Identité - Sedwick, un patronyme comme seule trace de son appartenance passée à une famille aimante. Temps lointains d’où lui parviennent encore des échos de rires, une sensation voilée de chaleur et de sécurité, mais souvenirs qui ne lui laissent finalement que le goût amer du regret.
Alecto, comme un présage, comme une destinée. Alecto, la divinité persécutrice de la colère, du tourment, sortie tout droit du plus noir de la Nuit. Alecto, la plus âgée des Érinyes, celle « qui ne laisse pas en paix », haïe de tous, même de son père. Alecto la funeste, la vengeresse. Créature qui ne trouve la paix que parmi les siens, parmi les monstres.
Naissance - Petit lionceau qui pointe le bout de son nez le 8 août 1995, dans la douceur de l’été écossais.
Nationalité & Origines - Famille écossaise, et ce depuis des générations. Fierté patriotique, pour rien au monde ils ne quitteraient la terre des ancêtres.
Magie & palier - Descendante d’une longue lignée de nécromancien⋅ne⋅s, elle avait pourtant eu l’espoir que les mystères de la génétique ne lui fassent quelques tours. La petite Alecto aimait le soleil, la vie, les rires, la chaleur, la douceur, l’amour. Elle avait encore peur du noir, redoutait les fantômes, devenait totalement submergée à la vue de la souffrance et de la solitude du deuil. Mais sans surprise, enfant vagabond elle était. Magie ténue au début, attisant cet espoir vain, mais magie bel et bien là, adieu Alecto la solaire, Alecto l’éblouissante. Elle dû apprendre à tamiser sa lumière, composer avec la mort et la douleur. Ce fut avec beaucoup de peine qu’elle obtint le palier deux, détentrice d’une mémoire visuelle, seule facette de ses pouvoirs qu’elle apprécie réellement.
Familier - Yvonne, une petite chauve-souris « Barbastelle d’Europe ». Loyale, espiègle, farceuse, quelque peu somnolente, souvent maladroite, elle ne quitte que très rarement son alter. Pelage aussi sombre que sa personnalité est rayonnante, elle protège avant tout la psyché de la jeune femme, véritable garde-fou contre des ténèbres un peu trop gourmandes, venant parfois dévorées la nature lumineuse d’Alecto.
Tuer le temps - Responsable d’une association queer et féministe, un refuge contre la violence de ce monde, un havre de paix salutaire pour toutes les personnes que la vie a brisée. Femmes violentées ayant besoin d’un abri et d’un avocat, jeunes queers à la rue cherchant un toit et à manger, l’organisation ouvre ses portes à toustes. C’est parfois fouillis, c’est parfois brouillon, mais c’est toujours empli d’amour et de soutien.
Philtre d'amour - Amoureuse de l’amour, pour autant incapable de faire marcher une relation. Romantique, passant plus de temps à rêver d’un futur idéal avec une femme imaginaire qu’à s’exposer aux rencontres et aux désillusions, Alecto demeure une éternelle célibataire.
L'enfer c'est les autres - Femme duale, esprit paradoxal, Alecto est une isolationniste convaincue. D’ordinaire ouverte aux autres et fervente croyante d’une force résidant dans l’entraide, l’empathie et le dialogue, ses beaux discours s’effacent dès lors que le sujet des humain⋅e⋅s est abordé. Si elle ne leur veut aucun mal, elle ne pense pas qu’iels soient dignes de confiance, révéler leur secret serait un risque trop important pour l’équilibre et la survie du monde sorcier. Les chasses aux sorcières ne sont pas si anciennes, elles sont même toujours présentes, sous d'autres formes. Les braises de la discorde sont encore chaudes, Alecto ne sait que trop bien qu’au moindre incident politique ou économique, à la moindre instabilité, la psychose humaine rallumera l’incendie pour leur faire payer leur propre décadence. Les freaks, les queers, les femmes, les sorcier⋅e⋅s. Les différents. Ils ne seront jamais réellement en sécurité, ils devront toujours rester méfiants. Alors pourquoi prendre le risque de briser le secret magique ?
Caractère
Alecto solaire. Petite lumière à l’esprit malicieux, aveuglante d’amour et de douceur. Depuis toujours, bouille d’ange et sourire scintillant. Un optimisme à toute épreuve, et toujours cette volonté de rester la lueur d’espoir brillante dans le noir. Tendre et empathique tout autant que solide et téméraire, l’amie loyale et dévouée sur qui l’on peut compter. Un charme discret, comme l'arrivée timide du printemps. L’âme rêveuse d’une poétesse, l’esprit résilient d’une guerrière. Alecto brillante par sa générosité, son indépendance, sa joie de vivre.
Mais la lumière du soleil, on s’y brûle. Un peau émotionnelle comme en lambeau, comme brûler au troisième degré. Les sentiments qui viennent s’y fracasser, qui viennent la torturer. Tout est ressenti plus fort, l’amour, la tristesse, la peur, la colère. Et derrière le sourire ineffaçable, les rêves deviennent parfois des idées noires incommunicables. Sentiment d’identité altéré, confiance en soi émiettée. Derrière la si belle façade, encore tant de choses à reconstruire.
Dans ce combat entre le jour et la nuit, une constante. Briser les normes, casser les codes, faire voler les étiquettes. La force de la solidarité contre la violence de la haine. La quête de reconnaissance, de justice. De vengeance. Se sauver en sauvant les autres.
Loyale ; Solaire ; Espiègle ; Stratège ; Rancunière ; Empathique ; Anticonformiste ; Charismatique ; Sensible ; Dévouée ; Téméraire ; Colérique ; Résiliente ; Instable ; Vengeresse ; Rêveuse ; Bienveillante ; Désordonnée ; Torturée
I'm borderline happy and I'm borderline sad, I'm borderline good and I'm borderline bad. And I can't get rid of a tingling fear, you'd sort me out if my head gets clear. I live my life in shackles but I'm borderline free, I used to be blind and I still can't see. And I won't get around to a change of mind as long as nobody breaks my stride.Histoire
Famille aimante, famille rassurante. Unie dans les traditions, le respect de la Terre et des Ancêtres. Dernière de trois filles, trois petites princesses de la nuit, Alecto venait compléter le triumvirat par sa douceur et par ses rires. Baignant dans la nécromancie depuis des générations, la famille Sedwick, bien que discrète sur le plan politique, avait gagné en respectabilité au fil des ans pour la rigueur et l'acuité de ses séances de spiritisme.
Une famille plus douée pour parler aux mort⋅e⋅s qu’aux vivant⋅e⋅s. Une famille pour qui la connexion magique et la spiritualité valaient mille mots. Et Alecto, petit soleil à la magie si faible, avait bien du mal à communiquer et trouver une place. Aucune vision, aucun flash. Aucune hypermnésie ou mort fictive. Seule la présence d'Yvonne et ses forts coups de soleil trahissaient une magie présente, mais comme en latence. Attendant patiemment les premières vraies manifestations de ses pouvoirs, un espoir honteux, irréalisable, grandissait en elle. L’espoir de déjouer la fatalité, de jouer aux cartes avec l’univers et de gagner. L’espoir de contrer sa destinée. De fuir la mort. Rationnellement, elle savait qu'elle ne pouvait échapper à la nécromancie. On le lui avait assez répété. Mais dans sa tête d'enfant, il s'agissait là d'une explications plausibles à son blocage magique, aussi s'accrochait elle désespérément à ce rêve. Car la petite, elle craignait le noir, les esprits. Elle ressentait la douleur incommensurable des personnes endeuillées venant consulter ses proches, et ne pouvait la supporter. Alors que ses deux sœurs attendaient impatiemment le Bal de la Longue Nuit, Alecto redoutait plus que tout ce moment si intense où réel et imaginaire, mort et vie, étaient là, si proches, près à s’unir.
Alecto, elle aimait la chaleur du soleil, la caresse de l’air sur sa peau, le chatouillement de l’herbe fraîche sous ses pieds. Le clapotement de l’eau, le chant des oiseaux, la cacophonie de la ville qui s’éveille. Elle aimait sentir son cœur palpiter après une course folle dans les bois, s’étourdir des vibrations à un concert, et toutes ses sensations qui la faisaient se sentir si vivante.
Elle aimait la vie. Elle n’avait que faire de ses ancêtres, ne voulait guère réaliser un tirage pour que son futur soit tout tracé. Elle voulait l'ivresse de l’inconnu, la magie de la découverte. La force de faire des erreurs et de se relever.
Elle se sentait à l'étroit dans cette famille pourtant dévouée, qui faisait de son mieux pour l’inclure. Elle ne manquait pas d’amour, cela était certain, mais elle se sentait différente. Tellement différente.
Sa magie gagna finalement de l'ampleur, lui offrant ses premières visions, au grand soulagement de ses parents. Alecto, tiraillée entre le contentement de ne pas les décevoir et le découragement de se savoir pour de bon nécromancienne, fit bonne figure. Elle s’appliqua comme elle put à l’Académie, suivant également les enseignements sages mais énigmatiques de sa grand-mère, rares moments où elle se sentait plus en phase avec ses pouvoirs. Ce ne fut que lors du rituel, alors qu’elle recevait les précieux conseils de lea Tisseur⋅se, qu’un véritable déclic s’opéra chez la jeune fille. Alecto comprit que la peine n’était pas à fuir, elle était ce qui nous connectait. Bien plus que toute autre émotion, la peine nous unissait en des liens indescriptibles. Des liens qui deviendraient sa force. Loin de devenir totalement à l’aise avec la nécromancie, ce moment fut formateur, le premier pas vers sa destinée, un chemin encore long et semé d’embuche, mais un chemin qui semblait dorénavant moins terrifiant.
Qui peut dire si nous faisons nos propres choix, ou si nos choix font de nous ce que nous sommes ? À 18 ans, Alecto fit l’un de ses choix qui bouleversent une vie. Le choix de la force plutôt que de la peur, de la fierté plutôt que de la honte, de la lumière plutôt que de l’ombre. Lasse de vivre un mensonge pour préserver ses parents, Alecto décida de vivre sa vérité, peu importe le prix. Et si elle s’était préparée à la violence que serait son coming out, rien n’aurait pu la préparer à la brutalité de la vie d’après. Il y a eu les cris, les pleurs, les insultes, et même les coups auxquels elle s’attendait. Beaucoup de souffrance, mais aucune surprise. Pourtant, elle ne s’était pas imaginée, pas même dans ses pires cauchemars, que ses parents ne la mettraient à la rue. Bêtement, elle s’imaginait que malgré tout, ils l’aimaient assez pour ne pas la laisser sans toit, sans argent, sans famille. Elle s’imaginait que l’une de ses sœurs prendrait sa défense, plaiderait sa cause, lui laissant au moins le droit de cohabiter, le temps d’avoir les moyens de partir décemment. Mais rien. En quelques secondes, elle était devenue un monstre qui ne méritait pas leur amour, pas même leur pitié. En quelques secondes, elle avait tout perdu.
Se reconstruire fut difficile. Dépression, idées noires, lassitude de la vie. Elle, la petite lumière pleine de vie, elle s’éteignait.
À quoi sert de vivre libre, quand on vit sans amour. Mais l’amour, elle le retrouva. Dans une famille choisie, une famille qui, comme elle, avait vécu la douleur, mais choisissait chaque jour le bonheur. De bric et de broc, iels la remirent sur pied, cette petite lumière qui continua de briller. À ses côtés dans les rires et dans les pleurs, l’aidant à trouver un job, essuyant ses larmes après une rupture.
La maintenant à flot après un viol. Iels étaient là, toujours, pot de glace, paquet de mouchoirs ou bouteille de vodka à la main selon le besoin, iels étaient là et ne bougeraient pas. Lea Tisseur⋅se l’avait dit après tout, la peine nous liait. La peine
et l’amour.
Magie grandissante, magie effrayante. Ces visages, ces voix. Ces cris, cette souffrance. Toujours cette souffrance. La mort qui n’était plus aussi effrayante, face aux douleurs de la vie. De la survie. Par la force des choses, comme prédestinée, Alecto côtoyait surtout des spectres tourmentés, orageux. Emplis de tragédies et de douleurs. Femmes, trans, queers,
battu⋅e⋅s, violé⋅e⋅s, torturé⋅e⋅s, tué⋅e⋅s. Fort⋅e⋅s mais brisé⋅e⋅s. Et elle comprit alors. Elle comprit pourquoi elle, qui ne rêvait que de soleil et de vie, était si souvent perdue dans les ténèbres. Elle ne devait pas les fuir. Ils étaient sa force. Elle devait apprendre d’eux, ne pas laisser ces morts disparaître dans l’oubli, leur redonner une voix. Trouver pour eux la justice. Il était là son soleil, cette force lumineuse qui, dans tout ce malheur, trouvait son chemin. Pas plus grand courage que de voir autant de choses terribles, mais de se lever chaque matin et trouver la beauté autour de soi. Pas plus grand courage que de garder la flamme de l’espoir en vie.
À l’image de la déesse éponyme, l’implacable vengeresse torturant les criminel⋅le⋅s, au temple, cet asile inviolable, véritable sanctuaire de la justice, Alecto sembla enfin faire corps avec sa destinée. Avec quelques allié⋅e⋅s, elle mit en place une association queer et féministe, luttant contre les violences de genre, les lgbtphobies, ce système capitaliste injuste, violent, mortifère. On se laisse briser par le système, ou on brise le système. Au local où toustes sont les bienvenues, on se trompe ensemble, on apprend ensemble. On pleure ensemble, on rit ensemble. On lutte ensemble. Capharnaüm d’idées, d’espoirs, de volontés éparses. On y trouve un refuge si l’on est à la rue. On nous aide pour obtenir justice. On nous guide dans les démarches médicales. On y organise des manifestations pour les causes qui nous tiennent à cœur. On s’y réunit pour rire, pour trouver un peu de chaleur, d’affection. On y garde notre petite lueur d’espoir allumée, en attendant des jours meilleurs.