Dubh Ó Fearghail ⨳ Honey, you should see me in a crown

Des éclats de chaos au coeur du quotidien. Bordel incarné, pics d’énergie incontrôlés et incontrôlables, comme branché sur une batterie qui semble ne jamais se vider. C’est auprès des autres qu’il la recharge, jamais seul ou presque, et quand c’est le cas, Dubh parle tout seul, ou à Aoife, ou à ses plantes. C’est que le silence, ça l’angoisse. Alors les paroles, les monologues, et souvent la musique pour venir combler les moments de solitude qui le tendent. Karaokid né, Dubh chante - juste, merci le coven, l’oreille absolue et tout ça. Tout ce qui attire la lumière est bon, les blagues, les frasques, les mots dans le carnet scolaire. Les rôles de jeune premier à l’académie, super pour emballer, pour avoir le devant de la scène. Pas le meilleur pourtant pour exceller, parce qu’il parait qu’il est meilleur dans le drame. Quoi, comment ça ?

Welcome to denial land. Le malheur, c’est sûr, ça existe, mais pourquoi lui accorder de l’importance ? Le sourire aux lèvres tout le temps ou presque, Dubh n’a pas de temps à perdre pour entretenir sa tristesse - en plus, faire la gueule, ça donne des rides. Et puis il a le sourire de son père, il parait, celui qui a séduit maman, et qu’elle aime encore voir tellement. Donc Dubh a choisi le chemin optimiste de la vie, option oeillères. Sûr qu’y a des coups de colère, des envies de brûler le monde - papa était pyro, il parait - mais ça passe aussi vite que c’est venu, comme un coup de vent. La rancune, c’est bon pour les gens qui aiment se faire du souci. Pardonner, c’est plus simple, même si tout le monde ne mérite pas. Et quand vraiment l’émotion ne disparait pas, il y a un truc magique qui s’appelle l’alcool. Il sait que c’est mal de gérer ça comme ça, mais il a le rhum joyeux, la tequila qui fait bouger les hanches - plus que d’habitude. Heureusement que c’est pas trop souvent, enfin, il parait.

L’héritage de maman en ce qui concerne l’amour. Un jour même, il a failli être papa, mais celle qui aurait pu être maman n’a pas voulu. C’était son choix, il a dit oui - quelle autre réponse possible en fait ? Et il aurait fait quoi d’un enfant, lui qui n’a jamais grandi ? Pour le reste, il a pris d’il ne sait trop qui. L’empathie furieuse qui le fait réussir à comprendre les autres - pas toujours à les aider, mais au moins, il essaye. Les larmes qui montent un peu trop quand en face les yeux sont mouillés, mais après, on passe sur le côté joie de la force (voir plus haut) En tout cas, les émotions se vivent fort, trop. Les mots sortent comme ils viennent, pas tellement le temps de maturer. Ca fait dire des conneries, ça en fait faire aussi. Mais bizarrement, on lui pardonne beaucoup, à Dubh. C’est comme un super-pouvoir. Ou alors, on le déteste franchement. Et ça le fait marrer.

Enfant de la lumière. Qui oublie donc que la lumière, ça engendre l’ombre. Mais chut, s’il vous plait, laissez-le. Ca ne fait de mal à personne de croire le contraire, si ? Parait qu’il est égoïste, il dira toujours le contraire. Les autres comptent. Mais lui aussi, vous voyez ?

Le rire de maman. C’est le premier souvenir, le seul qui compte, non ? T’es tombé, elle a ri. De ce son papillon qui semble s’envoler loin, loin de tout, qui invoque la joie pure alors que la douleur envahissait tes genoux. Pas d’importance, maman a ri. Et puis, les jumeaux rient. C’est un son beau aussi, en stéréo, un son qui évoque une forme d’innocence. Tu n’avais fait qu’une grimace, rien de plus, et maman a ri aussi en écho. A passé ses doigts sur tes lèvres infantiles en parlant d’un prénom qui ne te parle pas, mais qui est celui d’un père parti depuis longtemps. Pas de papa ici. Juste des frères et soeurs trop nombreux, de la place pour rien, pas assez de bras pour étreindre tout le monde. Alors tout ce qui a compté, c’est provoquer le rire bienvenu. C’est le plus beau son du monde, de l’univers tout entier. Tout s’arrête quand elle rit, quand ses yeux se ferment et pourtant ne semblent voir que toi.

L’académie est pleine de monde, on dirait la maison. Il n’y a bien que les blagues qui fonctionnent, font grincer les dents professorales, déploient les gorges camarades. L’humour sera l’allié de la popularité, le travail celui de la reconnaissance de celles et ceux qui notent. Un jour, Madame Pomsteal a passé la main dans tes cheveux. Le geste bref, presque rien et pourtant, ce fut assez pour te donner envie de ne pas te caler seulement en retenue. Sois le meilleur, et on t’aimera un peu. Pas comme maman, qui a son amour coupé en tellement que t’en as oublié de compter. Mais on t’aimera pour être l’enfant des vents, celui qui a gagné la course, celui qui a su appliquer ce qu’on apprend. C’est chiant, ça se marie mal avec les heures de retenue à côté mais Madame Pomsteale, oh… Sa main caleuse sur ton crâne, tu n’oublieras jamais ça. Tu n’oublieras jamais son regard fier quand tu as levé la coupe.

A coté, il y a les filles. Celles embrassées derrière le chêne alors que tu lorgnais parfois sur leur frère sans trop comprendre pourquoi ce bordel, avant de réaliser que ça n’avait pas d’importance à qui ta langue se liait. Eux, elles, t’ont donné de cet amour que tu ne trouvait pas toujours en rentrant. Combien d’heures perdues à rêvasser à des visages qui t’émerveillaient, sous la couette, entre deux histoires inventées pour émerveiller la fratrie ? Y’a un dinosaure, une bombe à retardement, et Mira. Et Lilo. Les deux, oh. Les gamins ne comprenaient pas, et toi déjà tu savais qu’au fond, l’amour t’étreignait les reins si fort que ça faisait mal. Et puis tu as trouvé le théâtre, la fiction, celle dans laquelle tu pouvais être qui tu voulais. Un génie, on disait. T’as cru les mensonges pieux, les illusions des profs émerveillés par rien. Acteur, c’est ça, c’est ce que tu veux. Eloquent comme tu es, t’as ta place dans le coven. Rien à foutre. Tu veux l’amour, la gloire, les roses. Tu veux qu’on hurle ton nom, même si c’est celui d’un personnage illusoire.

Maman n’a rien dit quand t’as gueulé ton rêve plein de faux semblants. Les bancs de l’école lâché, un appartement pris sur un coup de tête avec une bande pas tellement mieux que toi, mais au moins, c’était la liberté. Pas Cat, pas les jumeaux, juste toi avec tes problèmes qui avaient tout du météorite qui se crashait directement planète Dubh. Rien à taper, t’étais libre. D’abord, les pièces à chier, même pas une ligne de dialogue correcte. Il a fallu payer le loyer, escroquer les humains à coup de disparition magique, la belle affaire. Oh putain, c’est trop facile. Et à côté, les gens qui te donnaient leur coeur, toi un peu aussi. Toi qui vis comme si c’était tout ce qui comptait. Le boulot donne rien, l’argent suffit à peine. L’argent, on s’en fout. Un jour, tu seras une star, tu le sais. T’as l’éloquence, le talent, t’as la gueule du prince charmant. Le rôle viendra. En attendant, Cat te crache la bonté que tu rejettes parce que c’est plus marrant. T’es un grand, tu vis comme ça. Tu vis comme un enfant qui fait semblant de savoir ce que c’est, l’argent.

T’as tout fait. Coursier, barman, même videur une fois avant de te faire péter le nez. T’as été mannequin, t’aurais du perséverer à ce qu’on dit. Mais les planches étaient plus fortes. C’est ça que tu veux, des groupies, non, un rôle écrit sur un générique récurrent. Duabh, l’enfant prodige, c’est ce que t’aimerais. Que maman regarde la télé en lâchant la larme de fierté, mais que dalle. T’es que Duabh, fauteur de trouble, qui fait marrer dans les repas de famille. Mais le problème, c’est que c’est ta vocation et que t’y peux foutre rien. C’est ça ta vie, faire semblant, semblant d’être un autre que tu gères presque mieux que toi. Et tout le monde y croit, juste, les choix sont nuls. Les pièces médiocres. On t’a dit que l’actor studio marchait mieux, que tu faisais chialer la ménagère mais tu veux pas, toi. Tu veux l’amour, l’humour, la lumière sans la part derrière. Te reste les réseaux sociaux, où ton familier fait plus de vues que toi. Mais c’est toi qui décides, non ? Ton heure viendra. Tu le sais. Pitié. T’as fait quoi de mal, après tout ?  Tu veux juste être heureux. Tant pis si ca fait mal un temps.

Vrac : se tatoue sur des coups de tête, souvent parce que c'est joli, parfois parce que ça a du sens - capable de citer les répliques de ses films préférés par coeur, mémoire d'acteur, tout ça tout ça - danse bien, sauf le rock- se teint les cheveux depuis l'adolescence, principalement parce que ça le fait émerger dans la masse brune des Ó Fearghail, aussi parce qu'il se trouve plus beau comme ça - se déplace souvent en trottinette qu'il fait avancer à coup de vent - a chaud, tout le temps, vraiment, c'est insolent - piètre cuisinier qui se fait plus volontiers inviter quelque part qu'il ne sort ses propres casseroles - s'est déjà fracturé tellement d'os qu'il faudrait inventer la carte de fidelité spécial soins - pleure devant les romcoms et les pubs avec les animaux - a un petit casier judiciaire pour cause de troubles à l'ordre public - arrête de fumer toutes les 3 semaines, reprend au bout de 2 jours - super bon pour mentir - en amour absolu de Dua Lipa, persuadé d'ailleurs que c'est une sorcière (et que c'est la femme de sa vie, et que seule la géographie les sépare) - limite son temps sur les écrans grâce à une app, qu'il désinstalle à chaque fois avant de regretter - a longtemps rêvé être Pyro plus qu'Aéro, par pur esprit de contradiction, mais pas que - est allé une fois au Liban - aimerait aller partout ailleurs aussi.