Identité - Maja Rosendahl, un petit bout de femme avec des bleus au coeur. Maja tient le nom Rosendahl de son père d’origine danoise, qui en réalité ne lui est en aucun cas apparenté. Fruit d’une union interdite, Maja a vu le jour en étant le pêché de sa mère. Elle porte en elle ce secret qu’elle a découvert malgré elle et vit ce tourment chaque jour un peu plus fort.
Naissance - Petite poupée de cristal d’1m76, Maja a ouvert ses petites prunelles couleur océan le 04/03/1994. C’est à Copenhague que Maja pointera le bout de son nez sous le signe du poisson (et d’ailleurs assez ironiquement, puisque son réel géniteur est hydromancien). Maja est donc tout naturellement une hypersensible qui ressent tout et beaucoup trop fort pour son petit coeur. A peine 29 ans et Maja a déjà perdu beaucoup de pétales.
Nationalité & Origines - Fille d’Ulla et Soren Rosendhal, est Danoise par ses parents. Née au Danemark, ce n’est qu’à l’âge de cinq ans qu’elle s’envolera pour l’Ecosse, sous prétexte d’une opportunité professionnelle pour Ulla et une volonté d’offrir à leur fille la possibilité de s’épanouir pleinement en tant qu’oniromancienne. En réalité, ce que ce déménagement cachait, c’était plutôt les tares d’Ulla et sa farouche volonté de vouloir enterrer au plus profond de la terre sa faute ultime en fuyant tout ce qui serait susceptible de la trahir, en fuyant le Danemark.
Magie & palier - Maja est née oniromancienne (pour le plus grand bonheur de sa famille puriste), magie qui l’effraie. Enfant, elle multipliait les cauchemars et les angoisses lui montaient à la gorge et lui comprimaient le siège de ses émotions. Avec l’âge et l’expérience, elle a appris à composer avec qui elle était et à maîtriser ses pouvoirs. Dorénavant de pallier deux, la douce à la crinière dorée maîtrise plus que bien l’influence onirique, puisqu’elle l’utilise quotidiennement.
Familier - Avec ses allures de poupée fragile, Maja s’est vu recevoir à sa naissance par les esprits de la nature et de ses ancêtres un Faurenard, le compagnon idéal pour la protéger. Issu traditionnellement d’expériences oniromanciennes, les phéromones du Faurenard peuvent provoquer des hallucinations. Son allure sauvage en fait le garde du corps idéal pour Maja qui parfois laisse la tristesse déborder trop vite de ses yeux. Besky, de « Beskytter » en danois qui signifie Protecteur, est en réalité le plus adorable des compagnons avec Maja et ce malgré son apparence de canidé redoutable. Il partage sa joie, ses peines, ses larmes coulent quand le coeur de Maja saigne. En revanche, lorsque le rire de Maja s’éteint, quand ses ténèbres intérieurs grondent ou quand il sent la poupée de cristal en danger, son instinct animal ressort et il protège Maja tel un chien enragé.
Tuer le temps - En un clic et l’instant est figé. Aucune chimère. Aucun superflu. Le moment est capturé à l’état pur, brut. Clic. Maja capture chaque bribe de la vie, de la nature, de ce qui l’entoure et l’émerveille. Le sourire au coin des lèvres de la boulangère. Les ridules sur le front du vieillard assis sur le même banc tous les dimanches. Le paon qui virevolte au gré du vent. Le geai moqueur perché sur un arbre. Photographe et jamais sans son appareil, elle se réfugie dans cet art et en a fait son gagne-pain. Un art ou un métier, c’est plutôt son exutoire, sa façon à elle de s’ancrer dans sa propre réalité. Non, ce n’est pas un cauchemar. Tu l’as photographié. Tu es bien dans la réalité, tu es là, ici, maintenant Maja.
Philtre d'amour - En son for intérieur et malgré la mélancolie qui mordille son âme, Maja demeure une éternelle romantique qui espère trouver un jour le grand amour. Pour le moment, elle s’est laissée piétiner par des hommes qui ont profité de sa naïveté maladive. Maja dit oui. Maja acquiesce. Maja offre son oui comme on offre des fleurs : toujours avec le sourire. Malgré ses expériences amoureuses désastreuses qui ont toujours été très brèves, la poupée persiste à imaginer qu’un amour fabuleux viendra la sauver de sa détresse et saura, par un doux baiser, lever le voile ensanglanté qui la recouvre et l’étreindre si fort que toute sa peine s’envolera vers les portes de l’obscurité sans que jamais elle n’ait à y faire face de nouveau. En réalité, ce que Maja ne sait pas, c’est qu’elle est la seule détentrice de ce pouvoir. Elle est sa propre héroïne, le personnage principal de l’histoire de sa vie et elle seule, oui elle seule détient le pouvoir de se sauver. Il faut juste qu’on l’aide à trouver les clés de cette porte si bien scellée qui lui offrira sa liberté.
L'enfer c'est les autres - Sa famille puriste est bien entendue isolationniste. Maja l’est donc également, il est important de préserver le secret magique à tout prix pour la conservation de notre espèce. En réalité, c’est faux Maja. Tu es expansionniste parce que ça te ferait tellement plaisir de découvrir le visage décomposé et apeuré de ta mère à l’entente d’une potentielle nouvelle annonçant que le secret magique a été dévoilé… mais la bienséance que tu t’imposes t’empêches de dire tout ça.
Histoire
1994.
C’était une nuit où le ciel était parsemé d’une légère poussière blanche et où le froid engloutissait chaque souffle. L’atmosphère était imprégnée par des hurlements et de la souffrance qui suintait sur les murs. Dans la pénombre, on y décelait à peine les visages glacés par ces cris assourdissants. Dans ce funeste tableau vint enfin le silence. Le silence… Les coeurs cessèrent de battre l’espace d’un instant et les souffles se coupèrent.
Un soupir. Puis les pleurs.
Maja venait de pousser son premier cri.
« Tu penses qu’elle a hérité de toi… ? »
« Il le faut. »Maja, une minute zéro trois sur terre et déjà cette exigence si lourde sur ses petites épaules de nourrisson de devoir être qui il faut.
Maja, ce n’est pas toi. C’est elle.
Ton petit coeur déjà meurtris et maintenant à ton grand âge, cette lueur interdite qui brûle dans tes prunelles pour devenir celle que tu veux être et non celle que l’on veut que tu sois. 1994 fut une année particulièrement redoutée et redoutable pour Ulla Rosendahl. A l’aube de ses trente deux ans, Ulla gardait en elle un lourd secret qui n’allait pas tarder à devoir être exposé au grand jour. Un funeste dessein l’attendait potentiellement et pourtant, la tête haute, la mâchoire serrée, Ulla s’aventurait à mettre au monde cet enfant né d’une union qui n’aurait jamais dû être.
La famille Rosendahl, prestigieuse famille de sorcier.ère.s, était reconnue pour sa particularité : au cours des dernières décennies, elle n’avait engendré que des sorcier.ère.s maîtrisant l’Oniromancie. Un pacte, jamais rédigé mais toujours explicite, avait été établit de ne jamais s’unir avec d’autres covens afin de conserver ce prestige familial, sous peine d’être radié.e, rejeté.e, renié.e entièrement de la famille. Ulla savait ce qu’elle encourait. Ce secret la suivait comme une ombre silencieuse au fil de sa grossesse, il était cette épée de Damoclès qui flottait au dessus de sa tête. Pourtant, la sorcière n’a jamais rien avoué de cet interdit brisé. Elle attendait patiemment la venue de cet être. Maja devait être une oniromancienne. Cela ne pouvait pas être autrement, elle devait hériter de sa mère.
Maja, le vestige d’un amour qui ne devait être, d’une union pêchée, le vestige d’une erreur regrettable et regrettée par sa très chère mère. Maja, le reflet brisé de ce qui n’aurait pas dû être.
Tu m’étonnes que tu aies le coeur au bord des lèvres à chaque minute qui passe.Les premiers cris de Maja s’accompagnèrent de cet aura qui émana autour d’elle. Une aura violette, comme une légère brume, dansait autour de ce tout petit être.
Sous les étoiles sombres et dans l’étreinte de la nuit, Ulla pleura silencieusement.
Maja était oniromancienne.
***
Maja et ton visage de poupée.
Tu offres ton oui comme on offre des fleurs.
Toujours avec le sourire.
Maja, comment fais-tu avec ces bleus sur le coeur ?
Maja, crie. Hurle ta peine. Crache cette amertume, cette rancoeur qui ronge chaque cellule de ton corps.
Maja pourquoi tu ne dis rien ?
Maja, dis quelque chose.
Non, ne te renferme pas comme une rose fanée.
Maja, ouvre-toi.***
« Maman, je te promets que je vais m’endormir. Je te promets de ne pas hurler cette nuit. S’il-te-plaît maman… pas encore… je vais y arriver toute seule ! »Cette voix, qu’elle ne connaissait que trop bien et puis le Murmure des Songes. Ses paupières se faisaient lourdes et Maja tombait dans le monde des Rêves, comme chaque nuit, forcée.
Maja était une enfant dont l’anxiété débordait de ses lèvres à chaque mot et qui était envahie par les cauchemars. La seule façon trouvée par sa mère et sa grand-mère d’apaiser cette poupée, c’était au travers du Murmure des Songes. La voix de sa grand-mère et cette même rengaine. Maja n’était jamais libre d’elle-même. Ses cris incessants la nuit perturbaient grandement Ulla qui ne pouvait se résoudre à l’entendre gémir autant. Pas par empathie, non, jamais, mais par dégoût.
Maja était le reflet de sa plus grande erreur et elle vivait, là, devant elle et n’avait de cesse, par le simple biais de son existence, de lui rappeler quelle erreur elle avait commis et quel fardeau elle allait devoir porter toute sa vie.
***
« Je ne peux plus… je suis fatiguée, ça me fatigue ce type d’exercices tu sais. »
« Maja, juste ce soir s’il-te-plaît. J’ai les pensées en vrac. S’il-te-plaît. »Sans un mot, Maja esquissa un léger sourire et fit signe à Cináed de s’installer sur le lit. Cináed, « né du feu » en gaélique. Cet ami pyromancien qui, toutes les semaines, venait auprès de la poupée de cristal pour solliciter ses pouvoirs. Âme torturée, il vivait constamment cette peur écarlate d’être rattrapé par ses afflictions.
Sans pouvoir dire non à Cináed qu’elle estimait beaucoup, Maja lui demanda de fermer les yeux et posa sa paume toute frêle sur son torse pour entendre les battements de son coeur. Cela l’aidait à se concentrer pour se faufiler dans les recoins de son esprit afin d’y manipuler, telle une marionnettiste, l’intégralité de ses rêves. Cináed avait vécu le drame de la mort de sa mère, assassinée par son propre père et sous ses yeux d’enfant. Alors Maja écoutait. Maja l’aidait. Maja s’épuisait à placer, l’espace d’une nuit, des rêves montés de toute pièce pour faire taire les cris de sa défunte mère qui résonnaient dans ses cauchemars.
Ils n’avaient que quinze ans.
A vingt-neuf ans, Maja panse encore ses plaies suintantes.
Il te fait sortir de ton confort. Il te fait rire. Il te fait découvrir le monde.
Cet ami de longue date envers lequel tu as toujours, en secret, ressenti quelque chose. Mais c’est une âme abîmée. Ses douleurs ne lui permettent pas de te voir comme tu es.
Et derrière tout ce qu’il a de joyeux quand vous êtes ensemble, il est hanté par un traumatisme indicible. Tu ne sais pas si tu arriveras un jour à le sauver, alors tu essaies de le réparer. Tu lui mets des pansements sur ses bobos, sur ses cicatrices béantes.
Et plus tu le répares, plus lui il t’abîme. Sans s’en rendre compte, il décharge sa peine sur toi et telle une éponge à émotions, tu absorbes sa bête noire.
Et bientôt sa bête noire cherchera à t’engloutir toi.***
Envoûtée par la mélodie qui retentissait dans ses oreilles, Maja ne se rendit pas compte de l’homme avec qui elle venait de rentrer en collision en pleine rue. Gênée, elle était prête à se confondre en excuses, quand elle sentit son corps être propulsé vers l’arrière. D’une force herculéenne, cet homme venait de la pousser avec une violence inouïe. Prise d’une rage infinie, la douce à la crinière dorée se mit à crier de tout son soûl, à hurler à plein poumons contre cet homme pour défendre son honneur. Se rebeller. Lancer un regard assassin. Imaginer sa mère en face. Puis crier de nouveau. Que c’était bon. Que c’était cathartique.
Ses doigts se mirent à la brûler. Elle baissa les yeux et son corps était en train de prendre feu, un feu qu’elle savait pour autant maîtriser. Dans cet excès de fureur, elle voulu lancer ce feu sur cet homme qui avait déclenché sa foudre. Puis tout disparu autour d’elle. Ses prunelles de dirigèrent vers ses doigts. Elle savait.
Elle rêvait.
Maja en était bien incapable de tout ça et c’était bien là son problème.
« Si seulement j’avais pu être quelqu’un d’autre »
Maja est une bombe à retardement.