Davi Galhardo ⨳ I care. I always care. That's my problem

Introverti, le plaisir des espaces calmes et des activités en solitaire pour mieux vivre les célébrations de son Coven ● Verbe acérée assassine, parle peu mais reste en mémoire ● Dad vibes without a child, dévorent celleux qui osent s’en prendre aux sien·nes ● Le jugement silencieux en guise d’insulte ● Perfectionniste au point où ça fait mal ● Empathique qui ne montre rien (déborde en privé quand les yeux deviennent des lacs) ● Observateur plutôt qu’aventureux mais le 1er à réagir quand il y en besoin - courageux  ● L’assurance qui vibre d’une lumière froide (en déclin depuis quelques années) ● La passion de la beauté, sous toutes ses formes et ses couleurs, rares moment où son sourire embrase tout sur son passage ● Pensées sombres et sombre regard quand les souvenirs l'écrasent ● Il se dit ordonné, on le dit maniaque ● L'insouciance est absente de son vocabulaire ● Patient quand il veut (ce qui veut dire pas souvent) ● Attentionné quand on ne s’y attend pas ● Gourmand, le sucre qui l’appelle à chaque heure de la journée ● La musique qui guide (et enferme) sa créativité ● Les yeux qui brillent de fierté face à ses adelphes, qui continuent d'avancer, de l'étonner - "É meu irmão" ● Le sérieux qu a toujours détonné, au Brésil ou en Écosse (objectif : trouver une blague qui le fasse rire) ● La débrouillardise à sa manière, jeitinho sans le malice mais avec les mots qu’il faut pour convaincre ● Une hypervigilance quotidienne, qui lui vole ses nuits complètes (la crainte d'échouer, encore une fois) ● Regard doux et bras accueillants pour celleux qui comptent ● “Desculpe, desculpe, desculpe” litanie impossible à stopper.







Traduction (j'espère) :
- É meu irmão: c'est mon frère.
- Desculpe: je suis désolé

1989
Le cocon est aussi petit que les poings du nourrisson, se balance lentement au-dessus de la tignasse déjà bien foncée. Il fait nuit noire et à côté du berceau, les adultes se reposent. Derrière la fenêtre, on distingue le hululement d'une chevêchette, qui accompagne au loin le ton chaud d’un pandeiro. Le cocon a déjà commencé à se fissurer depuis quelques jours. Mais il prend son temps et on le laisse faire, sans pression ni empressement. L’enfant n’a même pas essayé d’attraper la forme oblongue au-dessus de lui, l’a juste regardé longuement de ses yeux clairs, en fronçant parfois le nez, avant d’éternuer. Pas de la faute du cocon, juste du vent qui le chatouillait. Le premier né de la famille Galhardo Assunção est endormi depuis des heures quand de nouveaux craquements surviennent . Une fissure plus grande cette fois-ci, qui laisse assez de place au minuscule papillon pour se glisser à l’extérieur. La chaleur déjà retrouvée, plus pesante, moins enveloppante. Les ailes se déploient gracieusement, quoique, une reste légèrement pliée. Une autre tentative plus tard, le voici fin prêt, pas plus grand qu’une paume d’enfant, titubant pour son premier vol. Le corps se tourne et se retourne pour que les ailes le portent. Il ne lui faut que quelques secondes pour venir se poser sur le nez rond du nourrisson, toujours endormi, toujours les yeux clos. Le papillon le regarde, hésite puis déploie ses ailes. Quand les adultes se réveillent, Liz enlace le visage de Davi. L’enfant dort toujours alors que les yeux, constamment ouverts, dessinés sur les ailes de son familier viennent annoncer le rôle de gardien qu’il acceptera sans même qu’on le lui demande.

1996
L’enfant déambule sur les berges du Rio Acre, le menton levé et le regard porté vers le ciel d’azur. Il ne regarde même pas ses pieds et seul Liz lui rappelle de faire attention aux racines discrètes, mais prêtes à le faire dégringoler. Le papillon, lui, n’a pas ce souci et il pourrait rester posé sur l’épaule du petit zoomancien s’il ne savait pas que son corps était aussi maladroit. Liz ne veut pas que son sorcier tombe et s’ouvre le menton une nouvelle fois : il finirait par en garder une cicatrice. À vrai dire, ça le surprend toujours de le voir se cogner à un tronc juste devant lui ou de glisser sur un tas de feuilles humides. Ça l’étonne au point de le faire sourire. Du moins, à la façon-papillon, les ailes énergiques et les antennes dressées. Les autres enfants courent, sautent, se balancent aux branches des arbres centenaires et tombent. Mais Davi, lui, il s’emmêle toujours les bras et les pieds avant même d’essayer. Ça ne semble pas gêner le petit sorcier, il préfère de toute façon se balader seul, prêt de la rivière ou de jouer à cache-cache avec les fourmis et les tortues Arrau. Liz lui a déjà susurré qu’il pouvait trouver un adversaire plus redoutable, mais l’enfant aime leurs idées de cachettes. Alors le familier a aussi appris à les aimer.
Après quelques temps de marche et de silence, sans aucune racine à l'horizon, le papillon finit par pose enfin sur l'épaule du garçon : car s’il y a bien quelque chose que Liz partage avec Davi, c’est leur drôle de façon d’être heureux sans avoir besoin d'être entourés.


1999
Liz n’a pas eu le droit d’accompagner le zoomancien dans la forêt. Alors il attend, posé sur une poutre en bois de la maison familiale. Un bébé gazouille, déjà bien bruyant malgré son très jeune âge. En observant de l'autre côté, il perçoit la tête brune du second enfant, endormi·e et recroquevillé·ee sur un bout de sofa. Davi les aime si fort que Liz ne peut que les aimer aussi - difficile de ne pas apprécier la douce chaleur d’un cœur vibrant. Presque, il pourrait aller vérifier que les deux sont à leur aise, éventer leurs visages avec quelques coups d’aile et… Non, il vaut mieux attendre Davi, lui saura quoi faire. Il ne devrait pas tarder à rentrer, qu’il ait réussi ou non le rite de passage.
Le soleil se couche lentement et rougit les murs du salon quand la porte s’ouvre enfin. Davi a les cheveux emmêlés de transpiration et les paumes noircies de la terra preta. Liz s’élance vers lui, tournoie quelques secondes avant de se poser sur l’un de ses épis bruns. Il a l’odeur des après-midi de cache-cache et la fierté qui brûle dans un sourire en coin.


2011
Liz est dissimulé sous le large t-shirt de Davi. Le papillon sent son coeur battre la chamade et pourtant, le zoomancien reste aussi immobile qu’un séquoia. Les représentant·es de la communauté de Rio Branco et de Cargill essayent de trouver un terrain d’entente sur les agissements de ces derniers. Depuis quelques mois, la violence de leurs activités entrainent une déforestation telle que plusieurs espèces ont dû être déplacée grâce aux communautés sorcières. Officiellement, les animaux ont juste fui. La réunion dure déjà depuis 5h, une éternité, Liz a eut le temps de faire trois siestes.

L’audace de Dave MacLennan atteint un niveau supérieur quand il expose son projet d’embauche dans les cultures pour diminuer la pauvreté de la région. Le papillon bat des ailes férocement au point que Davi finit par se lever de sa chaise

“Vous détruisez nos terres et en échange, vous nous proposez de bosser pour vous ? Vous vous rendez compte du culot de votre idée ?”

Liz s’arrête de bouger subitement : rare sont les moments où son sorcier prend la parole, se sentant encore trop jeune et inexpérimenté dans ce type de conversations. Ils en ont déjà parlé, Davi n'ose pas alors Liz le pousse discrètement, sans trop le chahuter.

“On reprendra cette réunion quand vous nous proposer une solution respectueuse de nos terres et de qui nous sommes.”

Le soir même, Liz l’entend fomenter avec des ami·es botanomancien·nes. Le lendemain matin, tous les tractopelles se retrouvent, mystérieusement, les pneus enlisés dans 30cm de terre. Si ça avait été possible, Liz aurait souri. Davi, lui, n'a pas cillé alors qu'il prenait finalement la place qu'on lui prédestinait depuis sa naissance. Après, il ne s'est plus jamais arrêté.


2019
Davi est occupé, a le coeur en feu à force d’aider à éteindre les incendies. Liz le regarde toujours rentré le soir, essaye de le rassurer. Jamais le papillon ne l’a vu aussi désespéré, jamais il ne l’a entendu autant pleurer, quand l’eau de la douche efface la suie et l'odeur de brûlé.

Parfois, Liz accompagne Davi, se colle tout contre son torse pour le soutenir autant qu’il le peut lorsque la communauté tente d’arrêter les incendies. Mais le plus clair de son temps, le familier reste loin des flammes, craint pour ses ailes autant que pour l’espoir des siens.

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Davi n’est pas rentré de la nuit, comme bien d’autres sorcier·es. La forêt disparait à vue d’oeil, brûle, grille, se noircit. Plus rien n’est vivant, ni les arbres centenaires, ni la végétation luxuriante, ni les animaux que Liz adorait voir galoper entre les racines et les branches. Comment rester dissimuler alors que son monde brûle ? Le papillon n’a pas trouvé de réponse alors il a pris le chemin de la forêt, antennes pointées droits devant, les ailes vibrant d’un courage surprenant. Quelqu'un l'a inspiré.

Liz n’est pas rentré de la nuit, mais Davi, si.

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“Liz ?!”

Il hurle à plein poumons, n’a jamais parlé aussi fort, aussi longtemps. On le pense entrain d’aider sur le flanc ouest, pas à la recherche du papillon baudroie.

“Liz !!”

Il sait qu’il est là, quelque part, entre les branches en feu et la terre sans vie. Il ne repartira pas sans sentir le froissement des ailes contre son buste. Il n’abandonnera pas avant de le trouver. Alors le zoomancien continue de hurler à s’en abimer les cordes vocales et à en respirer la fumée âcre qui finit par le faire s’écrouler.

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“Miguel et Estrela n’ont pas survécu. Je suis désolé Davi.”

Carlos a la voix douce quand il lui annonce le décès de ses parents. Eux aussi ont périt dans les incendies, comme bien d’autres. Davi ne réagit pas, le corps statique et le regard vitreux. Il s’est réveillé il y a seulement dix minutes, a été retrouvé avant que les flammes grignotent sa peau. Personne ne sait pourquoi il s’est retrouvé aussi loin dans la forêt brûlante, seul contre l’incendie. Presque, on lui aurait passé un savon d’avoir été aussi stupide si ses parents n’avaient pas survécu.

Il hoche la tête mécaniquement avant de regarder sur le côté, dans le vide.

“Je vais aller prévenir les autres et…”

“Iels le savent déjà. Tu es resté alité une journée, on ne pouvait pas attendre pour leur expliquer.”

Le menton se baisse à nouveau. Une journée. Pourquoi a-t-il l’impression que ça fait une éternité que seule sa propre voix inonde ses pensées ?


Tw : pensées sombres, dépression, brûlures, tentative de suicide évoquée
2019-2022
Les funérailles. Il ne sait plus quand exactement, se souvient encore moins du velorios où elles ont eu lieu. La décision de partir, les valises à faire, la tristesse à mettre sous clé. “Liz dort encore. Tu le connais.” Le regard triste de ses adelphes, leur espoir pour continuer. “Attends, tu as refusé d'être interviewé par Vogue UK ?!” Rappel : acheter du thé sencha à Grassmarket. Point zigzag. Se transformer en papillon pour aller sentir les flammes. L’appartement trop petit, trop froid. “Liz est partie faire un tour. Tu le connais.” La baignoire remplie à ras bord, la tête sous la surface. Paniquer à l’odeur du pain grillé. Appeler Ceridwen pour sa robe. Goûter du porridge, apprécier la sensation en bouche. Ne rien garder dans le ventre. Point boutonnière.“Il faudra déposer un acompte de 3 500 livres sterling pour réserver l’espace.” Acquiescer. Éviter la nuit animale. S’enliser. Rappel : manger. “T’en penses quoi de ce tissu Liz ? Ouais. Il est affreux, t’as raison.” Écouter le coven d'une oreille, disparaitre dès les réunions terminées. Cracher sa bière à la gueule d’un humain. Finir avec le nez fracturé, dire qu’il est tombé dans l’escalier. “Tu es le chef de famille maintenant”. Mettre du baume gras sur les bouts des doigts brûlés. Découvrir une ride se creuser entre ses sourcils. Éviter tout contact physique pour ne pas remplacer sa voix. Sourire pour sa famille. Avoir le coeur qui palpite pour un rien. Redécouvrir la saveur mentholée du tissu Sabra. Sourire. Apprécier. “J’aimerai une chemise en lin lavé. Excusez mon familier, c’est un papillon trop curieux”. Refuser la commande. La baignoire remplie à ras bord.

Se noyer, se noyer, se noyer.

Remonter.

“Tu me manques Liz.”


2023
“Je crois que j’ai besoin d’aide.”

Ne pas le dire mais au moins l'écrire. Avancer.

Il manque cruellement de souplesse et quand il essaie de danser, ça en devient comique ● Il a une cicatrice sur le menton qui date de son adolescence : une marche de l'école magique de manquée. Il la dissimule par une épaisse barbe  ● Il boit quasi exclusivement du chimarrão (maté) mais a découvert quelques thés d'ici qui lui apportent un certain réconfort ● C'est un très bon cuisinier, expert en brigadeiro pour ses adelphes mais ne cuisine jamais pour lui. ● S'il avait pu, il aurait rejoint son familier dès sa disparition. Mais sa responsabilité envers ses adelphes et la perte de leurs parents le tiennent debout. ● Il a refusé un interview de Vogue UK pour un numéro spécial "jeunes stylistes à suivre". Pourtant, son carnet de commande a explosé depuis début 2023. Ça l'a aidé à remonter lentement la pente. ● Il parle à Liz comme s'il était toujours là, ce qui laisse à penser aux autres que le familier est juste dissimulé dans ses vêtements. ● Il a des troubles de la mémoire assez importants depuis les incendies ● Il a terminé dans les premiers de sa promotion à l'Institut de Rio Branco et en était très fier. ● Il est synesthète, perçoit la musique en couleurs et formes et les textures par des goûts. Le lin sous les doigts lui donne une saveur sucrée en bouche. ● Il est mauvais perdant, surtout aux jeux à gratter. ● S'il préfère la cachaça, la bière d'Edimbourg lui plait assez. ● Il fait très peu de sport et ce ne sont pas ses transformations animales qui vont lui faire faire de l'exercice !