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[Abandonné] One day more - Maja

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Et là tu vois, j’ai senti un élan de panique, du genre violent, parce que les sbires requins du dragon des mers commençaient à nous encercler. Tu me connais après, je me débine pas, mais à un contre dix… Assis sur un banc, la tête en appui sur ses paumes ouvertes, Peryn contemple les feuilles mortes tourbillonner devant lui. Il a toujours aimé ce genre de petits spectacles trop communs pour surprendre, devant lesquels la plupart des gens passaient avec indifférence. Il y a quelque chose de reposant et fascinant à assister simplement. Prendre le temps. Les feuilles bruissent et chantent à leur manière, tant qu’elles sont encore là, avant qu’elles ne se retirent pour laisser passer l’hiver.

En cette saison, Edimbourg ressemble à beaucoup de villes visitées par le passé – et ni le ciel couvert en cette fin d’après-midi, ni les bourrasques glacées ne le dépaysent vraiment. … leur créant une ouverture pour fuir. Je savais qu’ils n’auraient pas beaucoup de temps, alors je devais tenir la position pour leur laisser une chance, tu comprends ? Peryn ? Un écureuil descend prudemment d’un arbre, chaque petit muscle de son corps alerte. Il se fige en découvrant l’homme sur le banc en face de lui. Peryn ? J’suis là. Mais Helium, pourquoi tu m’as pas appelé ? J’aurais pu faire quelque chose, c’est super dangereux. Tu dormais. Et d’où tu dors jamais toi ? Mais c’est pas la question, je ne dormais pas, là ! L’écureuil doit penser qu’il est peut-être une statue finalement, et il s’empresse de plonger dans un tas de feuilles pour y chercher sans doute le fruit de sa dernière cueillette si savamment planquée.

Une grosse goutte de pluie s’écrase sur le bois vert du banc, suivie rapidement d’une deuxième. Deux enfants passent en courant devant lui, filant vivement vers le petit chemin de terre pierreuse menant à une des sorties du parc. L’épais tas de feuilles en dessous de l’arbre ne bouge plus. Le pauvre. La prochaine fois fais attention, hein. Ça vaaaa, je sais ce que je fais. Tu t’en es sorti comment du coup ? L’eau froide commence à lui couler sur le visage, mais il ne bouge pas. Pas encore. Il veut voir l’écureuil ressortir. Le contempler une derrière fois, admirer sa victoire ou rire de sa défaite déconfite. Rien à foutre de cette vieille qui lui lance un regard en biais en passant plus loin. Elle a pas besoin de comprendre.

L’eau s’infiltre doucement dans les mailles de son pull. Ptain, mais ça y est, il a fait sa crise cardiaque ou quoi ? J’l’ai loupé, il a trouvé une autre sortie ? Haaaan, si ça se trouve c’était pas un écureuil mais un zoomancien. Si ça se trouve, c’était la vieille dame ! Pupilles prennent le risque de s’éloigner de leur proie pour la chercher, voir si elle est toujours dans les parages. Nope. Une nouvelle silhouette se dirige par contre dans sa direction – étrange, ce chemin mène plus profond dans le parc. Froncement de sourcils. Son visage n’est pas très net à cette distance mais le balancement régulier de ses cheveux blonds au contretemps de sa silhouette élancée à quelque chose d’intriguant. Du mouvement quand t’es statique, ducon ? Peut-être ouais, simplement.

J’en ai marre. Quoi ? Tu m’écoutes jamais, Peryn ! Tu t’en fous de ma vie. Vers quoi marche-t-elle ? Quels sont ses espoirs ? Pourquoi aller à contresens ? Tu fais chier. Helium, je m’en fous pas mais… Tu as toujours autre chose à faire. Putain, mais elle se dirige beaucoup trop près de l’arbre, comme si elle a peur de passer juste devant lui. Il comprend, mais en dessous de l’arbre il y a… « Attendez ! » Pour la première fois, Peryn esquisse un geste, tendant une main en sa direction. « Pas près des feuilles, ya un écureuil normalement ! » Ça y est, il dégouline. Putain. « S’il vous plait ? » Peryyyyyn. On reparle plus tard Helium, d’accord ?
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11.11.2023



save me from my mind
TW : Anxiété


Le siège de ses émotions qui s'emballe.

Un, deux, trois.
Respire.


La danse reprend de plus belle. Son cœur était compressé, il voulait sortir, il manquait d’air. Il voulait hurler, ce maudit cœur. Maja ne parvenait pas à le faire taire, à le faire cesser de battre aussi fort contre sa poitrine. Elle cherchait vainement du regard Besky, qui devait être dans les alentours, pour venir apaiser son angoisse.

Un, deux, trois.
Respire.


L'épisode avec Cináed la veille avait été plus que chaotique. Elle n'était pas parvenue correctement à moduler son rêve et des bribes de cauchemars du jeune homme lui avaient éclatées en plein visage. Des cris et puis du sang.

Un, deux, trois.
Respire.


Maja se sentait dépérir, submergée par cette angoisse montante qui sonnait comme le glas, comme cette heure fatidique d'une fin proche.

Tu ne vas pas mourir, Maja.
C'est simplement ces tourments qui viennent grignoter ton coeur.
Tu laisses aux démons de Cináed trop de place, tu les accueilles comme de vieux amis.
Ses démons ne sont pas les tiens.


Las de n'avoir rien pu faire pour l'aider la veille, elle qui pourtant donne, sans jamais recevoir, elle qui pourtant donne, sans jamais demander. Assise dans l'herbe, elle sentit soudainement perler le long de sa joue une goutte, chaude mais pourtant glaciale à la fois. Etaient-ce ses propres larmes qui roulaient dangereusement le long de ses pommettes pour trouver réconfort au creux de son cou ?

Et tes larmes se mêlent à la pluie.
Une, deux, trois gouttes.


Les yeux emprunts à un brouillard qu'elle ne savait expliquer, la vue trouble et le coeur émietté, Maja se leva douloureusement, à la recherche de Besky comme réconfort. Il était là, il devait traîner quelque part. Où était-il… ?
Les paupières et les cernes parsemés d'un noir profond, Maja ne savait plus si c'était la pluie qui battait férocement ou ses propres larmes qui causaient la chute de son mascara. A mesure qu'elle s'enfonçait dans le parc, perdue et le coeur qui cognait férocement contre sa cage thoracique, Maja perdait la raison. Elle avait besoin de trouver Besky pour que ce cauchemar s'arrête, elle avait besoin de serrer ses longs poils roux contre elle et qu'il puisse être en mesure de la rassurer. Sans son appareil photo dans lequel elle trouvait habituellement refuge et brisée par l'angoisse, elle ne pouvait pas non plus faire apparaître sa pendule. Démunie, elle se hâta davantage au fond du parc, n'y voyant plus rien, n'y comprenant plus rien.
Au loin, une silouhette masculine qu'elle ne pouvait pas plus distinguer. Non, non, non. Elle ne voulait pas qu'on la trouve ainsi, elle avait besoin de Besky. Où est Besky ?

Ses yeux troublés par ce voile mélancolique, elle tenta de frôler l'arbre pour éviter tout contact social quand retentit une voix. Puis une main tendue. Maja, secouée par sa demande, attrapa sa main de justesse pour éviter le tas de feuilles, les yeux figés vers cet amas.
Une voix douce et cette main chaude.
Et son coeur ne cognait soudainement plus si fort.

« Un écureuil, vous dites ? Oh mon dieu, je ne voudrais surtout pas l'écraser ! » dit-elle en reniflant.

Maja entreprit de lever les yeux vers l'inconnu qui lui avait évité d'écraser un écureuil, sans quoi elle serait sûrement morte de tristesse, tant elle aimait les animaux.
Ses cheveux blonds plaqués par la pluie et son maquillage dégoulinant, elle fit face à ce jeune homme, qui paraissait tant soucieux de la vie de cet animal.

Etaient-ce les pleurs ou la pluie qui avaient déformé son visage de poupée autrefois apprêté ?
Maja espérait qu'il ne remarque pas son état.

Ses prunelles océan se glissèrent dans celles du jeune homme et dans un élan d'espoir, elle lança :

« Vous n'auriez pas vu une sorte de renard traîner dans les parages ? »



Crédits photo ; @Casey Horner, Unsplash
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Elle titube comme si elle menaçait de perdre pied, comme si la mise en garde risquait de la faire basculer sur le curieux nid que Peryn cherche à protéger. Sa main vient s’agripper à la sienne et il la retient simplement, doucement, presque au cas où – et l’équilibre se fait à nouveau, l’inconnue s’ancre dans la terre humide. Main se retire pour retomber le long de son corps tandis qu’il recule déjà d’un pas, un merci au coin des lèvres pour avoir fait attention. Le mot n’a pas le temps de sortir qu’elle prend la parole, d’une voix légèrement éraillée. Non, j’imagine bien que personne n’a envie d’écraser un écureuil ou de le blesser seulement.

Un instant s’écoule. La passante n’a pas encore repris son chemin, figée devant lui, le corps parcouru de légers tremblements. Ses pupilles la détaillent un instant – pas trop, pour ne pas l’effrayer ou la mettre simplement mal-à-l’aise. Son visage est trempé, l’eau emportant dans son sillon ce qui devait probablement être du maquillage – bien trop humide pour que ce soit déjà l’œuvre de la pluie. A moins qu’elle ne se soit endormie, le visage tourné vers le ciel. En Novembre ? A moins qu’elle n’aime s’étendre sous la pluie. Le regard s’accroche à ses pupilles à elle, les questions en suspens. Il y a une fébrilité certaine dans son bleu, une urgence. Une angoisse ?

« Je ne suis même pas sûr que l’écureuil soit encore là, si cela vous inquiète », qu’il parvient à marmonner. « Ou que ce soit vraiment un écureuil, d’ailleurs. » Le mystère reste entier. La tension sur son visage reste toujours perceptible, et il sent con d’avoir seulement essayé. C’était pas ça. « Vous n'auriez pas vu une sorte de renard traîner dans les parages ? » Les mots prennent quelques secondes à prendre du sens dans son cerveau engourdi. Il y a une nouvelle lueur dans son bleu, plus vif – fort et déterminé. Cela a l’air d’être important. « Un… une sorte de renard ? Oh. V… votre familier ? » Quelle étrange manière de le décrire si tel était le cas. Il ne dirait jamais qu’Helium est une sorte de phoque. Vous avez-vu un gros boudin aux poils courts et gris ? Ouais, sûrement plus ça.

Concentre-toi putain. Recule encore d’un pas et baisse les yeux comme pour se protéger de la pluie. Absurde, il ressemble plus à une éponge vivante à ce stade. « Noooon, je ne crois pas, désolé. Je… il ne répond pas à vos appels ? » Il y a un moment de flottement. Le voilà, planté à quelques pas d’elle, dégoulinant, bredouillant, hésitant. La passante a perdu son renard et est visiblement – très visiblement – très inquiète à ce sujet. Le minimum des choses serait de lui offrir un peu d’aide et d’assurance, un appui sur lequel pouvoir compter. Pour ces nombreuses mains tendues pour l’aider par le passé, il ne peut pas s’en aller simplement en inventant une excuse. La nuit tombe rapidement en cette saison en plus.

Main qui se passe sur le visage. « C’est pas grave. » Sa voix est douce, pas débordante de conviction mais calme. « S’il est dans le parc il a dû chercher un abri, c’est la chose logique à faire quand un déluge arrive. Le parc est très grand je crois mais il y a pas mal d’arbres par-là. » Il désigne l’endroit où le chemin commence à disparaître dans un tournant. « Un genre de forêt. De petite forêt. Pardon, j’suis pas très doué avec les mots… », finit-il dans un souffle. « On sera plus efficaces à deux, non ? » Sans vraiment attendre de réponse, Peryn commence à se diriger vers cette zone, tentant d’ignorer le très agaçant squik squik de ses chaussures pleines d’eau.

« Il ressemble à quoi, votre... ce renard ? Il est roux, grand, petit, élancé, gros, d’une autre couleur, d’une autre, euh, matière ? »
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11.11.2023



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TW : Anxiété, mention de la mort

Maja reprenait lentement sa respiration, presque apaisée par ce visage inconnu mais dans lequel elle y trouvait un certain réconfort. L'air surpris par la demande de Maja mais un visage réellement concerné. Cette main tendue qui reste, qui est là et les angoisses de Maja qui prennent tout doucement leur envol.

« Oui, mon familier, pardon, balbultia-t-elle encore confuse par l'épisode d'anxiété qui gonflait son coeur. C'est Besky, c'est… une sorte de renard, mais pas vraiment un renard, c'est un faurenard en fait, voilà. » reprit la poupée, presque sans respirer et ce petit rictus, très serré, qui se voulait amical mais qui en réalité était emprunt à une angoisse monstrueuse.

Maja observa les alentours, la pluie battant de plein fouets sur sa crinière blonde. Droite, gauche. Elle n'y voyait pas grand chose, ses yeux étaient sous un brouillard qui mêlaient ses larmes aux gouttes de pluie. Mais cette homme restait là, il n'était pas encore parti se réfugier malgré les torrents d'averses et Maja, du plus profond de son être, lui en était entièrement reconnaissante. A défaut d'avoir Besky auprès d'elle, avoir une interaction humaine était un bon échappatoire pour faire comprendre à son cerveau qu'elle n'allait pas en réalité mourir, puisqu'elle était en train de tenir une conversation.

Un, deux, trois.
Respire.


Ce qui la taraudait plus que tout dorénavant, c'était de retrouver Besky. Habituellement, elle pouvait sentir sa présence et le retrouver aisément.

Mais pas en cet instant Maja.
Ton coeur veut crier mais ton cerveau te l'interdit.
Tu es prête à imploser.
Cette histoire avec Cináed va te tuer.
Moralement.
Physiquement.
Tu es épuisée. Chaque. Semaine.


« Non, non il ne répond pas à mes appels et c'est… c'est surtout qu'habituellement j'arrive à sentir sa présence, je le sens près de moi et là… là non, je n'y arrive pas, je ne sais pas, lui expliqua-t-elle, le coeur au bord des lèvres et des trémolos dans la voix. C'est peut-être la pluie qui fait ça ou… ou bien ton angoisse engloutissante, mais ça tu ne lui dira pas.

« C’est pas grave. » Sa voix emprunte à une douceur et ce ton qui se veut rassurant, Maja soupire et cesse de scruter aux alentours pour lui faire face de nouveau. Elle plonge ses prunelles dans les siennes et se laisse bercer par ses paroles. Il va m'aider. Il va m'aider à retrouver Besky. Tout va bien aller. Elle n'avait pas remarqué tout de suite le bleu de ses yeux, ce bleu profond, presque hypnotisant.

Un sourire se détache de ses lèvres tendrement quand elle l'entend dire Pardon, j’suis pas très doué avec les mots…

« Merci beaucoup, merci beaucoup… C'est vrai qu'on ira plus vite à deux, je n'y vois rien sous cette pluie avec mes cheveux dans les yeux »

Il commence à se mouvoir et Maja le suit au pas, les pieds qui glissent sous l'herbe recouverte d'eau. Elle ne sent pas le froid malgré la brise glaciale qui les embaume, venue de paire avec cette pluie fracassante.

« Il ressemble à quoi, votre... ce renard ? Il est roux, grand, petit, élancé, gros, d’une autre couleur, d’une autre, euh, matière ? »

Maja rit. Maja rit de bon coeur de cette phrase innocente mais qui se veut consolante. Elle rit et cette mélodie fait taire un peu plus les démons qui cognent contre son coeur. Elle y met un verrou et son esprit divague vers une pensée tout autre : retrouver Besky.

« Il est aussi roux qu'une carotte mais avec cette pluie, il doit être un peu plus terne, il a la taille d'un… d'un berger allemand et pour la matière, je dirai… comme un nounours ? »

Elle essayait d'entrer dans son jeu parce que son coeur la remerciait un peu et ils entreprirent tous les deux de partir à la rechercher de Besky. Elle hurlait son nom à plein poumons et le jeune homme s'y attelait aussi. Les minutes passaient et Maja se décourageait, sentant l'angoisse venir de nouveau. Une angoisse au sentiment différent, qui se mêlait à la peur d'avoir perdu son familier. De ne plus le sentir près d'elle. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

« Il pleut des cordes. Allez-y, si vous voulez. Je vais continuer d'aller le chercher, mais je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas le sentir. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps, merci de m'avoir aidé, je… je vais continuer »

Maja lui faisait face et priait au fond d'elle pour qu'il refuse son invitation à partir et la laisser seule. Elle voulait tout sauf se retrouver seule, tenant simplement à se montrer courtoise. People-pleaser dans l'âme, elle détesterait retenir quelqu'un contre son gré.
Les sourcils de Maja se mirent à se froncer quand les yeux du jeune homme quittèrent ceux de Maja pour regarder derrière elle.


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TW Angoisse, tabac

Cela ressemble à un renard mais c’est pas vraiment tout à fait un renard puisque c’est un faux renard. Toute autre personne que lui aurait probablement plissé les yeux et cherché à en savoir plus mais ce constat convenait à Peryn. Après tout l’étrange appartenait à leur monde bien plus que celui des humains, et quelle que soit la forme de ce qui devait malgré tout être un animal – puisque son familier – son absence était assez inquiétante pour la passante. A raison, elle le serait probablement pour n’importe qui à sa place. Malgré tout, il devait garder la tête froide et mobiliser sa raison pour l’aider à faire face, et une certitude résonnait en coin de son esprit. Elle le saurait s’il lui était arrivé quelque chose de grave.

L’inconnue rit à sa question. Un rire doux mais humide, qui veut faire taire la tristesse et tuer la peur. Quelques instants, Peryn oscille entre embarras et satisfaction, entre peur d’être encore complètement à côté de ses pompes et avoir réussi à l’alléger d’un petit poids de l’autre. « Il est aussi roux qu'une carotte mais avec cette pluie, il doit être un peu plus terne, il a la taille d'un… d'un berger allemand et pour la matière, je dirai… comme un nounours ? » Un sourire prend naissance sur ses lèvres et il acquiesce, satisfait d’avoir assez d’informations pour chercher le familier vagabond. « Ok, comme un renard du coup j’imagine. » De l’humour cette fois, teintée d’autodérision.

La forêt – le tas d’arbres autour de l’allée cheminant au centre du parc – est belle dans sa robe automnale, même si les rayons du soleil ne percent pas ses feuilles, même si l’obscurité y est déjà plus dense. Besky le faux vrai renard, puisque c’est visiblement son nom, est soit effrayé soit décidé à jouer à cache-cache, un humour douteux qui ne le surprendrait pas vraiment au fond : pas mal de familiers ont un sale caractère dans leur monde. Il ne fait pas de commentaire à ce sujet et ne l’interroge pas non plus de peur d’être déplacé – cette fois non seulement à côté de ses pompes mais vraiment pas drôle de surcroit. Minutieusement, Peryn contourne chaque arbre, inspecte chaque bosquet à la recherche de teintes de pelage roux ou d’empruntes ressemblantes, mais les minutes défilent et le soleil décline peu à peu, et la peur se fait plus présente dans les cris de la passante. L’angoisse de perdre. De se perdre soi et de ne plus se retrouver. Besky, où es-tu Besky ?

L’absence commence à faire sens et une idée prend naissance. D’une nonchalance caractéristique, Peryn se dirige vers l’inconnue qui lui fait aussitôt face, encore plus décomposée peut-être qu’en dessous du premier arbre. « Je… » « Il pleut des cordes. Allez-y, si vous voulez. Je vais continuer d'aller le chercher, mais je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas le sentir. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps, merci de m'avoir aidé, je… je vais continuer » Son regard s’évade un instant, se perd dans le vide plutôt que sur la finesse de ses traits. Prendre de la distance. Donner sans prendre, parce que tu ne veux pas de ça. Bouche qui s’entrouvre pour répondre et reste bêtement en suspens tandis que le regard est attiré dans les ombres derrière elle. Elle se fige aussi, l’inconnue, peut-être par peur de se retourner si c’est pour ne pas le voir, son familier.

Il expire lentement. Son regard s’accroche à nouveau à elle, présent, même sous ce visage impassible, même derrière cette posture neutre. « Respirez lentement. Tout va bien se passer. Pensez à quelque chose de positif ou de réconfortant, un souvenir ou un lieu lumineux pour vous. Cette peur ne doit pas être un fardeau, la peur ne doit jamais l’être. Vous pouvez-vous en sortir, toujours, et cette force, vous l’avez. » Il lui est difficile d’articuler distinctement les derniers mots comme si ses lèvres étaient engourdies, mais il se force à les formuler distinctement même si son phrasé ralentit. « Ne pas se sentir capable. Ne pas se sentir à la hauteur. Je connais ça. J’ai peur aussi. Mais cette peur-là, celle qui vous paralyse, voudrait vous isoler pour avoir encore plus d’emprises, faire encore plus mal. Se refermer. Ne plus sentir vraiment. Ne plus comprendre. Respirez, parce que tout va bien se passer. Besky est là. » D’un geste du menton, Peryn désigne l’ombre derrière la passante.

Il se détourne et fouille, les mains tremblantes, dans ses poches trempée, pour en sortir une clope miraculée. Le briquet claque plusieurs fois avant de produire une flamme timide. Inhale, expire. Le réel ressert son étreinte, et avec lui le froid d’une vingtaine de minutes sous la pluie, l’eau froide contre chaque pore de peau. Tête rentrée dans les épaules, pleinement concentré sur sa cigarette, il ne regarde pas les retrouvailles. Vieux grognon, il en a sûrement l’air, mais c’est un moindre mal. Ça n’a pas d’emprise sur moi. Ce n’était pas mon angoisse. Tout va bien. Tout va bien se passer. Tourne plusieurs fois sur lui-même dans un effort pour reprendre le contrôle. Penser au froid, c’est bien ça. C’est joli en Novembre, mais quel mois de cons, hein ?
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11.11.2023



save me from my mind
TW : Anxiété

Des regards qui s'accrochent et plongent, plongent au plus profond pour aller faire taire les ténèbres intérieurs. Il est là, présent. Il a cette manière, dans son regard, sa posture, son torse qui se lève doucement au rythme de sa respiration et encore ce regard, si doux et qui fait plonger Maja au demeurant dans un tourbillon apaisant. Au délà de son aura qui exhalait une douce quiétude, enveloppant ainsi Maja d'un réconfort qu'elle ne crut pouvoir jamais trouver, il avait également les mots mélodieux qui, en quelques syllabes, savent mettre du baume sur les plaies.

Quand il lui dit de respirer lentement, son coeur cesse sa danse acharnée et son ventre ainsi que ses poumons se lèvent au plus haut. Quand il lui dit que tout va bien se passer, que cette peur ne doit pas être un fardeau, ses pensées vacillent et sa tête n'est soudainement plus autant compressée à l'intérieur. Enfin, quand il lui dit que cette force en elle est bien là, non pas cachée mais à l'aube d'une éclosion imminente, Maja se libère de cette enclume qui la tirait dans les bas-fonds d'une abysse beaucoup trop ténébreuse.

Et puis le feu d'artifices.
Besky est là.
Son menton se lève et désigne là-bas, tout au fond, derrière Maja.

Les secondes n'existent plus et le temps ne devient plus qu'un concept abstrait. Tout se bouscule dans sa tête et elle se meut si lentement qu'elle crut bien n'y jamais parvenir. Ses cheveux volent au gré de ses mouvements, propulsant en éclats quelques gouttes fraîches d'une pluie bien trop féroce qui avait ravagé l'entièreté de sa crinière dorée. Son visage se fige et puis ses pleurs se mêlent aux perles d'eau quand enfin ses jambes répondent. Maja court, manquant de glisser en arrière sur la terre embellie par les cascades célestes qui jaillissaient du ciel auparavant.
Ses genoux s'écrasent sur le sol, envoyant valser quelques copeaux de ce mélange terre et ciel qui jonche le sol, cette boue qui tâche tous les vêtements de notre poupée. Mais Maja s'en fiche, ses mains agrippent Besky et ce dernier, empli d'une joie qui se distingue, se met à lui sauter au cou également. La douce glisse sur le sol et dans un souffle se met enfin à dire :

« Besky. Besky, tu es là ! »
« Tu étais passée où Maja ? Je ne te trouvais pas ! Je suis revenu mille fois où tu étais et puis je te sentais mais quelque chose m'empêchait de te retrouver exactement… »
« C'est pas grave, bon sang que j'ai eu peur ! »

Ce quelque chose qui empêchait son familier, c'était le gouffre abyssal d'une angoisse engloutissant tout sur son passage. Ce trou-noir grandeur nature qui avait lieu en Maja. Bien sûr, une partie d'elle le savait mais elle préférait, sans aucun doute, chasser vivement de son esprit embrumé ces pensées néfastes. Tout était terminé, Besky était là.
Besky se calme, Maja se met sur les genoux, les mains dans la terre pour se relever doucement.

« J'ai senti Maja. J'ai senti ce que tu vivais. »

Maja lève les yeux vers Besky et ses prunelles s'embrasent d'une lueur éthérée. Feignant un sourire que Besky ne pouvait que trop bien comprendre, Maja parvint à se relever fébrilement.

« Tout va bien, je te promets. Viens, il y avait quelqu'un avec moi. »

Le Faurenard et sa sorcière se mettent en marche vers cet homme qui venait, pour sûr, de rendre cette journée toute autre. Elle fait quelques pas vers lui et le constate pensif, de dos, cette cigarette au bout des lèvres qu'il consume nerveusement. Elle ne réalise pas encore son état, c'est-à-dire complètement couverte de boue.

« Merci mille fois pour votre aide. Besky vous en est aussi reconnaissant, il ne le dit pas mais je pense qu'il s'est aussi mit à paniquer. »
« Mais c'est faux, j'aurais bien fini par te retrouver, avec ta tête toute blonde et tes grandes jambes t'es visible à des kilomètres ! »
« C'étaient des longs kilomètres alors parce que t'en as mis du temps ».

Elle sourit à cet inconnu qui, lui semble-t'elle, n'en est pas un. Il y a en lui quelque chose de familier qui émet une lumière éclatante et qui résonne en Maja comme un miroir, ce miroir d'angoisses qui mêle pourtant douceur et tendresse.

« Maja. Je m'appelle Maja. »

De nouveau un sourire de ces lèvres qui ne savent dire que merci mais d'un coeur qui en pense tellement plus.
C'est alors que la pluie ne frappe plus, que la nature cesse le bruit et que la tempête s'éteint, dehors et dedans. Les cheveux de Maja gouttent lentement pour évacuer les résidus de cette eau tumultueuse.  L'angoisse étant désormais évanouie, la poupée se met à frissonner et réalise que son corps est en réalité gelé. Ses yeux se faufilent vers ses mains qui désormais ont adoptées une couleur violacée et elle réalise alors que ses bottines noires sont désormais brunes, que son pantalon gris n'en est plus vraiment un ou sinon une serpillère et qu'il en va de même pour son long manteau.

« Olala, je suis dans un état, se met-elle à rire. Je suis désolée, d'abord je vous fais chercher Besky sous une pluie torrentielle et ensuite je me présente à vous couverte de boue… »

Et puis Maja, dans un élan d'une bonté qui ne la caractérise que trop bien, se dit qu'elle pourrait lui proposer de venir se réchauffer chez elle, sans aucun sous-entendu mais surtout pour lui rendre la pareille. Proposition qu'elle n'aurait jamais faite en temps normal mais un instinct au fond d'elle, profondément, lui intime d'accorder sa confiance à l'inconnu.

« Je vois que vous êtes trempé aussi, il fait un froid glacial. J'habite pas très loin d'ici à Old Town, est-ce que vous voulez venir vous y réfugier pour sécher ? Promis, je ne vous demande plus rien si ce n'est vous offrir un café ! »

Crédits photo ; @Casey Horner, Unsplash
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TW Anxiété, tabagisme

Je ne veux pas retourner là-bas. Je ne veux pas revoir ces rivages. Je ne veux pas de ces souvenirs qui se confondent et qui en ravivent d’autres, et le cœur qui s’emballe, le palpitant lourd dans la poitrine, le poison qui paralyse les muscles. Je ne veux pas de ces mots et ces regards. Ce n’est plus vrai. Je suis plus que cela.

Il se concentre sur les volutes de fumée qui s’échappent dans l’air frais, ce temps de vie qu’il offre au monde parce qu’il ne sait pas faire autrement. Cramer une clope plutôt que se cramer soi, c’est déjà un début. Son regard déambule sans accrocher pour se saisir de l’ensemble : l’herbe humide à ses pieds, la cime sombre des arbres, l’écorce verdie de mousse pâle. L’eau froide imprégnée à sa peau, le courant d’air qui passe. Les lueurs mécaniques de la ville qui s’installent autour du parc, l’orange assourdissant des lampadaires en bordure, les néons des enseignes au loin, les phares des voitures qui percent les fourrés un instant.

« Maja. Je m'appelle Maja. »  

Maja, en face de lui. La passante rassurée qui entière se retrouve, son familier derrière elle. Maja, c’est facile comme prénom, cela se retient bien, court et efficace. Il a toujours eu du mal avec les noms à rallonge. Elle lui sourit et ses pupilles roulent sur ses lèvres courbes, rebondissent pour s’accrocher à son regard. Il fronce légèrement les sourcils, réalisant qu’il ne l’a pas vue venir à lui après qu’il se soit détourné, et la tonalité de sa voix vibre comme un bruit qui l’enveloppait un peu plus tôt, peut-être. Pourvu qu’elle n’ait pas posé de questions…

« Peryn. Enchanté. »

Il n’en a sûrement pas l’air, avec son visage béat de grand paumé qui débarque, ses yeux ouverts qui voient sans capter vraiment, les cheveux à demi-plaqués devant les yeux, la voix hésitante, les joues rougies par l’embarras plus que par le froid. C’est dommage, parce que le fond du mot est porté avec honnêteté. Il est bon de te rencontrer, Maja la passante, et j’en suis heureux malgré les circonstances. Ce serait étrange à dire, et il est pas doué pour montrer de toutes façons, alors il ravive sa clope mourante pour faire quelque chose et sembler occupé, même un instant. Pourvu qu’elle n’ait pas posé de questions.

Elle s’excuse pour la recherche de Besky sous ces conditions – ce qui le fait hausser les épaules et étirer un semblant de sourire – et pour sa présentation couverte de boue – mouvement qui mue en un hochement de tête, de gauche à droite, les yeux baissés. Elle ne s’est pas présentée à lui couverte de boue, il le sait bien : leur rencontre ne commence pas tout juste, et le bruissement humide des feuilles mortes qui tourbillonnent attache sa mémoire, pas le froid ni la boue. « J’suis en aussi mauvais état que vous mais ça me va bien comme introduction. Pas un grand fan du propre et de l’ordre… J’veux dire… M’enfin, j’ai rien contre le propre, mais je préfère le spontané au contrôlé. » Bredouiller, déjà. Ses parents auraient dû lui donner le Verbe plutôt que ce prénom.

« Je vois que vous êtes trempé aussi, il fait un froid glacial. J'habite pas très loin d'ici à Old Town, est-ce que vous voulez venir vous y réfugier pour sécher ? Promis, je ne vous demande plus rien si ce n'est vous offrir un café ! »

Flottement. Il la dévisage, cherche dans son regard une réponse à ses incertitudes face à une proposition inhabituelle. Main qui tâtonne ses trop grandes poches pour son briquet qu’il porte une fois encore à hauteur de ses lèvres pour raviver sa clope, se rend compte qu’elle est finie. Merde. Il est gelé, et se poser au chaud quelques minutes est de toutes manières impératif. Il ne veut pas s’imposer, et ça n’était sûrement que pure politesse. Elle a parlé de café. Il peut payer pour un café. Elle est jolie, quand même, cette passante. Il n’a pas envie de s’enfoncer dans la maladresse, encore moins dans un espace qui n’a rien du sien. Ils peuvent aller dans un café, c’est bien ça, non ? Elle n’a peut-être pas envie de se présenter comme ça dans un café, elle veut peut-être simplement retrouver son cocon. Le briquet claque et une flamme surgit, qu’il coupe aussitôt. Putain ouais, il faut répondre.

« Euh… » Dis non. « Oui ? Enfin, d’accord, oui, je veux bien. » Ses mains glacées s’enfoncent à nouveau dans ses poches. « Mais… » Oh putain. « J’ai deux conditions. La première, c’est que dès que je dérange, de quelque manière que ce soit, vous me mettiez à la porte – ou me le disiez au moins pour que je puisse m’y mettre tout seul. La seconde c’est qu’on arrête de se vouvoyer, parce que j’ai jamais bu de café avec quelqu’un que je vouvoie et qui me vouvoie et que je ne sais pas comment je peux le vivre. » T’es con putain. Il fait un tour sur lui-même, comme pour évacuer les relents de gêne.

« Je vous suis, capitaine Maja. » Un second tour. « Je… te suis, Maja. »
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one day more
11.11.2023



save me from my mind
TW : Anxiété

Il gigote, Peryn, n'a pas l'air très emballé par la demande de la poupée, du moins c'est ce qu'elle croit. Est-ce que j'ai dit quelque chose de mal ? Est-ce que c'est bizarre ? C'est sûr qu'il me trouve bizarre maintenant. Je suis trop bête. Vite, dis quelque chose, dis lui qu'en fait t'as un truc de prévu. Elle se sent soudainement idiote et gênée d'avoir pu faire une telle demande. Inviter un inconnu chez elle pour se débarbouiller, qui fait ça ? Elle se surprend elle-même d'avoir pu oser, elle dont la timidité est si caractéristique qu'elle peine parfois à appeler un plombier pour un souci de tuyau qui fuit.

Contre toute attente, il accepte, sous deux conditions. La première la surprend -jamais elle n'oserait lui dire qu'il dérange, même si ça pourrait être le cas. La bienséance, son côté people-pleaser, oh non, elle ne se verrait pas émettre de tels propos. La seconde la fait sourire de toutes ses dents.

« C'est vrai que c'est plus bizarre de vouvoyer quelqu'un chez qui on prend le café que d'inviter un inconnu chez soi pour se débarbouiller, dit-elle la moue espiègle, emplie d'humour. Promis je mords pas. Besky, je promets rien. » Ça sonne si faux, venant de la poupée et de son familier qui ressemble plutôt un gros chien aimable qu'à un canidé féroce, surtout avec ses poils mouillés et son allure de gros rat tout frêle.

L'hydromancien et l'onirmancienne se mettent alors en marche en direction d'Old Town, la pluie ne bat plus son plein mais les bottes de Maja continuent pourtant de couiner, couic, couic. Passés le parc, le bitume se veut plus rassurant, moins dégoulinant. Besky les suit de près et Maja persiste à se questionner : a-t-elle bien fait d'inviter un inconnu ? Elle remarque aussi qu'il enchaîne les cigarettes, laissant leur feu remplir ses poumons, peut-être de façon à apaiser ses angoisses, ses tourments. Maja le regarde et puis, dans un élan pour briser la glace qui commençait à geler entre eux, elle décide d'en découvrir davantage sur lui.

« Bien étrange comme première rencontre, tu trouves pas ? Tu trouves une blondinette paniquée dans un parc parce qu'elle cherche son faurenard, il pleut des cordes, elle finit trempée de boue et ensuite elle t'invite chez elle. Si j'étais toi, j'aurais pris mes jambes à mon cou ! »

Elle sourit de bon coeur, toujours de cette lumière chaleureuse qui émane de son être.

« J'entends ton petit accent, tu viens d'où exactement ? Ça fait longtemps que t'es à Edimbourg ?  puis elle se dit qu'elle est trop intrusive, qu'il va la trouver embêtante. Excuse-moi, des fois je parle un peu trop, toi aussi hésite pas à me dire si je dérange… » Encore un petit sourire.

Crédits photo ; @Casey Horner, Unsplash
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Pupilles légères détaillent l’allure du familier à l’allure si incertaine jusqu’alors sans qu’il ne sache trop que faire des mots lâchés par sa sorcière quand ils tâchaient de le retrouver. Besky est trempé lui aussi, pelage plaqué au corps – si bien qu’il serait difficile de le qualifier ou non de renard. Il a sûrement mal compris ce qu’elle lui disait, et finalement cela importe peu. Besky est là, sain et sauf – sourire qui s’esquisse à la non promesse sur l’attitude de ce dernier. « Enchanté, Besky » comme murmure discret, excuse muette de ne pas l’avoir salué plus tôt.

Leur silence se fond dans les bruits de la ville. Etrange comme on se sent bien quand on n’existe pas vraiment, spectateur de la vie perpétuelle contemplant humblement ces mystères qu’on ne lèvera jamais. La conversation hachée d’un couple à vélo, ponctuée d’un rire cristallin alors que les silhouettes disparaissent dans un tournant. Le va-et-vient soudainement plus rapide de la queue de Besky et sa tête qui se relève brusquement pour scruter avant de reprendre son chemin, l’air de rien. La flaque d’eau qui enveloppe les pavés pour les parer des reflets verts et jaunes d’une enseigne. Le regard en coin de Maja qui se ravise aussitôt qu’il s’en saisit – et lui qui fait instinctivement de même dans un grattement de gorge.

La question qu’elle pose alors le prend au dépourvu et il ralentit un peu le pas, les yeux dans un demi-vague. C’est un de ces moments où il regrette de ne pas avoir Helium à ses côtés, qui s’empresserait de lui traduire ce qu’il ne comprend pas, les raisons probables d’un phrasé ou qui l’engueulerait simplement pour ses mots qui restent suspendus sans jamais trouver leur chemin. Maja sourit et cela le rassure d’une certaine manière, parce que c’est doux et pas amer, pas un de ces sourires trop tendus qui accompagnent un regard froid. Une seconde question déferle – plus simple, plus claire – suivie aussitôt par une excuse. Peur d’être de trop. Il secoue doucement la tête.

« Non, tu… C’est moi qui ne parle pas, pardon. Tu euh… tu fais bien de demander en fait parce que j’sais jamais trop quoi… je suis pas bon pour les introductions. J’suis pas très bon avec les gens en général. » Un sourire maladroit et une inspiration profonde alors que son pas s’allonge pour reprendre leur allure normale dans l’étrange symphonie des couinements implorants des chaussures maltraitées. « Je suis des Etats-Unis, du Texas plus exactement. De… Austin, qui est une ville du coup, au Texas. » Hochement de tête. Il se maudit. C’est quand même pas si compliqué de faire une phrase normale. « Mais j’ai pas mal bougé en fait. J’avais besoin de faire mes preuves ailleurs et le cadre de mon adolescence m’étouffait. J’ai travaillé en France pendant plusieurs années, chez les humains, et à Rotterdam sorcier avant d’arriver ici. Et ça fait pas très longtemps que j’ai débarqué, genre quelques semaines. Encore un peu de mal avec l’accent local. No offence. »

De son expérience, il n’est jamais de bon ton de narguer les écossais sur leur accent. Il le trouve charmant pourtant, à leur manière de donner à chaque mot une sonorité différente, presque exotique. « Je… » Sa main se passe dans ses cheveux, mèches qui s’emmêlent entre ses doigts avant de retomber sur son front, humides. Il ralentit une nouvelle fois. « Je t’ai dit que j’étais pas doué, hein ? Des fois je… Des fois je ne suis pas ce que les gens attendent. Je sais, d’expérience, qu’à ce moment il est de bon ton que je te retourne la question et que d’autres viendront une fois l’étape passée, mais… » Il s’arrête. « Des fois je percute lentement aussi. J’ai pas pris mes jambes à mon cou parce que la boue ça ne me fait pas peur et parce que j’étais curieux – je suis curieux, d’apprendre à te connaître, sincèrement. Parce que le voyage c’est accepter les imprévus et ne pas dire non pour ne pas se fermer, parce qu’on s’apprend surtout par les autres aussi. Mais regarde-moi, Maja. J’suis plein de boue aussi. Je bredouille une phrase sur deux, je m’égare et tu ne me connais pas non plus. »

Parfois, les mots se délient dans ce genre d’élan spontané. Souvent, Peryn regrette cette éloquence qui outrepasse la raison. Il inspire lentement, planté devant elle. Il est allé un peu loin pour se rattraper d’une pirouette maladroite et doit maintenant assumer ce qu’il cherche à dire du fond de ses pupilles. Sa voix tremble un peu mais il ne se défile pas. « Pourquoi tu m’as invité chez toi, Maja ? Est-ce que c’était, j’sais pas, de la politesse de pure forme à laquelle je ne devais pas répondre ? Parce que si c'est le cas j'ai pas compris sur le moment, et pardon, mais tu ne me dois rien.»
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