Elizabeth Roseline - Enfant survivant, jeune femme perdue

Mes cousins vous diraient sûrement que je suis tête en l'air, toujours à perdre mes affaires simplement parce que si je ne vois pas un objet, il n'existe plus -Les problèmes de permanence des objets, merci le TDAH - de la même manière je dois mettre des alarmes pour me rappeler tout, la prise de ma pillule, mes rendez-vous qu'ils soient médicaux ou familiaux, à part ça je suis quelqu'un de très actif, que ce soit dans mon travail de gardienne ou dans le besoin de rendre tout le monde heureux. Par contre je ne fais pas confiance facilement, j'ai tendance à être distante de base et devient petit à petit très amicale si je me sens en sécurité. Je suis souvent la nana à qui l'on aime se confier et où l'on sait que ça ne sortira jamais de ma bouche. Par contre si tu me demandes mon avis sincère sur une situation, ne viens pas pleurer si je te dis que tu as merdé. Je dis tout ce que je pense comme je le pense.

"What's your name? What's your name?"

La personne qui me demandait mon nom avec un fort accent thaï était un secouriste, cela faisait au moins deux jours que j'étais dans ces eaux, emportée par la force des eaux du Tsunami de Banda Aceh. Les vacances de rêve avaient tourné à l'enfer.

"My name is Elizabeth Ciara Roseline" avais-je répondu épuisée par mes efforts pour garder la tête hors de l'eau.  .

"How old are you?"

c'était vraiment important sérieux je crevais de mal on pouvait pas voir cela plus tard non?

" 15 years old, We're from Edinburgh"

L'homme me mit sur le bateau mais avec la douleur et l'épuisement je m'évanouis et me réveillais plusieurs heures plus tard allongée sur un lit de fortune.

"Elizabeth ?"

Qui était-ce ? probablement une infirmière de cet hôpital bien trop rempli pour sa capacité d'accueil

"Yeah?"

Elle me demanda comment je me sentais, et j'éclatais en sanglots. La douleur était supportable mais j'étais séparée de ma famille et j'étais terrifiée. L'on me demanda de décrire physiquement ma famille, s'ils avaient des signes distinctifs (tatouages, tâche de naissance, Cicatrices...) Je donnais leurs noms et leurs descriptions le plus précisément possible. L'on me dit ensuite que j'avais un bras cassé et deux plaies à la tête ayant nécessité des points de sutures. Je m'en sortais bien, j'avais fait une hypothermie mais j'allais vivre.

Deux jours passèrent et ma vie s'écroula. Ils avaient retrouvé les corps de mon père et de ma mère j'avais hurlé et même frappé les policiers qui m'avaient annoncé cette nouvelle qui détruisit complètement ma vie. Ils ne m'en tinrent pas rigueur, c'était une réaction de désespoir.

Ma sœur Jessica ne fut jamais retrouvée jusqu'à récemment mais j'y reviendrai...

Vint rapidement mon rapatriement à Édimbourg, il fallut que je reprenne les cours et que je retournais à l'internat heureusement mes cousins et cousines qui étaient aujourd'hui devenu ma nouvelle famille y étaient aussi. J'aurais voulu rentrer chez mon oncle et ma tante mais l'internat étant obligatoire je me résignais à y retourner. Je fus rapidement changée de chambre car ma camarade de chambre ne supportait plus mes cauchemars et mes réveils en hurlant, je fus transférée avec ma cousine qui supporta mes angoisses et mes cauchemars jusqu'à nos 18 ans.

S'ils n'ont jamais retrouvé le corps de ma sœur j'ai souvent cherché à entrer en contact avec son fantôme depuis mon entrée chez les vagabonds. Il me fallut du temps avant de trouver la technique pour entrer en contact avec les morts. C'est grâce à mon meilleur ami botamancien que je trouvais la solution. La méditation était l'élément principal de mon rituel mais mon anxiété exacerbée par mon syndrome de choc post-traumatique ne me permettait pas d'entrer en contact de manière claire avec les défunts, mon meilleur ami me proposa de tenter une tisane de verveine et de passiflore aromatisée au citron et étonnamment cela fonctionna bien que je dû ajouter un morceau de musique classique dans mes écouteurs pour pouvoir me connecter avec ma mère. Ce fut bref deux minutes tout au plus j'avais entendu sa voix et cela m'avait glacé le sang.

"Ná bí buartha, táimid ceart go leor" de l'irlandais. Je ris bêtement. Ma mère n'avait jamais abandonner sa langue natale au grand désespoir de mon père qui insistait pour que nous parlions tous anglais. "Ne t'inquiètes pas nous allons bien" furent les seuls mots qu'elle prononça avant de couper la communication ce qui me laissa dans un état émotionnel mitigé. Ils allaient bien? en même temps ils sont morts donc ils ne souffrent plus. Est-ce que Jessica était avec eux ou avait-elle pris un coup sur la tête et perdu la mémoire. —Oui je sais "On est pas dans un film Lizzie" mais tant qu'on a pas retrouvé son corps, j'avais le droit d'espérer, non?

Mon entrée chez les vagabonds est probablement ce qui m'a permis de ne pas flancher, durant toutes ces années. Le coven est devenu ma seconde famille, une famille devant laquelle je garde bonne figure mais je sais que si je m'écroule ils me tendront la main et bien évidemment c'est réciproque. Mon rôle de gardienne me permet de me sentir utile, je donnerai ma vie pour les protéger tous, et puis c'est sympa de perturber les gens en se cachant dans les ombres (j'adore faire peur aux petits nouveaux comme ça —oui j'ai trente-cinq ans mais j'en ai douze dans ma tête parfois. C'est important de garder un côté enfant, sinon on perd vite la tête et on ne s'émerveille plus de rien)

D'ailleurs parlant d'enfant il m'arrive de temps à autre de faire du bénévolat à l'école de sorcellerie, c'est rare mais ça arrive et bizarrement côtoyer ces enfants et adolescents m'aide beaucoup dans ce deuil pathologique et dans mes angoisses perpétuelles.

Il y a deux ans je suis retournée sur les lieux du tsunami comme pour conjurer le sort, avais-je encore un espoir de retrouver ma grande sœur ? Probablement, mais ce ne fut pas le cas mais une association internationale était sur place pour tenter d'identifier les défunts enterré dans des fosses communes. Je leur ai remis mon ADN par salive et par cheveu, dans l'espoir que si elle s'y trouve, je pourrais la ramener à la maison et qu'elle repose en paix, au côté de nos parents.

Pendant deux longues années je n'eus aucunes nouvelles de cette association. C'est toujours resté dans un coin de ma tête mais je continuais à vivre — c'est ce qu'elle aurait voulu de toutes manières.

Mais il y a une semaine, un courrier venu de Banda Aceh, mon cœur s'accélèra, je l'ouvris. Ce dernier était rédigé en anglais.

Il disait que le corps de ma sœur avait été retrouvé et me donnait froidement la marche à suivre pour faire rapatrier les ossements de ma sœur. Je m'effondrais au sol hurlant de douleur et d'un désespoir qui encore maintenant me paraît difficilement surmontable.

Heureusement je peux compter sur mes familles –autant les cousins que le coven.

Maintenant il va falloir ramener Jessica à la maison, je ne sais pas si j'en aurai la force ...

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Passionnée de films d'horreur - Allergique aux piqûres de moustiques - Adore lire - ma dernière lecture est une réécriture de conte (la belle et la bête) - j'adore blaguer et qu'on me le rende - ouais je suis une gosse dans ma tête