Identité - Il y a d'abord, Alaois, le très sage, prénom qu'il garde tout au fond de lui, qu'il ne dévoile à presque personne, qu'il protégera de toutes ses forces parce que c'est la dernière chose qui le relie encore à cette existence plus paisible, moins problématique. Prénom d'un petit garçon avec de grands rêves, malheureusement brisé par tant de mauvais choix. Ó Fearghail, typiquement irlandais, il n'y a aucun doute sur cette origine. Et si à une époque lointaine il s'agissait là d'un grand nom, faisait référence à la noblesse, force est de constater que lui et sa famille font partie de la branche problématique, sûrement descendant d'enfants fait hors mariage. Mais il n'y a que Cat, qu'on lui connait réellement, pseudonyme qu'il donne à tous depuis qu'il est entré dans ce système, surnom qui lui colle à la peau, parce que c'est un chat noir, un être qui sait se fondre dans l'ombre, avancer sans faire de bruit. Certains le disent descendant du diable en personne, d'autres trouvent que son comportement est ressemblant au félin, si indépendant et détaché de ses semblables parfois.
Naissance - Il aime bien jouer sur les informations, les noyer dans le fil de sa conversation. Cat est toujours flou, sur ce qui est personnel, ce qui le concerne directement. Alors, il s'invente bien des vies, bien des identités, un jour, il est un écossais pur souche, âgé de trente ans à peine, le lendemain, il est plus celui qui approche de la quarantaine, venant du fin fond de la campagne anglaise. Pourtant, sur ses papiers, les vrais, on y voit apparaitre un joli 24.05.1989. Cat serait donc né à Belfast, il y a trente-quatre ans maintenant.
Nationalité & Origines - L'Irlande, quelle jolie origine, bien que Cat ne cherche pas vraiment à se revendiquer plus d'un pays ou d'un autre, préfère rester en sous-marin, pour se protéger et protéger ceux qui lui sont chers.
Magie & palier - Aéromancien de palier 2
Familier - Si d'ordinaire on penserait plutôt à un animal doté d'ailes pour les enfants du vent, lui, s'est vu lier à la vie à la mort avec un raton-laveur. Mais dans sa famille, personne n'a rien dit à vrai dire, c'était une bouche de plus à nourrir, on avait bien d'autres problèmes à penser plutôt que de s'attarder sur un mammifère qui, de toute évidence ressemble bien à son sorcier. L'animal se nomme officiellement Barthelemy Aristide Celestine Booth of Dunham Massey, Emperor of trash, aussi surnommé : mon enfant, petit con, puanteur, sa majesté, princesse, petite boule d'amour.
Tuer le temps - Gérant d'un bar officiellement, dealer officieusement, non pas que ça le comble dans sa vie, au contraire, il déteste quand il voit la dépendance parler, mais au moins, l'argent est facile, sale, c'est vrai, mais il peut subvenir à ses besoins et surtout ceux de sa famille depuis bien longtemps grâce à cette source de revenus.
Philtre d'amour - Libre comme l'air, ou presque. Préfère le célibat et s'amuser de temps en temps quand il arrive à se détendre, accepter la présence d'un possible autre plutôt que de s'engager dans quelque chose de sérieux qui pourrait avoir des répercutions sur des vies.
L'enfer c'est les autres -En un mot, il est "je m'en foutiste", il a bien d'autres choses à gérer de son côté pour réellement se poser la question de si "oui ou non il faudrait parler de nous aux humains." Il trouve ce débat stérile, puéril et inutile, c'est bien une question pour ceux qui n'ont que ça à faire de leur vie. Cat se tient pourtant à carreaux, devant ceux qui ne sont enfants de rien, pour éviter que les projecteurs des lois magiques ne l'éblouisse. Il se dira donc expansionniste si vraiment on lui pose la question, mais le reste, il s'en fiche bien.
Histoire
Cat n'a jamais aimé parler de lui, de ce qu'il peut vivre, ressentir, il préfère garder une brume épaisse autour de lui, pour que personne ne voit le véritable lui. Il s'invente des milliers de vies, pour les besoins du métier, pour ne pas être seulement Alaois, préfère ces milliers de personnages qui l'aident à avancer dans cette société pourrie jusqu'à la moelle.COMPTE RENDU D'INTERROGATOIRE Enquête N° : 8468297
L'an deux mille vingt, le quinze septembre
À : 9h45
Lieu : Edimbourg
Interrogatoire mené par : Officier Byrne
Témoin : (?) Aka Cat
Déroulé : O : Savez-vous pourquoi est-ce qu'on vous a amené ici ?
T : Aucunement, mais vous allez me le dire incessamment sous peu, n'est-ce pas ?
O : Recommence pas avec ton petit air, on rigole pas ici.
T : Mais quel air, monsieur l'officier ?
(...)
O : On sait très bien que c'est toi, le cerveau des opérations, tes petits larbins ont avoués.
T : Aah... je vois, très bien, j'avoue, c'est vrai, j'ai un penchant pour les miniatures dans les hôtels et que si j'en vois plusieurs, je les ramène avec moi... Mais est-ce que c'est vraiment un crime, monsieur l'agent ? Qui ne l'a jamais fait ? C'est vrai quoi, c'est toujours pratique quand on est en déplacement ou en galère chez soi, un dimanche et qu'il n'y a plus de gel douche.
(...)
O : Cat, il va falloir que tu avoues pour tes petites affaires, on sait que c'est toi qui possèdes quelques hangars vers l'extérieur de la ville...
T : Ah bon ? Allez-y, montrez-moi les papiers qui le prouvent que je possède bien ces hangars.... Oh, vu votre tête, c'était un joli mensonge... Bien, pas de papier, peut-être que vous auriez des relevés téléphoniques, un portable m'appartenant ayant borné à l'antenne la plus proche ? Toujours pas.... Des vidéos venant de certaines caméras, peut-être ? Qui me montre clairement à cet endroit précis ? *soupir* Alors qu'est-ce que vous avez sur moi ? Parce que, bon, ça fait déjà plusieurs heures que je suis en garde à vue et ça commence à faire long.
O : On a un témoin qui affirme t'avoir vu là-bas, procéder à un échange louche.
T : Ah ! Enfin on y arrive, vous n'avez donc que ce témoignage, rien de plus qui vient corroborer cette version... C'est donc parole contre parole.
(...)
O : Tu dois connaitre monsieur Morrow, non ?
T : Le gérant du bar un peu plus loin dans la rue, qui a saccagé mon bar il y a quelques mois parce que soi disant, je lui vole de la clientèle, oui, je le connais très bien, pourquoi ?.... Attendez, c'était votre témoin, c'est ça ?
(...)
Conclusion du compte rendu : aucun élément ne permet d'affirmer que le dénommé Cat est bien impliqué d'une façon ou d'une autre dans ce trafic de stupéfiants, il a donc été relâché le 16.09.23 à 9h45.
***
- Vous revoilà, on a eu peur de ne pas vous revoir avec les autres, patron. On fait quoi maintenant ?- On dégage les hangars, dans un premier temps et on fait couler l'affaire de Morrow après.***
- Mais maman, je t'ai déjà donné de l'argent en début de mois...- Oui mais... j'ai déjà tout dépensé, j'ai eu des imprévus puis faut bien payer les factures et puis...L'enfant soupire face à sa mère qui se cherche des excuses, ne veut pas lui dire la vérité, il sait bien qu'elle n'a pas réellement eu d'imprévu, qu'elle n'a juste pas pensé à économiser, qu'elle a préféré se faire plaisir, s'acheter certaines choses pour oublier un peu sa vie ici-bas. Mais Cat ne dira rien de plus, finira par prendre son téléphone pour ouvrir son application bancaire, envoyant ainsi une somme assez coquette sur le compte de sa génitrice, alors qu'elle vient le prendre contre lui, presque en pleure, le remerciant sincèrement, c'est peut-être la seule chose de vrai qui sort de sa bouche depuis qu'elle est rentrée dans le bureau.
Après tout, il n'allait pas la laisser comme ça, dans le besoin alors que lui pouvait lui offrir un soutien financier. À bien y réfléchir, il faisait un peu la banque pour tout le monde dans cette foutue fratrie, mais il les aimait trop pour leur tourner le dos, il était comme ça, Cat, a tout donner à ceux qu'il aimait, qu'importe ce que c'était, argent, soutient... parce que c'était lui le roi de la débrouille, c'était lui, qui avait toujours des combine, c'était lui, qui arrivait à garder cette fratrie plus ou moins unie, malgré les différences, d'âge, de père, de tempérament.
Quelle idée aussi, Aylin avait eu de tomber amoureuse de chaque homme un peu bancale qu'elle rencontrait, pire encore, à quel moment est-ce qu'elle se disait que c'était une bonne chose d'avoir des enfants avec chaque personne qui a partagé sa vie. Mais est-ce que Cat pouvait lui en vouloir ? Après tout, sa mère vivait dans son propre monde, un monde semblable à un conte de fée dont elle était la princesse en détresse, sauvé tant princes.
- Quand même, il faudrait que tu arrêtes de tendre la main à des cas désespérées comme ta mère, Cat....- Je sais, mais c'est comme ça...Ça l'irrite un peu, que quelqu'un lui dise ça, son bras droit avait raison, il devrait peut-être arrêter, mais c'était plus fort que lui, sa famille, c'était ce qu'il avait plus de précieux, il ne pouvait pas se permettre de les laisser tomber, il ne pourrait jamais le faire.
***
- Cat, depuis quand tu n'as pas dormi ?L'homme s'avance vers le bureau où son patron était affalé, une bouteille d'alcool vide devant lui. Il ne peut que voir les cernes et les traits fatigués qui tirent le visage de son patron.
- On est le 7.C'est vrai, c'était le 7 mai, une date tragique pour le pauvre dealer, qui avait perdu un ami, un partenaire in crime, son premier acolyte dans cette aventure terrifiante qu'était ce genre de business. C'était tout récent dans son esprit, aujourd'hui, ça faisait trois ans tout pile que Red avait rendu son dernier soupir et Cat portait toujours en lui cette peine, cette culpabilité de ne pas avoir pu être là, pour le protéger, pour le sauver. Mais Red avait toujours été comme ça, plus têtue qu'une mule, un impulsif qui écoutait bien plus son instinct que sa raison, tout le contraire du dealer, au final...
- Tu n'aurais pas pu le sauver, tu sais ?- Non, c'est vrai, mais j'aurais pu, je sais pas, l'assommer, le ligoter pour pas qu'il y aille, pour qu'il fasse pas sa tête brûlée.- Alors, c'est toi qui y serais passé.- Ça aurait peut-être été une bonne chose, tu ne crois pas ?
***
La musique bat son plein dans cette boite située dans une ancienne usine désaffectée, ici, il n'y a qu'un mot d'ordre : s'amuser. Ici, on laisse les problèmes de côté, on se laisse aller, dans tous les sens du terme. Il n'y a que Cat qui ne fait rien de tout ça, préfère conclure quelques accords, faire quelques ventes, parmi les gros poissons ici présent. Mais il est souriant, avenant, comme à son habitude, paye des verres aux personnes présentes autour de cette table sur une espèce de mezzanine, ce soir, la nuit était sienne, il l'avait décidé.
Jusqu'à ce qu'un de ses revendeurs viennent le voir lui chuchote à l'oreille que dehors, ça dégénérait, qu'il y avait un règlement de compte, apparemment. Si au début, ça ne faisait ni chaud ni froid, un prénom capte directement son attention, qu'est-ce que le bébé de la fratrie faisait ici ?
Cat s'excuse, se lève tranquillement. Il fait le fier, celui qui prend les choses à la légère, mais au fond, la panique l'habite. Alors, dès qu'il est sûr que ses futurs clients, Cat fonce, court le plus vite possible en espérant que tout irait à peu près bien jusqu'à ce qu'il arrive enfin dehors, voit ce petit regroupement, qui semble effectivement, chercher des noises à quelqu'un de plus jeune qui, de toute évidence, n'a aucune répartie et ne fait qu'aboyer comme un petit chihuahua, oui, ça correspondait bien au dernier né des Ó Fearghail, sérieusement, ça le désespérait.
- Vous avez aussi peu de courage pour vous attaquer à deux contre un gamin ?Tous les visages se tournent vers le brun, qui continue de réduire la distance entre lui et les petites frappes devant lui.
- Dégage, c'est pas tes affaires.- À partir du moment où vous venez gâcher mes affaires, si, ça l'ait. Je vous ne le redirait qu'une fois, dégagez maintenant sinon, ça sera votre fête. Non, vraiment ? Très bien, on va s'amuser un peu alors.En vrai, ce n'était pas si mal d'avoir quelque chose pour se défouler un peu, avant de jouer les grands frères en colère, ça lui permettrait peut-être d'épargner le pauvre rejeton qui n'osait pas bouger de terre. L'affaire fut rapidement pliée, les brutes n'étaient pas mieux que le petit frère à terre, au final, ils avaient vite filé la queue entre les jambes, après un crochet droit et surtout, quand les employés du dealer commencèrent à arriver. Cat finit par se rapprocher de son frère, lui attrapant le bras pour le remettre sur ses deux jambes avant de le ramener vers le parking, le poussant un peu violemment à l'arrière de la voiture, partant ensuite à la place du conducteur, s'assurant de fermer toutes les portes pour éviter une fugue alors qu'il allume le moteur, sa colère explosant enfin, il n'y avait qu'avec eux, qu'il se laissait aller à ce genre d'émotion.
- Putain, leanbh, je savais que tu n'étais pas le couteau le plus affuté du tiroir, mais sérieusement ??? Pourquoi ces gars te faisaient chier ? Je t'ai déjà dit de faire attention à tes fréquentations et voilà où je te retrouve ? Mais qu'est-ce qu'on a foiré dans ton éducation de merde pour en arriver là ??leanbh, c'était le surnom du petit dernier, le "
bébé" de la fratrie, que presque personne ne comprenait, un bébé arrivé un peu tard pour beaucoup dans la famille, qu'ils n'avaient pas vraiment connu. C'était le gamin capricieux, hautain, remplie d'une haine contre ses ainé.es et comparé aux faux triplés, Cat n'avait jamais pu le maintenir dans un cadre assez strict pour éviter qu'il n'emprunte un mauvais chemin.
- M'appelle pas comme ça, déjà, j'ai un prénom j'te signal, je suis plus un gamin donc ton "bébé" tu te le fout profond dans le-- Tu n'es pas un bébé ? Oh, Aydan, je t'en prie, arrête de dire ce genre de connerie.Le rire du grand frère empli la voiture et d'un coup, le plus jeune se fait tout petit, généralement, quand on l'entendait, ce qui suivait n'était jamais bon, alors peut-être que s'il se faisait discret, Cat saurait se retenir. Mais au lieu de ça, la voiture pile et le bouclé se retourne se penche pour venir attraper son frère par le col.
- À partir du moment où tu te fous dans des situations dangereuses parce que tu veux faire comme dans les films d'actions que tu vois à la télé sans réfléchir une seule seconde aux conséquences,SI, tu es encore un putain de bébé qui ne sait rien faire d'autre que piailler et chouiner à peine on lui tape sur le bout du nez. Tu pensais que tu pourrais faire le grand, l'adulte en faisant copain-copain avec des gars de ce monde ? Que comme ça, tu aurais une liberté, un certain pouvoir ou que sais-je ? Laisse-moi te dire que tu ne connais rien de ce monde et que les petites merdes comme toi, on en fait qu'une bouchée. Donc, maintenant, tu arrêtes tes conneries, parce que je ne serais pas toujours là pour rattraper tes conneries et je n'ai pas envie de voir maman en pleure parce que son connard de dernier enfant a décidé de jouer à un jeu dangereux, compris ?
La tirade terminée, Cat vient lâcher le pauvre enfant, qui ne dira plus rien le long du trajet, beaucoup trop en colère et blessé dans son égo, mais surtout, ayant trop peur de s'attirer les foudre de son frère une nouvelle fois. Finalement, la voiture s'arrête devant la maison familiale et jusqu'à la porte, le brun suit son cadet, pour être certain qu'il rentre sain et sauf au nid familial, il ne voulait pas avoir une deuxième mort sur la conscience.
***
- Je peux te poser une question ?- Bien sûr, tout ce que tu veux.- Tu n'as pas envie d'arrêter ce qu'on fait, parfois ?Celui qui se fait appeler Cat désormais regarde son meilleur ami, il voit ses yeux tristes, perdu dans le vide, ça lui arrivait de plus en plus souvent, ces derniers temps, de se poser cette question, mais c'était la première fois qu'il la lui posait directement, à lui.
- Tu aurais envie qu'on arrête tout ça ?- Je ne sais pas... Je ne veux pas t'abandonner dans ce monde de requin et puis, en vrai, est-ce qu'on peut vraiment en sortir, maintenant qu'on a les pieds dedans ?- Je ne sais pas vraiment, Red, peut-être qu'on pourrait...- Toi qui est le cerveau du duo, tu as forcément des idées, je t'en supplie, dis-moi que tu en as....- J'en ai, mais est-ce que ça te plaira ? J'en suis moins sûr.Il sent les bras autour de lui resserrer leurs étreintes et pendant quelques instants, le dealer se perd, se laisse envahir par la chaleur de son autre, respire son parfum, écoute le souffle qui commence à se faire plus lourd, à mesure que Red plonge dans le sommeil. Cat n'en dira pas plus, sur ces plans pour retrouver une vie normale, préférera murmurer à l'oreille de l'endormi cette phrase dans sa langue maternelle
"Is ceol mo chroí thú", il aimerait pouvoir le lui dire réellement un jour, mais pour le moment, c'était trop tôt, beaucoup trop tôt.
(tu es la mélodie de mon cœur)***
Les fêtes de fin d'année sont de nouveau là, une nouvelle année se termine bientôt, ici, la neige a recouvert la ville et de nombreuses décorations, en rapport avec cette fête qu'est Noël, sont éparpillées ici et là. Chez les Ó Fearghail, on n'échappait pas à la règle des pulls moches et des bonnets de père Noël. Le réveillon se faisait en famille et chaque enfant était prié de venir, si on ne voulait pas avoir les sanglots d'une mère désemparée à l'autre bout du fil. Beaucoup avait tenté, au moins une fois, avant de vite rappliquer, on ne sortait pas de la famille si facilement. On n'apportait pas les pièces rapportées ici, sauf s'il y avait mariage et enfants, parce qu'on avait honte, parce qu'on ne voulait pas qu'il y ait des questions indiscrètes et surtout, on gardait le sourire, pour entretenir cette image que tout allait bien, pour laisser croire aux plus naïfs de la famille que le monde n'était que paix et amour.
- En réalité, je crois que tu es le seul à t'en sortir réellement, Alaois.- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?Cat se retourne, vers son ainé, qui est en train de finir d'éplucher les pommes de terre avec lui. Il ne comprend pas vraiment pourquoi cette remarque sort d'un coup, se demande s'il joue si bien la comédie, pour ne rien laisse paraitre de son état interne, proche de l'implosion.
- Regarde toi, ton bar marche du feu de dieu, à tel point que tu ne te soucis jamais de l'argent, mais depuis tout petit déjà, tu as toujours su te débrouiller, on n'a jamais vraiment su comment, mais tu avais toujours une combine, un truc pour nous sauver les miches. Les cartes avaient raisons, tu es vraiment devenu un pilier pour cette famille.
- Qu'est-ce qui t'arrive, tu es à ce point triste dans ta vie pour me sortir tout ça ? Tu sais, j'aimerais bien avoir une vie bien rangée comme toi, une femme, des enfants, un travail où tu n'as pas trop à réfléchir.- Déjà, je sais que tu mens, tu as trop la bougeotte pour rester en place et créer quelque chose de solide avec quelqu'un.Touché.
- Et ce qui me tracasse vraiment, c'est de savoir à quel moment tu finiras par devenir celui qui explosera la famille, après tout, c'est ce qu'ils avaient aussi prédit. Maman ne se concentre que sur la première partie, mais moi, je n'oublie pas " Celui qui liera cette famille, mais aussi celui qui pourra la réduire en cendre. "Coulé.
- Remarque, tu as déjà commencé à la briser, cette famille, quand tu as disparut pendant presque un an.
- Je me suis déjà expliqué sur ça, il fallait que je parte, j'avais juste besoin, tu sais, de prendre du temps pour moi.- Tu fuyais quelque chose, n'est-ce pas ?Ça commençait a puer, sérieusement. Pourquoi est-ce que le plus âgé commençait à devenir si intrusif dans ses questions ? Est-ce qu'il savait quelque chose ? Le cerveau de Cat n'a de cesse de travailler, de surchauffer, alors qu'il analyse de fond en comble toute la situation, avec cette sensation désagréable qu'un piège se refermait doucement sur lui.
- Réponds moi, Alaois.- Je n'ai pas envie de te répondre.- Tu as quelque chose à cacher.- Arrête.- Je ne te lâcherais pas tant que je ne saurais pas la vérité, elle est si laide que ça pour que tu refuses d'être plus précis sur cette période de ta vie ?D'un coup, le cadet vient frapper la lame du couteau qu'il tenait sur la planche à découper, le plantant au passage dans le bois tant l'agacement était à son comble.
- Tu veux vraiment savoir ? Très bien, je vais te le dire, ce que j'ai fait pendant cette année sans donner de nouvelles : J'ai tenté de me couper de cette famille complètement bancale, qui me bouffait tout, au sens propre comme au figuré, que ce soit mon argent, ma santé mentale, tu te rends compte que j'ai été plus un grand frère pour toi que tu ne l'as été ? Tu te rends compte que si aucun des gamins ici n'a pas sombré, c'est parce que j'étais là pour les rattraper ? Alors, oui, j'avais toujours des combines, des trucs pour vous sauver les miches comme tu dis, tous ici, mais j'étais bien obligé ! Qu'est-ce qu'on aurait fait sinon ? vous, rien, vous auriez continué à pleurer que la vie c'était trop compliqué, que, parce que maman n'a jamais été une bonne mère et que nos putains de père étaient tous des connards, on ne pouvait être que des ratés, mais moi je refusais ça, alors je cherchais des petits boulots, au black pour ramener un peu d'argent, en espérant que ça termine pas dans les boissons ou la poudre, je gérais tout de votre quotidien parce que maman était trop occupé à courir derrière un autre alcoolique, je faisais tout et je n'ai jamais eu le moindre remerciement de votre part. Alors, oui, pendant un an, je me suis enfui, j'ai voulu couper les ponts avec vous, parce que j'étouffais, j'avais besoin de penser à moi, prendre soin de moi, MOI, pas de cette famille de merde.S'il y avait beaucoup de vérité dans ce qu'Alaois disait, il y avait aussi un soupçon de mensonge. Il ne voulait surtout pas impliquer les siens dans des affaires sales où il s'était foutu lui-même, il ne voulait pas qu'on puisse lui faire du mal, parce qu'il avait trop joué avec le feu. Mais il y avait tout de même ce ras-le-bol, de n'être que celui qu'on venait voir quand on avait besoin de quelque chose : argent, soutien, logement, nourriture. Et il devait bien avouer que lâcher un peu de tout ce qui lui rongeait le cœur depuis des années, lui faisait du bien et surtout allait certainement l'aider à clore ce débat à tout jamais.
- Ah non, pardon, je n'étais pas toujours seul, il y avait aussi Bodb qui m'aidait, tu sais, l'enfant qu'il y a entre toi et moi, celui que tous ici oublient en permanence. Mais sinon, tous ici êtes bien heureux que je réussisse, comparé à vous, parce que vous pouvez continuer de venir me picorer dans la main, mais vous avez toutes et tous peur du jour où je la refermerais et vous laisserait réellement tomber, c'est pour ça que tu as du mal à dormir en ce moment, c'est ça ? C'est juste parce que tu sais que tu n'es pas capable d'assumer seul ta petite famille, que ça t'agace, de ne pas avoir le contrôle sur moi, que ce n'est plus comme lorsqu'on était petit, pas vrai ?- Les enfants, ça va ? On vous entend depuis le salon ...
- Oui maman, ne t'en fais pas, on a juste eu ... un débat un peu trop enflammer sur comment couper les pommes de terre, tu sais, on a toujours été comme ça.La femme se met à rire doucement, alors qu'elle acquiesce, se rappelant le nombre de fois où ses plus grands s'emportaient, parce qu'ils étaient incapables de s'écouter lorsqu'ils étaient enfants, heureusement, cette tendance avait un peu disparut quand l'ainé avait préféré voler de ses propres ailes. Le débat clos, Cat reprend son découpage, l'ambiance est maintenant pesante dans cette cuisine, plus personne ne parle, mais c'est peut-être mieux ainsi, au moins, Alaois serait tranquille un bon moment comme ça.
Non, Cat ne parle jamais vraiment de lui, s'invente mille et un personnage, pour pouvoir continuer d'avancer. Parce qu'il préfère sourire que d'avouer, que tout au fond de lui, il en a assez. Jamais il n'avouera à quel point il a eu peur, pendant cette année passée loin des siens, à craindre pour sa vie, qu'on le retrouve après avoir quitté cette organisation qui l'avait pris sous son aile, à ses débuts dans ce milieu hostile. Il préfère ignorer le sang qu'il voit toujours sur ses mains, malgré qu'il ait déjà passé des heures à les laver, frénétiquement. Et jamais il ne montrera ce cœur blessé, d'avoir perdu l'être aimé ni la culpabilité qui le ronge, car il ne pourra jamais plus il ne pourra serrer Red dans ses bras et tout ça, c'est à cause de lui, d'une certaine manière. Mais ça, il ne le dira jamais, préfère tout enfermer au fond de lui, se laisser ronger jusqu'à la fin des temps, peut-être est-ce là son châtiment.- Chronologie:
24.05.1989 : naissance à Belfast, la famille déménagera rapidement pour suivre le père de Cat, qui était oniromancien.
janvier 1990 : enfant présenté aux oracles, la mère est fière, oublie presque les plus grands, séparation avec le père de Cat.
1995 : 6 ans, Cat rentre dans le cycle primaire, on le décrit comme un enfant espiègle mais plein de bonne volonté.
2000 : 11 ans, arrivé au cycle secondaire, Cat commence à se dire que l'école, ce n'est pas pour lui, qu'il déteste ça, même s'il aime apprendre à contrôler sa magie, tout le reste, il s'en fiche un peu.
2003 : 14 ans, Cat part voir l'autre côté, les humains, pour découvrir qui ils sont il rencontrera l'humain qui deviendra son meilleur ami : Red. Il va également découvrir ce que les humains appellent la chimie, il commencera alors à se plonger dans cet enseignement, rêvant d'en faire son métier.
2004 : 15 ans, entrée en cycle tertiaire, Cat en a plus que marre, il n'est pas le meilleur des élèves, à des problèmes de comportements, on lui fait comprendre que s'il ne travaille pas plus, il devra rester encore plus à l'école, il y a un petit déclic, il se met à travailler plus, mais ses professeurs en ont plus que marre de son arrogance.
- grosse crise financière côté famille avec le départ du compagnon actuel de Aylin, Cat traine toujours pas mal côté humain, finira par tomber dans les filets de plus grands qui lui proposeront de se faire de l'argent rapidement et surtout, facilement.
2007 : 18 ans, Cat part côté humain, rejoint Red en études supérieures. Il préfère largement, car ça l'intéresse, à côté de ça, on met ses compétences de petit chimiste en œuvre côté trafic, parce qu'il sait y faire et veut tellement apprendre les différents mélanges etc. qu'il ne compte pas ses heures.
2009 : 20 ans, Cat et Red décident de partir du groupe où ils sont, ne s'y retrouvant plus, ils rêvent de plus et surtout sans personne au dessus d'eux. Ils vont disparaitre un an, le temps de se faire oublier et surtout fuir ceux qui perdent leurs poules aux œufs d'or.
2010 : 21 ans, Les deux jeunes hommes reviennent à Édimbourg, traumatisés par cette année à être sur leurs gardes, à se débarrasser de ceux qui leurs voulaient du mal.
2012 : 23 ans, L'affaire des deux voyous ne cesse de croitre avec quelques pertes d'autres gros poissons dans le milieux, l'argent commence vraiment à affluer, il leur faut une couverture.
2014 : 25 ans, Ouverture du bar "Friday 13th" pour couvrir leur autre activité côté humain.
2019 : 30 ans, Perte tragique de Red dans un règlement de compte, Cat n'a rien pu faire. Il se servira de sa haine et sa tristesse pour venger son meilleur ami.
- La bar "Friday 13th" déménagera côté sorcier, dans le quartier de Leith.
2023 : 34 ans, La petite bande de Cat s'est au fur et à mesure reconstruite, s'est relevée de la perte du bras droit du patron, même si le manque est toujours là, bien entendu.