Hearts like wildflowers - Astyr II

La fête de l'Amour* arrive bientôt. Son anniversaire vient de passer. Et aujourd'hui, c'est un renouveau*. Une nouvelle année qui débute, selon le calendrier lunaire que l'Oracle préfère suivre par habitude et par convenance, plutôt que de célébrer le premier janvier comme le reste du commun des mortels. Oh, ça lui est déjà arrivé.e d'être invité.e à une soirée de réveillon. Mais iel préfère largement le nouvel an lunaire, plus symbolique. Les Vagabonds vivent en fonction des astres noctures, que ce soit la lune comme aujourd'hui ou les pléiades. En tant qu'Oracle, la présence d'Aster est vivement souhaitée. De quoi aurait-iel l'air s'iel ne venait pas ? Aux côtés des enfants des vagues, son coven est l'autre célébrant en priorité cette fête.

Iel s'est levé.e tard aujourd'hui. Peu de temps avant le coucher du soleil en réalité. Comportement normal d'un.e nécromancien.ne, encore plus quand on sait qu'iel va devoir rester éveillé.e toute la nuit durant pour les célébrations. Iel espère pourtant réussir à se dégager un peu de temps. Iel espère également que Zephyr sera bel et bien présent. Il a promis. Mais Aster préfère s'en assurer en lui envoyant un SMS de rigueur. Pendant longtemps, le préparateur des elixirs n'avait pas en sa possession de téléphone portable. Rejet de la modernité, manque d'intérêt pour les biens matériels mais c'est tout de même bien pratique. Quand il n'oublie pas de le recharger ou ne le perd pas chez quelqu'un. Il lui faut également préciser à Zephyr où lea trouver ce soir, iel a été affecté.e aux célébrations prenant place dans les pleines oniriques en compagnie d'un.e oracle oniromancien.ne. Saon collègue nécromancien.ne se trouveras à Old town avec un.e oracle des perles et l'autre moitié du binôme sera présent.e à Leith avec l'autre oniromancien.ne.

 

 

L'astre solaire n'étant plus très haut dans le ciel, Aster décide de prendre son café sur une chaise de son jardin pour profiter des derniers rayons blafards qui ne risqueront pas d'abimer sa peau sensible*. S'iel ne craint donc pas la lumière du jour sur le déclin, l'Oracle estime que le plaid dans le quel iel s'est enroulé.e n'est pas de trop. Reprenant donc son portable en buvant une gorgée de café, un troisième sms est envoyé :

 

Incertain.e de savoir si Zephyr liras les messages ou non, l'Oracle décide de fourrer un hoodie de secours dans son gros sac au cas où. Oh, iel a un plan ce soir. Compte bien profiter de l'alignement favorable des astres. Aujourd'hui c'est un nouveau cycle qui commence en plus d'une nouvelle année. C'est le moment idéal pour de nouveaux projets, de nouvelles ambitions mais aussi... Nouer de nouvelles relations. Commencer une nouvelle histoire d'amour. Enfilant sa longue jupe noire raccommodée quelques jours plus tôt grâce au cours de couture de Davi, disparaissant dans un pull over tout aussi noir et trop large, Corwley s'observe dans le miroir. Ce n'est pas l'outfit le plus sexy de l'univers et de la galaxie. De toute manière, ce n'est pas trop son truc. Iel porte rarement des choses trop près du corps, ou des tenues qui lea révèlent trop. Se sent bien plus à l'aise dans des choses larges, souvent sans trop de genre. Alors oui, le confort primeras sur le reste. Iel ne sait même pas si Zephyr aime particulièrement ça, les tenues plus révélatrices. En fait, iel ne sait pas ce qu'il aime tout court en matière de partenaires, lui qui semble aimer tout le monde. Mais peut-être lea préférer un peu plus aux autres... Du moins c'est ce qu'iel espère. C'est son impression.

Profitant du soleil déclinant pour consulter les augures grâce à son fameux jeu de tarot, Aster esquisse un large sourire. Les célébrations se dérouleront sans encombres. Un peu hésitant.e soudaiment, iel se retiens de demander si Zephyr accepteras son amour ou non ce soir. Préférant pour une fois ne pas faire de tirage personnel, Crowley rassemble ses cartes d'un geste trahissant l'habitude, avant de les fourrer également dans son sac. Parce qu'on ne sait jamais. Qu'iel ne sort jamais sans son tarot, ou sa calculette qui font partie de ses essentiels comme quelqu'un prendrait toujours ses clefs, son porte feuille et son téléphone.
Aujourd'hui cependant, nul besoin de lunettes de soleil étant donné l'heure. Grimpant dans sa voiture, après avoir forcé Moon et Kitty a se faire embrasser, lea voilà en route pour rejoindre le centre des plaines oniriques.


A la nuit tombée, à une heure avancée après le passage des chars et des artistes de rue, Aster escalade un petit muret près d'un lampadaire à l'ampoule semblant être en fin de vie. Si l'on en juge ses clignotements erratiques. Les sourcils froncés pour observer la foule, iel scanne les badauds présents à la recherche d'une personne en particulier. Est-il venu ?... Son cœur se serre à l'idée qu'il ne soit pas là. La mâchoire contractée, même s'iel n'a aucune envie de sourire, l'Oracle se force quand un passant appartenant à son coven lea salut. Ce n'est malheureusement pas un vagabond, qu'iel recherche, mais un enfant des vergers.

Finalement c'est une odeur toute particulière qui met Aster sur la piste. Reconnaissant sans mal les effluves des cigarettes magiques du botanomancien, iel espère le trouver au bout de la fumée. Suivant donc l'odeur à la trace, c'est cette fois-ci un sourire sincère qui apparaît sur son visage. Plus qu'un sourire crispé pour se montrer poli.e. Osbourne se tiens de dos, près d'un buisson. Dean village est un endroit relativement vert, plus que le centre ville et c'est pour ça, pour lui et pour compter sur sa présence qu'iel a spécifiquement demandé d'être affecté.e aux célébrations des plaines oniriques ce soir. Commençant donc à trottiner dans la direction de l'autre, c'est agrippé sur son dos qu'Aster finit, à l'image d'un Koala. Ou d'un drop bear mangeur d'hommes ?  

Les fêtes nationales, j’ai un peu de mal avec. Pas parce que je les aime pas, hein ! Mais…comme ma notion du temps est complètement niquée, j’arrive jamais à me souvenir de la date. Franchement, c’est pas pratique quand on bosse pour son coven. Mais alors se souvenir d’une fête que je n’ai pas à fêter ! Là, c’est encore plus tricky. Ca me rappelle une fois, quand je sortais officiellement avec une petite hydromancienne qui m’avait donné rendez-vous à l’une de ces fêtes bizarres de Leith. J’avais oublié que j’avais rendez-vous, et au final, j’y suis jamais allé parce que…bah, flemme un peu. Flemme de traverser la ville et d’aller au bord de l’eau à ce moment-là, j’étais pas dans le mood. Ou peut-être que j’étais occupé ? Ah, j’en sais rien, j’ai oublié.

Sauf qu’après ça, la meuf m’a foutu la zone pendant des plombes parce que je l’ai laissée seule à sa cérémonie. Du coup personne ne voulait de moi à Leith pendant un moment, ses parents m’ont banni de leur boutique, enfin bref, tout un bordel ! J’ai dû rester calme dans ma forêt pendant un petit moment, le temps que ça se tasse. Et vous savez, j’ai du mal avec les interdictions moi. Alors même si je n’allais pratiquement jamais dans ce coin de Leith, d’un coup, j’avais envie d’y aller tout le temps. Je me souviens que je débarquais en pleine nuit parfois, et que je faisais pousser de jolies fleurs sous son balcon pour me faire pardonner…mais au final, j’ai aussi laissé tomber ça parce que j’ai soudainement eu la flemme. C’est pas grave, c’est ça le cycle de la vie.

Mais j’ai vieilli depuis, enfin je crois que c’est la vieillesse. Je ne veux pas qu’Aster soit triste à cause de moi, je l’aime bien quand même ma petite princesse extraterrestre. Alors il faut que je sois adulte un peu, merde ! Que je fasse attention à l’heure, au jour, même si le temps n’est qu’une illusion. En plus maintenant, j’ai un portable dans la poche, même si je ne comprend absolument rien à comment ça marche. Je peine avec, le laisse à des endroits bizarres parfois, oublie de le charger, le verrouille sans réussir à le déverrouiller. Mais c’est quand même un truc qu’Aster m’a donné pour garder contact quand je suis pas avec iel. D’ailleurs, j’ai trouvé un avantage avec cet objet lorsqu’iel m’a envoyé une photo adorable du Kitty : sa petite tête sur un écran, ça m’a rendu très heureux pendant un instant, et donné encore plus envie de les revoir. C’est un signe, non ?

Avachi sur le canapé chez mes parents, je fixe le vide en réfléchissant à ce que j’ai pu oublier aujourd’hui. Je suis persuadé qu’il faut que j’aille quelque part, mais où ? C’est ma mère qui me sort de ma torpeur, et sa voix qui s’élève d’un seul coup dans le silence me fait sursauter.

“Aren’t you supposed to go out today ?”
“Yeaaaaah…I don’t remember why though ?”
“This might be your friend’s coven’s festival, innit ? I bet you’ve promised them to go !”
“Aaaaah ! Aster ! That’s what they were talking ‘bout ! Thanks mom.”
“Hurry up you idiot, you don’t wanna make them wait for their entire life !”

Elle n’a pas tort, ma petite maman. Je me redresse d’un seul coup, sautant sur mes pieds nus et m’apprête à sortir…lorsqu’un sweat gris clair atterrit sur ma tête.

“Hey !”
“You’re gonna catch a cold, just put it on !”
“Okaaaaay mom…”

J’obéis instantanément et enfile le sweat, dont la poche principale est remplie de pochons. Certains sont tombés dans le processus ; je les ramasse à la va-vite, les fourre dans leur emplacement habituel, et quitte aussitôt la maison familiale. Je me rends compte après plusieurs minutes de marche que j’ai oublié mon portable chez eux ; bwarf. C’est pas si grave, il sera choyé comme n’importe quel autre outil électronique ! Au moins, il ne traîne pas dans un bar quelconque.

Un joint tout juste roulé entre les dents, les mains dans les poches de mon sweat et mes pieds nus foulant l’asphalte, je marche jusqu’à Dean Village sans me rendre compte de la distance assez folle à parcourir ainsi. Mais c’est la vie que j’ai choisi de mener, et ce petit trajet sous le soleil couchant me permet également de faire pousser les plantes un peu timides sur le rebord des trottoirs. le printemps arrive bientôt, avec lui la renaissance de la nature, et je suis juste là pour lui donner un petit coup de main. Sur mes pas les fleurs bourgeonnent, les bourgeons s’ouvrent, et de magnifiques couleurs pavent mon chemin. Là ! C’est quand même plus joli que de gros blocs de bétons, non ?

Dean Village est là, et avec lui un festival de couleurs qui me donnent encore davantage envie de mettre ma petite touche personnelle. Un sourire aux lèvres, je me concentre sur l’un des arbres plantés au bord de route, et lui donne un petit coup de main. Là…il est quand même plus joli maintenant, non ?

Soudainement, sans que je comprenne ce qui se passe, quelque chose d’assez lourd me saute sur le dos. J’en lâcherais presque mon joint - le troisième du trajet - tant la surprise est totale.

“AaaaaAAAAAaaaah !”

J’ai le réflexe de tourner la tête tout de même, comprenant qu’il s’agit de quelqu’un et pas de quelque chose. Et en voyant les cheveux colorés d’Aster, un large sourire fend mon visage. J’agrippe ses jambes pour l’aider à rester en place, lea gardant sur mon dos comme un petit paquet.

“Asteeeeer ! Yer a drop bear now ? Just like these dudes on your planet !”

Je finis tout de même par lea lâcher après avoir fait deux tours sur moi-même, et me retourne à nouveau pour lui tapoter affectueusement la tête. C’est qu’iel a l’air d’un croque-mort avec ces fringues…mais vu la largeur du tout, est-ce qu’iel les aurait pas piqués à son grand-père ? Comme un petit enfant qui se déguise en adulte !

“Oh ye’re cute with that, love. Just like a child with grown up’s clothes.”

Nouveau sourire pour iel, et j’écrase la fin de mon joint avant de le glisser dans la poche de mon jean. Je n’aime pas les balancer par terre, c’est pas poli et ça se recycle mal alors ça risque de polluer. Mais en l’absence de poubelle, je me dois de le garder avec moi, tant pis.

Je regarde tout autour de nous, essayant de comprendre ce qu’il se passe ici. C’est que…c’est la première fois que je viens à une fête des vagabonds, moi qui suis généralement toujours avec les miens. Au moins, on est au milieu des fleurs ! D’ailleurs, en voyant de jolies plantes violettes peiner à pousser sur un balcon non loin, voilà que je leur donne une petite impulsion. Les pétales gelés par la température loin d’être idéale se ravivent, les bougeons éclosent, et j’en profite pour cueillir l’une d’elle et la tend à Aster.

“This for ye. Just adding a bit of colours on your outfit !”

Ca lui va bien le violet, alors autant en profiter non ? Je suis content qu’il l’accepte en tout cas. Mes mains retournent dans les poches de mon sweat, et je penche la tête sur le côté.

“Sooo…what’s goin’ on here ? What d’we do ? I’m not familiar with yer things.”

« I was a drop bear in one of my past lives for sure. »

La référence au cryptide australien arrache un sourire à l'Oracle. Zephyr a retenu son histoire et si certaines personnes croient dur comme fer à l'existence du big foot ou des aliens, ellui croit en celle du terrible Drop bear qui n'est autre qu'un Koala anthropophage. Est-ce que ce serait plus bizarre que le reste de leurs bestioles en Australie de toute manière ? Non, ça a même plus de sens qu'un putain d'ornithorynque. Ou un Koala tout court, qui d'un point de vue évolutif sont aussi nuls que les pandas.

« It's just baggy, I'm all grown up already. Won't get any taller now at my age, that's all you'll get. I'm a bit like small dogs who don't get any bigger. »

Quoi que, iel n'est pas si petit.e que ça non plus. Un petit peu plus d'un mètre soixante dix c'est tout de même correct pour quelqu'un. Même s'iel est partisan.ne du diction disant que la bonne taille, c'est quand les pieds touchent le sol. Tout le monde est différent des uns des autres, les tailles les formes et les couleurs varient et c'est ça finalement qui fait la beauté des peuples. Tournant sur ellui-même tout de même pour montrer sa tenue à Zephyr, iel se retrouve nez à nez avec une fleur qu'il lui tend. Attrapant le végétal aux pétales violet, l'Oracle rigole en la coinçant derrière son oreille.

« You know, we're not as weird as you think. We're just celebrating new year a bit after you all. But it's more a familly gathering thingy, than a party like January first. More spiritual maybe too. »

Et les vagabond.e.s ne sont pas les seul.e.s à célébrer le nouvel an lunaire. C'est aussi le cas pour les enfants des vagues qui ont leur magie influencée par l'astre nocturne mais aussi de certains peuples en Asie du côté des humains comme des sorciers. Les calendriers sont différents en fonction des cultures et des peuples, le temps est une illusion et le concept de saison également. Surtout quand comme Aster, on débarque de l'hémisphère sud où tout est soi disant à l'envers. Ou dans le bon ordre ? Est-ce qu'il y a une manière de faire meilleure qu'une autre ? Pourquoi devrait-il forcément faire froid en Décembre alors que sur ses terres natales, on passe noël à la plage  en plein été ?

« Really, it's not that deep. We have a nice parade, later we'll get fireworks. Pretty soon actually. And then, we can go to my place and have a drink, some time together if you want to celebrate new year in a more... Normal way I guess ? »

Le concept de normalité échappe également à Aster. Mais iel a l'habitude qu'on lui dise qu'iel est étrange. C'est qu'iel n'est donc pas normale, selon les autres personnes. C'est la majorité qui définit la normalité et iel n'est pas de la majorité de toute évidence.

S'approchant un peu du Botanomancien d'un pas, Aster se mordille la lèvre et viens chercher l'une de ses mains dans ses poches de sweat pour lui faire toucher sa jupe récemment rapiécée à l'atelier de Davi. C'était l'un des objectifs, d'amorcer la conversation avec ce bout de tissus. Même si ce n'est pas assez coloré au goût de Zephyr et que ce dernier trouve qu'il a l'air d'un.e enfant ayant volé des vêtements dans la garde de robe de saon aîné.e. Probablement une grande sœur, étant donné la nature féminine de sa tenue du jour.

« Try to guess what's this new material here. »

En attendant que l'autre touche et tâte la texture, Aster meuble pendant qu'il semble réfléchir intensément.

« I was wearing this skirt when we met last summer. Ripped it when I climbed in the tree I fell from into your arms. I do love this skirt tho, so I went to a workshop earlier this month to fix it. It's very dear to me. Got it a long time ago now, and you made it special too. We Necromancers have a very good memory, so I'll forever remember that it was the piece of clothing I was wearing when I met you. I'll never throw it away for this reason. It was also the first skirt I bought when I was sixteen. Some teachers were mad at me you know ? With their stupid rules and uniforms. All I wanted was to wear a skirt to feel pretty. »

Identité de genre parfois confusante pour les gens, Aster lorsqu'iel a réfléchi a tout ça s'est rendu.e compte que le genre, ce n'était qu'un truc dicté par la société, décidé de manière arbitraire. Que ça n'avait pas de sens. Que c'était aussi inutile que le mot et le concept de normalité. Alors oui, Aster n'est ni l'un ni l'autre. Iel est juste sa propre personne et c'est très bien comme ça. Extra terrestre né.e en fin d'été au mois de février, sur un hémisphère aux saisons inversés et abritant peut-être bien des Drop bear; ou au moins tout un tas de bêtes aussi étranges qu'ellui.

« It's vegan leather. Made out of... Mushrooms. They made leather with fungis, isn't it amazing ? »

Preuve s'il en fallait encore une d'à quel point Zephyr tient une place importante dans le cœur de l'Oracle. Est-il en mesure de comprendre, d'assembler les pièces du puzzle dans son cerveau après lui avoir expliqué que cette jupe lui tenait à cœur parce que c'est ce qu'iel portait lors de leur rencontre ? Qu'iel ne voulait pas s'en séparer et l'a réparée avec du cuir à base de champignons ?... Lui qui les aime tant. Aster espère de tout coeur que le préparateur des élixirs comprendra enfin. Aujourd'hui c'est la nuit idéale pour commencer de nouvelles choses. Le moment opportun selon Crowley pour ouvrir sincèrement son coeur... Est-ce que Zephyr est à ce point dans le déni ? Est-ce que sa jeunesse, toute relative est un si grand frein pour lui ? Priyanka l'avait prévenu.e que ça risquerait d'être un problème pour Zephyr... Et iel le sait bien. Pourtant, entre les deux, lea véritable adulte responsable n'est pas le plus âgé.

J’écoute avec attention Aster, en tentant désespérément de capter ce qu’il raconte. C’est toujours plus compliqué pour moi, surtout quand il s’agit d’une culture différente à comprendre. Pourquoi tout le monde ne peut pas fêter le nouvel an au même moment ? Je ne juge pas hein, mais je trouverais ça bien plus pratique. Quitte à commencer l’année en février, comme ça on est tous à la même page ! Vraiment c’est peut-être parce que je comprends pas tout dans la vie, mais ça me paraît quand même plus simple pour tout le monde.

A ses paroles, je reste de marbre. Pas que je ne suis pas intéressé mais…je n’ai pas compris qu’il m’invitait chez ellui, de base. Je le regarde donc avec un air ahuri - ce qui ne change pas beaucoup de d’habitude, certains argumenteraient - avant de finalement écarquiller les yeux en le fixant avec un large sourire qui s’étend lentement sur mon visage.

“Eh…? AH ! Yes, why not.”

Je ne comprends pas non plus pourquoi iel me parle de sa jupe. C’est un vêtement, oui…quelque chose de féminin normalement, je crois ? Enfin c’est ce que disent les gens. Moi aussi j’aime bien mettre des jupes parfois, ça libère les couilles et c’est agréable à porter. J’ai même testé le kilt - sans sous-vêtement - mais pour le coup c’était trop compliqué à enfiler pour moi. Vous saviez qu’il y a des pliages différents à apprendre par coeur et que c’est pas simplement un truc qu’on enfile comme ça ? Non monsieur ! C’est un gros drap qui sert à s’enrouler dedans, comme les toges des romains. Enfin je crois que les toges marchaient aussi comme ça, j’en sais foutrement rien, j’ai pas appris grand-chose à l’école.

Je touche machinalement la jupe d’Aster, sans trop comprendre pourquoi iel me fait faire ça. C’est une parade nuptiale, ou bien…? Est-ce que quelque chose va sortir de sa jupe comme les magiciens humains font parfois ?

“Uh…hmm…leather ?”

C’est vrai qu’elle ressemble vachement à du cuir, cette jupe, et je ne vois pas trop pourquoi je devrais être content de voir ça. Le cuir, c’est littéralement la peau d’un animal…or maintenant on peut tout faire en synthétique ! Alors pourquoi sacrifier de pauvres animaux innocents pour faire des vêtements ? Non vraiment, je ne comprends pas.

Et encore une fois, je ne comprends pas pourquoi Aster insiste sur la matière. Certes, son histoire est mignonne, ces vêtements qu’iel portait quand on s’est rencontrés…mais quand même, le cuir ! Je suis toujours perturbé à ce sujet. Peut-être qu’iel a oublié que j’étais vegan ? Je devrais lui rappeler, peut-être…ah…ah non, iel me parle de cuir vegan. Quoi ? Mais il fallait commencer par là, hé ! Je me détends visiblement, un sourire aux lèvres maintenant que j’ai appris ça, quittant ma moue très expressive. Ca, d’accord. Du cuir vegan. Du cuir…attendez, quoi ?

“Eh…EH ?! SHROOM LEATHER ?! THAT’S SO COOL !”

Aucune discrétion pour cette véritable joie, cette excitation que je ressens et qui me fait hurler. Du cuir de champignon ? C’est absolument INCROYABLE ! J’ignorais que mes petits bébés savaient faire tant de choses. Sous l’émotion, voilà que je prends ma princesse extraterrestre dans mes bras pour la serrer fort contre moi.

“I love shrooms. They’re cute. They make everything cuter. I love them so much.”

Est-ce qu’ils le rendent plus cute ellui aussi ? C’est à voir. Je le repousse seulement pour l’observer de nouveau, sans ce prisme de “doute” quant à l’éthique de ses vêtements. Oui, maintenant, je vois cette mignonitude qui est apportée par les champignons. C’est psychologique je sais, mais c’est plus fort que moi !

Traduction:

Parler des champignons semble avoir fait mouche, au près du Botanomancien. Tout se déroule selon les plans d’Aster pour le moment et ça ne fait qu’encourager lea jeune Oracle dans sa désillusion. Ou est-ce vraiment de la désillusion ? Iel sait que Zephyr l’apprécie. Si ce n’était pas le cas, il ne viendrait pas aussi souvent lui rendre visite. Il ne lui aurait pas fait confiance pour lui apporter un chaton (qui est un opposum) dans le besoin. Il ne se blottirais pas contre ellui lorsqu’il décide de passer sa nuit chez l’Oracle.

Zephyr a juste besoin d’un peu d’aide pour se rendre compte qu’Aster est un.e partenaire potentielle malgré leur différence d’âge. D’ailleurs, iel n’a jamais compris pourquoi ce facteur le chagrinait autant. Lui-même semble un peu perdu sur son âge exact, peine à s’en souvenir et a du réfléchir longuement avant de lui donner au moins un jour pour son anniversaire. Théoriquement, si Zephyr n’est pas réellement conscient de sa trentaine, comment peut-il donc juger Aster trop jeune pour lui ? Surtout qu’iel ne l’est pas, trop jeune. A vingt quatre ans, l’Oracle n’est plus un.e enfant contrairement à ce que pense le préparateur des élixirs.

Est-ce que c’est son apparence juvénile qui le contrarie autant ? Aster a tout essayé, pour le convaincre qu’iel est un.e adulte responsable, majeur.e et vacciné.e. La barbe n’a pas fonctionné, puisqu’il l’a comparé.e à un bébé Yeti. Pas un Yeti, mais bel et bien un bébé de l’abominable homme des neiges. Alors ce n’est pas une question d’apparence, c’est ce qu’iel en a déduit. Aster lui a précisé un nombre incalculable de fois son âge, puisque son année de naissance fait paniquer le Botanomancien obligé de calculer les années. C’est pourtant simple : en étant né.e en 2000, il suffit de savoir en quelle année nous sommes pour avoir l’âge de l’enfant Vagabond.e. Il n’y a plus qu’à compter sur un instant de lucidité, pour en parler très sérieusement à Zephyr.

Crowley sait qu’il en est capable. Les deux ont déjà eu quelques conversations très sérieuses, même un peu lourdes. Il lui a parlé de son passé trouble, de sa vie d’avant. Quand il n’était pas encore un membre imminent de son coven, que tout le monde pensait qu’il n’aurait aucune perspective d’avenir et finirait six pieds sous terre prématurément à cause de sa consommation de substances. Zephyr lui a confié sa crise mystique, ou du moins c’est comme ça que les gens qualifieraient ce qu’Aster pour sa part, appelle une Révélation. C’est parce qu’iel est d’une nature plus spirituelle que la moyenne des sorcier.ère.s que l’Oracle ne le prend d’ailleurs pas pour un illuminé, quand Osbourne lui dit avoir vu l’esprit de la nature dans une vision. La réalité des choses, si l’on est d’un tempérament plus cartésien c’est de déduire qu’il s’agit d’une simple hallucination due à la descente violente lors de ce sevrage forcé au sein d’une clairière. C’est là tout le paradoxe d’Aster : capable de comprendre des concepts mathématiques qui dépassent les compétences de la plupart de la population, tout en gardant cette part de mysticisme.

Alors non, le tatoué n’est pas juste un hippie sous hallucinogènes souffrant de retours d’acides pour ellui. Juste un être qui s’est élevé spirituellement et moralement et à qui les concepts mortels échappent parfois. Iel l’admire même pour ça dans le fond : pour la capacité qu’à Zephyr de se détacher de tout.

Attrapant le bras de l’autre en souriant, tentant de faire preuve d’une confiance indéniable en cette situation, Aster esquisse un mouvement de tête vers la place principale de Dean village un peu plus loin.

« Let’s go, I want to show you what’s left of the parade. And get a good spot to watch the fireworks with you.. On y va, j'aimerai te montrer la fin de la parade. Et avoir une bonne place pour regarder les feux d'artifice ensemble.  »

Ce soir est un renouvellement de cycle et d’année, pour les membres de son Coven et les enfants des vagues. La lune est un astre plus important que le soleil pour leurs magies, il fait donc parfaiement sens qu’iels se calent sur la Lune plutôt que sur le soleil pour leurs célébrations. Qui irait chez les vagabonds, danser lors du solstice d’été pour profiter du soleil plus longtemps lorsque cet astre peut leur brûler la peau s’iels ne fotn pas suffisament attention ? Qui chez les enfants des vagues apprécierait un jour qui n’est pas pluvieux ? Non, le Soleil revient aux enfants des vergers et aux enfants des volcans. Il n’y a pourtant pas l’un sans l’autre, tout est question d’équilibre et c’est pour cette symbolique également qu’Aster souhaite autant insister au près du Botanomancien. S’il venait à réellement lea repousser, à lui dire non très clairement, iel l’accepterait. Avec difficulté, resterais triste un moment en ruminant, mais se ferait à l’idée. Pourtant, iel sait qu’il n’y a aucune raison valable. Si ce n’est cet raison d’âge, qui ne fait aucun sens.

Aster veut absolument me montrer comment les gens de son coven fêtent le nouvel an lunaire. Oh, je ne suis pas complètement ignorant ; c’est une parade qui a lieu tous les ans, et il me semble avoir déjà traversé ce genre de fête dans un passé lointain. Mais ma mémoire n’est plus ce qu’elle était - si elle a été bonne un jour, hé ! - et je découvre cet endroit et ce qu’ils en ont fait comme si c’était la première fois que je mettais les pieds à Dean Village. Je presse la main de ma petite princesse et la suit un peu plus loin, m’extasiant au passage sur toutes les couleurs qui s’étendent devant moi.

Les Enfants Vagabonds, ou le coven des bizarres pour les intimes, ont vachement de talent quand ils veulent ! Eux qui semblent parfois un peu trop sombres, les décorations qu’ils ont mise ici, les costumes et les chariots qui se baladent dans la rue sont incroyablement détaillés. J’ai un sourire idiot sur le visage et peine à contenir ma joie, si bien que je sautille sur place en entraînant moi-même Aster à droite et à gauche. Une fameuse “crise de zoom-zoom” comme j’aime les appeler, un peu comme les chats qui ont leurs zoomies à un moment random de la journée. Est-ce que ça fait de moi un chat ? Non, bien sûr. Je dors trop peu pour ça ! Je suis seulement hyperactif, ce qui peut apparemment être épuisant pour ceux qui me côtoient. Pourtant, Aster ne s’en est jamais plaint.e. Est-ce que c’est un signe ? Ah, j’en sais rien. Il ne faut pas penser à ça, non, c’est pas bien.

Je secoue la tête pour me sortir ces pensées de là et m’arrête d’un seul coup, planté comme un piquet droit. Je sais que ça ne lea dérangerait pas, mais je me sens encore mal de songer à une quelconque relation avec ellui. C’est encore un enfant, malgré son apparence…et je dois me faire violence pour ne pas agir comme un putain de pédo. Mon sourire s’efface immédiatement, et j’affiche une moue sur mon visage.

“ Hmm…hmm, sorry love, I’ve being thinkin ‘bout somethin’ not cool. Go on, I’ll follow you ! Hmm…hmm, désolé mon chou, je pensais à un truc pas cool. Vas-y, je te suis ! “

Je me gifle mentalement, et me force à sourire de nouveau. Je ne dois pas être triste ! La vie est belle, et je dois voir le positif avant tout. Je me reprends donc et suis Aster jusqu’à un spot dégagé, au bord de l’eau, sur un muret. Curieux, je m’appuie sur la pierre pour tendre mon pied nu vers l’eau, teste la température et laisse échapper un petit rire.

“ It’s so cold here ! That’s funny, it’s not movin’ much, shouldn’t be so cold, innit ? C’est si froid ici ! C’est drôle, ça bouge pas trop, ça devrait pas être si froid, hein ? “

C’est sûrement parce qu’elle a été manipulée, ou peut-être parce que les faibles rayons du soleil n’arrivent pas jusqu’à elle. Dans tous les cas, je ne m’y baignerais pas. Du moins pas en entier, et pas pendant trop longtemps !

En remontant, ma main se pose sur celle d’Aster qui me regarde d’un drôle d’air. Je m’amuse immédiatement de sa réaction ; iel semble avoir quelque chose en tête. Mais quoi ? J’ai peur de comprendre déjà, mais je n’oserais pas m’avancer. Je soupire donc longuement, et fouille dans mes poches pour trouver de quoi me rouler un joint. Ici, on est tranquilles. Un petit effort plus tard, je coince le cône entre mes dents et recrache la fumée en la regardant d’un air absent.

“ I’m happy, y’know ? Yer a good lad. Good lil princess. I like being with ye. Chillin’ outside, watchin’ birds and all that shite. Feels good. J’suis content, tu sais ? T’es un bon type. Une bonne p’tite princesse. J’aime être avec toi. A lézarder dehors, regarder les oiseaux et toute cette merde. C’est bon. “