Ethel Cyrius Hasting ⨳ le faiseur de rêves

A depuis longtemps perdu l’aiguille de sa boussole, broyé par une vie imposée, la volonté écrasée par la pression familiale. ☽ Douceur que l’on pourrait injustement confondre avec de la faiblesse, car doté d’une sensibilité exacerbée, porteur d’une fragilité pétrifiée dans le marbre, une émotivité qu’il tente de réprimer. ☽ Ne s’ébruite jamais de fausseté ni de colère explosive, davantage prompt à se montrer compréhensif et tolérant avec autrui. Plus qu’envers lui-même, en tout cas. ☽ Capable de passer du rire aux larmes en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, mêlant parfois les deux. ☽ Réfléchi et mesuré, le coeur instable mais l’esprit affuté, profondément humaniste, curieux de tout, généreux, altruiste, créatif et patient. ☽ Observateur, l’oeil et la pensée aux aguets, le réflexe de tout analyser et interpréter. ☽ Le sourire facile et l’humilité naturelle. ☽ Entièrement dévoué à ceux qu’il accompagne, s’efforce d’alléger leurs maux en écoutant leurs mots. ☽ Est comparable à une rivière trop calme et trop docile, dans laquelle il est lui-même en train de se noyer. ☽ L’ivresse de l’affection, distillée et consommée, véritable pot-de-colle sans cesse en quête de tendresse. ☽ Médiateur hors-pair, n’a aucune difficulté à mettre son égo de côté pour le bien commun. ☽ Des aspirations menottées et des envies de liberté muselées. ☽

☾ Été 2001, 7 ans
Propriété des Hasting, Edimbourg ⟡ « Arrête ! Rends-moi la poupée ! » Furieux, le petit garçon s’était élancé à travers la vaste pièce telle une tornade défiant même le vent, à la poursuite de son grand-frère qui venait tout juste de lui dérober la précieuse poupée de porcelaine, qu’il agitait tendrement devant les yeux ébahis d’Esther quelques instants plus tôt. « Viens donc l’attraper ! » L’avait-il nargué en la brandissant tel un trophée, le rire victorieux pour défier son cadet d’accomplir l’exploit ; le malheureux ne courait pas aussi vite que son aîné, si bien qu’il ne dut son salue qu’à la musculature épaisse de leur père qui, sans le savoir, s’était dressé sur leur chemin tel un obstacle infranchissable. Neven l’avait percuté de plein fouet, le menton tourné vers l’arrière pour contempler le visage de son petit frère courant après lui, retombant ainsi lourdement sur le sol. « Eh bien, eh bien… Que se passe-t-il ici ? » Le ton du patriarche n’était point furieux, mais Byron semblait deviner que des chamailleries étaient à l’oeuvre et, avec raison.
      Parvenu jusqu’à sa hauteur d’un souffle court, Ethel avait arraché la poupée des mains du voleur en lui flanquant un coup de pied dans la jambe, lui extirpant ainsi un gémissement de douleur. « Jeune homme ! » Les mains sur les hanches, Kali s’était avancée en écarquillant les yeux qu’elle avait fixé sur son fils encore debout, les lèvres pincées dans une expression contrariée. « Ce ne sont pas des manières ! » « Il a volé la poupée d’Esther. » Avait-il tenté de justifier en gardant ses sourcils froncés, soutenant le regard de sa mère bien qu’il avait incliné le menton vers le bas, inflexible dans son propos. « Ce n’est pas une raison. » « Si. » Si l’insolence primaire du gamin déplaisait grandement à Kali, sa force de caractère avait semblé dérouter Byron qui, mordant dans le coin de sa lèvre, lançât un regard attendrit à son épouse avant de tendre sa main pour aider son fils à se relever. « Il m’a fait mal. » Grimaçant de douleur, il avait frotté sa jambe heurtée sans attendrir le plus jeune qui, bras croisés contre son buste, tenait fermement la poupée dans sa main, craignant peut-être qu’on ne lui dérobe de nouveau. « Oh, plains-toi ! Tu l’as bien cherché. » Le blessé, qui feindrait presque un boitement pour tenter l’apitoiement de ses parents, avait grimacé en lançant un regard courroucé vers son cadet, qui lui répondit sans crainte. « Vos enfants vont avoir raison de moi. » Avait affirmé Kali en penchant légèrement son menton sur le côté, ses yeux malicieux effleurant le visage de son époux avec une certaine tendresse, tandis qu’il passait un bras affectueux autour de sa taille afin de l’accueillir contre son torse. « Ce sont MES enfants, très chère ? » « Quand ils sont incorrigibles, oui ! » La complicité évidente entre les deux époux permit aux enfants de décolérer, tandis qu’ils s’élançaient tous deux dans d’autres jeux, en ayant déjà oublié les raisons de leur querelle.

☾ Mai 2002, 7 ans
Propriété des Hasting, Edimbourg ⟡ La pluie battait sans cesse, ce jour-là. Sans savoir pourquoi, les enfants, exceptionnellement rapatriés de l’Académie, avaient été rassemblés dans l’immense salon du premier étage, assis les uns contre les autres dans le grand canapé face à la cheminée qui crépitait, troublant le silence qui s’était imposé de lui-même, jusqu’à ce que la voix de Byron, assis dans un fauteuil en face d’eux, résonne avec gravité. « Mes enfants… » Le patriarche n’était plus affublé de son ton naturellement revigorant, car désormais accablé d’un chagrin immense que les plus jeunes ne purent déceler. En avançant son torse, il avait remué ses lèvres en semblant chercher ses mots, ne sachant comment formuler la sentence. « Votre soeur est morte. » Il y eut le silence, à nouveau. Un silence si long qu’on aurait pu croire que la liaison, entre tous, avait été coupée. « Esther est morte. » Le visage de Byron avait été tout à coup saccagé par la peine, et une plainte terrible était sortie de son corps : Ethel avait alors songé qu’il n’avait jamais rien entendu d’aussi déchirant.
      Avant de se séparer, ils s’étaient enlacés, longuement, en pleurant au milieu du silence, sans trop faire de bruit, les uns contre les autres, comme si cela pouvait consoler la peine immense qu’ils partageaient. Kali n’était pas là, elle ne pouvait être là. Elle était couchée dans le lit conjugal, assommée par des médicaments ayant fait taire ses hurlements ; on avait réprimé sa douleur, on avait voulu la rendre muette, alors qu’elle avait la seule réaction sensée et cohérente face à ce désastre : n’avait-elle pas perdu son enfant ? Entre deux prises de médicaments, la douleur criait à nouveau, grondait dans sa poitrine, déchirait ses lèvres, usant sa gorge, puis éclatait. Le deuil est organique, physique, mais le sien fut étouffé.  Ethel, enlacé dans les bras de son père, ne savait pas encore à quel point la douleur et le silence allaient les éloigner les uns des autres.

☾ Printemps 2012, 17 ans
L’Académie, Edimbourg ⟡ « Où est Cassiopee ? » Les bras croisés contre son buste, Ethel avait lancé un regard circulaire autour de lui, rapidement imité par sa cousine qui se positionnait à sa gauche, et dont le mouchoir brodé à ses initiales venait délicatement tamponner le maquillage ayant coulé de sa paupière. « Au centre de l’attention, sans nul doute. » La réponse le fit sourire avec candeur tandis qu’il tirait sur le tissu de sa chemise aux boutons de manchettes en or, avant d’appuyer son épaule contre le mur. « Vous ne lui avez toujours pas dit ? » Demanda-t-elle en sortant un poudrier de son sac-à-main, appliquant la houppette contre son teint ambré sans encore le regarder, étant tout à fait subjuguée par son propre reflet. « Non… » L’aveu l’avait miné, et il n’avait eu nul besoin de cogiter pour augurer le sujet qu’elle souhaitait aborder. Cassiopee n’est pas reliée à la famille Hasting par le sang, mais seulement par les papiers signés lors de son adoption, alors qu’elle n’était encore qu’un bébé. Un enfant perdu, un enfant retrouvé. C’est grâce à cette petite fille abandonnée à la naissance que Kali avait accepté de sortir de son lit après des mois passés à être alitée, qu’elle avait recommencé à s’alimenter, à parler, à rire, à sourire… À vivre. Personne n’a jamais eu le courage de dire la vérité à cette petite fille devenue adolescente aujourd’hui. « …Mon père ne voit pas l’intérêt. » Le poudrier avait émis un claquement sonore lorsqu’elle l’avait refermé à l’aide de ses doigts manucurés, posant enfin ses longs cils noirs sur le visage de son cousin. « Si elle l’apprend de la bouche d’un autre, ce sera pire, tu le sais ça ? » Il avait hoché la tête en baissant les yeux, venant malmener l’intérieur de sa joue par de vilaines morsures nerveuses. Bien sûr qu’il le savait. Mais ce n’était pas à lui de décider : la stricte éducation reçue le cantonnait au rôle qui était le sien, et il n’était pas question de sortir du cadre fixé par ses parents. Élève brillant, attentif, sérieux et appliqué, il n’avait jamais eu à rougir de la moindre remarque concernant son attitude : comme tous les Hasting avant lui, il faisait honneur au nom qui était le sien. « Allez, viens. On retourne en classe. » Ayant balayé le sujet avec légèreté, elle lui avait offert un sourire enjoué avant de repositionner correctement la anse de son sac sur son épaule, intimant le premier mouvement pour regagner la salle. Lui, l’épaule contre le mur, avait observé sa petite soeur durant quelques secondes de plus, en redoutant le jour où il ne pourrait peut-être plus la nommer ainsi.

☾ Hiver 2018, 24 ans
Campus de l’Université d’Oxford ⟡ « C’est n’importe quoi… » Nyx se mordit la lèvre inférieure en ouvrant de grands yeux tandis qu’Ethel gloussait, arborant fièrement le tatouage fraîchement piqué sur la peau de son bras. « Maman va te tuer ! Si l’infection ne le fait pas avant. » Elle avait grimacé avec un certain mépris, plissant jusqu’à ses paupières en tordant sa bouche dans un mauvais rictus, pendant qu’il haussait simplement les épaules avec dédain. « Il va très bien, mon tatouage. » « Vivre parmi eux ne te va pas du tout. » Quelque peu dépassée par les fantaisies de son frère, elle avait élevé ses sourcils en apportant son gobelet à ses lèvres afin d’en boire une gorgée, avant de déposer une main câline sur son épaule, l’expression davantage sérieuse à présent. « Et toi, comment tu vas ? Tu as l’air fatigué. » Il pourrait s’en offusquer mais il n’en fit rien, sachant démêler l’inquiétude derrière la raillerie. « Je le suis, mais ça va. » La main câline avait alors glissé de l’épaule à la joue, comme pour jauger de la teneur des traits tirés ; assurément, son petit frère ne dormait que trop peu et cela la chagrinait. « Tu as bientôt fini. Ensuite, tu pourras rentrer à la maison. » Il prit une fine inspiration en resserrant ses mains autour de sa boisson, ses yeux s’éloignant du visage familier pour se perdre dans le paysage du campus, rassemblant tout son courage pour nuancer l’affirmation. « Si je réussis ma thèse, oui. » Nyx, pressant ses lèvres l’une contre l’autre, avait enfoui un instant le bout de son nez rouge dans son écharpe, avant de reprendre. « Il n’y a aucune raison que tu échoues. Tu es un Hasting. » Ce fut un argument de poids, et le poids s’était répercuté sans attendre sur ses épaules déjà lourdes d’une pression immense. Rien ne saurait être trop grand pour cette famille dont l’entreprise familiale constituait un véritable empire dans le monde des sorciers, ces derniers étant à la tête d’une banque privée. Enfin, à la tête, c’était surtout son frère aîné et ses deux soeurs. « J’espère, on verra bien. » « Tu as réussi tout ce que tu as entrepris, jusqu’ici. Je crois en toi. Tout le monde. Mais… » Elle avait suspendu sa voix en même temps que sa main qui s’éloignait, obligeant le cadet à revenir auprès d’elle en fronçant légèrement ses sourcils, soudainement soucieux. « Mais ? » « Le poste dont je t’ai parlé est toujours à pourvoir. » Il comprit alors pourquoi elle avait tant insisté pour lui rendre visite ; ce n’était assurément pas le manque qui avait poussé Nyx a quitté Edimbourg pour Oxford, et quand bien même aurait-il dû s’y attendre, il en fut largement déçu. La désillusion avait coupé ses lippes en deux, si bien qu’il avait eu un sourire de tristesse en baissant son menton pour contempler ses pieds, sentant son coeur s’alourdir d’une déconvenue qu’il faudrait, encore une fois, passer sous silence. « Je n’ai pas changé d’avis et cela n’arrivera pas. Je ne veux pas travailler dans la finance, je veux aider les autres. »

☾ Automne, 2022, 28 ans
Jaipur, Rajasthan (Inde) ⟡ La douce chaleur qui accompagnait la brise vint s’infiltrer dans ses cheveux sombres, mis en bataille depuis bien trop longtemps pour qu’il ose encore vouloir les discipliner. Derrière lui, la terrasse de leur chambre d’hôtel surplombait le lac paisible, sur lequel se reflétaient les derniers rayons du soleil qui s’échappait à l’horizon, propageant de vives couleurs chaudes dans le ciel. Installé sur un confortable canapé d’extérieur, Ethel était plongé dans les pages d’un roman qui dessinait, comme un aveu de plaisir, le croquis d’un sourire sur ses lèvres : le monde aurait pu s’écrouler autour de lui qu’il aurait juste voulu terminer le chapitre. Il n’entendait même plus le chant des oiseaux, ni le vent qui murmurait à ses oreilles, et encore moins les carillons suspendus qui tintaient ici et là… Il n’y avait que sa voix pour le sortir de ses rêveries. « Je te cherchais. » Véritable nymphe, Isa avait déambulé sur la terrasse de sa démarche élégante, suffisamment captivante pour qu’il abandonne son récit : ses yeux amoureux dévoraient le corps quelque peu dévêtu de sa compagne qui, sans attendre, était venue se nicher dans ses bras, sa joue contre sa clavicule et ses mains déposées auprès de son buste. « Tu dormais, je ne voulais pas te réveiller. » Avait-il soufflé en l’enlaçant de ses bras, une main dans son dos et l’autre perdue dans sa chevelure, ses lèvres déposant un tendre baiser sur le sommet de son crâne tandis qu’elle fermait les yeux. Ici, loin de tout, ils étaient en paix et, bientôt, lorsqu'ils seront mariés et qu'il pourra enfin déménager, cette paix ne les quittera pas.
      Les paupières d’Isa s’étaient fermées, doucement, et elle s’était endormie en un rien de temps. Là, sous le décor apaisant d’une contrée accueillant leur liberté partagée, il l’avait observée, un moment. Sa respiration de plus en plus profonde, ses boucles entortillées autour de son visage, les grains de beauté parsemant son cou… Il avait embrassé son front en caressant ses cheveux, véritablement heureux, peut-être, pour la première fois depuis bien longtemps. Mais il était loin de se douter, en cet instant, que celle qu’il tenait dans ses bras, celle qui signifiait poésie dans son esprit, allait bientôt faire rimer amour avec tragédie.

☾ Fin janvier 2024, 29 ans
Edimbourg ⟡ « Il faut que je te dise quelque chose. » Il entendit sa voix, fébrile et hésitante, portée de l’autre côté de la table, et il entreprit alors de tourner la tête pour lui sourire avant même de pouvoir la regarder. « Mais tu dois me promettre de ne pas partir… » Ce qu’elle lui demanda lui fit arquer un sourcil de perplexité, mais il prit une gorgée de son verre comme pour lui laisser le temps d’organiser son discours puisque, de toute évidence, elle peinait à trouver ses mots. « Tu peux tout me dire, tu le sais. » Tendant ses deux mains à travers la surface de la table, il lui offrit ses paumes ouvertes en l’encourageant silencieusement à les prendre, lui intimant, avec cette douceur naturelle si caractéristique de sa personne : « Je peux tout entendre. » Ou presque. « J’ai couché avec Rory. Encore. » La trivialité de l’annonce lui fit tourner le menton de quelques degrés, de la même façon que l’on brandit un bouclier pour se défendre d’une attaque. La révélation fut d’une violence dont il aurait aimé être épargné, mais elle ne prenait jamais vraiment cette peine, Isa. Retirant ses mains des siennes d’une glissade contrôlée, ses avants-bras coulissant sur la surface de la table, il l’avait fixée quelques secondes en reculant sur sa chaise, ses yeux examinant son visage sous toutes les coutures comme s’il essayait de démasquer l’imposture derrière son silence. Mais il n’y en avait aucune, et l’expression d’Isa traduisait à quel point elle saisissait, elle-même, la gravité de sa révélation. « Qu’est-ce que tu viens de dire ? » Oh, il avait parfaitement entendu ce qu’elle venait de lui annoncer sans nuance et sans détour, et il n’avait guère envie qu’elle le répète, tout autant qu’elle ne devait pas avoir envie de le reformuler d’ailleurs. Alors qu’elle tentait de justifier son écart — qui n’était pas le premier, il la coupa net. « Ça s’est passé quand ? » Quoique son coeur battait à une vitesse alarmée et qu’il sentait chacun de ses membres trembler, il ne baissait pas les yeux, pas un seul instant, et la colère brutale avec laquelle il la fixait jurait avec la douceur qui était d’ordinaire la sienne. « Laisse-tomber, je ne veux même pas savoir, en fait. » « Je suis tellement désolée… Je regrette, si tu savais… » Alors qu’elle cherchait à attraper l’une de ses mains, il sentit les traits de son visage se durcir, comme pour mieux encaisser la nouvelle. Ses propres mains se cachèrent sous la table pour qu’elle ne puisse les saisir, et elle se remit à parler sans qu’il n’écoute la moindre syllabe. Il avait cru en elle, en eux. Mais c’était terminé.
      Il avait trouvé des excuses à toutes les erreurs qu’elle avait commises, prenant sa défense lorsque sa famille lui disait qu’elle n’en valait pas la peine, ne fléchissant jamais dans l’engagement qu’il avait pris auprès d’elle, mais il n'avait plus la force, ni l'envie, de poursuivre en cette voie. « Ça ne recommencera plus, je te promets. » La nervosité se rompit juste pour qu’il lâche un petit rire désabusé, et il était resté quelques secondes ainsi, la tête baissée, avant qu’il ne glisse ses mains auprès de son propre visage pour replacer quelques mèches de ses cheveux derrière son oreille. « Tu as raison, oui. » Levant alors le menton en sa direction, ce fut à son tour d’abattre la sentence sans détour : « Parce que c’est fini. » Et puisque la condamnation avait été proclamée, il s’était levé de sa chaise pour récupérer son manteau, qu’il enfila à la hâte tandis qu’elle le suppliait de rester. « Je vais changer, je te le promets ! Je veux encore de cette vie avec toi, tu es le seul qui compte, le seul que j’aime… » Elle s’était accrochée, avec ses deux mains, à son bras pour le retenir, et il aurait pu lui rire au nez s’il avait été cruel ; mais cruel, il ne l’était point. « Et ensuite ? Ce sera quoi la prochaine erreur que tu me demanderas de pardonner, hein ? Quelle lubie il te reste à cocher, dis-moi ? » Il n’avait pas haussé le ton, mais il s’était libéré de son étreinte en secouant son menton de gauche à droite, tandis qu’il essayait de contenir les larmes qui bordaient progressivement ses paupières, et qu’il se refusait à épancher en sa compagnie. Assurément, elle ne méritait plus rien de lui, pas même ça. « Il n’y a plus rien à dire. C’est terminé. » Avant de partir, il ne put s’empêcher de regarder la bague qu’elle portait, et qu’elle n’avait point honoré : il lui rendait donc sa liberté en même temps qu’il récupérait la sienne.


— ARBRE GÉNÉALOGIQUE —

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— RÉSUMÉ DE LA CHRONOLOGIE PAR DATES —

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Quelques tatouages sillonnent sa peau, des actes de rébellion savamment réprimés par ses parents. ☽ Peur de perdre le contrôle, des pensées parasites et toxiques qu’il faut apaiser par le biais de rituels : quelques tocs étroitement entrelacés à son quotidien, rien qui suffise à le tourmenter cependant. ☽ Lecteur compulsif, bibliothèque qui déborde, n’en finit plus de collectionner les livres. ☽ Modèle de politesse, maîtrise le politiquement correct comme nul autre, diplomate dans l’âme. ☽ La peinture comme exutoire, le dessin pour second langage, la seule échappatoire que ses parents ne peuvent contrôler. ☽ Forte sensibilité à la lumière naturelle de l’astre brûlant, ne foule jamais l’extérieur sans ses lunettes de soleil & sa crème solaire. ☽ Sans pouvoir se vanter de posséder une mémoire eidétique, il n’oublie que rarement les informations qu’on lui confie. ☽ Une appétence pour tout ce qui est sucrée, surtout les bonbons acidulés. ☽ N’a pas peur de rejoindre les dédales pavés des non-sorciers pour assister à des colloques, toujours en quête de savoir. ☽