[Terminé] [mission] Cináed & April

TW: Mention de grossesse

"C'est quand même fou comme ça pris des proportions terribles très vite."

Dùghlas, rendu invisible pour l'occasion, avait raison. En six mois, April avait changé de métier, commencé seulement à en appréhender les ficelles, avais réussi à retrouver un semblant de calme et se retrouvait d'un coup propulsée dans un groupe d'enquête antiterroriste en un claquement de doigts. Elle était horrifiée. Et dans le même temps, le choc avait été terrible. Des gens étaient morts. Des gens que sa famille connaissait, de près ou de loin, avec la tendance des MacLeòid à toujours coller le pouvoir là ou il se trouvait. Cette fois-ci, ils s'en étaient sortis indemnes: mais le message était passé, et, face au stress évident de ses parents, April s'était portée volontaire. Maintenant qu'elle y était, elle n'avait que des regrets: qui avait été assez stupide pour se dire que sa contribution était la bienvenue?

Mais rapidement, un individu suspect avait été identifié, et elle l'avait pris en chasse, aussi discrètement qu'elle pouvait le faire avec un taureau des Highlands. Peu athlétique, mais suffisamment perspicace et aidée d'un animal plus rapide qu'elle, elle était arrivée aux portes du CHU d’Édimbourg. La nuit venait de tomber, et April savait d'expérience qu'on ne pouvait plus rentrer dans les hôpitaux librement passé une certaine heure, a moins d'avoir une urgence. Mais le type était en train de filer entre les bâtiments, et elle n'avait pas le temps de réfléchir d'avantage. Il lui fallait un plan, et la hauteur de la clôture indiquait clairement que ce plan devait obligatoirement reposer sur le fait de convaincre le gardien de l'autre coté de l'interphone de la laisser entrer.

Elle avait l'air en forme, et avait couru, mais pas au point d'avoir l'air de nécessiter des soins urgents. Que faire?

"Dùghlas, j'ai une idée géniale."

April dégaina sa gourde, l'ouvrit, et s'arrosa copieusement l'entrejambe avec son contenu. Il était temps de retourner les préjudices grossophobes à son avantage, et de tenter de quelque chose de créatif. Après tout, elle avait vu sa mère sortir sept enfants à sa suite, tous accouchés à domicile. Elle avait une carte à jouer.

"Anthearia nous regarde, et les esprits savent à quel point elle nous juge."

La jupe désormais trempée, April se dirigea d'un pas faussement tremblant vers la sonnette, prête à livrer sa meilleure interprétation de femme enceinte échevelée, et appuya sur le petit bouton gris.

"Bonsoir, je suis désolée de vous déranger mais je suis enceinte de quatre mois et je crois que je viens de perdre les eaux. Est-ce que je peux voir un médecin en urgence?"

Réalisant simultanément qu'elle aurait pu simplement dire qu'elle avait mal au dos, April s'interrompit pour se retourner. Elle avait entendu un bruit. Est-ce que le suspect était revenu sur ses pas pour la piéger?

TW: Drogue / Attentat / Insomnie

La nouvelle tomba comme un couperet.
Imaginez une classe qui travaille d’arrache-pied, qui passe un examen final et en sort plutôt satisfait ; au retour, à l’attente des résultats, non pas une bonne note, non pas une mauvaise note, non pas une catastrophe mais l’entièreté des élèves, de la promotion, recalé. Une école si nulle qu’elle en voit ses subventions retirées, ses futures inscriptions toutes abandonnées, son nom rayé. Voilà quel était l’état de la police sorcière se trouvant du côté humain, une petite poignée de mage toutes et tous abattus par la nouvelle sortie de nulle part.

Personne ne s’y attendait.
Je me trouvais tranquillement dans mon canapé, le soir, à somnoler vaille que vaille, quand le téléphone sonna, que les messages et la panique affluèrent.
Depuis, je n’avais que peu dormi, encore moins que d’habitude, tentant de demeurer au maximum de mes capacités à l’aide de café, boissons énergisantes et substances illicites. Il s’avérait difficile de jauger la limite, j’espérais m’y tenir.

Dans cet état frénétique peu contrôlé, et pour être honnête au bord du gouffre, on m’avait envoyé enquêter aux abords du parlement, là où l’attentat avait eu lieu.
Parmi les badauds, une silhouette se détachait ; on aurait dit un journaliste de prime abord mais cette personne, de loin, semblait stressée. Après quelques instants à avoir scruté les lieux clefs de l’attaque, l’ombre s’éloigna suspicieusement du bâtiment. Je savais que d’autres sorciers s’étaient désignés pour mener l’enquête mais je n’avais pas le temps de prévenir le volontaire.
Afin d’apparaître comme un homme lambda, j’avais enfilé ma meilleure tenue de roller ; fashionista de Decathlon, cela me permettait de rapidement réduire la distance entre le suspect et moi. En effet, le bougre (ou la bougresse) se trouvait à l’autre bout de l’esplanade et s’enfonçait déjà dans le méandre des rues, si peu éclairées à cette heure nocturne.
Le chemin emprunté me semblait décousu, abscons ; une seule chose me vint à l’esprit, ma proie se savait poursuivie. Il me fallait à la fois ralentir et, parfois, bifurquer pour le retrouver plus tard car, étrangement, je n’arrivais tant à réduire la distance.
Quand enfin il ne me semblait plus très loin, les portes du CHU me bloquèrent l’accès.

Comment était-il entré ? Commençant à arpenter l’enceinte, je décrétai rapidement qu’il m’était impossible de franchir l’enceinte en escaladant, du moins non sans risque. Certes, l’adrénaline et d’autres produits me donnaient des ailes (et pas que le liquide en canette), mais l’idée de devoir atterrir en roller me refroidissait. Et Kidlat, lui, m’interdisait clairement de le suivre.
De retour au portail d’entrée, je tombai sur une connaissance.
Pas n’importe laquelle.
Je ne l’avais pas vu pendant des années, puis un sécateur à la main, puis en train de vivre bien trop précocement une fuite urinaire. La voyant parler à l’interphone, il me fallait intervenir. Cependant, la paranoïa -car j’étais assez conscient de savoir qu’il s’agissait bien d’une paranoïa- due à mes lignes blanches me poussaient à ne pas révéler ma fonction de policier.

L’accostant, une main sur l’épaule, je poursuivi.
J’ai fait aussi vite que j’ai pu, chérie.
La transpiration, les cernes sous les yeux et les pupilles dilatées devaient jouer en ma faveur et faire comprendre à April dans quel état je me trouvais.
J’entrai dans son jeu car, dans mon esprit brouillé et beaucoup trop énergisé, si la personne que nous poursuivions était entrée sans anicroche, peut-être que des acolytes l’aidaient à l’intérieur de l’hôpital. De plus, montrer mon badge ou mon arme policière ne feraient que faire paniquer la sécurité qui, alors, alerterait notre cible, ou ses alliés, de plus bel.
Approchant ma tête de l’interphone, la peau luisante et les pupilles tremblantes, je repris :
Vous ne voyez pas qu’elle souffre ? Ce sont des urgences oui ou non ?

TW: Mention de grossesse

Au. Fucking. Secours.

L'estomac d'April s'était noué en entendant la voix de Cináed, et elle s'était crispée encore plus fort lorsqu'il l'avait touchée en se faisant passer pour le père de cet enfant inexistant dont elle se servait pour entrer dans le CHU. Faux sourire aux lèvres, et avec l'envie d'en découdre absolument, la sorcière se contenta de lui adresser un regard fugace mais d'une glaciale froideur. Qu'est-ce qu'il fabriquait là?

C'était probablement son binôme, comprit la botanomancienne dont la journée ne s'arrangeait décidément pas du tout. Et la situation se gâtait encore : on l'avait crue, et on l'avait crue un peu trop fort. Voilà qu'un médecin s'approchait d'elle, inquiet, avec un fauteuil roulant, et elle n'avait pas d'autres choix que de jouer la comédie pour le moment, alors même que sa cible disparaissait de son champ de vision, et qu'une échographie révèlerait certainement qu'elle n'était pas enceinte du tout.

Il fallait un plan, et rapidement. Qu'est ce que sa mère avait fait de ses huit grossesses, à part perdre toute dignité dans le canapé familial?

Au détour d'un couloir, une enseigne sur une porte lui offrit une idée aussi saugrenue que la précédente: mais à la guerre comme à la guerre, April devait se sortir de là aussi rapidement que possible.

"Excusez-moi, docteur. Je...je suis désolée, mais je ne suis pas allée aux toilettes depuis que je suis partie et...est-ce que je peux m'arrêter un instant? Je ne voudrais pas avoir...un souci. C'est assez humiliant comme ça."

Ce faisant, elle adressa son regard le plus larmoyant et concentré à Cináed. Accompagne moi, nom de dieu, Cin, pour qu'on se barre, ou alors sors et fait le tour et retrouve moi de l'autre coté, ou alors n'importe quoi mais fait quelque chose pour nous sortir de là , par les esprits.

"Je suis désolée de te causer autant de soucis, mon chéri, et de te forcer à m'accompagner."

( April parle par télépathie avec Dùghlas, ce qui lui permet d'éviter l'internement de force )

Ca avait marché. Par miracle, son plan stupide avait fonctionné, et April était désormais, sous prétexte de pipi urgent (ce qui devenait un thème de cette enquête, qu'elle ne se donnerait pas la peine de retranscrire à son retour), libre de reprendre sa folle course poursuite. Sans l'autre, certes, mais il l'avait déjà larguée une fois : elle n'était plus a une reconstitution près.

"Dùghlas, de quel coté est parti ce type?
-Sauf si il est parti pisser, on a perdu sa trace.
-Fait chier".

April défilait dans les couloirs, déterminée à retrouver la sortie, lorsqu'elle aperçut du coin de l’œil un bout d'étoffe pastel, un peu semblable à celui porté par le suspect.

"On le tient. Je crois.
- C'est aussi la couleur des robes du service gériatrie.
- C'est la couleur de notre seule piste, et..."

April prit une inspiration, et tourna à gauche, les doigts croisés dans la poche de sa robe.

"Je n'ai plus le temps de ne pas me faire confiance. "

Le taureau ne trouva rien à redire, et emboîta le pas de sa sorcière, qui peina a étouffer un petit cri de joie.

"C'est le bon gars. Suivons le, et regardons un peu ce qu'il fabrique. Mais de loin : le type est dangereux.
- Si il s'excite, je suggère un bon vieux pied bouche."

La botanomancienne grimaça. Elle aurait préféré éviter ce cas de figure. En même temps, des gens étaient morts. Les attaquants étaient dangereux. Et ils n'hésiteraient pas.

"Banco sur le pied bouche. Mais avant ça, regardons ce qu'il trafique."

Aussi silencieuse que possible et aussi discrète dans son imprimé criard qu'elle pouvait l'être, April emboîta le pas de l'individu, déterminée à élucider une partie des évènements tragiques récents. Elle ne pouvait pas échouer.

Et, portée par un élan de confiance probablement assez mal ajusté à la situation, elle envisagea, un petit instant, qu'elle n'allait pas échouer.

Carrelage de cons, ragea la sorcière, incapable de prédire quoi que ce soit dans l'obscurité de la réserve. C'étaient bien là les humains qui avaient tout stérilisé, inconscients qu'ils étaient de ce qu'ils tuaient dans leur passage. Et c'était bien là April, qui avait distraitement oublié d'acheter une paire de tatanes alors qu'elles étaient en soldes la dernière fois qu'elle était passée devant, et qui s'était dit qu'elle les prendrait à la prochaine démarque.

Des imbéciles, à tous les étages, et elle était la reine des nouilles dans le noir, avec son pouvoir qui ne servait à rien dans une réserve pleine de ...trucs. Un instant, April envisagea d'utiliser sa bioluminescence, et avait déjà sa magie au bort des doigts avant de se raviser brutalement. Le type qu'elle suivait en voulait peut-être aux sorciers, et c'était probablement une idée stupide d'arriver devant lui éclatante de milles feux, tel un ange Gabriel plus gros, plus roux et infiniment plus fabuleux mais surtout incapable de se défendre.

Il valait mieux trouver l'interrupteur.

Prudente, April longea le mur carrelé du bout des doigts, en tentant de se rassurer. Maugan Ra était sorti plus fort de l'oeil de la terreur, et il y avait probablement un parallèle raisonnable à faire avec cette réserve sombre et inhospitalière(1). A son grand soulagement, ses doigts rencontrèrent le cadre familier de son mortel ennemi, l'interrupteur, qu'elle pressa en écrasant un soupir. Fiat lux!

Éblouie par le néon clignotant, April ferma les yeux un instant, anxieuse de savoir ou se trouvait l'homme, et ce qu'il faisait, mais surtout de justifier sa présence a sa suite. Il faudrait encore mentir et raconter n'importe quoi en priant pour que ça passe. Quelle journée abominable.

1: tu l'as?

Le type était là, en face d'elle, alors que l'éblouissement se dissipait petit à petit. C'est une catastrophe, songea April, avant de songer AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHH ilestlàilestlàilestlàilestlà.

Au moins il avait l'air aussi planté qu'elle. Elle avait un avantage, une microseconde qu'elle pouvait mettre à profit si elle trouvait une idée, la bonne idée, le bon bobard, le plan surprenant mais créatif qui finirait par la mener au succès inévitable. Mais rien ne venait: il était dans une réserve d'hôpital, bourrée de matériel médical, et il n'avait rien à y faire. Elle non plus. Il n'y avait que les malades et les blessés dans ce bâtiment de merder et...

Oh.

Elle était là, la bonne idée. Il était peut-être là parce qu'il était blessé ou qu'il avait besoin de matériel: si l'empathie d'April lui disait simplement qu'il était confus, le bon sens éclairait enfin la probable raison de la présence de l'homme ici. Et, conséquemment, la marche à suivre pour lui tirer les vers du nez sans violence.

"N'ayez pas peur. Je suis là pour vous aider."

Soit c'était du génie, soit c'était de la merde, mais c'était une tentative.

La sympathie n'avait pas fonctionné, et si elle avait eu le temps, April se serait probablement flagellée de sa propre naïveté. Mais les choses se précipitaient. Le type tentait de sortir, et la bouscula vivement.La sorcière eut une micro-seconde pour se préparer à l'impact, et ça suffit: les leçons de Dùghlas sur "qu'est ce qu'on soit faire quand on est gros, qu'on a pas envie de bouger et qu'on veut manger l'étal du primeur" avaient porté leurs fruits.

Elle avait accusé le coup, et elle était encore debout, et elle était coincée avec le type dans la réserve.

Non.

Le type de la réserve était coincé avec elle: c'était ça , le message à faire passer. Les politesses n'avaient pas marché, et il était temps d'arrêter d'essayer de négocier avec finesse. Même si elle n'avait pas été fine à un seul instant du processus, et si elle n'avait qu'une seule envie, à savoir fondre en larmes et rentrer chez elle en déclarant cette journée abominable, entre morts, attentats et humiliations, définitivement terminée. On ne faisait pas toujours ce qu'on voulait.

"Je crois que vous n'avez pas bien compris ce qui vous arrive."

Au secours au secours au secours

"Vous préférez me parler à moi plutôt qu'à ceux qui arrivent."

Elle était ouvertement en train de menacer quelqu'un. Aux chiottes le bon sens, April MacLeòid était en train de menacer quelqu'un, elle qui avait peur d'aller autre part qu'à la caisse automatique du supermarché et qui s'en était voulue pendant plus de vingt-quatre heures après avoir dit "bon appétit à vous aussi" à la serveuse du pub. Elle avait passé la dernière demi-heure à mentir, à tricher, et maintenant elle se permettait de proférer des menaces qu'elle ne pouvait pas tenir au lieu de rentrer chez elle manger du fromage, et elle détestait ça.

Mais elle était dedans, et elle ne pouvait pas fondre en larmes parce que le type l'avait poussée. En plus, c'était un demi-mensonge: Aphrodite avait forcément paniqué en voyant son message et avait forcément appelé des renforts: le type n'avait pas besoin de savoir qu'on parlait de sa mère, de son père, et peut-être de sa mamie (qui n'aurait, elle, pas hésité un seul instant à essayer de faire pousser des ronciers dans ses poumons - elle était un peu old school comme ça, et April n'était pas toujours convaincue de l'éthique de sa magie, même si elle commençait à douter sérieusement). Et elle en aurait besoin, après ce qu'elle s'apprêtait à faire. En travers de la porte, bien déterminée à obtenir des réponses, elle articula, faussement calme.

"Je veux savoir pourquoi vous avez attaqué, et au nom de qui."

Avant que je ne fasse une crise d'angoisse, idéalement.

Le type ne veut pas lui répondre. C’était sûr. Mais April a fait ce qu'elle pouvait : sa magie n'était pas en capacité de l'aider ici, et Dùghlas, préposé à la violence physique sur végétaux, humanoïdes, et sandalettes n'était pas là non plus. April serra le poing: il n'avait pas de difficultés à bousculer qui que ce soit, lui, et le type en face le méritait amplement.

Mais le geste ne se faisait pas. Il bloquait quelque part dans le coude, dans les phalanges, dans les bras trop lourds et les doigts soudain faits de verre qui ne pouvaient plus bouger au risque, métaphorique de se briser. April n'avait jamais haï quelqu'un au point de lui faire physiquement du mal; et même face à ce type qui représentait tout ce qu'elle exécrait au plus haut point, et qui avait aidé à commettre le plus grand de tous les crimes, elle était incapable de porter le premier coup. Malgré les gestes datés de Mamò et quelques expériences malheureuses, April avait assez connu l'amour et la sécurité pour être fondamentalement habitée du respect du vivant et de son intégrité comme le principe le plus sacré.

Elle le savait. Elle n'aurait jamais dû se retrouver seule face à cette ordure, alors qu'elle n'avait aucun moyen de se battre. La créativité pouvait bien la mener jusqu'ici: mais pour terminer ce qu'elle avait entrepris, c'était une autre paire de manches.

La pensée lui vrilla le cœur. Ce qui était une aventure improbable prenait un tournant dramatique. Elle ne savait pas quoi faire, et elle ne servait à rien. Pire que ça: elle s'était mise en danger bêtement, et allait le payer cher. Ces types avaient tué des amis de ses parents, et elle se retrouvait incapable de faire quoi que ce soit.

La frustration la prit à la gorge, et elle se mit à déverser le trop plein, mélange de peur primaire, d'anxiété, de tristesse.

"J'en peux plus."

D'une main mal assurée, elle agrippa le barreau d'une étagère de la réserve. Elle était au bord des larmes, mais elle était surtout épuisée, et venait d'accuser brutalement la réalisation de tout ce qui s'était produit ce jour là.

"A cette heure là, je suis chez moi à manger du cheddar et à écouter Louis Cole. J’aspire à la paix et au calme, et surtout à ce qu'on me laisse dans mon coin. Mais non."

La sorcière parlait de plus en plus vite, et de plus en plus fort. L'étagère tremblait.

"Non parce que vous avez mené votre assaut de merde et que des gens sont morts. Et on est là, comme deux connards dans cette réserve de con, à se regarder en silence alors que vous êtes coincé."

Une boîte de seringues tomba par terre, répandant son contenu au sol. April avait envie de vomir. Elle criait presque, et les mots trébuchaient les uns sur les autres.

"Et la seule raison pour laquelle un de mes comparses ne vous a pas déjà torché la gueule, c'est parce qu'on est pas des barbouzes de merde. Mais ils ont pas tous ma patience, et notre petite course poursuite m'a PÉTÉ LES COUILLES."

Elle hurlait franchement, désormais. Ivre de colère, elle renversa involontairement le reste de l'étagère par terre, répandant masques, charlottes et tubes au sol.

"Répondez à mes questions ou je vous transforme en topiaire."