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:: ✦ Archives :: ✧RPs[Terminé] First impressions are the most importants, they said... (Moïra)
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First impressions are the most importants, they said...
Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Cela faisait un peu plus de neuf mois qu’Haesik et sa mère étaient venus s’installer en Ecosse et, qu’à leur grand soulagement, ils y avaient retrouvé la paix qui leur avait tant fait défaut durant la dernière année qu’ils avaient passée dans leur pays natal.
Tout n’était pas encore parfait mais la cheffe de famille était parvenue à retrouver du travail et, bien que le jeune homme ait beaucoup appréhendé sa rentrée à l’académie, son intégration s’était plutôt bien passée.
Vêtu de sweats à capuches de couleurs sombres et progressant tête baissée en rasant les murs dans les couloirs, il fallait dire qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter de se faire remarquer.
Après les cours, au lieu de rentrer directement chez lui, il était fréquent qu’il fasse un détour pour rallier Green Bank. Incapable de communiquer avec les autres jeunes de son coven dans une langue qu’il ne maîtrisait pas et rendu quelque peu farouche par le bullying dont il avait été la victime, il s’était beaucoup isolé au moment de son arrivée à Edimbourg mais il avait trouvé au sein de ce quartier verdoyant des amies pour le moins inhabituelles.
Les abeilles qui butinaient par dizaines dans les environs l’avaient immédiatement apprécié, sans qu’il comprenne réellement pourquoi. Avec le temps, elles avaient été de plus en plus nombreuses à venir voleter autour de lui et, de fil en aiguille, elles l’avaient présenté à leur protecteur du moment.
Le vieil homme n’était pas d’un abord très facile. Dans un premier temps, il avait même impressionné le jeune zoomancien mais ses manières abruptes et son mauvais caractère apparent cachaient un très bon fond.
Assez rapidement, le mystique des essaims s’était pris d’affection pour ce garçon chétif à l’air triste qui rodait près de ses ruches et distrayait ses mielleuses puis, une fois la confiance établie, il avait consenti à lui transmettre une partie de son savoir ainsi que quelques missions.
Ce jour là, un samedi en début d'après-midi, il avait envoyé l’une de ses messagères le chercher pour lui demander de s’occuper d’une livraison qu’il n’était pas en capacité d’assumer lui-même.
Chargé de plusieurs pots en verre, soigneusement disposés dans un sac à dos relativement pesant, il avait suivi l’insecte jusqu’à un quartier huppé situé sur le territoire du coven des enfants du vent, dans lequel il n’avait jamais mis les pieds.
Après une dizaine de minutes de marche au milieu de demeures plus somptueuses les unes que les autres, il s’était immobilisé devant un énorme manoir, devant lequel l’abeille avait commencé à décrire des cercles en bourdonnant fortement.
- ... tu es certaine que c’est là ?
Le minuscule animal avait acquiescé et, voyant qu’il restait figé devant l’aspect imposant de la bâtisse, Dalsoon avait légèrement mordillé l’arrière de sa jambe gauche pour le pousser à s’approcher de la porte d’entrée.
Dalsoon(en coréen) : Vas donc sonner ! Vue la taille de cette maison, ses habitants ne manquent probablement pas de nourriture, ils ne vont pas te manger !
La louve avait raison. Aucune raison de se montrer timide. La transaction était simple et ne prendrait pas plus d’une dizaine de minutes...
Son visage s’était décomposé lorsque le majordome qui lui avait ouvert l’avait invité à entrer, d’autant que sa compagne à quatre pattes avait préféré s’abstenir de le suivre à l’intérieur pour éviter de répandre la boue qui s’étalait sur ses pattes sur le sol de la luxueuse habitation.
Majordome : Patientez ici je vous prie, mademoiselle sera là dans un instant.
S’il avait su qu’il se retrouverait dans un milieu aussi chic, il aurait fait un petit effort de présentation mais malheureusement, il était trop tard pour cela. Mal à l’aise au milieu d’une cuisine aux plafonds vertigineux dont le mobilier devait coûter le prix de l’appartement que sa mère louait, il tirait nerveusement sur ses manches en espérant que la destinataire de la commande se montre rapidement lorsqu’une porte avait claqué avec force, probablement à cause d’un courant d’air.
Surpris par ce son agressif et par sa résonance, Haesik avait eu un mouvement de recul et, quelques secondes plus tard, ses yeux en amande s’écarquillaient alors qu’un bruit de verre brisé se faisait entendre dans son dos, qui avait heurté un plan de travail.
L’objet qu’il venait de briser semblait être une sorte de petit aquarium et l’exclamation de surprise qui s’était échappée de la bouche de son occupant lui avait indiqué qu’il s’agissait d’un familier. Catastrophe…
Paniqué, il s’était littéralement laissé tomber à genou devant la flaque d’eau parsemée d’éclats de verre, écorchant légèrement sa peau au passage, pour tenter de porter secours au minuscule hippocampe mauve qui s’y débattait à la recherche d’air.
- Oh non, je suis tellement désolé… est-ce que ça va ??
A première vue, le petit être ne semblait pas blessé mais il allait falloir faire vite s’il ne souhaitait pas avoir sa mort sur la conscience.
Pour le mettre en sécurité, il lui avait demandé la permission de refermer ses doigts tremblants sur son petit corps mou puis, une fois qu’il l’avait eu placé dans un saladier vide, il avait commencé à étudier rapidement son environnement pour tenter de trouver une solution.
Il savait grâce à ses cours de biologie qu’il ne pouvait pas plonger un animal marin dans de l’eau plate sans le blesser, du moins, pas cette espèce ci, le robinet situé à sa portée ne lui serait donc d’aucun secours.
Ses yeux avaient fini par se poser sur une salière, dont il s’était saisi en désespoir de cause. Parviendrait-il à recréer un milieu viable avec un plan aussi grossier ?
Il venait de se pencher au dessus du récipient pour s’enquérir de l’état du poisson lorsque la porte de la cuisine s’était ouverte et qu’il s’était retrouvé face à face avec une adolescente au port altier qu’il avait eu l’occasion de croiser à l’académie de magie quelques jours auparavant.
S’agissait-il de sa maison ?? De son familier ?? Catastrophé, envahi par un stress dévorant qu’il ne pouvait pas dissimuler, il était resté tétanisé, incapable de lui fournir la moindre explication…
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Tous ses amis étaient occupés, ce qui signifiait qu’elle allait rester enfermée toute la journée. Par conséquent, Moira était d’une humeur de chien. Elle essayait vainement de se concentrer sur son roman, avant de l’envoyer voler par la fenêtre du deuxième étage.
Elle croyait devenir folle en cette période d’inactivité. Sans cours à poursuivre ni prétexte pour sortir, là voilà coincée dans la demeure familiale sans espoir de distraction. La belle brune se demandait qui de ses parents ou d’elle allaient crier en premier. Probablement elle, enfermée à triple tour dans sa chambre – si sa mère lui rendait la clé un jour – à hurler dans son oreiller pour exprimer sa frustration.
Les repas de famille étaient pénibles, terriblement long, et Moira tournait comme un animal en cage. Selon leurs exigences, elle avait de l’avance sur ses travaux sur les deux prochaines semaines, l’hydromancienne n’avait même pas l’occasion se plonger dans les études pour occuper son emploi du temps tristement vide. Ses yeux ne parvenaient pas à se concentrer sur les innombrables livres posés sur sa table de chevet, et l’ennui pointait sa vilaine tête.
Comble du malheur, ses parents l’avaient chargé de gérer la livraison de miel du jour. Si elle aimait beaucoup le produit, elle avait pesté intérieurement devant cette obligation. Simon, leur majordome, aurait très bien pu s’acquitter de réceptionner la cargaison et régler la note. Mais non, il avait fallu que cette tâche lui revienne. Elle était persuadée que sa mère avait procédé à ce choix pour la punir de sa dernière réplique. Le moins que l’on puisse dire, c’était qu’elle avait visé juste.
Le miel avait pour but d’accompagner les recherches sur les soins d’Isobel, et Moira trouvait un peu fort de café qu’elle confie cette basse besogne à son héritière. Elle n’avait certes rien d’autre à faire de ses journées, mais tout de même !
Elle avait donc descendu les – nombreux – escaliers du manoir, le petit bocal de Sùmaid dans les mains. Il vivait habituellement dans le gigantesque aquarium de sa chambre, mais ils avaient bien du mal à rester séparés. Sa présence était constamment requise pour la canaliser, elle qui avait tendance à s’éparpiller de partout. Ces tout petits bocaux auraient été considérés comme de la maltraitance pour tout animal ordinaire, mais l’hippocampe lui-même demandait à la suivre de cette manière. Moira se demandait parfois s’il n’était pas égoïste de lui infliger une petite torture, mais la réalité était que les deux liés avaient autant besoin l’un que l’autre de rester ensemble.
- Ne fais pas cette tête, Moira. Ce n’est pas si terrible de rendre se service à ta mère…
- Tu dis cela seulement parce que tu n’en as pas, veinard…
Elle ignore le tour qu’effectuer le cheval de mer, désapprouvant son choix de mots. Quelle importance, elle devait évacuer sa colère d’une manière ou d’une autre.
Une fois dans la cuisine, elle salua le chef, avant de poser le bocal sur un des plans de travail, tapotant affectueusement le bocal.
- Je reviens chercher le chéquier, il ne devrait plus tarder. Accueille-le pour moi, s'il arrive.
Elle sort ensuite de la pièce, avant de se diriger vers le bureau de son père. L’opération ne prend que quelques minutes, trois fois rien…
Alors Moira est évidemment surprise de trouver un chaos sans nom dans la cuisine à son retour. Elle perçoit du verre brisé ayant atterrit jusqu’à la porte d’entrée, et découvre un jeune garçon qu’elle est persuadée d’avoir déjà croisé...
Elle ne lui prête pourtant aucune attention, envoyant son familier gisant dans un saladier, et la salière qui s’agitait au-dessus de lui.
La brune comprend plus ou moins ce qu’il vient de se passer, en se jetant à leur rencontre.
- Sùmaid !! Tu vas bien ??
Au vue de l’état du bocal et l’air paniqué qu’elle voit dans les yeux en amandes, elle sait pertinemment qui est le responsable.
- Tu as fait tomber mon familier ?? Mais tu es aveugle ou juste simplet ?!
Sa voix avait été froide, et son regard encore plus.
Elle entend la faible protestation de l’hippocampe dans le saladier, cherchant à s’habituer à un environnement clairement insuffisant pour lui.
Dans un geste fébrile, prend le bras du teneur de son familier.
Se relevant, elle sort en courant de la cuisine, en criant derrière son épaule :
- Suis moi !
Elle n’a jamais couru aussi vite, saisissant un vase de valeur inestimable en passant, avant de trouver un aquarium rempli d’eau salée dans une des pièces attenantes, juste en face de la cuisine qu’ils venaient de quitter. Ses parents avaient tous deux des mammifères marins en tant que familier, raison pour laquelle des aquariums contenant le nécessaire pour permettre leur présence partout avaient été disséminés dans le manoir.
Excepté la cuisine, évidemment. Car aucun des trois maîtres des lieux n’y mettaient jamais les pieds.
Paniquée, tremblante de peur, elle remplit sommairement le vase de l’eau salvatrice. Elle aurait pu réunir l’eau tombée à terre sur le carrelage de la cuisine et la réunir dans le récipient, mais mélangée aux gouttes d’eau douce qui s’étaient inévitablement mélangée, Sùmaid n’allait peut-être pas apprécier ce nouveau changement d’environnement.
Elle se tourne vers son camarade, et saisit la petite créature à deux mains, protectrice. Elle le transvasa délicatement dans le nouveau récipient, et soupire de soulagement en le voyant s’agiter peu à peu, tête penchée sur l’ouverture.
Une fois rassurée, elle dirige de nouveau son attention sur le livreur, indignée.
- Mais comment t’es-tu débrouillé pour jeter mon poisson hors de l’eau en à peine une minute ?!...
- Moira, c’était un accident, il a eu aussi peur que toi –
- Toi, je ne t’ai pas sonné.
Son regard est clairement agacé, un peu mauvais. Mais elle se radoucit en voyant l’air apeuré du jeune homme. Son familier lui ayant assuré que la manœuvre avait été involontaire, son énervement est largement amoindri.
- Bon, tu as essayé d’arranger ça. Mais tu es quand même sacrément maladroit.
Plus de peur que de mal, après tout. Elle n’allait pas accabler le pauvre livreur, il semblait au bord de la syncope. Moira le prit un peu en pitié.
Elle se pencha un peu vers lui, yeux plissés. Elle détailla sa coupe de cheveux à vraiment revoir, son visage rond, teint pâle et regard apeuré.
Elle est convaincue de l’avoir déjà vu, lui et son style vestimentaire douteux mais où…
La réalisation lui fait écarquiller les yeux, et une ombre de sourire nait sur son visage.
- Hey, mais tu es le nouveau ! Hae… excuse moi, je crois que je n’ai absolument pas retenu ton nom.
A son arrivée dans l’académie, il lui avait donné l’impression d’être un garçon timide, et elle avait ressenti une immédiate sympathie pour lui. Elle ne s’imaginait pas devoir quitter ses amis en Ecosse pour rejoindre un autre pays. Moira lui souhaitait sincèrement une intégration la plus aisée possible.
- Tu travailles avec le vieux du coup ? Tu fais plus attention avec tes abeilles qu’avec mon hippocampe, j’espère ?
Elle entend un bruit venant de deux portes plus loin, et aperçoit une louve d’un blanc éclatant sur le pas de l’entrée extérieure de la cuisine.
- Ah. Ca explique le manque de délicatesse…
Maintenant apaisée, elle serre le vase contre elle d’une main, puis tend l’autre dans la direction de son invité.
- Moira Auchincloss. Et celui que tu as manqué de tuer s’appelle Sùmaid. On retourne dans la cuisine ? Je crois que tu as du miel à me donner.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Haesik s’était empourpré et avait détourné les yeux lorsque son interlocutrice s’était rapprochée en lui demandant s’il était aveugle ou simplet, embarrassé par la situation et inquiet au sujet de ses potentielles répercussions.
L’heure n’était pas à l’apitoiement cependant aussi, lorsqu’elle avait agrippé son bras et lui avait demandé de la suivre avec autorité, il s’était emparé du saladier où gisait toujours l’hippocampe et il lui avait emboîté le pas en courant jusqu’à la pièce voisine.
Il avait été rassuré d’y découvrir un énorme aquarium. Dans une poignée de secondes, sa petite victime serait sauvée… Peu désireux de commettre une nouvelle maladresse, il avait laissé à la jeune femme l’initiative de prendre soin de son familier par elle-même.
Il savait à quel point les animaux qui apparaissaient à leurs côtés lors de leur naissance leur étaient précieux aussi, il était sincèrement désolé de lui avoir imposé le stress de penser le perdre.
Serrant toujours le saladier vide contre sa poitrine, il l’avait observée avec attention alors qu’elle remettait le poisson à l’eau et il avait laissé échapper un discret soupir de soulagement en comprenant que l’animal avait repris du poil de la bête.
Le regard courroucé que la maîtresse des lieux avait posé sur lui en reprenant ses reproches l’avait à nouveau conduit à regarder le sol. Elle aurait pu décider de le baffer qu’il n’aurait pas réagi, estimant mériter la sanction.
Toutefois et contre toute attente, le familier avait pris sa défense et, rapidement, la colère de son interlocutrice avait semblé s’estomper. Plus étonnant encore, elle s’était mise à lui sourire et cette vision l’avait conduit à une pensée qu’il aurait été embarrassé qu’elle perçoive.
La lumière qui entrait par la fenêtre à laquelle elle tournait le dos mettait ses yeux clairs et ses cheveux parfaitement entretenus en valeur et ce geste de sympathie à son égard ne la rendait que plus attrayante qu’elle l’était naturellement.
Cette considération adolescente mise de côté - une fille de ce genre ne serait de toutes façons jamais intéressée par un garçon comme lui, inutile de rêver – il avait timidement serré la main qu’elle lui avait tendue avant de s’en retourner à sa suite vers la cuisine, tout en s’efforçant de répondre à la série de questions qu’elle venait de lui poser.
- Rhee Haesik.
Lui aussi avait souvent du mal à retenir les patronymes des gens de son pays d’accueil, très différents de ceux auxquels il était habitué et surtout, souvent difficiles à prononcer mais il s’était abstenu de le mentionner. Son accent et sa tendance persistante à déformer les sons de la langue anglaise seraient des indices suffisants pour permettre à son interlocutrice de le deviner.
- Je l’aide de temps en temps, quand il en a besoin. Je respecte beaucoup les animaux, jamais je ne leur ferai de mal volontairement…
Il avait également beaucoup d’estime pour son mentor qui, de par son franc parler et les petites missions qu’il lui confiait, l’aidait à reprendre confiance en lui et à s’intégrer au sein de son nouveau coven. Enfin, quand il ne gâchait pas tout avec sa maladresse…
Il s’était senti gêné lorsqu’il avait constaté que quelqu’un d’autre était en train de ramasser les morceaux de verre qu’il avait dispersés un peu partout sur le sol de la cuisine et plus encore lorsque Dalsoon s’était engouffrée dans la pièce en profitant de la sortie du domestique, sans attendre de permission.
Dalsoon(en coréen) : Eh ben, tu as fait fort !
Elle avait brièvement détaillé la jeune femme et le vase qu’elle tenait toujours entre ses mains de son unique œil valide avant que sa truffe inquisitrice vienne se poser contre les jambes de son bipède.
Dalsoon(en coréen) : Tu saignes. Qu’est ce qu’il s’est passé avec ton genou ?!
Sans attendre sans réponse, elle avait entrepris de lécher la plaie qui transparaissait au travers de son jean légèrement déchiré, lui arrachant une protestation étouffée.
-(en coréen) Hé, ne m’embarrasse pas pendant ma livraison ! Ce n’est rien et en plus, tu risques d'avaler du verre…
Il s’était soustrait aux attentions de la louve en se tournant vers le plan de travail pour y déposer un à un les pots du miel qu’il était venu apporter avant de s’incliner légèrement devant Moïra, par habitude.
- Veuillez accepter un geste commercial en guise d’excuse.
Il ne voulait pas prendre le risque de ternir la réputation de son mentor, en aucune façon. Il trouverait un moyen de le rembourser, d’une manière ou d’une autre, mais il refusait de prendre le risque de lui porter préjudice.
Un nouveau petit pincement de la part du canidé lui avait fait serrer les dents.
Dalsoon(en coréen) : Tu ferais bien mieux de demander un pourboire ! Oh ! Ou une part de ce délicieux gâteau, là.
Son œil ambré s’était rivé sur le Shortbread posé à proximité avant qu’Haesik n’attrape sa gueule entre ses doigts pour l’inciter au silence. Il n’y exerçait aucune pression car elle était bien trop précieuse à ses yeux pour qu’il la violente d’une quelconque manière mais il ne voulait pas que la situation dégénère à cause de son intervention.
- Veuillez aussi excuser Dalsoon… Elle est très… bavarde.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Il fallut un peu de temps à Moira pour comprendre que le prénom de son interlocuteur était bien Haesik. Elle avait déjà entendu les professeurs le prononcer, mais elle devait bien avouer qu’elle n’avait pas prêté une grande attention au jeune homme jusqu’à présent. Excepté les premiers jours, alors que son arrivée soudaine avait été remarquée. Dès qu’il y avait des commérages à colporter, elle répondait évidemment présente. Mais les coutumes des pays étrangers lui passaient un peu par-dessus la tête. Ce n’est qu’en se souvenant vaguement que l’ordre des noms étaient parfois inversé qu’un petit « tilt » avait résonné dans son esprit.
Un prénom que l’on entendait peu dans ces contrées, en effet.
- Enchantée. Enfin, pas mécontente.
Après que sa colère lui soit passée, elle avait trouvé un petit côté amusant dans le malaise affiché chez le jeune homme. Il avait manqué de tuer son familier, certes. Moira ne l’oublierait pas de sitôt. Mais finalement, aucun mal n’avait été commis. L’écossaise se nota mentalement de lui rappeler cet incident aussi souvent que possible à l’avenir, si leurs chemins se recroisaient.
Hum, vu ses airs timides, il était peut-être encore trop tôt pour y songer. Surtout lorsqu’Haesik tenta de justifier son geste. Moira leva les yeux au ciel. Le petit apprenti du vieux bougon qui les fournissait en miel avait bien choisi son disciple. Un amoureux de la nature, et visiblement un peu angoissé sur les bords.
- Je sais déjà que c’était un accident, pas la peine de rester coincé sur le sujet éternellement. Tu as failli tuer mon familier, mais tout est dans le « failli ».
Elle le raccompagna à la cuisine, avant de s’arrêter quelques instants devant une louve borgne qui avait fait irruption dans sa demeure. Moira retint un mouvement d’humeur.
Elle n’appréciait guère les traces de boue sur le sol, qu’il faudrait nettoyer par la suite.
Evidemment, ce n’était pas elle qui s’en chargerait, mais l’un des domestiques. Tout de même, cela l’agaçait. Plutôt maniaque, elle claqua la langue devant le désordre.
- Bonjour. Cela aurait été aimable de s’essuyer les pattes avant d’entrer, mais enchantée aussi, je suppose…
La louve s’exprima dans un dialecte qu’elle ne comprit absolument pas. Si elle parlait quelques langues européennes selon les vœux de ses parents, elle admettait qu’elle n’avait jamais songé à voir plus loin que les frontières de son propre continent.
La brune observa l’imposant animal approcher de son compagnon, lécher les plaies de son genou. Horrifiée, Moira posa le vase – bien au centre – d’une table, pour approcher.
- Je n’avais pas vu ! Comment t’es-tu débrouillé pour te faire mal en plus de tout cela ?
Laissant la louve palier aux blessures du jeune homme pour l’heure, l’adolescente alla chercher un nouveau bocal dans l’un des placards. Elle approcha de son familier, et s’assit négligemment sur la table à ses côtés. D’un geste souple et presque nonchalant, elle transvasa l’eau du vase vers le bocal transparent, brinquebalant Sùmaid au passage. Le liquide vola dans les airs en arabesques avant de tomber dans sa destination.
- Bon sang, tu pourrais être plus délicate, pesta l’hippocampe en secouant la tête.
Moira porta le bocal au niveau de ses yeux, avant de les plisser devant son meilleur ami.
- Tu aurais préféré rester dans ce truc poussiéreux, sans possibilité de nous voir sûrement, espèce d'ingrat ? Plains-toi va, au moins tu peux voir un peu de monde. Ça te donnera l’illusion que tu peux bouger au lieu de rester bloqué dans l’équivalent d’une flaque.
Elle déposa ensuite le récipient à côté d’elle, lui donnant une vue sur l’ensemble de la pièce. Pour toutes leurs chamailleries, elle veillera toujours à ce que son rabat-joie de bonne conscience soit aux premières loges et à l’aise.
Moira tourne ensuite son attention vers Haesik, qui déposait sa livraison à côté d’elle.
- Merci bien…
Avant qu’elle ait pu remercier correctement le jeune homme, celui-ci s’inclina devant elle, proposant un geste commercial du fait de leur petite mésaventure.
L’hydromancienne resta interdite quelques instants. Il serait de mauvais goût de rire. Non pas que son geste lui inspire un quelconque sentiment de ridicule, mais il était si surprenant qu’elle aurait pu laisser échapper quelques éclats étonnés.
La politesse du jeune garçon était toute à son honneur. Moira n’avait peut-être jamais pris la peine de trop se renseigner sur les cultures autres que la sienne, mais elle n’était pas sans ignorer les bases. Elle supputait sans mal que l’intention était charmante, et la courtoisie était un concept qui se perdait après tout. En trouver ici la changeait agréablement.
Curieuse, elle pencha la tête pour l’observer, avant de sortir le chèque plié en deux qu’elle gardait dans la poche de son pantalon cigarette.
- Inutile, ce n’est rien.
Elle ne précise pas qu’elle rejette son offre car cela ferait beaucoup trop plaisir à ses parents d’économiser ne serait-ce que quelques pounds. Hors de question de leur accorder ce cadeau. Ils avaient plus d’argent qu’ils ne pourraient jamais dépenser, plus elle pouvait leur en extorquer, mieux ce serait.
D’autre part, elle doutait que le ronchon de patron apprécierait la ristourne proposée par son employé, sans son accord. Elle ne voulait pas attirer de problème au jeune homme, pas de cette manière en tout cas.
L’étudiante resta songeuse une petite seconde, avant de reprendre :
- Tu ne devrais pas faire cela. T’incliner, je veux dire. C’est très respectueux – et j’adore avoir les gens à mes pieds – mais tu risques de t’attirer des moqueries. Nos camarades peuvent parfois être stupide, et la bienséance leur est totalement inconnue.
La louve intervint de nouveau, et Moira apprit ainsi son nom : Dalsoon. Elle ignorait totalement si cela avait une signification, mais elle apprécia d’emblée les sonorités de l’appellation. Le geste d’Haesik, avec sa main se refermant sur la gueule de son familier la fit sourire.
- Cela aussi, ce n’est rien. Je n’ai rien compris, de toute manière.
En revanche, elle avait bien vu le regard de l’animal vers la pâtisserie non loin. Se penchant sur la table, presque allongée, elle vint tendre le bras pour pousser l’assiette vers la louve.
- Tu peux te servir, vas-y.
Moira préférait le salé, de toute manière. Et cela ne ferait pas de mal à son père de perdre un peu de poids, il avait tendance à s’empiffrer en ce moment. Probablement un moyen de supporter sa mère.
Alors qu’elle aurait très bien pu se lever pour tendre le gâteau un instant auparavant, elle sauta au sol pour approcher de son camarade.
Rapidement, elle posa genou à terre pour passer sa main par-dessus la plaie et son vêtement troué, et usa de sa vague pour refermer sommairement la blessure. Elle fit une petite moue en se relevant aussi vite qu’elle s’était baissée.
- Ce n’est pas parfait, les soins ne sont pas mon fort, mais bon. C’est déjà ça.
Sans réfléchir un seul instant, elle prit les mains du commerçant pour effectuer la même opération, avant de retourner s’asseoir sur son siège de fortune, ne pensant absolument rien de ce qu'il venait de se passer.
Elle prit un petit pot de miel entre ses mains.
- Tu as de la chance de pas t'être plus entaillé. Autrement, j’aurais été incapable d’agir. Je crois qu’aider les gens, ce n’est pas mon domaine.
Elle posa sa main sur le couvercle, avant de tenter de le dévisser. A sa grande exaspération, elle en était incapable.
Moira resta quelques longues et gênantes secondes à essayer d’ouvrir le pot, avant de lâcher un soupir agacé, et de tendre d’autorité l’objet vers Haesik.
- Tiens, tu me parais être l’homme de la situation. Ouvre-moi cela, veux-tu ?
Ignorant son visage une fois qu’il lui tendit le pot ouvert, elle plongea immédiatement son auriculaire dans le liquide ambré avant de porter le produit à ses lèvres, goûtant à peine. Moira allait avoir recours à une cuillère par la suite, pour ne pas paraitre vulgaire, mais elle avait été prise d’une soudaine envie de sucre après toutes ces émotions.
Après tout, elle avait manqué de perdre son compagnon pour la vie.
- Mais quel gentleman. C’est délicieux, d’ailleurs. Mes compliments au patron.
Sùmaid s’agita dans son bocal.
- Moira, tu es incorrigible, tu aurais pu aller chercher un couteau…
- Oh, je suis persuadée que cela n’a pas dérangé notre invité.
Se repenchant sur la table en sa direction, elle lui adressa un sourire taquin.
- N’est-ce pas, que cela ne t’a pas dérangé ? Au fait, tu aimes bien l’Ecosse, du coup?
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Puisque la jeune femme semblait avoir tiré un trait sur l’incident avec son familier, au grand soulagement d’Haesik, il avait décidé de cesser d’aborder le sujet.
Une fois dans la cuisine, il l’avait regardé faire passer son minuscule compagnon de son vase à un bocal transparent en utilisant sa magie, non sans une certaine fascination. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait un hydromancien à l’œuvre mais il avait toujours trouvé la façon dont ils modelaient l’eau très esthétique.
Pendant un instant, il s’était laissé aller à observer l’hippocampe. Il était incroyable qu’une créature aussi fragile survive dans une étendue aussi vaste que son milieu naturel et tout aussi incroyable qu’en tant que familier, il renonce à cette débauche de liberté par amour pour la sorcière à laquelle il était lié.
Ses doigts avaient machinalement glissé du museau de Dalsoon jusqu’à la base de son oreille, qu’ils étaient venus gratter avec tendresse. Elle aussi faisait quotidiennement des sacrifices pour demeurer à ses côtés et il espérait qu’elle savait à quel point il appréciait son dévouement, même si, à l’instar du « couple » qui leur faisait face, ils passaient beaucoup de temps à se chamailler.
Moira avait refusé d’accepter son geste commercial, fait qui avait été déclencheur d’un soulagement qu’il s’était senti un peu coupable de ressentir. Au vu de l’état des finances de sa famille, une dette en moins était définitivement bonne à prendre, mais il ne pouvait s’empêcher de demeurer préoccupé par la réputation de son maître.
La gêne qu’il avait ressentie au moment où l’écossaise lui avait indiqué que son comportement pourrait être perçu comme inadéquat avait eu tôt fait d’occulter cette petite inquiétude. Dans son pays natal, la politesse était absolument de rigueur devant des gens d’une situation sociale plus élevée ou devant les aînés aussi, il n’aurait jamais imaginé que cela puisse être considéré autrement.
Il avait toutefois pris bonne note de sa remarque. C’était à lui de faire des efforts d’intégration en tant que nouvel arrivant, pas aux autochtones de se conformer à ses habitudes.
La louve s’était mise à agiter la queue au moment où la propriétaire des lieux avait poussé l’assiette de shortbread dans sa direction mais avant qu’elle ait eu l’occasion de demander à son bipède de lui en attraper un morceau, Moira s’était littéralement jetée à ses pieds pour poser la main sur son genou blessé.
Ce contact inattendu lui avait à nouveau fait heurter le plan de travail et il s’était empourpré lorsqu’elle avait refermé ses mains sur les siennes. Sa sollicitude était appréciable mais ses écorchures mineures faisaient l’objet de beaucoup trop d’attentions à son goût. Une fois ses soins terminés, il l’avait remerciée en fuyant soigneusement son regard.
Le fait qu’elle lui demande de l’aide pour ouvrir un pot de miel récalcitrant lui avait fourni une distraction bienvenue. Il avait perdu beaucoup de poids depuis son seizième anniversaire mais sa poigne demeurait celle d’un adolescent mâle qui avait jadis pris davantage soin de son apparence, aussi s’était-il exécuté sans difficultés.
Dalsoon(en coréen) : …Vraiment ? A ce train-là, c’est un salaire qu’il va falloir demander. Ou un acte d’affranchissement…
Haesik avait été étonné de voir une jeune femme si distinguée plonger son doigt directement dans le pot pour se servir mais ce geste ne l’avait pas choqué. S’autoriser à être naturel était le plus grand des conforts qu’un être humain puisse s’accorder. Et puis, après tout, chacun devrait-être libre d’agir comme il voulait chez soi !
- Non, non, ça ne me dérange pas du tout.
Il avait tout de même pris le temps de plonger ses doigts dans une petite poche de son sac à dos pour en extirper une petite cuillère à miel. Sculpté dans du bois, ce petit outil strié permettait de retenir le liquide efficacement et, prenant une initiative qui l’avait lui-même étonné, il en avait fait la démonstration à son interlocutrice en en disposant avec une finesse qui contrastait avec sa maladresse précédente sur une petite part de shortbread, qu’il lui avait tendue.
- Tout le mérite revient aux abeilles, nous ne faisons que prendre soin d’elles…
Dalsoon : Hé, Don Juan, ne m’oublie pas !
Et voilà qu’elle prononçait ses bêtises dans une langue intelligible par Moira… Désireux de l’empêcher de l’embarrasser davantage, il avait fourré une grosse part de gâteau dans sa gueule. Bientôt, le biscuit étant devenu fort pâteux, le canidé avait émis une petite toux de protestation.
Dalsoon(en coréen) : Ce truc est infecte. Je donnerai n’importe quoi pour un fluffy pancake tout juste sorti de la poêle…
Le souvenir de ce met aussi goûtu qu’aérien avait fait gronder l’estomac de l’adolescent.
Dalsoon(en coréen) : … mais je suppose qu’une ou deux parts ont au moins le mérite de te rassasier pendant quelques jours. Qu’est-ce que tu attends pour te servir ?
Haesik avait hésité mais il avait fini par obtempérer. Son dernier repas remontait à la veille au soir et un peu de sucre lui redonnerait un petit coup de fouet bienvenue.
Le gâteau peinait à être dissout par sa salive et lui donnait l’impression d’avoir ingéré une poignée de sable mais son goût riche était étrangement satisfaisant. De toutes façons, il n’était pas en position de faire le difficile.
- L’Ecosse est un très beau pays. J’aime vos grandes plaines, vos châteaux et vos nombreux points d’eau. On fait beaucoup de randonnées avec Dalsoon. Et puis, les gens semblent plutôt accueillants… J'espère m'intégrer facilement à l'académie.
Il avait laissé s’écouler un petit moment en silence pour terminer de grignoter son gâteau, songeur, avant de se souvenir qu’il n’avait originellement prévu de rester que quelques minutes pour honorer sa livraison.
- Je ne vais abuser de votre temps, vous avez sans doute mieux à faire.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
La brunette observa Haesik touiller le miel avec sa petite cuillère, avant de lui préparer une tartine avec les biscuits qu’elle lui avait offert. Elle leva les yeux au ciel tandis qu’il évoquait le dur labeur des abeilles, mais n’en dit rien. Par déduction, elle avait pu conclure que son compagnon était un Enfant des Vergers – logique, pour travailler avec le vieux aigri. Elle n’aurait donc pas dû être surprise de sa remarque, mais c’était plus fort qu’elle. La modestie, feinte ou réelle, était quelque chose qui l’agaçait profondément. Moira se trouvait partisane de l’éloge, chaque accomplissement devant être une source d’orgueil, jusqu’au prochain. Toujours plus haut, il lui fallait atteindre les sommets, et ce n’était certainement pas en minimisant ses réussites qu’elle y parviendrait. Entendre le livreur détourner son compliment au profit de petits êtres volants l’avait ainsi exaspérée. Heureusement pour lui, elle n’était pas encore assez impolie pour exprimer cette pensée à haute voix.
A la place, elle saisit la friandise du bout des doigts pour ne pas ajouter encore plus du produit sur sa peau, sentant déjà la substance collante s’accrocher de partout si elle ne faisait pas attention.
Elle croqua pourtant de bon cœur, son autre main en-dessous de son menton pour récupérer les miettes – et l’or liquide qui allait immanquablement couler. L’adolescente produisit un son intelligible en guise de remerciement, s’attirant de nouveau les arabesques irritées de son familier, qu’elle ignora royalement.
La voix de la louve attira de toute manière son attention de manière bien plus efficace, s’exprimant pour la première fois en anglais. Moira s’autorisa un sourire en coin en entendant la référence littéraire au coureur de ces dames. Son maître lui semblait être tout sauf un garçon volage, et l’hydromancienne s’imagina déceler une pointe de fausse jalousie chez la compagne de Haesik.
Elle failli recracher son shortbread elle aussi, en voyant le principal concerné coincer le gâteau dans la gueule de la bête. Moira essaya de contrôler son rire, rejetant légèrement la tête en arrière et envoyant ses cheveux voler. La scène avait été plus que comique, et elle échangea un regard amusé avec Sùmaid.
Les petits yeux globuleux de l’hippocampe la fixaient avec le même éclat rieur, mais silencieux. Il avait toujours été beaucoup plus mesuré qu’elle.
Moira avait depuis longtemps fait le deuil de cette relation physique qu’elle ne pourrait jamais entretenir avec le poisson. Enfant, voir ses camarades jouer et serrer leurs familiers lui avait brisé le cœur. Combien de fois avait-elle souhaité pouvoir faire de même avec Sùmaid, reprochant à ses parents de l’avoir mal faite, les divinités d’être bien peu généreuses, et même son familier lui-même de ne pas être une autre créature. Si elle ne pouvait profiter de son étreinte, au moins aurait-il pu être impressionnant, ou utile. Au lieu de cela, il n’était qu’un donneur de leçon ennuyeux.
Lorsque ces mots lui avaient échappés, ce fut la seule et unique fois où Sùmaid estima qu’il en avait eu assez, et l’hippocampe lui avait battu froid pendant des jours.
Aujourd’hui, ce n’était qu’un mauvais souvenir. Moira avait mûri, et prit conscience de la chance qu’elle avait de posséder un allié aussi mesuré et doux que le minuscule animal violet.
Elle vivait donc un peu par procuration les échanges animés entre êtres magiques et leurs animaux moins fragiles, ressentant à chaque fois un attendrissement léger. Mais elle ressentait encore toujours cette petite peine, qui disparaitrait avec les années.
Sans pouvoir s’en empêcher, elle se risqua à rebondir sur les premiers propos compréhensibles de la dénommée Dalsoon.
- Ne t’en fais pas, il est tout à toi.
L’estomac du jeune homme choisit de se manifester quelques instants plus tard, et Moira haussa un sourcil délicat. Voilà qui était fort peu distingué.
Mais la faim manifeste du commerçant la laissa songeuse. Pour avoir subi les – nombreuses – plaintes de son dernier (ex) petit-ami en date, l’héritière savait quelles quantités astronomiques de nourriture pouvait ingurgiter ses congénères masculines. Aux vues de l’heure affichée sur l’horloge du mur en face d’elle, il était encore trop tôt pour avoir de nouveau envie de grignoter selon elle. Mais qu’importe, elle mangeait peu de toute manière, elle n’était pas une référence.
Elle écouta Haesik répondre à sa question, et elle hocha la tête avec un air satisfait. Evidemment qu’il appréciait l’Ecosse, il n’y avait pas plus beau selon elle. Et ce pour une très bonne raison : il s’agissait de sa demeure, il ne pouvait en être autrement.
Moira fut plus intéressée par l’espoir du jeune homme de s’intégrer, et elle ne pouvait que compatir face à ce sentiment. Haesik lui semblait être d’un naturel timide, et sociabiliser avec ce handicap allait sûrement s’avérer difficile. Elle lui souhaitait bonne chance sur ce point-là.
- Accueillants ? Les Écossais sont plutôt aimables, c’est vrai. Jusqu’à ce que tu tombes en désaccord avec un local, car qu’est-ce que nous sommes têtus…
Elle le laissa terminer tranquillement son encas, puis leva la tête lorsqu’il s’apprêta à prendre congé. Moira aurait pu le laisser partir, retourner dans sa chambre et rester toute l’après-midi à broyer du noir.
Mais il avait éclaté le bocal de son familier au sol, donc elle n’allait pas le lâcher de cette manière. Surtout pas après qu’il lui ai parlé de promenades et de paysages.
La jeune femme n’aimait pas particulièrement la marche, mais elle détestait en revanche très clairement la solitude. L’apprenti ne semblait pas en capacité de lui opposer une trop grande résistance, alors elle n’allait pas manquer sa chance.
Avec un grand sourire, l’air de rien, elle se leva définitivement de son perchoir.
- Au contraire, je n’ai absolument rien de mieux à faire. J’ai bien envie de me dégourdir les jambes, je vais faire une partie du trajet avec vous.
Sans demander leur accord ou leur avis, elle prit le bocal contenant Sùmaid sous le bras, avant de se diriger vers le réfrigérateur et l’ouvrir en grand.
Il était rempli à ras bord, comme d’habitude. Ses parents n’aimaient manquer de rien, sans vraiment s’intéresser au gâchis qu’ils laissaient derrière eux.
Ses yeux parcourent rapidement les étages. De la viande, des légumes, quelques fruits… Evidemment pas de poissons, il y aurait de quoi faire.
Elle sortit quelques restes de pudding qu’elle posa sur le comptoir, tout en laissant la porte du réfrigérateur grande ouverte.
- Allez-y, servez-vous de ce que vous voulez, je vais chercher ma veste et mon sac.
Sans plus attendre, et presque convaincue qu’ils seraient toujours là son retour, elle quitta la cuisine en chantonnant, Sùmaid sous le bras.
- Tu ne vas pas quitter la maison comme cela ? Ta mère ne va pas apprécier que tu sortes alors que ce n’était pas prévu dans son agenda…
- Elle s’en remettra, je t’assure.
Elle gravit quatre à quatre les étages menant à sa chambre, pour récupérer un manteau léger noir qu’elle enfila tout de suite, et remplacer ses bottines d’intérieur par une autre paires du même modèle, mais destiné à aller dehors. Elle avisa du petit talon carré, avant d’hausser les épaules et de s’en chausser quand même. Ce n’était pas la première fois qu’elle vagabondait dans les plaines.
Enfin, pour une promenade, si. D’habitude, il s’agissait plus d’une petite marche d’un manoir à l’autre.
Moira prit ensuite le sac de transport transparent de Sùmaid. A l’origine destiné aux chats, elle avait trouvé ce système d’acrylique très ingénieux.
Afin de doubler la sécurité de son familier, elle glissa d’abord un bocal rempli d’eau de mer au fond du contenant. Ce genre de sac disposait de trous pour assurer la respiration de l’animal, mais cela n’avait aucun intérêt pour l’hippocampe. Au contraire, c’était même assez ennuyeux pour contenir l’eau salée dont il avait besoin. Raison pour laquelle elle gardait ce premier récipient en cas d’urgence, le genre qui s’était produit quelques instants plus tôt avec Haesik.
Elle installa ensuite Sùmaid, ainsi surélevé. Il était devant le hublot décoratif, lui donnant l’illusion d’être dans un bateau qui tanguait. Ce petit ajout comptait légèrement plus cher, mais il avait l’air d’y tenir, comment lui refuser cela, lui qui ne demandait jamais rien ?
Elle passa les sangles sur ses épaules, et tourna la tête sans évidemment pouvoir voir son familier.
- Tu es bien installé ?
- C’est une mauvaise idée, mais oui.
- Alors tout va bien.
Elle dévala les escaliers pour retrouver le livreur aux airs encore plus perdus que lorsqu’elle l’avait quitté, et avec un grand sourire innocent, elle se dirigea vers la porte de sortie.
- On y va ? Prenez des gâteaux si vous voulez. Mon père en cache dans le placard de gauche. Moi je n’en mange jamais.
Sans attendre, elle se rendit à l’extérieur, et prit une inspiration d’air frais. Sa journée s’annonçait moins ennuyeuse que prévue.
Une fois rejointe par le jeune homme, elle lui entama gaiement le pas, complètement insouciante du reste.
- Alors, où va-t-on ?
Cela paraissait stupide de décider de suivre son camarade de classe sans projet, mais c’était cela ou rester comme une idiote sur son lit pendant de longues heures.
- Parle moi de quelque chose. Je sais que tu n’as pas d’idée, là comme cela. Mais trouve, s’il-te-plait, je dois m’occuper.
Elle évita les interstices des pavés en dansant presque, ravie qu'elle était d'avoir trouvé une source de distraction.
- Tu n'es pas un grand bavard, je me trompe ? Tu sais que c'est impoli de laisser une dame sans conversation ?
Elle sent Sùmaid gronder dans son dos, et elle éclate de rire.
- Mais laisse ce pauvre garçon tranquille !!
- Hum...
Non.
Pourquoi, tu veux que je te laisse tranquille, Haesik ?
Peu importe qu'elle n'ai pas laissé le choix au jeune homme et se soit imposée. Moira doutait de toute façon que lui aussi, soit attendu quelque part. Elle lui adressa un clin d'œil en continuant de le talonner.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Le cœur d’Haesik avait manqué un battement lorsque Moira lui avait annoncé qu’elle allait le suivre pour une promenade mais avant qu’il ait eu le temps de formuler de quelconques protestations, elle avait déjà disparu pour se préparer, l’abandonnant devant l’imposant frigo familial dans lequel elle l’avait invité à se servir.
Dalsoon(en coréeen) : Eh ben, ces gens ne se refusent rien !
- (en coréen) Partons avant qu’ils reviennent…
Dalsoon(en coréen) : Je dois dire que l’idée d’un pique-nique me tente bien !
- (en coréen) S’il te plaît… je veux dire… on ne les connaît pas… et puis, que vont penser ses parents ? Si quelque chose arrivait…
Dalsoon(en coréen) : A quand remonte la dernière fois que tu as passé du temps avec quelqu’un de ton âge Haesik ?
- (en coréen) : Ce n’est…
Dalsoon (en coréen) : Si, c’est un problème. Tu as dit que tu voulais t’intégrer, non ? Alors ne laisse pas passer l'occasion.
La louve n’ignorait rien de ce qu’il s’était passé la dernière fois que son sorcier avait été surpris seul en compagnie d’une fille de bonne famille mais cet après-midi-là, le contexte était diamétralement différent.
Pendant une poignée de secondes, elle était venue coller son corps au sien pour l’aider à se détendre avant de reprendre, sur un ton bien plus léger.
Dalsoon(en coréen) : Allez… passe-moi une de ces grosses cuisses de poulet, là-bas !
L’adolescent savait que sa compagne, à son instar, ne mangeait pas toujours à sa faim, aussi, il avait cédé à sa requête. Lorsqu’elle avait commencé à lorgner sur les steaks toutefois, il avait rabattu la porte devant sa truffe pour éviter tout abus.
- (en coréen) : Tiens-toi tranquille, tu veux ?
Le jeune homme détestait avoir à profiter de la générosité de la demoiselle mais il savait qu’il risquait un malaise s’il partait déambuler plusieurs heures avec le ventre vide, aussi avait-il glissé quelques denrées non périssables et une boisson dans son sac à dos.
La tenue qu’avait enfilé Moira semblait assez peu adaptée à une longue marche mais il n’avait fait aucun commentaire.
Surexcitée, l’héritière lui semblait de plus en plus entreprenante. Elle l’avait tout d’abord questionné au sujet de leur destination, puis elle l’avait enjoint à lui faire la conversation pour la divertir.
S’il souhaitait qu’elle le laisse tranquille… ?
Fort heureusement, comme souvent ces derniers mois, la louve était venue à sa rescousse :
Dalsoon : Tu as conscience qu’il ne te le dira pas même si c’était le cas, pas vrai ?
Désireux de ne pas s’attarder sur le sujet, il avait pianoté quelques instants sur son téléphone portable pour trouver une idée de visite avant de proposer, en lui montrant l’écran :
- Barnbougle castle a l’air sympa… ça te dit ?
Une légère grimace s’était affichée sur son visage.
- C’est trop loin pour qu’on fasse tout le chemin à pieds…Le GPS annonce 1h15 de transports en commun.
Le trajet ne prenait qu’une demie heure en voiture mais aucun d’entre eux ne disposait du permis de conduire, il avait donc écarté l’option.
En attendant son avis sur la question, la louve était venue trottiner à la hauteur de la demoiselle pour l’interroger :
Dalsoon : Tes parents doivent avoir une bonne situation au sein de votre coven pour posséder une maison pareille ?
Haesik lui avait jeté un regard désapprobateur. Cette question indiscrète était plutôt impolie et risquait d’en attirer davantage…
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Bon, vraiment pas un grand bavard, celui-là.
Moira observa son compagnon de route avec une petite moue. Le garçon ne semblait pas décidé à l’occuper comme elle l’espérait. Un peu décevant, mais rafraichissant également. Sans avoir trop à réfléchir, l’adolescente pouvait citer au moins cinq noms de jeunes de leur âge qui seraient tout à fait disposés à lui conter leurs petites vies, avec leurs exploits et leurs peines. Ce genre-là ne l’intéressait guère : elle les estimait très peu digne d’intérêt. A vrai dire, elle détestait lorsque les autres parlaient trop d’eux. L’hydromancienne aimait l’orgueil, mais elle avait assez lu pour savoir que les préjugés en découlaient souvent.
D’autre part, cela avait le don de l’irriter au plus haut point lorsque l’on essayait de l’impressionner en se regardant le nombril. Parce que, bon sang, n’était-elle pas un sujet de conversation suffisamment intéressant à elle seule ? Elle n’attendait qu’une chose, qu’on la questionne sur elle. Sur ses loisirs, ses passions. Ses opinions aussi – car elle en avait beaucoup, et pas forcément des plus approfondies. Mais si elle devait se forcer à en apprendre plus sur ses interlocuteurs pour leur prouver qu’elle comptait établir un vrai lien, elle s’attendait à ce qu’on démontre au moins le bon goût de l’admirer en retour.
Le silence stupéfait du jeune homme lui déplaisait donc, d’où son petit air frustré. Son familier, au contraire, n’avait pas sa langue dans sa poche.
- Oui, je vois que Monsieur est très poli. Un peu trop, d’ailleurs.
Enfin, cela l’arrangeait bien. SI Haesik se trouvait incapable de protester, elle pourrait peut-être trouver deux ou trois folies à tester pour animer son après-midi en sa compagnie.
Alors qu’elle reprenait la marche, elle agita la main, poignet allant de droite à gauche comme pour chasser sa proposition de lieu.
- Oui, oui, ça me va.
Il aurait pu lui annoncer qu’ils se rendaient au pôle Sud, elle l’aurait suivi. Elle avait été conquise dès lors qu’il lui avait permis de s’éloigner. Et puis, le mot « château » avait été prononcé, elle sera parfaitement dans son élément.
N’importe quelle destination serait plus agréable que les quatre murs de sa chambre.
Le temps de trajet, en revanche, attira bien plus son attention.
- Tant que ça ?!
Elle leva les yeux au ciel, puis se tourna complètement vers le lui non sans avoir d’abord émis un soupir dramatique, puis reprit un air enjoué.
- Bon, allons-y alors. Pas de temps à perdre.
Sans attendre de réponse, elle plaça ses mains autour de l’avant-bras du jeune homme. Caché sous cet hideux haut beaucoup trop grand, elle fut surprise de le trouver un peu frêle – mais elle avait elle-même des bâtonnets en guise de membres, alors... La brune pouvait cependant sentir des muscles bien dessinés, malgré qu’ils n’aient guère plus qu’une mince couche de peau pour les dissimuler.
Pas désagréable. Il cachait son jeu derrière sa tignasse atroce.
Se tenant à lui avec son port de tête aristocratique, elle n’hésita pas à s’appuyer pour atténuer le poids de ses talons. Elle n’allait pas souffrir avant de longues minutes, habituée à de tels souliers. Mais autant retarder l’inévitable autant que possible avec les moyens à disposition.
Moira lui adressa un sourire angélique pour faire passer la pilule. Elle avait bien conscience d’abuser de sa gentillesse, mais après tout, qui pouvait prédire la prochaine occasion où une belle fille lui demanderait son bras ?
Elle sentait Sùmaid s’agiter dans son dos, tapant la paroi du sac collé à elle avec sa petite tête. Sa manière à lui de lui signifier qu’elle était vraiment à la lisière de l’impolitesse avec Haesik, sans pour autant prononcer un mot. Elle ignorait s’il procédait de la sorte pour ne pas embarrasser le garçon, ou la vexer elle.
De toute manière, comme souvent, elle ignora complètement son familier.
Elle l’incita ainsi à avancer, avant d’être interpellée une nouvelle fois par Dalsoon. La louve était définitivement plus expansive que son humain. Si l’on supposait que les familiers devaient compléter leurs liés, cela tombait sous le sens. Cela signifiait-t-il donc qu’il était toujours aussi coincé ?
La ligne de questionnement de la petite curieuse tira une nouvelle moue à Moira. Celle-ci était toujours exaspérée, mais aussi un peu amusée. Bien qu’elle soit agacée de revenir encore à ses parents, elle ne pouvait pas se plaindre qu’on la délaisse.
Et puis, les deux visiteurs avaient découvert le manoir familial, rien d’étonnant à ce qu’ils posent des questions – enfin, que Dalsoon le fasse. La richesse des Auchincloss s’étalait sans se préoccuper de la décence, des suppositions devaient donc fuser pour ces étrangers.
Elle hocha donc la tête en direction de la louve.
- On peut dire cela oui. Ma mère est axée sur la progression de la médecine, et elle est plutôt douée dans son domaine. Mon père fait… ce qu’il fait. En tout cas, il passe sa vie à parler. Il a dû tomber sur les bonnes personnes, voilà tout. Nous ne sommes pas à plaindre, en résumé.
Moira n’était pas simplette, elle avait conscience d’avoir bien plus que la moyenne. Tout comme elle n’ignorait pas que ses parents avaient œuvrés toute leur existence pour se hisser le plus haut possible. Mais le népotisme avait aidé, et ce sans l’ombre d’un doute. Des générations de travail et d’exigence avaient porté leurs fruits, visiblement.
Bientôt, cela sera son tour.
Essayant de garder sa bonne humeur et de repousser les pensées peu réjouissantes sur son avenir, elle dirigea son regard vers celui qu’elle tenait. A cette distance, elle pouvait voir chaque petit détail de la peau blanche, et ses yeux fatigués. Enfin, ce qu’elle arrivait à discerner, les mèches folles n’aidant pas. Et elle aurait juré qu’il l’évitait un peu.
Pas de chance, elle le l’empoignait aussi fermement que ses petits mains le lui permettaient, et il pouvait prétendre autant qu’il le souhaitait qu’elle n’existait pas : avec le peu de distance qui les séparait, elle ne risquait pas de se faire oublier. De toute manière, Moira préférait encore se tondre les cheveux que de sombrer dans l’anonymat.
- Et donc, comment un petit nouveau s’est-il retrouvé à travailler avec le bougon aux abeilles ? Si tu ne veux pas me raconter d’histoires, peut-être dois-je mener la conversation ?
Comme si elle ne le faisait pas déjà depuis le début de leur rencontre.
Moira suivit Haesik dans les rues de la ville, faisant bon usage de son soutien lorsque les pavés devenaient un peu trop ardus à traverser. Elle n’esquissa ni grimace ni marque d’inconfort. Elle avait sa fierté, elle n’allait pas montrer que ses bottines lui compliquaient la vie. D’ordinaire, elle était seule témoin de ce désagrément.
Mais, puisqu’elle avait trouvé de quoi s’aider, elle n’allait pas se priver.
Elle ne le lâcha que pour s’installer dans l’une des seules places assises disponibles du Queensferry, après avoir payé les deux tickets, ignorant complètement les protestations du jeune homme. Quel que soit son salaire, il devait probablement être inférieur à son argent de poche. Hors de question de le laisser dépenser sa pitance là-dedans.
Elle s’agita un peu, changeant son sac à dos de position pour le tenir sur ses genoux. De cette manière, Sùmaid pourrait voir un peu la foule. Surtout, cela lui évitait de rester compressé entre son dos et le dossier du siège.
Moira leva les yeux vers son livreur de miel, songeuse.
- Je suis ta seule commande de la journée ? Dis donc… ce n’est pas très animé non plus, à s’occuper des abeilles. Qu’aimes-tu faire à part les regarder butiner, du coup ?
Elle essaya de s’asseoir un peu plus confortablement en attendant sa réponse, véritablement intéressée. Moira aimait bien malgré elle les gens timides. Ils étaient des mystères à percer, et elle adorait perdre son temps.
Elle dégagea un peu de place près du coin où elle se trouvait pour que Dalsoon puisse s’y glisser. Invisible qu’elle était pour les non sorciers, elle risquait de se faire marcher dessus par ces nigauds. Moira était prête à sacrifier un peu de son confort, si cela pouvait éviter à la pauvre louve d’être trimballée à droite et à gauche.
Après quelques minutes à regarder les passagers, elle en pointa certains du menton à son compagnon.
- J’aime bien imager une vie aux inconnus. Regarde, je suis sûre que celle-ci, qui lit un message sur son téléphone, attend que sa sœur daigne enfin la rappeler après de multiples tentatives. L’homme avec un air un peu nerveux près de la porte, il se fera briser le cœur ce soir. Oh, et le petit vieux juste là, il a un sourire aux lèvres parce que ses petits-enfants viennent lui rendre visite dans quelques jours… Tu veux essayer ? Vas-y, j’attends tes suppositions.
A peine quelques minutes après avoir commencé son jeu puéril, elle continua sur sa lancée en lui adressant de grands yeux verts, ronds comme des billes.
- On arrive quaaaaaand ?
Elle essaya de jeter un œil sur l’écran qu’Haesik avait d’ouvert, afin déterminer si elle allait être juste un peu pénible ou totalement insupportable dans les prochaines minutes.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Haesik s’était raidi lorsque la demoiselle était soudainement venue s’agripper à son bras. Sur le moment, il avait eu envie d’esquisser un geste pour se dégager de sa prise, craignant que son manque de réactions la pousse à aller de plus en plus loin dans ses extravagances voire à abuser clairement de lui mais, bien qu’il était manifeste qu’elle cherchait à tester ses limites, il ne sentait pas de malice particulière dans ses petites provocations, c’est pourquoi il s’était fait violence pour tolérer cette proximité imposée.
Une nouvelle fois, ses yeux en amande s’étaient baissés sur ses chaussures. Avec un accoutrement pareil, elle aurait tôt fait de se fouler la cheville sur les pavés d’Edimbourg s’il refusait de lui porter assistance… même si son port altier et l’aisance relative qu’elle montrait en progressant perchée sur ces objets de torture indiquait qu’elle n’était pas une habituée des baskets.
L’adolescent avait écouté la réponse que Moira avait apporté à Dalsoon au sujet de sa famille, curieux malgré sa réserve. Il savait que le manque de détails qu’elle y avait apporté allait frustrer la louve aussi lui avait-il jeté un regard en coin pour la dissuader d’aller plus loin dans son enquête.
Il s’appliquait à ignorer le regard qu’il sentait posé sur son visage lorsque la demoiselle l’avait questionné au sujet de sa relation avec le mystique des essaims de son coven. Si des paris avaient dû être faits, personne n’aurait misé sur la bonne entente de leur duo improbable mais, même si aucun d’eux ne l’exprimait aussi clairement, une sincère affection les liait.
- Je l’ai rencontré par hasard, en explorant le coven. Je ne parlais presque pas du tout anglais quand je suis arrivé mais les animaux ont d’autres moyens de communication et les abeilles se sont montrées amicales. C’est très intéressant d’échanger avec elles, elles savent vraiment beaucoup de choses.
Une poignée de minutes plus tard, ils s’installaient dans un bus. Haesik avait protesté lorsque la jeune femme avait refusé de lui laisser payer sa place mais il avait rapidement reporté son attention sur son familier, qui n’était pas vraiment à son aise dans un tel environnement.
Se retrouver avec elle au milieu des humains, même s’il savait qu’ils ne pouvaient ni la voir ni l’entendre, l’avait toujours mis un peu mal à l’aise. Il n’avait absolument rien contre ceux qui ne pratiquaient pas la magie mais il s’inquiétait de leur réaction s’ils venaient à commettre une imprudence et à dévoiler leurs natures.
Ses genoux touchaient ceux de Moira mais, au moins, elle ne s’accrochait plus à lui comme une moule à son rocher, ce qui lui avait offert un répit bienvenu.
- Il ne s’agit pas juste de faire des livraisons. Il faut aussi protéger les ruches des intempéries et les renforcer si besoin, s’assurer qu’il y ait des sources de pollen suffisantes pour les abeilles aux alentours et faire des préparations à base de miel pour les clients…
L’adolescente serait étonnée de savoir à quel point tout ceci pouvait être physique et chronophage.
- J’ai aussi un petit boulot, le soir en semaine. Le reste du temps, je ne fais rien d’extraordinaire… télé, lecture, jeux vidéo…
Il aimait le sport mais il n’avait plus l’occasion d’en pratiquer régulièrement. Quant au dessin, il avait soigneusement gardé ce hobby sous silence, certain que son interlocutrice serait assez culottée pour lui demander une esquisse…
- Qu’est-ce que tu fais, toi, quand tu n’es pas à l’académie ?
Il avait été reconnaissant qu’elle se décale pour éviter à Dalsoon d’être piétinée par les autres passagers du bus. Lorsqu’elle avait commencé à attribuer des vies fictives à ces derniers, il les avait brièvement détaillés à son tour. Lui aussi aimait observer les gens, analyser leur posture, leur comportement et leurs paroles mais il ne formulait jamais ses hypothèses à voix haute car il savait par expérience que les apparences étaient trompeuses.
- Cet homme qui te semble nerveux…il pourrait tout aussi bien être en train de rejoindre sa femme à l’hôpital pour assister à la naissance de son enfant. Quant au vieux… regarde un peu mieux…
Il affichait effectivement un sourire mais ce n’était pas un geste joyeux. Beaucoup de mélancolie se dégageait de lui lorsque son regard se posait sur les passagers qui lui renvoyaient ses propres manques. En vérité, il devait se sentir bien seul…
Beaucoup d’individus travestissaient leur véritable nature, pour de multiples. Enfant, il était spontané et joyeux. Au fil des années, il n’avait eu de cesse de chercher à s’adapter au mieux à sa communauté et à ses interlocuteurs à des fins d’inclusion mais ses efforts avaient été contrariés par un évènement sur lequel il n’avait eu aucune prise et s’étaient soldés par une violente disqualification sociale qui l’avait poussé à se renfermer sur lui-même, pour se protéger de cet extérieur devenu agresseur. Qui serait-il aujourd’hui si ses rencontres et les actes de son père avaient été différents ?
Son regard s’était brièvement plongé dans celui de Moira. Qu’en était-il d’elle ? Était-elle réellement une fille de riches superficielle et insouciante ou portait-elle également un masque ?
- Désolé, j’ai gâché ton jeu…
Il avait légèrement haussé un sourcil lorsqu’elle l’avait questionné au sujet du temps de trajet restant.
- Euh…on vient seulement de démarrer…
Ne souhaitant pas subir ses assauts pendant tout le trajet, il s’était résigné à l’idée de la distraire.
- Ok… faisons un petit tour de magie. Tu t’apprêtes à faire un calcul et je vais en prédire le résultat.
Aussitôt, il avait discrètement écrit un nombre sur une petite feuille de papier trouvée dans son sac, l’avait pliée et l’avait posée sur le rebord de la fenêtre à côté de lui pour lui prouver qu’il ne trichait pas.
Les consignes étaient simples : choisir un nombre entre 1 et 20, lui demander d’ajouter 1, de multiplier le nouveau chiffre obtenu par deux, d’y ajouter 4 , de diviser le résultat par 2 et de soustraire au résultat final le nombre qu’elle avait choisi au départ. Le tout, bien sûr, sans le renfort de son téléphone.
A la fin du jeu, sa supposition s’avérerait forcément juste, puisque le résultat d’un tel calcul donnait toujours 3.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
La jeune fille s’assagit un court instant en écoutant les explications de son compagnon sur ses protégées volantes. Le respect manifeste qu’il vouait aux insectes striés toucha son petit cœur froid et égocentrique. Elle se surprit à pencher la tête, attendrie. Moira n’avait jamais vraiment accordé beaucoup d’importance à la nature. Exceptées les vagues, qui étaient sa deuxième demeure, rien ne lui importait. Les animaux ne trouvaient pas plus grâce à ses yeux, sauf évidemment les familiers. Echanger ainsi avec un amoureux de l’environnement la changeait brusquement de son petit quotidien bien ordonné et de ses amis aussi têtes en l’air qu’elle.
Elle se retint de lui demander ce que ces petites amies lui apprenaient bien au quotidien. Moira se permit cependant un petit rire en imaginant l’usage qu’elle ferait de telles compagnes. Assurément, des agents si discrets et intelligents pourraient lui ramener nombre de ragots. L’hydromancienne détestait être mise à l’écart des dernières rumeurs, glissant son nez dans les affaires de tout le monde. Accompagnée d’une littérale nuée d’espions, personne ne serait plus jamais à l’abri.
Moira ne partagea pas ses projets, convaincue qu’ils ne seraient pas bien perçus par le livreur de miel. Au-delà de cette affection pour les bêtes, celle tout aussi palpable pour le gardien des essaims actuel était plus étonnante. La brunette n’avait croisé le vieil aigri que quelque fois auparavant. Il lui avait donné l’image d’un homme ronchon et peu fréquentable, ne sortant jamais hors de sa ruche. Un employé assez désagréable en somme. Qu’une personne de son âge, timide qui plus est, apprécie tant le zoomancien la laissait perplexe. Peut-être qu’Haesik disposait simplement de plus de patience qu’elle ? Il ne pouvait s’agir que de cela, une nature généreuse qui lui fait percevoir le monde sous un œil plus clément – voir un peu naïf.
La liste des tâches de son compagnon, ainsi que l’information qu’il travaillait le soir également lui fit froncer les sourcils. Moira savait que, à l’inverse d’elle qui n’avait encore jamais eu à utiliser de ses dix doigts hormis pour écrire ou entraîner sa magie, nombre de ses camarades devaient cumuler études et profession pour subsister. Elle trouvait cela franchement injuste, et bien souvent, les meilleurs élèves obtenaient leurs bons résultats grâce au repos qu’ils pouvaient se permettre, tandis que d’autre s’épuisaient.
La jeune femme se doutait déjà que l’apprentissage d’Haesik n’était pas de toute repos, malgré son insinuation qu’étant sa seule livraison de la journée, il ne devait pas beaucoup s’occuper. Qu’il doive par la suite s’échiner également le soir était un bon indicateur de la situation du garçon. Pour une fois, elle s’abstint de commentaire, se trouvant peu légitime.
Elle préféra rebondir sur ses loisirs, sujet plus léger et nettement plus intéressant. On en apprenait tellement d’une personne avec cette information, avec le titre d’un livre ou d’un média favori. Se penchant vers lui, leurs genoux s’effleurant de temps à autres, elle lui adressa un sourire entendu.
- Hum, c’est déjà pas mal… Tu une émission, bouquin ou jeu préféré ?
Son sourire s’élargit lorsqu’il lui renvoya sa question. Enfin, une personne bien élevée qui avait comprit qu’il fallait rendre l’ascenseur lors d’une conversation. Il n’y avait rien de pire qu’interroger quelqu’un, s’intéresser à l’autre, pour ne jamais recevoir de « et toi ? » en retour, prouvant à quel point l’interlocuteur se désintéressait de l’échange.
- Aloooooors… Je lis aussi beaucoup, évidemment. Autrement, j’aime sortir, découvrir de nouveaux lieux. Aller en soirées, voir du monde, danser aussi. Je ne suis pas trop écrans, en revanche. Ah, et j’adore chanter. Je crois que c’est mon activité préférée.
Elle passa sous silence que son charme d’hydromancienne avait forcément affecté son choix de passion. Moira ignorait si cela était tout à fait vrai. Elle aimait tant cet art exigeant qu’elle osait espérer le pratiquer dans une autre vie, bien que détentrice d’une autre forme de magie.
Moira suivit du regard les indications d’Haesik lorsqu’il la rejoignit dans son petit jeu d’observation, secrètement ravie qu’il l’accompagne dans l’exercice. Son hypothèse sur l’homme jouant avec ses mains non loin d’eux, visiblement angoissé, était plus douce que la sienne. Moira posa sa main sous son menton, étudiant la possibilité, avant d’hocher la tête – en docte instructrice de la situation.
- Hum, j’aime bien ton idée. C’est décidé, Monsieur sera donc Papa dans quelques heures !
Et puisqu’elle en avait décidé ainsi, cela devait forcément être vrai. Elle accorda un regard à son autre cible, la personne âgée souriante. Sur ordre d’Haesik, Moira s’efforça de déceler autre chose chez lui. Effectivement, l’atmosphère qui l’entourait était moins insouciante qu’au premier coup d’œil. Mais elle détourna bien vite le regard, ne voulant pas s’attarder sur de mauvaises émotions.
- Nope. J’étais partie sur une idée joyeuse pour lui, je vais rester là-dessus. Je préfère. Tout le monde est content et gentil pour quelques instants, ce n’est pas plus mal – qu’en pense-tu ?
Elle lui sourit de nouveau pour le rassurer. Il n’avait absolument rien gâché : il avait participé à son idée saugrenue, elle était comblée.
- Tu n’as rien gâché du tout. Cela fait partie du jeu, les personnes tristes.
Elle qui s’impatientait déjà, sentit son propre visage s’illuminer lorsqu’il lui proposa un tour de magie. Exaltée à l’idée d’être occupée – et d’avoir toute l’attention de quelqu’un portée sur elle – Moira s’agita sur son siège pour ensuite se replacer très droite, songeuse. Elle plissa les yeux en voyant Haesik déposer un papier mystérieux, censé comporter le résultat de ses calculs.
L’écossaise savait parfaitement qu’il y avait un « truc » dans ce tour, et que cette magie était aussi fausse que les manifestations de leurs pouvoirs respectifs étaient réelles. Mais elle était trop contente de la tournure des événements pour s’en plaindre.
- Hum… disons 8 ! Alors…
Elle prit tout son temps pour effectuer le calcul, jouant un peu les imbéciles même en hésitant sur des opérations simples. Elle avait appris bien vite que beaucoup appréciait cela chez elle, surtout les garçons qu’elle côtoyait. Moira avait donc gardé cette habitude, par amusement personnel de se prétendre plus bête qu’elle ne l’était réellement. Elle n’en avait pas besoin avec Haesik, mais pour la forme, cela l’amusait.
Avec une voix grandiloquente, elle annonça le résultat de trois. Elle observa le livreur aller récupérer sa feuille, la déplier et lui présenter le résultat.
En voyant le bon chiffre devant elle, Moira offrit de nouveau un sourire enfantin et lumineux en frappant des mains, s’attirant quelques regards outrés. Qu’importe, personne n’allait diminuer son enthousiasme tout simple.
- Bravo ! Tu en as d’autres des comme ça ?
Le trajet passa bien vite, tandis qu’Haesik la divertissait ainsi. Elle le récompensait avec nombre de sourires et un entrain sincère, satisfaite qu’on s’occupe de son pauvre ennui.
Lorsque leur arrêt fut annoncé, c’est presque à regret qu’elle s’éloigna du jeune homme, arrêtant leur petit échange.
Aussitôt descendue du bus, elle reprit son bras, clignant ses yeux de biche des yeux en sa direction. Plus le temps passait, plus elle se sentait à l’aise en sa compagnie. Il était facile à apprécier, malgré sa réserve. Moira se surprenait à vouloir le pousser un peu plus dans ses retranchements, voir au-delà de son miel et sa timidité.
- Je te suis. Parle moi de tes randonnées préférées, pendant qu’on y est.
La marche fut quant à elle un peu plus pénible qu’en milieu urbain. Plus d’une fois, la jeune fille fut tentée de pester contre la boue ou les graviers, mais elle garda les lèvres pincées.
Au fur et à mesure, elle s’appuyait paradoxalement moins sur Haesik. Alors qu’elle marchait à ses côtés, écoutant ce que lui, Dalsoon ou le silence avait à dire, l’hydromancienne se voyait mal l’embêter de la sorte. Si elle s’amusait follement à le faire tourner en bourrique, elle ne souhaitait ni être un véritable poids, ni le fatiguer inutilement. Sur la fin, elle tenait simplement son bras pour le contact et non plus pour le soutien, hormis lors de passages vraiment ardus.
Cela en valait la peine, lorsque leur destination arriva en vue. La bâtisse s’élevait non loin d’eux, ancienne et majestueuse. Moira émit un petit soupire d’aise et d’admiration, respirant l’air frais. Elle aimait bien les vieilles pierres et leurs histoires, les beaux paysages. Bien qu’elle préférait infiniment la ville à la campagne, une petite excursion de temps à autre la revigorait. Et l'absence de tout passant aux alentours n'enlevait rien à ce charme.
- Tu as bien choisi, c’est vraiment agréable ici.
Elle serra son bras en signe de petites félicitations approbatrices. Ils continuèrent d’avancer, jusqu’à se trouver à quelques mètres de la mer.
Ce qui devait arriver se produisit : Moira eu une envie irrépressible de commettre une folie. Sùmaid eut visiblement la même idée qu’elle au même moment, car elle le sentit s’agiter dans son sac à dos, muet de toute reproche pour une fois.
- Ah mais voilà comment nous allons nous occuper !!
Elle lâcha le bras d’Haesik soudainement, chercha une pierre pesant un peu lourd non loin.
Sans plus d’avertissement, elle ôta son sac à dos et le posa précautionneusement au sol, avant de commencer à déboutonner sa veste et se baisser pour délasser ses bottines.
D’un geste rapide, elle ôta son haut de dentelle blanche, grelottant en soutien-gorge fin dans l’air de septembre. Entre ses dents claquées, elle s’affaira à retirer son pantalon, avant de finir en chaussettes et de placer le tout sous la pierre pour éviter d'égarer ses affaires.
Elle se tourna vers Haesik, tout en sortant le bocal de Sùmaid de son sac. Elle se doutait qu’elle surprendrait un peu son compagnon, mais elle était hydromancienne que diable. Elle n’allait pas passer à côté de cette occasion. Et puis, elle était juste en sous-vêtement, un maillot de bain aurait fait le même effet.
D’autant plus qu’elle savait qu’elle n’était pas hideuse, donc elle supposait que cela ne gênerai pas trop Haesik.
- Tu peux rester si tu veux, nous, nous allons faire un petit plongeon.
Sans attendre, serrant bien le bocal dans ses mains, elle se dirigea d’un pas rapide vers la mer. Moira laissa échapper un petit cri devant la froideur d'écume qui toucha ses pieds, sans pour autant s’arrêter. Elle continua d’avancer jusqu’à avoir l’eau mi-cuisse, puis pris une grande inspiration pour se donner du courage.
Elle plongea tête la première dans l’eau salée, laissant celle-ci entrer dans ses poumons sans en ressentir le moins inconfort.
Saisissant le bocal, elle le dévissa lentement pour laisser son familier sortir. L’hippocampe tremblait d’impatience depuis quelques secondes, et Moira resta interdite, observant la petite forme violette s’élancer dans l’étendue gigantesque. Sùmaid riait aux éclats, dansant dans tous les sens. Moira sentit son cœur se serrer, comme à chaque fois qu’elle lui permettait ces trop rares instants de liberté. Elle essayait de se rendre le plus souvent possible au bord de l'océan ou la mer, mais l’emploi du temps familial le permettait assez peu.
Elle resta de longues secondes sous l’eau, s’habituant au froid, observant juste son familier chéri s’amuser enfin un peu. Il était rare de le voir si enjoué, si innocent – lui qui devait se montrer toujours sérieux pour la canaliser. Pour toutes ses maltraitances envers lui, Moira n’hésitait pas à affirmer qu’il était tout pour elle.
L’hippocampe vint en sa direction, sentant le même élan qu’elle. Sans un mot, il vint se loger contre la peau de son épaule, et Moira plaça sa main au-dessus de lui, attendrie. Ils n’avaient guère l’occasion de s’enlacer, aussi profita-t-elle de l’instant.
Elle remonta à la surface au bout d’un moment qui aurait été interminable pour tout autre personne qu’un hydromancien.
Sùmaid lui fit la fête, nageant tout autour d’elle en arabesque, lui tirant un rire attendri.
Elle finit par lever la tête en direction de la plage, cherchant son compagnon qu’elle avait oublié quelques instants. Maintenant qu’elle n’avait plus froid, elle commença à nager, jouant de ses pouvoirs pour créer des petites fontaines ici et là. Cela lui permit d’amuser également son familier, qui lui demandait parfois de créer une forme en particulier pour lui, profitant d'être seuls dans les parages.
C’était une bonne journée, finalement.
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ft. Haesik et Moïra
Haesik avait décrit ce qu’il aimait lire et regarder à Moira, trouvant cependant l’exercice difficile. Ses goûts étaient très variés si bien qu’il s’intéressait à de nombreux genres et la liste des œuvres qu’il appréciait était très longue. Il avait même commencé à dessiner un webtoon avec l’intention de le mettre en ligne mais ce projet était mort en même temps que son enfance deux ans plus tôt.
Le jeune homme avait déjà eu l’occasion d’entendre des hydromanciens chanter par le passé et il avait été fasciné par le pouvoir de leurs voix hypnotiques. Les plus expérimentés des zoomanciens étaient capables d’influencer les actions des animaux, humains y compris, sur une courte période mais cela n’avait absolument rien de comparable.
A son grand soulagement, la jeune femme semblait être bon public puisqu’elle avait immédiatement adhéré à sa petite démonstration de “magie”. Il avait appris ces tours via les vidéos que les humains postaient sur YouTube et autres réseaux sociaux et, même si cela n’égalait en rien les prouesses des êtres surnaturels, il devait reconnaître qu’il en avait trouvé certains plutôt impressionnants.
Une fois qu’ils étaient arrivés à destination, Moira avait de nouveau agrippé son bras mais cette fois, la gêne engendrée par cette proximité physique imposée avait été moins importante. Tandis qu’ils progressaient et qu’il l’empêchait de s’étaler de tout son long dans l’herbe boueuse, ou de s’y embourber, il lui avait décrit les promenades qu’il avait pu faire dans son pays natal.
Environ 70% de la Corée du Sud était recouvert par des montagnes, ce qui laissait l’embarras du choix. Il avait également évoqué Busan, avec ses temples en bord de mer et Boseong et ses champs de thé parfumés.
Une pointe de nostalgie le gagnait toujours lorsqu’il se souvenait de ce qu’il avait dû quitter. Les migrations forcées étaient souvent douloureuses, même lorsque l’on partait en quête d’une vie meilleure.
La découverte du petit château qu’ils étaient venu découvrir l’avait tiré de ses pensées. Le paysage en valait vraiment la peine. Après la prise de quelques photos qu’il partagerait avec sa mère le soir venu, il avait suivi la demoiselle jusqu’à la plage… avant de la regarder commencer à se déshabiller, incrédule.
-(en coréen) Bon sang…
Son premier réflexe avait été de vouloir se retourner mais Dalsoon l’avait rappelé à l’ordre.
Dalsoon (en coréen) : Roooh ne sois pas aussi pudibond ! Elle n’a pas l’air gênée elle à ce que je sache !
Bien qu’il s’était efforcé de ne pas trop s’attarder sur ses courbes et ses sous-vêtements en dentelle, il n’avait pu s’empêcher de remarquer que son corps était particulièrement attrayant. Fort heureusement, elle s’était jetée à l’eau rapidement, soustrayant ainsi son corps dénudé à ses yeux en amande, toujours écarquillés par la surprise.
Dalsoon (en coréen) : Qu’est ce que tu attends pour retirer tes vêtements et les suivre ?
-(en coréen) … Pardon ?!
Dalsoon (en coréen) : Tu as très bien entendu Haesik. Par pitié, arrêtes de réfléchir. Relaxes toi et amuses toi pour une fois…
Non sans avoir laissé échapper un soupir, le jeune homme s’était débarrassé de son sweat à capuche, puis de ses chaussures et de son tee-shirt, qu’il avait maintenu contre sa poitrine pour la dissimuler au maximum. Une fois cela fait, il s’était rapproché du bord de l’eau autant qu’il l’avait pu avant de déboutonner son pantalon et de jeter un regard dépité à la louve.
-(en coréen) … tu ne veux pas venir te mettre devant moi, juste le temps que je plonge ?
Dalsoon savait que son bipède acceptait mal les récents changements qui avaient affecté son corps et qu’ils le complexaient beaucoup, aussi avait-elle répondu favorablement à sa requête.
Ses jambes avaient à peine quitté son vêtement qu’après un dernier regard aux alentours pour s’assurer que personne ne pourrait le voir, il avait pris la forme d’un exocet, curieux petit poisson doté d’immenses nageoires pectorales lui permettant de sauter hors de l’eau et de planer à la surface pendant quelques instants.
Nager sous l’apparence d’un animal aquatique était une expérience des plus plaisantes car toute sensation de pesanteur disparaissait pour ne laisser qu’une grisante impression de fluidité. Vif, il avait fait quelques cabrioles autour de Moira pour l’assurer de son identité, profitant des petits geysers qu’elle créait pour se propulser plus haut qu’il aurait pu le faire sans élan.
Son familier était resté sur la plage, préférant se prélasser sur un rocher sous le soleil d’automne plutôt que de voir sa fourrure devenir collante et disgracieuse à cause de l’eau salée mais il savait qu’elle ne manquait pas une miette du spectacle.
Comme désinhibé par son apparence non humaine, Haesik était venu donner quelques petits coups de tête dans le bras de Moira puis il s’était mis à tourner en cercle autour de Sumaid. Son objectif ? Les inviter à participer à une course, qui ne manquerait probablement pas d’être divertissante.
Une fois certain que ses intentions avaient été comprises, il s’était élancé en avant, aussi rapidement que son petit corps écailleux le lui permettait. Les exocets étaient rapides mais il ne doutait pas que l’hydromancienne et l’hippocampe seraient des adversaires redoutables…
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Trop occupée à observer son familier et profiter de leurs rares moments de contact physique, Moira avait pendant quelques instants complètement oublié le monde qui l’entourait. C’est à peine si elle prenait encore garde à la plage déserte, et à la nécessité de rester discrète au cas où un non sorcier choisirait ce moment pour débarquer inopinément. Sùmaid et elle se perdaient dans leurs jeux, et la brunette riait aux éclats tandis que l’ordinaire très sage petit hippocampe cabriolait dans des exclamations de joie pure.
Se rappelant qu’elle devait bouger pour ne pas mourir de froid cependant, l’adolescente avait commencer à nager lentement, jusqu’à refaire face au sable non loin.
Elle eut juste le temps de voir son compagnon, caché derrière sa louve blanche. Elle s’en voulut presque de l’avoir ainsi délaissé, lorsqu’elle comprit qu’il était en train de se déshabiller pour la rejoindre. De là où elle était, et sa vue ainsi obstruée, Moira ne vit pas grand-chose du corps menu du jeune homme, mais la silhouette au loin la dérangeait. Elle n’aurait su dire ce qui lui faisait froncer les sourcils, bien trop éloignée du couple pour véritablement déterminer d'où venait son malaise.
Cela ne provenait certainement pas de la décision d’Haesik de se baigner avec eux. L’hydromancienne était étonnée de son choix, mais cette surprise se transforma bientôt en sourire ravi. Elle aimait qu’on lui obéisse au doigt et à l’œil, mais elle n’avait jamais obligé qui que cela soit à participer à ses plans toujours un peu bancals. Elle n’avait même pas eu à insister, et l’opportunité de partager ce petit moment innocent avec le garçon la réjouissait.
Haesik lui donnait l’impression d’être particulièrement timide. Elle s’était imposée pour pouvoir l'accompagner dans sa balade, et maintenant, elle le poussait à suivre ses directives. Qu’il ait cédé devant sa première demande ne l’avait pas plus interrogée que cela, puisque Moira avait conscience d’être particulièrement difficile à recadrer. Ses interlocuteurs étaient souvent trop polis pour lui faire remarquer les libertés qu’elle prenait, ou trop impressionnés par son nom pour s’opposer à elle.
Le coréen ne lui avait pas paru si influençable, cependant. Raison pour laquelle Moira n’avait pas fait des pieds et des mains pour exiger sa plongée. Le froid ambiant et les alentours ne se prêtaient pas à un caprice pour obtenir plus de présence que nécessaire.
Elle souhaitait ainsi penser qu’il avait sauté le pas par envie, et non pour simplement l’agréer. Bien que cela ne fasse pas vraiment de différence finalement, la brune préférait un entourage volontaire que des comparses l’enveloppant du fait d’un sentiment d’impératif quelconque.
Moira perdit de vue son accompagnateur, distraite par Sùmaid qui venait de se placer juste auprès d’elle.
- J’espère qu’il ne s’est pas senti obligé de venir avec nous.
Comme toujours, sa miniature violette était l’écho parfait de ses propres pensées. Qu’ils se soient tous les deux inquiétés dans la bienséance un peu trop tard était bien la preuve que l’hippocampe n’était pas aussi irréprochable qu’il le laissait entendre.
- Hum, je ne pense pas. Malgré le vent, il fait beau. Si l’on doit attendre que le temps ne se réchauffe pour se baigner, nous ne serions dans l’eau que deux jours dans l’année…
La jeune femme tourna de nouveau la tête vers le large, avant de se rendre compte qu’elle ne voyait plus la forme juvénile, là où il aurait dû s’avancer pour arriver à leur niveau.
Confuse, elle tourna autour d’elle-même, à la recherche d’une trace de celui qui était arrivé avec elle.
Elle commençait à s’inquiéter, lorsque des petits coups contre son bras lui firent baisser la tête. La brune crut d’abord qu’il s’agissait de son familier, mais celui-ci se tenait justement de l’autre côté d’elle. Ce qui la touchait était écailleux, un peu sirupeux. La texture l’étonna juste : elle avait littéralement enlacé un hippocampe, Moira n’allait pas être perturbée par si peu. Puis, elle découvrit l’exocet qui l’interpellait de la sorte. D’abord hébétée, elle écarquilla les yeux, avant de rejeter la tête en arrière pour rire.
Haesik l’avait surprise de nouveau en usant de ses pouvoirs pour se transformer en cette forme marine. Moira nota presque distraitement la confirmation que le jeune homme était un zoomancien. Le mystère n’était pas bien épais, lorsque l’on considérait son choix d’apprentissage. Au moins, le doute n'était plus permis. L’étudiante avait toujours démontré une certaine forme d’admiration pour les autres formes de magie. Assister à des représentations d’expression venant des différents Coven apportait un peu de nouveauté à son existence morne.
La métamorphose était d’autant plus impressionnante, selon elle. La capacité de devenir quelque chose d’autres pour un temps, pouvoir prétendre être différent – ou peut-être justement révéler ce qui se cachait derrière des masques humains, cela l’avait toujours ébahie.
Ce qui l’intéressa encore davantage fut l’espèce animale qu’il avait choisie. Famille d’hydromancien oblige, la jeune femme avait eu droit à nombre d’imageries enfantines, chaque illustration lui apprenant l’existence de nouvelles créatures aquatiques. C’était d’ailleurs grâce à ces dernières qu’elle savait que cette espèce préférait des climats plus cléments, et avait accéléré sa compréhension de la situation.
Le poisson dont il avait pris l’apparence était loin d’être le plus laid. Elle trouvait une certaine grâce dans leurs mouvements, bien que les débuts pussent faire naitre des rires chez les plus fermés d’esprit.
Moira fixa le poisson-homme, sourire en coin, tout en reprenant ses petites arabesques de pouvoir avec l’eau.
- Eh bien, tu ne seras pas beaucoup plus bavard, mais au moins ne crains-tu pas le froid.
Elle l’observa profiter de ses propres manifestations de magie pour s’élancer, et elle participa de bon cœur à son envol, orientant les jets en sa direction.
Il reporta alors son attention sur Sùmaid, qui menaçait d’avoir le tournis à force de suivre les mouvements de leur invité autour de lui.
Moira fut grée à Haesik d’ainsi interagir avec l’hippocampe. Le cheval de mer ne s’en plaignait jamais, mais il menait une vie bien solitaire à ses côtés. Trouver un peu de relation tangible pour quelques instants lui fera le plus grand bien.
Les deux liés mirent quelques instants à comprendre les plans du poisson-volant, et après avoir saisi l’idée, Moira s’illumina de nouveau.
- Une course ? Oh, quelle bonne idée ! Qu’en dis-tu, Sùmaid ?
- Avec plaisir !
L’enthousiasme de l’hippocampe transpirait de sa voix, et ils échangèrent un sourire complice. La jeune femme avisa le poisson qu’elle savait être son camarade d’études. Il la surprenait à proposer leurs prochaines actions. Elle ne pouvait évidemment pas analyser ses traits sous cette forme, mais il semblait bien moins réservé que sur la terre ferme.
Il cachait donc bel et bien de jolies surprises.
Pointant du doigt l’horizon, Moira indiqua les bouées indiquant les limites de la zone de loisir.
- On va jusqu’à la deuxième, cela vous va ?
C’était bien la première fois qu'elle leur demandait leur avis. La bouée se trouvait assez loin sans que cela ne soit un trajet trop long. Le but était simplement de les mettre à l’épreuve en évitant de s’épuiser. Mais comme aucun d’entre eux ne risquaient de se noyer, autant en profiter.
- A trois ?... Un… deux… trois !
Moira plongea immédiatement sous l’eau, usant d’abord de ses bras et jambes dans une technique de nage parfaite. On ne devenait pas bon hydromancien sans de longues heures de pratique à la natation.
Mais elle ne faisait évidemment pas le poids contre Haesik sous cette forme. Elle lui tira la langue à un moment donné – ce qu’il ne vit certainement pas, lorsqu’il s’élança une nouvelle fois, la dépassant aisément.
S’il usait de ses avantages, elle n’allait pas se priver non plus.
La pression n’ayant pas prise sur elle, la jeune femme se déplaçait déjà plus vite qu’un humain ordinaire. Et comme cela était loin d’être suffisant pour rattraper l’exocet qui alternait entre eau et airs, elle allait devoir trouver mieux. Le vent allait dans la direction du jeune homme, tout était réuni pour l’aider dans leur petite compétition. Vu qu’il le prenait comme cela…
Moira décida ainsi de créer des courants favorables, presque à la manière d’un tunnel, accélérant considérablement sa vitesse. Dans le même temps, elle influença les bulles à ses pieds pour tournoyer autour de ses jambes, afin d’optimiser encore plus ses mouvements.
Soucieuse de ne pas laisser Sùmaid non plus, désavantagé par sa petite taille, elle créa le même effet autour de lui.
A force d’effort, elle parvint à rattraper Haesik, bien décidée à le surpasser. Une fois à sa hauteur, elle lui adressa un clin d’œil, avant de redoubler d’effort. Elle hésita même à invoquer des obstacles devant lui pour le ralentir, mais elle ne se voyait pas gagner de manière si déloyale.
Ils étaient tout proches des bouées, mais elle perdait du terrain.
Si elle cessait de se concentrer sur Sùmaid, elle avait ses chances d’arriver avec le zoomancien à destination.
Mais le rire du petit hippocampe derrière elle, bon dernier mais visiblement juste heureux de participer à une activité de groupe, la dissuada immédiatement d’user de ce stratagème.
Au moins aura-t-elle poussé le jeune homme à rester sur ses gardes.
Sans surprise, Haesik arriva premier, et Moira le rejoignit à peine quelques secondes plus tard. Sans être serrée, la course avait été plutôt belle.
Croisant les bras sur sa poitrine dénudée et formant une petite moue boudeuse – avec la commissure relevée, signe indéniable de sa bonne humeur malgré sa mine – Moira regarda l’exocet à côté d’elle.
- Ce n’est pas du jeu, tu avais clairement l’avantage.
Sùmaid vient se poser sur sa main, qu’elle leva juste sous le niveau de la surface. Pour faire bonne mesure, elle se baissa pour ne garder que ses yeux hors de l’eau, fixant son familier, bouche submergée.
- Allons Moira, s’il était resté sous forme humaine, tu aurais tout de même utilisé de tes pouvoirs pour gagner.
Ressortant la bouche de l’eau, elle haussa les épaules sans plus cacher son sourire.
- Evidemment ! Quel serait l’intérêt autrement ?
Elle relâcha l’hippocampe, avant de les aviser tous les deux.
Son sourire s’élargit lentement.
Sans prévenir, elle commença à projet des petits jets en leur direction, les faisant reculer. Une fois lancée dans cette bataille navale, elle créa des formes diverses pour les ensevelir, ou au contraire les secouer de remous.
Alors qu’elle faisait bien attention à laisser Sùmaid à l’abri des vagues pour le protéger, elle n’eut pas les mêmes scrupules pour Haesik, se demandant ce qu’il allait faire, voulant le pousser à réagir.
Ses petites impulsions restaient inoffensives, l’équivalent de toboggans ou de quelques éclaboussures un tout petit peu plus impressionnantes que pour un humain normal. Et à chaque réaction surprise des deux garçons devant sa nouvelle invention, elle riait aux larmes. Si certaines coulaient, personne ne le remarqua entre le sel, et Moira passait un trop bon moment pour s’arrêter.
Elle fuyait leur approche à chaque fois, évitant leurs propres attaques également, à grands renforts de petits cris ravis.
Elle ne s’était pas amusée ainsi depuis un moment.
Bien vite cependant, ne restant qu’humaine, elle commença à claquer des dents. Elle aurait bien fait bouillir l’eau, mais dans une telle étendue, c’était peine perdue. Entourant ses bras autour d’elle, elle secoua fermement la tête lorsque Sùmaid proposa de quitter l’eau.
Têtue cependant, elle refusa encore et encore l’idée de retourner sur la terre ferme, ne voulant pas que le moment s’arrête.
Sùmaid jeta un regard exaspéré et implorant à Haesik.
- Dis-lui toi aussi s’il-te-plait, qu’elle va attraper la mort si elle continue. Moi, elle ne m’écoute jamais…
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ft. Haesik et Moïra
Haesik avait été heureux que Moira et son familier acceptent sa proposition de course avec autant d’enthousiasme. Cela faisait des mois qu’il n’avait pas été dans une saine compétition avec qui que ce soit aussi, il avait hâte de débuter l’activité.
Lorsque la demoiselle avait donné le top départ, il avait pris quelques secondes pour la regarder s’élancer en avant. Il n’ignorait pas que les hydromanciens étaient maîtres de leur élément mais en voir une se mettre à nager avec autant de grâce et de facilité était plutôt impressionnant.
Dans un premier temps, malgré sa vélocité, elle avait été à la traine. Son petit corps d’exocet, aussi léger que lisse, fendait l’eau avec une aisance absolue.
Lorsque l’écossaise avait commencé à utiliser son don pour tirer profit des courants, il avait dû fournir plus d’efforts pour conserver son avance. Bien décidé à mettre lui aussi les éléments de son côté, il se hissait au-dessus du niveau des vagues à intervalles réguliers, porté par des vents favorables, pour se livrer à de longs vols planés qui lui procuraient des sensations fort agréables.
Lorsqu’il sentait que son élan diminuait, il replongeait, parfois à quelques centimètres seulement de son visage, pour la déconcentrer, sans grand succès. Sa ténacité était une qualité qu’il appréciait beaucoup mais ce n’était pas pour autant qu’il l’avait laissée gagner. Il avait dû faire bien piètre impression sous son apparence humaine et s’il tenait là une chance de remonter un peu dans son estime, il allait la saisir.
Sa victoire avait été saluée par une petite moue faussement boudeuse qui renforçait le charme de son interlocutrice mais il n’avait guère eu le temps d’en profiter très longtemps puisqu'elle avait rapidement décidé de se lancer dans une sorte de bataille navale, sans doute pour se venger de l’affront qui venait de lui être fait.
Balloté de toutes parts et n’étant pas assez imposant pour lui résister autrement, il se jetait régulièrement dans la direction de sa camarade, parvenant parfois à venir heurter son corps avec sa tête ou ses petites nageoires. Elle riait aux éclats et ce nouveau trait de sa personnalité qu’il découvrait alors la rendait bien plus sympathique que son petit côté directif.
Lorsque leur jeu s’était arrêté, il avait pu remarquer avec une pointe d’inquiétude qu’elle grelottait. Son familier lui avait conseillé de sortir de l’eau pour se réchauffer mais malheureusement pour lui, la jeune femme ne semblait pas disposée à coopérer.
Lorsque l’hippocampe avait sollicité son aide pour la raisonner, il avait lentement repris forme humaine. Une petite exclamation de surprise avait franchi le seuil de ses lèvres au moment où il avait pris conscience de la température de l’eau.
- Wow… Sumaid a raison, je pense qu’on ferait mieux de sortir maintenant.
Il n’avait pas beaucoup plus envie que sa partenaire de se montrer raisonnable car il avait trop peu d’occasions de s’amuser de la sorte mais si écourter ce moment de grâce était le prix à payer pour préserver la santé de Moira, alors il acceptait ce sacrifice.
A présent qu’il avait renoncé à sa forme animale, il était beaucoup moins à l’aise dans le milieu aquatique. Pourrait-il utiliser la fierté de son interlocutrice pour la pousser à obtempérer ?
- Je ne sens plus mes doigts… je pense que tu as une chance de gagner cette fois…
La ruse était grossière mais il espérait que cette petite provocation serait suffisante pour la convaincre de le suivre jusqu’à la plage.
Après avoir légèrement modifié la structure de ses membres pour les palmer, ce qui rendrait sa nage plus efficace, il avait commencé à avancer vers la berge mais, malgré ses efforts, il n’aurait cette fois aucune chance de surclasser sa rivale. Fair play, elle l’avait néanmoins « poussé » pour l’assister.
Une fois arrivé à destination, il avait rapidement secoué ses cheveux pour en chasser l’excédent d’eau avant de croiser ses bras sur sa poitrine. Il aurait payé cher pour disposer d’une grande serviette dans laquelle s’enrouler, ce qui lui aurait permis de dissimuler les os saillants de ses omoplates et de ses cotes tout en le réchauffant mais il ne disposait que de ses vêtements trop larges, qu’il avait rapidement enfilés sans prendre le temps d’attendre que le vent ait fait sécher sa peau.
La sensation n’était pas agréable mais il n’aurait pas d’autre choix que de s’y habituer.
Prenant bien soin de ne pas la dévisager, il avait fait quelques pas en direction de Moira pour déposer son pull sur ses épaules puis il s’était assis derrière un gros rocher pour se protéger du vent. Aussitôt, Dalsoon était venue se coucher contre lui pour le faire profiter de sa chaleur, petite attention qu’il avait grandement appréciée.
Lui aussi grelotait à présent et cela n’était pas lié qu’à la météo. Son corps, malnutri, était trop faible pour encaisser autant d’efforts sans flancher. Fort heureusement, grâce à la demoiselle, son sac à dos contenait de quoi faire passer son malaise passager.
- Tu as faim ?
Blême, il avait présenté l’un des gâteaux à sa propriétaire légitime avant de se servir à son tour et d’enchainer quatre ou cinq cookies avant de sentir ses nausées passagères s’atténuer. Lorsqu’il avait constaté qu’elle avait remarqué quelque chose, il avait légèrement haussé les épaules et dédramatisé la situation.
- Désolé, je ne suis pas très sportif. Ce n’est rien ça va mieux maintenant.
Désireux de changer rapidement de sujet, il avait questionné l’adolescente :
- Pas trop froid ?
Sa timidité s’était quelque peu atténuée suite à leurs jeux, fait qu’avait salué la louve en agitant légèrement la queue.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Malgré les temps capricieux de l’Ecosse, Moira avait rarement eu l’occasion de souffrir du froid. Toujours protégée par les murs épais des bâtiments de pierre, ou enroulée dans des manteaux doublés des meilleurs tissus, la jeune femme passait le plus clair de son temps bien au chaud. Seules les excursions dans l’eau glacée, comme celle-ci, l’affectaient. Pourtant habituée depuis son plus jeune âge à nager dans les mers inhospitalières, sa tolérance avait atteint sa limite à force de s’agiter pour soudainement cesser tout mouvement.
Elle tenta vainement de se réchauffer en frictionnant ses mains le long de ses bras, sans succès. Ses dents claquaient dans un bruit insupportable. L’hydromancienne se sentit ridicule de souffrir autant, alors que son Coven évoluait littéralement dans cet environnement au quotidien.
Par ailleurs, elle désirait réellement rester en compagnie d’Haesik et Sùmaid. Leurs petits jeux l’avaient ravie : la fatigue qui s’abattra inévitablement sur elle dans quelques heures sera déjà porteuse d’interruption. Si Moira pouvait retarder le moment fatidique, ne serait-ce qu’un peu, elle se devait de serrer sa mâchoire traitresse et poursuivre.
L’étudiante n’avait guère l’occasion de s’amuser de la sorte avec ses amis de bonnes familles guindés. Les divertissements tournaient davantage autour de folies des grandeurs et d’actes regrettables. Une sortie en mer, avec un camarade bien plus spontané, voilà ce qui lui avait manqué ces derniers temps. Son familier était également de la partie, et tous ces éléments réunis la poussaient à tirer un peu plus sur la corde.
La brune réalisa cependant qu’elle ne pouvait se voiler la face plus longtemps. Frôlant l’hypothermie, elle frissonnait dès qu’une vague effleurait son dos. Elle battait des pieds avec vigueur pour réchauffer son sang transformé en liqueur, sans parvenir à réanimer ses muscles figés.
Moira entendit Sùmaid inciter Haesik à la convaincre de sortir, et elle fit les gros yeux à son familier. Qu’est-ce qu’il l’ennuyait, lorsqu’il se prenait pour son père. Peu importe qu’il ait entièrement raison et qu’elle se sentait devenir un glaçon, il n’avait pas à lui ordonner quoi que cela soit.
A son grand daim, le zoomancien choisit d’écouter l’hippocampe. Moira essaya tant bien que mal de protester face à cette métamorphose, car le jeune homme allait probablement se retrouver assailli par la température beaucoup trop brusquement. Ses mots furent ignorés, probablement car elle parvenait difficilement à articuler.
Elle retrouva le visage timide de l’humain, qu’elle vit se décomposer en prenant conscience de conditions dans lesquelles elle nageait depuis beaucoup trop longtemps désormais.
Sans surprise, le livreur supporta difficilement le changement. L’hydromancienne voulu lui signifier de se transformer de nouveau, pour l’épargner, d’autant plus lorsqu’il lui avoua qu’il ne sentait plus ses doigts.
Moira n’avait mais alors aucune envie de se rendre sur la terre ferme. Elle cligna des yeux quelques secondes en entendant la proposition d’Haesik de reprendre leur course. La jeune fille n’était pas idiote, malgré ce qu’elle prétendait. Le stratagème de son compagnon se comprenait à des kilomètres. Pourtant, elle devait se rendre à l’évidence : ils ne pouvaient pas rester plus longtemps. D’autant plus que si elle n’accordait aucun crédit à sa santé lorsqu’il s’agissait de passer du bon temps, Moira était nettement moins disposée à risquer le rhume du garçon à ses côtés.
Il lui fallait cependant garder la face, et elle hocha la tête. Prétendant lui rendre service en acceptant le défi, elle s’élança sans attendre. Car pour tout son entêtement, son corps lui hurlait d’être raisonnable et de retourner au chaud.
Elle usa des mêmes courants qu’auparavant pour se laisser porter jusqu’au rivage. Les palmes fraichement formées d’Haesik ne lui permirent qu’une légère accélération, et Moira le sentit à la traîne presque immédiatement. Evidemment, elle avait déjà prévu de l’assister. Bien qu’elle estimait qu’il aurait été bien plus commode qu’il se retransforme, elle ne comptait pas lui faire remarquer qu’elle avait vu clair dans son jeu.
Désireuse de le sortir de ce bain de gel au plus vite, l’adolescente força les bulles à s’assembler autour de l’ami des abeilles pour qu’il puisse la suivre. Elle abandonna complètement l’hippocampe, en revanche. Il avait insisté pour qu’elle quitte leur terrain de jeu, il pouvait se débrouiller seul. Moira se doutait également que le petit être violet serait silencieusement heureux d’avoir un peu de temps pour lui, à vagabonder dans son environnement naturel. Elle le savait trop fidèle pour lui demander de rester plus longtemps en arrière, cela ne la dérangeait aucunement de lui accorder ce plaisir en le dissimulant derrière une colère factice.
La presque sirène atteignit le rivage avec soulagement. Celui-ci fut cependant de courte durée, quand le vent vint frapper sa peau nue. Trempée de la tête aux pieds, ses cheveux tirant sa nuque par leur lourdeur, Moira commença à trembler de plus belle. Maintenant qu’elle était hors de l’eau, elle prit de nouveau le parti de passer ses doigts sur ses bras puis ses jambes à la recherche d’un répit introuvable.
Grelottante, elle se traîna vers le rocher sous lequel elle avait glissé ses affaires. Elle parvint difficilement à revêtir son pantalon, tant ses mains s’agitaient sans qu’elle ne le veuille. Elle bénit la version d’elle-même qui avait été assez brillante pour avoir choisi un tel accoutrement plutôt que ses robes habituelles. Moira aurait eu toutes les peines du monde à se rhabiller si elle avait opté pour des collants.
Elle commençait à glisser le tissu sur ses jambes lorsqu’Haesik sortit à son tour. Peu scrupuleuse, la jeune femme le détailla, en conservant cependant une certaine discrétion. Il ne s’agissait pas de le fixer bêtement de manière gênante.
Ce qu’elle vit l’inquiéta profondément. Haesik n’avait que la peau sur les os, et encore. Sous ses vêtements amples, il dissimulait des côtes saillantes et un corps frêle. Sa maigreur fit immédiatement culpabiliser Moira. Elle l’avait tirée dans une sortie grotesque alors qu’il manquait de toute évidence cruellement d’énergie à dépenser.
Elle se détourna pour lui donner un semblant d’intimité, s’affairant à boutonner son bas, avant de se concentrer sur son chemiser blanc, qui devint immédiatement transparent au contact de sa peau. Moira jura entre ses dents serrées : elle détestait le contact de tissu mouillé sur sa peau. Peu dérangée par ses atours ainsi exposés, elle se baissa pour récupérer son manteau.
Un mouvement sur le côté lui fit relever les yeux La surprise se transforma en « o » interloqué sur ses lèvres lorsqu’Haesik plaça d’autorité son pull sur sa tête, avant de s’éloigner aussitôt. Moira resta interdite quelques instants, sa main venant instinctivement trouver la laine chaude pour en apprécier la sensation.
L’attention la toucha malgré elle, et un petit sourire étira ses lèvres face à sa galanterie. Elle hésita à protester et lui indiquer de récupérer son vêtement, mais quelque chose l’en dissuada.
D’abord, elle avait appris très tôt qu’il était de mauvais goût de contrarier la fierté des hommes. Elle doutait également qu’Haesik ne l’écoute, de toute manière.
Et puis, elle avait vraiment froid.
Moira se résigna alors à enfiler le pull, serrant son manteau contre elle en rejoignant son compagnon. Elle prit place juste à côté de lui sur le sable.
Frappant ses mains l’une contre l'autre, l’adolescente pesta :
- Pourquoi du sable sur les plages ? N’y avait-il rien de moins collant à installer près de l’eau ?
Elle s’adossa au rocher, avant d’observer Dalsoon toute proche d’eux. Dans l’état où elle se trouvait, Moira sentait la chaleur de la louve irradier malgré la distance. Elle offrit un nouveau sourire reconnaissant au familier.
Elle regarda du coin de l’œil Haesik dévorer les gâteaux qu’il avait saisis dans sa cuisine, avant de s'emparer la pâtisserie qu’il lui tendait.
Elle grignota lentement dans le gâteau, sans pouvoir s’empêcher de le dévisager tandis qu’il se goinfrait littéralement du paquet. Il devait chercher à constituer ses réserves, et la faim semblait lui taillait le ventre. Le cœur de Moira se serra tandis qu’elle terminait sa bouchée.
Elle baissa les yeux lorsqu’il lui fournit son explication. Elle n’avait pas voulu être aussi grossière, mais comment s’en empêcher alors qu’il se révélait si dénutri ?
Et ce « maintenant », lui glaça le sang plus certainement que le vent autour d’eux.
Trop polie pour le questionner, elle termina son gâteau sans enthousiasme. Moira avait ses propres démons au sujet de l’alimentation, mais elle n’avait jamais atteint le stade de son camarade. Et le voir ainsi agitait sa poitrine de soucis.
Elle avait hésité à lui céder le reste de son propre cookie, arguant qu’elle avait un appétit d’oiseau. Bien que cela soit la stricte vérité, il n’aurait jamais accepté de se prêter à cette ruse de sa part à elle.
Au lieu de cela, elle répondit à sa question en enroulant tant bien que mal son manteau autour de leurs épaules. Vu la taille du vêtement, elle fut contrainte de se blottir contre lui pour qu’il puisse profiter un peu de la chaleur. Cela lui parut tout à fait normal de l'envelopper avec elle. C'était sa manière à elle de le remercier de l'avoir couverte. Et il était hors de question de le laisser exposé au froid sans rien faire.
Une fois installée, elle essora ses longs cheveux à deux mains, trempant le sable à côté d’elle. Ainsi, elle put déposer sa tête contre l’épaule d’Haesik, qu’elle sentait décharnée. De cette manière, ils pouvaient se tenir chaud mutuellement.
Et à dire vrai, elle ne détestait pas la sensation.
- Non, plus maintenant.
Moira tira légèrement sur le pull qu’il lui avait confié pour le placer au-dessus de son nez, prenant garde à ne pas le déformer. Protégeant ainsi un peu son visage, elle fut agréablement surprise. L’odeur de lessive, la légère senteur de miel, celle de la peau du jeune homme et les embruns salés de la plage se mélangeaient contre sa bouche. Elle aima instantanément ce parfum particulier, et elle sourit derrière les mailles de la laine.
Elle tira également légèrement sur les manches pour couvrir ses mains, et les plaça ensuite sous ses bras pour parachever cette protection sommaire, appuyée contre le garçon qu’elle avait rencontré quelques heures à peine.
Moira avait passé ces dernières heures avec un parfait inconnu, et elles comptaient déjà parmi les plus plaisantes de l’année passée. Cette petite virée impromptue, pleine de liberté et décontraction, était à marquer d’une pierre blanche.
Et tout cela grâce à Haesik et sa gentillesse.
Levant les yeux en direction du visage tout près d’elle, Moira se rappela de nouveau qu’elle ne connaissait presque rien de lui. Mais ses manières honnêtes et ouvertes, malgré sa timidité, lui attirait une franche sympathie.
Et elle se surprit à en vouloir plus.
- Que souhaites-tu faire, après l’Académie? Tu vas reprendre les ruches?
Sans attendre sa réponse, elle poursuivit sa petite liste de questions.
- Tu as une couleur préférée ? Quelle est la forme animale que tu préfères prendre? Si tu devais dépenser mille livres en loisir là maintenant, qu’est-ce que tu achèterais?
Elle fut interrompue par les vibrations de son téléphone dans sa poche. Sans quitter Haesik des yeux, elle coupa l’appareil sans égard pour le nom l’ayant appelé, ou l’heure.
Elle était occupée, là maintenant.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Si Haesik n’avait pas cillé lorsque Moira était venue s’assoir à ses côtés derrière son rocher pour partager un goûter bienvenue, il avait légèrement relevé les jambes vers sa poitrine lorsqu’elle s’était blottie contre lui et plus encore au moment où elle avait posé sa tête sur son épaule. Cela n’avait pas empêché un petit sourire, timide mais amusé, de naître sur ses lèvres.
Bien qu’elles le bousculaient, l’audace et l'extraversion de l’adolescente avaient quelque chose d'attendrissant.
Bientôt, ses tremblements s’étaient estompés sous l’effet de la chaleur et ses jambes s’étaient détendues, jusqu'à venir se reposer à plat sur le sol. Jamais il n’aurait imaginé établir une telle proximité avec la demoiselle mais, malgré sa gêne initiale, il n’avait désormais plus aucune envie que ce petit moment hors du temps prenne fin.
Pour la première fois depuis presque deux ans, il se sentait parfaitement détendu et, bizarrement, à sa place.
Ayant perçu le plaisir qu’il prenait à l’échange, Dalsoon était venue poser sa grosse tête sur les genoux de Moira en agitant la queue, comme pour consolider leur étreinte.
Lorsque la jeune femme l’avait questionné au sujet de ses projets après l’académie et de ses goûts, il lui avait répondu spontanément.
- J’aimerais bien, mais ça ne dépend pas que de moi. Le vieil homme devrait probablement soutenir ma candidature et il y aurait un vote au sein du coven s'il fallait départager plusieurs personnes. Le mystique des essaims n’a pas uniquement la responsabilité des abeilles et de la production de miel, mais aussi un rôle de messager qui est pris très au sérieux…
Accepterait-on de confier un tel rôle à un étranger, qui plus est affublé d’une famille comme la sienne ? Pour l’heure, rien n’était moins sûr mais il comptait bien se donner les moyens d’arriver à ses fins.
- Dans tous les cas, j’aimerais pouvoir être utile à la communauté, d’une façon ou d’une autre. Et toi ? Qu’est-ce que tu voudrais faire ?
Il avait bu quelques gorgées de jus de fruit avant de reprendre.
- Hum… j’aime le vert, le bleu turquoise, le violet… Pour ce qui est de la métamorphose, je ne suis pas encore capable de me changer en quelque chose de trop grand. Les formes terrestres que j’adopte le plus souvent sont le serval et le renard, mais j’aime aussi beaucoup voler.
A nouveau, il avait laissé s’écouler quelques secondes en silence. S’il avait 1000 livres ?
- Je suppose que si j’avais une telle somme à mettre dans un loisir, je choisirai de partir en voyage…
Il avait été interrompu dans sa réponse par des bruits de vibrations provenant du téléphone de Moira mais, à son grand étonnement, elle n’avait pas même daigné regarder qui cherchait à la joindre.
- ... Ça ne me regarde pas vraiment mais... tes parents s'inquiètent peut-être ?
En parlant de parents... après avoir extirpé son propre cellulaire de sa poche, il avait rédigé un rapide SMS à l'attention de sa mère, qu’il savait prompte à s’inquiéter, pour lui indiquer qu’il allait bien mais qu’il n’était pas certain de son heure de retour.
Il savait qu'elle ne lui reprocherait pas sa petite virée, premièrement parce qu'elle serait bien trop heureuse d'apprendre qu'il était finalement parvenu à renouer des liens, deuxièmement parce qu'elle rentrait souvent si tard de son second travail le soir qu'elle allait généralement se coucher sans demander son reste.
La nuit ne tarderait plus à tomber sur l'Ecosse et, avec elle l'humidité, qui ne ferait qu'amplifier le froid. Malgré le confort relatif de leur abri de fortune, les deux adolescents devraient bientôt se résoudre à se replier en intérieur s'ils voulaient définitivement avoir une chance d'échapper au rhume.
Dalsoon (en coréen) : Pourquoi tu ne lui proposerais pas d'aller voir un film ?
Aussi discrètement que possible, Haesik avait entrepris de compter les quelques pièces qui erraient dans sa poche, à l'aveuglette. Puisqu'il avait également quelques livres dans son sac à dos, il devait avoir assez pour financer deux places de cinéma, mais...
-(en coréen) : Je sais pas... je ne veux pas qu'elle rentre trop tard chez elle, et puis, elle va sûrement refuser, ou alors elle insistera pour payer...
La louve lui avait jeté un regard désabusé avec son unique œil valide avant de faire mine de s'étirer et de reprendre, en s'adressant cette fois à Moira.
Dalsoon : Excuse moi, ce n'est pas très poli mais je lui rappelais qu'il m'avait promis qu'on irait au cinéma ce soir. Ça fait des luuuustres qu'on n'y a pas mis les pieds.
Un léger soupir de contrariété s'était échappé d'entre les lèvres du garçon. Il adorait son familier mais le plaisir qu'elle prenait à le mettre dans l'embarras lui donnait parfois envie de la changer en une peluche, docile et silencieuse...
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Contrairement à son guide du jour, Moira n’éprouva de malaise à aucun moment. Pour tout dire, elle se complaisait dans l’étreinte qu’ils partageaient, appréciant la chaleur dont elle profitait, mais aussi de la compagnie. La jeune femme ne s’était absolument pas attendue à éprouver autant de sérénité auprès du livreur. Si on lui avait annoncé qu’elle tomberait littéralement dans ses bras quelques heures à peine après qu’il ait manqué de tuer son familier, elle aurait probablement éclaté de rire au nez de son interlocuteur.
A présent, elle se trouvait dans l’expectative de ses réponses, véritablement curieuse. La timidité d’Haesik lui plaisait : elle la percevait comme une sorte de défi. L’hydromancienne aimait écouter son entourage presque autant qu’elle adorait s’entendre parler. Découvrir la personnalité d’autrui constituait une étape cruciale des relations humaines – et son père lui répétait sans cesse que l’on ne pouvait donner une bonne impression de soi sans connaitre les passions des personnes capables de leur servir. Moira était persuadée que le patriarche n’avait pas usé de mots si crus, mais le sens était le même.
Dans le cas présent, Haesik n’avait ni élévation sociale ni avantage à lui apporter. Seulement de la douceur de miel, et cela suffisait à Moira pour vouloir en apprendre plus. Elle désirait noter ce qui l’intriguait, provoquait de l’animation chez lui. Elle pourra ensuite rebondir dessus, le pousser à sortir de sa réserve.
Il avait été un camarade de jeu bienvenu, et maintenant, elle voulait l’inclure dans ses conversations.
Elle écoutait attentivement ses explications sur sa place auprès des abeilles quand Dalsoon posa sa tête sur ses jambes. Moira la fixa quelques instants, prise au dépourvu. Elle ne s’était guère préparée à une telle marque d’affection. Mais la tendresse que ce geste fit naître en elle, ainsi que la chaleur inespérée de la louve, la menèrent rapidement à poser sa main dans la fourrure blanche. D’abord hésitante, Moira avait approché ses doigts très lentement avant d’atteindre son objectif, laissant tout le temps au familier d’exprimer son désaccord.
Désormais, Moira caressait délicatement le pelage si agréable. Elle n’avait jamais eu l’occasion de ressentir un tel sentiment d’apaisement avec Sùmaid, leur alchimie passant nécessairement par les mots.
Ainsi enroulée contre l’épaule d’Haesik et recouverte par Dalsoon, Moira se fit la réflexion que c’était loin d’être désagréable…
Le récit du coréen sur le fonctionnement de son Coven et ses responsabilités la rendirent pensive. Elle devait avouer qu’elle n’avait pas envisagé tout ce que pouvait représenter le rôle de protecteur des abeilles. Elle aurait dû s’en douter : vu la place de ces petites dames dans l’ordre naturel, leur gardien devait occuper une place primordiale. L’air sage d’Haesik ainsi que sa discrétion ne payaient peut-être pas de mine, mais elle décelait un grand sérieux et un sens aigu des responsabilités dans ses yeux en amandes. Moira pouvait évidemment se tromper, mais cela lui arrivait suffisamment rarement pour qu’elle soit assez confiante dans son estimation.
Elle n’ignorait rien des exigences que l’on imposait aux prétendants aux postes importants – comment pourrait-elle en faire abstraction lorsque ses parents le lui rappelaient constamment ? Haesik aura donc un long chemin à parcourir, et pas mal d’assurance à acquérir.
Cependant, elle voulait croire en ce garçon gentil et serviable. Elle lui souhaita silencieusement de parvenir à ses fins, sans lui en faire part. Mais elle se permit un sourire encourageant.
Qu’elle perdit dans un soupir quand il lui retourna sa question. Sujet épineux s’il en était. Qu’est-ce qu’elle voudrait faire ? Moira n’en avait aucune idée, car cela n’avait jamais eu d’importance. Ses parents choisiront bientôt la voie qu’elle empruntera : dès qu’une opportunité se présentera à peu près en même temps que la fin de ses études, elle se trouvera embarquée dans des préparatifs complexes et épuisants.
La pensée amère que sa vie ne lui appartenait pas la traversa pour la énième fois, sans pouvoir la formuler à voix haute. Cela était sans doute plus facile. Elle n’avait pas à réfléchir, à se torturer sur son avenir : l’on décidait pour elle. Ces contraintes qu’étaient l’inquiétude et l’hésitation n’avaient pas leur place chez elle. Plutôt positif, non ?...
Bientôt femme d’un membre éminent du Coven, ou personnage important elle-même, voilà les choix qui s'offraient à elle. Dans tous les cas, elle aura une place honorée, où seul le prestige comptera. Probablement administrative, politique ou bien sur les traces de sa mère dans les soins.
Aucune de ses perspectives ne l’attiraient.
Ce n’était pas ce qu’Haesik avait demandé, cependant. Elle ne pouvait pas l’ennuyer avec toutes ces considérations personnelles. Cependant, elle se trouvait bien embarrassée pour lui répondre. Les rares fois où elle s’était imaginée prendre sa propre décision l’avait menée dans des directions si différentes de futur tout tracé qu’elle trouvait inutile d’épiloguer là-dessus.
Mais la candeur avec laquelle il s’était exprimé précédemment la décida à en faire de même, au moins en partie.
- J’aimerais être utile aussi. Comme tu le sais sûrement, nous ne sommes pas connus pour nos talents de combattants. Mais il existe quelques hydromanciens formés à la protection du Coven. On les appelle les Lanciers de la Froideur…
Elle s’était souvent imaginée prendre ce rôle. Servir ainsi son groupe de manière concrète, être active et non pas enfermée toute la journée. Mais ce rôle, bien que respecté, n’était pas au programme pour elle. Inutile d’y songer plus : elle se retint même d’exprimer véritablement ce souhait à Haesik. Cela s’apparentait bien trop à un véritable rêve, le rendrait concret. Elle ne pouvait se le permettre.
- Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça, oublie. Je n’ai pas encore décidé.
Moira sourit en entendant ses préférences de couleur. Toutes les teintes particulièrement associées à sa magie. Mais après tout, nombre de personne devaient partager cet attrait. Ses yeux brillèrent à l’évocation de ses transformations, fascinée par cette liberté qui était accordée aux zoomanciens. Et également un peu impressionnée par ses capacités.
- J’aimerai voler moi aussi.
Elle se demandait à quelle hauteur il était déjà allé, et également quelle destination pouvait bien titiller l’intérêt du coréen, lorsqu’il redirigea la conversation sur ses parents.
Moira leva cette fois-ci les yeux au ciel, agacée. Pas contre Haesik, le pauvre n’y était pour rien. Non, contre les Auchincloss, qui même absents parvenaient à s’immiscer dans un moment charmant.
- Mes parents s’inquiètent constamment. Rien d’inhabituel.
Mais par acquis de conscience, elle vérifia son téléphone pendant qu’Haesik faisait de même.
Bon. Plusieurs appels manqués et une trentaine de messages. Elle était dans de beaux draps.
Elle jeta un coup d’œil discret à Haesik. Avait-elle vraiment envie d’obéir de nouveau, alors qu’elle passait une après-midi bien plus captivante qu’elle n’aurait pu l’imaginer ? Cela valait-il vraiment le coup de courir le déplaisir qu’elle rencontrera en rentrant ?...
Elle écrivit rapidement qu’elle était de sortie et rentrera plus tard.
Elle laissait à la Moira du future la tâche de gérer cela, et mis son mobile en silencieux.
Dalsoon s’exprima de nouveau dans la langue étrangère, et Moira les observa échanger. Elle leur adressa une moue boudeuse, brûlant de leur faire remarquer que ce n’était guère galant de l’exclure de la sorte.
La louve la devança en s’excusant sans qu’elle n’ait eu besoin de dire un mot, et sa mine revêche se transforma en léger embarras. Si les deux liés avaient déjà des plans… Elle se rendait compte qu’elle avait peut-être un peu abusé de son aisance à s’imposer.
- Oh, d’accord. Je suppose que je peux vous accompagner jusqu’en ville maintenant et vous pourrez y aller. Je n’y suis pas allée depuis longtemps aussi, remarque...
Moira avait commencé à se relever, reprenant délicatement son manteau des épaules d’Haesik, un peu déçue que tout se termine ainsi… jusqu’à ce que par un coup du sort, elle se retrouve elle ne savait trop comment invitée à les rejoindre par Dalsoon.
Après une petite seconde d’étonnement, son visage se fendit d’un grand sourire ravi.
- C’est vrai ? Merci !!
Se dirigeant vers la mer, elle marcha à toute allure en récupérant le bocal posé à terre.
- Sùmaid ! Viens, on va au cinéma !!
*
La route jusqu’à la salle passa en un éclair aux yeux de Moira. Malgré quelques tremblements qui la prenaient parfois à cause de ses cheveux trempés, elle passa tout son temps à poser des questions à Haesik et Dalsoon, désireuse de tout savoir.
Ils n’avaient aucune idée du film qu’ils allaient voir, mais cela lui convenait parfaitement. Elle n’était pas très difficile : si le film était mauvais, elle ne se gênera pas pour le critiquer. S’il était bon… elle exprimera son contentement également.
A chaque fois qu’elle croisait le regard d’Haesik, elle lui adressait une mine radieuse. Oubliée sa timidité passagère lorsqu’ils lui avaient annoncé qu’ils voulaient changer de décor, leur invitation l’avait remise d’aplomb. Toujours aussi extravertie, mais moins directive depuis quelques minutes, elle leur était reconnaissante de ne pas l’avoir ramenée à sa solitude si soudainement.
La journée était encore longue, cela serait dommage de ne pas en profiter.
Arrivés devant le cinéma, elle ne fit étrangement aucun commentaire lorsqu’Haesik proposa de payer la séance. Ils s’étaient décidés assez rapidement pour un petit film d’animation sur le milieu marin. Moira avait souri à cette idée : cela leur permettrait de rester dans l’ambiance de leur baignade.
- Je me charge de la partie grignotage !
Sans attendre, elle se rendit aux différents stands.
Elle choisit ainsi deux paquets de pop-corn : un salé et un sucré, ignorant les préférences de Haesik. Elle jeta ensuite son dévolu sur des barres chocolatées : elle vérifia bien de prendre les plus caloriques pour son compagnon – et les moins possible pour elle. Moira détestait cela, mais elle comptait bien se forcer à manger pour pousser le zoomancien à se remplumer un peu. Ce n’était pas grand-chose, mais au moins aurait-il un petit plus dans l’estomac…
Ce fut plus délicat pour Dalsoon. Elle lui aurait bien prit de la viande, mais dans un cinéma… Se souvenant qu’elle avait mangé du shortbread, Moira se reporta par défauts sur des sachets de madeleines nature, en espérant que cela conviendrait.
Elle avait des flocons pour poisson pour Sùmaid dans son sac, déjà.
La brune rejoignit la louve invisible pour les humains et Haesik, à qui elle tendit un des paquets de maïs et lui attribua ses barres chocolatées.
- Tiens, nous sommes fin prêts !
Une fois installée dans le siège rouge, elle empila comme elle put son manteau sur le siège à côté d’elle pour surélever Sùmaid, sans succès. Elle fut contrainte d’aller chercher un de ces coussins pour enfant, qu’elle cacha comme elle le put, afin de le placer en hauteur et qu’il puisse voir l’écran. Elle ignora royalement les regards mauvais que lui jetaient les clients, en voyant ce monticule pour un sac à dos transparent et rempli d’eau.
Aussitôt, Moira remit sa tête sur l’épaule d’Haesik, piochant avec parcimonie dans le pop-corn.
- Merci encore pour la place, souffla-t-elle à son oreille.
Malgré ses manières trop ouvertes, elle savait se tenir en public. La discrétion était de mise ici.
Les lumières finirent par s’éteindre, et elle ne quitta pas ses côtés – sauf au tout début pour réconforter un Sùmaid anéanti par la mort de tous les petits poissons, et lorsqu’il fut effrayé par une gamine à l’appareil dentaire effectivement terrifiant.
Le reste du temps, elle fixait l’écran, sourire aux lèvres, à côté de son compagnon, émettant parfois des remarques dans un murmure.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Dalsoon avait accueilli la main de l’hydromancienne dans son pelage avec plaisir. Elle adorait qu’on la flatte et l’attention que la bipède portait à son humain méritait bien qu’elle se laisse apprivoiser par elle.
Lorsque la demoiselle avait indiqué son intérêt pour la caste combattante de son coven, Haesik n’avait été qu’à moitié étonné. Son côté sophistiqué aurait pu la rendre incompatible avec une telle activité mais sa force de caractère serait incontestablement un atout pour parvenir à ses fins.
Le fait qu’elle se renfrogne en indiquant que rien n’était fait car elle n’était pas décidée avait laissé penser à l’adolescent qu’un obstacle extérieur à sa personne se dressait entre ses aspirations et elle mais il avait choisi de réfréner sa curiosité, ne voulant pas s’engager sur un terrain glissant et faire preuve d’impolitesse.
Voler dans la peau d’un oiseau était une expérience fabuleuse. Les débuts étaient un peu difficiles bien sûr mais une fois l’habitude acquise, souvent auprès de professeurs à plumes, l’exercice était grisant. Combien de fois s’était-il laissé porter par les vents pour survoler un paysage, magnifié par ce point de vue différent ? Ou avait-il plongé en piqué vers le sol en compagnie d’autres jeunes zoomanciens, pour éprouver son courage ?
Parfois, cette insouciance passée lui manquait, mais il avait été contraint de grandir brusquement et il n’était pas certain de pouvoir revenir en arrière…
Le coréen ignorait quel genre de parents étaient monsieur et madame Auchincloss mais, au vu de l’air exaspéré qu’elle avait arboré lors de leur évocation, Moira n’en était probablement pas très proche. Dommage…
Haesik avait longtemps regretté le comportement distant et dur de son paternel à son égard, leur absence totale de complicité et les jugements de valeur qu’il portait constamment sur ses actes. Il avait toujours été plus attaché à sa mère mais cette dernière avait longtemps été bridée par l’autorité de son mari, qui pensait que des marques d’affection trop marquées finiraient par féminiser ses garçons. Elle s’était rattrapée, depuis son trépas, mais elle regretterait toute sa vie d’avoir tût les élans de son cœur pour plaire à un époux qui leur avait causé tant de torts…
Le jeune homme n’avait pas pu ignorer la déception de sa camarade lorsqu’elle avait pensé qu’ils se quitteraient plus tôt qu’elle l’avait espéré. Fort heureusement, comme souvent depuis quelques temps, son familier avait pris la situation en main, faisant renaître un sourire radieux sur son visage distingué.
Contaminé par son enthousiasme, il avait répondu à la plupart des questions de l’héritière, s’efforçant de ne pas redevenir ennuyeux.
Une fois arrivé au cinéma, il avait été soulagé qu’elle lui laisse l’opportunité de payer pour leurs places. Un petit soupir s’était toutefois échappé d’entre ses lèvres au moment où il l’avait vue revenir avec les bras chargés de friandises. Bien entendu, il avait fallu qu’elle dépense le double de la somme qu’il venait de débourser.
Ils avaient opté pour la version 3D d’un film pour enfants qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir lors de sa sortie. Le synopsis était moyennement attrayant mais il n’y avait accordé qu’une importance limitée. Tout ce qui lui importait à l’heure actuelle, c’était de prolonger les réjouissances qu’il partageait avec l’adolescente.
Tandis que Dalsoon allait s’étendre sur le terre-plein placé juste devant l’écran, pour éviter de devoir se serrer entre les rangs étroits de la salle et être potentiellement heurtée par des humains non conscients de sa présence, il avait regardé Moira préparer un siège pour Sumaid, attendri par les efforts qu’elle déployait pour lui permettre de bénéficier du meilleur confort possible.
Les regards courroucés des autres spectateurs avaient rapidement été oubliés lorsque les lumières s’étaient éteintes et que la demoiselle était venue reposer sa tête sur son épaule.
Le début de l’histoire était plutôt déprimant mais, fort heureusement, la suite relevait le niveau. L’hippocampe avait semblé touché à plusieurs reprises par les scènes qui défilaient devant ses yeux mais lui et sa sorcière semblaient toutefois apprécier le média.
Distrait par l’histoire et affamé suite à leurs exercices, Haesik avait dévoré l’intégralité du pop-corn sucré pendant la première demi-heure. Sa désolation était sincère lorsque ses doigts avaient heurté le fond du carton mais Moira n’avait pas semblé lui en tenir rigueur.
Une vingtaine de minutes avant la fin du film, alors qu’il s’était laissé distraire par les effluves de son parfum fleuri, sa tête était lentement venue se poser sur celle de la demoiselle, sans même qu’il s’en rende compte. Épuisé, il s’était assoupi.
Lorsqu’il était revenu à lui, les autres spectateurs avaient presque tous quitté la salle. Navré d’avoir été d’une si piètre compagnie, il s’était excusé platement auprès de l'Écossaise, avant de jeter un coup d'œil à l’heure.
22h15… cette fois, ils allaient vraiment devoir se montrer raisonnables.
- Je pense qu’on ferait vraiment mieux de rentrer maintenant.
Peu désireux qu’elle risque une mauvaise rencontre et même si cela lui faisait un détour assez conséquent, il avait repris avec elle le bus qui les reconduirait jusqu’à son imposante demeure.
Un peu plus d’une heure plus tard, ils étaient arrivés à bon port.
Le temps de se séparer semblait désormais venu, au grand dam d’Haesik. Il aurait souhaité pouvoir dire quelque chose d’agréable au sujet de l’après-midi qu’ils avaient passé ensemble mais aucune formulation décente ne lui était venue à l’esprit avant que la porte du manoir ne s’ouvre avec perte et fracas….
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Malgré la quantité de sucreries qu’elle avait achetée, Moira n’était pas une grande amatrice de douceurs. Elle fut donc ravie de laisser le soin à Haesik de les débarrasser du pop-corn. Pour faire bonne mesure, et par crainte qu’il se sente coupable de consommer presque tout le pot, elle avait parfois glissé sa main dans le contenant pour se forcer à ingérer un peu de maïs soufflé. Elle n’eut pas à jouer la comédie bien longtemps, le paquet se retrouva vidé en un rien de temps.
N’y prêtant pas vraiment attention, l’adolescente s’était simplement calée plus confortablement sur l’épaule de son compagnon, tout en appréciant le film d’animation en face d’eux. Elle rit un peu à quelques blagues, mais elle était surtout intéressée par la manière dont été représentée l’eau. Elle qui ne possédait aucune compétence en dessin se trouvait étonnée par le talent des créateurs de film.
Avec un sourire, Moira apprécia certains passages qui lui rappelaient leur baignade précédente. Les poissons à l’écran la ramenaient au moment où le zoomancien s’était transformé pour les rejoindre, les courants d’eau extraordinaires lui donnaient des idées pour de prochaines sorties, au cours desquelles elle pourra tenter de reproduire de pareils phénomènes avec ses dons.
L’histoire en elle-même ne lui déplu pas, mais elle avait beaucoup de mal à s’identifier aux personnages. Essentiellement parce qu’il s’agissait de poisson, et bien qu’elle soit régulièrement dans l’eau, elle espérait être moins visqueuse que les héros du film. D’autre part, la relation fusionnelle démontrée entre le père et le fils lui paraissait inconnue. Enfin, la brune avait été très proche de ses parents enfant, mais ce n’était plus qu’un souvenir si lointain qu’elle se demandait si elle n’avait pas imaginé ces années d’insouciance.
L’hydromancienne s’agitait parfois un petit peu pour replacer ses cheveux trempés sur son épaule gauche, afin de ne pas incommoder Haesik. C’était déjà trop tard pour elle : elle ne coupera pas au rhume qui n’attendait qu’elle le lendemain. Avec la température actuelle, aucune chance que sa chevelure ne sèche complètement avant un moment. L’étudiante sentait déjà un léger mal de crâne poindre.
Elle n’en montra rien cependant, profitant plus de son oreiller de fortune et de Sùmaid à ses côtés que du récit.
De temps à autre, elle soufflait quelques remarques à Haesik sur la teneur du scénario, commentant les espèces marines qu’on leur présentait, ou lorsque les personnages entreprenaient des actions ridicules.
Elle ne s’attendait pas vraiment à une réponse, mais la manière dont il tournait légèrement la tête vers elle, la moindre réaction involontaire de sa part était un signe suffisant de son attention pour la jeune fille.
Quand la tête d’Haesik vint se poser sur la sienne, son premier réflexe avait été de se dégager – surprise par le mouvement. Heureusement qu’elle s’était retenue, car en levant les yeux, Moira avait constaté à son grand étonnement qu’il s’était endormi.
D’abord confuse, la brunette avait complètement délaissé l’écran pour se concentrer sur l’ami des abeilles. Son observation fut parfois perturbée par les changements de lumière, mais paradoxalement, Moira apprécia analyser son visage sous différentes couleur.
Si elle omettait les mèches lui tombant devant les yeux… Il avait les traits fin, une peau qui serait encore plus belle s’il en prenait soin. Tout cela, elle l’avait déjà intégré tout au long de l’après-midi.
Ce fut son expression apaisée dans le sommeil qui l’interpella. Il semblait calme, et Moira se demandait si de beaux rêves passaient derrière ses yeux. Cela le changeait de ses airs timides et un peu perdu quand elle lui parlait. Haesik lui parut enfin un peu rassénéré, et cette émotion était contagieuse.
Il était plutôt mignon, à y regarder de plus près.
Si elle s’était rendue dans ce cinéma avec un tout autre garçon, Moira aurait sans doute été vexée qu’il préfère la compagnie de Morphée à la sienne. Pire encore, qui inversait les rôles en se servant d’elle comme coussin. Tout autre jeune de leur âge aurait subi une crise bien peu agréable de sa part à la fin de la séance.
Cependant, entre leur balade, son travail de ce matin et son manque cruel d’énergie, la jeune fille ne tint pas rigueur au sorcier. Au contraire, il paraissait avoir bien besoin de ce repos.
De peur de le réveiller, elle demeura parfaitement immobile. Moira craignait que le moindre mouvement ne le tire hors de ses songes. Un regard discret au téléphone dans sa poche lui avait apprit qu’il ne restait que peu de temps : raison de plus pour le laisser dormir autant que possible.
N’osant même plus se gratter, Moira reporta une attention distraite au film, tout en appréciant la sensation des cheveux noirs du coréen chatouiller les siens.
A la fin du long-métrage, l’adolescente décida qu’elle avait plutôt apprécié la séance. Et son évaluation se basait fort peu sur l’issue joyeuse pour la famille de poissons striés de rouge et blanc.
Les lumières se rallumèrent, mais elle ne bougea pas d’un pouce. Sùmaid penchait la tête sur le côté en la regardant, clairement intrigué. Dalsoon également les observait de loin en attendant que les derniers humains ne sortent afin de ne pas risquer d’en percuter.
Lentement, Moira porta son index à ses lèvres dans un signe de rester encore un peu silencieux. Chaque seconde était bonne à prendre en matière de sommeil : elle en savait quelque chose, tous les matins constituaient un calvaire pour elle. Si Haesik pouvait rattraper sa nuit encore quelques instants, autant le laisser faire.
La salle s’était presque entièrement vidée lorsqu’il revint à lui.
Moira lui adressa un petit sourire taquin, sans émettre de remarque cependant. Elle porta sa main à sa nuque avant de procéder à des petits mouvements de tête. La position avait fini par devenir inconfortable, mais largement supportable. La légère douleur à la base de son cou et la migraine imminente pourraient attendre.
Surtout lorsqu’Haesik se confondait en excuse, avec un adorable petit air contrit au visage.
Moira se redressa en s’étirant, torse en avant et bras en arrière, malicieuse.
- Du calme Monsieur le Prince au bois dormant. J’ai à peine remarqué que tu t’étais assoupi.
Elle croisa les doigts derrière son dos, bien visible pour les deux familiers dans une indication de ne pas la trahir. Elle usait de l’humour, mais elle ne désirait vraiment pas qu’Haesik se sente mal.
Celui-ci venait d’annoncer qu’ils devaient rentrer, et un nouveau regard sur son propre téléphone apprit à Moira qu’il avait malheureusement raison. Si elle n’avait pas voulu y réfléchir vingt minutes auparavant, elle devait s’y résoudre désormais.
Sachant déjà qu’une scène désagréable l’attendrait à son retour, elle soupira.
- Très bien, c’est une belle soirée pour rendre l’âme, déclara-t-elle dramatiquement en se relevant.
Arrivés à l’arrêt de bus, Moira fronça les sourcils en voyant Haesik prendre la même direction qu’elle.
- Attends, tu habites par ici aussi ?...
En comprenant que ce n’était pas du tout le cas, Moira avait écarquillé les yeux. Elle aurait pu s’emporter, lui signaler qu’elle était une grande fille capable de se débrouiller toute seule. Mais elle voyait bien que cela partait d’une bonne intention. Même si elle aurait préféré qu’il parte de son côté pour poursuivre la nuit entamée dans le fauteuil rouge, elle se contenta d’hocher la tête.
- Merci. Mais ce n’était pas nécessaire, j’ai Sùmaid pour me protéger.
Elle adressa un clin d’œil aux deux garçons, plutôt fière de sa blague.
Le trajet jusqu’au manoir lui parut durer une éternité, mais ils en virent enfin le bout. Une fois devant la porte d’entrée, Moira se trouva d’un coup extrêmement timide à son tour. Evidemment, Haesik ne savait pas plus qu’elle comment conclure cette escapade riche en aventure.
Que pouvait-elle dire ? Le remercier de nouveau ? A quoi bon, elle était aussi responsable que lui de la bonne ambiance dont ils avaient profité. Dire à voix haute qu’elle avait passé un moment tel qu’elle n’en avait pas vécu depuis longtemps ? Trop vulgaire.
Mais alors, quoi ?
- Hum… j’espère que tu feras bonne route sur le retour…
Très éloquent. Main derrière la tête, la jeune fille cherchait une phrase intelligente à sortir, sans le pouvoir. Aucune illumination brillante ne daignait la visiter, et elle soupira.
Elle n’avait pas envie que cela s’arrête. Moira avait bien conscience que sans parler de la personnalité réservée d’Haesik, c’était sa présence en tant que telle et ses manières ouvertes qui lui avaient permise d’autant s’amuser.
Comment proposer de se revoir ? Parce que oui, Moira le voulait. Il était gentil, intéressant quand il se décidait à ouvrir la bouche, et bon vivant une fois détendu. Si elle pouvait expérimenter d’autres journées comme celle-ci à l’avenir, elle signait tout de suite.
- Hum… ça te dirais de… remettre ça plus...
L’irruption violente et bruyante de ses parents dans le jardin la coupa net. Moira les vit approcher avec horreur. Instinctivement, elle se plaça devant Haesik. Cela ne sentait pas bon du tout…
- Moira Elisabeth Auchincloss, j’espère pour toi que tu as de bonnes explications.
Moira grimaça en entendant les premiers mots de sa mère. Cela s’annonçait aussi bien que prévu. Ellen Auchinloss dévisagea Dalsoon d’un air dégoûté, et Moira sentit pour la première fois depuis longtemps une émotion peu familière : la honte absolue.
- J’ai prévenu que je rentrerai tard…
- Tu n’avais pas précisé que tu étais partie avec le livreur de miel.
Si les exclamations criardes de sa mère avaient percé les tympans de Moira, la voix dure et calme de son père la figea sur place.
- Un garçon, ajouta de manière appuyée la mère Auchicloss. Nous avons réussi à joindre son employeur. Comment avez-vous osé ainsi kidnapper notre fille de la sorte jeune homme ?!
- Je ne sais pas si tu as remarqué, Maman, mais les kidnappeurs ramènent rarement les filles à leur domicile au bout de dix heures, ne put s’empêcher de persiffler Moira en levant les yeux au ciel.
- Il n’avait pas à t’emmener où que cela soit !!
- C’est moi qui lui ai demandé si je pouvais venir avec lui.
Moira savait pertinemment que cet aveu allait lui attirer des problèmes. Mais elle ne pouvait pas laisser la situation dégénérer et les laisser accuser Haesik. Elle s'était attendue à une réaction négative, mais elle n'avait pas du tout envisagé qu'elle serait dirigée contre son compagnon.
Tandis que sa mère la traitait d’inconsciente, son père approchait du zoomancien, menaçant. Moira voulu s’interposer, mais fut retenue par sa génitrice.
- Vous êtes parti avec la fille de vos employeurs, âgée de seize ans à peine, on ne sait trop où. Nous n’avons eu presque aucune nouvelle d’elle pendant toute une journée. Pas une trace d’elle à notre retour, pas un mot rien, sans aucune indication de sa destination. Et nous finissons par apprendre par le cuisinier qu’elle s’est enfuie avec le livreur ?
Moira observa avec horreur son père se pencher vers le coréen.
- Partez d’ici, jeune homme. Vous n’avez rien à faire là. Je vous défends de l’approcher de nouveau. Si j’entends que vous lui avez ne serait-ce qu’adressé la parole, j’appellerai la police pour leur signaler ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Et je contacterai tous ceux qu’il faudra pour m’assurer que cette situation déplorable ne se reproduise plus.
Moira avait beau protester, aidée par Sùmaid qui d’ordinaire restait silencieux, rien n’y fit. Elle ne put qu’observer Haesik partir, penaud.
Elle voulait lui dire d’attendre, se fondre en excuse pour le comportement de ses parents, mais aucun mot ne passa ses lèvres. Elle fut trainée à l’intérieur du manoir, et assise sur une chaise pour écouter les remontrances interminables de ses parents.
Moira n’en avait que faire. Elle voulait appeler Haesik, s’expliquer. Elle souhaitait envoyer ses parents loin d’elle, leur dire de la laisser tranquille. Ils avaient été surpris qu’elle leur réponde de la sorte, elle qui était d’ordinaire si docile. Les choses étaient différentes : une autre personne qu’elle était impliquée, elle ne pouvait rester les bras croisés pendant qu’ils accusaient un innocent de tous les maux.
Ils n’y voyaient qu’une preuve irréfutable de la mauvaise influence du jeune homme sur elle. Moira avait manqué d’éclater de rire. Haesik, avec son tempérament discret, une mauvaise influence en quelques heures ?
La sentence tomba finalement : interdiction de lui adresser la parole également. Les risques étaient pénibles mais minimes pour elle. Privée de sortie, confiscation d’objet, reproches quotidien…
Mais si elle outrepassait ses règles, ils juraient qu’ils feraient de la vie du zoomancien un enfer.
Et elle avait cédé. Evidemment. Comme toujours.
Elle était consignée dans sa chambre, et cela lui allait très bien. Ils avaient cru que les larmes qui perlaient au coin de ses yeux étaient dues à sa punition, mais ils se trompaient lourdement.
Ils le comprirent lorsqu’en haut des escaliers, elle avait fondu en sanglots.
- Vous ne m’avez même pas laissée lui dire au revoir.
Elle s’était enfermée dans sa chambre comme promis, et le bocal de Sùmaid contre elle, Moira avait pleuré tout son saoul cette journée parfaite, se préparant à ignorer le garçon quand elle le croisera de nouveau dans quelques jours.
Enfin, l’ignorer, cela signifierait qu’il veuille seulement encore la regarder après ce désastre. Elle ne le verrait probablement plus, les livraisons de miel seront dorénavant gérées autrement, à n’en pas douter.
Elle fut clouée au lit les jours qui suivirent, mais pas assez pour ne pas prendre le temps de soigneusement cacher le sweat à capuche dans le meuble sous l’aquarium de son familier, là où ses parents n’iraient jamais fouiller.
Au moins cela, pour être sûre de ne pas avoir rêvé cette journée.
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Fin Septembre 2012
ft. Haesik et Moïra
Alors qu’il se trouvait encore sur un petit nuage, ravi par la tournure qu’avait pris la journée, Haesik avait brusquement été ramené à la réalité au moment où les parents de Moira avaient ouvert la porte de leur manoir avec fureur pour les rejoindre dans le jardin.
Son cœur s’était brusquement emballé lorsque la mère de sa camarade avait indiqué avoir contacté le mystique des essaims et lui avait reproché d’avoir enlevé sa fille. Il avait voulu ouvrir la bouche pour se défendre de cette accusation mensongère mais aucun son n’avait franchi le seuil de ses lèvres.
Lorsque le père de l’adolescente était venu se placer en face de lui, il avait eu un mouvement de recul, certain de reçevoir une gifle retentissante. Aucun coup ne lui avait été asséné, à sa grande surprise, mais les mots qui lui avaient été adressés n’avaient pas été moins douloureux.
Appréciant peu les menaces proférées à l’encontre de son sorcier, Dalsoon avait dévoilé ses crocs et laissé échapper un grondement sourd mais après avoir jeté un bref regard empli d’un mélange de peur et de regrets à Moira, Haesik avait préféré partir, sans demander son reste.
D’un point de vue juridique, les Auchincloss étaient parfaitement dans le vrai et la dernière des choses qu’il souhaitait était de se faire remarquer par la police locale… Non, l’histoire ne devait pas se reproduire…
Sa démarche rapide avait eu tôt fait de se muer en une course folle à travers les rues d’Edimbourg. Gagné par la panique, il ne s’était arrêté qu’une fois complètement à bout de souffle.
Après s’être assuré qu’il n’avait pas été suivi, il s’était brièvement appuyé contre un mur pour reprendre sa respiration puis il avait repris le chemin du minuscule appartement que sa mère louait pour eux.
Cette dernière était déjà couchée depuis longtemps lorsqu’il avait refermé la porte derrière lui et qu’il s’était laissé tomber sur le canapé, grelottant à la fois sous l’effet du froid et de l’émotion, sans prendre la peine d’allumer la lumière.
Plongé dans l’obscurité, dans le silence le plus complet, il avait senti sa poitrine se serrer avec violence. Pendant quelques heures, il avait eu l’espoir de combler le vide qui le dévorait de l’intérieur depuis plusieurs mois mais, une nouvelle fois, on venait de lui laisser entendre qu’il ne méritait pas la compagnie à laquelle il aspirait tant…
Au fond de lui, il enviait terriblement la plupart des autres jeunes de son âge, leur insouciance, leur capacité à nouer et à conserver des liens forts alors que lui semblait désormais condamné à demeurer au ban de la société.
Cet énième rejet, teinté d’injustice, avait fait violence à Haesik et l’avait plongé dans une mélancolie telle que Dalsoon n’avait rien su faire d’autre que de venir poser sa grosse tête sur ses genoux pour l’assurer de son soutien.
Ses yeux en amande brûlaient sous l’effet des larmes qu’il ne laissait pas s’en échapper, pudeur ridicule dont il ne pouvait se détacher de peur de perdre le soupçon de dignité qu’il lui restait encore.
Pendant une longue heure, il était resté assis dans le noir, emprisonnant parfois son visage entre ses mains pour chasser les idées noires qui se bousculaient en masse à l’intérieur de son crâne. L’idée de baisser définitivement les bras pour se débarrasser de ses tourments l’avait traversé, comme de nombreuses fois par le passé, mais la peur de blesser les deux seules personnes qui tenaient encore à lui était plus forte.
Sa mère avait dépensé l’ensemble de ses économies pour leur permettre de prendre un nouveau départ et elle venait enfin de retrouver du travail. Il n’avait pas le droit de l’abandonner, pas après que son père et son frère aîné l’aient fait sans vergogne. Il savait qu’elle ne s’en remettrait pas. Quant à Dalsoon…
Sa main s’était plongée dans la fourrure du canidé, qu’elle avait parcouru avec tendresse. Elle était borgne par sa faute et l’idée de lui infliger davantage lui était tout bonnement insupportable.
- (en coréen) Allons nous coucher…
*****
Le lendemain, malgré une forte fièvre, il avait tenu à aller à la rencontre du vieil homme aux abeilles pour lui remettre son chèque.
Il s’était répandu en excuses, sincèrement navré d’avoir pris le risque de ternir sa réputation mais alors qu’il s’était attendu à être congédié froidement, il avait été surpris de le voir éclater d’un rire tonitruant suite au récit, pourtant écourté, de son après-midi avec la fille de ses clients.
La grande claque complice qu’il lui avait assené dans le dos lui avait redonné un peu de baume au coeur. Malgré le nouvel échec qu’il venait d’encaisser, à grand mal, ce geste lui avait rappelé qu’il n’était plus totalement seul…
*****
La semaine qui avait suivi, il avait détourné les yeux lorsqu’il avait croisé Moira. Ce geste lui avait coûté, bien plus qu’elle le devinerait jamais, tant qu’il avait été presque soulagé qu’elle l’ignore également de son côté.
Il ne ressentait aucune animosité à son égard, malgré sa déception. Il s’était bercé d’illusions en imaginant quelque chose qui n’existait pas. Les filles comme elle ne fréquentaient pas les garçons comme lui.
Le regard que son père avait posé sur lui n’avait laissé aucune place au doute. Il ne reculerait devant rien pour l’éloigner de son héritière, promise à bien mieux que lui et il ne savait que trop bien que les gens riches et puissants avaient le pouvoir de détruire une vie, presque aussi aisément qu’en claquant des doigts.
Pour leur bien à tous les deux, il était plus sage de renoncer…
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