[Terminé] Hidden in the lies ft. Liya & Ichabod

TW : angoisse, mention de meurtre
Les nuits sont longues. Je me réveille constamment, en proie à de violents cauchemars qui me laissent pantelant et en sueur dans le lit conjugal. Malgré les efforts de Lucius et sa magie bénéfique, malgré les potions que je suis habitué à ingurgiter depuis le temps, rien n'y fait. Je ne m'en sors pas. Et le problème dans cette histoire, c'est que j'ai désespérément besoin d'un rythme de vie régulier pour guérir. C'est ce qu'a préconisé l'homme qui m'a ausculté ; si je continue ainsi, je n'aurai d'autre choix que de passer à l'hôpital. Et ça, c'est définitivement hors de question.

Les journées, par contre, s'enchaînent à une vitesse phénoménale. Lorsque je ne suis pas en train de dissocier dans un coin, l'esprit trop meurtri pour supporter le quotidien, je plonge dans des piles de paperasse plus hautes que moi. Je n'avais jamais imaginé tout ce qu'il fallait faire lors d'un décès dans la famille, surtout lorsqu'on est le dernier représentant de ladite famille. Oh, je pourrais demander de l'aide à Ichabod évidemment, lui qui est aussi concerné au final...mais pourquoi ne le fais-je pas, dites-moi ? Ah, peut-être parce qu'il fait lui-même partie de cette pile de paperasse. Peut-être parce que je passe des heures au téléphone pour lui également.

Ichabod, mon frère retrouvé, s'est sacrifié pour me protéger. Il savait que si ma présence au manoir avait été découverte, j'aurais fini par croupir au fond d'une prison pour le restant de mes jours. Ce serait mérité, évidemment...mais allez savoir pourquoi, il n'a pas tant envie de me voir puni pour ces atrocités. Il ne sait pas qui les a faites, bien sûr...s'imagine que je suis responsable. Le suis-je réellement ? Je ne sais pas moi-même comment le prendre. Jake, après tout, fait partie de moi...donc, en un sens, je suis peut-être un meurtrier par extension.

Le manoir est pour le moment hors d'accès, jusqu'à ce que les enquêteurs finissent leurs travaux. La boule au ventre, j'espère sincèrement qu'aucun nécromancien ne parvienne à contacter l'esprit des défunts. Et s'ils me désignaient comme coupable ? Ce serait la fin pour moi. Seraient-ils capables de faire ça ? Est-ce que les enquêteurs parviendraient à déterminer le pourquoi du comment ? Est-ce que ce serait considéré comme de la légitime défense...? Après tout, moi aussi, j'ai failli y passer.

Soupirant longuement, je fixe la montre à mon poignet en peinant à lire l'heure inscrite dessus. Après de nombreux échanges par mail et téléphone avec le meilleur avocat que j'ai pu trouver en un si court laps de temps, il semblerait que le cas "Ichabod" avance dans le bon sens. Oh, j'ai bien dû régler quelques soucis à distance - à commencer par la coopération difficile avec ledit avocat, qui clamait ne rien pouvoir faire si mon petit frère ne lui disait pas toute la vérité. L'argent a sauvé à la fois notre honneur à tous les deux et notre liberté, un petit virement bonus à l'homme de loi suffisant largement à couvrir les trous dans ses dires. Si bien que grâce à lui, Ichabod est enfin libre.

"C'est l'heure, hein ?"
"Oui. Allons le chercher."

Freya hulule doucement, heureuse de bouger d'ici je suppose. Il est vrai que je ne suis pas sorti depuis longtemps...et elle non plus, puisqu'elle refuse de me laisser seul depuis ce fameux soir. Au moins, ça lui dégourdira les ailes.

Lucius s'est proposé pour conduire jusqu'au centre de détention, un commissariat à la frontière de New Town. Il a aussi accepté de prêter des vêtements au taulard, lui qui fait presque sa taille ; je me doute que mon pauvre frère n'a que des vêtements sales sur lui, ou une petite combinaison colorée fournie par la maison. Mon amant a eu une bonne idée à laquelle je n'aurais pas pu penser moi-même. S'il n'était pas là, que ferais-je, sérieusement ?

L'oniromancien se gare non loin de l'entrée, et m'accompagne silencieusement. J'ai terriblement envie de garder sa main dans la mienne...pourtant, quelque chose m'en empêche. La crainte du regard des autres, peut-être ? Après tout, j'ai passé 35 ans dans le placard...je ne vais pas changer en quelques jours.

A peine entré dans le bâtiment principal, j'entends déjà une voix mélodieuse agresser quelques policiers sur place. J'ignore qui s'excite de cette façon, mais quelque chose me dit qu'elle est en colère...et je n'ai pas tellement envie de m'approcher pour savoir de quoi il en retourne. Pourtant, je n'ai d'autre choix que de me placer à ses côtés, sans un regard pour elle, attirant l'attention de l'agent à l'accueil qui semble particulièrement épuisé. Qu'importe ; ce n'est pas mon problème.

"Karlsson. Je suis là pour récupérer l'un de vos...invités de marque."
"Karlsson ? Ah...pas encore..."

Encore ? Je fronce les sourcils, tandis que Freya laisse échapper un petit piaillement ressemblant à un rire. Elle saute de mon épaule sur le comptoir, et fixe de ses yeux jaunes la jeune femme à nos côtés.

"Toi aussi tu veux voir Icha, hein ? T'es qui ?"
"Freya."
"Quoi ? Je pose juste la question !"

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TW : angoisse, mention de meurtre, d'harcèlement, d'insomnies, langage grossier.

"Comment ça, vous avez un peu de retard ?"

La brune fixe le pauvre policier avec un regard plus noir que le fin fond des abysses. Celui-ci bafouille un peu, oui, il y avait eu un petit souci informatique, du coup, ils avaient pris du retard pour faire sortir le fameux Karlsson. Mais cette réponse ne semble pas convenir à l'oniromancienne qui, de toute évidence, n'a aucun sang froid aujourd'hui. En réalité, ça faisait quelques jours qu'elle n'en avait plus. Tout ça à cause du fameux fils Karlsson, le deuxième, celui qui avait, visiblement, décidé d'être au mauvais endroit au mauvais moment. C'est vrai quoi, il n'aurait pas pu JUSTE rester chez lui, à faire on ne sait quoi au lieu d'aller trainer à un endroit où bon, disons-le, un crime allait forcément être commis un jour où l'autre vu la réputation des parents Karlsson. "Mais qu'il est con, qu'il est CON." n'avait pas cessé d'envahir l'esprit de Liya depuis le fameux appel. Et heureusement, elle avait pu compter sur Tiangou, Cecil et même Carmen pour l'aider à dormir un peu et surtout extérioriser, parce que forcément, un malheur n'arrive jamais seul, comme on dit et son père s'était présenté devant sa porte, parce que lui aussi, commençait à en avoir marre de laisser sa fille lui échapper. En bref, c'était la merde et ce que l'oniromancienne voyait comme un début de résolution tombait complètement à l'eau à cause de ces fonctionnaires de merde qui ne savent pas faire leur boulot correctement.

"Liya, Calme-toi."
"Et comment tu veux que je me calme, tu peux me le dire ????? Ils ne sont pas foutus de faire leur boulot correctement et le laisse moisir dans un coin comme un vulgaire sac à puces !!!"
" C'est informatique, ils n'y peuvent rien."
" S'ils tapaient dessus, ça serait peut-être plus rapide. "
" Alors, je ne crois pas que-"
" Je t'ai parlé peut-être ?? Non, c'est entre mon familier et moi, alors juste ta g-.... chut."
"Par contre, je vais vous demander de vous calmer sinon-"
"Sinon quoi ? Vous allez me foutre en taule aussi ? Ouhlala, j'ai peur. Attention, ça risque de prendre du retard avec vos soucis d'informatique. Faudrait peut-être que je prenne rendez-vous, comme ça on est sûr que tout sera bon pour patienter le moins possible dans ce trou à rat ? "

La personne à l'accueil finit par baisser les bras, comprenant bien que ça ne servait à rien de continuer cette discussion de sourd. Et puis l'enfermer pourquoi ? Elle serait encore pire en cellule, il en était sûr et certain. Liya laisse entendre un claquement de langue alors qu'elle le dévisage, non sans entendre un soupire de la part de son familier, qui est plus que dépasser par la situation.

"En tout cas, sachez qu'on fait tout notre possible pour le faire sortir rapidement."
"J'espère bien oui. Non mais j'hallucine."

Soupirant de frustration, la sorcière aperçoit du coin de l'œil une silhouette qui se rapproche, vient se placer près d'elle. Et quand le nom de famille est prononcé, l'agent derrière le comptoir se décompose une nouvelle fois, la brune, elle, se tourne pour mieux voir qui est l'homme près d'elle, reconnaissant alors la personne qui les avait attaqués, Icha et elle, lors de la bataille de boule de neige à Yule. Keskifoula ? clignement d'yeux. La chouette lui demande si elle veut voir Icha. Mais c'est qui ? Et soudain, la réalisation. Le grand frère d'Ichabod... C'était la piñata gothique ??? Le gars insupportable avec son besoin d'être en compétition ? Quoique, maintenant qu'elle le voit en face, oui, il y avait des ressemblances. Est-ce que Nero est aussi idiot que son cadet ? Ça reste à voir.

" Liya, sa collègue." Réponse un peu sèche, Tiangou lève les yeux au ciel. " Vous êtes Nero, c'est ça ? "

Il semblerait que sa colère se calme peu à peu, au grand bonheur de l'agent qui peut avoir enfin un peu de tranquillité, même s'il se crispe de nouveau, quand il entend la sorcière continuer.

"Ils ont eu un problème informatique, soi-disant, donc il sortira en retard, apparemment."

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TW : mention d'incendie

La demoiselle a l'air...tendue, pour ne pas dire complètement furieuse. Je comprends lorsqu'elle répond à Freya qu'il s'agit d'une femme du tattoo shop de mon frère, et il ne me faut pas bien longtemps pour comprendre ce qu'elle représente pour celui-ci. Je hausse un sourcil en la dévisageant ; j'ai l'impression de l'avoir déjà vue...mais je suppose que c'est inévitable, depuis le temps que j'ai retrouvé Ichabod. Peut-être qu'elle était en photo quelque part avec lui, ou peut-être que je l'ai croisée, je l'ignore.

"Oui."

Inutile de tourner autour du pot, elle aussi voit très bien qui je suis. En même temps, je crois qu'il y a peu de monde dans cette ville qui ignore qui sont les Karlsson...en particulier depuis l'incendie. Je frissonne rien que d'y songer, et serre les poings dans les poches de ma veste. Freya, pour sa part, me jette un coup d'oeil inquiet ; je lui réponds d'un signe de tête, ne souhaitant pas lui faire peur. Je vais bien...plus ou moins. Je n'ai pas besoin de sa pitié, ni de celle de qui que ce soit d'autre.

"Informatique ? Sérieusement ?"

Mon regard se durcit lorsque je le pose sur l'officier en charge derrière le comptoir. Je revêt immédiatement une fausse assurance, une arrogance digne de mon nom et de mon rang. Mon "costume de Karen" comme l'appelle Lucius depuis qu'il l'a expérimenté lui-même, même si je ne comprends pas ce que vient faire cette soi-disant "Karen" dans l'histoire. Il a bien tenté de m'expliquer, ce qui n'a pas aidé plus que ça, m'a rendu plus confus encore et s'est terminé par un simple "laisse tomber" de sa part. Bref. Je suis Karen, quoi que cela veuille dire.

"L'informatique vous empêche d'ouvrir une porte ? L'informatique vous empêche de rendre ses affaires à un Karlsson ?"
"Non mais je..."
"Vous êtes donc tous des incapables dans cette brigade ? Appelez votre chef, tout de suite."
"Mais monsieur, je ne..."
"Tout. De. Suite. J'ai dit."

Quand bien même j'affiche de l'assurance, je me sens flancher intérieurement. L'effort est colossal pour paraître normal, et faire jouer de mon autorité. J'entends la voix de ma mère lorsque je prononce ces mots, et c'est une grimace qui apparaît malgré moi sur mon visage lorsque l'homme en question finit par s'avouer vaincu et part chercher son chef. Je pose ma main valide sur le comptoir, officiellement pour appuyer mon autorité, officieusement pour me retenir de tomber. C'est peu efficace, mais psychologiquement, ça fonctionne plutôt bien.

"Etrange de voir quelqu'un d'autre l'attendre de pied ferme. Je sais qu'il a refait sa vie mais...ça fait toujours bizarre."

Je ne sais pas pourquoi je dis ça. Peut-être parce que j'essaye de me rassurer sur cette nouvelle vie, que j'essaye de me dire que moi aussi, je pourrais bien m'entourer maintenant. Pas que ça ne soit pas déjà le cas, non...j'ai Lucius à mes côtés, depuis un petit moment déjà. Mais ça reste une seule personne, et je n'ai pas envie de placer tout le poids du monde sur ses épaules.

"Ne lui brisez pas le coeur. Il a assez souffert comme ça."

Pourquoi est-ce que je lui dis ça, moi ? Peut-être parce que je veux me rattraper, quelque part, d'un passé longtemps enfoui. Je n'ai pas été là pour mon frère lorsqu'il en avait besoin, mais je compte bien rester à ses côtés désormais. Ravaler ma fierté si besoin, et accepter que lui aussi déroge à la règle des Karlsson pour épouser une roturière.

Le commissaire apparaît enfin avec le premier officier, coupant directement court à la pseudo discussion. S'il paraît sévère au départ, une fois le dossier entre ses mains, il devient immédiatement mielleux ; la faute au nom inscrit dessus, je suppose.

"Monsieur Karlsson ! Nous vous présentons nos plus plates excuses. Le système..."
"Je me fiche de votre système. Allez-vous laisser sortir mon frère, oui ou non ?"
"Bien sûr, mais..."
"Alors je le veux ici dans les cinq minutes qui suivent."

On ne fait pas attendre un Karlsson, encore plus lorsque celui-ci doit avoir été traité comme du bétail. L'enquête suit toujours son cours, heureusement l'avocat déniché à la hâte pour sortir Ichabod de là a fait du bon travail - non sans mal, puisqu'il n'a pu travailler qu'avec des fragments d'informations.
Crédits ; Ghost/haunted

TW : angoisse, mention de meurtre, d'harcèlement, d'insomnies, langage grossier.

Est-ce qu'elle avait fait exprès de glisser l'information sur le retard de la libération de son mec pas mec mais peut-être mec à son frère ? oui. Parce qu'elle espérait que lui au moins, pourrait faire un peu plus bouger les choses, après tout, c'était un homme, rien que ça, ça pouvait faire la différence, vu la société dans laquelle iels évoluaient. Mais surtout, son nom de famille pouvait aussi faire tiquer. Vu que Nero l'assumait pleinement, autant en profiter. Et le pire, c'est que son plan marche, elle voit les traits de l’aîné se durcir, exiger de voir la personne à la tête de cette brigade d'incapable. Liya est fière, lance un petit regard victorieux vers l'officier qui se lève, partant chercher son chef, semble-t-il. La sorcière revient bien vite à la normale, quand elle entend quelque mot lui être adressé, elle vient se tourner un peu vers Nero, soupirant doucement.

"Je commençais à devenir folle, j'avais besoin de le voir... C'est bête à dire, mais j'ai juste besoin de m'assurer qu'il est bien là. "

Vivant, même si elle ne le dit pas. Mais oui, elle n'arrivait plus à rester chez elle ni même au shop, elle avait besoin de le voir, en chair et en os, pour se rassurer, être soulagée et peut-être réussir à dormir un peu plus sereinement. Les deux frères allaient sans doute vouloir passer un peu de temps ensemble après tout ce qui venait de se passer et elle ne voulait pas les en empêcher alors, le voir, même que quelques minutes, aujourd'hui, ça ne pouvait que l'aider à patienter jusqu'au moment où Ichabod serait à nouveau disponible pour venir lui expliquer le pourquoi du comment il s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Et puis, l'aéromancien lui demande de ne pas briser le cœur de son frère, ce qui fait sourire la brune, c'était mignon, dans le fond.

"Je ne serais pas là, si c'était mon intention."

Elle ne peut s'empêcher de lui lancer un petit sourire avant que le commissaire n'arrive avec l'officier parti un peu plus tôt. Liya s'efface donc quelque peu pendant la discussion, laisse le sorcier gérer parce que ça semble bien marcher. Nero veut que son frère soit ici dans les cinq minutes qui suivent, le commissaire soupire, il semble comprendre qu'il n'a pas trop le choix et disparaît, répondant qu'il allait s'en charger lui-même pour accélérer le tout. Il n'aurait pas pu commencer par là ? Pense Liya en roulant des yeux, venant grattouiller la tête de son familier posé contre sa jambe. Le silence s'installe ensuite, la sorcière ne cherche pas non plus à trop faire la conversation il faut le dire, elle a du mal bien du mal à gérer ses émotions pendant l'attente et puis, elle ne voulait pas faire une bourde, déjà qu'elle avait traité Nero de piñata gothique... C'est fou ça, pourquoi Ichabod ne lui avait rien dit sur le moment ???? Sur ça aussi, il allait devoir s'expliquer ! À moins que ce soit juste elle, qui ait oublié cette information ? Bien possible.... Enfin, le tatoueur apparaît au loin, l'oniromancienne ne peut s'empêcher de soupirer de soulagement alors qu'elle a l'impression qu'on lui enlève un gros poids sur les épaules. Même si elle se demande directement s'il allait "bien" si on l'avait bien traité, si... plein de choses en fait... Et elle aurait juste aimé lui courir dans les bras, mais la brune se retient, reste sagement à sa place. Après tout, elle n'était encore qu'une collègue et amie, rien de plus, Nero avait donc la priorité, même si elle doutait que l’aîné ait ce genre de comportement. Mais on ne sait jamais...

Crédits ; Ghost/haunted

Tw : Incarcération, mention de parricide, consommation de tabac

Ichabod sait très bien comment il en est arrivé là. Ichabod sait très bien aussi, qu'il n'a rien à se reprocher. Du moins, sur le papier et officiellement. Son appel, il ne consacre à Liya. Compose le numéro, avant de laisser un message vocal :

« Liya, tu vas me détester, mais je suis au poste de police à New Town. Je vais sans doute y rester quelques jours, le temps que cette histoire se règle. Je vais bien, et je suis désolé. T'inquiètes pas pour moi, je suis sur que mon frère enverras un Avocat très rapidement pour m'aider. Tu verras les nouvelles, demain matin... Il... Il y a eu un incendie chez nos parents. Nero m'a demandé de venir l'aider. J'ai vu personne, je sais pas ce qu'il en est et... oui oui, je finis. Je vais devoir te laisser, on me fait signe. Essayes de prévenir mes clients au shop, si tu peux, s'il te plaît. Ou demandes à Sky... Merci. »

Il aurait aimé dire je t'aime, mais pourtant, ça lui reste sur le bout des lèvres alors qu'il raccroche le vieux combiné téléphonique. Ce n'est peut-être pas plus mal, qu'elle n'ait pas décroché. Est-ce qu'elle dort pour une fois ? S'il l'avait eu à l'autre bout du fil... Le tatoueur n'est pas certain qu'il aurait pu garder contenance bien longtemps. La vérité, elle y aura le droit en temps et en heure. Mais pas ici, pas comme ça par téléphone et surtout pas sous le regard des deux policiers qui surveillent qu'il ne tente pas quoi que ce soit d'idiot.

Trainé en salle d'interrogatoire, on s'efforce de lui demander la même chose pendant des heures durant, formulées de manières différentes pour savoir si son discours change. S'il y a la moindre petite incohérence contre lui. L'Aéromancien sait qu'il doit avoir des nerfs d'acier. On a même séparé Dante de lui pour tenter de le déstabiliser. Pourtant, le tatoueur tiens bon. Sait que tout repose sur ses épaules : aussi bien pour Nero que pour lui. S'il venait à confesser quoi que ce soit, s'en serait terminé d'eux. Alors, il s'efforce de penser à autre chose. Se simplement visualiser son trajet en moto jusqu'aux lieux du crime, qu'il a retrouvé déjà en feu à son arrivée. Rien ne change : Il a passé sa soirée au bar à discuter. Il y a des témoins. Puis, il a reçu un message de son frère, lui demandant de venir rapidement parce que quelque chose n'allait pas : ils peuvent regarder son historique de messages sur son téléphone. Ensuite, puisqu'il est un adelphe exemplaire et soucieux de son aîné, Ichabod s'est rendu sur place.

Il y prend un malin plaisir, à faire tourner les inspecteurs de police en bourrique. Refuse d'élaborer sur sa relation avec ses parents sans la présence d'un avocat quand on lui demande d'en parler, mais précise bien volontiers qu'entre Nero et lui, tout va bien. Ils sont frères, après tout. La famille c'est important d'en prendre soin, ce terrible accident le prouve bien : on ne sait jamais ce qui pourrait arriver.

Puis le lendemain, l'Avocat arrive enfin. L'enfant des vents lui sert la même histoire qu'à la police, ni plus ni moins. Répond par contre à la question des parents, en disant qu'ils ne sont plus en contact depuis plusieurs années suite à des différents.

Combien de temps ?
Presque quinze ans.

Pourtant, il n'élaboreras pas d'avantage sur les fameux différents évoqués. Ne peut pas divulger des informations trop sensibles. Pas qu'il tienne à préserver la réputation des morts - dont on vient de l'informer officiellement du décès, sans qu'il ne verse une larme, pas même pour la comédie. C'est à celle des vivants qu'il tiens d'avantage, aux secrets de Nero qui n'ont pourtant plus lieu d'être maintenant que plus pesonne n'est là pour le juger. Mais ce n'est pas à lui, de parler des préférences romantiques de son aîné, l'Avocat n'a pas non plus à savoir que personne dans la fratrie n'a jamais réellement fait son deuil d'Aurelis.

« Si j'avais voulu me venger, vous ne croyez pas que je l'aurais fait bien avant ? »
« Evitez de dire ça à la police... »
« C'est bien pour ça qu'on vous paye, non ? Vous allez parler à ma place, faire votre travail et laver notre nom. »

On aimerait trouver un coupable. Ichabod est celui tout désigné, jusqu'à ce que Nero atteste d'une attaque. Il a quelques nouvelles de son aîné, grâce à l'Avocat. Il va bien, mais a besoin de repos avant de venir faire une déposition au poste, c'est ce qu'il promet aux enquêteurs pendant que le tatoueur lui, vide un paquet de clopes qu'on lui a finalement accordé vêtu de sa combinaison Orange.

« Karlsson, dehors. »

Un C'est pas trop tôt est difficilement retenu, avant qu'on ne lui mette dans les bras des vêtements propres qu'il regarde d'un air dubitatif : ce n'est pas à lui. A qui, alors ? Certainement pas à son frangin, qui n'a absolument pas la même carrure que lui. Les questions attendront. D'ailleurs, s'il y a une chose dont Ichabod a particulièrement marre c'est bien des questions. Ses affaires restituées, ces vêtements enfilés sans qu'il saches d'avantage à qui ils appartiennent, on le conduit finalement dans le hall du commissariat. Nero est là. Un grand dadet attire son attention un peu en retrait et le tatoueur comprend qu'il s'agit des fringues de Lucius. Client du shop, et amant de son frère. Puis il y a aussi Liya. Et son cœur se serre soudainement. Il se fige un instant, un peu comme un grand dadet, lui aussi. Une étreinte rapide à son aîné, pour lui murmurer des remercîments :

« Merci. »

Puis difficilement, Ichabod le contourne pour s'approche de sa collègue. Non, c'est plus qu'une collègue. L'avantage (et le désavantage) d'être en garde à vue dans une cellule trop étroite c'est qu'on est avec soi-même. ça donne le temps de réfléchir, souvent à ses crimes pour avouer. Mais dans son cas, de réfléchir à sa vie. De se rendre compte aussi, qu'il n'y a parfois pas assez de temps. Alors, sans réfléchir d'avantage, le voilà qui serre le corps de la sorcière dans ses bras. Retrouve l'odeur de son shampooing qu'il connaît bien. Refuse de la lâcher, pour murmurer à son attention :

« Je suis désolé. Je t'aime. »

Et cette fois-ci, il arrive enfin à le dire. Et ça soulage, grandement, d'enfin l'avouer à défaut d'admettre avoir mis le feu volontairement pour couvrir Nero. Il aura au moins été honnête sur ça.

TW : angoisse, paranoïa, mention de meurtre

Voir ces incapables se dresser entre mon frère et sa liberté a le don de me mettre hors de moi. Je sais que je suis instable mentalement, que ces mains qui tremblent ne sont pas habituelles pour un type comme moi, que cette adrénaline qui monte et me dicte presque de leur sauter à la gorge n'a rien à voir avec ce que je devrais ressentir. Je devrais être soulagé, persuadé d'avoir raison, d'avoir réussi à sauver Ichabod de la prison qu'il ne méritait pas. Mais au fond, la culpabilité me ronge toujours. Au fond, je sais qu'il est là à cause de moi, et que je devrais être à sa place. Ma paranoïa habituelle ne fait que s'exacerber à mesure que les minutes passent, et je suis persuadé que la raison pour laquelle il y a un délai est qu'ils sont en train de chercher le meilleur moyen de m'attraper moi. Qu'ils sont actuellement en train d'encercler le commissariat, qu'ils se sont tous armés en conséquence comme si j'étais un dangereux terroriste capable de tous les éliminer d'un revers de main. Est-ce seulement possible avec les pouvoirs de Jake ? Après tout, mon alter a réussi à se battre contre mes bourreaux alors que mon corps commençait à lâcher...n'a-t-il pas été capable de se lever, de les éliminer l'un après l'autre alors que les portes de la mort étaient si proches pour moi ? Freja a été très claire sur le sujet : nous avons failli disparaître. Et pourtant, il ne ressentait pas cette même faiblesse. Serait-il capable de sortir pour me protéger de ceux qui cherchent à m'enfermer ?

Mon poing droit est serré, les jointures blanches sous l'effort et mes ongles rentrés dans mes paumes qui laisseront sûrement de belles marques rouges. Mon coeur bat à toute vitesse, ma respiration est difficile et je peine à garder contenance. Il faut que j'arrive à m'ancrer de nouveau dans la réalité. est-ce qu'ils sont tous en train de comploter contre moi ? Lui là, derrière son comptoir...appelle-t-il des renforts, alors ? Non, il semble beaucoup trop détendu. Et là-bas, dans l'autre pièce ? Non...ils sont en train de rire ensemble. Dans le couloir...rien qui sorte de l'ordinaire, je suppose. Il n'y a pas d'unité d'élite prête à débarquer pour me neutraliser. Pas d'armes à feu pointées sur moi dans l'espoir que je ne parvienne pas à arrêter toutes les balles. Tout va bien...oui, tout va bien.

C'est un soulagement certain que je ressens en voyant enfin le visage de mon frère, vêtu des vêtements de Lucius gracieusement prêtés pour qu'il n'ait pas à se trimballer en tenue de prisonnier dehors - vous imaginez les ragots rapportés par la presse ? Déjà que nous sommes tous sous le feu des projecteurs ces derniers jours ! Il se dirige directement vers moi, et j'accepte volontiers son étreinte. Non, plus que ça : moi qui ne suis d'ordinaire pas expressif, je le serre de mon bras valide avec un peu plus de force que j'imaginais moi-même. Son remerciement récolte un grognement de ma part, et je ne le laisse partir qu'en sentant le regard appuyé de la demoiselle à mes côtés. Sentir l'étreinte d'Ichabod a achevé de me ramener dans la réalité, et je parviens enfin à me calmer.

C'est toujours comme ça dans ta tête ?
Comme ?
Brouillon. Chaotique. Stressant. Flippant.
Oui.
J'avais jamais remarqué. C'est horrible, j'ai l'impression que je vais perdre toutes mes plumes !
Désolé, d'habitude je t'épargne ça.
Ne t'avise pas de m'empêcher de ressentir ce que tu ressens, Nero. Je t'ai dit que je te lâcherais plus maintenant.
Je peux pas t'imposer ça tous les jours...et puis, je gère.
"Ouais, tu gères vachement."
"Shhht."

La petite chouette laisse échapper un hululement agacé avant de voler jusqu'à mon épaule, et de me donner un coup de bec sur la tempe. Ne souhaitant pas me donner en spectacle - bien qu'il soit peut-être trop tard, étant donné la scène que nous avons faite avec cette demoiselle - je contourne mon aimé en lui lançant un regard entendu et quitte le commissariat sans même un regard à ceux qui attendaient sûrement des remerciements, ou au moins des salutations pour leur "bon travail". Je commence à étouffer ici, et maintenant qu'Ichabod est effectivement hors de cause, nous n'avons plus rien à faire ici. Au fond...je vérifie aussi que mon imagination m'a bien fait des tours, et que personne ne nous attend dehors pour tous nous embarquer. Rien à droite, rien à gauche...c'est un soupir de soulagement qui passe la barrière de mes lèvres. Peut-être que je suis un peu trop parano.

"L'enterrement aura lieu dans deux jours, ils seront inhumés au caveau familial. L'avocat m'a déconseillé le huit clos, donc...il y aura sûrement tout le gratin des hypocrites, et quelques journalistes pour la forme. Tu ne peux pas disparaître de nouveau, Ichabod, ils savent déjà que tu es revenu. Mais...c'est la dernière mascarade. Notre dernière mascarade à tous les deux. Ensuite...plus rien ne nous empêchera de vivre, enfin."

Du moins, plus rien ne m'empêchera de vivre moi. Lui...il a déjà décidé de sa vie des années auparavant. Disons que pour une fois, il sera libre de ses mouvements dans la ville qui l'a vu naître. Je dévisage sa nouvelle compagne du regard, et hausse les épaules avant de poursuivre.

"C'est le moment d'enfin officialiser les choses, non ? Vous serez à ses côtés pendant cette...hmm...épreuve. Vous faites partie de la famille maintenant, pour le meilleur et pour le pire."

Tout comme Lucius a fait son entrée fracassante à mes côtés, tout comme il sera remarqué lors de cet événement qui ne devrait pourtant pas parler de nous mais plutôt des défunts. Un soupir las m'échappe, et je sens un petit tiraillement sur le côté de ma tête là où Freja tire une mèche de cheveux, montrant son soutien peu conventionnel. Toute cette histoire est loin d'être terminée...pourtant, je suis incroyablement épuisé. Organiser des obsèques, une succession, sortir mon frère de prison, s'occuper des employés des Karlsson, déménager, guérir...c'est trop pour un seul homme, et les cernes sous mes yeux en sont une preuve. J'ai hâte que tout ça se termine.
Crédits ; Ghost/haunted