allo 911

tw; animal blessé

“Merde, mais qu’est-ce qui t’es arrivé ?”

C’est échappé dans un souffle peu audible, ce qui ne va pas réellement avec la carcasse duquel il s’échappe. Parce que la zoomancienne sait qu’il ne vaut mieux pas trop hausser la voix à côté d’un animal blessé, aussi la conversation se poursuit mentalement avec de prime abord, son familier, Romeo, posté sur le chemin balisé à six mètres de là. Di, est-ce que tu penses que je peux le porter ? - Avec ton dos chelou ça va lui faire mal - Tes bras, alors ? - Ouep, c’est sa patte arrière qui a un problème - Lui fait pas peur, hein ? Un soupir nasal s’échappe et va chercher sa silhouette par dessus son épaule ; comme si c’était une seconde nature chez elle de foutre la frousse à n’importe qui ? Elle était zoomancienne, encore heureux que toute la faune ne détalait pas dans son sillage !

A l’aide de sa magie, Diana essaie de lui envoyer des messages simples et rassurants. Moi, aider toi, en boucle, jusqu’à ce que le faon finisse par baisser sa garde avec des Oui répétés qui signifiaient un accord en retour, sinon un appel au secours franc, et au moins gagné pour quelques minutes. Au moins, à première vue dans ce début d’obscurité qui gagnait l’Hermitage, il n’y avait pas l’ombre d’une trace de sang. En voulant descendre le fossé, peut-être que le petit s’était foulé une patte ou luxé quelque chose, et aucun parent proche ne semblait avoir été inquiet de ne pas le voir revenir pendant x temps. En tout cas, il souffrait et n’arrivait plus à avancer, la patte arrière en suspend au dessus du sol.

Il faut tout de même quelques tâtonnements pour arriver à le soulever sans qu’elle le sente trop douloureux, n’emprunte la force d’aucun animal pour ce faire, sinon la sienne. Son mouvement de pivot est lent et mesuré, et ses pas le sont tout autant, tandis qu’elle remonte doucement vers le fossé qu’elle remonte pour revenir là où se trouve le rhinocéros blanc. Elle poursuit via télépathie avec Romeo. C’est dans deux miles sur la droite, j’m’en rappelle - Tu crois que ça va aller pour lui ? - Va bien falloir - Et s’il n’y a plus personne au dispensaire ? - Y’a intérêt à avoir quelqu’un même gronde t-elle contre ses tempes, parce que d’une part elle n’aimerait pas avoir fait ça pour rien, et d’autre part, ça relevait de leur rôle premier que d’aider faune et flore sur cette parcelle. Diana aurait bien remué toutes les branches de l’Hermitage pour trouver quelqu’un s’il le fallait.

Après ces deux miles avalés, y’a bien le dispensaire qui est là, et y’a même une lumière faiblarde à l’intérieur. Romeo reste là à l'instar de sa sorcière, bien incapable de passer la porte de toute façon. Diana, elle, a les bras prit et ne peut pas ouvrir. T’arriverais à ouvrir ? qu’elle demande à Romeo, et le concerné, pataud, répond tristement par un Si j’essaie, je vais la casser… et sitôt dit, sa sorcière se décale Vas-y pète-la on s’en fout c’est pour la bonne cause en plus personne a débarqué là parce qu’elle n’allait pas hausser la voix avec un faon blessé dans les bras, dont le cœur battait contre son bras comme si on allait l’emmener à l’abattoir.

Allez vas-y, donne tout champion ! (dé) Prit dans l’urgence que lui inspirait cette situation, Romeo fait bêtement ce que sa sorcière lui demande, donnant un méchant coup de corne dans la porte, qui cède violemment. La poignée est arrachée sous le coup, la porte est ouverte. Haha ! Quel goat ! que Diana le gratifie mentalement. Est-ce que maintenant, on pourrait les cueillir en bonne et due forme ? Ah, et sans crier, s’il vous plaît.

tw; animal blessé

“Au moins, ce n'est pas une entrée que je risque d'oublier de sitôt. - Yo,”

C’est ce que la soigneuse, qu’elle reconnaît après avoir passé une belle enjambée après le seuil de la porte, lui sonne. En vérité, Diana prend plutôt ça pour un compliment, même si elle note intérieurement qu’il faudra qu’elle repasse pour retaper ladite porte - qui plus est, c’était dans ses compétences. Mais pour l’heure, c’était le faon qui était la priorité, raison même pour laquelle l’italienne ne beuglait pas à tout va en rentrant. Le rhinocéros blanc, lui, bien sûr, reste dehors, passant un bout de son énorme tête pour guetter tout de même un peu la suite des événements.

“Est-ce que tu peux le poser ici ?”

La zoomancienne s’exécute et le dépose avec une rare douceur à l’endroit qu’on lui indique, laissant filer un dernier petit mot télépathique à l’animal pour lui faire comprendre qu’il est toujours en sécurité. L’amplitude de la voix de Diana est d’habitude portante, voire trop forte ; elle a pourtant une concentration certaine ce soir qui lui permet de se mesurer à ce niveau là.

“Tu sais ce qui lui est arrivé ? - J’l’ai trouvé un peu plus loin en bas d’un fossé, 2 miles au sud ; à mon avis il s’est foulé un truc en voulant le passer mais il aura pas gagné l’or aux JO quoi.”

Inutile de lui préciser que c’est la patte arrière, ça se voit très bien. Qui plus est, ce n’est pas elle la soigneuse, alors elle ira pas franchement se la ramener cette fois.

“Y’avait rien ni personne autour, j’pense il a pas grand monde avec qui prendre le p’tit déj.”

Sans doute un faon isolé, donc, ce qui n’est franchement pas une bonne nouvelle quand on le sait blessé. Mais une fois remit sur pied, ses chances de survie devraient être décuplées, pas vrai ? Après avoir gardé un peu trop longtemps son oeil vissé sur la pauvre bête, Diana lorgne enfin dans la direction de Ma… Mari… Mae… Maeri… merde, elle a réussi à oublier. Pas grave, elle aura qu’à pas l’appeler.

“Tu penses que tu vas devoir l’garder combien d’temps ?” C’était sa façon enrobée de lui demander qu’est-ce qui allait se passer juste après. Glisse quand même au cas où, encore plus bas. “J’retaperais la porte, promis.” Pour sa défense, elle avait eu les mains prises et son familier avait été emporté par son élan justicier.

tw; animal blessé

“Tu as vu s'il pouvait poser sa patte lorsque tu l'a trouvé ? - Nope il pouvait pas, c’est ça qui m’a alerté en vrai.”

Parce qu’en soi, voir crapahuter un faon un peu plus bas, voire même se figer à son approche, c’était somme tout à fait normal. Qu’il ait la patte arrière relevée alors qu’il n’y a personne pour le photographier en revanche, ça lui avait laissé penser que ce n’était pas un faon en forme. Du reste, si ça avait été un zoomancien, c’est pas dit qu’elle aurait calculé, mais il aurait tout de même fait l’effort de reprendre sa forme et de lui rire au nez - un peu comme ce qu’aurait fait Amor, en fait. A la différence que ce faon là était pas assez frisé pour lui ressembler.

L’italienne la laisse un peu déblatérer comme une pro, jetant un coup d’œil par dessus son épaule - concentration limitée, sans surprise, cette soirée n’y dérogeait pas. Roméo avait toujours sa tête à l’intérieur du dispensaire, bienheureux d’avoir été salué. Il est visiblement en train de bavasser avec le familier de Ma… Mea… bon, elle finira par lui redemander, c’est trop compliqué pour cette fois.

“Pas plus de 48h à 72h je dirais. Ça a l'air d'être une simple entorse, c'est plus gênant pour lui que ça n'est grave. Le plus important est que sa patte reste immobile pendant au moins deux jours, après il devrait pouvoir retourner chez lui ! - Ok, cool. Tu vas lui filer des trucs pour qu’il soit calme ou pas ?” C’est une question de simple curiosité, elle se demandait bien quelles plantes elle pourrait lui refourguer pour l’occasion, même si elle avait sa petite idée. De toute façon, les placards là derrière devaient en être plein à craquer, d’onguents et autres joyeusetés. C’est juste qu’un faon, dès qu’il se sentirait plus péter, il gesticulerait.

“Oh, ce n'est pas très grave.” Ouais enfin, j’ai pas envie que le boss me refasse le carré. Pensée assez légère puisqu’à tout problème il y avait une solution, et Diana était férue de celles qui étaient manuelles. Pour ce qui était purement intellectuel, en revanche, elle passait son tour et même les trois prochains pour la peine. “Tu sais réparer une porte ? - Ah bah ouais ! Pro d’la porte ! Problème de bois, on appelle Diana !” qu’elle s’esclaffe en oubliant, cette fois, qu’il fallait un peu de calme pour le minot sur la table. Une main sur ses lèvres, se racle un peu la gorge. Elle tourne les talons et va voir ladite porte, inspecte la scène de crime.

“T’es là jusque tard ?” Qu’elle demande dans un premier temps, tâtant un bout de charpente arraché. Dommage, y’a plus de gond, va falloir aller en chercher. “J’crois qu’il faut que j’aille chercher deux trois trucs mais j’pense ça le fait en vingt minutes, facile. Des gonds, une poignée… hé Roméo, tu l’as vraiment pas loupée !”

A se demander si avec tout ça, la soigneuse continuerait de penser que ce n’était pas très grave. En vérité, si elle continuait sur sa lancée, c’était pas plus mal ; Diana voulait pas d’ennuis et elle venait de lui promettre de réparer. “J’aurais pu prendre celle de ma cabane au fond du jardin là, mais elle va être trop basse” parle t-elle à haute voix, poings sur les hanches en continuant de regarder l’œuvre d’art encore à terre. L’instant d’après, elle la soulève, la porte, et va la caler contre un mur pour continuer ses quelques investigations, mais surtout pour considérer l’état du bois. “Ca va, il est pas trop abîmé.”

Conclusion faite, y’avait plus qu’à. Mais elle était pas au fait du programme de la soigneuse, et faudrait peut-être bien commencer par là.

“J’peux faire l’aller retour, si t’es encore là. J’veux pas laisser le dispensaire sans porte cette nuit, ça se fait pas.” Renifle un coup. “Ou alors, j’dors là.” Et la neuve, elle ira la chercher au petit matin. Rien que ça.

tw; animal blessé

Des calmants, elle lui en donnera donc peu après, et ce que lui explique la soigneuse est plutôt logique, en plus d’avoir l’air efficace. Le faon allait être shooté, au moins, et il n’allait pas faire un moonwalk dans le dispensaire à trois heures du matin. Pour sûr sa mission était terminée concernant l’animal blessé, et ça lui faisait un peu enfler la fierté, même si elle ne s’était attaquée qu’à la logistique - et avait défoncé la porte au passage. “Ça marche très bien sur l'Homme aussi d'ailleurs. - Ah ouais ?” qu’elle rétorque aussitôt, plutôt intéressée par l’idée. Pour un ami, bien sûr. “Mon frangin aurait bien besoin d’être calme des fois, faudra que tu me files les infos, c’est pour l’aider à dormir” alors que ce n’était absolument pas pour l’aider à dormir, mais plus pour l’emmerder à proprement parler. Peu importe à vrai dire, si elle lui avait envoyé l’anecdote, c’était bien pour qu’elle rebondisse dessus, pas vrai ?

On en vient à la porte, confirmation que la soigneuse est de garde au passage : parfait et c’est peu dire. Qui plus est, ça lui permettra de se faire un peu moins chier en faisant du bricolage. Parce que mine de rien, à part s’être croisées rapidement à la volée, présentées parce qu’il le fallait y’a quelques années, Diana ne la connaissait pas franchement.

“Vraiment, c'est pas dramatique une nuit sans porte, on en a vu d'autre. - Alors là va falloir que tu me racontes les meilleures anecdotes” quand y’aura le bon moment pour le faire, bien entendu. Et ptet bien que ce moment arriverait plus tôt que prévu, parce que… “Non, non ! Hors de question que tu dormes ici ! On a même pas de lit ? - Roh ça va, un lit, c’est accessoire !” Parole de bivouaqueuse adepte de la survie, c’est qu’elle avait brillé en la matière à l’Académie, faute de briller ailleurs… ça suffit tout de même à faire changer un peu d’avis la soigneuse. La nuit, ça caillait pas mal quand même, le taux d’humidité y aidant. “D'accord, si tu te sens de faire l'aller retour Diana la pro d'la porte, mais seulement si tu me montres comment tu la change. - Deal !” Se retourne un peu vers les deux familiers. “J’te laisse Roméo.” Clin d’œil avant de disparaître littéralement dans la nature.

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Incroyable mais vrai, la Hyundai électrique a le coffre plein de denrées utiles pour retaper la porte, se garant à l’endroit propice dans un son quasi inaudible. Elle laisse ouvert ledit coffre une fois stationnée, sous le regard des familiers a minima, qui étaient encore à l’extérieur (faute de mieux, bien entendu). “Di, ça va pas faire trop de bruit ? - Ca va pas en faire beaucoup pour poncer ce qui dépasse t’inquiètes pas” et puis, s’adresse à la soigneuse, alors qu’elle attrape la porte pour l’emmener dehors. “T’as soif ? J’ai ramené de l’eau et un peu de jus frais, j’me suis dit que te saouler ce serait pas la meilleure idée si j’te demandais de tenir la porte deux minutes” qui plus est, elle la connaissait toujours pas assez pour savoir si elle buvait de l’alcool ou pas.

tw; aucun

Elle a du mordant, Maeve, elle doit bien l’admettre, et ça lui met soudainement un peu d’électrique dans le cœur et les biceps une fois revenue de sa petite course. Pour la Hyundai, Diana se fait pas trop de soucis : son faux-médecin de frère n’en aura pas besoin à cette heure, et mieux, elle était bien plus légitime que lui à l’utiliser. Cas de force majeure, comme qui dirait.

“C'est que t'es équipé ! - Tu casses, tu répares !” La zoomancienne sait plus trop où elle a entendu ça, mais sur le moment, ça sonnait plutôt pas mal. De quoi accusé-réception des propos qu’elle accueille comme des compliments, et pas des moindres. Inconsciemment, peut-être, Diana espérait que malgré la maladresse, elle comprenne que si y’avait pépin, elle pourrait la rappeler sans problème. Enfin, avant ça, faudrait avoir matière à vraiment se la péter, et à part l’outillage, elle avait pas encore de médaille pour ce sauvetage là (de porte, pas de lapin).

“Disons que ça aurait été une bonne idée si tu voulais te prendre la porte.”

A ça, Diana rit en retour, mais c’est gênant, car de toute évidence, elle n’a pas comprit le jeu de mot qu’elle lui a fait, ni toute la portée du propos. Roméo, lui, plus éclairé, admet que c’était plutôt bien placé, mais il n'irait guère lui expliquer.

“T'as besoin que je te ramène quelque chose ? - Euh…” s’arrête un peu dans son mouvement, regarde par delà l’embrasure, fronce un peu du nez. “La boîte en bois avec les trucs qui font cling cling dedans, si tu peux la ramener” c’est là où y’a un tas de pièces de rechange, à des tailles différentes, qui sont entreposées. Quelle idée de foutre tout ça là-dedans, hein, ça prendra bien trop longtemps pour trouver le bon machin. “Ouais, celle là” confirme t-elle quand Maeve lui montre un peu avant de revenir, histoire d’être sûre que c’est bien celui là dont elle parlait.

Cinq, dix minutes s’écoulent, puis vingt, et finalement, la Hyde-Panzani n’a pas franchement terminé. La nuit est définitivement tombée, comme qui dirait, et les pronostics sont bientôt prêts à être dépassés. Pourtant, la porte a meilleure mine, et il reste plus qu’à fixer, revisser, remettre à peu près en forme tout le bazar, au moins jusqu’à la prochaine fois où elle demandera au rhino “d’ouvrir la porte rapidement”. Dans tout son manège, Di a quand même prit la peine de lui expliquer un peu les choses, comme la soigneuse le voulait. Pas son domaine, mais c’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde, alors elle avait fait bonne figure jusqu’au bout.

C’est que la pépie commence à poindre et Diana n’a pas daigné s’arrêter avant la pose finale, et les tests d’ouverture, de fermeture. L’isolation est comme avant, ou presque comme avant : c’est que Roméo a pas trop été vilain en bélier, tout le bois ne s’est pas barré.

Les poings contre les hanches, elle finit par lorgner dans la direction de Maeve, après s’être laissée suspendre dans le temps.

“Apéro ?”

Au moins, le naturel lui, revenait au galop.