette étrange rencontre. Son cottage était bien insonorisé et il n'aurait qu'à prétexter être sous la douche, pour ne pas l'entendre frapper ou pire, sonner. Mais... Si sa fuite ne se voudrait en rien méchant, tenant plutôt d'une décision prise sous l'effet d'un mélange de gêne, de fatigue et de joie, elle pourrait être mal interprétée. Après l'avoir déjà blessé une fois, même intentionnellement, Davi ne voudrait pas se risquer à heurter à nouveau l'inconnue à la robe. Elle n'y comprendrait plus rien - et lui non plus, à vrai dire - entre ce cadeau-surprise et son comportement hostile.

Restant immobile sur son propre perron, l'air d'un homme qui remettait en question toute sa vie, ses yeux s'arrondirent en la voyant revenir au pas de course. Qui était capable de trottiner à cette heure de la soirée ?! Cette personne était une boule d'énergie et, sans la connaitre davantage que ce qu'elle lui laissait voir ce soir, Davi se fit la remarque qu'elle s'entendrait à merveille avec Dubh, son CM. Il aurait dû lui demander de l'aider à écrire un petit mot pour cette robe, Dubh aurait su trouver les bons mots pour ne pas que l'inconnue soit gênée de la recevoir. Ou se sente obligée de lui offrir quelque chose en retour, comme maintenant. Dans la lumière des réverbères, ses yeux vert glissèrent sur le paquet qu'elle tenait entre ses mains.

"C'est une galette de Pu Erh, ça ne vaut pas la robe mais celui-ci est un thé rare. Est-ce que vous aimez le thé ?"
"Euh, oui."

Réponse bredouillée mais au moins sincère, il finit par attraper le paquet rond du bout des doigts et le rapprocher près de son nez, pour en humer le parfum. La sensation de rudesse sous ses doigts lui fit froncer des sourcils. Plus habitué aux thés veloutés ou aux infusions humides, Davi ne dissimula pas un sourire de surprise. L'inconnue avait visé juste, en lui offrant quelque chose qui réveilla sa curiosité.

"C'est rugueux. C'est du thé fermenté, non ? Comment dois-je le doser ?"

Bien qu'en en buvant quotidiennement, ses connaissances étaient plus pointues sur le maté vert que sur le thé. Et s'il avait tendance à choisir ces derniers en fonction des sensations qu'ils lui procuraient dans les doigts, Davi respectait toujours à la lettre les conseils d'usage. Et il n'était pas certain de savoir comment bien doser un thé fermenté.

"Enfin, merci. Mais ce n'est vraiment pas nécessaire, et... Vous ne me manquerez pas de respect si vous portez la robe. Ce que j'imagine que vous allez faire, comme elle vous plait... mais c'était peut-être pour quelqu'un d'autre ? Je peux la reprendre si... J'ai hâte de le gouter. Ça valait le coup de vous voir partir en courant."

Tout ce qu'il avait voulu lui dire après son départ précipité sortit sans trop de logique. Il s'empêtrait dans ses remarques et questions, les deux sujets mélangés dans une tentative désespérée de lui faire comprendre qu'il était sincèrement content d'être resté sur ce perron à l'attendre.

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