just a little late, I found you

TW : aucun

Dans le vacarme assourdissant de la nuit, les lumières tamisées des bars ressemblent à des gondoles se balançant sur le trottoir sale, et ces ombres mouvantes et colorées circulent à travers les piétons comme un serpent essayant de ne pas se faire piétiner : l’humeur est festive en ce début de soirée, et les fêtards s’attablent déjà en terrasse avec un verre à la main, distillant le parfum d’une liqueur amère qui vient chatouiller ses narines. Tandis que sa silhouette, menue et longiligne, presque semblable aux ombres fuyantes qui se répercutent sur les murs, défile au milieu de la foule joyeuse, une fluette musique disco s’extirpe d’une porte entrouverte et il tend machinalement sa nuque vers la source de ce bruit, ralentissant le pas en aspirant une longue bouffée de la cigarette tenue entre ses doigts graciles, et de laquelle s’échappe une fine fumée grisâtre. Quelques secondes, son esprit s’évapore comme de la cendre sur laquelle on aurait soufflé avec vigueur, quelque chose, ou peut-être quelqu’un, attire son attention mais, fort heureusement, un miaulement plaintif se fait entendre à ses pieds et, ainsi ramené à la réalité par le félin qui court sans cesse dans ses pas, Sílas reprend sa marche pour rejoindre un bar situé un peu plus loin.

Des bruits de percussions et de guitare se font entendre quand il arrive à la hauteur de l’établissement bondé, et c’est alors, seulement alors, que les traits de son visage séraphin délaissent la froideur immuable pour une mine plus chaleureuse : l’on peut même apercevoir, déjà, l’ébauche d’un frêle sourire qui se forme sur ses lippes. Jetant le mégot de sa cigarette d’un geste du pouce, il abaisse la capuche de son sweat large et noir en entrant dans le bar, suivi de près par Icarus qui se dissimule aux yeux des autres pour ne pas faire d’esclandre. « J’vais me faire écraser avec tes conneries ! » Raille la bête poilue en produisant une élan railleur au visage de son sorcier : il lui répondrait volontiers de rester dehors mais, admettre qu’il parle seul dans un lieu public lui semble être la meilleure option pour passer pour plus dérangé qu’il ne l’est, alors il se tait.

Péniblement, se frayant un chemin à travers la foule compacte rassemblée devant la petite estrade où s’ébat le son glorieux d’une musique entraînante, le sorcier traverse la pléiade de noctambules pour se percher sur un tabouret solitaire situé de l’autre côté du comptoir quelque peu délaissé, son chat imperceptible venant se loger à ses pieds avec soulagement. De cette position, il peut pleinement admirer son ami qui officie sur scène avec virtuosité ; l’inverse n’est pas vrai car Aydan, lui, ne peut que difficilement remarquer sa présence. Derrière les visages agglutinés devant lui, bien loin des corps qui se déhanchent au rythme de la musique, caché au fond de la salle, se tient celui qui, quelques heures auparavant, lui avait pourtant annoncé qu’il ne pourrait malheureusement pas assister à sa représentation. Le menteur, un coude appuyé sur la surface du comptoir et l’autre avant-bras allongé sur celui-ci, fait machinalement tourner son verre entre ses doigts fins tandis qu’il mordille la paille coincée entre ses lippes, sans qu’il ne détache réellement son regard de la scène, et ce durant toute la représentation du groupe : ce n’est que lorsque la musique s’achève sur les dernières notes et sous les applaudissements vigoureux qu’il daigne quitter son tabouret pour fendre de nouveau la marée humaine, non sans avoir emporté son verre avec lui.

Se déplacer dans le bar est à présent bien plus facile qu’à son arrivée : certains spectateurs s’étant échaudés durant la représentation, ils se dirigent vers le comptoir ou vers l’extérieur afin de profiter de l’air pur ou d’allumer une cigarette, délayant un peu de place pour ceux qui restent. Parvenant ainsi aisément à la hauteur de son ami, qui lui tourne encore le dos, Sílas ne peut s’empêcher de laisser un sourire suave fleurir sur ses lèvres tandis qu’il prononce, de sa voix naturellement grave et parfaitement reconnaissable : « Surprise ! » La dite surprise hausse ses sourcils avec malice avant de parcourir la salle d’un regard circulaire, se rendant compte, avec bonheur mais sans étonnement aucun, que c’est un véritable triomphe auquel le groupe a droit. « Je n’ai pas besoin de te féliciter, je pense… » dit-il en reposant les yeux sur Aydan, le regardant par-dessus son verre, qu'il allège d'une gorgée supplémentaire.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : désamour maternelle

Le fourmillement des voix qui se mêlent en une cacophonie tumultueuse à travers le bar ne parvient pas à camoufler sa voix lorsqu’il se présente à son ami, le faisant sursauter sous la surprise de cette venue qu’il n’attendait pas : les premiers mots du coréen se faufilent jusqu’à ses oreilles en agrandissant son sourire, produisant le même effet aux lèvres du pianiste, dans une répercussion suave. « Oh, t'as pu venir finalement ! Ça me fait trop plaisir de te voir ! » Les paroles agréables cognent en cascade contre son coeur délabré, et le coin de ses lèvres s’étire davantage en plissant ses paupières déjà effilées, preuve que l’ébauche sur ses lippes est plus que sincère : ce n’est pas souvent que l’on bénie sa venue, la faute à une mère dont les mots écorchent autant que des coups de couteau. « Tu as vraiment cru que j’allais rater ta représentation ? » La question n’attend pas vraiment de réponse et ne sonne point comme une accusation, si bien qu’il détourne plutôt le regard pour observer les personnes rassemblées autour d’eux, et qui ne tarissent point d’éloges concernant leur musique ; la scène de compliments et d’acclamations ravive les souvenirs douloureux de ses propres représentations, bien qu’il baignait dans un versant bien plus classique, et il s’efforce alors de camoufler le trouble que la similitude lui provoque. Prenant une fine inspiration en glissant ses fines mains dans les poches de son jean, il se retourne vers Aydan en levant légèrement le menton, les vestiges de son sourire trônant fièrement sur ses lèvres comme l’empreinte indéfectible de son affection.

« Ça te dit qu'on sorte ? Il fait trop chaud là-dedans.  » Il acquiesce avec bonheur, grossissant très légèrement ses yeux tout en hochant son menton, prenant l’initiative du premier pas pour se diriger vers la sortie, dont il saisit la porte pour l’ouvrir et le laisser passer en premier. Le suivant à l’extérieur, il plisse légèrement ses paupières sous le vent hivernal venu mordre sa peau, les bourrasques légères s’engouffrant dans les mèches désorganisées de ses cheveux sombres tandis qu’il se dirige contre le mur afin d’y appuyer son dos. « Alors, heureux ? » Il ne doute pas de la réponse qu’il va obtenir, mais se réjouit par avance de l’entendre ; ils ont en commun cet amour pour la musique, et quand bien même n’usent-ils pas du même instrument pour chanter cet amour, au moins peuvent-ils comprendre le bonheur de l’un et de l’autre lorsqu’ils exercent en ce domaine. « Tu joues bien, d’ailleurs tu n’as pas arrêté de… » Sourire. C’est ce qu’il s’apprête à dire lorsque son familier, toujours invisible aux yeux des non-sorciers mais un peu délaissé à l’intérieur du bar il faut bien l’avouer, se flanque devant eux et les toisent l’un et l’autre d’un air contrarié, assis sur ses quatre pattes poilues. « T’as pas l’impression d’avoir oublié quelque chose ? » Le museau légèrement retroussé pour laisser entrevoir ses deux dents pointues comme si cela constituaient la pire menace du monde, il ne résiste cependant pas longtemps à l’envie de venir se frotter contre la jambe de son sorcier, s’installant finalement à ses pieds en soupirant. Plus amusé qu’autre chose de cette intervention, Sílas presse ses lèvres l’une contre l’autre en lançant un regard complice en direction d’Aydan, avant de reprendre, d’une voix encore égayée par la réaction de son chat qui vient de le houspiller. « Je disais, donc, que tu n’as pas arrêté de sourire durant tout le temps où tu as joué. »

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : désamour maternelle

« Oui ! J'suis quand même soulagé que ce soit fini, j'avais un peu peur de pas trop gérer, mais finalement, ça va. Je crois que les gens ont bien aimé. »  Le dire n’a rien de prétentieux, car l’acclamation reçue après leur prestation suggère en tous points la même constatation : l’accueil de leur univers musical est plus que positif, si bien que le coréen ne peut s’empêcher de sourire en écoutant le discours de son ami, devinant fort bien combien cette représentation l’anime d’une vive émotion de fierté et d’euphorie mêlées, qui lui furent autrefois familières. « C’est toujours comme ça avant d’entrer sur scène. » note-t-il d’une voix sobre, qui ne laisse rien présager des images nostalgiques qui envahissent son esprit ; lui était habitué à d’autres scènes, plus élogieuses et classiques, mais celle-ci ne lui déplaît guère.

Après les remontrances d’Icarus, dont le caractère bien trempé est parfois bien pire que celui de son maître, les deux sorciers échangent un sourire complice, pointé d’un amusement qui n’est pas feint mais passé sous silence, peut-être, pour ne pas davantage contrarier le félin qui se repose à présent entre les jambes de son humain, la tête posée sur l’une de ses chaussures. La position ne semble pas vraiment confortable — autant pour l’un que pour l’autre, mais au moins le félin pourra le sentir partir, cette fois. Sílas ne s’en préoccupe pas vraiment, bien trop occupé à chanter les louanges du musicien qui, le dit-il, n’a pas cessé de sourire ; il peut en témoigner puisqu’il ne l’a presque pas quitté des yeux. « C'est vrai ? J'ai pas fait gaffe, mais ça fait tellement du bien de recommencer à jouer sur scène, ça faisait longtemps. »  Une nouvelle inspiration attristée qui n’entache guère le sourire sincère qu’il offre ; lui aussi, ça fait longtemps qu’il n’a pas joué. « Je comprends. »  Il devine, plutôt, mais cela ne fait pas grande différence en son esprit scindé autour de deux émotions contraires. « Et toi, alors, ça va ? Ça se passe toujours bien au bar ? Tu veux retourner à l'intérieur ? »  Trois questions à la suite, cela le fait lentement hausser ses sourcils d’un air amusé, expression rapidement accentuée par un léger rire qui décroche ses lippes l’une de l’autre, tandis qu’il se redresse légèrement contre le mur qui le soutient pour répondre à l’interrogatoire. « Je vais bien, oui. » Promis, c’est pas un mensonge : dans le bordel qu’est sa vie, ça va. « Au bar… Oui, ça se passe bien. Ton frère est sympa. » Dan et ses grosses paluches le sont moins, mais c’est une trop longue histoire à raconter et il n’y que le tapis du patron qui pourrait témoigner. « Tu as froid ? » Demande-t-il en penchant l’avant de son corps pour lancer une œillade à l’intérieur du bar, dont on ne discerne presque plus le comptoir tant le monde y est agglutiné. « C’est bondé... » Il grimace en disant cela, peu friand de ces endroits étriqués qui rendent tout mouvement et discussion impossible mais, pour son ami, il est prêt à faire l’effort. « Si tu veux qu’on y retourne, on peut. »

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : aucun

La mention du frère aîné, portée avec innocence et ignorance par la bouche du coréen, percute de plein fouet le coeur du pyromancien qui, loin de se réchauffer des liens familiaux réconfortants qui sont évoqués, se fige dans une douloureuse glace. Mais cette réaction presque instinctive, trop éphémère et subtile, échappe totalement au musicien déchu ; tout au plus, voit-il passer une ombre mystérieuse dans le regard de son ami, qui se voile d’une curieuse tristesse durant quelques secondes. « Tout va bien ? » Demande celui qui est passé maître dans l’art de mettre les pieds dans le plat ; sans le vouloir et sans le savoir. Mais le visage de son interlocuteur se balance finalement de haut en bas, approuvant silencieusement que, même si chacun porte des oppressions invisibles, tout va bien.

Si le froid mordant n’est pas un élément susceptible d’importuner le guitariste, la cohorte de personnes rassemblées à l’intérieur du bar l’est pour le pianiste qui, après s’être penché en direction de ce dernier pour zieuter à l’intérieur grâce à la baie vitrée, grimace en grattant sa joue porteuse d’un grain de beauté. « Y a trop de monde, t'as raison. » Comme toujours, répondrait-il s’il ne grelottait pas sous sa veste. « On peut chercher un autre endroit où aller, si tu veux ? » « Très bonne idée. » Annonce-t-il en se penchant pour récupérer son familier, le cachant à l’intérieur de sa veste pour qu’il n’ait pas froid, même si… « Je me sens diminué. » Ignorant la phrase dramatique de son chat, Silas le soutient d’une main tandis qu’il reporte son attention sur son ami, lui proposant alors, en faisant un pas en sa direction. « On peut aller chez moi si tu veux, je n’habite pas loin. » « Moi j’veux pas. » Prévient le chat caché à l’intérieur de la veste, qui oblige le sorcier à rouler des yeux en pressant ses lèvres, secouant finalement son menton de gauche à droite en disant, pour rassurer le brun : « Fais pas attention à lui, il a mauvais caractère mais il est gentil. Allez viens. » Portant toujours son chat ayant mauvais caractère, le sorcier commence à s’éloigner d’un pas calme en direction de son appartement, espérant que son ami le suive.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : aucun

Un hochement de tête abrégé comme réponse, c’est maigre comme réaction mais le coréen s’en satisfait fort bien, ne cherchant pas plus loin que les indices que Aydan lui donne ; quand bien même son expression l’a quelque peu interpellé, il n’insiste pas outre mesure.

Ce qui l’intéresse réellement est de ne plus souffrir du froid qui vient mordre la peau dévoilée de sa gorge et de ses joues, et puisque l’intérieur du bar n’est guère une option enviable, décision est prise de rentrer chez lui pour se mettre à l’abri, ce qui permet à Icarus de faire entendre toute la bienveillance et la sociabilité dont il sait faire preuve. « Il a pas aimé la représentation, c'est ça ? » Un léger rire emportant les lèvres du plus âgé, ce dernier secoue son menton de gauche à droite avant de l’incliner pour toiser son familier, bien à l’abri derrière le tissu de sa veste. « Il n’aime pas grand chose, tu sais. » C’est un fait immuable; Icarus est grognon, et il y a bien peu de choses qui trouvent grâce à ses yeux. « Pardonnez-moi d’avoir du goût. » Fait-il entendre depuis sa grotte, d’une voix aussi revêche que le regard qu’il lance en direction de leur invité.

L’immeuble moderne n’est qu’à une dizaine de minutes du bar, et ils font bien vite de pousser la porte de l’appartement lumineux et spacieux, qui ne se dévoile guère sous des ornements et des couleurs vives, mais plutôt dans un ameublement sobre et épuré, composé de blanc, de noir, de gris et de beige, le tout organisé au millimètre près. « Après toi. » L’invitant à passer le premier, Sílas marche dans ses pas avant de refermer la porte, appuyant sur l’interrupteur pour éclairer l’entrée, avant de retirer ses chaussures qu’il abandonne dans l’entrée ; le maniaque qu’il est ne saurait répandre des bactéries dans tout l’appartement. Son chat, visiblement au fait du penchant méticuleux du sorcier, se voit déposer sur le petit meuble dans l’entrée et tend aussitôt ses pattes, l’une après l’autre, pour qu’elles puissent être essuyées avec un chiffon propre. « M’regarde pas comme ça, j’ai pas le choix. » Dit-il d’un ton laconique à l’attention du guitariste, avant de sauter du meuble pour rejoindre le salon d’une démarche chaloupée. « Tu veux boire quelque chose ? » En suivant son chat, Silas se retourne vers son ami avec un fin sourire, pas du tout ombragé par ses manies mises à jour ; il le sait et s’en moque, visiblement.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool

« C’est sympa chez toi. » Il sait ; c’est bien pour cela qu’il prend grand soin de son appartement, et que chaque chose est maladivement à sa place, si bien qu’on peut facilement croire à un appartement témoin ; pas un livre ne dépasse des étagères, pas un gramme de poussière sur les meubles, les cadres aux murs sont parfaitement droits et, encore moins de la quelconque vaisselle abandonnée dans l’évier. Rien. Tout doit être absolument parfait, rangé, ordonné. « Merci ! C’est vrai que tu n’étais jamais venu, avant. » dit-il d’un air tout à fait nonchalant, en essuyant consciencieusement les pattes de son familier, car elles ont traîné par-terre ; le familier, rodé à cet exercice imposé, ne s’en formalise pas vraiment, mais force est de constater qu’il n’apprécie que moyennement d’avoir à le subir devant témoins. « Ah mais je juge pas du tout… » Icarus, avec un flegme imparable, le fixe d’un air dépité en répondant :  « Si, tu me juges. Je le vois dans ton oeil gauche. »

Ne faisant pas tellement attention à l’échange entre son ami et son familier, Sílas  finit par le reposer au sol, une fois qu’il juge que le Chat n’éparpillera pas des bactéries dans tout l’appartement. Refermant la porte après son propre passage, il se déleste rapidement de ses chaussures puis de sa veste, qui finissent rangées. « J'imagine que tu veux que j'enlève mes chaussures aussi ? » Levant le regard vers son ami, il presse ses lèvres l’une contre l’autre en finissant par avouer, en espérant que cela ne dérange pas le guitariste. « Si cela ne te dérange pas, oui ! »

Une fois que la question des semelles sales est réglée, ils peuvent enfin s’aventurer dans l’appartement, partant en direction de la cuisine pour lui se désaltérer. « Je veux bien, tu proposes quoi ? » « Ça dépend si tu veux du soft ou de l’alcool. » Contournant son plan de travail, sur lequel le chat vient se loger pour observer les deux sorciers, Sílas tend machinalement l’une de ses mains pour caresser la tête d’Icarus car, tout maniaque qu’il est, il ne voit pas le problème à ce que son familier vagabonde partout, même là où il cuisine. « D’ailleurs, où est Cyrus ? Je pensais que tu l’aurais mené avec toi. » C’est peut-être parce que lui ne se sépare jamais de la boule de poils qui ronronne presque.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool

« Tu devrais venir m'aider à refaire la déco chez moi un de ces jours. » Le visiteur, qui semble avoir développé un réel intérêt pour son appartement, lui fait froncer le nez avec amusement tandis qu’il se met, par réflexe, à également observer son environnement. « En vrai, il n’y a rien de spécial. » Non, ce n’est pas de la fausse modestie : c’est vrai. Si l’intérieur est organisé comme un véritable appartement témoin, force est de constater que la décoration est tout aussi épurée que rare, et qu’il ne s’encombre nullement d’objet dont il pourrait aisément se passer. La véritable raison de ce minimalisme est bien sûr le temps gagné à nettoyer : moins il y a de surface, moins il y a d’objets, moins il y a de poussières. La logique des maniaques. « C’est comment chez toi ? » Demande-t-il avec une franche curiosité, puisque les mots de son ami le forcent à imaginer un lieu tout à fait sommaire, image qu’il devine être fausse.

Écoutant la réponse en se dirigeant vers la cuisine, suivant les pas de son félin ayant été le premier à pouvoir fouler le sol de l’appartement, Sílas passe derrière le comptoir en posant ses deux mains sur la surface boisée de celui-ci, non sans avoir invité à prendre place sur l’un des tabourets faisant face au comptoir. « Je veux bien une bière, si tu as ! »  « J’ai. » Et pour prouver son affirmation, il s’empresse de pivoter pour rejoindre le réfrigérateur encastré, duquel il sort une bière ; ne prenant pas la peine de sortir un quelconque gadget, il use simplement de sa télékinésie pour la décapsuler. « Pratique, hein ? » Le pouvoir des flemmards, oui, on peut le dire.

Après avoir caressé son chat posé, lui aussi, sur le comptoir, le coréen ne peut s’empêcher de demander après Cyrus, dont l’absence l’interroge. « Il aime pas trop venir pour les représentations avec le bruit et tout ça. Et un coyote dans un lieu bondé, c'est pas super pratique de toute façon... » « AH ! TU VOIS ! » S’insurge Icarus en ouvrant l’une de ses paupières, ronronnant presque sous les caresses de son Sorcier.  « J’ai failli me faire piétiner ! De vrais sauvages là-bas. Cyrus a raison. » Levant les yeux au ciel en retenant un petit rire qui se retrouve comprimé derrière son sourire, il laisse son Chat faire le récit de cette épouvantable soirée qui a failli causer sa mort comme il dit, en profitant pour retirer son sweat noir. L’abandonnant dans un coin de la pièce, il revient auprès de son familier pour l’attraper — et ainsi libérer le pauvre Aydan qui avait un félin presque collé à son visage, sans même songer aux petites auréoles bleutées, violacées et rougeâtres qui parsèment ses bras, principalement le pli de son coude et son avant-bras : là où les veines sont les plus visibles, mais aussi les plus torturées car devenues véritables rivières polluées.  « ATTENDS J’AI PAS FINI L’HISTOIRE ! » « Oh mais, je crois qu’il a compris… Tu es un survivant, nous sommes tous fiers de toi. Pas vrai ? » Se retournant vers Aydan avec un petit sourire malicieux, il grossit légèrement ses yeux en le regardant, comme pour lui dire de le suivre, sinon, ils n’ont pas fini d’entendre la pleureuse du soir.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool & de drogues

Du récit fait de la bouche de son ami, Sílas ne peut que se figurer un appartement pour le moins modeste, entravé par un désordre qui le rend davantage indigeste ; s’il n’en éprouve aucune répulsion particulière — bien que le maniaque qui sommeille en lui ne peut s’empêcher de se questionner sur la gestion du bordel évoqué, il se contente de presser ses lèvres l’une contre l’autre en répondant, le plus simplement du monde :  « Même si ton appart’ est petit, j’suis sûr qu’il y a moyen de l’organiser pour qu’il soit plus agréable. » Non pas qu’il s’invente décorateur d’intérieur mais, puisqu’il a aménagé son propre logement et que l’agencement plaît, il se sent légitime de donner des conseils. De toute façon, même sans cela, il n’aurait pas hésité à les donner quand même, les conseils.

Heureusement, la bière le fait taire lorsqu’il en boit une gorgée, laissant toute la liberté à Icarus de faire la description tragique de cette effroyable soirée, au cours de laquelle il a failli perdre la vie dans d’atroces souffrances, pour les raisons invoquées par Cyrus ; trop habitué aux élans dramatiques de son Chat pour s’en émouvoir encore, il se contente de l’attraper par les flancs pour le soulever du comptoir, lui octroyant au moins le plaisir d’entendre Aydan abonder en son sens avant de les quitter : « Oui, tu as tout fait raison, Icarus. C'est vraiment dangereux ce genre d'endroits, je suis désolé que tu aies eu à subir ça… » La moue théâtrale du plus jeune provoque un sourire comprimé aux lèvres du musicien qui fait de son mieux pour le dissimuler car, de toute évidence, son Chat n’a pas su discerner l’imposture, bien trop convaincu de la véracité de son propos pour soupçonner le mensonge. « Tu devrais te reposer maintenant, après avoir vécu tout ça ! » Soudainement accablé d’une immense fatigue — due au traumatisme, bien sûr, Icarus remonte l’une de ses pattes pour toucher sa propre tête poilue, disant alors d’une voix fragile : « Oui, tu as raison, je… Je vais aller me reposer… » Derrière lui, Sílas ferme les yeux quelques secondes en mordant dans sa lèvre inférieure, se retenant de pouffer de rire. « Heureusement que tu es gentil, toi. » Le ‘’toi’’, prononcé avec virulence, oblige le coréen à grimacer tandis que son chat s’éloigne pour rejoindre sa chambre.

« C’est bon, il t’adore maintenant. » Ne plaisantant qu’à moitié, le pianiste contourne son plan de travail pour s’installer sur un tabouret à côté d’Aydan, déposant sa boisson devant lui sans voir venir la question de ce dernier. « C'est quoi sur tes bras ? » La demande l’oblige à passer une main inconsciente sur le bras opposé, qui fourmille d’étoiles bleutées traduisant les souffrances refoulées, comme si ce simple contact pouvait suffire à effacer les traces de ses méfaits ; il n’en est rien, et même l’expression tout à coup défaite de son visage ne saurait détourner le sujet de cette nouvelle conversation. Les lèvres pincées, les traits figés dans une émotion partagée entre la surprise et la déconvenue, il détourne un instant les yeux avant de tenter naïvement de désarçonner cette grenade dégoupillée, arborant un sourire qui sonne aussi faux que les mots qu’il prononce. « C’est rien. » À partir de là, il ne le regarde plus. La réponse n’est pas convaincante et il ne cherche peut-être pas à l’être, conscient que toutes les excuses apportées ne pourraient le sauver de la réalité. Il ne sait pas trop qui il souhaite protéger le plus : lui-même, Aydan, ou l’image que ce dernier a de lui. « Tu le sais déjà, je suppose… » S’entend-il dire dans un soupir vaincu, tandis que l’une de ses mains part à la conquête de sa boisson sans l’apporter à ses lèvres, ayant plutôt le seul désir d’occuper ses mains à défaut de pouvoir échapper à cette conversation pour le moins périlleuse. « Tu le sais. »

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool & de drogues

« T’as vu comment j'ai trop bien joué ? J'aurais pu être acteur, c'est sûr. » Ses sourcils se relèvent sur son front légèrement plissé comme pour afficher un air à la fois suspicieux et joueur, couplé à la moue hésitante qui vient fleurir sur ses lèvres et qui précède un petit rire amusé qui l’oblige à onduler son menton de gauche à droite. « Tu parles comme si t’avais cinquante ans, tu sais ? » Fronçant le milieu de son nez, il attrape sa bouteille pour l’apporter à ses lèvres afin d’en boire une gorgée avant de reprendre la parole. « Attends… Rappelle-moi ton âge, déjà ? » Il est taquin puisqu’il le connaît très bien, l’âge d’Aydan, mais Sílas ne peut s’empêcher d’avancer son menton de quelques degrés en ayant l’air de le narguer. « Tu peux toujours essayer de faire carrière à Hollywood, même si, je te préviens, c’est pas aussi fun qu’on le croit. » Portant une nouvelle fois sa boisson à ses lèvres, il avale une seconde gorgée tout en balayant machinalement la pièce du regard, profitant simplement de la légèreté de l’instant, avant que l’atmosphère change radicalement sous la question qui surgit…

« Ça fait longtemps ? » La réflexion imposée lui fait froncer les sourcils en reculant instinctivement son buste vers l’arrière, comme pour mettre de la distance concrète et réelle entre eux, car son ami le confronte à une réalité qu’il n’avait, jusqu’ici, que trop peu considéré. Pour son propre bien, peut-être, puisqu’il sent poindre en son coeur un poids conséquent, mélangé honte et regrets. « Sept ans. » Sept ans. C’est long, sept ans. Suffisamment pour qu’il détruise sa carrière et fasse deux overdoses, un séjour en prison et des désintox forcés qui n’ont rien donné. « Tu prends quoi ? » Mordillant l’intérieur de sa joue nerveusement pendant que son talon klaxonne le sol dans un élan agité, il tourne son menton en direction du guitariste d’un geste vif, les sourcils froncés en redoutant la suite de cet échange, qui n’a rien d’agréable. « De l’hero, principalement. Pourquoi tu me demandes ça ? »

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool & de drogues

« Ouais mais bon, c'est plutôt toi qui es proche de la cinquantaine… » Il est tellement outré de la raillerie mesquine de son ami que sa mâchoire se décroche pour que ses lèvres s’entrouvrent, mais pour une fois, il ne dit rien : c’est presque un miracle. Muet mais pas moins mauvais comme la peste, le coréen plisse légèrement ses paupières en profitant du fait que le guitariste soit en train de boire pour user de sa télékinésie, afin que la bouteille s’incline plus que nécessaire et renverse un peu de son liquide mousseux sur le bas de son visage, ainsi que sur son t-shirt. « Tu veux un bavoir ? » Le sourire mutin trahissant sa responsabilité dans cette prétendue maladresse, il penche légèrement son menton sur le côté sans le quitter des yeux, profitant de cet instant de légèreté et d’amusement jusqu’à ce que celui-ci soit balayé par le sujet abordé, et dont les marques sur ses bras en dévoilent bien plus qu’il ne l’aurait voulu.

Mais ce qu’il ne veut pas, non plus, c’est être contraint de mentir à l’un des rares amis qu’il a ; il sait qu’il n’en a pas suffisamment pour se permettre d’être malhonnête avec eux, lui qui met un point d’honneur à bannir le mensonge de ses relations. Seulement il comprend, en cet instant, que la fausseté est peut-être parfois plus facile et confortable que la vérité ; reste à savoir s’il est suffisamment courageux pour emprunter ce noble chemin. Il essaye, il encaisse, il fait face. Il n’y a rien d’agréable dans le fait d’être confronté à ses addictions — même si elles sont de notoriété publique et qu’il suffit d’une simple recherche sur internet pour s’en apercevoir, mais il craint que le regard d’Aydan change après cette conversation. « C'était juste pour savoir. » Sílas baisse les yeux en haussant ses sourcils, ne sachant pas tellement quoi répondre ; maintenant qu’il sait, est-ce que cela change quelque chose ? « J'ai jamais essayé. » - « C’est pas une mauvaise chose. » Il ne se sent pas réellement crédible à user de cette formule moralisatrice puisque, il est vraiment mal placé pour faire la leçon à qui que ce soit sur le sujet, et qu’on lui reproche plus souvent son excès de franchis que son hypocrisie. « Tu me laisserais essayer ? » Un peu atterré de la demande formulée ainsi, le coréen fronce ses sourcils en levant son regard vers son ami dans un clignement de cils, ne sachant pas tellement s’il doit le considérer comme sérieux ou non ; de ce fait, il ne répond pas tout de suite et attend quelques secondes, le dévisageant durant ce laps de temps comme s’il s’attendait à le voir éclater de rire mais… Non. « La première fois c’était pour essayer aussi, et sept ans plus tard j’y suis encore. T’es vraiment sûr de vouloir essayer ? » Il ne jouera pas le sermonneur si Aydan est bien décidé à franchir le pas, mais sait-on jamais, qu’il change d’avis.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool & de drogues

Il tente de réfréner les élans aventuriers de son ami, puisque l’aventure en question n’est guère envieuse et ne laisse que rarement repartir ceux qui s’avancent sur ce chemin : l’addiction est une réelle maladie, n’en déplaise à ceux qui pensent que cela relève seulement d’une mauvaise volonté. Seulement voilà, s’il tente d’être l’avocat du diable, désireux d’éloigner Aydan de la voie qu’il a lui-même emprunté des années auparavant, Sílas se retrouve face à un mur qui est aussi infranchissable que douloureux, et qu’il a l’impression de se le prendre en pleine figure. « Pourquoi t'en prends alors ? » La question est brutale, autant que le ton employé pour la formuler, mais il ne peut se résoudre à lui en faire le reproche puisque, même lui se rend compte qu’il n’a aucune crédibilité à jouer les moralisateurs alors qu’il est davantage coupable que lui. « Le manque, ça te dit quelque chose ? » Pas franchement agressif mais guère amical non plus, le pianiste soupire bruyamment en passant la pointe de sa langue sur ses premières dents, en détournant un instant le regard pour contempler un point invisible dans sa cuisine, regrettant à présent d’avoir proposé de quitter le bar pour un lieu aussi clos et privé ; assurément, ils n’auraient pas eu cette conversation s’ils étaient restés dans un espace public.

Et maintenant ? Maintenant, il est piégé entre ce qu’il croit devoir faire et la surprise de découvrir un autre visage d’Aydan, ce dernier étant soudainement doté d’une froideur qu’il ne lui connaissait pas, et qu’il n’est pas sûr d’apprécier : pour preuve, il est largement moins disposé à lui offrir des conseils pour sa consommation maintenant qu’il a vu ses penchants agressifs. « Oui, je suis sûr. Je comprends pas pourquoi tu veux me faire la morale, c'est bon, ça peut rien me faire de mal. » Un gamin capricieux, insolent et inconscient ; voilà ce qu’il est à ses yeux en cet instant. Sílas le reconnaît très bien parce qu’il l’a été aussi — et probablement qu’il l’est encore, mais la naïveté des paroles d’Aydan l’oblige à baisser légèrement le menton en ne pouvant, malgré toute sa bonne volonté, retenir un rire désabusé qui l’oblige à onduler son menton de gauche à droite tandis qu’il vient passer son index sur son sourcil, avant de froisser les traits de son visage sous l’agacement. « Non, bien sûr, ça ne peut rien te faire. Tu connais drôlement bien ton sujet, toi. » Calmant les élans rieurs de ses lèvres, qui conservent néanmoins son sourire, il redresse son menton avant de dire, toujours aussi agacé mais n’ayant plus aucune envie de lui épargner les affres de l’addiction — il veut plonger la tête la première, soit, il va même l’aider à faire le grand saut. « Comme tu voudras. » Se levant de son tabouret, il s’absente quelques minutes avant de revenir, avec ce qui semble être une petite pochette noire, que l’on prendrait aisément pour une trousse de voyage. La déposant sur le comptoir, reprend place sur son tabouret mais prend plutôt sa bière dans sa main afin d’en boire une gorgée, bien décidé à jouer au con puisque c’est l’attitude de son comparse — et c’est un rôle dans lequel il excelle, Sílas. « Bah vas-y, je t’en prie. Rassure-moi, t’es suffisamment informé pour savoir comment on fait, n’est-ce pas ? » De toute évidence, s'il veut de l'aide, il va falloir se radoucir sinon, Sílas ne lèvera pas le petit doigt. Deux têtus, donc.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool & de drogues

S’il regrette amèrement d’avoir retiré son sweat pour dévoiler ses bras marqués de minuscules auréoles rougies, Sílas regrette davantage de s’être pointé à la représentation de son groupe et encore plus de l’avoir invité dans son appartement, puisque de toute évidence, c’était une très mauvaise idée. Les sourcils froncés dans une crispation d’incompréhension, il s’étonne silencieusement de la nature froide et brusque révélée chez son comparse, puisqu’il ne le savait pas aussi vindicatif et belliqueux, mais cette façade nerveuse ne lui provoque aucune inclinaison positive, si bien que le coréen tourne même en dérision, par le petit rire qui s’extirpe de ses lèvres, la volonté exprimée par son complice. ’’Je le connais assez pour savoir que ça peut rien me faire de mal, Sílas. Tu deviens presque chiant, là.’’ Apportant la pulpe de ses doigts contre sa tempe, il hausse ses sourcils en marmonnant l’idée qu’il ne sait rien, justement, et que c’est bien tout là le problème. ’’Il y a un moment que t’as dépassé le stade du presque, toi.’’ Mais cela ne l’empêche pas d’aller chercher le matériel — ou du moins une partie, soigneusement rangée dans une petite pochette qui, d’un point de vue extérieur, ne laisse rien présager de ce qu’elle contient. Soigner les apparences, il a appris à le faire lorsqu’il devait se représenter sur les grandes scènes, mais toutes les précautions prises ne l’ont pas empêché de plonger la tête la première. Il lui offre de quoi réaliser ses attentes, sauf la manière de le faire : et s’il croise le regard emplit de colère, sans nul doute provoquée par la frustration causée, il ne s’en émeut pas vraiment, prenant même le temps de boire une gorgée de sa boisson avant de la reposer calmement sur le comptoir. ’’T'as l'air de bien savoir comment faire vu l'état de tes bras,’’ - ’’Je t’emmerde’’ laisse-t-il filer d’une voix froide alors qu’Aydan poursuit son élocution, les sourcils froncés et les lèvres espacées. ’’donc j'imagine que tu peux me montrer, non ?’’ tapotant la pulpe de ses doigts contre le comptoir, il penche légèrement son menton sur le côté en le regardant d’un air sévère. ’’Pas quand tu me parles comme ça, non. J’sais pas trop pour qui tu me prends mais j’suis pas ton frère, et si je dois t’en coller une pour te remettre les idées en place, crois-moi que j’vais pas me gêner.’’

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god

TW : mention d'alcool & de drogues

’’T’as peur qu’elle te morde, la pochette ?’’ c’est dit avec l’agressivité habituelle qu’il met dans ses phrases, donnant l’impression qu’il méprise ouvertement celui qu’il toise d’un regard mauvais, sans que l’amitié qu’il lui portait encore quelques instants plus tôt ne vienne adoucir la condition qu’il lui alloue désormais. Martelant le sol de son pied gauche, il mordille l’intérieur de sa joue avec nervosité, puisque la patience commence à lui manquer : c’est qu’il parvient difficile à tolérer la présence d’Aydan maintenant, incapable de gérer ses émotions autrement que par l'excessivité de son tempérament qui n’admet pas de gris ; aimer ou détester, jamais les deux à la fois mais toujours avec une fièvre émotionnelle qui le rend généralement trop abrupt.

Suivant des yeux celui qui fait preuve de beaucoup trop d’insolence pour son ignorance en la matière, il arque l’un de ses sourcils en prenant une fine inspiration, lassé de ce manège qui rallonge considérablement le temps qu’ils doivent passer ensemble. ’’Tu peux m'aider ?’’ peux, oui, veux, c’est autre chose. Les doigts mollement entrelacés dans le vide entre ses cuisses, il fait lentement glisser la pointe de sa langue sur ses dents du haut, avant de marmonner un ’’évidemment’’ narquois, qui ne cherche en rien à ménager la honte qu’il lit sur le visage de son comparse. Visiblement agacé, il remonte néanmoins l’une de ses mains pour attraper un garrot dont le tissu est de couleur sombre, qu’il desserre  tout en disant, d’un ton laconique ’’Donne-moi ton bras.’’ il le demande mais s’en saisit aussitôt, refermant la boucle du garrot au-dessus de la pliure de son poignet tout en se penchant légèrement au-dessus de celui-ci pour voir apparaître les veines qui s’y dessine. Plissant légèrement les paupières en mordillant de nouveau l’intérieur de sa joue — puisque accomplir cette tâche lui déplaît fortement mais qu’il préfère largement s’en décharger pour se débarrasser du plus jeune ensuite, il redresse ses épaules pour prendre une petite fiole de diamorphine présente dans la sacoche, entreprenant de remplir la seringue avec le liquide transparent avant de se retourner vers Aydan ; il s’apprête à lui demander s’il est sûr de lui mais… En fait, il s’en fout. Ne s’attachant pas non plus à la possible douleur qu’il lui cause en lui injectant le liquide sans grande délicatesse, il descend ensuite de son tabouret pour abandonner le tout sur le comptoir, pas vraiment fier mais pas vraiment honteux non plus ; la culpabilité ne viendra pas toquer à sa porte ce soir. Ni pour ça, ni pour ce qu’il s’apprête à faire.

’’T’as eu ce que tu voulais donc…’’ marquant une petite pause pour se lever, il récupère les deux boissons entamées qu’il part déposer dans l’évier tout en disant, d’une voix froide ’’…Tu vas aller récupérer tes affaires et partir.’’ et si Aydan ne le fait pas de lui-même, nul doute que Sílas est tout à fait disposé à le conduire à la porte, sans même songer au fait qu’il puisse faire une mauvaise réaction. Ce n’est plus son problème, tout comme il n’est plus son ami.

Crédits ; veseenthefuture-andimnotgoing. & esthete-god