Identité - Un mot, pour définir. On nomme souvent l’immuable et l’absolu, pas le fluctuant, et celle qui est née sans nom n’a rien d’une réalité parfaite. Fille. C’est ce qui était simplement marqué sur son bracelet le jour de sa naissance, un mot puisqu’il en faut bien un. Fille, ce n’est pas fait pour perdurer, cela ne distingue pas assez. Greenberg alors, comme le passage de la rivière de Wyman’s Wood à proximité de l’orphelinat, et Phebe, parce que pourquoi pas après tout. Phebe Greenberg, c’est ce qui était inscrit sur ses papiers avant qu’elle ne devienne personne. Une bête de foire, expérience dérangeante et attrayante, dangereuse inconnue. Ensuite, elle ne pouvait pas redevenir celle qu’elle n’était plus et revêtir ce mensonge, alors Phebe la grande mua en Letha l’oubli, et Greenberg, un nom sans valeur qui ne représentait rien, changea en Stone. Porte également avec une certaine fierté le surnom de Bear au sein de sa meute.
Naissance - Elle est née à Salem, USA, le 15 Juin 1988. A donc 35 ans.
Nationalité & Origines - Ce qu’elle sait de ses origines se résume à ce qui est marqué dans son acte de naissance : juive ashkénaze afro-américaine. Elle est de nationalité américaine.
Magie & palier - Sauvage, quand ses jambes ploient pour se préparer à bondir, canines au clair, crinière masquant ses pupilles dilatées. Elle est l’instinct bestial et le grognement de l’ours blessé, la survie de l’âme et l’harmonie des êtres. Les sombres pulsions et l’appel du sang, quand la Bête rôde dans son ombre - et la peur de s’y perdre encore, une fois de plus, une fois de trop. Créature inhumaine, pas elle, pas elle non. Tu n’es personne. Quand il faut en parler, le mentionner seulement, Letha se dit zoomancienne de second pallier – mais c’est éluder, ne pas montrer. Les autres ne sont pas viciés comme elle.
Familier - Sir Patoune est un lapin ‘Géant des Flandres’ au pelage gris clair. Il a probablement eu un autre nom avant, mais elle lui donne celui-ci lui au moins depuis leur évasion. Le familier, profondément traumatisé, a perdu l’usage de la parole et ne communique plus avec sa sorcière que par les gestes et les émotions. Sir Patoune est peureux. Il déteste tout ce qu’il ne connait pas et vit très mal tout changement rapide de cadre. Sir Patoune aime beaucoup la roquette et les câlins aussi, même quand roulent les larmes amères.
Tuer le temps - Bear est une louve, quand bien même l’ironie la fait rire souvent. Elle protège les siens, celles et ceux qu’elle a choisi et qui l’acceptent en retour sans trop poser de questions. Aux yeux de tous, elle officie comme videuse du Friday 13th, mais ne se révèle vraiment que les rideaux fermés, quand il s’agit d’écarter la menace pour que jamais plus sa famille ne soit prise pour cible, même dans les magouilles et l’illégalité.
Philtre d'amour - Elle aime fort l’oubli, dans la reddition des corps et les soupirs haletants. S’égarer vers l’autre jusqu’à ne plus se savoir et se sentir importante quand rien n’importe – elle, désirée malgré ses fêlures. Elle aime qu’importe les corps et les genres parce que son désir n’a pas de frontières. Construire c’est difficile alors elle laisse partir et revenir parfois, ne se lie pas.
L'enfer c'est les autres - Foncièrement rien à branler. Connait les méandres de la noirceur de l’âme et sait que les sorciers ne sont pas si différents des humains. Tous peuvent basculer. Tous sont dangereux. Son attitude naturelle reste le repli et on pourrait l’imaginer isolationniste.
Caractère
Peu loquace – Irrévérencieuse – Intimidante – N’aime pas les règles – Positions tranchées – Egoïste, plaisirs immédiats - Impatiente – Dépendante – Méfiante – Loyale et protectrice envers les siens - Instable
Letha observe et juge, silencieuse. Elle n’aime pas l’humanité. Elle se méfie de vos sourires. Il y a ses grognements d’abord, amusés ou hautains, et le mépris dans chaque geste, chaque posture. Il y a ses semelles contre le mur et le majeur levé au monde, la voix rauque qui se tord d’une promesse menace, le sourire carnassier.
Elle a peur de la violence. Ce n’est pas vraiment quelque chose qui s’avoue, surtout quand on occupe sa position. Ce ne sont pas les chocs ni la douleur qui l’empêchent de dormir mais la Bête qui rôde, l’instinct qu’elle porte et qui veut toujours plus. Faire mal. Briser. Arracher. Sentir le frisson plaisir aux hurlements de ses ennemis. Ne plus être humaine jamais mais personne, celle qui ne vibre que dans la souffrance, et un jour ne plus se retrouver.
Parfois, Letha prend des allures de petite fille. Les épaules qui se haussent et le regard humide et fuyant, les genoux serrés contre son torse. Son rire quand elle s’extasie d’un spectacle, ses sautillements enthousiastes quand elle ouvre un cadeau. Elle aime les plaisirs simples et immédiats – la pluie d’automne sur le capot d’une voiture à l’arrêt, une généreuse tasse de chocolat chaud avec quelques chamallows, le crépitement d’un feu de bois et l’acidité pétillante des bonbons ou d’une tranche de citron – plaisirs qui sont toujours pour elle avant les autres. Certaines choses ne se partagent pas.
Sa loyauté envers les siens est sans faille, quoi qu’elle puisse laisser penser dans ses accès de colère et ses yeux levés au ciel. Jamais plus quelqu’un leur fera du mal. Jamais plus elle ne restera en retrait quand trop est en jeu. Jamais plus quelqu’un d’autre qu’elle ne portera le fardeau des cris et du sang si elle peut l’éviter.
Dépendante à l’humanité et à la tolérance des siens, celles et ceux qui lui montrent encore la lumière à aller chercher sans trop la brusquer, qui ne posent pas trop de questions. Dépendante aux produits pour faire taire les souvenirs quand la cage se fait trop présente ou que la Bête rode dans son ombre, prête à faire sortir les crocs, prête à sauter à la gorge.
Histoire
1988 : Naissance sous X à Salem sorcier.
Phebe n’en connaîtra jamais la raison, et se contentera des quelques informations glissées dans son acte de naissance. L’enfant est placée à l’orphelinat.
1994 : 6 ans. Entrée de
Phebe à l’Académie. La petite fille est moins intéressée par ses camarades que par sa magie et les animaux, comme de nombreux zoomanciens avant elle. Après les cours, elle passe beaucoup de temps à les observer dans la petite forêt à côté de l’internat et leur raconte ses petites victoires et ses peines.
1999 :
11 ans.
Phebe intègre le club de danse, et se révèle plutôt douée. Le sport lui permet de nouer plus facilement des liens avec les autres et lui apporte une assurance qui lui manquait jusqu’alors.
2002 :
14 ans. Les notes de l’adolescente sont en chute libre. Les cours l’intéressent peu, en dehors du sport, de la zoomancie et de l’art. Elle entre dans des rapports conflictuels avec les figures d’autorité, passe de plus en plus de temps dehors à trainer avec sa bande et se rêve rebelle révolutionnaire.
2005 :
17 ans. Le jour de l’offrande des récoltes,
Phebe fait la rencontre de River, nouvellement arrivée à Salem et aspirante danseuse de l’aube. Une connexion très forte se noue rapidement et River devient rapidement une figure de modèle pour la jeune femme. Elles se réunissent souvent pour danser ensemble dans la forêt, et River parvient à canaliser l’énergie de son amie vers de nouveaux objectifs.
2007 :
19 ans. Phebe est la seule de sa promotion à ne pas obtenir son examen de fin d’études à cause d’un échec cuisant dans plusieurs matières dont les redoutées mathématiques. Elle envisage de tout plaquer, convaincue de ne pas avoir besoin de ça pour faire ses preuves – avant que son nouveau rêve ne la rattrape.
Oh Phebe, tu as besoin de ce bout de papier pour danser l’aube un jour. 2008 :
20 ans. Diplôme en poche, la jeune femme décide de prendre son envol. Elle veut voir plus, vivre plus et faire des rencontres qui bouleversent, quand un quotidien d’habitudes dans la familière Salem l’effraie. De passage, Phebe vit avec des petits boulots ou du bénévolat – suffisants pour ses petits besoins et pour lui laisser du temps pour apprendre, vivre, danser.
2010 :
22 ans. A Cracovie, un compagnon de route trahit sa confiance. Eméchée après une soirée animée en ville,
Phebe ne sent pas venir le danger et perd conscience avoir bu dans un verre de trop. Au réveil, une cage dans un sous-sol et des inconnus masqués l’observant. Personne ne répond à ses questions. Personne ne réagit quand elle hurle. On l’observe simplement en prenant des photos et des notes, et après d’interminables heures de lutte, on lui administre sa première dose de drogue de combat. La mémoire se brise, les images sont floues, mais elle entend encore les cris surexcités quand elle entre dans une autre cage, sent encore les os de son adversaire craquer sous les poings fermés. Était-ce la première fois ? Tout se confond, tout se ressemble. La solitude. Les silhouettes silencieuses. Les photos. La drogue, l’adrénaline et le vide. La rage. Le sang.
Tu n'es personne.
Tu n’es rien.La solitude. Les cris. Les barres de métal qu’elle essaye de forcer, les corps silencieux qu’elle essaye d’atteindre. Les rires. Les notes. La drogue, l’adrénaline et le vide. La rage. Le sang.
Tu n’es personne.
Tu n’es rien.Le mur qu’elle fixe des heures, hébétée. Ses rires, quand elle imite leurs voix. Le manque, quand l’heure tarde, la nausée et les sueurs, l’envie de crever. La drogue, l’adrénaline et le vide. La rage. Le sang.
2012 :
24 ans. Parfois le décor change sans fil logique, elle probablement inconsciente lors des voyages à moins que la mémoire n’ait pas absorbé dans la perte et la confusion. Elle oublie. Tout se trouble dans le non-sens, quand plus rien n’est important que l’adrénaline et la fureur. Quand ses pensées se taisent enfin. Il y a ces regards un jour et de la pitié qui y perce alors qu’elle tangue dans la terre froide – et l’échange silencieux qui marque, parce qu’il n’y a ni peur ni dégout, parce qu’elle pourrait presque s’y accrocher – puis l’oubli. Il y a ce bleu vase et ce brun terre à nouveau, quand la porte s’ouvre dans l’attente, et l’hébétude indécise, les mots qu’elle ne comprend pas. La gestuelle douce et les embruns de confiance, pas la punir, pas la punir non. La peur face à ce saut dans l’inconnu. Sir Patoune, le museau dans son cou, le pelage terne, et l’écume qui monte. Ça ne fait pas sens. Il y a ce vert eau et ce brun fauve, les murmures rassurants et l’envie d’y croire, parce qu’elle n’en peut plus, parce qu’il mourra s’ils continuent. Elle hoche la tête et prend la fuite.
Elle n’aime pas le repère, quand on se soucie d’elle et qu’on lui dit de se reposer. Elle n’a pas les mots pour répondre aux questions qu’on lui pose. Elle hurle quand on lui répète qu’il n’y a pas de dose pour elle ici, quand son corps se consume et que la sueur froide détrempe ses draps, et elle pourrait tout casser et faire du mal sans ces yeux posés sur elle, attentifs mais humains. Elle sursaute quand de simples pas font crisser le parquet.
J’veux pas y retourner, non, pas la fosse. J’veux pas, j’veux pas, j’peux pas. Pendant ses nuits sans rêves, elle se revoit enfant mais tout est distant et étrange.
Phebe. Phebe. Non, c’est pas moi. Je suis personne. S’il y a un enfer sur terre, il est certainement en elle.
2013 :
25 ans. Le grand silence. Elle ne parle toujours pas, à peine quelques mots quand il le faut vraiment. Le moindre geste semble lui demander un effort indescriptible, mais petit à petit elle se remet en mouvement, parfois grimaçante, paralysée par ses abysses. Un pas, puis l’autre, un souffle encore, parce qu’il faut bien vivre. Survivre.
2014 :
26 ans. Cat et Red s’attirent des ennuis, et s’ils ne lui en parlent pas elle voit et comprend. Intervient une nuit, dans les cris et les flammes, les fractures et le sang. L’événement marque le début de son implication dans la petite bande, parce qu’elle ne peut se résoudre à les laisser seuls face aux risques. Elle a besoin de ces yeux quand elle sombre. Elle devient
Bear, grognements et force sauvage, une mise en garde quotidienne de cette Bête qu’elle peut devenir.
Le Friday 13th ouvre ses portes pour la première fois.
Bear est d’abord réticente à l’idée d’obtenir un salaire mais accepte à contrecœur. A chaque début de mois, une partie conséquente des fruits de son labeur est reversée à renfort de grognements à ses « patrons » pour l’échanger contre de l’herbe et quelques drogues de synthèse. Cat et Red s’opposent d’abord mais comprennent qu’elle se procurera ces produits de toutes façons, quand eux peuvent au moins attester de leur qualité.
Bear utilise cela comme échappatoire quand elle veut arrêter de penser, et surtout, surtout, ne plus se souvenir.
Avec son travail, elle a besoin d’un nom civil, officiel si possible. Ses compagnons l’accompagnent dans ses démarches auprès de Salem, et elle devient
Letha Stone.
2017 :
29 ans. Bear prend de plus en plus d’assurance dans sa nouvelle vie. Elle communique davantage avec ses proches, sort seule de temps en temps et commence à militer pour diverses causes politiques qui lui sont chères.
2019 :
31 ans. Red est tué lors d’un règlement de comptes.
Bear est terrassée par la nouvelle. Sa responsabilité. Son excès de confiance. Se mûre un temps dans un silence coupable et refusera à ce jour de l’évoquer simplement, quittant la pièce dans le fracas à chaque fois que son nom est murmuré. Le Friday 13th déménage du côté sorcier et elle s’installe dans un squat. Prend son rôle de protectrice beaucoup plus au sérieux et ne laisse plus jamais ses compagnons se défausser quand elle estime sa présence nécessaire.
2024 :
Aujourd’hui. Elle fait de son mieux. Ce n’est pas forcément bien, souvent maladroit, trop vif et brutal parfois, irrévérencieux toujours. Sa vie est une lutte quotidienne pour retrouver la lumière, devenir cette présence positive qui construit au lieu de détruire mais elle n’est plus seule aujourd’hui. Plus jamais.
- Dates importantes:
1998 : Naissance sous X de Phebe à Salem.
2008 : Phebe quitte sa ville natale pour voyager, découvrir d’autres cultures, d’autres personnes, et continuer de danser pour devenir un jour peut-être danseuse de l’aube.
2010 : Phebe disparait à Cracovie. Retenue captive, on la drogue et la fait participer à des combats clandestins.
2012 : Cat et Red la libèrent et lui trouvent un refuge. Elle apprend lentement à s’ouvrir à ce nouvel environnement.
2014 : Bear rejoint le Friday 13th à sa création. Elle change de nom pour Letha Stone.
2019 : Mort de Red. Le Friday 13th déménage côté sorcier.
2024 : Aujourd’hui.
Au premier regard, on pourrait douter de la pertinence de placer une femme à la carrure aussi légère que Letha à la sécurité. Du haut de son mètre 57, la sorcière reste une adversaire redoutable et expérimentée, capable d’emprunter la vitesse du jaguar ou la puissance de l’ours pour neutraliser ses adversaires ou sortir sans ménagement une bande d’ivrognes trop entreprenants du Friday 13th.
Elle n’a pas de téléphone. Cat a bien tenté de lui faire comprendre que c’était pratique, les quelques achats de portables n’ont jamais été concluants. Ces derniers n’étaient jamais chargés, ou chargés mais laissés à un endroit fixe, ou maladroitement perdus dans la cuvette des toilettes. Letha n’aime pas ça parce que c’est distant et froid, bizarre et contraignant. Elle accepte de répondre au fixe parfois, quand la sonnerie la fait vraiment trop chier. Du reste, les vraies urgences doivent parfois être transmises par familiers interposés.
Letha est anarchiste. Elle n’a jamais considéré Cat comme son patron, et c’est une relation qui la mettrait très mal-à-l’aise. Il est bien plus que ça, et s’il faut bien qu’elle se plie souvent à ses consignes, la zoomancienne considère ça plus comme un service qu’autre chose. Elle ne l’écoute jamais en revanche quand il tente de se passer de ses services et que son instinct à elle l’alarme d’une potentielle menace.
De même, Bear est anticapitaliste. Puisqu’elle ne travaille pas, c’est très étrange de recevoir un salaire. Elle s’en sert pour se procurer ses produits mais ne sait jamais trop que faire du reste. Son logement est un squat. Elle récupère sa nourriture, ses vêtements, ses objets du quotidien – ou les troque contre de petits services. De l’argent alors… C’est chiant. Cat y tient alors elle stocke un peu sur un compte bancaire et offre parfois des chocolats, du pain ou un réveil à ses collègues. Il parait que c’est gentil d’offrir des cadeaux.
Letha sait être extrêmement intimidante. Elle prend à la perfection les moues les plus dérangeantes, sait se positionner dans l’espace pour oppresser, étendre son corps de manière menaçante – et travaille beaucoup sa mise en scène. En dehors du plaisir que cela lui procure, ces techniques sont son dernier rempart avant de devoir cogner, et elle préfère largement qu’on prenne la fuite plutôt que de libérer ses pulsions de violence.
Elle n’aime pas l’humanité mais adore parler aux animaux – ou discuter longuement avec des familiers en ignorant leurs sorcier.e.s. Il n’est pas rare de la voir éclater de rire au passage d’un moineau ou de demander, les pieds trainant le matin, de faire moins de bruit pour la chouette du deuxième.