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Talking rings and talking craddles - Feat Nero Karlsson

Moira Auchincloss
Isolationniste
Moira Auchincloss
•☽✧☾•
As above
Trombinoscope : Talking rings and talking craddles - Feat Nero Karlsson Katiemcgrath
Face claim : Katie McGrath
Pronoms RP : Elle/She/Her
Âge : 27
Tuer le temps : Gardienne des écrits depuis fin 2023, Moira se consacre entièrement à ses nouvelles responsabilités, qu'elle prend très au sérieux malgré le peu d'appétence qu'elle ressent pour sa tâche.

Elle est destinée à hériter d'une fortune conséquente, unique héritière du clan Auchincloss, ses parents espèrent qu'elle apportera honneur et fierté à leur nom, peu importe les désirs de la jeune femme.

Pour échapper à cette pression constante, Moira se réfugie dans la danse et le chant, où elle excelle.

Familier : Sùmaid, le petit hippocampe fuscus violet
Compte en banque : 298
So below




Talking rings and talking craddles
15/01/2024



I take my whiskey neat
TW : Dépression, alcool

Passée le lobby et les entrées grandiloquentes des bars huppés, la brune se sent arpenter les couloirs immémoriaux des souvenirs. Oubliés les lustres éclatants et les appliques tamisées, ne défilent que les pastels et couleurs délavées. Les questions surgissent comme le devraient les tons vibrants. Si elle se risquait à s’échouer sur chaque écueil, les rues bondées de Memory Lane, elle relèvera uniquement des variations de gris, puis majoritairement bleus, puis roses. L’éclat doré auquel tous aspiraient était une rareté dans ses galeries, une sorte de vêtement qui lui siérait à merveille si elle pouvait mettre la main dessus.

Prenant place dans une causeuse, premier verre de passetemps et mise en jambe, elle rencontre cette couleur dans la rondeur tenue dans sa paume. Elle pourrait trouver cela comique, de marquer un passage chez le médecin. Celui-ci avait été plus difficile à obtenir que les autres, elle l’admettait. Cependant, elle trouvait ironique que son quotidien soit digne de célébration, dans les bonnes circonstances.

Déceptions d’enfance s’entrechoquent avec les jeunes traumatismes, sangs rougeâtres rencontrant des bleus couleur ciel – jusqu’à ce que la seule tâche restante tienne plus du firmament lilas. Des gouttes d’elle, de cris et d’étoffes précieuses, un résumé des plus parlant selon elle.

L’air est lourd de parfum, de fleurs dans son cou et de sel dans les courants. Moira sent un goût de saison sur sa langue, dans le vin, une saveur d’été dont les fruits n’auraient pas connu le soleil. En revenant sur les chemins qu’elle connaissait à peine pour tuer le temps, malgré des voyages toujours plus nombreux, elle tourne en rond. Joyeusement perdue, cherchant la bonne direction tout en refusant les cartes tendues.

Une, deux, trois gorgées, et chaque explosion la fait se sentir plus folle, « Je perds l’esprit petit à petit », pense-t-elle. Elle cherche l’asile, tout en voulant éviter les soins blancs.

Elle note avec une pointe d’amertume qu’elle serait plus à sa place dans les lumières claires du cristal, celles de vitraux. Peut-être pourrait-elle allumer une bougie en lieu et place de ses idées. Qu’était son refus de Croire, si ces récits de destin et de fils invisibles parcouraient ses membres en pluie diluvienne. Après tout, elle était intoxiquée aux « et si » et aux contes de fées, qui était-elle pour juger ceux qui trouvaient du réconfort dans les amis imaginaires.

Blasphème en bouteille, pour celle qui tenait la place de l’interface – elle devrait arrêter d’écouter ce qu’elle consommait. Pensée fugace alors qu’elle demande un autre verre.

Mais tout compte fait, les cloches et l’encens seraient probablement un meilleur décor pour ses rêveries, un remplacement idéal pour ses chambres sombres, lits à moitiés défaits et oreillers trempés. Mais elle aimait demeurer sur le côté, tonnes en tête reposant sur un matelas de briques. Comment voir les couleurs autrement, nostalgie encapsulée de métaphores, petites sphères pleines d’émotions non-dites.

En s’aventurant entre les murs de ses propres pensées – We’re all mad in here – ces questions flottent au-dessus de sa tête en étagères étranges. Les princes et princesses sont remplacés par des livres de comptes. Moira n’avait peut-être jamais été capable de se rappeler des nombres, mais elle tenait le registre de chaque vexation, chaque petites erreurs et faux pas des autres. Elle se transformait en monstre avide, une sorcière sanglante se saoulant de méfaits comme de petit lait. La Bibliothèque des horreurs est complétée par ces attentes, ces points d’interrogations recouvrant le plafond en montgolfières. Leur seule volonté semblait être de cacher les étoiles, en mesquinerie incarnée.

Interrogations à propos de sa valeur, l’amour, la vie et la mort, et elle déteste cela. Elle exploserai chacun d’entre eux avec des flèches faites de ses ongles si elle avait assez de doigts. Mais il y en avait juste beaucoup trop ; agresseurs voraces. Son pire tortionnaire avait toujours était son miroir.

Rien ne l’empêche de les haïr, ces mythes devenus réalité. Elle méprise chacun d’entre eux sans exception, navigateurs explorant les recoins de son cerveau sans permission. Elle suppose que le pire tient en son manque d’originalité, la manière dont les heures passaient en gouttes pour des lieux communs aux problèmes ordinaires. L’héritière n’avait jamais été la plus mesurée des Reines, drames virevoltant derrière elle en cape décorant sa robe préférée.

Malgré tout, elle se sent si stupide, créant ce monde dans ses songes, cet Enfer sur terre tout en ayant conscience de n’être ni la première ni la dernière à tomber si bas. Cet abysse tristement – pour ne pas dire pathétique – profond de mal-être.

« Il y a toujours pire ailleurs – Regarde toi, à exagérer un rien – Tu as toutes les raisons d’être épanouie : ouvre les yeux
Comment ose-tu. »

Et le voilà, le nœud du problème, n’est-ce pas ? Comment osait-elle ressentir de cette manière quand tout pourrait être tellement pire, comment osait-elle se plaindre avec sa chance ? Ils soupirent que si elle devait se trouvait confrontée à des épreuves plus difficiles, elle n’aurait d’autre alternatives que de les dépasser. Elle n’aurait pas le choix. Cela lui apprendrait à se montrer si ingrate, elle saurait se contenter de ce qu’elle avait.

Les idées noires étaient un problème de riches, des complaintes à déblatérer entre deux coupes de champagnes, pour ceux qui avaient trop de temps devant eux après tout.

Et comme elle aimerait leur expliquer que si « pire devait arriver », elle se laisserai simplement sombrer. Elle voudrait crier, leur demander comment ils pouvaient être aussi aveugles. Elle aussi souhaiterai mieux que survivre, dépasser cet état de sables mouvants. Que parler lui était intolérable, que le langage avait perdu son sens, au point que le sien lui était devenu étranger, inconfortable ?

En mettant de côté les questions, les toujours devenus impossibilité de répondre, ces néants qu’elle gardait pour elle-même… Elle en avait pour eux, ces observateurs qui déposaient des regards condescendants sur l’Inerte.

Ne voyez-vous pas ? Crache-t-elle sans cible en particulier. Ne comprennent-ils pas qu’elle essayait, hurle-t-elle intérieurement. Les mots s’écrasent en vague derrière des lèvres closes. Elle nageait de toutes ses forces depuis si longtemps, son corps secoué de remous en attrapant tout le froid de la tempête. Si seulement ils avaient été plus perspicaces, s’ils avaient remarqué qu’elle avait contemplé le fond depuis qu’ils l’avaient jetée en mer.  Si seulement leurs esprits étriqués pouvaient entrevoir que l’âge tendre, l’innocence et les sucreries avaient été corrompues par le sirop amer et les locomotives. Peut-être alors pourrait-elle leur expliquer.

Mais elle suppose encore qu’ils n’auraient jamais sourcillé en la voyant lâcher ses poupées du haut d’un ravin imaginaire, ils n’y avaient jamais vu de signes.

Peut-être était-elle en effet un peu en colère, bien qu’elle ait caché le plus gros de l’orage. Pourtant, elle avait donné des indices, sûrement des appels désespérés à l’attention, suppliant pour qu’ils remarquent quelque chose tout en culpabilisant. Elle se sentait plus rat d’égout en quête de pain qu’être humain. Constamment dans les limbes, entre la recherche d’intérêt et celle de plaire.

Jusqu’à ce soir, alors que les voix devenaient de plus en plu puissantes, et elle se trouvait incapable de leur échapper. Inspire, pour un moment de clarté, où l’égo est plus fort que la peine, où le respect qu’elle se devait prenait le pas sur les sentiments. Expire, pour tout envoyer valser de nouveau, quand il n’y a plus de raison à laquelle s’accrocher, alors il valait mieux se laisser tomber.

Mais elle était arrivée jusqu’ici, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Elle avait invité la Faucheuse entre ses draps depuis des années. Elle n’avait ni sauté, ni bu ni empoisonné à douze ans, dix-neuf, vingt-cinq, alors elle suppute qu’elle tiendra le coup jusqu’à quatre-putain-vingt-quelque-chose.

Alors pourquoi, lors des nuits telles que celle-ci, alors que le progrès devrait être fêté, elle restait limitée aux autres moments de la journée ?
Ce soir, elle repense à chaque matin, aux lumières de la rue. Au moment exact où elle se demande si elle passera sous la berline ou prendra place à son bord, et se sentir terriblement mal une fois assise. Et elle se dit qu’elle n’aurait pas à se poser la question en ayant choisi la première option.
Ces nuitées où elle se souvient des efforts infructueux, des matins impossibles où elle abandonnait son lit à des heures indues dans un état plus triste encore en le retrouvant.
A observer de vieilles cicatrices seulement pour imaginer les rouvrir, juste pour aliéner le reste, l’adoucir un peu
Espérer le mieux et se préparer pour le pire, et le meilleur ne daignait jamais la visiter bien longtemps
Se forcer à la distraction pour sortir de là, et échouer, et écouter les avis lui dictant de se laisser du temps et tout ressentir. « C’est la marche à suivre, c’est guérir » - sans jamais se sentir soulagée et rêver d’un amusement à cet instant précis.

Quand le mieux qu’elle pouvait donner n’était jamais suffisant
A quoi bon ?

Lorsqu’elle songe qu’avec un billet et un peu de préparation,
Tout ne pourrait être qu’un lointain souvenir,
Tout ceci, terminé, sans importance
Cela constituait le chant de chaque alarme de la matinée, se demandant où elle était. Puis se rappelant des cauchemars qu’elle avait laissés derrière elle, se morfondant en s’habillant, car même le pire des sommeils était plus doux que ses habitudes éveillées.

Elle avait déjà entendu qu’il s’agissait de la sortie facile, celle sans fleurs ni applaudissements. Qu’il s’agît du choix égoïste, quand bien même la sensation que tout et tout le monde s’en trouverait arrangé ainsi. Ce n’est qu’une illusion, une pensée traitresse que son esprit malade lui envoyait, quelques doses artificielles ici et là la répareront.
Ces recommandations balancées avec quelques compliments : elle était si forte, bien sûr qu’elle pouvait y arriver. Elle l’avait déjà fait tant de fois. Des mots gentils pour compenser les plus durs, persiflant qu’elle devait juste se mettre un peu de plomb dans la cervelle.
L’idée ne manquait pas d’attrait, cependant.

La difficulté était qu’elle était fatiguée de tout cela, de ces jolies pancartes l’encourageant à aller mieux et des reproches. Elle était juste
Fatiguée. Du courage, d’essayer.
Elle avait suivi les règles, obéi aux conventions, sans résultat.
Elle poursuivait, mais plus par habitude que par volonté.

C’est ce qu’elle penserait, si elle était une femme plus faible. Les caprices d’adolescente n’avaient pas de prise sur elle, du moins en public. Pour eux, elle ne présentait un bon jour, oubliant les larmes amères et les remarques acides dans la salle de bain. Elle finissait ses discours quand elle ignorait où sa phrase la menait, mais n’était-ce pas le travail d’un bon produit, elle et le prix au-dessus de sa tête et sur sa balance. Elle surveille les valeurs quotidiennement, et les chiffres lui déplaisent, mais elle ferait tout pour quelques pièces en plus, pour les dépenser plus tard.

Croisant les jambes, elle finit son second verre puis sort son poudrier pour vérifier que le plâtre reste en place. Satisfaite, elle dissimule au mieux cette aura pitoyable – elle la mettra sur le compte de la lune, et des cartes de tarot familial (car les mauvais parents font des enfants stupides, de toute manière), pour expliquer ce débordement.

Elle croit entendre son compagnon du soir arriver, et elle sert deux généreuses portions du meilleur whiskey qu’elle ait pu trouver en avance.

Un sourire préfabriqué est demandé à l’accueil, et elle lève le reflet en chorégraphie répétée.

- Eh bien, il est temps de trinquer.

Ce n'était qu'un jour comme les autres, mais au moins il y avait de l'alcool.


Lena Luthor - Tumbr ;