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[Terminé] The Pain Won’t Stop - ft. Ethel

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Camille Barton
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Camille Barton

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La discordance des temps modernes
Pas besoin de crème solaire
Bronzer à l'ombre
Véritable vampire
La bosse de l'écrivain
Les inarrêtables
Nano-quoi?
Un petit pas pour l'individu, un grand pas pour le coven

Trombinoscope : [Terminé] The Pain Won’t Stop - ft. Ethel A80846b45b50e26715716f3166fe0d4775c64372
Face claim : Yuri Pleskun
Pronoms RP : (il/he)
Âge : 30 ans
Tuer le temps : Effusions de couleurs, de matière, Camille est un Artiste, ceux que l'on traite bien souvent de fou, tant il est torturé, aspiré dans ses toiles, ses idées tantôt lumineuses, tantôt sombres. L’art, comme moyen de communication sur ce qui n’a de cesse de le faire souffrir depuis qu’il est né, moyen d’expression, de ses émotions malheureusement parfois un peu trop fouillis. Il a cependant laissé sa carrière artistique de côté pour rejoindre les rangs de son coven, mettant son art à contribution pour venir embellir les défunts avant leur dernier voyage, Préparateur de sommeil éternel, c'est une appellation qu'il porte avec fierté.
Familier : Aussi douce et colorée qu'une fleur d'orchidée, souvent posée en silence sur les vêtements de son sorcier, Morana n'est pas réellement des plus loquace, déteste presque la compagnie des vivants si ce n'est celle de son alter-égo. La petite Mantomancienne préfère de loin les esprits impalpables, tricote souvent avec ses pattes pour tenter de libérer ceux qui se retrouvent coincés ici-bas. Un familier que Camille trouve essentiel dans son métier, qu'il chérie presque plus que sa propre vie.
Compte en banque : 8
Arrivé.e le : 28/02/2024
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The Pain Won’t Stop
08.05.24



I insist somebody will die, and I hate hoping.
TW : mention d'autodestruction, d'alcool, de substances, de dépression, de mort, d'angoisse.

Ça tournait dans son esprit, encore et encore, c'était là, comme un bourdonnement incessant, l'empêchant de dormir, de penser correctement. Ça l'isolait de plus en plus avec ces petites voix qui ne cessaient d'être dans la dépréciation avec lui. Elles étaient parfois de simples murmures, d'autres fois des hurlements. Et avec tout ceci, il y avait cette masse, visqueux, froide, qui devenait de plus en plus lourde, qui le faisait étouffer à mesure que le temps passait. Rien n'aidait, ni peindre, ni se tuer au travail. L'alcool ne faisait plus effet depuis longtemps et les substances avaient tendance à accentuer cette angoisse qui ne cessait d'aller et venir pour écraser son cœur. Même lorsqu'il dormait, Camille était en proie à des cauchemars sans fin, qui jouait sur ses plus grandes peurs, lui montrait les souvenirs douloureux de son enfance, faisait rejouer ces moments si compliqué à vivre.

Et comme ultime solution, il y avait eu ce geste. Une fois. Puis deux. Puis trois fois... Jusqu'à ce qu'il perde le compte. L'état de transe dans ces moments-là était libérateur, à mesure que sur sa peau, l'artiste marquait la douleur qu'il n'arrivait pas à exprimer. Mais quand il revenait à lui, la culpabilité se faisait ressentir, toujours plus forte, toujours plus dangereuse, alors qu'il perdait de plus en plus pieds dans la réalité, c'est qu'il y avait toujours ces soucis non réglé, qu'il traînait avec lui, à tout ceci, les dernières révélations venaient s'ajouter, amplifier la lourdeur de ses épaules. Entre la mort d'Alejandro, la trahison d'Helen, qu'il considérait comme une sainte, une déesse sur cette terre. Tant de choses avait été bouleversés, cassées en lui et il était même étonnant que le nécromancien soit toujours parmi les vivants, vu les pensées de plus en plus noires qui polluaient sa petite tête.

C'est d'ailleurs l'une d'elle qui le fait sursauter, alors que Camille observe le trafic routier devant lui. Depuis quand est-ce qu'il était là ? Et surtout, quand est-ce qu'il était sorti de son atelier ? Regardant un peu autour de lui, le sorcier capte qu'il n'est pas si loin de chez lui, du moins, qu'il est dans le même quartier. Et pendant qu'il se remet de ce moment de flottement, son regard se pose sur une porte qu'il connait bien, celle de ce psychologue qu'il avait arrêté de voir il y a quelques temps parce qu'il allait "beaucoup mieux." et qu'il n'avait "plus besoin d'aide." juste parce que son déni était revenu en pleine face alors que le pauvre praticien avait mis le doigt sur quelque chose qui avait un peu fait vriller les mécanismes de défense de son patient. Mais la preuve était qu'actuellement, Camille n'allait vraiment pas bien. Ses pas se dirigent instinctivement vers l'endroit, sans même réfléchir à l'heure qu'il pouvait être, ni rien, non, le nécromancien part directement dans la salle d'attente, attendant presque patiemment dans cette salle vide.

C'est drôle de voir à quel point il se sent un peu plus apaisé ici, c'était comme si les murs autour de lui le protégeait du monde extérieur, peut-être qu'il pourrait négocier le squat de cette salle d'attente ? Finalement, la porte s'ouvre, sur un Ethel qui ne semble bien surpris de voir Camille, qui, sans un bruit, se lève et part s'asseoir sur l'une des chaises devant le bureau, ne se sentant absolument pas prêt à aller directement sur l'un des sofas, jugeant que la table basse entre les deux meubles ne serait pas assez haute pour le protéger des yeux de lynx du psychologue. Et puis, il attend, fixant l'homme toujours à la porte, sans rien dire, pas un bonjour ni d'excuse parce que, de toute façon, il n'était pas en bon état pour réellement réfléchir à ses actions et si l'oniromancien ne fermait pas cette porte rapidement, Camille allait commencer à regretter ses choix.

Ethel Hasting
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Face claim : avan jogia.
Pronoms RP : ◦ il/him ◦
Âge : vingt-neuf ans (02.10)
Tuer le temps : soigne l’esprit des autres à défaut de songer à réparer le sien, rafistole les blessures de l’âme, Cartographe de l'Esprit qui ose démêler vos noeuds douloureux, médecin de l’habitant intérieur qui oeuvre dans l’inconscience et dont les (mé)faits vous causent des plaies (in)visibles
Familier : corvus corax noire dont l’approche est funeste dans bien des croyances, pourtant, Segynn est un corbeau qui n'est que douceur et bienveillance
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the pain won’t stop
08.05.24



TW : mention d'autodestruction, d'alcool, de substances, de dépression, de mort, d'angoisse.

’’Alina ?’’ Ballottée par des sentiments peut-être contradictoires qui font chahuter les eaux paisibles de son regard, Alina garde les yeux rivés sur son poignet serti d’un bracelet en or rose, qu’elle fait lentement coulisser autour de sa peau halée, fuyant les opales sombres du thérapeute venu la chercher dans une galaxie lointaine, celle de ses pensées déversées sur la surface du bureau en bois noble comme on recrache un venin après avoir été empoisonné. ’’Je crois que ça suffira pour aujourd’hui.’’ dit-il d’un ton affable en courbant le coin de ses lèvres dans un sourire qui l’est tout autant, mais qui n’attend guère de réciprocité puisqu’il le sait, Ethel, que Alina aurait préféré être n’importe où sauf ici. ’’On se revoit la semaine prochaine ?’’ Il devrait faire un résumé concis de la séance qui vient de se dérouler mais la blonde s’est levée avant même qu’il reprenne la parole, et comme elle a déjà entrepris d’enfiler sa veste en marchant vers la porte, il suppose qu’elle n’a guère envie de s’éterniser davantage. Alors, sans s’offusquer ou casser la soupape de la politesse aussi fuyante que la demoiselle, le Hasting se contente de maintenir sa posture quiet jusqu’à ce qu’elle sorte de son champ de vision, en ayant contourné son bureau pour accoler le bas de son dos contre la bordure de celui-ci, les chevilles croisées et les mains flottant mollement au niveau de ses cuisses. Comme pour clore le chapitre de cet entretien particulièrement éprouvant, ses paupières s’abaissent en même temps que son menton qui chute de quelques degrés, tandis qu’il s’efforce d’interrompre le fil de ses pensées pour les recentrer sur la neutralité de ses propres ressentis, bien que la tâche se révèle capricieuse. Le corps de sa patiente est certes parti, mais les confidences abandonnées auprès du thérapeute sont toujours là ; difficile, visiblement, de rompre le lien si délicatement tissé au cours de la dernière heure.

Raclant discrètement sa gorge pour disperser les vestiges de sa réflexion, Ethel inspire ensuite en redressant ses épaules pour détendre ses muscles engourdis, rassemblant calmement ses affaires avant d’éteindre l’ordinateur qui trône sur le côté de son bureau. ’’Evie, je pars ! Pour demain vous pourrez me préparer l…’’ s’apprêtant à refermer la porte de son bureau tout en donnant ses dernières directives à la secrétaire penchée sur un carnet de rendez-vous, Ethel interrompt ses mouvements lorsque ses yeux croisent un visage familier dans la salle d’attente dépeuplée, une figure gravement entachée par le désespoir. Camille. Il ne l’attendait pas, celui-là, et il le sait très bien, Ethel. L’ombre du doute ne passe même pas dans son esprit pour insinuer une possible entrevue programmée à la dernière minute et occultée par sa mémoire, mais il ne trouve rien à redire lorsque son (ancien) patient décide de s’installer dans le bureau sans attendre la moindre invitation. S’il est étonné de le découvrir là, il l’est moins de son attitude et cela se voit sur son visage, qui n’admet aucune réaction particulière. ‘’Tout va bien ?’’ La voix de la secrétaire le fait davantage réagir que la présence de Camille, si bien qu’il racle une nouvelle fois sa gorge en redressant son menton, lançant un sourire courtois qui se veut rassurant en direction de la jeune femme. ’’Tout va bien, Evie, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez partir, je fermerai en sortant.’’ Ses lèvres roulent l’une contre l’autre avant qu’il ne fasse passer la pointe de sa langue contre ses dents du haut, comprenant qu’il n’a pas vraiment d’autres choix que de rejoindre celui qui l’appelle à l’aide par son mutisme.

Refermant la porte en restant à l’intérieur de la pièce, il se défait calmement de sa veste et l’accroche au porte-manteau sans brusquerie aucune, pour ne traduire aucun mouvement de nervosité ou d’agacement — il ne l’est pas, agacé, même s’il aurait certainement apprécié que son patient de dernière minute daigne le prévenir de son arrivée. Mais il est doté d’une âme bien trop suave pour porter cette brève réflexion comme un reproche, si bien que c’est avec l’ébauche d’un sourire flanqué aux lèvres qu’il vient prendre place de l’autre côté de son bureau, en glissant ses avant-bras sur ce dernier afin d’entrelacer ses propres doigts. Le dos légèrement courbé en sa direction, ses épaules inclinées vers le bureau, il le cherche du regard sans le presser, lui laissant tout le loisir de s’approprier le silence installé pour que celui-ci soit confortable, avant de lui tendre une première main qu’il n’est pas obligé de saisir. ’’Vous voulez une bouteille d’eau ?’’ La voix est calme, aussi détendue que les traits de son porteur, qui penche légèrement son menton sur le côté pour afficher une posture d’écoute qui n’est point feinte, mais l’inclinaison de son visage lui permet surtout d’observer celui de son interlocuteur, et d’en noter les affres de la torture interne qu’il est forcé de s’infliger ; cette souffrance s’est-elle répercutée sur sa peau, encore une fois ? Il ne peut pas le voir, Ethel, et il ne lui fera pas l’affront de poser ouvertement la question ; il est d’abord là pour l’écouter. ’’Vous avez bien fait de venir,’’ tente-t-il de le rassurer avec une sincérité qui est lisible jusque dans ses yeux, et s’il se recule dans son fauteuil, c’est uniquement pour soulager son dos rendu douloureux. ’’C’est toujours votre espace.’’ Et Camille parlera quand il le souhaitera, de ce qu’il voudra.

Crédits ; gifhunts4all & ms-aatelophobia
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Familier : Aussi douce et colorée qu'une fleur d'orchidée, souvent posée en silence sur les vêtements de son sorcier, Morana n'est pas réellement des plus loquace, déteste presque la compagnie des vivants si ce n'est celle de son alter-égo. La petite Mantomancienne préfère de loin les esprits impalpables, tricote souvent avec ses pattes pour tenter de libérer ceux qui se retrouvent coincés ici-bas. Un familier que Camille trouve essentiel dans son métier, qu'il chérie presque plus que sa propre vie.
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The Pain Won’t Stop
08.05.24



I insist somebody will die, and I hate hoping.
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Toujours aussi silencieux, le regard fixé sur le thérapeute, Camille attend, les bras croisés sur sa poitrine. C'est idiot, il n'avait pas besoin de ce psychologue, il s'en sortait très bien tout seul, la preuve, il avait trouvé de quoi palier à son esprit douloureux. Pourtant, il est incapable de bouger, comme si cette masse informe et collante appuyait sur ses épaules, pour le maintenir visser sur cette foutue chaise, elle aussi veut l'abandonner ? Pourtant, c'est elle qui s'est enchaînée à lui il y a des années et maintenant elle fait celle qui préfère se détacher ? Dolorès, le petit nom que Camille donne à sa dépression, est une vraie grognasse quand elle le veut. L'artiste secoue vivement la tête, quand l'homme qu'il a devant lui, lui propose un peu d'eau. Non, il n'en a pas besoin, sauf si c'est pour se noyer, peut-être, mais pas sûr que le professionnel soit adepte du suicide assisté, encore moins dans son bureau.Toujours mutique, le nécromancien continue de regarder Ethel, quand il lui dit qu'il avait bien fait de venir, est-ce qu'il avait vraiment bien fait ? Ils allaient s'infliger bien des choses, s'il arrivait à parler, est-ce que c'était vraiment pour le mieux ? Pas sûr. Mais il était là, dans "son" espace, comme le psychologue vient de le dire. D'ailleurs, en y regardant de plus près, certaines choses ont changées : ici une plante en plastique a été remplacé, il y a même six nouveaux livres sur les étagères, est-ce que c'est un nouveau style qu'il voit trainer sur la table ? Tiens, la boite à mouchoir n'était pas de ce côté, la dernière fois.

" Je ne voulais pas venir, à la base, sinon je vous aurais prévenu, vous vous en doutez."

Mais le destin lui a joué un sale tour, en le faisant se déconnecter d'un coup jusqu'à ce qu'il se retrouve là, devant cette fichue porte de ce cabinet et maintenant, il était là, comme pour un rendez-vous normal, comme s'il avait poursuivit sa thérapie. À moins que c'était un départ pour une nouvelle ?

" Mais, mes pas m'ont joué des tours, en m'amenant jusqu'ici. C'est un comble, vous ne trouvez pas ? "

Ayant terminé son inspection des lieux, l'artiste retrouve enfin les iris de son interlocuteur, retournant un peu dans le silence alors qu'il pèse le pour et le contre, est-ce qu'il lâche tout ? De quoi doit-il parler, exactement ? Il y a tellement de choses à dire, à clarifier...

"Faut croire que les anciens en ont marre de me voir pleurer tous les quatre matins. Alors que c'est juste des allergies, que j'ai."

Il rit un peu jaune, Camille, en pensant à des soi-disant anciens qui seraient bienveillant avec lui dans l'autre monde, comme si l'un d'eux en avait quelque chose à faire, du rejeton des Barton, il n'était pas censé être le prodige de base, ne l'ait pas plus aujourd'hui. Non, il n'y a qu'Alejandro qui serait vraiment un gardien, les autres, c'était autre chose.

" Ça fait longtemps n'est-ce pas ? Que je n'étais pas venu, je veux dire. "

Beaucoup trop en réalité, pour quelqu'un qui était censé suivre une thérapie pour tenter de se réparer un peu, parce que, dans un soubresaut de prise de conscience, Camille avait compris que ce n'était ni les autres ni les substances qui allaient l'aider à devenir quelqu'un de bien, de mieux. Mais ses convictions s'étaient vite évaporées quand ils avaient compris que son enfance, sa vie avait été plus traumatisantes qu'il ne le pensait.

" Et pourtant, me revoilà... Quel enfer. Vous avez changé l'agencement de la salle, non ? "

L'art et la manière tenter de changer de sujet, de repousser le moment où ils rentreraient dans le vif du sujet, ça, c'était quelque chose qui n'avait pas changé chez le peintre.

Ethel Hasting
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Camille le regarde avec insistance, et Ethel ne fuit pas ; ce n’est pas une rixe visuelle dans laquelle un rapport de force s’opère, puisque le deuxième tente de former un berceau suffisamment sécurisant et confortable pour que le premier s’y loge, se saisisse de cet espace qui peut aussi bien être silencieux que bruyant, et qui se referme après son passage pour ne rien laisser échapper à l’extérieur. Ce qui se dit en ces lieux reste en ces lieux, ce n’est ni plus ni moins que le tombeau des douleurs qui persistent, mais il arrive parfois que les blessures soient si profondes qu’on soit obligé de s’arracher la peau pour s’en séparer ; Camille essaie, lui, de défaire sa peau imprimée par la souffrance, de la mutiler, de la taillader pour expier ce mal qui ne dit pas son nom, en vain. Il n’a jamais réussi à l’enterrer ici, sa douleur, mais Ethel est toujours prêt à la recevoir. "Je ne voulais pas venir, à la base, sinon je vous aurais prévenu, vous vous en doutez." Réparer une faute qui n’a pas été caractérisée ainsi, Camille s’y emploie sous l’oeil bienveillant de celui qui lui répond tout d’abord par un sourire qui se veut rassurant, sans précipiter ni ses gestes ni ses paroles, puisqu’il ne l’est pas, pressé. ’’Il n’y a aucun problème, Camille. J’étais encore là.’’ Il est sincère, mais Ethel a aussi conscience qu’il ne peut, en une phrase, défaire les lianes de la culpabilité si elles enserrent son patient, car ce dernier va persister dans l’auto-flagellation : Camille est le seul à considérer la chose avec gravité, et Ethel ne persiste pas à défaire ce noeud pour l’instant. "Mais, mes pas m'ont joué des tours, en m'amenant jusqu'ici. C'est un comble, vous ne trouvez pas ?" Ethel trouve plutôt que son subconscient tente de lui sortir la tête de l’eau alors qu’il est en train de se noyer, mais le thérapeute se contente de réaffirmer son sourire avec douceur, sans le quitter des yeux. "Faut croire que les anciens en ont marre de me voir pleurer tous les quatre matins. Alors que c'est juste des allergies, que j'ai." - ’’Il n’y a aucun mal à pleurer, c’est une réaction tout à fait naturelle,’’ commence-t-il à dire avec calme en se reculant sur son fauteuil jusqu’à ce que son dos douloureux puisse trouver une position confortable, l’une de ses mains seulement restant sur le bureau tandis que l’autre se dépose sur sa propre cuisse. ’’Pleurer apaise, calme, et soigne. Vous n’avez pas à tourner en dérision quelque chose d’aussi intuitif, Camille.’’ Pleurer équivaut à accepter nos émotions, et c’est un phénomène naturel duquel les endeuillés sont coutumiers : pleurer libère des endorphines, qui sont les hormones du bien-être qui vont améliorer l’humeur. Mais les larmes contiennent surtout des hormones du stress, aussi connues sous l’acronyme ACTH, ce qui traduit sans aucun doute possible que l’action de pleurer favorise l’élimination de la composante biologique du stress : l’idée de la guérison par les larmes n’est donc pas dénuée de sens, mais la société tend à en faire quelque chose de gravement honteux, surtout chez les sujets masculins.

Mais comme ce n’est probablement la raison principale de sa venue, Ethel le laisse poursuivre : il n’est pas le guide de cette promenade dans l’esprit de Camille, seulement l’invité. "Ça fait longtemps n'est-ce pas ? Que je n'étais pas venu, je veux dire." - ’’En effet,’’ nul besoin d’amoindrir l’absence de son patient, qui avait préféré décamper comme un soldat déserte le champ de bataille : ce n’est ni le premier ni le dernier, et Ethel ne condamne nullement cette fuite. Il a fait comme il a pu, Camille, et le thérapeute n’est pas celui qui juge ou réprimande. ’’Mais vous êtes là, maintenant.’’ s’attacher au positif : que sa démarche soit notée au détriment de son abandon. "Et pourtant, me revoilà... Quel enfer." L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on. "Vous avez changé l'agencement de la salle, non ?" Un clignement de cils avant qu’il ne prenne une fine inspiration nasale en décalant son menton d’abord sur la gauche puis sur la droite, observant son environnement sans véritablement s’attacher à la décoration. Il souhaite que Camille réalise que fuir le sujet comme il a fui cet endroit ne le conduira point à un état plus salutaire, et il l’aide en imposant un silence de quelques secondes après que son regard soit revenu se poser sur lui. ’’Cela vous perturbe ?’’ connaissant l’inclinaison de son patient pour l’art — un pan qu’il partage secrètement avec lui, Ethel prononce ces quelques mots en sortant des feuilles blanches de son tiroir, qu’il vient déposer calmement devant son patient, y joignant quelques crayons gris pour lui laisser la possibilité de se décharger via le dessin s’il le souhaite, et surtout si cela peut faciliter leurs échanges. ’’Qu’est-ce qui s’est passé, Camille ? Avant que vos pas vous mènent jusqu’ici.’’



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"J'aurais tout de même du vous prévenir. "

Parce que c'était la politesse, parce qu'on l'avait éduqué comme ça et que même si en temps normal, Camille se place en être supérieur à bien des gens, s'accaparant le temps des gens quand lui le décide, actuellement, il est beaucoup trop vulnérable pour le faire, trop blessé, en détresse pour se forcer à remonter sur le piédestal qu'il s'était créé pendant des années. C'était vraiment un sale type quand il s'y mettait, l'artiste. Vu l'heure, le psychologue était prêt à partir, il aurait peut-être du lui dire de partir, de repasser le lendemain et pourtant, il était là, devant lui, prêt à l'écouter, à accueillir sa douleur. Est-ce que le nécromancien méritait tant de gentillesse à son égard ? Il n'était pas vraiment sûr.... Il continue ensuite, avouant qu'il n'était pas là par une envie conscience, mais plutôt inconsciente, ce qu'il trouve assez drôle, quand il y repensait, mais Ethel ne dit rien, se contente de sourire alors que Camille parle d'allergie, une voix paternelle raisonnant dans son esprit suite aux explications du psychologue. " Un homme, ça ne pleure pas.". Vite, un changement de sujet, quelque chose pour se sortir de ce pétrin et surtout de cette voix menaçante dans son esprit. Pourtant, ça tourne encore plus au cauchemars, à mesure de la conversation avance. Maintenant, le peintre se rappelle pourquoi il avait fuit, Monsieur Hasting ne le laissait jamais trop s'éparpiller, trop fuir et il ne pouvait même pas s'énerver contre lui, parce qu'il le faisait avec une telle douceur que ça serait criminel de lui hurler dessus pour si peu.

" Non, je me demandais juste, vu que dans mon souvenir, ce n'était pas vraiment comme ça."

Mais peut-être que sa mémoire lui jouait des tours ? C'était bien possible. Ses yeux suivent les mains de l'oniromancien, qui viennent déposer devant lui quelques feuilles et crayon, un rictus étire les lèvres de Camille, qui comprend de plus en plus que malgré le côté imprévu de cette rencontre, la séance, elle était bien dans le but d'une thérapie. Et surtout, il était coincé ici. L'artiste se fige d'ailleurs, en entendant la question qu'on lui pose. Il lui faut quelques secondes pour tenter de trouver ses mots, alors qu'il se saisit d'un des crayons, le faisant glisser contre ses doigts.

" Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé. "

C'était vrai en soi, juste avant qu'il n'arrive ici, il y avait ce grand trou noir, comme si son cerveau, sa conscience s'était éteinte un instant et il s'était réveillé devant le cabinet. Mais le sorcier a bien conscience que cette question englobe beaucoup de choses, beaucoup de "avant", mais est-ce qu'il était prêt à tout raconter, si rapidement ?

"J'ai déconnecté, je suppose ? J'étais dans mon atelier et puis... trou noir, jusqu'à ce que je me réveille devant chez vous."

Il se garde bien de dire comment il a bien pu se réveiller, se doutant que tôt ou tard, la question arriverait de toute façon. Et face à l'angoisse qui remonte en flèche, le voilà qui saisit une des feuilles, commence à gribouiller dessus quelque chose et si pour l'instant, les débuts donnent l'impression d'un dessin totalement aléatoire, pouvant traduire une certaine anxiété, dans la tête du peintre, la scène complète était visualisée.

"En fait, ce qui m'a réveillé, c'est parce que je me suis demandé si passer sous les roues d'un véhicule, ça faisait mal ou pas. Alors, qu'en vrai, je connais très bien la réponse. Mais voilà, ça m'a surpris de m'entendre penser ça."

Enfin surtout devant une route, avec une voiture qui passait, en réalité, mais ça, l'autre sorcier n'avait pas besoin de le savoir.


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08.05.24



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"J'aurais tout de même du vous prévenir." Le sentiment de culpabilité est induit par l’idée qu’on peut (ou aurait dû) avoir le contrôle sur toutes les situations : il faudrait renoncer à ce fantasme de toute puissance pour accepter la fatalité des évènements, mais Ethel ne pense pas Camille capable de ce détachement pour l’instant. Quand bien même est-il lourdement désagréable, ce sentiment de culpabilité, puisqu’il constitue un grand pouvoir destructeur pour celui qui le ressent, il faut travailler la notion de responsabilité pour se stabiliser sur le curseur tel un équilibriste sur un fil. De plus, éprouver de la culpabilité est sain puisqu’elle est intimement reliée à l’empathie ; il faut pouvoir se mettre à la place des autres et imaginer ce qu’ils ressentent pour avoir un reflet sur ses propres actions, aussi, Ethel se contente de pencher son menton sur le côté en réitérant ses paroles apaisantes, d’une voix qui l’est tout autant ’’Ce n’est rien.’’ s’il le pense avec une sincérité immuable, il ne pense pas que ces trois mots répétés de sa bouche vont suffire à dissiper les remords de son patient, si bien qu’il s’attache à lui démontrer, davantage par l’expression de son visage, la posture de son corps et le son de sa voix, qu’il n’est point contrarié contre lui. "Non, je me demandais juste, vu que dans mon souvenir, ce n'était pas vraiment comme ça." un nouveau regard de gauche à droite avant que ses billes sombres reviennent sur le patient, en ne pouvant s’empêcher de se demander si son cerveau ne lui joue pas un tour pour détourner, justement, son attention. ’’C’est possible’’ admet-il avec un sourire un peu plus étoffé, sans toutefois accorder trop d’importance à ce qui concerne le décor de la pièce.

Désireux de recentrer leur conversation mais aussi de canaliser les possibles pensées vagabondes qui assiègent l’esprit de Camille, Ethel lui octroie tout le matériel nécessaire pour qu’il puisse dessiner, connaissant fort bien l’inclinaison de son patient pour l’art. Et cette perspective semble délier sa langue, en même temps que les épaules du thérapeute s’abaissent de quelques degrés. "Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé." Si, il le sait, Camille. Il n’a juste pas envie de le savoir et ce n’est pas quelque chose qu’Ethel va lui reprocher. "J'ai déconnecté, je suppose ? J'étais dans mon atelier et puis... trou noir, jusqu'à ce que je me réveille devant chez vous."  Ethel affute ses paupières en les plissant avant de redresser sa nuque, sans le quitter des yeux jusqu’à ce qu’il se mette à griffonner ; un instant, les longs cils du thérapeute s’abaissent sur la feuille blanche traversée par des traits qui ne permettent, pour l’heure, pas de reconnaître une quelconque forme, avant que l’aveu lui fasse remonter ses iris sur son visage blême "En fait, ce qui m'a réveillé, c'est parce que je me suis demandé si passer sous les roues d'un véhicule, ça faisait mal ou pas." autrement dit, Camille a songé à faire une tentative de suicide, et il est désormais plus qu’évident qu’Ethel est très heureux qu’il soit assis dans ce bureau à dessiner plutôt que sur le bitume. "Alors, qu'en vrai, je connais très bien la réponse. Mais voilà, ça m'a surpris de m'entendre penser ça." l’un est surpris, l’autre est inquiet. La crise suicidaire débute lorsque la mort devient la solution la plus enviable pour faire face à la souffrance ; à quel stade est Camille ? Puisqu’il évoque des fantasmes de suicide qui sont accompagnés de la peur légitime de perdre le contrôle. ’’C’est la première fois que vous avez ce genre de pensées ?’’ ce genre de pensées et non pas idées suicidaires, même si le fait de ne pas les nommer de la sorte efface leur caractère de gravité, et Ethel est loin de l’ignorer. Est-ce que confronter frontalement son patient à ses idées suicidaires l’aiderait à y faire face ? Probablement pas, et il privilégie toujours la douceur à la brutalité. ’’Je comprends votre surprise,’’ dit-il tout d’abord pour la légitimer ’’Que faisiez-vous dans votre atelier, avant ce trou noir ?’’ il tâtonne avec ce que l’artiste veut bien lui donner, parce que si Ethel veut bien croire que le cerveau de Camille le protège en occultant certains souvenirs, il n’est pas prêt à croire qu’aucun évènement n’est venu faire basculer l’équilibre — précaire, certes, de son patient avant qu’il ne débarque dans son bureau sans prévenir.
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Tuer le temps : Effusions de couleurs, de matière, Camille est un Artiste, ceux que l'on traite bien souvent de fou, tant il est torturé, aspiré dans ses toiles, ses idées tantôt lumineuses, tantôt sombres. L’art, comme moyen de communication sur ce qui n’a de cesse de le faire souffrir depuis qu’il est né, moyen d’expression, de ses émotions malheureusement parfois un peu trop fouillis. Il a cependant laissé sa carrière artistique de côté pour rejoindre les rangs de son coven, mettant son art à contribution pour venir embellir les défunts avant leur dernier voyage, Préparateur de sommeil éternel, c'est une appellation qu'il porte avec fierté.
Familier : Aussi douce et colorée qu'une fleur d'orchidée, souvent posée en silence sur les vêtements de son sorcier, Morana n'est pas réellement des plus loquace, déteste presque la compagnie des vivants si ce n'est celle de son alter-égo. La petite Mantomancienne préfère de loin les esprits impalpables, tricote souvent avec ses pattes pour tenter de libérer ceux qui se retrouvent coincés ici-bas. Un familier que Camille trouve essentiel dans son métier, qu'il chérie presque plus que sa propre vie.
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The Pain Won’t Stop
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Au final, ce n'était pas si difficile d'en parler, de tout ce qui s'était passé... Pourquoi est-ce qu'il avait pensé que ça le serait même ? Camille se demande pendant quelques instants pourquoi il avait imaginé quelque chose de si compliqué, que ça lui arracherait la langue et les lèvres, alors qu'au final, c'était un peu comme parler de torchons et de serviette. Est-ce que le nécromancien devait s'inquiéter de ne rien ressentir de plus, en dévoilant ainsi ce qui l'avait poussé à venir dans ce bureau sans rendez-vous ? Très certainement, mais pour le moment, c'est bien pratique, cette espèce de détachement, cette impression de parler de quelqu'un d'autre, peut-être que comme ça, il pourrait en dire le maximum au psychologue, pour qu'il puisse l'aider ensuite, sans forcément revenir sur tout ce qu'il avait vécu.

"Non, ce n'est pas la première fois. En fait, c'est assez récurrent, ce genre de pensées. Parfois, elles sont presque omniprésentes, parfois, elles se taisent pendant quelque temps, mais une chose est sûre, ça fait longtemps qu'elles sont avec moi."

Peut-être qu'elles étaient là depuis le début, mais ça, Camille se garde bien de le dire, ne relève même pas les yeux vers Ethel, préférant rester concentré sur sa feuille... C'est fou ce qu'ici, l'inspiration revenait. Il viendrait peut-être plus souvent si ça l'aidait autant... La question de l'oniromancien le fait pourtant stopper son coup de crayon, alors qu'il fronce un peu les sourcils. C'est vrai ça, qu'est-ce qu'il faisait, dans son atelier ? Il lui faut bien quelques minutes pour s'en rappeler, accueillir les différentes émotions qui le traversent alors qu'il tente de creuser dans ses souvenirs parce que ce n'était pas agréable, de repenser au passé, même s'il n'était pas si vieux.

"Je crois que j'étais coincé sur une toile ? Ça fait des nuits que ça m'empêche de dormir correctement, mais pourtant, rien ne se fait comme je veux, ça ne rend pas comme je le souhaite, ça m'agace, c'est déjà la cinquième ou sixième fois que je la recommence, mais... Rien, il y a toujours un truc qui manque et je ne sais pas quoi, ça me rend dingue.  "

Et maintenant que le premier nœud du problème était défait, l'artiste pouvait retourner à son dessin, qui commençait à représenter la pièce où lui et Ethel se trouvaient, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas dessiné ce genre de chose, tiens.

" Et je crois que de ne pas réussir, ça m'a un peu renvoyé à de vieux démons, la peur de ne pas être assez bien, de ne pas réussir, ce genre de chose, ça m'a un peu fait vriller, il semblerait. "

Et s'il n'y avait que ça qui l'avait vraiment fait déconnecter... Cet événement n'était qu'une petite goutte, qui était venue faire déborder un vase déjà trop plein de bien des soucis, des angoisses, qui n'avaient de cesse de lui revenir en tête, à chaque seconde.

Ethel Hasting
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Ethel n’avait pas eu la naïveté de croire qu’un évènement dès plus ordinaire avait poussé Camille à refaire surface après des mois de silence, mais il avouerait sans difficulté aucune qu’il n’avait pas envisagé la situation sous un angle aussi dramatique que celui-là, quand bien même ne devrait-il peut-être pas être surpris de se rendre compte de la détérioration de sa santé mentale. ’’Non, ce n'est pas la première fois. En fait, c'est assez récurrent, ce genre de pensées.’’ il ne marque aucune réaction, Ethel, mais il s’efforce de lire aussi bien les expressions de son interlocuteur que les mots qu’il prononce, en réprimant autant qu’il le peut la compassion qui vient poindre en son coeur. Il n’endure pas la souffrance ressentie par Camille, puisqu’il ne prétend ni la connaître ni pouvoir l’imaginer avec une précision qui le rendrait complice, mais il comprend le mécanisme de réflexion : la mort comme bouée de sauvetage, comme trait définitif pour échapper à une douleur beaucoup trop grande. ’’Parfois, elles sont presque omniprésentes, parfois, elles se taisent pendant quelque temps, mais une chose est sûre, ça fait longtemps qu'elles sont avec moi.’’ ‘’combien de temps’’ n’est pas vraiment important, mais il tend à obtenir cette réponse par une autre question ’’Est-ce que vous savez quand elles sont apparues ?’’ puisqu’il y a très peu de chances pour qu’elles soient le fruit d’un hasard aussi spontané qu’infertile, et le thérapeute sait que c’est plutôt le résultat d’une blessure qui n’a pas pu être soignée, qui s’est gangrénée jusqu’à infecté le reste, ne laissant rien d’autre que l’ultime solution : mourir pour ne plus souffrir. Il a hésité à se jeter sous les roues d’une voiture, juste pour savoir si ça ferait mal ; il éprouve tellement de douleur, Camille, qu’il tend à s’en octroyer d’autres sous le fantasme qui, fort heureusement, l’effraie suffisamment pour qu’il se retrouve dans ce bureau. Est-ce qu’il en est seulement aux fantasmes ou à la planification ? Pour l’heure, Ethel songe à la première option. Les pensées suicidaires de Camille sont donc, pour l’instant, les symptômes mais pas la maladie ; il faut comprendre pourquoi elles se sont manifestées pour espérer les faire disparaître.

Mais il a dû interrompre son dessin pour répondre à cette question pourtant simple, signe que son esprit est suffisamment un champ de ruines qui nécessite qu’il s’adonne à la simple introspection de ces dernières heures pour savoir ce qu’il faisait. ’’Je crois que j'étais coincé sur une toile ? Ça fait des nuits que ça m'empêche de dormir correctement, mais pourtant, rien ne se fait comme je veux, ça ne rend pas comme je le souhaite, ça m'agace, c'est déjà la cinquième ou sixième fois que je la recommence, mais... Rien, il y a toujours un truc qui manque et je ne sais pas quoi, ça me rend dingue.’’ C’est un mélange de tristesse et de colère, qu’il présente, et que l’on nomme plus généralement comme étant de la frustration ; inhérente à la nature humaine, elle s’éveille lorsqu’un obstacle se dresse sur le chemin, empêchant la réalisation d’un besoin ou d’une envie. Mais cela lui semble être un cercle vicieux : plus Camille est envahi par les idées suicidaires, plus il aura du mal à se satisfaire de sa capacité à peindre, et plus la frustration le conduira sur le chemin de la détresse. ’’Et je crois que de ne pas réussir, ça m'a un peu renvoyé à de vieux démons, la peur de ne pas être assez bien, de ne pas réussir, ce genre de chose, ça m'a un peu fait vriller, il semblerait.’’ Le regard extérieur qui impacte l’estime de soi, il connaît suffisamment pour hocher son menton de haut en bas, Ethel, en baissant un instant les yeux sur le dessin qui commence à prendre forme. Ici, donc, il est capable de dessiner. Parce qu’il est en sécurité émotionnelle ? Parce que quelqu’un l’écoute réellement, sans jugement aucun ? Parce qu’il ne craint pas le regard de celui qui l’accompagne, peut-être. ’’Qu’est-ce qu’elle représente, cette toile ?’’ il a besoin de savoir si c’est ce qu’elle représente qui importe, ou si elle est au coeur d’un symbole plus profond. Mais pour que cela l’empêche de dormir depuis plusieurs jours, c’est qu’elle doit avoir un rôle capital dans son mal-être, d’une façon ou d’une autre. ’’Ici, vous dessinez.’’ il le soulève d’une voix simple, en se rapprochant suffisamment de son bureau pour y déposer ses deux mains, en espérant que le parallèle aide Camille à faire le tri dans ses idées ; qu’est-ce qui l’angoisse autant, chez lui ?
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Depuis toujours. C'est ce que le patient aurait aimé répondre, mais son esprit l'avait rattrapé juste à temps, avant que les mots ne lui échappent. Mais c'était aussi une réalité, aussi loin qu'il se souvenait, il y avait ce genre de pensées. Pas forcément montré de la même manière, bébé, c'était un besoin de montrer qu'il était là, qu'il existait, même si ses parents ne semblaient pas vouloir répondre à ses appels. Plus tard, ce n'était pas un désintérêt total pour beaucoup de choses, par des impressions d'être vide voir même, mort à l'intérieur. Et puis un peu plus tard, elles étaient devenue plus fortes, avaient maintenant des débuts de plans, pour parvenir à ses fins et quand l'imagination de ces procédés étaient trop insupportable, la douleur physique, qu'il se faisait lui-même était apparue comme une évidence. La graine de tout ce mal-être était plantée dès sa naissance et avait grandi avec le sorcier, arrosée de ses pleurs et de ses peurs, alimentée par un terreau bien trop fertile de la maltraitance parentale. L'enfant intérieur était détruit, l'adolescent, lui, n'était pas mieux. Comment réellement réussir à se construire même envoyé loin de tout ce noyau pourri, le mal était déjà fait.

" Je ne sais pas très exactement quand, mais je sais que ça fait longtemps, depuis l'enfance, je dirais ? Je vous dirais bien depuis toujours, mais je ne suis pas là pour être dramatique. "

Il ne peut s'empêcher un petit rire, tant ce qu'il dit est ridicule, lui, pas dramatique ? C'était pourtant un trait de personnalité qui ne faisait qu'un avec lui, parce qu'il aimait ces élans dramatiques, ces moments où toute l'attention était portée sur lui, parce qu'il se faisait plus théâtral, plus bruyant et puis, c'était peut-être là une revanche sur son début de vie à être si peu prit en considération.

" La colère, c'est ce qu'elle représente."

La réponse n'est pas réfléchie, elle est juste envoyé, de but en blanc, parce qu'après tout, le nécromancien n'a pas besoin de réellement réfléchir sur ce qu'il essayait de représenter depuis des jours si ce n'est des semaines. Il avait déjà fait des tableaux de ce genre, mais celui-ci avait une saveur particulière, parce que la colère était dirigée vers celle qu'il considérait comme sa mère, ce pilier qui tenait un équilibre précaire dans sa vie. Et pourtant, tout avait fini par voler en éclats, à cause de mensonge, de manipulation, ce qui l'avait privé de quelqu'un. Et puis, il y avait aussi cette colère qu'il ressentait envers lui-même, parce qu'il avait été trop naïf, parce qu'il avait bu les paroles de cette femme, sans chercher plus loin, parce qu'il avait fait confiance, trop confiance et qu'est-ce qu'il se sentait idiot, dans toute cette histoire. Toujours est-il, qu'il se remet enfin à dessiner, écoutant tout de même le psychologue d'une oreille attentive et la réflexion du Hasting le fait ricaner, alors qu'il relève ses yeux vers ceux de son interlocuteur.

" Étonnant, n'est-ce pas ? J'en suis le premier surpris, ça doit être l'un des effets de ce bureau, ça permet de couper avec le monde extérieur, d'être certain qu'on est à l'abri. "

Ethel Hasting
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’’Je ne sais pas très exactement quand, mais je sais que ça fait longtemps, depuis l'enfance, je dirais ?’’ s’il ne réagit pas avec suffisamment d’éloquence pour qu’on puisse discerner son imperceptible froncement de sourcils, il ne s’étonne pas véritablement de la réponse qui lui est donnée, puisque les études qui ont été menées tendent à démontrer que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans, et la cinquième chez les moins de 13 ans. Penser que les enfants sont épargnés de la détresse psychologique est une faille dans le système, une faille que personne ne semble vouloir combler puisque l’on pense encore que les enfants peuvent être capricieux avant l’âge de 6 ans, alors que leur psychologie n’est clairement pas formée pour la manipulation émotionnelle. ’’Je vous dirais bien depuis toujours, mais je ne suis pas là pour être dramatique.’’ le dernier mot est la preuve que les sentiments éprouvés par Camille - la version adulte comme celle de l’enfant intérieur, ont été suffisamment brimés et niés pour qu’il se sente illégitime dans sa perception des choses. ’’Vous êtes le mieux placé pour savoir ce que vous ressentez, et le reconnaître ne fait pas de vous quelqu’un de dramatique. Au contraire.’’ commence-t-il à dire en baissant un instant les yeux sur le dessin, sans songer un seul instant que son patient exagère ; le croire ne veut pas dire que c’est la vérité, le croire signifie qu’il reconnaît la pleine souveraineté de ses ressentis, ce dont Camille semble cruellement manquer. ’’Vous savez, il m’arrive de recevoir des personnes qui ont grandi ensemble, et elles n’ont que rarement le même souvenir d’un évènement qu’elles ont pourtant vécu simultanément. Cela ne veut pas dire que l’un des deux ment, cela signifie simplement qu’on ne vit pas les choses de la même façon, et aucun calque n’est plus vrai ou légitime qu’un autre.’’ son ongle grattant distraitement la reliure de son bureau, il racle discrètement sa gorge avant d’assumer, sans aucune inflexion dans la voix ’’Je vous crois, moi.’’ mais est-ce que cela rassure le thérapeute ? Pas vraiment, puisque les idées désastreuses qu’il lui faut déloger sont donc installées depuis longtemps, et il semble difficile de les déraciner des pensées torturées de son patient.

En gardant sa posture neutre, qui n’est point fermée mais qui ne s’épanche nullement d’une expression vraiment expansive, il apprend que ’’La colère, c'est ce qu'elle représente.’’ dans une réponse que Camille lui livre sans mesure, avec toute la franchise que sa douleur lui permet d’avoir. La colère est une émotion tout à fait saine et humaine, qui ne doit en rien être diabolisée ; c’est sa manifestation impulsive et violente qui peut être problématique. La façon dont Camille tâche d’expier la sienne lui semble être la plus adaptée à ses prédispositions. ’’Contre qui êtes-vous en colère ?’’ il y a plusieurs pistes qui se profilent dans son esprit, mais attend de savoir laquelle est la bonne puisque, la colère est bien souvent liée à une source de frustration : ne pas atteindre un objectif, voir une situation qui nous échappe ou encore être témoin d’un comportement que nous voudrions différent, mais dans tous les cas, elle est une réponse à une stimulation négative. Le fait que Camille peine à l’exprimer dans la nature propre de son langage artiste prouve que la colère est aussi personnelle que douloureuse, et le fait de ne pas parvenir à la déverser sur sa toile l’oblige à la garder pour lui, ce qui le fait suffoquer dans la noirceur de son silence ; comment délier sa langue ? Il s’y emploie, Ethel, avec toute la patience doucereuse qu’il contient, et avec cette compassion naturelle qui ne le quitte jamais. ’’Étonnant, n'est-ce pas ? J'en suis le premier surpris, ça doit être l'un des effets de ce bureau, ça permet de couper avec le monde extérieur, d'être certain qu'on est à l'abri.’’ il a peut-être son premier vrai sourire depuis le début de l’entretien, Ethel, puisqu’il se réjouit intérieurement de savoir qu’il a réussi à suffisamment le mettre en confiance, physiquement et émotionnellement, pour qu’il se sente à l’abri. Protégé. Accueilli. Légitime. Compris. ’’Vous l’êtes.’’ il le confirme en tâchant d’amenuire son sourire, puisque sa priorité est d’apaiser celui qui le réclame, sans le formuler. ’’Vous savez, il n’y a pas que la voix que nous utilisons, pour communiquer. Et outre tout l’aspect non-verbal, ceci’’ il pointe le dessin de son index ’’est une forme de communication. C’est la vôtre, en tout cas. C’est par le dessin que vous vous exprimez. Alors ne pas réussir à exprimer toute la colère que vous ressentez, c’est ça qui vous opprime intérieurement. Ce ne sera pas la libération, Camille, mais ce serait un bon premier pas que d’évoquer cette colère, si vous vous en sentez capable.’’
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Il a envie de pleurer Camille, devant les mots du psychologue. On le croyait. Enfin, quelqu'un le croyait. Enfin non, il y avait bien eu d'autres personnes avant, mais beaucoup, si ce n'est toutes, l'avaient trahi à un moment ou un autre... Alors au final, c'est comme si on ne l'avait jamais cru, non ? Sinon personne n'aurait osé lui faire tout ce mal, tout en sachant ce que ça pourrait faire resurgir chez lui. Et monsieur Hasting n'irait pas le trahir, lui, à cause du secret professionnel alors oui, Camille voulait y croire, encore une fois, que sa parole avait de la valeur et que cette fois-ci, rien de mal n'arriverait suite à ses révélations.  "Je peux vous enregistrer pour que ma famille l'entende ? ça serait sympa, qu'ils comprennent enfin." Le sorcier dit ça sur le ton de l'humour, mais au fond, il aimerait tellement pouvoir faire ça, pouvoir faire changer d'un coup de baguette magique le regard que sa famille lui porte. Lui, le petit mouton noir depuis la naissance, celui dont on ne veut pas, celui qu'on ne croit jamais et que même si maintenant on tente de lui donner un peu d'amour, celui-ci est factice, hypocrite, pour sauver les apparences de cette famille plus que pourrie. tout pour les apparences, parce qu'il fallait faire bonne figure en société.  

Ça aussi, ça le mettait en colère, le fait que le regard des autres ait dicté la vie de famille, que chaque geste, parole était étudiée pour paraître le plus lisse possible, quitte à rester de marbre dans certaines situations, quitte à se faire marcher dessus, écrasé sans jamais rien dire. Tout le contraire de ce qu'était le nécromancien, au final, lui qui préférait hurler son mal-être, sa colère après des années à se taire, le regard de l'autre n'était pas si important, quoique... Certains regards l'étaient, ce qui avait tendance à le détruire également, parce que ça lui montrait que lui aussi, n'était pas mieux qu'eux. Alors forcément, quand le thérapeute vient lui demander, contre qui son patient est en colère, l'artiste émet un petit ricanement, de nervosité, de dédain, qu'importe, il y a tant de mélange dans son esprit qu'il ne sait même plus quelle émotion ou sentiment domine, mais c'est le but d'un début de thérapie, non ? Se replaçant dans le fond de sa chaise, Camille ne peut s'empêcher de toiser l'homme de l'autre côté du bureau, toute la tristesse et la fragilité ayant disparu dans le ton de sa voix.  " Le monde entier" qu'il aimerait voir brûler. "Et moi-même, je pense." Il partirait dans les flammes, lui aussi. Derniers mots prononcés avec un certain détachement, il les sent bien, que ses mécanismes de défense commencent à reprendre le dessus et ça l'agace, de voir que de nouveau, il a l'impression d'être au-dessus de tout ça, que rien ne l'atteint, comme une divinité inébranlable qui ne ressent pas ce que chaque mortel ressent ici-bas. Non, l'artiste n'aime pas cette partie de lui, surtout parce qu'il sait que c'est aussi ça qui le bouffe un peu plus chaque jour. Mais quand on a passé trente ans presque avec un masque, celui-ci finit par fusionner avec sa peau, malheureusement.

Camille tente une pirouette, pour se sortir de cette conversation mais aussi se rassurer une nouvelle fois sur le fait qu'ici, il pouvait se lâcher, ne pas tout garder pour lui, enfin partager son fardeau. Il était coincé entre l'envie de fuir et celle de rester, entre sa méfiance et son envie de tenter d'aller enfin mieux. Et il ne sait pas trop, si ça l'apaise ou l'angoisse encore plus de voir que l'oniromancien ne le laisse pas s'échapper, recentre avec douceur le sujet de la conversation. Il le déteste actuellement, mais pas d'une haine viscérale, non, il le déteste parce qu'il réussit malgré tout à poser le doigt sur chaque petit nœud de son esprit, arrive à lui soutirer des informations alors qu'il fait tout pour tenter de les noyer.  "Ça fait très bizarre de se sentir en sécurité, vous savez ? " C'était peut-être ça qui lui faisait peur aussi, ce sentiment étrange qu'il n'avait que très peu connu et il n'attendait que ça, qu'il disparaisse aussi rapidement qu'il était venu, lui arrachant les derniers éclats d'espoir qui faiblissait en lui.  

"On parle souvent d'enfant intérieur ou même d'adolescent parfois. Je dois avouer que ce sont eux qui ont le plus de colère, parce qu'ils ont vécu tant de choses que personne ne devrait vivre...." C'est un médecin, il est tenu au secret médical, il ne pourra jamais rien dire à personne d'autre.  "L'enfant a vite compris qu'il n'était qu'une déception, dès sa naissance. C'est qu'on aurait voulu une fille, vous comprenez ..." Monsieur Hasting a dit qu'il était en sécurité ici, il ne pourrait rien lui arriver. "Je n'ai jamais compris cette idée, vouloir absolument un garçon en premier et une fille en deuxième. Ils appellent ça le choix du roi, comme si on avait encore le luxe d'avoir une monarchie dans ce foutu pays... En France le dernier a fini guillotiné, il faut croire que les gens n'ont pas compris la leçon." Il devait lui faire confiance, parce qu'il était un peu sa dernière chance et puis, si son inconscient l'avait amené ici, c'est qu'il y avait une raison, non ? "L'adolescent, lui, n'a fait que confirmer que certaines choses n'étaient pas correctes, que ce qu'il vivait n'était pas normal et pourtant, on arrivait à le faire taire, a invalider ce qu'il vivait. " Le psychologue ne pouvait pas le laisser tomber, il ne le ferait jamais. " C'est terrible à dire mais ils n'ont jamais été aimés et respectés, ils n'ont donc pas pu bien se construire. " Et au pire, ça ne sera qu'une personne de plus à mettre sur la liste des déceptions.

Ethel Hasting
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the pain won’t stop
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TW : mention d'autodestruction, d'alcool, de substances, de dépression, de mort, d'angoisse.

’’Je peux vous enregistrer pour que ma famille l'entende ? ça serait sympa, qu'ils comprennent enfin.’’ il le dit sur le ton de l’humour, Camille, mais pas besoin d’avoir fait de longues études de psychologie pour comprendre que c’est une réelle souffrance chez le peintre qui ne parvient plus à l’être, et cette réalité brute, qui ne pourra que difficilement changer, lui fait presser ses lèvres l’une contre l’autre d’un air désolé. ’’Ce n’est pas la seule option envisageable.’’ dit-il d’abord en remédiation, laissant quelques secondes de latence comme s’il essayait de rassembler les mot mélangés dans sa tête afin de livrer une réponse cohérente qui ne passe pas pour un reproche, puisqu’il n’en formule aucun. ’’Ne plus attendre que les autres vous comprennent. Pour comprendre quelqu’un, il faut faire l’effort de se mettre à sa place, d’envisager que notre vision du monde n’est pas la sienne… Pas tout le monde n’est capable de faire cet effort là - et pas tout le monde le veut.’’ ravalant sa salive, il prend le temps de zieuter en direction du dessin de Camille avant de poursuivre, d’un ton inflexible et calme ’’Alors, dans ce cas de figure, peut-être faut-il être la personne qui nous comprend. N’attendez pas que les autres rendent légitimes ce que vous ressentez : ne doutes pas de cette vérité, c’est encore mieux.’’ c’est un exercice compliqué, certes, et sûrement rendu difficile par toute la colère qui se confond à la douleur, et qui se sont emmêlées au point que les deux se confondent dans des noeuds que les meilleurs marins ne sauraient défaire ; le psychologue s’y emploie mais, la tâche est minutieuse et il craint, en tirant sur le mauvais fil, de resserrer davantage l’étreinte ou encore de le faire fuir, encore une fois. ’’Le monde entier’’ ce n’est pas de la colère, donc, c’est de la souffrance ; la colère n’est pas moins que la face visible d’un icerberg profondément immergé, ce qui ne fait pas tellement réagir le psychologue. ’’Et moi-même, je pense.’’ la colère intériorisée est différente de celle précédemment évoquée, mais elle n’est moins liée à la douleur éprouvée, mais elle est différente : Camille a-t-il des attentes trop élevées pour lui-même ? Se déçoit-il au point d’être hanté par l’état idéalisé qu’il ne parvient pas à atteindre ? Lui a-t-on fait trop de reproches pour que, maintenant, il ne soit plus capable de la moindre empathie envers lui-même ? ’’Je comprends.’’ dit-il tout d’abord en baissant un instant ses cils, songeant que le temps commence à leur faire défaut et que, ce pan de sa psychologie devra être étudié durant une autre séance. Enfin… S’il revient.

’’Ça fait très bizarre de se sentir en sécurité, vous savez ?’’ il le sait, non pas parce qu’il l’a connu mais parce qu’il reconnait que cette sensation peut exister et qu’elle est légitime : c’est le propre de la compassion, de laquelle beaucoup sont privés. L’insécurité intérieure est cohérente avec le reste du schéma psychique, mais la première étape sur le chemin de la guérison consistant à analyser ses propres pensées, mais Ethel n’est pas sûr que Camille sera enclin à se prêter à l’exercice alors, pour l’instant, il garde le silence. Et il garde le silence lorsque Camille libère enfin sa parole, sans modifier sa posture d’écoute, sans lui donner l’impression qu’il ne l’entend pas : il l’entend, tout comme il entend qu’il parle de lui-même à la troisième personne, peut-être parce que c’est plus simple, avec bien moins d’implication émotionnelle qu’il ne peut le supporter. Il cligne seulement des paupières lorsque, pour sa dernière phrase, Camille utilise le pluriel : qui sont les autres personnes qui n’ont pas pu bien se construire, au juste ? Il inclut forcément quelqu’un d’autre dans l’équation de la douleur, sinon il aurait parlé au singulier. ’’Peut-être peuvent-ils se construire par eux-mêmes, qu’en dîtes vous ?’’ il le demande sans infantiliser l’homme qui se tient devant lui, mais il incline son menton sur le côté en montrant bien qu’il est prêt à débattre de cette proposition. ’’Les parents jouent un rôle clef, il est vrai, dans la construction de l’enfant. Mais l’enfant peut décider de se construire lui-même, s’il juge que ses parents sont… disons, défaillants ? Vous êtes vous-même, Camille. Pas seulement l’enfant de vos parents. Vous êtes une personne à part entière.’’
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Camille Barton
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Tuer le temps : Effusions de couleurs, de matière, Camille est un Artiste, ceux que l'on traite bien souvent de fou, tant il est torturé, aspiré dans ses toiles, ses idées tantôt lumineuses, tantôt sombres. L’art, comme moyen de communication sur ce qui n’a de cesse de le faire souffrir depuis qu’il est né, moyen d’expression, de ses émotions malheureusement parfois un peu trop fouillis. Il a cependant laissé sa carrière artistique de côté pour rejoindre les rangs de son coven, mettant son art à contribution pour venir embellir les défunts avant leur dernier voyage, Préparateur de sommeil éternel, c'est une appellation qu'il porte avec fierté.
Familier : Aussi douce et colorée qu'une fleur d'orchidée, souvent posée en silence sur les vêtements de son sorcier, Morana n'est pas réellement des plus loquace, déteste presque la compagnie des vivants si ce n'est celle de son alter-égo. La petite Mantomancienne préfère de loin les esprits impalpables, tricote souvent avec ses pattes pour tenter de libérer ceux qui se retrouvent coincés ici-bas. Un familier que Camille trouve essentiel dans son métier, qu'il chérie presque plus que sa propre vie.
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The Pain Won’t Stop
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" Ça serait peut-être la plus rapide, cependant."

Il boude un peu, l'artiste, quand on lui dit qu'il y a d'autres solutions. Ça veut donc dire que la facilité ne sera pas de mise et ça, ça ne lui plaît pas, à Camille. Ce qui finit de le braquer, c'est toute la conversation qui suit, oui, se comprendre soi-même, c'était la clé pour réussir à être équilibré, mais voilà, il ne se comprenait pas, ne se comprendrait jamais et il avait besoin du regard et de l'approbation des autres pour se sentir exister, parce que c'est comme ça qu'il s'était construit, justement.  "C'est ce que je dis... Ça serait plus rapide de juste vous enregistrer, je ne me comprends absolument pas, ça prendrait plus de temps que de faire en sorte que les autres me comprennent. " que le nécromancien bougonne, alors qu'il soupire bruyamment en roulant des yeux. Il se déteste un peu d'être comme ça, mais il est tellement submergé par tout ce qui se passe qu'il ne sait pas comment réagir, il a cette envie de tout balancer et une seconde plus tard, veut juste s'effondrer. Surtout que plus la séance improvisée avance, plus Camille recommence à ériger des murs autour de lui, comme pour se protéger, alors que l'oniromancien commençait à creuser un peu trop à son goût.

" Eux-même ? Ils seront bancals quoi qu'il arrive, donc." Il secoue la tête, c'est impossible de se construire par soi-même, surtout bien jeune. Alors sur le coup, Ethel raconte vraiment n'importe quoi. Mais s'il en parle, c'est que ça existe, ce genre de cas de figure, non ? Alors il vient rectifier un peu le tir, après avoir écouté les arguments de l'autre homme.

"Certains y arrivent peut-être, je ne dis pas et je les trouve admirables. Mais je veux dire... Si vous n'avez pas une base solide d'apprentissage, c'est compliqué de construire par-dessus, ça bouge, ça risque de tomber, ça tombe même. Et c'est généralement les parents qui la donnent, cette base... Alors peut-être que certains arrivent à remplacer les briques qui sont totalement cassées après des années, mais je vous avoue, que j'ai un peu baissé les bras, c'est bête à dire, mais je suis un peu fatigué de tout ça, de me battre sans cesse, est-ce que j'ai réellement envie de manquer de tomber encore une fois, alors que ce que j'ai construit est fragile ? Je veux dire... J'ai tant testé, essayé, mais à chaque fois que ça tenait presque la route, on venait tout exploser, d'une manière brutale, cruelle." La preuve, Helen l'avait bien trahie de la pire des manières alors qu'il la considérait comme une Sainte. Elle qui avait été son pilier si stable pendant des années avait tout fait s'effondrer à cause de mensonges et de manipulations.

" J'ai essayé de suivre le mouvement, ce n'était pas assez. J'ai essayé d'être moi-même, d'aller à contre-courant de ce que j'avais toujours connu. C'était trop. Parfois, il faut se rendre à l'évidence et accepter qu'on est peut-être un peu trop brisé pour réellement exister, c'est triste à dire, mais c'est ce que je me dis souvent. À quoi bon ? Alors que tout ce que vous essayez de faire est réduit en poussière à peine, vous touchez du bout des doigts le bonheur... " Petit soupir, encore une fois, alors qu'il se repenche sur son dessin presque achevé.  "Mais bon, l'humain est fait ainsi, il y a souvent cette pulsion de vie qui revient tout chambouler quand on est au bord de la rupture. Ou alors, je ne suis juste pas assez courageux pour sauter le pas, c'est vrai que je suis plutôt celui qui fuit plutôt que celui qui affronte..." Oui, il préférait fuir, c'était récurrent dans sa vie, encore plus en matière de santé mentale. "J'ai beau me donner des airs de petit mouton noir avec une grande gueule, je n'en reste pas moins quelqu'un qui a peur de tout. " Il rit un peu, en faisant cette constatation, peut-être qu'un jour, il pourrait montrer qu'il est plus doux qu'un homme perdu qui sait juste crier au loup, qu'il a bien d'autre qualité encore, non, ce n'était pas qu'une simple tâche tenace, sous tout ça, il y avait une vraie personne, qui voulait juste un peu d'amour.

"Alors, je sais, vous allez me dire que je suis pourtant courageux, de me tenir là, devant vous, de vous parler honnêtement de tout ça. Moi, ça me renvoie juste au fait que je n'ai pas assez de cran pour aller au bout de ce que je veux réellement, parfois. C'est un peu ça, mon souci, en fait. " Oui, l'artiste a décidé que la séance allait se terminer et surtout, que l'oniromancien ne pourrait plus rien dire pour le moment, parce qu'il ne voulait pas qu'il mette le doigt autre part, là où ça faisait mal. C'était trop pour lui. "Mais je vous retiens plus que de raison, pour un rendez-vous improvisé... Peut-être que prendre un créneau sur vos horaires serait plus agréable ? Et pour vous, parce qu'en fin de journée, on est vite fatigué. Et pour moi, parce que je sens bien que je commence juste à me blinder. " Voilà, comme ça, c'était dit, ça clôturait la séance, il pouvait retourner pleurer dans son lit comme ça, non ? Ou alors, peut-être qu'aller embêter Silas serait une bonne idée... Qu 'importe, il réfléchirait à tout ça en sortant, pour le moment, il se contente de donner le dernier coup de crayon sur le papier, laissant alors apparaître une représentation de lui-même, à ce bureau, avec cette immense masse informe, si sombre qui était juste derrière lui, dont les sortes de bras visqueux le tenaient par les épaules. Cette masse, il la connaissait bien, parce qu'elle symbolisait la dépression. Il lui avait même donné un prénom : Ghislaine. Histoire de ne pas mettre un terme générique sur ce qui lui arrivait. Et puis c'était plus simple, au quotidien, de dire "Ghislaine me fait chier". Dans tous les cas, il pose enfin le crayon, relève son regard vers celui du praticien et vient lui dire, presque sur le ton de la confidence. "Promis, je reviendrais. C'est qu'au fond, ça me fait un peu peur, tout ça... " Et peut-être qu'il était prêt à affronter un peu plus la réalité, maintenant.


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