She's a rebel cutiepie, ok ? Ft. Maja

Quand Maja était venu la voir pour lui demander de la tatoue, Liya avait tout d'abord demandé qui elle était et ce qu'elle avait fait de son amie. C'était si soudain que forcément, la tatoueuse se méfiait. Mais elle avait fini par comprendre que non, la jeune femme était bien elle-même et qu'elle demandait vraiment à faire encrer sa peau. Directement, les alertes rouges de la brune s'étaient mises en alerte, quelque chose n'allait pas, n'est-ce pas ?

" Tu es sûre de chez sûre, que tu veux te faire tatouer ? Tu sais, ça reste à vie, tout ça.... "

Elle ne pouvait décemment pas lui demander, là, en plein shop ce qui n'allait pas, parce que bon, la vie privée des clients et encore plus de ses amis ne regardaient pas forcément les autres personnes travaillant ici et surtout, parce que la brune savait qu'elle risquait de braquer l'autre sorcière et ça, c'était hors de question. Mais finalement, après une petite discussion, elles se mettent d'accord sur un motif, sur la taille, l'endroit et Liya met un rendez-vous pour le lendemain, histoire que le salon soit plus calme, car fermé normalement et surtout, laisser la nuit porter conseille pour un possible retour en arrière. Elle aurait pu lui donner un rendez-vous bien plus tard, histoire de laisser un temps de réflexion plus grand, mais Liya s'inquiétait tout de même pour son amie, alors forcément, elle n'allait pas la laisser dans ses problèmes trop longtemps, sinon, ils seraient trop infusés et âcre, un peu comme une tasse de thé oubliée.

Le lendemain, c'est avec un grand sourire et quelques viennoiseries que la tatoueuse accueille sa nouvelle cliente, refermant directement la porte pour éviter que des yeux curieux tentent d'entrer dans le salon, manquerait plus que ça.

" Alors, tu te sens prêtes ? "

De toute évidence, non, la brune avait appris avec le temps à savoir quand quelqu'un, qui allait passer sous ses aiguilles, était prêt ou non et puis, elle connaissait bien Maja, alors forcément, ça aidait. Intérieurement, l'oniromancienne se dit qu'elle a bien fait de lui donner rendez-vous un jour de fermeture, elles pourront ainsi prendre le temps.

" Tiens, pose tes affaires par ici ! Tu veux quelque chose à boire ?"

Liya disparait ensuite dans l'arrière cuisine, commençant à faire chauffer de l'eau pour un thé qui l'aiderait à rester en forme et surtout éveillée.

De fleurir, Maja en rêvait plus que tout. Elle qui ne faisait que faner, périr, elle était maintenant éreintée de cette vie qu'elle subissait, de ses émotions qui contrôlaient chacun de ses gestes. Essoufflée par cette course folle où dansent ensemble l'anxiété et ses démons, elle ne voulait plus que son chemin soit dicté par son passé.

Sous le murmure du temps qui passe
Il t'emporte délicatement, sans jamais que tu trépasses.
Tout en douceur tu laisses émerger,
Une pétale délicate prête à danser.
Douce et subtile, enfin tu éclos
Fleurissant dans l'éclat d'un destin nouveau.

Ses prunelles brillantes de cette lueur inattendue, c'est le coeur bombé d'un espoir infini que la poupée entreprend d'ouvrir la porte du salon de tatouage pour y trouver le doux visage de celle qui sait toujours lui réchauffer le coeur. Liya, sa plus plus vieille amie et celle qu'elle chérit plus que tout, se tient là, devant elle, ce beau sourire greffé sur ses lèvres et cette aura si douce qui embaume toujours le coeur de notre poupée.

« Oui, sûre à 100%, encore plus si c'est toi qui me le fais, Liya. Je trouve ça encore plus beau. »

Liya ne la connaissait que trop bien. Maja, d'ordinaire introvertie et n'osant jamais sortir de son quotidien, s'ouvrait-là à une métamorphose artistique, celle de graver sur sa peau ce qu'elle voulait greffer en elle pour toujours. Elle aspirait à une renaissance, à déployer ses pétales comme une fleur désirant ardemment voir luire au plus profond d'elle-même cette infime lueur écarlate, promesse d'un espoir pour une vie plus douce, dénuée des tourments du désarroi.

« Prête de chez prête ! Au pire, ça se gomme, non ? »

Préférant l'humour aujourd'hui plutôt que de se complaire dans ses propres angoisses, Maja ne pouvait pourtant cacher à Liya ce qui se tramait réellement. Cináed. Ce nom, qui résonne au creux de son âme, au précipice de son coeur et qui cogne fort, trop fort. Presque résolue à penser qu'il ne la voyait que pour se servir ses talents d'oniromancienne, Maja était en perdition et remettait en cause tout de sa vie, de ses choix. L'envie de ne jamais perdre qui elle est et cette crainte d'aimer trop à n'en plus pouvoir, elle voulait que ses pas tracés dans le chemin de sa vie prennent un tout autre virage.

I broke my own heart loving you. I wish that I was what you wanted but my heart is so tired.

Puis cette rencontre avec Nero, cet homme qui l'intimidait tant et à qui elle n'a pas su dire non. Parce que Maja ne dit pas non, parce qu'elle ne sait pas dire non, parce qu'elle offre son oui comme on offre des fleurs et parce que jamais elle n'a été assez courageuse pour le dire. Ce non, qui lui brûle les lèvres tant de fois mais qui ne fait pourtant que d'embraser son pauvre coeur.

« Je veux bien un petit thé pendant que je prépare mon appareil s'il-te-plaît ! Le shop est trop beau, t'es trop belle, les photos vont être incroyables ! »

S'affairant à préparer l'ensemble de son matériel, Maja prend un temps pour observer ce qui l'entoure. La table, les tatouages collés au mur, les néons, cette ambiance sombre mais chaleureuse à la fois.
Et puis elle voit dans l'arrière cuisine, au loin, Liya qui prépare leur thé. Et tout doucement, sans prévenir, cette boule qui lui serre la gorge, cette peine lancinante et cette envie criante de dire ce qu'elle ressent au fond d'elle, tout bas, avant de tatouer sur son corps ce qu'elle souhaiterait grave en elle.

Alors elle laisse s'échapper, presque dans un murmure, ce qui semble être des phrases banales, sans aucun sens mais qui sont criantes de vérité :

« Tu sais pas qui est venu me voir encore l'autre jour ? Toujours pareil, toujours la même rengaine, en pleine nuit. Il m'épuise », dit-elle avec un léger rire, qui sonne pourtant si faux.

Le coeur qui s'émiette encore un peu plus.
Parce qu'elle ne sera jamais assez, Maja.
Jamais assez pour sa mère,
Jamais assez pour lui,
Jamais assez pour personne.

Comment ne pas fondre devant les mots de son amie, Liya avait fait bien des tatouages dans sa vie d'artiste, depuis le temps qu'elle faisait ce métier aussi ... Mais le fait que Maja lui fasse autant confiance, qu'elle trouve que cet acte, certes douloureux n'en sera que plus beau parce que c'était elle qui le faisait, rend le cœur de la brune aussi mou qu'une guimauve. Elle n'a qu'une seule envie, serrer fort la petite poupée dans ses bras, parce qu'elle ne sait pas comment exprimer sa joie à cet instant précis, encore moins sa reconnaissance pour toute la confiance qu'on lui accordait. Alors, la tatoueuse se contente d'un grand sourire, d'yeux humides, avant de rire, au trait d'humour que son amie lui fait.

" Bien sûr ! J'ai ramené ma meilleure gomme, si jamais ça ne te plait pas ! "

Liya propose ensuite à Maja de s'installer un peu, de s'étaler dans cet espace qui allait accueillir très bientôt un nouvel encrage. Un thé est proposé et accepté, pendant qu'on prépare la première partie de cette séance : des photos. C'était l'un des talents de l'autre oniromancienne et sachant très bien que cette dernière aurait besoin de temps pour s'acclimater à l'idée qu'elle allait passer sous les aiguilles, Liya avait eu l'idée de lui proposer un petit shooting, ayant besoin de contenus pour ses réseaux, autant lié l'utile à l'agréable. Mais pendant qu'elle est en train de faire chauffer l'eau et de préparer deux tasses pour le thé, la rêveuse entend quelque chose qui lui déplait fortement, si elle avait encore eu les mugs en mains, aucun doute qu'ils auraient frappés assez violemment la surface du plan de travail.

" C'est encore l'autre idiot de Pyromancien c'est ça ?? "

Elle ne l'aimait pas, celui-ci, parce qu'il tournait un peu trop de sa douce amie, non pas qu'elle en était jalouse, au contraire, mais juste, elle avait si peur qu'on se serve encore et toujours de Maja, qu'on abuse de sa gentillesse et de toute évidence, ce sorcier se servait bien d'elle.

" S'il t'épuise, met-le à la porte ! Je comprends qu'on puisse avoir des problèmes, mais il te draine ton énergie, il a qu'à aller voir un psy pour ça, sérieusement, il va falloir poser tes limites choupette ! "

L'eau enfin versée dans les deux tasses, la brune vient les ramener vers l'avant de la boutique les dépose sur un des meubles après avoir mit un dessous de verre pour protéger le bois de la chaleur, avant de se retourner, pour accrocher les iris de Maja, bien décidé à lui apporter des solutions.

" Et si ce n'est pas toi qui le fais, je te jure que je vais finir par chercher qui sait et lui dire qu'il te laisse tranquille au moins sur ça. Il te rend l'appareil au moins ? Non parce que, de ce que tu me dis, il n'y a que toi qui donnes et ça suffit de se faire prendre pour une bonne poire. "