[Terminé] Remember me when it rains ft. Liya

Le 24 Décembre est une date que beaucoup de familles célèbrent. Tradition humaine importée et adoptée, ici chez eux, chez les sorciers et les sorcières elle n'a aucune connotation religieuse comme cela peut être le cas chez les humains. Remarque, de l'autre côté non plus ce n'est pas nécessairement le cas. Tout dépend des gens et des familles, mais la plupart en profitent surtout pour passer du temps ensemble. Faire plaisir aux enfants avec des cadeaux, s'octroyer un bon repas et se goinfrer de chocolats. Il lui avait fallu un certain temps, pour accepter d'aller passer les fêtes chez sa petite amie de l'époque. Une jeune femme sans magie, parfaitement ordinaire qui avait bien compris que lui... Il n'irais pas la présenter à ses parents. Mais elle y tenais. Il avait donc finit par céder après la première année de couple, pour aller passer Noël dans la famille de sa belle. Le sorcier avait eu beaucoup d'appréhension à ce moment-là, craignant de rencontrer les parents de sa petite amie. Si le couple et le reste de ses proches s'étaient avérés charmant... Il y avait toujours en Ichabod ce doute horrible, affreux, d'imaginer que s'ils savaient, ils pourraient essayer de se débarrasser de lui. Alors il n'a jamais rien dit. Jamais rien avoué à sa petite amie qui jusqu'à la fin, aura ignoré sa nature d'enfant des vents.

Noël c'est une fête de famille. Pour Ichabod, c'est donc un jour comme les autres. Une journée qui commence tard, vers onze heures du matin le temps d'émerger de son sommeil. Dante qui est déjà rentré de sa nuit, le familier Nocturne qui passeras sa journée très probablement assoupi la tête en bas, perché sur l'une des poutres de sa mezzanine. Un café pour commencer sa journée à lui. Puis ?... Il verra bien. S'occupe avec des dessins, accompagnés de nouilles instantanées. Il a prévu le coup pour ce soir, s'est acheté un plat à réchauffer qui traîne dans son réfrigérateur en sachant très bien que peu de restaurants seront ouverts vu la date. Hors de question de se faire avoir, il réchaufferas son mac and cheese quand il aura faim.

A moins que les plans de l'Aéromancien ne changent soudainement. Alors qu'il termine une énième tasse de café dans l'après midi, son téléphone vibre dans sa poche. Il y reconnaît immédiatement le nom, lit rapidement le message de détresse de Liya et esquisse un sourire en tapotant :

24.12.23

Habiter le même quartier, c'est pratique. Ne pas avoir de proches aussi. A qui d'autre aurait-elle pu demander s'il n'était pas là vu la date ? Et quelle idée de s'acheter un meuble un 24 Décembre aussi ? Elle n'a probablement pas fait attention elle non plus. Ne s'est peut-être pas rendue compte tout comme lui, qu'aujourd'hui pour beaucoup de gens, ce n'était pas une journée comme les autres. Enfilant sa veste et prenant garde de se couvrir après avoir constaté une pluie fine à travers les vitres de ses fenêtres, le voilà qui se met en route avec son diable sous le bras. Liya n'habite pas très loin de chez lui. Le magasin où elle lui a donné rendez-vous n'est pas non plus à l'autre bout de la ville. Fort heureusement, ça semble être à mi chemin entre leurs apparentements respectifs.

Si en tant qu'enfant des vents il pourrait très bien user de sa télékinésie pour soulever le fameux meuble -qu'est-ce qu'elle a bien pu acheter, d'ailleurs ?- sur la durée, Ichabod n'est pas certain d'y arriver. Il faut prendre en compte le poids et la forme, faire léviter le carton en évitant les passants. Prendre garde à ne pas le lâcher d'un coup sur les pieds de quelqu'un, rester concentré... Non, le diable sera plus efficace pour le coup. Il pourra toujours faire léviter l'achat de sa collègue pour l'installer, mais songe que le faire rouler est une solution plus sage pour éviter tout accident.

Et elle est là, emmitouflée elle aussi dans son manteau. La petite pluie froide tombe encore, se transformeras sans doute en flocons dans la soirée lorsque la température baisseras d'avantage. Il est d'ailleurs étonné qu'il ne neige pas déjà. Heureusement, les trottoirs semblent suffisamment dégagés pour ne pas risquer de tomber ou de glisser avec le fameux meuble de l'Oniromancienne.

« Alors, t'as encore eu une bonne idée aujourd'hui ? »

Il la taquine. Plus amusé qu'embêté par l'étrangeté de cette situation cocasse. Un meuble le 24 Décembre... Quelle belle idée de merde.

« Montres moi la bête. »

Liya avait trouvé le canapé parfait, il était là, devant elle, lui tendant les bras, l'appelant à travers la vitrine. Depuis le temps qu'elle cherchait désespérément CE meuble dans CE coloris, il était enfin devant elle, ni une , ni deux, la brune entre dans le magasin, achète ce petit bijoux, pouvant le payer directement après avoir passé des mois, voir des années à mettre de côté pour ne pas laisser passer l'occasion quand celle-ci se présenterait. Seulement, la sorcière n'avait pas pensé qu'en ce jour de fête, on ne pourrait pas le livrer ou même l'aider à le ramener chez elle, mais qu'on pouvait prévoir une livraison la semaine suivante, peut-être. Et c'était totalement hors de question, déjà, parce qu'elle avait tellement attendu ce canapé, que non, elle ne pouvait plus attendre et ensuite.... Elle avait donné son ancien canapé à un ami, qui en avait plus besoin qu'elle, vu qu'il faisait canapé-lit et que cette personne repartait de rien. Et si pendant un temps, seulement une sorte de futon lui avait suffi en guise de canapé, là, ce n'était plus possible, alors non, elle allait le prendre maintenant.

La voici maintenant sur le trottoir, dans le froid, avec deux gros cartons contenant son nouveau bébé et son familier, perché sur les cartons, qui lui dit bien, qu'elle n'y arrivera pas toute seule.

" On ne peut pas savoir tant qu'on n'a pas essayé ! "

Le plan d'attaque était simple : l'oniromancienne apportait un des cartons jusqu'à chez elle, pendant que Tiangou montait la garde, puis elle venait chercher le dernier carton et le tour était joué. Enfin, oui, ça aurait pu le faire, si elle avait eu assez de force, depuis quand c'était si lourd ?? Liya doit se rendre à l'évidence, elle aurait peut-être du demander une livraison plus tard ... Mais elle n'avait pas réellement réfléchit, percuté, quand on lui avait parlé du 24 décembre. " Noël" c'était un mot assez étranger pour la jeune femme, qui ne l'avait plus fêté depuis longtemps, il y avait bien eu quelques petites célébrations avec sa première petite amie, pendant ses années universitaires, mais en soit, c'était toujours très sobre, c'était un jour comme les autres, avec juste un petit repas plus conséquent et encore, depuis, elle faisait les fonds de placard ou les restes, quoique, cette année, elle avait prévu le coup et pris une pizza à décongeler, certains trouveraient ça triste, mais ça lui convenait totalement, à la sorcière.

Elle regarde alors dans ses contacts, s'il n'y avait pas une personne qui pourrait venir la dépanner, mais tous avaient une famille ou des plans. " Sérieusement, il fallait vraiment que je fasse ça, un 24 décembre." Et puis soudain "Ichabod"apparait devant ses yeux, pourquoi est-ce qu'elle n'y avait pas pensé plus tôt ? La tatoueuse savait bien, maintenant, qu'il était dans le même cas qu'elle niveau famille, il ne ferait sans doute rien aujourd'hui, enfin, elle espérait réellement que c'était le cas.


24.12.23






Remettant bien le col de son manteau pour ne pas avoir trop froid, Liya attend la réponse qui ne se fait pas attendre, heureusement, son ami était là et surtout, il arrivait avec de quoi faire bouger les cartons, il était vraiment son sauveur ! La brune pianote des remerciements, lui indique l'endroit où il peut la retrouver et maintenant, il n'y a plus qu'à attendre. Le gérant du magasin l'aide tout de même à mettre les cartons à l'abri, non sans rire de la situation, avant de vite filer rejoindre sa famille. Les minutes passent doucement, Liya a l'impression de geler sur place, heureusement, l'aéromancien n'est pas très loin et ne tarde pas à arriver, non sans lui lancer une petite pique.

" Mon idée est magnifique !! J'ai juste pas réfléchis comme il faut..."

Comme bien souvent quand une idée surgit dans son esprit, en réalité.

" Les bêtes... en réalité...."

C'est vrai qu'elle n'avait pas précisé que le meuble était en deux parties... Mais ils referaient le plan initial, eux apporterait le premier carton, son familier montant la garde en attendant. Liya amène donc le tatoueur à l'endroit où les cartons sont abrités.

" Non j'avoue, c'était une sacrée idée de merde. "

La rêveuse semble enfin réaliser l'étendue de sa bêtise, elle était longue à la détente, parfois, Tiangou vient d'ailleurs exprimer son mécontentement d'un " sans blague." alors qu'il observe les deux sorciers devant lui.

" Tiangou accepte de rester ici surveiller le deuxième carton le temps qu'on apporte le premier, c'était mon plan initial, mais vraiment, j'ai surestimé mes muscles. Mais en même temps, c'est le canapé de mes rêves, je le cherche depuis des années, je ne pouvais pas laisser passer cette occasion !"

Liya tente de se rassurer un peu, s'en veut d'avoir encore laissé parler son impulsivité, qui implique du coup ses amis, cette fois, qui aurait peut-être préféré être au chaud chez eux, enfin, elle était sûre que c'était ça pour le chien, pour Ichabod, par contre, elle ne pouvait que le supposer.

Les bêtes en réalité. En effet. Lorsque Ichabod détourne son regard, tombant au passage sur le familier de sa collègue il constate qu'il y a deux cartons. Assez gros, qui semblent assez lourds aussi. Tu m'étonne qu'elle n'y arrive pas toute seule ! Quelle idée Liya vraiment. Ce n'est pas pour rien que lorsque l'on déménage, le sofa fait partie des meubles les plus chiants à bouger et qu'on est en général deux pour le porter.

« Heureusement que tu es là alors, Tiangou. Qu'est-ce qu'on ferait sans toi hein ? Elle serait bien embêtée Liya. »

Oh, avec un gros chien comme celui-ci il n'y a pas trop de risque pour le carton. S'il n'est surement pas bien méchant -et à vrai dire, Ichabod ne le connaît pas spécialement la sorcière venant plus souvent sans lui qu'avec lui au salon-, ça dissuade tout de même. Son familier à lui est bien plus discret, une toute petite chauve souris ça ne prend pas beaucoup de place et ça se débrouille tout seul. Dante sort généralement de lui-même pour ses ballades nocturnes, parfois avec Ichabod quand ce dernier a envie de marcher un peu au frais pour désembrumer son esprit. Un chien de berger ? C'est tout de suite plus contraignant comme familier ! Et encore, c'est pire quand certaines personnes ont des animaux plus impressionnants comme des gros carnivores. Une panthère, un lion... C'est surement pas évident à gérer. Sa chauve souris lui convient bien. Il est rare qu'un enfant des vents n'ait pas un familier volant, la plupart sont accompagnés d'oiseaux. Lui a un petit mammifère nocturne et discret mais... L'honneur est sauf. Dans la fratrie Karlsson de toute manière, aucun des trois frères ne s'est lié à un gros rapace impressionnant. Lui a un oreillard minuscule, Nero une petite chouette et Aurelius lui, avait une perruche.

Reportant son attention sur le premier carton au quel Tiangou leur laisse accès, il ouvre donc son diable et se concentre. Le carton n'a pas une forme bien étrange, lui permettant ainsi de jauger convenablement. Le poids parcontre... Ah, il aurait peut-être dû essayer de le soulever à la main pour se familiariser avec. Parce qu'à part se redresser sur la tranche, rien ne se passe.
Se relever, avant que les lois de la gravité ne se rappellent à eux. BOUM. Le pauvre pied de Liya.

Ichabod a nettement plus l'habitude des objets plus légers que celui-ci. S'en veut terriblement d'avoir raté son coup, au point qu'il ne tombe sur sa pauvre collègue qui n'a rien demandé, qui galérais déjà assez comme ça avec sa brillante idée de merde. Relevant immédiatement la bête, l'Aéromancien s'assure qu'elle aille bien :

« Merde, désolé ! ça va, rien de cassé ? »

Elle a mal, il ne faut pas être un génie pour le deviner. Mais pas mal au point de s'être cassé un orteil à priori. Du moins il l'espère. Une fois certain qu'elle est encore entière, il s'applique donc à monter manuellement, de lui même sans télékinésie foireuse, la bête sur son diable déplié.

« Vas-y, je le tiens pendant que tu fixe les tendeurs pour le tenir en place. »

Est-ce que Liya habite au cinquième sans ascenseur ? Il espère sincèrement que non, étant donné son pitoyable usage de la magie. ça risque d'être drôle, de monter les escaliers avec un gros carton comme ça. Deux fois. Avec un pied en moins.

" Ça, tu l'as dit, elle ne saurait plus où donner de la tête, comme bien souvent."

" Tiangou !! "

Le familier semble satisfait de l'air que sa sorcière a sur le visage, ne tient même pas compte de la gronderie faite par Liya pour finalement laisser le champ libre à Ichabod pour s'approcher d'un des cartons. La tatoueuse se calme enfin, vient observer ce que son collègue faisait, se tenant prête si jamais il y avait besoin de quelque chose. De toute évidence, l'homme avait décidé d'utiliser sa magie et sur ça, Liya lui faisait confiance, après tout, il savait très bien viser avec des rouleaux de sopalin et autre ustensile pour tatouer et puis, si le Karlsson commençait avec la télékinésie, c'est qu'il savait qu'il pouvait le faire.... Ou pas. Le pied de l'oniromancienne s'en rend très vite compte, alors qu'il est attaqué de plein fouet par le carton. Liya, elle, s'empêche de crier sa douleur, plaquant ses mains sur sa bouche alors qu'elle remue le pied, comme pour faire passer le mal irradiant de son orteil.

" Ça va, ça va .... ! "

Rien de casser, elle avait juste mal, très mal, mais ça allait passer, ça ne pouvait que passer .... quelques secondes encore à contrôler sa respiration et sautillée et la voilà de nouveau opérationnelle, fort heureusement. Le chien, lui, les observait d'un peu plus loin, visiblement désespéré par la scène qui se déroulait devant lui.

" Par contre, essaye de ne pas trop me l'abîmer s'il te plait...."
" Il est un peu aigri à cause de la pluie, désolée d'avance pour sa mauvaise humeur."

En vrai, ça l'amuse un peu, de voir que Tiangou accepte de parler à quelqu'un qu'il ne connait pas très bien, lui qui d'habitude, préfère rester silencieux, mais peut-être que le fait que l'Aéromancien leurs vienne en aide le poussait à être un peu plus bavard. Quoi qu'il en soit, les deux tatoueurs reprennent leur tentative de mettre le monstre sur le diable, Liya se dépêchant alors d'attacher les tendeurs autour du carton, pour le maintenir correctement en place pendant le trajet.

" Normalement ça devrait être bon ! "

Une dernière vérification que tout était en ordre, quelques papouilles à l'aigri de service et les voilà partis direction l'appartement de Liya. Il faut un peu plus de temps pour y arriver au vu du poids qu'il traine sur deux roues, mais ils arrivent tout de même à destination sains et saufs.

" On devrait moins galérer à le monter maintenant, vu qu'il y a l'ascenseur et que la porte est en face de la mienne ! "

Ouvrant la porte, la sorcière vient aider son ami à faire monter les deux-trois marches devant le hall d'entrée, avant de se retourner vers le dit ascenseur où une feuille avec écrit en gros " Hors-service" était scotchée.

" Non mais je rêve ??"

Ce canapé était littéralement une idée de merde, vraiment.

Plus de peur que de mal, heureusement, pour les doigts de pieds de Liya. Une chance en un sens, que l'on soit en hiver et pas en plein été, elle aurait surement eu plus mal si elle avait eu des petites sandales. Mais qui mettrais ce genre de chaussures fin décembre à Edimbourg ?... Il a déjà vu quelque enfants des vergers préférer marcher pieds nus, même en plein hiver. Les plus illuminés d'entre elleux souvent, mais... ça existe. Mais Liya est une enfant vagabonde, une Oniromancienne insomniaque. Pas une hippie qui apprécie son petit marché bio, local et vegan. Pas que ce soit forcément une mauvaise chose, mais c'est un mode de vie assez particulier tout de même....
Son familier est un peu grincheux à cause de la pluie et d'avance, Ichabod songe à l'odeur de chien mouillé qui va se dégager de Tiangou chez la sorcière lorsqu'ils reviendront tout les trois. Ah, c'est pas de sa faute au pauvre toutou. Mais tout de même. Préférant ne pas trop y penser à l'avance, les deux tatoueurs s'efforcent de monter et de sécuriser la première partie du canapé sur le diable.

Un problème après l'autre, comme on dit bien souvent. Au moins, le diable roule bien sur les trottoirs. ça n'a pas gelé, la neige des derniers jours est assez tassée et n'est pas non plus totalement transformée en bouillasse dégoutante. Les roues ne s'enfoncent donc pas, ce qui est une bonne chose après ce début d'aventure peu glorieux. Lors qu'ils arrivent finalement devant l'immeuble de Liya, Ichabod est rassuré sur un autre point : l'endroit à l'air assez moderne, il y a donc surement un ascenseur !

Les petites marches du hall sont escaladées d'un effort commun et...

« Oh for fuck's sake ! »

Il laisse échapper un juron en constatant le mot de maintenance. Ascenseur hors service, c'est bien leur veine. Si l'Aéromancien n'est pas spécialement vulgaire d'ordinaire, pour une fois, ça lui a échappé. Un juron lâché du plus profond de son cœur. Tout comme le soupir qui s'en suit. Passant ses mains sur ses tempes, Ichabod tente de se résigner et d'accepter son destin.

« Bon. Je vais éviter d'utiliser encore ma télékinésie avec ce machin, c'est trop lourd et j'ai pas l'habitude. Je vais pas non plus lui envoyer un coup de vent dans la gueule, parce qu'autrement il va s'écraser contre le mur. »

C'est ça Ichabod, blâmes donc le poids du carton pour justifier ton incompétence magique. Jetant sa veste en cuir sur le haut du carton pour se dégager et être plus libre de ses mouvements, il se remonte également les manches :

« Tu préfères le tenir ou le soulever par devant pendant qu'on monte ? Faut être sure de pas partir avec si tu te met derrière. T'as déjà perdu des orteils, j'ai pas envie que tu dégringoles les escaliers. »

Oh, et détail important qu'il a soudainement oublié :

« Et c'est à quel étage ? »

La sorcière sursaute presque en entendant son collègue jurer, c'est qu'elle ne s'y attendait pas, autant surprise par les mots employés que par le fait que ça arrive d'un coup, sans prévenir. Elle se retourne alors, se demandant si c'est bien Ichabod qu'elle vient d'entendre et force est de constater que c'était bien le cas.

" Voilà, tu as tout dit..."

Elle finit par se reprendre, hoche un peu la tête en entendant l'aéromancien dire qu'il ne préférait pas utiliser sa magie et à vrai dire, elle était plutôt d'accord, vu ce qu'il s'était passé avant, il valait mieux ne pas tenter l'univers, qui est bien décidé à leur mettre des bâtons dans les roues, sérieusement, pourquoi est-ce que l'univers lui en voulait autant, lui aussi, il aurait aimé avoir ce canapé ? Au moins, dans leur malchance, il y avait quelques points positifs, les escaliers étaient assez larges et les marches pas trop hautes, de plus, les différents paliers étaient assez vastes pour qu'ils puissent manœuvrer sans trop de difficultés.

" Je devais faire une séance centré sur le bas du corps à la salle, si je me mets derrière, ça devrait compenser."

Bien sûr, elle n'était pas de celle qui allait vraiment faire de la musculation en salle, mais elle tentait de détendre l'atmosphère, juste un tout petit peu.

" Non, en vrai, être à l'arrière ça me va, j'ai plus de force dans les jambes donc je pourrais mieux tenir si jamais il y a besoin. Et promis, je ne tomberais pas."

Manquerait plus que ça, tiens et vraiment, cette journée banale pour elle se transformerait en cauchemars, déjà que c'était un peu le cas.... Heureusement, elle avait refait son stock d'alcool il n'y a pas si longtemps et avait même des bières au frais, Ichabod aura donc un large choix pour prendre un petit remontant en temps voulu. Et puis, la question qui fâche est lâchée : c'est à quel étage ? C'est vrai que le tatoueur n'était jamais venu chez elle, encore.

" Si je te le dis tu vas réellement me détester, si ce n'est pas déjà le cas alors je ne suis pas vraiment sûre que ce soit une bonne idée.... Mais ce n'est pas au dernier étage, au moins...? "

C'est vrai, c'était l'avant avant dernier étage, alors c'était mieux que le dernier étage, mais pire que le premier, l'oniromancienne le sent bien, qu'elle ne pourra pas s'en tirer comme ça, surtout que c'est son ami qui allait être en tête de cortège.

" C'est.au.quatrième.étage.voilà, maintenant tu me détestes du plus profond de ton être, on y va ? "

La première partie de la phrase avait été prononcée très rapidement, comme si elle voulait éviter que l'information ne fasse trop mal, mais c'était aussi idiot que ne pas respirer pendant qu'on enlevait un pansement un peu trop bien collé à sa peau.

« Je ne savais pas que tu allais au sport. »

En réalité c'est qu'ils n'ont pas nécessairement abordé le sujet. Ichabod n'avait donc aucun moyen de savoir que sa collègue allai à la salle, faire de la musculation ou se renforcer il ne sait quelle zone spécifique. Ce qu'il retient c'est qu'elle préfère pousser derrière. Hochant donc la tête, la laissant inverser les places, il soupire et se frotte les mains pour se donner du courage. Baissé pour attraper le bas du diable, Ichabod s'applique à monter les escaliers en marche arrière. Tâche plus complexe qu'il n'y parait finalement. Les marches ne sont pas très hautes, l'encombrent plus qu'elle ne l'arrange lui et sa carrure de géant. Mais il s'en sort, difficilement mais surement. Manque de trébucher en arrivant au premier palier. Heureusement, l'endroit semble assez large pour leur permettre de rouler un petit peu. Mon pauvre dos qu'il songe.

Avec le tatouage, à se mettre parfois dans des situations improbables c'est un peu le cas pour lui comme pour tous ses collègues : on se fait souvent mal au dos. Le canapé n'arrangeras rien à sa situation et il est bien heureux finalement, de ne pas travailler avant quelques jours pour se remettre de la bête. Finalement en prenant leur temps -et en manquant de trébucher encore une fois ou deux pour l'Aéromancien- les voilà arrivés au quatrième étage. Long soupir en lâchant le diable, il tente de ne pas songer qu'il va falloir recommencer encore une fois pour la seconde partie du canapé.

Rattrapant sa veste jetée sur le carton, pour la garder à la main il laisse Liya chercher ses clefs et ouvrir son appartement. Il n'est jamais venu ici, ne sait pas trop s'il peut rentrer ou non. Probablement que oui, après tout... ils sont amis et il l'a aidée à monter cet horrible carton. La curiosité l'habite il se demande bien à quoi ressemble le logement de l'autre tatoueuse. Est-ce qu'elle vit dans la pénombre à l'image de pas mal de vagabonds ? Ces derniers ont tendance à ne pas trop aimer le soleil et les lumières vives, il a même déjà eu des clients de ce coven qui gardaient des lunettes de soleil à l'intérieur du salon parce qu'iels trouvaient la lumière blanche trop vive. Est-ce qu'elle est ordonnée, Liya ? Ou du genre bordélique ? Et pour la décoration, qu'est-ce qu'elle aime ? Est-ce qu'elle a tout un tas de plantes chez elle, pour compenser le fait de ne pas pouvoir en avoir au sein du Salon à cause de lui ? D'ailleurs, les plantes contredisent son idée initiale du manque de lumière chez l'Oniromancienne. Vraiment trop curieux, il passe la tête immédiatement dès la porte ouverte en faisant rouler la bête pour rentrer dans l'appartement de Liya.

" En fait, j'y vais quand j'y pense... c'est-à-dire, pas très souvent."

Mais l'important, c'était d'y aller parfois, non ? Certes, si elle y allait plus de deux fois dans le mois, c'était un exploit, mais à côté de ça, elle marchait beaucoup, avec son familier, alors ça compensait. Les voilà parti pour l'ascension des escaliers, à chaque étape, Liya demande si tout va bien, ayant bien vu les quelques fois où les marches avaient manqué de faire tomber son ami. Elle décida de quelque chose une fois arrivée en haut des escaliers.

" Pour le prochain, on échangera, comme ça, on aura vécu les deux situations, pas de jaloux."

Elle reprend un peu son souffle, s'adosse au mur quelques instants avant de chercher ses clés dans ses poches, ne tardant pas à ouvrir la porte menant à son appartement, tenant cette dernière pendant que son ami avance, avec le carton du démon. L'appartement ce n'est pas très grand comparer aux autres de la résidence, à vrai dire, c'est l'un des plus petits, mais Liya s'en fiche bien, elle a un grand salon et une grande chambre, le reste, c'est assez superficiel, vu qu'elle n'y passe pas autant de temps. Contrairement a ce qu'on pourrait penser, l'endroit est assez lumineux, bien qu'il y ait d'épais rideaux a toutes les fenêtres, quand le soleil tape un peu trop fort pour les pauvres yeux de Liya, mais c'est qu'elle aime les plantes, il leur faut donc beaucoup de lumière. La sorcière se remercie intérieurement d'avoir rangé un peu avant de sortir, sinon, ça aurait été trop la honte... Bien que le salon se donne des air de jungle avec son nombre impressionnant de pot ici et là, à croire qu'elle était botanomancienne dans une autre vie. Il n'y a que son coin bureau qui est vraiment désorganisé, vu qu'elle travaillait sur quelques projets depuis quelques jours, à moins qu'on ne considère la multitude d'affiche, de dessins et petits tableaux accrochés sur le mur comme un bazar organisé. Carton enfin poser au milieu de salon, la sorcière vient ramasser le futon par terre, le cale dans un coin de la pièce avant de se diriger vers la cuisine.

" Tu veux un truc à boire avant qu'on reparte ? Je t'aurais bien proposé quelque chose de plus fort, mais je me dis qu'il vaut mieux qu'on attende d'avoir ramené le deuxième carton..."

Qui était un peu plus petit, donc possiblement plus léger ? La tatoueuse espérait au plus profond d'elle-même en tout cas. Elle vient se servir un verre d'eau, attendant la réponse de son ami en allant chercher quelques friandises pour son familier, il serait peut-être moins grognon comme ça.

Chacun son tour, pour souffrir dans les escaliers, Liya propose d'échanger au prochain aller retour pour la seconde partie de la bête, et Ichabod acquiesce. Tout en observant l'intérieur de sa collègue, il se dit soudainement qu'il ne faudrait pas qu'il passe trop de temps ici. Ses yeux repèrent rapidement de nombreuses plantes ici et là, prêtes à subir un destin funeste en sa présence. C'est tout de même étrange, l'Aéromancien n'a jamais vraiment compris pourquoi il était si néfaste pour les végétaux autour de lui mais... Il n'y a vraiment rien à faire. Même quand il ne touche pas à la plante et ne s'en occupe pas, elle finit par indéniablement dépérir.

« Oh, de l'eau c'est très bien pour se remettre de nos émotions, merci. »

L'agencement de l'appartement semble suffisant pour une personne seule avec un familier. Un gros chien, certes, mais tout de même plus pratique à héberger d'un cheval ou un tigre. En remarquant l'espèce de futon au sol sur le salon, Ichabod comprend pourquoi Liya a voulu se racheter un nouveau canapé. C'est important d'avoir un certain confort chez soi, le meuble actuel est un peu trop bas pour vraiment profiter de la petite table. Elle doit surement y boire son thé.

« On aura qu'à boire un coup en assemblant la bête après. »

Non parce que c'est bien beau de ramener les cartons. Mais vu le poids du nouveau sofa, ils ne seront pas trop de deux pour l'assembler ensuite. Si ça ne devrait pas être trop complexe, qu'il faudra sans doute juste monter les pieds ou deux ou trois petites choses, il vaut mieux un coup de main. Au moins pour tenir la partie du canapé afin qu'elle ne tombe pas sur quelqu'un : au hasard, encore Liya la poisseuse. Si se faire mal aux orteils ce n'est pas gravissime, sur la tête, ça n'est déjà plus.

Son verre d'eau ingurgité, Ichabod rattrape de nouveau sa veste pour se rhabiller et fouille pour en sortir son paquet de cigarettes. Après l'effort, à bout de souffle, Aéromancien aux bronches sensibles mais... Hn, il ne serait pas un vrai fumeur s'il ne s'en grillait pas une après le sport n'est-ce pas ?

« J'pense que Tiangou a hâte de rentrer lui aussi, à nous attendre sous la pluie. On devrait pas trop tarder à le rejoindre pour récupérer le reste de la bête ! »

Deuxième verre d'eau en main, elle revient dans le salon, pour le tendre à Ichabod, hochant la tête en l'entendant dire qu'ils pourront boire un coup lorsqu'ils seront en train d'assembler le nouveau canapé. Elle ne dit rien, Liya, mais ça lui fait plaisir de voir que son collègue accepte de passer un peu plus de temps avec elle pour continuer de l'aider. Même si elle sait qu'il n'a probablement rien de prévu pour Noël, il avait peut-être d'autres plans, des choses plus importantes à faire, pourtant, il est là et l'aide malgré la poisse qui s'abat sur eux. Verres terminés et débarrassé, la sorcière vient récupérer ses clés, manquerait plus qu'ils s'enferment dehors un 24 décembre en fin d'après-midi avec une moitié de canapé sur le diable, avant de reprendre la route vers l'avant dernière étape de leur calvaire.

" Il doit déjà être en train de me maudire sur 1000 générations, j'espère qu'il acceptera mon offrande pour lever la malédiction. "

En disant cela, elle vient tapoter sa poche, espérant réellement que le grognon de service ne serait pas trop trempé et boudeur. Quelques minutes de trajets encore et les voilà de retour au point de départ où le chien noir les attendait, fièrement assit sur le dernier carton. En voyant Liya s'approcher, le familier vient tourner la tête, signe de mécontentement, mais après quelques flatteries et quelques friandises, Tiangou accepte les excuses de l'oniromancienne et les laisse ainsi charger le dernier carton.

" Ok, il est bien attaché, on peut y aller ! "

Le dernier voyage s'effectue donc, pour le grand bonheur de Liya et surtout du chien qui n'en peut plus d'être sous l'eau et dans le froid. Les marches sont de nouveau escaladées, avec Liya en première ligne cette fois-ci, mais peut-être que les encouragement du familier rendait l'ascension plus supportable, du moins, pour la tatoueuse. Finalement arrivé à bon port, elle soupire de soulagement, venant ouvrir une nouvelle fois la porte, laissant ainsi ses deux sauveurs entrer. Enlevant manteau et écharpe, elle attrape une serviette pour venir sécher le pelage sombre de son chien avant de revenir l'aéromancien et la bête encore en morceau.

" Déjà, merci pour l'aide, tu n'aurais pas été là, j'aurais été dans une sacrée galère. Ensuite, même si bon... je me doute que non, tu as des trucs de prévu pour ce soir ? "

Parce qu'elle n'allait pas juste le remercier avec un verre et après le mettre à la porte, non, c'était hors de question, sauf s'il avait d'autre chose à faire... Mais sinon, elle lui devait au moins une pizza, c'était un chouette repas de réveillon, après tout.

L'aventure imprévue du jour, celle du canapé de l'Oniromancienne. La surprise pour Ichabod, qui pourtant, n'a pas hésité à quitter son appartement et à braver le froid pour la rejoindre et l'aider au lieu •d'hiberner. Parce qu'il est comme ça, le grand brun : toujours prêt à donner un coup de main quand il peut pour les personnes qu'il apprécie. ça aurait pu être pire, ça aurait pu être une machine à laver qui pour le coup... pèse vraiment une tonne, avec la grosse dalle de béton. Quoi que, combiné, la bête est sûrement proche du poids d'un lave linge. C'est juste qu'en deux parties, on s'en rend un peu moins compte. Demain, le transport du nouveau sofa risque de se rappeler à lui avec des courbatures d'ailleurs. Si Liya fait du sport -au moins quand elle y pense- lui a un peu plus de mal à s'y tenir. Essaye de s'entretenir, depuis qu'il a soufflé sa trentième bougie. Parce qu'il a peur de prendre du bide et de s'empâter, de commencer à perdre ses cheveux ou à devenir chiant. Comme si trente ans, c'était le chiffre magique, l'âge au quel on devient inévitablement vieux et chiant. Ou tout du moins, l'âge où il y a un gros risque de le devenir. S'il sait bien que ça n'a aucun sens et que ce n'est pas spécialement logique, Ichabod craint le temps qui passe parfois trop vite à son goût. Les dernières années ont été trop rapides, il a l'impression d'être parti de chez les Karlsson, d'avoir cligné des yeux et... De se retrouver là, sous la pluie fine avec Liya pour rejoindre son familier.

Le dernier aller retour est en effet plus simple. Commencer par le plus difficile c'est parfois une bonne idée, comme aujourd'hui. La seconde partie est moins lourde et imposante, plus facile à faire rouler et à monter dans les escaliers. Ichabod est aussi plus à l'aise, à l'arrière du diable : ses grands pieds ne manquent pas de lui faire rater des marches à chaque pas en marche arrière.

« Non, bien sur que non, j'ai rien de prévu ce soir. »

Et Dante devrait pouvoir se débrouiller. Si la chauve souris est bien trop petite pour réussir à ouvrir une fenêtre mille fois plus lourde qu'elle, Ichabod a fait installer une espèce de trappe. Comparable aux chatières classiques, version miniature sous le toit mansardé, pour permettre à son familier de faire ses propres allés retours. Peut-être qu'il les rejoindras d'ailleurs, s'il tarde trop à rentrer. Une fois la nuit tombée. C'était nettement plus difficile à justifier lorsqu'il était du côté humain. Si son chiroptère était invisible aux yeux des gens dénués de magie, on voyait régulièrement le jeune homme ouvrir et fermer les fenêtres en pleine nuit sans but. A force, il avait développée des techniques imparables : feintais d'être la commère en chef du quartier, prétextant ouvrir en ayant cru entendre une dispute dehors. Maintenant ? C'est bien plus simple du côté sorcier. Liya elle, lors de ses études, devait être moins embêtée que lui : un chien ce n'est pas forcément nécessaire de le cacher et c'est un animal de compagnie commun. Déjà plus courant qu'une chauve souris aux grandes oreilles.

« C'est pour ça que je te propose de rester aider à monter le canapé. Tu me connais, si ça m'emmerdais vraiment, j'aurais rien dit et je serais déjà parti en courant. »

" Très bien, ce soir c'est pizza alors, il faudra juste que je descende chercher la tienne."

Liya avait un peu décidé ça toute seule et l'avait imposé à son ami, c'est vrai, mais en même temps, il n'avait rien de plus de prévu, elle non plus et elle voulait le remercier d'avoir été là pour elle et pas juste pour transporter sa belle idée de merde jusqu'en bas de chez elle. Non, il s'était proposé de le monter et de l'assembler. La sorcière sourit doucement en entendant Ichabod dire que si ça l'avait vraiment emmerdé, il serait parti en courant, pouffant un peu de rire en imaginant la scène.

" Et le pire, c'est qu'avec la chance qu'on a aujourd'hui, tu serais surement tombé à cause d'un endroit verglacé, le seul de toute la rue, d'ailleurs."

L'oniromancienne regarde l'heure, elle avait encore une heure ou deux avant que la supérette du coin ferme, parfait, elle avait donc le temps pour prendre un thé, direction la cuisine, elle en profiterai pour prendre le ciseau et ainsi commencer à déballer sa nouvelle acquisition.

" Tu veux un café pour commencer ? "

Tant qu'à faire des boissons chaudes... le reste alcoolisé arriverait après le dernier passage dehors et puis en plus, il était encore un peu trop tôt pour prétexter un apéritif.

" D'ailleurs, fais comme chez toi."

Liya aurait peut-être dû commencer par ça... a moins qu'elle l'avait déjà dit ? Aucune idée, mais tant pis, il valait parfois mieux se répéter, comme ça, au moins on était sûr que l'information était passée. Le temps que l'eau et autre chauffent, la brune revient dans l'entrebâillement de la porte, manquant de s'emmêler les pieds dans la serviette laissée par terre par un certain familier. La rêveuse laisse échapper un soupire avant de chercher le chien du regard qui, bien entendu, n'est pas là, ayant sûrement dû aller se poser dans la chambre au fond du couloir. Elle aurait bien voulu lui dire qu'il n'était pas non plus un chien des rues et que ce comportement n'était pas tolérable ici, mais elle se retient de le crier, parce qu'après tout, elle avait un invité. Liya ramasse finalement la serviette pour la jeter devant la machine à laver, également dans la cuisine, elle irait l'enfourner dans le tambour quand elle retournerait par là-bas.

" Ça ira pour ton familier ? Je viens d'y penser... Si jamais il veut venir ici, il n'y a aucun problème ! "

« Soirée pizza de noël ? ça me semble être un bon plan. »

Pourquoi pas après tout ? Ils ont l’habitude d’en faire relativement souvent au sein du salon de tatouage. Certes, ils commandent généralement à leur pizzeria habituelle -dont ils sont de très fidèles clients- celle-ci sera déjà toute faite mais peu importe. Il n’aurait pas eu mieux à la maison, avec son plat déjà tout préparé à réchauffer au micro ondes ! C’est donc une amélioration par rapport à la soirée qu’il avait prévu. Il y gagne une pizza au chorizo et de la compagnie. En échange du transport et du montage d’un canapé, on fait pire comme deal dans la vie.

« T’as oublié la partie où je termine le bras dans le plâtre avec un arrêt d’un mois parce que je suis tombé sur le poignet dans ma chute. »

S’il est ravi d’avoir gagné une pizza, il faut quand même avouer que c’est une drôle de journée, ponctuée de malchance. Il ne manquerait plus que le canapé ne soit pas complet, qu’on ait oublié de donner un carton à Liya. Ou que le modèle soit défectueux. Ou que la notice ne soit pas en Anglais. Mais ça, encore, s’il y a au moins du Français de disponible il devrait pouvoir comprendre. Les possibilités de couille dans le pâté sont quasiment infinies en ce 24 décembre.

« Tiens, t’as pas que du thé chez toi ? Je suis surpris ! Mais oui, un café s’il te plaît. »

Il est d’ailleurs un peu embêté l’Aéromancien, à rester dans l’entrée en chaussettes chez Liya, ne sachant pas très bien où s’installer. Mais fort heureusement, elle lui confirme qu’il peut faire comme chez lui. Certes, ça ne l’aide pas beaucoup dans l’immédiat, il lui faudra sans doute un peu de temps pour se mettre à l’aise. Evitant soigneusement les plantes tout de même - respectant une distance de sécurité d’un mètre entre lui et les végétaux - Ichabod s’approche à temps pour la voir manquer de chuter sur la serviette de Tiangou. Se retenant de pouffer de rire, confirmant encore une fois qu’aujourd’hui la journée entière semble être un enchaînement de sketchs il récupère son café en souriant à Liya et en la remerciant :

« Oh, Dante peut se débrouiller. Tu vois les chatières pour les chats ? J’ai un peu le même système pour qu’il puisse sortir. Il saura nous retrouver s’il en a envie mais c’est encore un peu tôt pour lui. »

Si le soleil commence à décliner, il n’est pas encore totalement couché pour que sa chauve souris soit réellement réveillée. ça ne devrait pas tarder, c’est après tout la période de l’année où les nuits sont les plus longues. Soufflant sur son breuvage, il observe un instant silencieusement les cartons et le futon ainsi que la table basse pour commencer à réfléchir au plan de bataille. Pousser les meubles déjà présents semble être une bonne option. D’ailleurs, elle va en faire quoi de son futon ? Ce serait un peu bête, de le jeter il semble encore fonctionnel et pourrait dépanner quelqu’un. Mais en tout cas, ce ne sera pas aujourd’hui qu’ils pourront en faire quoi que ce soit, le temps de laisser l’Oniromancienne décider du sort du meuble.

« Je suis pas super fort pour monter les meubles, mais ça devrait aller s’il y a une notice. On devrait pousser ta table basse et ton futon pour avoir la place d’assembler la bête sans risquer de casser un truc, on a l’air parti pour les conneries aujourd’hui. »

Encore une lacune d’Ichabod. Chez les Karlsson, c’est le personnel embauché par la famille qui s’occupe de ce genre de choses. Plus tard, il n’a eu que des appartements meublés. C’est d’ailleurs le cas de son nid actuel… Parce qu’il ne sait pas vraiment faire ce genre de choses. Il n’a jamais appris, a bien essayé d’aider un ami à installer une bibliothèque quand il était plus jeune, avec un résultat… Mitigé. Cependant, il a appris à changer une ampoule lui-même depuis le temps. Sait à peu près comment fonctionne sa machine à laver grâce à la lecture de la notice et trois vidéos d’explication. Inapte. Et il blâme ses parents à ce sujet. Parce que c'est plus facile, que de faire face à sa propre incompétence pour les choses simples de la vie quotidienne.

Bien sur que c'était un bon plan, les pizzas, c'était une valeur sûre, certes, celles de ce soir seraient surgelées donc certainement pas aussi délicieuses que celles que le shop avait l'habitude de prendre pour les fameuses soirées pizza, mais ça ferait très bien l'affaire, de toute façon, vu leurs poisse du jour, ils auraient eu un souci en allant les chercher alors...

" Je ne voulais pas te porter le mauvais œil, alors j'ai préféré me taire, mais bien entendu, c'était la suite du scénario."

Le bras dans le plâtre ou même une jambe, il aurait même pu se casser une côte, parce que bien entendu, Ichabod serait tombé de la pire manière qui soit. Mais la sorcière préférait ne rien dire, pour éviter que ça n'arrive, part donc faire un café et un thé bien chaud pour les réchauffer après ce périple sous la pluie et dans le froid, elle vient d'ailleurs dire à son invité de faire comme chez lui, pour un peu qu'il trouve un peu de place, vu les cartons et le manque de canapé.

" Pendant très longtemps j'ai eu que du thé, oui, mais j'ai été forcée d'acheter du café parce qu'on m'en demandait à chaque fois. À force de refuser je me sentais mal alors..."

Mais il ne fallait pas croire, elle n'avait qu'un seul type de café, une seule boite, alors que le thé, par contre... elle en avait beaucoup trop et son étagère dédiée à cette boisson était constamment approvisionnée, parce que de nouveaux goûts sortaient ou bien parce qu'elle avait besoin d'une saveur en particulier en sachet ou même en vrac, selon les moments et les envies. Tasses en mains, pieds qui s'emmêle, Liya se demande bien comment elle a fait pour rester sur ses deux jambes sans s'écraser de tout son long par terre dans une flaque de thé et de café, ses tasses préférées brisées en mille morceaux.

" Je t'ai vu t'empêcher de rire. "

Elle tente de faire l'outrée, mais ça l'amuse aussi, vraiment, cette journée était étrange, la malchance semblait les avoir pris en grippe, mais ils allaient s'en sortir, c'était non discutable. Petit temps calme, l'oniromancienne vient boire une petite gorgée de thé, pensant bien vite au familier de l'autre sorcier, lui disant que si jamais il avait envie, il pouvait les rejoindre. Tiangou ferait peut-être un peu la tête, mais tant pis, ils ne pouvaient pas laisser un pauvre familier seul un soir de réveillon, aussi chill soit-il.

" Mais c'est super ingénieux ça ! J'y aurais jamais pensé, à la trappe comme les chats, mais ça fait sens. "

Elle n'y aurait jamais pensé par exemple, enfin, elle se disait ça surtout parce qu'elle n'avait pas un familier qui demandait une certaine organisation, le sien sortant à ses heures descentes, souvent réglée à la minute près, Liya n'avait pas besoin de ce genre de systèmes. Finalement, un plan d'attaque est mis en place pour monter ce maudit canapé. Silencieusement, la brune écoute l'aéromancien, réfléchissant déjà à comment déplacer les différents meubles pour avoir le plus de place possible, comme il dit, ils ont l'air parti pour faire connerie sur connerie.

" J'ai l'habitude d'en monter mais.... ça me prend toujours beaucoup plus de temps que prévu. Enfin tu me diras, vu que je le fais sans aide normalement.... "

Parce que c'était toujours comme ça avec elle, tout sur un coup de tête et tout dans l'impatience de voir son nouveau meuble monter Liya n'attendait généralement pas d'avoir trouvé un partenaire de montage de meuble pour se mettre à l'œuvre. Encore une ou deux gorgées de thé pour reprendre des forces et la rêveuse vient poser sa tasse, commence à bouger les quelques meubles et objets fragile pour libérer de l'espace. Futon et table basse glissés vers la chambre à coucher, elle vient tout de même retirer quelques plantes qui sont dans un équilibre assez fragile sur une des étagères, histoire que l'un de ses bébés ne meurent pas tragiquement après un saut de l'ange.

" Bon, quand faut y aller .... Je te propose qu'on étale un peu le tout par terre, pour mieux voir les pièces. "

Cutter en main, la tatoueuse vient ouvrir et vider les cartons avec l'aide de son ami, faisant bien attention à ne couper que le carton et rien d'autres, comme un doigt un peu trop proche ou même le tissu de son nouveau canapé. C'est un peu la panique dans l'esprit de Liya qui, pour le moment, ne voit aucun notice, manquerait plus que ça, qu'elle ne peut s'empêcher de penser. Heureusement, le maudit bout de papier finit par apparaitre, tout au fond du dernier carton, bien entendu.

" Ok !! La notice est là, on est sauvés ! "

Sinon, elle aurait été chercher sur internet si elle ne la trouvait pas, mais ça aurait été beaucoup moins facile tout de même. Mais en lisant la notice, son visage se décompose, le monde était décidément contre elle et ça commençait à l'agacer vraiment, si elle s'écoutait, la sorcière serait déjà partie se réfugier au fond de son lit en laissant tout en plan, mais elle ne pouvait pas, il y avait Ichabod et se montrer dans cet état devant lui était inconcevable.

" Mais ce n'est pas en anglais... Vraiment, je ne sais pas ce que j'ai fait au monde, mais il m'en veut. "

L'aventure se poursuit et suit son court. Les meubles sont poussés, le café est entamé et les cartons ouverts à la recherche de la notice de montage. Si elle se fait désirer, que Ichabod sent la panique monter en ne la voyant toujours pas sortir de sous un bout de canapé, le tatoueur noit son anxiété dans la caféine. Aujourd'hui, tout semble aller de travers, ils vont devoir chercher comment monter le canapé sur leurs téléphones avec internet, ça va être la galère mais...

« OUF ! »

Le voilà soulagé en voyant le bout de papier salvateur. Un soulagement de courte durée, quand Liya lui annonce que... Ce n'est pas en anglais. Fronçant les sourcils, Ichabod se dit qu'elle a surement mal regardé. Qu'il faut sans doute tourner les pages pour regarder et trouver la bonne langue.

« Tu veux que je regarde ? »

Dès fois c'est tellement évident qu'on y pense pas. Jamais il n'irais dire qu'elle est bête, parce que ce n'est pas le cas. Mais dans la panique, on oublie parfois la logique. Deux cerveaux valent souvent mieux qu'un ! La notice dans les mains, l'Aéromanciens reconnaît la langue qu'il a sous les yeux... Mais effectivement, il n'y a pas d'anglais. Merde alors, finalement, ça va lui servir après tant d'années. Peut-être que c'est pas plus mal, que ses parents aient autant insisté pour qu'il apprenne une autre langue. Dans l'esprit des Karlsson, c'était avant tout pour pouvoir briller en société, avoir l'air éduqué et paraître chic.

« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. »

Pour faire durer le suspense, le brun boit une gorgée de sa tasse pour la terminer avant de poursuivre.

« Je vais commencer par la mauvaise nouvelle, parce que c'est un peu le thème de la journée les galères. C'est qu'effectivement il n'y a pas d'anglais sur ton bout de papier. »

Mieux valait vérifier, non ? Pour être certain d'être dans la merde jusqu'au bout. Mais Ichabod est décidément héroïque aujourd'hui :

« La bonne nouvelle, c'est que je comprend le Français. »

Les géniteurs auraient sans doute imaginé qu'il allait briller en maîtrisant cette langue. Converser dans une langue étrangère au sein des soirées mondaine, se vanter que leurs enfants sont parfaitement bilingues très jeunes pour maintenir cette image de famille parfaite et au-dessus du reste, au-dessus des autres, du commun des mortels. Mais les années de Français de l'Aéromancien... Vont servir à assembler un canapé. Se raclant la gorge un instant, il s'applique à lire globalement les instructions. Fort heureusement, il y a quelques dessins explicatifs que Liya puisses suivre avec lui.

« Ok ça a pas l'air trop compliqué. Première étape, il faut visser les pieds sur les parties du canapé. On doit en avoir 10 en tout. Quatre sur la petite partie, six sur la grosse pour répartir le poids. »

Et c'est parfaitement logique, d'un point de vue agencement.

« On a un petit truc, en forme de S bizarre pour serrer les vis des pieds normalement, dans les trous qui sont déjà là y a juste à aligner et à utiliser les vis de type A. C'est celles-ci, les plus longues d'après le schéma. »

Et s'ils arrivent à passer la première étape sans incident, ce sera déjà une petite victoire à prendre étant donné cet après-midi catastrophe.

C'est empli de désespoir que Liya tend le maudit bout de papier à son collègue. Vraiment, il y a des jours où il valait mieux rester coucher, ce 24 décembre était l'un d'eux. Si la sorcière avait fait ça, si elle avait réellement fait son plan A, elle n'aurait pas trouvé ce canapé, n'aurait pas dérangé Ichabod ne se serait pas prise un carton sur le bout du pied, n'aurait pas dû monter ce fichu escalier deux fois parce que l'ascenseur était en panne, comme par hasard et pas eu une notice dans une autre langue parce qu'il n'y aurait pas eu besoin de tout ça. Mais non, elle avait voulu en faire qu'à sa tête, voulait combattre la déprime passagère de fin d'année en se promenant, en faisait comme si, tout au fond, tout allait bien, que ça ne l'atteignait pas de devoir fêter un nouveau réveillon, un nouveau début d'année, seule ou presque, loin de sa famille, loin de celle qui avait disparu bien trop tôt, loin de la magie que beaucoup prêtes à ces festivités. Elle aurait aimé se prouver qu'elle était passée à autre chose, mais l'univers semblait contrarié de son choix et semblait bien décidé à le lui faire comprendre.

c'est totalement idiot ce que tu dis, ma petite Liya.

C'est vrai ça, est-ce que le monde était réellement contre elle ? Non, elle devait voir les choses sous un autre angle. Certes, le chemin avait été semé d'embuche, mais au moins, elle n'était pas seule, avait même de la compagnie pour ce soir, quelqu'un qui aurait été seul aussi, parce que sur ça, ils se ressemblaient les deux artistes. Et surtout, ils pourraient rire de cette fin de journée étrange d'ici quelques temps. Oui, au final, tout ce qui se passait aujourd'hui était là pour créer de nouveaux souvenirs, remplacés ceux plus douloureux par des moments plus légers, pas pour la punir d'avoir choisi d'avancer.

L'oniromancienne sent qu'elle se calme un peu face à tout le capharnaüm dans son esprit, elle se sent prête à reprendre son bras de fer avec le destin, après tout, elle a peut-être juste mal regardé ou bien, elle a juste mal lu à cause de son stress et sa fatigue. Mais les mots de l'autre sorcier lui font un peu l'effet d'un coup de massue, comment ça, une bonne et une mauvaise nouvelle ? La mauvaise : elle était trop idiote pour avoir vu la partie en anglais, la bonne, c'était qu'Ichabod l'avait retrouvée ? Ça faisait mal à l'égo, mais soit, la brune est prête à accepter son sort et à se payer la honte de sa vie devant son ami. Ce n'est pas comme si ça s'enchaînait depuis tout à l'heure, après tout. Et en plus son collègue osait faire durer le suspens et boire son café ? c'était pour l'achever c'est ça ?? Liya vient s'allonger au sol, elle qui était assise au sol, c'était la seule chose qui lui était venue en tête pour faire face à cette énième galère : faire le poisson mort en fixant le plafond, c'était pas mal comme situation, au final.

" Vas-y, dis-moi tout, je suis prête à accepter mon sort. "

La mauvaise nouvelle d'abord, très bien, ça lui allait, elle s'attend à tout, Liya, sauf au fait que oui, elle avait bien raison, ce n'était pas en anglais et que la journée " cadeau empoisonné de fin d'année" continuait bien. La sorcière se voit déjà chercher sur internet le canapé et surtout, le mode d'emploi, ça allait être galère, mais pas infaisable, peut-être qu'elle devrait sortir son imprimante pour imprimer directement les plans, comme ça, ça sera plus facile que de zoomer sur un écran de téléphone.

" Tu comprends le français ? "

La rêveuse s'était redressée d'un coup en entendant ça, est-ce qu'à ce moment précis Ichabod était le plus grand héros de tout l'univers à ses yeux ? Oui, totalement, parce qu'il était venu l'aider, parce qu'il s'était démené pour elle et son canapé et maintenant, il lui sauvait encore la mise en comprenant le français, Aka, l'une des langues les plus difficiles dans son esprit.

" J'ai limite envie de pleurer vu comment tu sauves mon Noël, là."

Elle émet un petit rire avant d'écouter les instructions de l'aéromancien, après s'être rapproché de lui, suivant les différents dessins explicatifs. 10 pieds en tout, quatre sur la petite partie, 6 sur la plus grosse, oui, c'était logique, le truc en forme de S pour serrer les vis A, ça c'est bien, ils n'allaient pas galérer à trouver le bon tournevis, la journée n'était pas si nulle que ça, au final.

" Ok, je vois, c'est simple sur papier, on ne devrait pas trop galérer, je pense ! "

Liya vient donc chercher les différents pieds et attrape le sachet de vis, venant tout de même voir si le compte était bon, parce que bon, on ne sait jamais...

" C'est tout bon ! "

Et les voilà en train de se remettre à l'œuvre, venant placer les pieds, commençant à serrer à la main les grandes vis, quand l'autre utilisait déjà l'outil et aussi étonnant que cela puisse paraitre, tout se passa bien, comme si la poisse commençait à les lâcher, mais ce n'était que la première étape, il ne fallait pas crier victoire trop vite. Pendant qu'elle laisse Ichabod finir de bien serrer les pieds, Liya retourne près de mode d'emploi, tente de voir ce dont ils ont besoin pour la suite, après les pieds, c'était au tour du dossier, visiblement, elle rassemble donc les différentes pièces, dégage les deux dossiers, attendant tout de même son traducteur pour continuer, elle ne voulait pas ruiner le peu de chance qui semblait revenir après tout.

Il était grand temps qu'enfin, quelque chose de positif arrive enfin. C'est une chance qu'Ichabod soit en mesure de comprendre le Français. Une langue difficile et complexe, enseignée aux fils Karlsson dès l'enfance. Parce que c'est important dans l'éducation de personnes bien nées de maîtriser plusieurs langues. De préférence, quelque chose de prestigieux, une langue qui soit particulièrement appréciée et associée à une chose positive. Français et Latin en même temps que leur Anglais natal. La science affirme semblerait-il, qu'il est plus simple d'apprendre une langue étrangère quand on est encore en plein développement. Que le cerveau est plus malléable, retiens et absorbe tout comme une éponge contrairement aux adultes. En étant Aéromancien, c'est un brin différent : à un âge certain, il sera sans doute en mesure comme ses comparses de maîtriser les langues du monde. Avec son aisance orale, il est certain que le tatoueur débloqueras probablement cette capacité en premier, lorsque le temps sera venu. Il y a bien longtemps qu'il laisse faire sa magie, qu'il la laisse évoluer à son rythme sans forcer ni travailler avec acharnement. S'il a obtenu son second palier en avance, le brun ne compte néanmoins pas forcer le destin pour le troisième.

Le montage du canapé s'avère moins difficile que prévu. Sans doute parce qu'en plus du Français qu'il traduit à Liya au fur et à mesure des étapes, des dessins sont présents pour montrer comment assembler les éléments entre eux. L'aventure n'aura finalement pas été si terrible. S'il sait que demain il aura des courbatures et mal au dos d'avoir traîné la bête, au moins, il n'y a pas de dégats supplémentaires et le nouveau sofa de l'Oniromancienne semble tenir le coup une fois assemblé. Il s'en assure d'ailleurs en secouant de manière énergique les parties reliées pour s'assurer qu'elles soient bel et bien fixées. Au moins, personne ne termineras sur les fesses ce soir à cause d'un canapé mal assemblé.

« Bon, y a plus qu'à virer tes cartons j'ai l'impression. Et à chercher une deuxième pizza. »

Et il s'y attèle, rassemble les débris. Emplie et plie les cartons pour plus de facilité, froisse le plastique et... Retrouve d'autres pages de la notice. Soudainement pris de panique, l'enfant des vents lâche tout par terre et s'empresse de feuilleter le manuel pour s'assurer qu'ils n'ont pas manqué une étape cruciale. Il a pourtant vérifié la solidité de la structure ! Alors pourquoi il y a des pages en plus ?...
La panique fait place à un véritable fou rire d'Ichabod, qui incapable de parler tant il rigole tend simplement les papiers à Liya. Elle était là, la notice en Anglais. Celle qu'ils ont cherché sans succès au début de l'assemblage de ce fichu canapé. Jusqu'au bout, il leur en feras voir de toutes les couleurs celui-là !

Enfin ils voyaient le bout du tunnel, la terre ferme dans cette tempête de malchance. Parce qu'Ichabod savait parler français, parce qu'il y avait les dessins, qui aidaient tout de même pas mal et après un peu de galère pour vraiment bien tout fixer ensemble, le canapé du démon semblait enfin prêt, même si l'aéromancien vient secouer le tout, pour être certain que tout va bien, ce qui ne manque pas de faire rire quelque peu la brune.

" Aucune vis ne tombe, je crois qu'on a terminé cette partie ! "

Et à la bonne heure, l'épisode du meuble était terminé, il fallait maintenant s'occuper des cartons restant et trouver une deuxième pizza, comme dit Ichabod. Hochant la tête, la sorcière vient aider à ramasser les différents plastiques et autre bout de cartons et d'attaches en plastique, avant qu'elle n'entende tout tomber. Se tournant vers son ami, elle lit la panique sur son visage et il faut l'avouer, ça l'inquiète un peu (beaucoup).

" Ichabod ? Ça va ?"

Comme seule réponse, elle obtient un fou rire qui semble incontrôlable, l'oniromancienne vient froncer les sourcils, ne comprenant pas tout de suite pourquoi l'homme est en train de mourir de rire en lui tendant quelques feuilles. Elle s'en saisit donc avant de regarder de plus près ce qui ressemblait aux pages de la notice... sauf que cette fois-ci, elle comprenait ce qui était écrit.

" C'est pas drôle...."

Bien sûr que si, c'était drôle et Liya ne tarde pas à rejoindre le sorcier dans son fou rire, parce qu'il était communicatif et surtout, la situation était vraiment trop ridicule pour ne pas rire.

" Non mais aussi, quelle idée de séparer les pages du manuel !! "

Parce qu'il n'y avait pas d'autres possibilités, c'était impossible, elle l'aurait vu, si tout avait été ensemble, même son collègue.

" Avoue, tu voulais juste frimer et montrer que tu savais parler français, aka la langue la plus sexy, selon beaucoup de monde."

Séchant les petites larmes de rires, la tatoueuse tente de reprendre un peu son souffle, vraiment, elle allait se faire un mémento " ne plus acheter de meuble sur un coup de tête." ou " réfléchis avant d'agir." mieux même elle allait trouver un petit endroit sur ses mains pour faire encrer ces mots sur sa peau, pour l'avoir en permanence sous les yeux, elle pourrait même demander au sorcier ici présent de lui tatouer le message, lui qui est calé dans la calligraphie.

" Vraiment, je crois qu'il nous a tout fait. Il faut lui donner un nom, à ce canapé des enfers, il le mérite !! "

Vraiment il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Le pire est derrière eux maintenant, le plus difficile dans cette histoire c'était finalement le transport. Les allés et retours dans la neige pendant que ce pauvre tiangou montais la garde, les escaliers à cause d'un ascenseur en panne comme par hasard... Le montage lui en contre partie, n'avait rien de bien complexe et même si la notice avait été écrite en hindi avec les dessins, ils auraient finit par comprendre tout les deux comment faire sans pouvoir lire. Oui, ça aurait mis plus de temps mais l'Aéromancien est certain qu'ils s'en seraient finalement sortis.

« Il parait que c'est sexy oui... Moi je trouve juste ça compliqué pour ce que c'est le Français. L'italien c'est plus simple mine de rien. »

Pas qu'il soit capable de le parler couramment. Mais comprendre un minimum, oui. La magie aide, mais c'est également son éducation qui y joue pour beaucoup. Le latin est finalement une chose utile, il s'en rend compte maintenant qu'il est adulte. Alors qu'enfant... C'était une corvée plus qu'autre chose pour lui, que de se mettre le nez dedans pour retenir des déclinaisons. Rester enfermé avec un professeur particulier en compagnie de ses frères, en regardant le beau soleil par la fenêtre et en espérant en avoir bientôt terminer pour avoir le droit d'aller jouer dehors.

« T'as déjà vu des films d'horreur, genre l'exorciste ? Il paraît qu'il faut connaître le nom de l'entité démoniaque pour la faire sortir du corps des gens possédés. A mon avis, y en a une dans ton canapé. »

Oh il n'y croit pas vraiment à tout ça Ichabod. C'est un truc d'humains. S'il sait apprécier l'effort architectural de leurs édifices religieux divers et variés, pour leurs croyances, ça le fait surtout bien marrer. De leur côté à eux, il n'est d'ailleurs pas spécialement un homme très spirituel. Il y a bien longtemps qu'il ne s'est pas rendu aux célébrations de son propre coven. Le tatoueur évite de trop aller chez les enfants des vents... S'il a changé, que sa propre mère ne le reconnaîtrait sans doute pas tout de suite, c'est un risque qu'il évite de prendre pour ne pas risquer un drame quelconque.

Sortant son téléphone de sa poche de jean, Ichabod tapote sur son clavier pour effectuer une recherche rapide sur google : nom démon exorciste
 
« Pazuzu, il s'appelle comme ça dans le film. C'est un beau prénom pour la bête tu ne crois pas ? Moi, je trouve que ça lui va bien au teint en tout cas. »

" Je te crois sur parole, j'avoue que j'ai toujours confondu les deux... mais ne dis rien, je n'ai pas envie qu'on me traque pour me faire un monologue sur les différences... !"

Parce que la sorcière avait déjà vécu cette situation, où elle avait mis en colère un ressortissant italien ou espagnol, qu'importe, qui lui avait tenu la jambe pendant 20 minutes juste parce qu'elle avait osé dire qu'elle confondait souvent les deux langues qu'elle ne parlait de toute façon pas. Bien sûr, la rêveuse en sourit maintenant, mais à l'époque, la situation l'avait bien agacée, surtout que la personne ne la laissait pas s'expliquer ni même s'excuser d'avoir peut-être été blessante. Cette histoire de langue vivante mise de côté, la question de baptiser le dit canapé, parce qu'l méritait un nom moche, horrible ou qu'importe, mais il méritait après toutes les galères qu'ils avaient endurées avec l'autre tatoueur.

" J'en ai vu oui, mais jamais celui-là je crois..."

Les films d'horreurs, ce n'était pas réellement le genre de film qu'elle regardait, bien souvent parce qu'elle trouvait ça vraiment mal fait. Bien sûr, elle connaissait les classiques, mais ça s'arrêtait là, préférant les films de science-fiction, alors l'exorciste... Si c'était juste pour avoir du gore et des choses complètement impossibles parce que les humains avaient des croyances vraiment étranges sur la mort... non merci, quoique, ça pouvait être drôle à regarder et critiquer. Finalement, le nom du démon sort " Pazuzu". L'oniromancienne regarde un peu le meuble, se répétant intérieurement le nom avant de convenir que oui, son ami avait raison.

" "Pazuzu le canapé démoniaque" c'est parfait, c'était la petite touche qui lui manquait ! Ils font comment, dans les films d'horreur, pour les faire partir ? Parce que j'imagine que ce n'est pas juste en disant " s'il te plait part" qu'un démon le fait vraiment, si ? "

Non, en vrai, ce n'était pas logique, après tout si c'était si facile, il n'y aurait pas de film, il fallait une épreuve pour amener le dénouement joyeux ou les personnages principaux sont encore vivants, appréciant leur vie alors qu'il y a eu tant de perte avant.

" Oh ! Attends... Ils récitent leurs prières ou je ne sais pas quoi comme dans leurs églises, c'est ça ? "

Ou comme les sorciers dans leurs rituels, au final .... Mais pour la jeune femme, il était hors de question de mélanger les traditions sorcières et humaines, si Liya n'était pas des plus extrémistes concernant les personnes non sorcières, préférait ne pas mélanger les torchons et les serviettes.

" Dans ce cas... il y a une religion des meubles et il faut lire la notice dans une langue qu'on ne connait pas, pour exorciser notre démon mal aimé... ça peut marcher... "

Tout en disant ça, la brune vient récupérer les cartons qu'elle avait fait tomber en pendant à voix haute, après tout, ils devaient encore désencombrer l'appartement et aller chercher une autre pizza avant que le magasin ne ferme, sinon, le pauvre Ichabod allait mourir de faim ce soir.

Si le nom semble ravir tout le monde, la méthode d'exorcisme elle, fait un peu plus débat entre les deux collègues. Les sourcils froncés et concentré, Ichabod hausse les épaules :
 
« A peu près oui, ils ont des espèces d'Oracles eux aussi, qu'ils appellent des prêtres dans leur religion. »

Lui non plus, n'a jamais trop compris comment leurs croyances fonctionnaient de l'autre côté. Il n'a pas non plus osé trop demander pour ne pas avoir l'air d'un extra terrestre, pour ne pas risquer de griller sa couverture. Alors, il a toujours soigneusement éviter de se rendre à un quelconque évènement religieux humain, n'est allé voir leurs bâtiments que pour visiter et en apprécier l'architecture. Il n'y a que Noël et Pâques qu'il ait réellement fêté là-bas; mais tout comme chez les sorciers ce sont plutôt des fêtes de famille que des choses réellement religieuses.

« Dans les films, ils parlent en Latin et citent leur livre sacré pour exorciser les démons. Mais pour la religion des meubles, faut peut être une langue étrangère effectivement... Doit bien y avoir la notice en polonais ou en suédois ou que sais-je non ? »

Fouillant les pages pour trouver une langue qu'il ne comprend pas, Ichabod tombe finalement sur de l'arabe. De l'arabe qu'il ne sait d'ailleurs absolument pas lire.

« Je crois que Pazuzu ne veut pas être exorcisé, j'ai trouvé de l'Arabe mais je ne sais pas le lire. Tout ce que je connais de cette langue, c'est quelques mots à l'oral alors... ça nous avance pas pour le faire sortir du canapé. »

Décidément, jusqu'au bout, ils ne vont pas pouvoir dompter Pazuzu. Jetant la notice sur les coussins bleu du dit canapé démoniaque, Ichabod hausse de nouveau les épaules :

« Bah, c'est pas grave, tu seras en colocation avec une entité démoniaque. Le temps qu'on trouve une solution pour l'exorcisme. »

Oh, il pourrait bien s'amuser à rédiger un texte rapide en latin. Prendre une petite demi heure pour faire fonctionner sa cervelle et rappeler ses souvenirs de cette langue morte pour organiser une cérémonie de purification du sofa des enfers.

Rassemblant donc les cartons aplatis dans ses bras -c'est tout de suite plus léger sans la bête dedans tiens, juste encombrant !- l'Aéromancien se place devant la porte d'entrée de sa collègue pour la suivre au local poubelles de son appartement. C'est un peu plus moderne que chez lui ici, avec la présence d'un ascenseur que lui n'a pas dans son immeuble quelques rues plus loin. Faudrait il encore qu'il fonctionne, ce qui n'est... Pas le cas. Mais descendre puis remonter au troisième sera moins pénible maintenant qu'ils ont les mains libres. Bientôt, le canapé et son rapatriement dans le logement de l'Oniromancienne ne sera qu'un lointain souvenir.  

" Oh ils appellent ça des prêtres..."

C'était un mot bien étrange tout de même, prêtres, c'était même un peu laid dans l'esprit de Liya, laid et lourd, alors qu'oracle, c'était beaucoup plus joli. Mais bon, au moins elle avait appris quelque chose aujourd'hui, autre chose que le nom du démon de son canapé. Les théories continuent ensuite, sur comment faire partir la Bête de cet appartement, Ichabod prenant même l'initiative de chercher une autre langue dans la notice pour les délivrer et comme elle s'y attendait, c'est un échec.

" Non, on va éviter, en plus, avec notre chance, on aurait pu invoquer un autre démon, non merci ... Je veux bien héberger gratuitement Pazuzu parce que le pauvre, il est vraiment en galère, mais deux, ça ferait trop. "

C'est vrai, l'oniromancienne pouvait être gentille, mais il ne fallait pas trop en abuser tout de même, déjà qu'une entité, ça les faisait bien galérer alors deux, non merci ...

" Au pire, si vraiment, l'entité prend trop ses aises, je te rappellerais, peut-être qu'on aura avancé sur la question d'exorcisme d'ici là ! "

Petit sourire avant qu'elle ne reprenne ses cartons, venant ensuite ouvrir la porte de son appartement, direction le local poubelle. La sorcière vérifie bien qu'elle a ses clés, parce qu'elle n'avait vraiment pas envie de retourner tout en haut pour ensuite redescendre, elle avait fait assez de boulettes pour la journée. Reprenant les escaliers pour terminer enfin le chapitre canapé. Enfin arrivé devant la porte menant au sous-sol, il lui faut à peine quelque seconde pour la déverrouiller et allumer la lumière, mais voilà que les ennuis commencent déjà. La brune prend quelques secondes pour observer la lumière plus faible que d'habitude, qui se met même a vaciller, heureusement, elle avait son téléphone, si jamais il y avait un souci de lumière.

" Bon, visiblement, ils ont oublié de changer l'ampoule.... Mais on y voit quand même non ? "

Oui, elle tentait déjà de se rassurer, sentant bien que plus ils avançaient dans cette journée, plus c'était le bordel, mais bon, après ça, ça serait fini. Enfin, il manquerait plus que la pizza favorite de son ami soit en rupture partout, que le four refuse de marcher ou pire, crame leurs repas de réveillon et surement tout un tas de choses auxquelles la tatoueuse ne pouvait et ne voulait surtout pas penser, espérant ne pas s'attirer encore plus le mauvais œil.

" Les escaliers sont un peu galère, fait gaffe a ne pas tomber ! Bon, je pourrais toujours amortir ta chute... Remarque..."

Elle rit un peu jaune en imaginant déjà la scène si ça arrivait, quoique les cartons pourraient peut-être amortir un peu leurs chutes si jamais. Avec toutes les précautions du monde, Liya commence la descente, prenant son temps pour ne pas louper de marche, surtout avec le luminaire qui faisait des siennes. Pourtant, tout se passe bien jusqu'à la dernière marche, là où, après quelques pas vers l'endroit où se trouvait les poubelles, un grand bruit ne se fasse entendre, résonnant dans tout le sous-sol. L'oniromancienne sursaute, pousse même un petit bruit avec l'effet de surprise, avant de reprendre un peu ses esprits.

" Non mais ça arrive souvent, un courant d'air ou je ne sais pas..."

Est-ce qu'elle tentait de se rassurer ? Oui, totalement, non pas que la situation lui faisait réellement peur, enfin, peut-être que si, mais c'était surtout le fait que c'était inattendu qui faisait que sa peur avait un peu pris le dessus.

" En fait, c'était ça qu'il faut faire pour Pazuzu, il faut jeter ses cartons pour le faire partir."

Bien sûr, elle ne bouge pas plus, regarde un peu à droite et à gauche, pour voir si, peut-être elle voyait une explication à ce qu'elle venait d'entendre. Après tout, ça arrivait souvent que des chats ou d'autres bestioles se cachent par ici surtout en hiver. Ou bien d'autres être humains également, enfin ça n'était arrivé qu'une fois depuis que Liya était arrivé ici, mais ça pouvait totalement se reproduire, après tout.

« C'est vrai qu'on est pas dans une auberge ici, la charité ça va cinq minutes. »

Une entité démoniaque c'est déjà bien assez. Alors deux ?... C'est vrai qu'il vaut mieux éviter de tenter le diable encore une fois et d'exorciser le canapé avec une notice en langue étrangère pour le moment. Ils auront toujours la possibilité de voir plus tard, si la présence maléfique devient trop pesante au sein de l'appartement de la tatoueuse. Mais peut-être que se débarrasser des cartons une bonne fois pour toutes suffiras à apaiser pazuzu. A le laisser dans le local poubelle avant de finir à la déchetterie quand on viendra les ramasser après Noël. Plus il se tiendras loin d'eux, mieux ce sera. Le calme reviendras et ce ne sera plus qu'un canapé ordinaire sans attache à un autre plan d'existence plus sombre que le leur.

Suivant donc Liya dans les escaliers, faut d'avoir un ascenseur qui fonctionne, les deux collègues arrivent rapidement au sous sol pour y déposer les cartons de Pazuzu. Son enveloppe charnelle. Si ça se trouve ce n'est pas le canapé qui est possédé mais son emballage ? Allez savoir. Toujours est-il que la lumière ne fonctionne pas très bien. Fronçant le nez, Ichabod hausse les épaules :

« Ca va aller on va faire doucement. On va réussir à en finir avec Pazuzu, on touche au bout ! »

Ce serait con de se vautrer si près du but ! Alors lui aussi fait attention dans les marches à ne pas glisser. Préfère prendre son temps que de se presser, profitant de la lumière vacillante pour se repérer quand celle-ci s'allume périodiquement. Rien ne sert de courir, ils vont y arriver, ils en ont presque terminé avec ce satané canapé qui les aura bien ennuyés et ce jusqu'au local poubelle. Décidément, cet immeuble, il est vraiment pas top. Entre l'ascenseur qui est en panne et la lumière qui déconne... Pourtant la rue qu'habite l'Oniromancienne n'est pas la pire du quartier, ici ça a été rénové contrairement à chez lui. Mais rien n'y fait, le sort s'acharne sur eux en ce jour de Noël. Peut-être qu'il devrait écrire un script et l'envoyer à Netflix pour en faire une comédie de fêtes de fin d'années. Ce serait déjà plus drôle à regarder que le cliché de la gonzesse qui rentre dans son petit patelin perdu et qui tombe amoureuse du charpentier du coin, se rendant ainsi compte que sa vie d'avocate dans la grande ville... C'est pas ça le vrai bonheur. Tu parles, dans la vraie vie ça n'arrive pas ce genre de choses. Une fille dans ce cas de figure garderait sa carrière confortable. Avocat ça demande quand même de faire des études et en général une fois qu'on a réussi on ne lâche pas ça pour les beaux yeux d'un charpentier à la barbe négligée.

Mais la porte claque et soudainement, Liya s'effraye toute seule. Il faut dire que ça doit être l'ambiance du sous sol qui fait que. Avec la lumière instable et puis le lieu... C'est toujours dans les caves ou les greniers que les fantômes arrivent. Ni l'un ni l'autre n'étant doté du pouvoir de nécromancie il leur est impossible de s'avoir s'il s'agit d'un fantôme. Mais ça lui semble assez improbable à Ichabod... Il y a probablement une raison tout à fait normale :

« C'est sûrement rien t'en fais pas. Au pire, je te défendrais contre Pazuzu. »

Mais ce n'est pas une entité démoniaque, ni un fantôme. Quoi que. La dame elle a l'air un peu palotte. Ichabod adresse un sourire à la voisine en pyjama, avec ses rouleaux sur la tête pour la saluer. Visiblement, elle est emmerdée de croiser quelqu'un dans cette tenue et s'éclipse sans leur rendre le bonjour. Soupirant donc, l'Aéromancien dépose ses cartons dans la benne avant de se frotter les mains par réflexe. Oh il iras les laver chez Liya après, pour être certain. A faire autant attention à l'hygiène tout le temps au salon, à se rincer les mimines dix fois par jours, il a pris le réflexe dans sa vie quotidienne aussi.

« Tu vois c'était juste une voisine aigrie en pyjama. »

Adressant un salut militaire face à la benne, le tatoueur se racle la gorge :

« Pazuzu, si tu hantes ces cartons : bon vent à toi. »

Allez, il n'y a plus qu'à espérer que tout ça soit derrière eux. Que Liya ait un canapé tout à fait normal, maintenant qu'il est assemblé. Espérer qu'il ne se démonte pas sous leurs fesses tout à l'heure. En attendant, les voilà qui ont le droit à un peu de répit : mission canapé terminée. Maintenant, au tour de la pizza. Remontant les marches du sous sol avec autant de précaution qu'il les a descendues pour ne pas non plus tomber, l'Aéromancien s'allume une cigarette bien méritée une fois devant la porte de l'immeuble.

« Bon, mission supérette pour la pizza ? Après, on sera tranquilles. »

A condition que le four de Liya n'ait pas décidé de rendre l'âme un 24 décembre. Dans le pire des cas, ils iront taper chez la voisine aigrie pour lui demander l'hospitalité. Faire un peu preuve d'esprit de noël.
 

La sorcière ne peut qu'hocher la tête aux dires de son collègue, oui, ce n'était pas une auberge ici, après tout, il y avait déjà beaucoup trop de plante, une sorcière maudite et un familier blasé. Alors, un démon en colère, pourquoi pas, mais deux, non, c'était hors de question. En tout cas, maintenant qu'ils avaient abandonné l'idée de faire sortir l'entité du canapé, une tâche tout aussi agaçante se présentait à eux : ramener ces cartons dans le sous-sol pour s'en débarrasser définitivement. Si le premier escalier ne pose pas trop de problèmes, le deuxième demande une attention toute particulière, parce qu'il n'est pas facile à la base, mais que sa collaboration avec une lumière qui déconne, c'était pire encore. Heureusement pour les deux poisseux, rien ne leur arrivent, si ce n'est ce bruit qui fait sursauter l'oniromancienne tant ça l'avait surprise et surtout cassé les oreilles. Heureusement, Ichabod semble un peu plus costaud et plus logique, alors qu'il vient tenter de dédramatiser la situation.

" Tu n'auras qu'à faire rouler une poubelle sur ses pieds, ça nous laissera le temps de nous enfuir comme ça."

La sorcière ricane alors que finalement, la source de tout ce vacarme ne se montre, en joli pyjama rose, de quoi se faire une permanente sur la tête. Liya reconnait bien la personne, la "vieille bique", comme on l'appelle entre voisins, cette commère toujours aigris. Qui, malgré la politesse d'Ichabod, ne décoche même pas un mot, préfère vite filer après leur avoir lancé un sale regard.

" Avoue qu'elle passait plutôt bien dans le rôle du fantôme en colère. "

Venant aussi jeter ses cartons, Liya ne peut s'empêcher de rire en voyant les adieux faits aux cartons, elle rejoint pourtant l'aéromancien dans sa bêtise.

" Et si tu ne veux pas partir, va chez la vieille bique. "

Les adieux faits, les voilà qui remontent avec toujours autant de précaution les escaliers dignes de films d'horreur, heureusement pour eux, encore une fois, ils en sortent indemnes, retrouvant bien vite l'air frais de l'extérieur, se préparant pour une nouvelle mission : la supérette. Ichabod avait bien mérité une pizza au chorizo, après tout. Il faut à peine cinq minutes pour atteindre le magasin et la brune soupire un peu en voyant le monde qu'il y avait dedans.

" C'est fou ça, moi qui croyais que tout le monde était hyper organisé pour justement éviter la panique le soir du réveillon. "

Elle se souvient encore des réunions de famille fin novembre, pour décider tous ensemble de qui allait recevoir, de ce qui serait servi pour le repas, de l'apéritif jusqu'au digestif, de qui allait offrir quoi, de quelle somme minimum il fallait mettre.... C'est vrai qu'elle n'avait vraiment que ce modèle, n'ayant pas forcément fêter ce genre de choses par la suite. Mais même si l'idée d'aller se mêler à la foule l'exaspère quelque peu après toutes les aventures que les deux sorciers avaient vécues, la rêveuse prend le peu de courage et de motivation qu'il lui reste pour entrer dans la supérette, direction le rayon surgelé, qui, heureusement, est un peu moins bondé que les autres rayons.

" Et voilà monsieur, choisissez ce que vous voulez, c'est moi qui régale."

Même si elle connaissait ses goûts en matière de cuisine italienne, depuis le temps que la soirée pizza s'était implanté au shop. Mais qui sait, peut-être que pour cette fois-ci, il allait tenter autre chose. Quoique, si c'était le cas, peut-être qu'elle demanderait à la personne l'accompagnant qui il est et ce qu'il a fait d'Ichabod.

« T'as... Plutôt raison, elle n'avait pas l'air d'apprécier la vie cette dame. »

Il ne sait pas trop comment le formuler autrement, c'est l'impression qu'elle lui a donné en tout cas. Une dae aigrie qui n'aime personne et qui préfère être seule. Sans doute du genre à râler sur le voisinage et les jeunes de nos jours. Liya et lui sont même probablement des délinquants à ses yeux, avec leurs tatouages trop visibles et nombreux... Et pourtant, ni lui ni elle ne possèdent de casier judiciaire. Du moins... C'est ce qu'il lui semble ? On ne demande généralement pas à ses amis et collègues s'ils ont déjà fait de la prison, mais l'Aéromancien en doute. Il imagine très mal Liya faire quelque chose d'extrêmement grave. A la limite, payer une facture en retard parce qu'elle a oublié, mais on n'envoie pas les gens en prison pour ce genre de choses normalement.

Le trajet jusqu'à la superette n'est pas bien long et Ichabod a tout juste le temps de finir sa cigarette qu'il jette dans une poubelle proprement. Suivant l'Oniromancienne à l'intérieur, il ricane à sa réflexion :

« C'est toujours la petite course de dernière minute. Parce qu'on a oublié le coca pour le petit Léo, trois ans, qui a l'évidence ne va pas boire du vin rouge comme tonton Pedro. Ou parce qu'en cuisinant, on se rend compte qu'on a oublié les champignons pour la sauce et que vraiment, ça ruinerait tout le repas de faire sans ou d'en changer, qu'il n'y a pas le choix. »
 
C'est quelque chose qu'il aime bien faire, Ichabod. Inventer une vie aux inconnus qu'il peut croiser dans la rue. Se demander ce qu'ils font et pourquoi ils sont là. Alors il imagine des histoires qui collent au physique. S'il les garde généralement pour lui, aujourd'hui, il décide de les partager à Liya en avançant vers le rayon surgelé. En dehors d'un type qui est l'archétype du célibataire -il le connaît bien pour l'être lui-même, les plats au micro ondes pour 1 personne sont un signe qui ne trompe pas- les tatoueurs ont un peu plus d'espace. Croisant les bras et observant les pizzas, faisant mine de réfléchir comme s'il allait changer, alors qu'il sait très bien ce qu'il va prendre, Ichabod lâche un petit Hummm plein de réflexion. Avant de bien évidemment, choisir sa classique Pizza au Chorizo. Ses yeux se posent néanmoins sur les desserts. Ils en méritent surement un tous les deux, après ce qu'ils ont traversé. Puis il a faim, mine de rien. A porter le canapé ça l'a creusé et il n'est pas certain que la pizza lui suffise.

« Est-ce que tu veux prendre un dessert ?... Genre, un gâteau pour ce soir. Histoire de quand même fêter notre rencontre avec Pazuzu. »