jeux d'enfants ☾ ft. Aster

jeux d'enfants

@Aster Crowley & @Alasdair Galbreath

Tonight we are victorious. Champagne pouring over us. All my friends were glorious. Tonight we are victorious.

Le bigarrée du couchant imprègne la voûte, baignant le monde de ses nuances pastel rassurantes. Quelques nuages éparses et devenus roses enjolivent le tableau qui se meut en apothéose, laisserait bientôt place à l'encre ténébreuse parsemée d'éclats. Douce nuit en perspective, en dépit du givre qui court, caressant les pommettes de badauds hâtifs de se réfugier au chaud. Mômes vagabonds s'activent, de ceux qui célèbrent le soir et l'astre lunaire, aux heures où les rêveries deviennent palpables et où les plaines oniriques prennent vie.

« Je ne le sens pas, c'est encore un plan foireux où tu vas finir par t'endormir sur une table et ça va être une plaie pour te faire rentrer. » L'étourneau fait claquer son bec, gonflant son plumage pareille à une nébuleuse en guise de protestation. Ses ailes claquent, fendant l'air jusqu'à trôner entre les mèches de jais de son alter, comme pour appuyer davantage ses propos. Ce dernier laisse échapper soupir qui se change en condensation, tend une paume en direction du volatile pour qu'il trouve une phalange après avoir soigneusement replacé son nœud papillon. « J'ai promis à la vieille Ruth que je viendrai. » Maître des songes insiste sur l'importance du verbe, prenant trop à cœur tout ce qui touche aux promesses, même si elles peuvent paraître futiles ou qu'il ne voulait en réalité pas faire de la peine en déclinant l'offre. Sa parole est d'or et jamais il ne brise un engagement. Caelum baisse le bec, résigné, vaincu par l'argument infaillible.

Le lieu de rendez-vous s'esquisse, baigné par les ultimes rayons solaires. Il y verrait presque une métaphore, pénétrant à l'antre de ceux qui sont égaré au crépuscule de leur vie. Sorcier pataud s'avance non sans prudence, en territoire hostile dès qu'il s'agit de rassemblements et manifestations publiques. L'étourneau à son épaule est l'ancre rassurant qui lui permet de ravaler un vertige au même titre que l'envie de déguerpir qui lui chatouille les tripes. Les mires cherchent la vieille Ruth, ancienne exploratrice dont il aime entendre les aventures extraordinaires, en vain.

Ses opalines capturent aussitôt minois connu en la personne d'Aster, unique point de repère familier entre les faciès aux épidermes plissés qui se penchent déjà à leurs cartes tenues par leurs paluches tremblantes. Risette s'esquisse, s'approchant de lea nécromancien.ne, également coqueluche des aïeux, comme on se ruerait sur une source d'eau en un jour de canicule. « J'ai bien cru qu'ils allaient tous se liguer contre moi à être le seul à avoir moins de 70 ans. » Rire succinct s'échappe, nettement plus rassuré. « J'ai un peu honte, mais je ne sais pas du tout comment jouer. » qu'il murmure, embarrassé, tout en prenant soin que personne ne l'entende, comptant soudainement sur ellui en tâchant d'en faire un.e allié.e stratégique.

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@Aster Crowley & @Alasdair Galbreath

Tonight we are victorious. Champagne pouring over us. All my friends were glorious. Tonight we are victorious.

Samedi soir classique et rendez-vous imanquable pour lea jeune Oracle. Le Bingo des aînés vagabonds. Iel s'y rend quasi religieusement, dès que l'un de ces évènements prend place. Généralement une fois toutes les deux semaines et ce, depuis... Toujours, aussi loin qu'iel s'en souvienne. Arrivé.e à Edimbourg à l'âge de cinq ans, Aster était l'enfant au milieu des retraités. Certains étaient de jeunes retraités à cette époque, d'autres étaient déjà très âgés. Si aujourd'hui il ne reste que le grand père Crowley, qui pour le plus grand soulagement d'Aster semble s'accrocher malgré ses quatre vingt treize balais, ça n'empêche pas lea nécromancien.ne de garder de bons souvenirs. Oh, à cinq ans c'est sur qu'iel était sur les genoux de sa grand mère, qui lui montrais les chiffres un peu trop gros pour qu'iel les connaisse parfaitement. Ellui apposait ensuite le jeton dessus. Puis quand iel avait été en âge de compter correctement, iel avait eu le droit d'avoir son propre carton pour jouer aussi. C'est l'un de ces souvenirs précieux justement : ses premiers cartons de bingo personnels.

Aster a toujours été doué.e avec les chiffres. Les mathématiques ne l'effrayaient pas contrairement aux autres enfants de son âge à l'école. S'iel n'avait pas choisi une voie spirituelle dans la vie, s'iel n'abhorrait pas autant les humains dénués de magie, il n'y a aucun doute des études qu'iel aurait choisi. Une fac de mathématiques, très probablement. Parce que c'est son truc, inexplicablement et ça aussi, depuis toujours, d'aussi loin qu'on s'en souvienne. Les nécromanciens ont une mémoire exceptionnelle. Qu'elle soit auditive ou visuelle. Mais tout le monde sait que lea p'tit.e Crowley a toujours été bon.ne en maths à l'école. Tout le monde sait aussi qu'iel a pourtant choisi de plutôt se tourner vers son Coven au sortir de l'Académie des Serpenchantements. Et tout le monde en est ravi. On se presse pour demander à être enterré par Aster. ça pourrait surprendre, ça pourrait choquer dans un autre Coven, mais pas chez eux. Car les vagabonds, et en particulier les enfants de Necrosmoryx, ont conscience que la mort ce n'est qu'un passage et une étape vers autre chose. Un après mystérieux, mais qu'il tarde à certain de découvrir sans peur.

Le mois dernier, Monsieur Howard savait qu'il n'en aurait plus pour très longtemps. Au chevet du mourant, Aster s'est retrouvé.e à promettre de l'enterrer comme il se doit. Lui a également promis qu'iel tendrait l'oreille pour lui, au cas où il y aurait quelque chose à dire. Et on lui a finalement délivré une suite de chiffres avant hier. Des chiffres qu'iel a marmonné et griffonné dans un carnet, avant de prendre le temps de les décoder. Un simple aurevoir mon ami à l'intention de Monsieur Powells, son ami de toujours. Un adieu qu'Aster transmet au vieillard présent en lui tenant les mains. L'émotion est palpable chez le vieil oniromancien, ravi d'avoir des nouvelles de son ami disparu. Et c'est pour ça, qu'Aster fait ce métier là. Pour les vieillards, bien plus que pour les bébés qui inévitablement se mettent à pleurer lorsqu'iel se penche sur leur berceau pour leur offrir la bénédiction de leurs ancêtres.    

Cependant ce soir, Aster a la surprise de ne pas être la seule personne ayant moins de soixante dix ans. Esquissant un sourire amusé à la vue d'Alasdair, iel se retourne avec son diable de tasmanie dans les bras. Moon a insisté pour venir ce soir, a promis à saon sorcier.ère de ne mordre personne et de rester silencieux. Caressant par automatisme la fourrure courte de son familier, iel ricane à sa réflexion.

« Promis, c'est assez simple. Viens donc acheter tes cartons avec moi, je t'expliquerais au fur et à mesure. »

Fouillant dans les poches de sa longue jupe noire, Aster en sort un billet de vingt pounds froissés. Qu'importe, un sou est un sou malgré l'état du billet. Deux grilles pour ellui, deux grilles pour son grand-père qui s'est déjà assis pour se reposer et ne pas rester trop longtemps debout à son âge.

« C'est cinq livres la grille. Tu peux en prendre autant que tu veux. Deux ou trois, c'est bien, mais il y a plusieurs manches. On va jouer une bonne partie de la nuit. Là, tu vois sur les tables, il y a des pots pleins de jetons. Tu peux utiliser ceux-là. Ou si t'es un professionnel, tu ramènes les tiens. C'est ce qu'on fait, avec mon grand-père, on a nos propre jetons de bingo. »

Joignant le geste à la parole, Aster adresse un signe de tête au commercant de lea suivre à la table où un vieil homme attend déjà. Posant son familier sur la table, faisant ainsi râler son grand-père qui n'apprécie pas qu'un animal soit sur la table, iel ignore les remontrances pour lui tendre ses grilles alors que Moon saute de lui-même sur le banc.

« Alasdair, Altair. Papy, Alasdair. Il a un cabinet de curiosités en ville, j'y vais souvent. Puis qu'il n'a jamais joué au bingo, je crois que c'est son premier, je l'ai invité à nous rejoindre. »

Et là tout de suite, lea nécromancien.ne se rend compte que tant de prénoms en A assez similaires, c'est un peu chiant à prononcer à la suite. Une chance que feu Aleister ne soit déjà plus de ce monde. Alasdair, Altair, Aster... Merde, on finit par s'y perdre. ça commence par un A et ça termine par un R... finalement, trois personnes sont concernées au moins ce soir.

« Ah oui, c'est bien. Il faut assurer la relève, hein... Aster vous a expliqué que Madame Carter avait tendance à tricher ? »
« Pas encore, je lui parlais des jetons. Mais oui, elle triche toujours pour essayer de remporter les lots. A chaque fois on doit revérifier les tirages pour savoir si elle a vraiment les bons numéros ou non ! On y passes trois plombes, puisque ça ne manque jamais : neuf fois sur dix, elle a triché. En fait c'est simple : si tu as rempli tous les numéros de ta grille, tu cries BINGO ! et tu remportes le lot. »

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Rêveur pataud acquiesce, paré à assimiler méticuleusement les instructions de lea nécromancien.ne tout en lui emboitant le pas. Ses pieds manquent de trébucher et enjambent de justesse la queue d'un lion las à la crinière défraichie par le temps, s'excusant aussitôt auprès du familier et de sa sorcière qui lui rétorque un sourire plissé dépourvu de dents. L'Oniromancien imite lea mage complice, extirpant quelques pièces d'un fond de poche. Petite monnaie d'échange qu'il met une bonne minute à compter, troquée contre deux cartes. « Une bonne partie de la nuit ? » répète immédiatement l'étourneau perché à son épaule aux syllabes d'Aster, sentant à son caquètement que l'interrogation ravalait une once appréhension.  « Tu n'auras qu'à te glisser dans ma poche pour dormir. » « C'est plutôt l'inverse qui m'inquiète, tu as quatre-vingt-six ans lorsqu'il s'agit de veiller au-delà de vingt-et-une heure... » Le volatile sarcastique n'a pas tord, pointant sa fâcheuse tendance à posséder le rythme de vie d'un octogénaire dont les siestes rythment la journée.

Une risette accompagnée d'une poignée de main suivent les présentations, tâchant de faire bonne figure auprès de l'aïeul de son ami.e. « Enchanté. Effectivement c'est une première, c'est la vieille Ruth qui m'a convaincu d'essayer. Vous m'avez l'air d'être des pros à ce que je vois. » La vieille Oniromancienne avait fini par devenir une quasi grand-mère à force de lui rendre visite pour l'entendre conter ses mille récits d'aventures, tandis qu'elle prenait soin de combler son estomac avec bien plus de nourriture qu'il ne peut emmagasiner lorsqu'elle ne lui glissait pas quelques objets tricotés avec soin. Ses opalines passent en revue une nouvelle fois les participants, ne trouvant toujours pas ses traits de parchemin et ses cheveux possédant leur propre force de gravité parmi les trombines. « La connaissant, elle a dû s'assoupir juste avant de venir. » Schéma classique pour tout sorcier domptant les songes, préférant arpenter les landes oniriques plutôt que le bitume réel. Il ne lui en veut pas, paré à se faire de nouveaux alliés en parfaite coqueluche des anciens, point sur lequel ils furent similaires avec Aster.

L'échine se plie afin de prendre place sur le banc, Caelum délaissant son perchoir pour mieux rejoindre le diable de Tasmanie à défaut de saisir l'intérêt de la soirée, ressentant son ennui rien qu'à la manière dont ses plumes se gonflent. Les arcades de l'Oniromancien se froncent aux confidences, lançant un regard discret en direction de la supposée tricheuse. « Je croyais que c'était un jeu de hasard, comment peut-elle s'y prendre ? » Il songea aux illusions habiles, mais aisément détectables par les Rêveurs présents. « Et qu'est-ce qu'on gagne au juste ? » Peu importe le trésor au final, qu'il s'agisse d'une boite de pruneaux ou d'un chèque pour un dentier sur-mesure, l'important ce soir fut de dompter cette pratique et, qui sait, peut-être se découvrir une passion.

La salle s'anime enfin, voyant poindre ce qui devait être l'équivalent du maître du jeu au crin poivre et sel, un micro aux pognes et se penchant sur ce dernier dans le but d'attirer l'attention de tous les participants « Okay let's go ! Est-ce que tout le monde est chaud ce soir ? » Maître des songes s'empresse de prendre une poignée de jetons, les plaçant au petit bonheur la chance. Paluche se glisse ensuite dans sa poche, extirpe machinalement le meuporg qui s'y trouve, l'aspect lisse du galet au sobriquet de Willfried contrant ses relents de nervosité, devenu babiole qu'il passe son temps à tripoter.

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« Ah la vieille Ruth ! Elle ne vous embête pas trop ? Je la croise tout le temps, c'est embêtant, j'aimerai bien rêver tranquillement. »

Bien plus au courant des histoires croustillantes du troisième âge que celles des gens de son âge, Aster pouffe de rire à l'anecdote de son grand-père. Au moins, l'ancêtre a le mérite de rester relativement poli en face d'Alasdair. Pour le moment. Parce qu'à sa descendance, après un verre de trop au diner du dimanche soir, il confie sans mal en ronchonnant que la vieille Ruth en pince pour lui et qu'à son âge, il ne fera plus grand chose et la laissera déçue.

« On ne sait pas comment elle fait. C'est ça, tout le mystère qu'on tente d'élucider. On a cru qu'elle utilisait les illusions, mais grand-père jure que non. »

Attrapant ellui aussi une poignée de ses jetons roses, Aster relève la tête en voyant l'animateur débarquer. Un vieux Nécromancien ronchon, qui parfois peine à voir les numéros sur les boules qu'il juge trop petits. Et ce malgré ses lunettes en cul de bouteille. Alors, Monsieur Smith tend généralement la boule à son familier dans l'espoir qu'il l'aide, mais ce dernier est en toute logique aussi âgé que son sorcier. Et myope -une chauve souris.

« Les lots, ça dépend. Monsieur Smith va expliquer les conditions à remplir pour avoir tel ou tel lot. En début de soirée on joue en quines. Donc une ligne complète, c'est des petites choses. Souvent de la décoration pour la maison, des ustensiles de cuisine ou des outils de jardinage et de bricolage. Après, on passe aux doubles quines, donc deux lignes complètes si tu suit bien. C'est souvent là qu'on joue pour l'indémodable panier garni ou jambon cru. Puis c'est la pause, où tu pourras changer tes cartons si tu veux et manger quelque chose ou boire un coup. C'est après, que ça devient intéressant. Parce que c'est les gros lots déjà, que là il faudra remplir la grille en entier. Mais aussi parce que certains ont un coup dans le nez après la pause. »
« Et encore, vous ne venez pas au bal musette jeune homme. »

Mais faut-il encore que l'Oniromancien ne s'endorme pas. Au moins, il ne sera pas le seul. Les anciens piquent parfois du nez, surtout ceux partageant sa magie, les nécromanciens un peu moins et ce sont généralement elleux qui veillent au grain. Un coup de canne discrètement sous la table pour réveiller les marchands de sable, une tape dans le dos s'ils se mettent à ronfler un peu trop fort. Aster ellui songe qu'iel pourra envoyer le meuporg sur la tête de son propriétaire en cas de somnolence. Ou plutôt, demander de l'aide à l'oiseau de ce dernier, pour lui picorer le crâne, cette technique lui semble au final moins agressive.

« Nous allons commencer par les quines ce soir, le premier lot en jeu est un magnifique ensemble de bougies parfumées artisanales, que nous ont offert nos partenaires. »

L'ancêtre présente rapidement l'atelier de bougies artisanales, venant des vergers.Présente ses arguments commerciaux : en cire d'abeille et respectueuses de l'environnement avec des huiles naturelles et biologiques qui limitent les allergies.

« Roh, il nous fait chier avec ses bougies... ça fait trois mois qu'on a les mêmes. ça pue en plus... »

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Aux syllabes de l'aïeul, son rire se mêle à celui d'Aster, saisissant soudainement le sens de quelques mésaventures que lui conte l'oniromancienne dans la lune. « C'est donc vous le beau jeune homme qui lui fait tourner la tête ! » qu'il s'exclame en recoupant les histoires, sans véritablement faire attention à la confidentialité de la chose. « Quelle cachotière. Je peux tenter de lui en toucher discrètement un mot si vous voulez. » Toujours paré à s'embourber dans les potins et petites affaires touchant le troisième âge.

« Ça me paraît être une excellente mission. » intervient Caelum dès l'instant où Aster émet les théories de tricherie de Mrs Carter. L'étourneau redresse le bec, dénichant soudainement un nouvel intérêt afin de combler son ennui, lui qui clame souvent que "rester dans une pièce remplie d'ancêtres ne fait qu'aspirer l'âme et toute la jeunesse qui va avec". Prenant la tâche très au sérieux, ses ailes claquent jusqu'à se poser en hauteur, dans un point stratégique. Familier fouineur adulant l'investigation, les écoutilles traînant aux portes avec un talent inné pour l'espionnage. Peu étonnant venant de la bestiole d'un Galbreath.

Plus bas, Aster étale l'étendue des lots, enchaînant les syllabes les unes après les autres en une tirade qui paraît interminable. L'attention sélective fini forcément par lâcher prise dès la mention des outils de jardinage, plongeant en une introspection profonde sur le fait qu'il serait bientôt temps de rempoter les quelques plantes ornant ses appuis de fenêtre. Peut-être que certaines fleuriraient, donnant quelques éclats aux nuances ternes de son amas de trésors. L'aïeul s'exprime à son tour, capturant à nouveau l'attention de l'oniromancien qui a inévitablement perdu le fil, se contentant d'un sourire comme pour valider ses propos. Fort heureusement, le maître de cérémonie entame les hostilités, présentant le premier lot qui ne fait pas l'unanimité au vu des soupirs de l'assemblée.

« Bien est-ce que tout le monde est prêt ? » À l'annonce, une vieille oniromancienne sursaute, quémandant haut et fort de répéter, faisant instantanément soupirer Mr Smith qui reprend, faisant tourner le boulier d'un geste lent. « Et le premier numéro est... » Sa paluche tremblotante saisit la boule, réajustant ses lunettes en cul-de-bouteille tout en plissant les yeux, dubitatif l'espace d'un instant. « Quarante-deux. »

Une œillade s'adresse à Caelum, croisant les mires profondément abattues de son familier, comprenant tous deux pourquoi la chose durerait une bonne partie de la nuit et devinant surtout comment ça allait se finir. Jamais il ne tiendrait plus de trois boules sans piquer du nez à cette allure. « Il est toujours aussi... énergique ? » qu'il murmure à l'intention de ses acolytes, constatant par la même occasion que le numéro quarante-deux se trouvait à l'angle d'une de ses cartes.

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« Non pas toujours, il est en grande fome ce soir ! »

D'habitude ? C'est beaucoup moins enjoué. Aster ignore quel âge il peut bien avoir. L'a toujours connu vieux, si bien que lorsqu'iel était enfant, l'Oracle croyait qu'il était né comme ça. Sans passer par le stade de bébé puis d'enfant ni d'adulte : immédiatement vieux. Il n'a pas spécialement changé en une vingtaine d'années, si ce n'est que sa vue semble décliner de plus en plus. Ces saloperies de bougies comme dit son aïeul sont d'ailleurs un classique depuis quelques temps. La faute du mariage de son petit fils avec cette enfant des vergers il y a quelques mois, pour aider sa belle petite-fille il distribue les bougies comme des petits pains à chaque bingo. Oh, ce n'est pas un soucis en soit. Mais personne ne compte en acheter pour autant. Pas parce qu'on peut les obtenir ici en guise de lot, mais plutôt parce que... Oui, elles puent bel et bien. A la maison, Aster avait aéré en toussant quand iels avaient voulu essayer la bougie avec son grand-père. C'est une espèce de senteur de plastique brûlé affreux, et ce jour-là, la famille Crowley était bien heureuse que personne ne soit un.e aéromancien.ne aux poumons fragiles : ça les aurait foutus six pieds sous terre autrement.

Les numéros sont tirés au fur et à mesure. A un rythme qu'Aster juge convenable : pas trop rapide pour les plus vieux, pas trop lent pour les plus jeunes -c'est à dire ellui et le chasseur de trésors. Finalement, c'est un vieux monsieur qui lève une main tremblotante en disant bingo assez vite. Il n'y a eu qu'une douzaine de boules tirées, leur supplice ne sera pas trop long ce soir. C'était même très rapide.

« J'espère que tu ne vas pas nous l'enterrer dans la semaine avec l'odeur de cette bougie on ne sait jamais... »
« Grand-père voyons ! »

Se retenant tout de même de rire trop fort à la blague de son aïeul, Aster laisse courir ses mains dans le poil de son diable de Tasmanie qui se retiens également de s'esclaffer. Sorcier.ère et familiers ne sont certainement pas les plus discret.e.s du coven : semblables aux hyènes du roi lion de Disney, lorsqu'iels s'esclaffent, on n'entend plus que le duo.

« C'est dommage que je ne l'aie pas gagnée, j'aurais pu l'offrir à quelqu'un que je déteste. »

Et voici que le bingo reprend.

« Le second lot de ce soir, toujours pour une quine, est un très joli kit... »

Monsieur Smith peine à trouver les mots pour décrire l'objet qu'il tient dans ses mains, encore emballé dans le carton.

« C'est une statue de lama a faire pousser vous-même. On y met des graines et à la place des poils vous autrez des feuilles... Une charmante décoration pour votre bureau. »

Intrigué.e par le lot, Aster fronce les sourcils pour essayer de voir de loin de quoi il en retourne. Mais préférant la technologie, iel effectue une rapide recherche google, avant de montrer l'objet mystérieux aux deux autres.



« Au moins ça ne risque pas de tuer quelqu'un. »

Visiblement dissipés ce soir, les Crowley pouffent d'avantage à la réflexion d'Aster après s'être échangés un regard.

« En suivant le même principe, pour les trois prochains lots nous vous proposerons la version paresseux, la version chat ?... non c'est une loutre ?... Ah, non, un Castor ?... Il ya  bien marqué Castor, Charles ? (Le familier chauve souris aussi myope que son sorcier semble confirmer qu'il s'agit d'un castor et non pas d'un chat ou d'une loutre.)   puis la version licorne. »
« J'adore les cryptides. Un chat-loutre-castor c'est dans mes cordes. »