[Terminé] [Mission] Le Saint Patrick Code - Groupe 2

Résumé:

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La nuit est tombée, Milton s'est endormi et c'est avec discrétion que tu es sortie du Cœur du Magma, glissant dans ta fausse identité comme dans les ombres qui enveloppent Edimbourg. Quand tu rejoins le groupe disparate de volontaires, tu n'es plus Filomena, tu n'es plus souveraine ignée. Tu deviens Lena, tu n'es portée plus que par ce besoin, cette conviction de protection envers les tien‧ne‧s. Ce devoir envers cette communauté dont tu fais partie.

On t'a mise en groupe avec deux autres sorcières, une oniromancienne et une botanomancienne. Carmen et April. Tu ne connais aucune d'elles mais Carmen semble rompue à l'exercice : tu le sens, tu le vois à sa façon de se déplacer, de repérer les lieux. Alors ton propre comportement se calque sur son attitude, sur sa prudence. Aucune difficulté à céder le leadership à une autre personne que toi, un acquiescement te vient à ses mots. Sa proposition te convient, notamment quand tu constates la zone à découvert qu'est la cour. Dans un silence fasciné, tu observes la magie étirer ses fils autour de vous et dissimuler votre présence aux gardes qui patrouillent.

Le geste de Carmen à votre égard te remet en mouvement, libère cette respiration que tu n'avais pas conscience de retenir. Et tu suis ses pas avec précaution et attention, tu longes les murs comme si l'illusion pouvait te fondre dedans. La proximité avec la pierre de ces vieilles briques te rassure, t'ancre dans l'instant. (jet de dés) Mais un pas de côté et c'est sur un prospectus égaré par un touriste que tu poses le pied, que tu froisses de ton poids. Et tu te figes soudainement, brutalement - les nerfs aux aguets, alors que ton regard se tourne vers l'endroit où tu as vu disparaître une patrouille, un peu plus tôt. Heureusement, le bruit ne semble pas assez fort pour les attirer vers la cour à nouveau, alors tu continues à suivre Carmen et April le long des murs et cette fois, c'est sans encombres que tu suis tes coéquipières jusqu'à la porte.

Tous tes muscles sont crispés, tendus quand tu tires sur la lourde poignée, quand tu t'efforces à ne pas ouvrir ni trop fort, ni trop vite la porte pour éviter le bruit de ses gonds. Puis tu laisses passer Carmen et April, surveillant la cour, avant de t'engouffrer à ton tour. L'intérieur est plongé dans la pénombre, éclairé par la lune dont les traits pénètrent via de grandes fenêtres et tu te dépêches de te cacher derrière ce qui te semble être le piédestal d'une statue ou d'une armure, à portée de vue de tes camarades de mission.

Résumé:

Dùghlas n'était pas avec April, signe que cette fois-ci, les choses étaient vraiment graves, et que la botanomancienne avait enfin envisagé le pire. Le taureau avait mugi, supplié, tapé des sabots très fort et entamé une grève de la faim, mais April avait exceptionnellement eu le dernier mot. Il avait le choix entre rester avec Diane près d'Aphrodite, ou de rester avec ses parents dans le cottage MacLeòid, et le familier avait fini par céder, passant la nuit avant son départ dans le salon de la sorcière, sa large tête sur ses genoux et l’œil humide. Il n'avait pas avalé un morceau.

La jeune femme s'était trouvée ridicule, habillée en noir, avant de quitter son domicile à la nuit tombée. Moins, certes, que dans sa grande robe à fleurs à laquelle elle avait eu du mal à toucher après sa mission à l'hôpital et qui gisait en boule dans un coin depuis. Tatanes touchgrass aux pieds, cadeau de Lucius après les couacs de ses pouvoirs sur carrelage, elle aurait aimé que son image lui renvoie autre chose que celle d'une bibliothécaire low-cost vaguement déguisée en ninja. Le terrain, ça n'était définitivement pas son truc, et elle avait le sentiment de le porter sur elle plus que jamais. Pire, si ses livres favoris parlaient toujours du moment glorieux ou lea héro·ïne rencontrait enfin son destin et sa force intérieure, qu'il s'agisse de la lumière de l'Empereur ou des capacités personnelles, April se rendait bien compte qu'elle n'avait pas changé d'un iota depuis sa dernière mission qui avait été une réussite assez modérée et qui lui aurait probablement coûté bien plus qu'un mauvais souvenir si le type en face ne faisait pas partie des membres de l'Ordre les plus novice. Elle n'était pas prête.

Mais elle était là, et sur le nombre de MacLeòid en âge de s'engager, c'était assez significatif. Les excuses avaient fleuri dans tous les sens afin de la dissuader de partir, et certaines d'entre elles étaient même justes.

Elle était pourtant là ce soir, avec Carmen et Lena, prête à la plus grande discrétion. Carmen était habituée, ça se voyait, et April sentit tout de suite un poids quitter sa poitrine : enfin, des professionnels. Le groupe ne serait pas obligé de se reposer sur ses décisions foutraques, et elle se contenterait de suivre en silence, ce qui était infiniment plus rassurant. La botanomancienne se décida à fermer la marche, et grinça des dents alors que Lena venait de marcher sur un prospectus froissé. Mais cela n'avait pas suffi à lancer l'alerte : April esquiva le petit papier et continua sa route en silence. (résultat du dé)

Ça avait marché, et April rentra, laissant Lena fermer la marche. La voyant se cacher, elle se décida à faire de même : elle ne savait pas combien de temps durerait le sort de Carmen, et elle n'avait pas envie de le découvrir d'une mauvaise manière.

Un frisson sous la plante de son pied lui rappela ce qu'elle était censée faire. Pas de prises d'initiatives, d'accord, mais sa magie pouvait aider à avancer sans jamais encombrer leur progression. Attendant la suite, April se concentra sur les murmures de la terre et les vibrations qu'elle pouvait percevoir, en essayant d'omettre celles de Carmen et de Lena. Elles n'étaient probablement pas seules : mais savoir combien de personnes les attendaient et où (April se souciait peu de leurs intentions, qu'elle estimait mauvaises d'office) était une information inestimable. Si elle pouvait se rendre utile de cette manière, alors elle le ferait.

Résumé:

Résumé:

Elles étaient rentrées, et facilement avec ça. April se prit a espérer que tout se passe de la même manière, et qu'elle n'aurait pas à devoir jouer les gros bras (comprendre, les grandes gueules) comme la fois précédente; et qu'elle sortirait de là indemne et victorieuse comme tout le reste des sorciers et sorcières impliqué·es.

Puis, il y eut les coups de feu.

April s'arrêta net dans sa route, oubliant instantanément sa mission. La bouche vaguement entrouverte et le regard hagard, le corps raide et les poings serrés, elle comprit que ses doux rêves de calme venaient de s'effondrer pour revenir à la réalité. AUSECOURSAUSECOURSAUSECOURSAUSECOURSAUSECOURS. Pâle, elle regarda Carmen, qui n'avait pas l'air particulièrement remuée en surface. L'oniromancienne avait fait une blague amère, et April comprit dans les méandres de sa voix et dans ses phalanges blanchies qu'elle était inquiète, également. Quand à elle, elle avait envie de pleurer.

Cecil.

La botanomancienne sentit ses entrailles se contracter brutalement. Il fallait qu'il se sorte de là. Une fois que ce serait fait, elle l'inviterait à une fête chez les botanomanciens comme quand ils étaient ados, et ils joueraient du piano et du saxophone, et elle affronterait peut-être même sa mère (comprendre, lui dire bonjour sans regarder ses pieds).

Tiens bon.

La voix de Carmen la fit revenir à la réalité. Les mains moites de stress et le ventre tordu, April prit une grande inspiration : il fallait trouver le secret de cette pièce, et il fallait le faire vite. Une fois que la sortie serait assurée, alors ils pourraient envisager d'aller secourir les autres. Mais pour le moment, et si ça lui répugnait frontalement, il fallait se concentrer sur la mission. Tatanes touchgrass à l'affut, April acquiesca en silence en direction de Carmen, qui avait l'air royalement agacée par la situation, et se mit au travail. L'oniromancienne semblait sûre de ce qu'elle faisait, malgré ses émotions ravalées - foutu don de botanomancienne - et elle avait envie de lui faire confiance.

"Je prends le fond de la salle pour gagner du temps. Si je ressens quelque chose, je vous le dis."


Tachant de ne pas se concentrer sur le fait qu'elle allait peut-être mourir là sans revoir Aphrodite ni Dùghlas, April se dirigea vers le mur du fond le plus discrètement possible et se mit à tâter pierre après pierre, lampe après lampe, en fixant vitrine après vitrine et latte de parquet après latte de parquet. Elle n'avait plus le choix que de s'en sortir. Un regard vers Lena - comment allait-elle? -, et elle repartit dans ses recherches frénétiques.

Résumé:

tw: mention de fusillade, tension, feu

Vous êtes à l'intérieur et le silence qui drape les pièces traversées semblent encore plus assourdissant, encore plus saisissant que celui de la cour, froissé par les bruits de la nuit. Tu avances à petits pas, légers autant que possible sur le parquet grinçant qui couvre le sol et tes gestes se font lents, prudents au fil des salles. Aucun garde de Saint Patrick n'est croisé mais tu sens la tension monter en toi, l'idée que votre chance s'épuise à chaque pièce traversée. Et votre groupe aboutit sur une salle ornée de trésors sous vitrine. Tes yeux s'attardent un moment sur les joyaux avant de se poser sur le leader - à ses mots, tu ne dis rien, au contraire de Carmen, mais clairement, le jugement au fond de tes pupilles trahit que tu n'en penses pas moins que l'oniromancienne.

Dans la pénombre, tu imites le reste du groupe et tu poses les deux mains sur le mur, tu fais appel à ton toucher pour sentir les aspérités mais aussi à ta sensibilité pyromancienne, à la recherche d'une différence dans la roche, dans son poids, dans son épaisseur - espérant que ça te donnera une indication sur un passage caché, sur une porte dérobée.

Et soudain, les tirs au loin brisent ta concentration. Great Hall, vous annonce-t-on, mais toi, tu gardes les deux mains sur le mur, immobiles, bien décidée à ne pas dévier de l'objectif. Dans le regard qui se croise avec celui de Carmen, il n'y a ni doute, ni hésitation. « La mission d'abord » acquiesces-tu simplement parce que cette damnée relique fera bien plus de mal si elle reste entre leurs mains et que vous êtes toustes là pour elle. Aux yeux du reste du groupe, tu prends le risque de paraître impassible, froide même. Mais tu sais aussi la vérité qui se niche dans ton cœur. Tu sais qu'une prière se tisse, demande aux ancêtres de protéger tou‧te‧s les sorcier‧e‧s impliqué‧e‧s dans cette mission.

Un acquiescement à April, accompagné d'un petit sourire qui se tente réconfortant. Puis tu t'approches d'elle et désormais plus sereine sur l'absence de gardes à proximité, tu proposes : « je pense qu'on peut se permettre un peu de lumière. April, tu me dis si tu sens approcher des gardes ? » et une Lueur réconfortante naît au creux de tes mains que tu lèves pour offrir, même rien qu'un peu, de lumière à ton groupe.

Résumé & jet de dés:

tw: mention de fusillade, explosions, blessures, feu

L'exclamation attire ton attention et la tête se tourne vers lae sorcier‧e. Tu vois presque son geste imprudent au ralenti, et en même temps, tu n'as pas le temps de réagir, ni de lui crier d'arrêter que déjà, un bruit se fait entendre dans la salle - comme une condamnation, comme une sanction. Le temps se suspend autour de toi, puis une explosion résonne et tout s'accélère. Deux autres tombent et un moment, une pensée macabre te traverse, te transperce au cœur : est-ce que c'est le sort qui attend tout le reste de votre groupe ? est-ce que ça va déraper plus encore ? Alors que la panique infuse votre escouade, tu n'oses plus bouger, tu oses à peine respirer de peur de déclencher un autre piège, d'appeler la mort sur vous.

L'espace d'un instant, tu regardes autour de toi et la peur te prend au cœur, aux tripes, alimente tes regrets. Est-ce que tu vas revoir Gabriel ? Est-ce que tu vas manquer le prochain concert de Marilou ? Tu aurais dû dire au revoir à Milton. Tu aurais dû prévenir Theodore qui risque de s'inquiéter en trouvant tes appartements vides demain matin. Ton autel de prières va te manquer, tu aimais y déposer chaque jour des offrandes à vos ancêtres et à Pyroluxion. Tu aimais prier.

Puis tu vois les gardes arriver par l'enfilade de salles. Tu entends le bruit de leurs pas lourds résonner, battre la mesure à en étouffer la rythmique de ton propre cœur. Tu les entends presque vouloir vous écraser sous leurs pas, piétiner vos vies et vos existences. Et d'un coup, la révolte gronde, brûle tout en toi dans une volonté de survivre, de vivre.

Toi, tu n'as pas demandé cette guerre.
Toi, tu veux juste que ta communauté puisse vivre en paix.

Et le souffle se creuse, la magie se tisse sur le fil de ta concentration, de ta volonté. Tu n'auras pas de pitié envers celleux qui vous menacent. Bientôt, le feu nait au bout de tes doigts dans une gerbe que tu modèles, que tu diriges contre elleux, ces silhouettes vêtues de noir et de danger, quand iels pénètrent dans la pièce. Tu entends des cris de douleur, de terreur aux vêtements prennent feu, aux visages qui accueillent les flammes mais tu ne prends pas le temps de regarder, tu plonges à l'abri derrière le socle d'une vitrine.

résumé et jets de dés:

tw: mention de fusillade, explosions, blessure, sang, décès, langage grossier

Et il y a l'exclamation qui résonne, le geste deviné dans la fierté teintant l'annonce - et l'erreur qu'elle voit trop venir. Un « No- » qu'elle n'a pas le temps de terminer, d'assener sèchement, que le bouton est enfoncé - des airs de sort condamné. Sentence hurlante - détonation explosion, le chaos gronde, l'horreur rompt ce qui avait presque des airs de trop simple. Le corps figé sous les cris qui résonnent, l'adrénaline qui enivre dans ce " et si " morbide ; et si elle était au mauvais endroit, elle aussi ? C'est pas la peur qui prend - elle n'a pas peur de mourir, pas assez de considération pour l'alignement de ses jours pour ça‧ Mais elle ne l'envisage pas ici. L'horreur révoltante - à l'idée de périr des mêmes mains que celles lui ayant arraché sa compagne. Non. Le refus qui fait tenir - qui permet d'oser respirer à nouveau lorsque les détonations ne résonnent plus, de pas se laisser paralyser par l'horreur du tableau.

Le « Putain, mais c'est pas possible d'être aussi con.» craché, le regard qui se perd un instant sur un débris au sol et l'hésitation un peu trop grande - de balancer l'bout de métal à la gueule de l'auteurice du geste damnée ; se contentera d'en retenir les traits. Pas tant le geste qu'elle juge - mais le temps qui n'a pas été pris, la précaution de sécuriser, avant d'enclencher ce foutu bouton.

Le regard qui s'attarde - détail, le macabre spectacle. Parce-qu'il faut voir, pour ne pas oublier le mal qui est fait. Parce-qu'elle n'a pas le droit de détourner le regard, d'ignorer l'horreur, juste parce-que c'est trop. Trop insoutenable, trop violent. Y a la rage qui se glisse près des entrailles - alors que l'écho des pas de la garde résonne. Tout ça, c'est à cause d'elleux. Et ça brûle - ça crépite, le désir de vengeance, le désir de faire payer. Tout le sang qu'iels ont fait couler - les vies saccagées au nom de la différence.

Si le chaos se glisse dans les rangs - il y a le pas en avant qu'elle ose, prête à faire payer - et la mission qu'elle perd pas de vu. « Paniquez sert à rien. Ils arrivent et on peut pas s'barrer. Qu'elle assène, parce-qu'elle a pas envie de s'improviser babysitter de volontaires paniqué‧e‧s qui foutront plus le bordel qu'iels aideront. « Restez immobiles si vous avez peur d'déclencher un truc et penser plutôt à comment vous avez envie d'les accueillir.» Des mots qu'elle mange à moitié - autant qu'la colère lui bouffe le ventre.

Celle qui prend Lena aussi - visiblement, flamme en guise de bienvenue. Le regard qui cherche April - s'assure qu'elle est entière. Déporte ensuite l'attention sur les indésirables - glisse un   « Ça sera qu'une illusion.» à celleux autour d'elle. Concentration sur la réalité maniée - réajustée, l'obscurité qui semble couvrir la pièce, pour remplacer les visages de certain‧e‧s gardes par cellui de sorcier‧e‧s du groupe. Le piège qui ne se refermera pas que sur elleux - mais aussi sur les humain‧e‧s, qui ouvrent soudainement le feu sur les leurs. Les premiers blessé‧e‧s tombent, ça fait des dégâts. Et y a le karma qui rattrape - quand un rictus satisfait, moqueur, ourle les lèvres - y a une balle qui la trouve quand même. Qui déchire le tissu obscur et la peau de porcelaine, carmin qui suit le tracé de la balle, les dents serrés. Ça fait mal. Mais c'est pas grave, ça ira, c'est pas grand chose. Rappel p'têtre juste un peu violemment que parfois - ça tient à rien, recolle un peu d'plomb à l'esprit et dans les décisions prises.

Résumé:

tw: mention de fusillade, angoisse, sang, explosions

Un sorcier avait trouvé quelque chose, et April n'eut pas le temps d'articuler un petit mot de précaution que des explosions se faisaient déjà entendre. Des flashs de lumière aveuglants, un son à crever les tympans, et un hurlement de douleur déchirant le silence. Iels étaient répéré·es, et il y avait des blessés, et tout avait l'air de s'enchaîner comme simultanément en accéléré et au ralenti, le temps devenant visqueux et collant comme le sang de son camarade d'infortune en gouttes projetées entre ses tatanes avec un éclat sur l'ongle de son gros orteil.

Iels allaient mourir là.

Son coeur battait à en sortir de sa poitrine. Mais ça ne servait à rien de paniquer, soufflait Carmen, et elle avait raison.. La confrontation était inévitable, et April pensa a ses parents, à Dùghlas, à Aphrodite, à ses amis, à sa bibliothèque, à son travail dont elle n'avait tellement pas voulu et qui finissait par lui manquer. Si elle mourait comme les amis de ses parents, elle tuerait Mhamò de tristesse, c'était sûr, et elle ferait de la peine à tout le monde, et elle comprenait enfin pourquoi personne n'avait voulu qu'elle y aille et tout était horrible et c'était de sa faute. Et elle paniquait quand même.

Elle n'avait pas d'expérience militaire, et se sentait plus désarmée que jamais. Lena s'était mise à couvert, et avait canardé de flammes sans se poser de questions. Carmen était intervenue directement dans les esprits des gardes, et avait réussi à obtenir des résultats. Et April restait là, les bras ballants, dissimulée derrière un socle . Les remarques acérées de Carmen furent suivies de sa chair ourlée d'un fin trait rouge sanguinolent: elle était blessée. April tenta de hurler, mais aucun son ne sortit . Ils étaient là, il fallait faire quelque chose, et on s'occuperait des blessés après, mais elle ne savait rien faire du tout.

Warhammer était sa seule expérience, et elle était très éloignée de la réalité des armes a feu, ne s'inquiétant finalement que des questions de terrain, et...

Et elle eut une idée.

Les vieux châteaux étaient montés sur des sols en terre battue, pour peu qu'on ne creuse pas jusqu'à la cave. Et si il y avait de la terre, alors elle pouvait agir. Il fallait juste qu'elle y accède. Les yeux fermés, tâchant d'ignorer le chaos ambiant en prenant de grandes respirations, April tenta de retrouver sa trace, et laissa apparaître un sourire tordu en comprenant qu'elle avait eu raison. Refusant de regarder les dégâts qu'elle allait causer, la botanomancienne posa le plat de ses mains au sol, et tenta de l'infuser d'autant de magie que ce qu'elle avait en stocK, dans une tentative désespérée de faire quelque chose, mue par la terreur et l'envie de vivre encore un peu. Elle entendit une balle frôler son visage, et son cœur manqua s'arrêter.

La terre trembla brutalement, et une onde sismique fit trembler les socles et les vitrines au point de les faire chuter au sol. Les gardes, désarçonnés, tombèrent par terre, et laissèrent échapper leurs armes. April rouvrit les yeux, le temps de voir qu'elle avait réussi à se rendre utile, et qu'elle avait pu ménager une butte en terre pour les garder un instant supplémentaire à l'abri, loin des balles qui lui avaient effleuré la tête. Iels étaient là. Iels étaient en vie.

En relevant la tête, elle réalisa qu'elle s'était mise à pleurer.

Résumé:

tw: fusillade, explosions, blessures, feu

Tu n'as jamais eu la colère froide.
Tu n'as jamais eu la rage posée, glacée.

Tu es un feu qui brûle, consume alors que ta magie court sur le fil tranchant de tes émotions. Tu n'es régie que par l'instinct. De survie ? De protection ? Tu ne te poses pas de questions, tu ne laisses aucune interrogation entraver ni tes gestes, ni ta pyromancie. Les questions viendront plus tard, s'il y a un plus tard. Les réponses te hanteront plus tard, s'il y a un plus tard.

Pour l'instant, tu essaies de bâtir ce plus tard.
Vous essayez de sauver ce plus tard - qu'importe le prix.

« Merci April, tu souffles, sincère et impressionnée, quand tu te réfugies derrière la butte créée par la botanomancienne : Merci, on va pouvoir gagner du temps grâce à toi. » Sur tes mots, une autre porte s'ouvre et tes lèvres dégueulent un juron (sûrement appris de Gabriel au détour d'un orteil cogné) qui transpire la rage, le retour au combat et à la fureur. Mais l'appel du leader arrête net ton geste, te fait tourner la tête. Un acquiescement. Est-ce que c'est un nouveau piège ? Ou est-ce que c'est un passage vers la relique ? Dans tous les cas, rester ici ne mènera à rien d'autre que votre fin. Alors tu échanges un regard avec tes deux camarades, un hochement de tête pour dire que tu es prête, les muscles déjà crispés, prêts à bondir et à courir jusqu'à la porte.

Soudainement, une salve de balles vous prive de votre leader et le choc te fait quitter des yeux l'objectif, un instant, juste assez pour accrocher le regard tourné vers vous. Entre ordre et espoir, tu frémis et tu hurles à tes camarades, par-dessus les coups de feu : « Protégez vos yeux ! » Tu quittes le couvert de la butte et aussitôt, une douleur vient tirer un trait brûlant sur ton avant-bras mais tu l'ignores, tu t'agrippes à ta concentration autant qu'à ta magie. La lumière explose autour de toi, vive et brûlante - aveuglante. Et le silence retombe alors que les gardes sont aveuglés. « Maintenant ! » Tu as les yeux encore à moitié fermés quand tu t'élances vers la porte dans une course haletante.

Il faut atteindre ce foutu passage.

résumé et jets de dés:

tw: fusillade, explosions, décès, blessures, sang

Y a l'coeur qui bat - qui éclate près des côtes, celui qui dans ses battements tambourinants - latents, rappel qu'elle est encore vivante au milieu de ces instants où trop de fils rouge se rompent sous la faux. La fureur de vivre - de survivre, qui crépite et qui anime, le désir pervers d'abîmer comme la garde abîme qui calcine les doutes et permet de tenir, au milieu de la panique qui étire ses doigts de part et d'autres.

Le répit trouvé un instant - derrière la butte créée par April, laisse les remerciements et la douceur des mots à Lena ; le regard qui se perd déjà par-delà le refuge trouvé. Mentalement, les points stratégiques qu'elle tente de repérer - d'étirer. Les possibles issues des instants à venir énumérées - priorisées. La raison qui domine et règne au sein du chaos, celle qui permet de ne pas renoncer, de ne pas hurler ni de tout plaquer lorsqu'elle est trop consciente - que les chances de s'en sortir s'amenuisent à chaque instant.  Mais iels doivent essayer - car abandonner ne fait pas partie des possibilités. Car il y a des erreurs qu'elle a promis, qu'elle s'est promis, de ne pas refaire - et qu'abandonner, en laisser certain‧es derrière, en fait partie. Et le flash qui prend - qu'il y a des choses qu'elle veut rattraper, réparer, sanctifier, avant que ce soit trop tard.

Un nouvel ordre résonne et le regard est mauvais - pas de la commande qui sonne, mais car chacun de leur choix est damné, condamnera les un‧es ou les autres. C'est pas la première fois - qu'elle se retrouve dans une situation qui bouffe la conscience, p'têtre qui lui en reste plus rien et que c'est ce qui lui permet d'avancer, de pas ciller quand le leader est criblé‧e de balles. Ça fait partie des risques - et elle sait que rien ne la protège d'être la prochaine.

Elle a les yeux rivés sur la porte à atteindre, après un regard échangé avec April et Lena. Y a plus rien pour elles ici, à part ruine et massacre, et qu'elles ne feront pas la différence dans la sécurisation d'un lieu de toute façon piégé. Ne dévie du nouvel objectif qu'aux mots de Lena - les yeux couverts pour éviter de finir aveuglée. Attend un instant - avant de les rouvrir et de profiter de la confusion engendrée par l'éclat trop vif.

La réalité étirée une nouvelle fois - des airs de terrain de jeu, un regard aux partenaires pour prévenir. L'instant suivant - l'impression est au ciel qui tombe sur la tête, plutôt littéralement. Plafond qui s'effondre - illusoirement, panique intensifié chez les gardes qui se replient - avant de croire se retrouver coincé sous les débris. Y en a même plus qu'espéré qui se défilent, laissera un peu de répit à celleux restant ; les rats quittent le navire.

Sauf qu'elle est trop immobile - trop facile à cibler dans le chaos qu'elle étire, la fatigue commence à tirer. La balle qui n'a pas de mal à la trouver - à se loger au creux de l'avant-bras. Le crie qui file des lèvres - aussitôt pincées, réaction humaine - trop, pour celle qui jure le parjure de l'humanité méprisée. La douleur est vive - irradie, goût métallique perle sur la langue par la lèvre qu'elle malmène, pour éviter à la douleur de perler au coin des yeux. Expire bruyamment - une main plaqué sur la plaie. La seule certitude que ça ira - même si ça fait mal, que y a eu pire, qui permet de tenir avec l'adrénaline et de s'élancer vers la porte à son tour.

Résumé:

tw: mention de fusillade, angoisse, sang, explosions

April eut a peine le temps d'apprécier entre deux grosses larmes le compliment de Lena - alors, on est pas que des babos de merde - que la situation dégénèrait encore, leur leader intimant à Lena et Carmen de continuer par la porte gardée. Pire, il leur deanda de la prendre avec elle,insistant sur le fait qu'elle ne pouvait pas rester là. Dans la panique, la botanomancienne eut honte, un instant, d'être présente, paniquée , au milieu d'une arène qui n'aurait pas dû être la sienne. C'était probablement vrai : mais elle était là et faisait de son mieux, et n'avait pas causé de catastrophes jusqu'ici. Tout le monde ne pouvait pas en dire autant, et...

Et il venait de se faire toucher et de tomber, mollement, dans son propre sang. La botanomancienne avait déjà vu des cadavres, dans une quantité considérable lors de son voyage aux États-Unis. Les corpse farms portaient bien leur nom, et elle avait rapidement pris le pli de la chair retournant à la terre, nourrissant champignons et plantes sur leur chemin.

Mais ça? Ça n'avait plus rien à voir.  Emportée par le flux, horrifiée par l'état du leader qui allait probablement mourir ici, April ferma les yeux et laissa Lena mener la charge, zigzaguant entre les balles et tentant d'effacer de son esprit son visage déjà cireux, à l'aune de la fin. Stressée, courant à toutes jambes dans ses tatanes en direction de la porte elle tenta de se servir de sa magie pour déstabiliser les gardes, sans succès. A la place de son tremblement de terre, des pissenlits avaient poussé.

"Oh mais au secours."

Elle était vraiment la digne représentante de son coven de babos de merde. Il fallait qu'elles s'enfuient le plus vite possible. Heureusement, Carmen et Lena étaient plus efficaces qu'elle, et elles avaient un instant, en courant à toute vitesse, pour atteindre la porte. Le souffle court et les cuisses en feu, April sprinta autant que possible, et arriva, hors d'haleine, devant la poignée. Le regard hagard, elle vérifia du bout des doigts qu'elle n'était pas piégée, et tenta de l'ouvrir.

Tout pour s'enfuir de cet enfer.

Résumé:

tw: fusillade, décès, blessures, sang

Le répit d'un instant - dans la porte gagnée, les coéquipières qu'elle laisse passer d'abord. Permet de s'assurer qu'April et Lena sont bien là - qu'elles sont au moins à peu près entières, physiquement. Jeux d'apparences invoqués une dernière fois - dans l'image miroir convoquée, l'illusion glissé dans un recoin près de la porte. Couvrir les arrières, au cas où - pour observer et alerter, si la garde vient à vouloir prendre en tenaille.

Dans les marches avalés - dévalées, où il n'y a que l'écho des pas calfeutrés qui résonnent, détonnent des détonations des instants précédents, les doigts pressés sur la blessure et la douleur qui assourdit un peu - il y a le sentiment étrange qui prend. Celui qui susurre que quelque chose ne va pas, celui qu'elle ressent dans la fatigue trop grande, dans l'impression que l'enchantée s'étiole.
La certitude qui la pousse à un regard sur April un second sur Lena, à chercher si elles aussi - semblent perturber, relever quelque chose d'étrange. Sans pour autant l'exprimer - éviter d'inquiéter, si la réalisation n'est pas partagée ou mise sur la fatigue - l'adrénaline. Se demande pourtant - si ça a à voir avec la relique, ou si, pire, Saint-Patrick avait réussi à élaborer un moyen de neutraliser leur singularité - la différence qui leur vaut d'être chassés ; leurs pouvoirs.

L'interrogation balayée - par la bataille (re)trouvée. Il y a les leurs - des sorcier‧es abimé‧es face à des gardes qui ne semble pas les remarquer ; et le choix - terrible, qu'offre la discrétion. Le regard qui s'attarde - sur chacun des visages, pour se rappeler ; mais surtout pour s'assurer - se rassurer. Qu'il n'y a pas Cat ni Cecil, parmi elleux. Qu'il n'y a pas ceux qui l'auraient fait vaciller dans une décision déjà prise - ceux pour qui elle aurait désavoué l’intérêt du plus grand nombre, juste pour le leur. Mais ils ne sont pas là.
L'urgence s'étend dans l'instant. L'urgence qui prend et assène les sens - celle qui assure que le pire est à venir si iels doutent trop, si iels pensent trop. Si l'accord est à la vie - et ses principes, plus qu'à la survie - et ce qu'elle éveille et révèle de pire.

Et elle choisit de s'accorder au pire. « La relique est la priorité.» Murmuré - dans les pas qui déjà, avance, sans avoir l'air d’hésiter - et l'invitation tacite à suivre. Si aux premières vies à peut-être abandonnées c'est la voix de la pyromancienne qui avait tranché, que la botanomancienne avait suivit dans une humanité hésitante, elle se demande la chimère - combien de vies elles pourraient encore accepter de laisser derrière ? Et surtout, combien elles auront encore à en laisser ? Jamais deux sans trois, tout ça, maintenant que le dicton est conjuré, peut-être que ça serait la fin de ce qui a des airs de mauvaises blagues répétées. Elle se dit qu'elle en portera sans doute mieux le poids - alors avoir l'air cruellement indifférente, de forcer la main à abandonner celleux face aux gardes, elle peut le faire. Et surtout, elle peut espérer que tout ça ne soit pas vain - qu'iels n'arrivent pas trop tard, qu'il ne soit pas trop tard.

Résumé:

tw: mention de fusillade, angoisse, sang, mort, general angst, début de "paranoïa"

Elles avaient couru, elles avaient traversé la porte, et elles étaient enfin en sécurité. Le coeur tambourinant à mille à l'heure, April prit un instant, mains sur les cuisses, pour reprendre son souffle. Elle n'avait pas exactement fait d'effort physique depuis son diplôme, et elle commençait à le sentir. Plus calme, mais la tête qui tournait un peu, avec un sentiment de malaise diffus. Est-ce que c'était la course qui lui tournait la tête? Les sorts si rapprochés?

Non, il y avait autre chose. Mais April n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit à Carmen : un conflit se faisait entendre au loin, et l'oniromancienne leur suggéra fermement de continuer discrètement afin de mener leur mission à bien. Conviction chancelante, pour la botanomancienne, mais ça avait suffi à la faire s'accroupir et se glisser à la suite de ses comparses en tentant de faire abstraction de la scène qu'elles évitaient. A demi-mot, elle glissa à Lena, soucieuse de ne pas se faire prendre, mais travaillée par l'émotion de laisser - encore- des gens derrière, quelques mots.

"On va revenir les chercher après, hein...?"

Mais April avait déjà la réponse à sa question. Ils seraient morts avant un éventuel retour, et ils ne pourraient probablement même pas récupérer les corps. Au loin, l'affrontement continuait de plus belle, dans une odeur de cuivre soutenue, indicatrice du pire. Le calme de la sorcière était irréel, sa magie disparaissant au même rythme que son espoir de revoir ses camarades engagés dans un combat à mort, remplacées, déjà, par la honte d'échapper une fois de plus au massacre.

"Qu'est-ce qu'on va..."

Qu'est ce qu'on va dire à leurs parents?

Les mots de la botanomancienne restèrent coincés dans sa gorge. Cela n'avait pas eu l'air d'émouvoir ses camarades, concentrées sur la relique, et son empathie s'amenuisait à vue d'oeil, difficilement capable désormais de comprendre l'humanité derrière la fermeté de Carmen. Dépossédée de sa capacité à comprendre les autres sans longues explications, elle eut soudain un doute. Est-ce qu'elles avaient fait le bon choix? Est-ce que tous les gens qu'elles auraient pu aider auraient survécu, et les auraient, en retour, aidées à retrouver rapidement la relique? Est-ce qu'elle avait poussé, en faisant confiance, de nombreux pairs à leur mort certaine? Et pourquoi est-ce qu'elle avait du mal à comprendre Lena, qui avait été pourtant si gentille avec elle? Pourquoi est-ce qu'elles n'avaient pas insisté pour rester et sauver ce qui pouvait l'être?

Le vide des combats se remplissait de questions, et plus aucun geste de réconfort ne pourrait rassurer April, désormais. Avec des respirations calmes et contrôlées, elle avança vers sa destination, bien consciente que quelque chose n'allait pas, et déterminée à ne pas le faire savoir.

Par trois fois, elles avaient laissé des gens derrière elles sans leur porter secours, et April était terrifiée à l'idée de devenir la quatrième.

Résumé:

tw: fusillade, culpabilité & self hate

La porte se referme, elle vous enferme dans le silence. Mais de l'autre côté de la pierre, tout semble te parvenir plus fort, plus brutalement. Des coups de feu aux cris, les bruits te poursuivent alors que vous vous enforcez plus loin sous terre, que les marches s'avalent et que tu dévales. Tes yeux se ferment un instant, tu t'efforces de chasser, repousser la marée de questions et de doutes qui menacent de te dévorer. Tu t'efforces de te dire qu'iels vont s'en sortir.

Pitié, Pyroluxion. Pitié aux ancêtres. Protégez-les toustes.

Pestant contre une mèche rousse qui te dérange, la main monte à tes cheveux, et tu réalises que ta frange est collée à ton front de sueur. Tu réalises que tu as chaud. Tu ne devrais pas, ce n'est pas normal - ça ne t'est jamais arrivé de ta vie d'avoir trop chaud. La chaleur a toujours été ton amie, jamais ton ennemie. « Quelque chose cloche, j'ai chaud. » Confies-tu dans un souffle à tes camarades au regard que Carmen te lance.

Mais l'urgence s'empare à nouveau de la situation. Vous met de nouveau devant un choix impossible, terrible. Et ton cœur se serre, proteste devant la décision que tisse ta raison. « La relique est la priorité. » Tu ne fais pas confiance à ta voix, à toi. Alors tu n'ouvres pas la bouche, tu te contentes d'un acquiescement avant de suivre l'oniromancienne.

Quelques vies sacrifiées contre combien d'autres sauvées si vous récupérez la Relique, qu'est-ce que c'est ? Et puis, est-ce que vous n'êtes toustes pas ici parce que vous êtes prêt‧es à ce sacrifice ?

Tu essaies de faire ce calcul de raison, mais sa mathématique échappe à ton cœur. Le résultat est toujours le même : tu te détestes un peu plus à chaque pas en avant. Tu te détestes de les abandonner comme tu as abandonné les autres. Tu te détestes parce que cette culpabilité, April et Carmen aussi vont devoir la porter. « On va revenir les chercher après, hein...? » Te demande April, et ta gorge se serre. Vérité brutale et mensonges rassurants se nouent, bloquent ta respiration. « J'espère qu'on pourra. » Admets-tu, la voix chancelante. Intérieurement, tu pries Esprit et ancêtres pour leur aide, pour leur protection - tes mots sont sincères mais tu as trop vu ce soir pour ne pas savoir. La faveur de Pyroluxion ne protège pas contre les balles de la Garde.

Et tu te détestes de les abandonner avec tes prières pour boucliers de papier.

Est-ce que c'est ça, finalement, le prix à payer pour se battre pour votre futur ?

résumé et jets de dés:

tw: fusillade, décès, blessures, sang, illusion morbide, culpabilité, haine de soi, angoisse, sentiments négatifs, pls global ++

« On va revenir les chercher après, hein...? » L'espoir sinistre, la vérité horrible. Il sera trop tard quand on reviendra. Parce-que les cris résonnent déjà. Parce-que l'écho des balles fend déjà l'air. « J'espère qu'on pourra. » Prières vacillantes, réalité sanglante. Ça ne changera rien. Parce-que les hurlements déchirent déjà moins la nuit. Parce-que le bruissement de la bataille est déjà moins vaillant. Iels seront déjà morts. Elle le sait Carmen. Elle sait aussi, combien elle n'oubliera pas. Elle sait - que les visages de ce soir s'ajouteront aux autres et hanteront le sommeil déjà évité. Au nom du plus grand nombre. Au nom de l'avenir. C'est ce qu'elle se répète, dans une fatalité trop acceptée - plus facile à épouser que la force d'espérer, toujours, et de se battre - encore.

Après l'éclat des combats - c'est le silence mortuaire qui résonne. Celui qui assourdit - de son écho macabre. De chaque respiration qui semble indigne, de chaque pas qui semble horrible. Car elles vivent parce-que d'autres sont morts - pour elles, pour elleux. Et il y a le cœur - qui pèse trop lourd, l'angoisse - qui étouffe trop. Le sang-froid - qui s'entaille, sur la magie qui ne semble plus si acquise, sur le vide qui déjà guette - l'être. Se rompt - un instant. Sur les pas qui résonnent - sur Carmen qui se retourne trop vite, trop alerte. « Vous êtes là ... ! » Oui. Mais pas les autres. « On est les deux seul‧es à être encore vivant... » La sentence tombe - sonne faux. Le cœur qui s'éclate - sur le constat. Iels ne sont plus que cinq - et déjà elle se demande, étaient-iels seize ou dix-septs au début ? Combien de vie ont-elles condamnées, dans leurs abandons ? Combien de vie a-elle achevée Carmen, à estimer qu'iels ne valaient pas la peine qu'on se batte pour elleux ? Douze. Elle n'a pas cueilli leur dernier souffle, mais elle a le sang de douze personnes sur les mains.

Et y a pas le temps de s'en vouloir. Y a pas le temps de se détester encore un peu plus - le fait déjà depuis tellement d'années qu'elle l'oublie trop souvent, qu'elle se supporte plus vraiment quand elle prend le temps d'y penser. Parce-qu'il y a encore des vies des leurs qu'on veut écourtés - devant elles, et qu'elles peuvent faire quelque chose, là. L'esprit encore aligné à l'urgence - aligne l'enchantée à celle de Lena qui brûle - figurément, littéralement. L'illusion formée pour ne piéger que les gardes - ne tient pas à infliger l'horreur à April, à Lena. La rancœur - la rage, qui étire l'impression que les corps des sorcier‧es au sol s'animent de nouveau - pour chasser, se venger de celleux les ayant privé‧es du droit de vivre. Qu'iels n'oublient jamais ce qu'iels ont fait. Car elles n'oublieront sans doute jamais non plus. Et l'illusion ne prend pas sur toustes - mais sur une poignée de garde, qui s'enfuie l'effroi dans le regard, les cris qui retentissent dans le noir.

Et ça finit jamais - alors y a une autre balle qui se perd, un autre éclat de métal qui tranche la chair. Traverse le thorax - brise une côté dans son sillage, aussi aisément que les gardes pouvaient arrachés la vie des leurs de leurs armes. La douleur qui irradie, mais y a tellement tout qui fait mal - la conscience, le cœur, le bras, que les lèvres s’entrouvrent mais le cri reste bloqué au creux de la gorge. Elle se recroqueville un peu, le dos au mur - une main sur l'impact, la respiration qui tressaute - respirer qui fait mal. Si mal.

Et pendant un instant, elle ne respire plus.
Ça ne va pas - si elle ne respire pas.
Et en un instant, le monde s'écroule - une seconde fois.

L'éclat aveugle - mais pas aussi violemment qu'il aurait dû. Ça brûle pas la rétine - ça laisse pas de tâches noirs dans la vision, mais y a le vide qui brûle le cœur et le noir qui macule les pensées. C'est vide. Il manque quelque chose. Il manque qui elle est. Une sorcière.

Elle n'a plus sa magie.
Iels ont fait tout ça pour rien. Les autres sont morts en vain.

Ça tombe, c'est fatal. Dans la réalité qui ne s'étire plus sous ses doigts - sous la sensation que la nuit oppresse et condamne. Sous le vide terrible - celui qu'elle avait déjà cru qu'il la boufferait entière, lorsqu'on lui avait déjà volé une partie d'elle - de sa vie, avec Saskia. Celui qui ne lui avait jamais rendu l'bout d'elle qu'il avait bouffé. Ce vide qu'elle ne pensait pas pouvoir ressentir une seconde fois - parce-que comment on peut perdre autant, se perdre autant, et encore être en vie ? Est-ce qu'on l'est encore vraiment ?

Et la première pensée est pour Cari. Celle qui tétanise - celle qui se demande, est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle est toujours là ? Et la possibilité d'une négative déglingue la rythmique du palpitant. Et y a les regrets corrosifs. Les " j'fais pas attention à toi " et les " je serais plus tranquille sans toi " qu'elle regrette - si violemment, si terriblement.

Et y a le compte qu'elle perd l'instant suivant. L'inquiétude pour Alaois - est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'elle pourra encore lui promettre de réquisitionner un‧e nécromancien‧ne pour s'occuper de lui s'il lui arrive quoique ce soit, en guise de " je tiens à toi " ? Les remords - pour Cecil, les " tu m'as manqué " pas assez avoués - est-ce que demain, elle pourra encore lui demander qu'iels passent la journée ensemble, comme avant ? La peur - pour Liya, la prière qu'elle ne perde pas sa magie elle aussi, qu'on ne retire pas encore des couleurs à sa vie. La préoccupation pour Ryung - est-ce que lui aussi va encore trop perdre ? Le souci - pour Judd, le souhait sincère que sa seule préoccupation soit Nilsa qui ait encore mordu quelqu'un.

Et le regard qui retombe sur Lena, sur April. Est-ce que ce vide va aussi bouffer une partie d'elles et jamais leur rendre ? Est-ce qu'elles vont oublier comment sourire, trop jeunes ? Est-ce qu'elles arriveront encore à s'aimer après ce soir ? Elle le souhaite. Si fort. Elle leur souhaite - de mieux réussir qu'elle. Qu'elles aient du monde autour - aussi.

C'est pas finit - pas totalement, pas vraiment. Y a encore des blessé‧es, avec elles. Et devant - il doit y avoir Alaois et Cecil. Ceux qu'elle veut rejoindre - ceux qu'elle a besoin de rejoindre. Ceux pour qui elle prit les ancêtres - pour la première fois depuis des années. Elle a juste besoin de s'assurer qu'ils vont bien. Mais elle ne mérite pas. De savoir comment ils vont - de pouvoir trouver du réconfort dans la certitude qu'ils vont bien, ou qu'au moins, ils sont encore en vie. Pas quand les choix ont condamné‧es tellement ce soir - pas quand il y aura des familles qui devront entendre qu'un‧e adelphe, un‧e parent,  un‧e partenaire, ne reviendra pas. Jamais. A cause d'elle(s). Alors elle attendra - dans l'angoisse latente, suffocante, dans les respirations qu'elle a du mal à prendre sous la douleur que chacune déclenche. Elle attendra - et peut-être qu'elle aura tellement peur, que la prochaine fois elle se battra plutôt que d'abandonner - fuir.

S'occuper des blessé‧es - évacuer, sans que ça ait le goût de rien - le vide qui anesthésie.

Résumé:

tw: fusillade, blessures, mort, feu, sang & douleur, deuil, culpabilité & self hate, pensées négatives - la pls totale quoi

Iels crient. Tu les entends, leurs voix, et tu sais qu'elles se gravent à vie - dans ton cœur, dans ton âme. Tu sais que, comme celles des autres personnes laissées en arrière, elles te hanteront, te boufferont. Tu veux te persuader que vos choix sont les bons, que vous aviez une mission - but did you though? Est-ce que cette mission que tu t'étais donnée, ce n'était pas de les protéger ? De toustes les protéger ?

Est-ce que tu n'as pas déjà échoué ?

Les larmes menacent. Tu mords ta lèvre plus fort, substitue la douleur physique à la douleur de ton cœur. Tu n'as pas le droit de pleurer, pas vrai ? Toi, tu es en vie. Il y a des familles qui se sont brisées par ta faute, il y a des gens qui vont se réveiller au petit matin pour découvrir qu'iels ont perdu un être cher (et ce sera ta faute).

« Vous êtes là ... ! » L'appel te fait sursauter, te retourner. Tu suis l'échange sans savoir quoi dire, sans savoir comment réagir. Deux. A peine deux sur combien d'autres ? Sur combien d'autres abandonné‧es, laissé‧es derrière ? Combien de vies as-tu piétiné‧es pour le bien de la mission ? Et cette nouvelle, cette terrible question qui pointe : et si vous échouiez ? et si c'était pour rien ? Qui te fauche plus sûrement, plus mortellement que la balle qui se fiche dans ton épaule, qui te coupe le souffle et te recroqueville, main valide sur le tissu déjà imbibé de sang.

Carmen tisse ses illusions dans les esprits des gardes. Tu ne vois rien mais tu devines, tu imagines le cauchemar qui les saisit. Court répit alors qu'elle vacille contre le mur. Que tu sens ton monde basculer devant la blessure de trop. Lae camarade tombé‧e de trop.

Et si vous échouiez ?
Et si c'était pour rien ?

Tu entends soudain un hurlement inarticulé, la chaleur qui grimpe contre ta peau. Et tu réalises que c'est ta voix qui crie, dégueule la peur, la rage, la haine. Que ce sont tes flammes qui se prennent les doigts dans les vêtements de vos ennemis et glissent sur leurs chairs.

Puis soudain, la lumière qui aveugle.

Ta gorge te fait mal.
Ton épaule te fait mal.
Ton cœur te fait mal.

Mais tout ça n'est rien.
Ce n'est pas ça qui te fait vaciller. Basculer en avant, une main sur un genou pour ne pas chuter totalement. Est-ce que ... ? La main se tend en avant et rien. Tes doigts se referment sur le vide, s'ouvrent à nouveau et rien. Ton poing vient frapper le mur le plus proche. Le cri reste bloqué dans ta gorge, seul un sanglot t'échappe. Tes yeux voient, mais ton cerveau ne veut pas entendre, ne veut rien comprendre. Ta magie est perdue, disparue. Pyroluxion t'a abandonnée. Quelque chose se noue dans ta gorge et tu penses à Milton que tu as laissé au palais, endormi dans son panier. Est-ce qu'il a disparu en même temps que ta magie ? En même temps que la faveur de ton Esprit et de vos ancêtres ?

Est-ce que tu es seule, maintenant ?
Sans ta mère, sans ton père, et ... sans Milton maintenant ?

L'idée te sonne, t'assomme.
Tu as l'impression d'étouffer, de crever une seconde fois.
Tu as l'impression d'être déjà morte alors que tu suis les instructions qu'on te donne. Un automate, c'est que tu es sans Milton.

résumé et jets de dés:

tw: mention de fusillade, angoisse, sang, mort, general angst, début de "paranoïa" April sursauta en entendant une voix derrière elle, avant de laisser échapper un bref soupir de soulagement, qui ne dura pas. Pourquoi n'étaient-ils que deux? Qu'était-il advenu des autres? Est-ce qu'ils les rejoindraient plus tard?

Mais non. Ils ne reviendraient pas. Dans les mines attristées des camarades survivants, dans leurs larmes, dans leurs mots, la sentence était désormais claire. Leur groupe avait été décimé, et tous les gens courageux avec lesquels April était partie ne reviendraient pas, à l'exception de Carmen, Lena, et les deux derniers arrivants. Ils s'étaient faits massacrer, et à aucun moment April ne s'était arrêtée pour les aider. Et maintenant, ils étaient morts. Et elle était là, à regarder ses mains bêtement, à ne pas savoir quoi faire et à se détester de ne servir à rien et d'avoir fait tous les mauvais choix, son cœur hurlant face à son impuissance.

Mais déjà les coups de feu reprenaient, et Carmen et Lena se débattaient encore avec leur magie, l'une visible et l'autre devinée, alors qu'April n'arrivait plus à rien avec la sienne qui était étrange et s'écoulait comme sirupeuse et pesante et collante et ça n'allait pas du tout et est-ce que des gens allaient encore mourir? La botanomancienne regarda Carmen accuser le coup, soudain, et comprit en la voyant reculer que c'était grave. Mais plus personne ne mourrait aujourd'hui , et April s'élança vers elle avant d'être touchée à son tour , le prénom de l'oniromancienne coincé dans la gorge. Elle regarda son bras qui irradiait d'une douleur nouvelle et insoutenable, la chair ouverte et sanguinolente, et elle, qui ne s'était jamais blessée de sa vie, se retrouva avec son propre sang entre les doigts, absorbé par le tissu de son pull qu'elle ne remettrait jamais, et se mit à hurler.

Quand soudain, le néant, dans un éclat de lumière vif.

April s'arrêta au vol, le cri de douleur interrompu net, alors que les gardes se dispersèrent. Est-ce que c'était un piège? La sorcière n'était plus capable de le déterminer, un trou béant dans la tête, une cavité creusée brutalement dans la poitrine.

Sa magie venait de disparaître.

April entendit les bruits au loin, mais se trouva incapable, sous le choc, de participer à l'horreur générale. Sa magie venait de lui filer entre les doigts, comme ça, comme on arracherait un organe et comme on effacerait un souvenir en même temps. Remplie de rien si ce n'était de vide et de panique sourde, la botanomancienne pensa à son taureau. Est-ce que Dùghlas allait bien? Est-ce qu'il était encore là?

Envahie d'images du pire, April tenta vainement de faire quelque chose de magique, n'importe quoi, mais c'était déjà terminé et ses doigts s'agitaient dans le néant, dans le vide, dans des bourdonnements, dans du coton, dans un rien à l'infini.

Alors, voyant qu'il n'y avait plus d'esprit vers lequel se tourner et qu'elle était désormais privée de ce qui faisait qu'elle était elle-même, April se recroquevilla en silence et s'assit par terre. La main serrée sur son bras ensanglanté, elle se mit à pleurer doucement, défaite par la suite tragique des évènements. Et, entre deux larmes, elle ne put appeler que la seule personne dont elle savait encore qu'elle était là pour elle, le dernier rempart dans l'obscurité qui se refermait sur ce qui avait un jour été une sorcière volubile, gaie et naïve.

"Papa, au secours."

Résumé: