(valeriana) live to tell the secret i've learned

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De ses longues et fastidieuses études de médecine auprès des non-sorciers, Sílas a retenu une chose importante : la phytothérapie est aussi barbante que controversée, et les remèdes prétendus « miraculeux » ne jouissent que rarement d’une quelconque expérimentation comparative ou brevet pour étayer leur efficacité. Si certaines propriétés thérapeutiques ont été validées par la recherche médicale, elles ne peuvent décemment pas se substituer aux traitements médicamenteux dits « classiques », si bien que l’hydromancien ne comprend pas tellement pourquoi on l’emmerde à suivre une formation en la matière, puisque la seule chose à laquelle il pense est de mettre un pied dans le bloc opératoire, d’effectuer un pontage cardiaque ou, pourquoi pas, c’est beau de rêver, une transplantation. Qu’on se le dise, le saule blanc, la valériane et le millepertuis ne lui inspirent aucun intérêt, et c’est donc avec une mine franchement blasée qu’il passe la porte du jardin botanique, dont la vision bien trop verdâtre — il aurait pu s’y attendre, ouais — le fait un instant grimacer. Le coin de sa lèvre inférieure remontée, il courbe le coeur de ses sourcils en balayant le décor d’un regard circulaire avant de souffler un air agacé par la bouche, désabusé par avance par la perspective de passer la journée enfermé dans cet enfer végétal. ’’Bon…’’ essayant de se motiver et de s’encourager lui-même (faut bien que quelqu’un le fasse), il repousse une feuille d’un mouvement de la main avant de s’avancer entre les allées de plantes et de fleurs dont il ne connait pas les noms, sans mûrir le projet de les apprendre. Il compte faire acte de présence pour faire plaisir à son paternel, s’accommoder s’il le peut de cette forte odeur de nature humide, et rentrer chez lui en oubliant absolument tout de ce qu’il aura entendu au cours de la journée. Repérant une silhouette brune de l’autre côté de l’allée, il passe la pointe de sa langue sur ses lèvres finement dessinées avant de s’avancer vers cette dernière, en essayant que moyennement de feindre un quelconque ravissement quant à cet entrevu, même si — miracle, il se farde d’un minuscule sourire qui fait acte de bonne foi. ’’Bonjour,’’ il l’interpelle quand il arrive à sa hauteur, en espérant qu’elle l’entende parce qu’il n’a pas envie de se répéter aujourd'hui ’’Je suis Sílas.’’ normalement la jolie brune a été informée de sa venue donc il se contente de la dévisager en penchant très légèrement son menton sur le côté, sans visiblement trop savoir quoi dire pour se présenter. Avec son humour largement douteux, il dirait sans nul doute qu’elle est « elle-même une belle plante » mais, c’est le jour de chance de Valeriana, il n’est pas d’humeur. ’’On commence par quoi ?’’ parce qu’il pense que « plus vite ils commencent, plus vite ils auront fini » et c’est à peu près la seule bonne nouvelle de la journée.

crédits/thiskryptonite&may0osh