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[Abandonné] Prove me wrong ~ Armand

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13h48. Les chiffres s’affichent sur l’écran sans faire sens. L’œil tout juste entrouvert, presque inerte, les contemple comme s’il cherchait à décrypter un étrange message. 13h48. Pourquoi ça sonne alors ? Et quoi, une sonnerie de réveil ? Depuis quand il utilise un réveil ? Qui utilise encore un réveil ? 13h49. L’affichage est agressif dans ses arrêtes sèches et les contours auréolés de vert fluo, à moins que cela ne soit du jaune ? Peryn lâche un soupir et se détourne pour enfouir le visage dans son oreiller. C’est pas comme s’il avait quelque chose de particulier à foutre aujourd’hui. Et pourtant… il a bien dû le régler ce truc. Genre, le sortir pour le poser à côté du matelas, et lui demander de lui casser les couilles plus tard. Regard vitreux cherche le portable sur le parquet, main incertaine se pose dessus. Ah oui, plus de batterie.

Sabotage volontaire du coup. « Ptain, j’suis vraiment un sale con… » Le réveil sonne. Poing se referme pour se claquer dessus sèchement. 13h50. « Ptain, plusieurs réveils ? » Grognement, l’homme pivote pour se mettre sur le dos. Heliuuuum ? Silence. J’suis pas un post-it Peryn. Oui, mais… tu sais ? Silence. Heliuuuuum ? OUI, PERYN. T’as pas invité le nécro aujourd’hui ? « Oh putaaaaiiiiin… » 13h51. Il avait pas l’air du genre à être à la bourre, lui, plutôt même un peu en avance pour faire bonne mesure, mais c’est peut-être un apriori sur sa prestance calme et sa tenue impeccable. Pas trop le genre de type qu’il voit arriver à la bourre, les cheveux en pétard en bredouillant des excuses.

Ça tourne un peu quand il se lève. Le studio n’est absolument pas présentable, et il aurait bien l’excuse du déménagement récent si cela ne faisait pas plusieurs semaines que les cartons prenaient doucement la poussière et que l’inertie s’installait ici. La grande fenêtre donnant sur la rue s’ouvre en grinçant, filet d’air frais s’engouffrant aussitôt dans la pièce. Le carton à fringues propres est pas loin, alors il choppe un jean et un T-shirt pas trop troué – histoire de faire un effort. 14h, ça devait être 14h le rendez-vous – et franchement, inviter Armand chez lui ça sonnait comme une bonne idée pour régler rapidement leur histoire, si tout commençait par être niquel. Il aurait pu lui montrer qu’il n’y avait pas de soucis à se faire, et que d’ailleurs tout allait très bien merci, pas besoin d’un coup de main et encore moins d’une personne qui prétend parler aux morts et être affilié à lui au 6ème degré, par l’arrière-grand-oncle de sa mère – mais c’est gentil, prends donc un café et n’en parlons plus.

Le plan était solide, comme souvent. La réalité foireuse, comme toujours. Peryn enjambe deux cartons de pizza à côté de son matelas et se dirige vers la cuisine. Dans l’évier, un post-it : Pense à faire les courses, ducon. Ah oui, les courses. Il hésite, dans un moment de flottement, à laisser la note là pour plus tard, avant de la détacher pour la plaquer contre le mur. Ça fera moins désordre. D’un geste mécanique, Peryn vide l’eau qui restait dans l’unique casserole de sortie et en remet avant de la faire chauffer. Le pot de café déshydraté prend l’ombre à côté de ses plaques, et il en verse rapidement dans deux tasses. Tu ne me demandes pas comment se passe ma journée ? Helium… Peryn. J’ai pas trop l’temps là tu vois, mais promis je passe dès que j’ai fini.

La sonnette retentit. Grognement. D’un pas lourd, il se dirige vers l’interrupteur, appuie tour à tour sur les deux boutons. « Bonjour euh… Armand. J’suis au deuxième étage, c’est la porte entrouverte. » Il ouvre cette dernière d’un coup de coude et se traine à nouveau dans la cuisine à quelques mètres pour surveiller l’eau frémir. Je m’installe devant chez toi, si jamais. Si jamais quoi, Helium ? Si t’as besoin, j’arrive. Peryn ricane bêtement. Avec toute la meilleure volonté du monde, il faudrait bien trente minutes à Helium pour se trainer jusqu’à la porte d’entrée, s’il pouvait toutefois traverser la rue sans provoquer un accident. Ses yeux vides se portent à la fenêtre, la mer comme horizon. Sur la vitre entrouverte, au-dessus de son lit, un second post-it. Attention, nécro bizarre, 14h. La porte d’entrée se referme.

Main qui se passe dans les cheveux comme pour retrouver contenance à cette soudaine poussée de stress. Les joues soudainement écarlates, les muscles tremblants, Peryn se force à se tourner vers le semi-inconnu, un sourire maladroit sur le visage. « Bonjour Armand. Tu… euh… t’as trouvé facilement ? Tu veux un café ? » L’eau chaude se verse dans les tasses. « Fais pas attention au bordel, je… Je débarque, tu sais. » Lentement. « J’ai pas encore de table, mais j’peux trouver un carton, si tu veux ? » Si je l’oriente bien et que je parle beaucoup, il ne regardera peut-être pas dehors ?
Armand O'Moran
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(TISSEUR DE RECITS) Maintenir le lien fragile avec les ancêtres et faire demeurer leur savoir d'avant, d'ici et pour toujours.

Familier :
Un CALIGO qui se fond sur les tristes teintes qu'Armand porte.

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La nuit a été courte, contrairement à celui qu'il attendra quelques maigres minutes en bas de son petit immeuble. Grand bien lui fasse, car pour Armand, le monde parait aussi flou qu'un Seurat que l'on observerait à bout portant. C'est d'autant plus vrai que la luminosité, ce jour-là, baigne d'une façon qui aurait pu faire froncer les sourcils à n'importe qui, si bien que le nécromancien plisse des yeux derrière ses lunettes fumées, enfoncé dans le cadre en pierre de l'entrée. Ainsi caché de l'ensoleillement, il n'a plus qu'à attendre : et c'est précisément à son arrivée qu'il s'est grillé une cigarette, comme s'il s'attendait à ce qu'on le laisse un peu sur le parvis. Apprêté comme on le connait, c'est à dire d'une manière tout à fait classe, un soupçon héritée d'une mode de l'ancien temps dont on vante encore parfois la démarche, l'ancien médecin a tendance à oublier qu'il fait souvent tâche dans le décor. L'anse en bois de son parapluie s'accroche comme la serre arrondie d'un oiseau sur son avant bras, lui-même ramené contre lui, appuyé contre la pierre. La masse qui déambule est un fléau pour sa concentration, aujourd'hui. Il en va de même pour tout ce qui peut lui traverser à l'esprit, comme des vols condensés de colibris.

"Tu vas être en retard, à force de regarder ces gens-là." Titan le rappelle à l'ordre. S'il y a bien une seule personne qui en a cure, des horaires, c'est bien lui. Le Caligo est tellement obnubilé par le paraître et les règles qu'il en serait très vite barbant, si son énergie magique s'était investie dans le corps d'un sorcier. "Ces gens-là, Jacques Brel, non ?" De circonstance, ajouterait-il presque. A son esprit saturé se rajoute alors une instrumentalisation tout à fait caractéristique des anciens morceaux francophones de l'époque. Encore un Jacques. Titan a le soupir facile, en ce début d'après-midi. "Sonne une seconde fois, je veux pas qu'on pense qu'on soit en retard !" Armand inspire longuement par le nez, puis soupire tout autant, comme fraîchement débarqué de son nuage de craie. "Et sur la bonne sonnette cette fois !" Cette information fait son chemin à l'esprit du nécromancien et, il faut dire, le fait froncer les sourcils. "Comment ça, la bonne ?" Triste constat, il avait sonné une première fois chez quelqu'un d'autre que sur le nom frappé du petit nom scotché "TANNER".

Ca a le don de le sortir un peu de son état second, sonne sur la bonne cette fois, et ô miracle, Peryn lui déballe ces quelques mots balbutiants. "Bonjour euh… Armand. J’suis au deuxième étage, c’est la porte entrouverte. - Merci." Se débarrasse de sa cigarette dans un endroit tout à fait approprié (cendrier public, non loin de là), puis parvient in extremis à pousser la porte avant que le mécanisme de déverrouillage n'ait un délai expiré. La pénombre du sas apaise presque instantanément O'Moran, qui s'aide de l'embout de son parapluie pour pousser un peu plus la porte entrouverte, une fois la destination atteinte. C'est à peine s'il est responsable du fait qu'elle se soit refermée derrière lui, le courant d'air ayant été bien plus effronté que lui sur le moment.

Il n'en fallait guère plus pour que l'hôte des lieux vienne le trouver. Débraillé, certes, mais pas plus que Lucius pourrait l'être la plupart du temps où il venait lui rendre visite. Derrière le fumé de ses lunettes, il n'y a pas franchement l'ombre d'un reproche, ni même d'un jugement précipité. "Bonjour Armand. Tu… euh… t’as trouvé facilement ? Tu veux un café ?" S'il ne lui dira pas qu'il a sonné au troisième au lieu du deuxième au nom de Tanner, Armand lui fera tout de même la fleur d'accepter un café qu'il a de toute façon d'ores et déjà préparé. "Donne-moi ce que tu veux," tant que ça reste dans l'ordre du comestible et du potable, cela devrait aller.

L'observation des lieux est rudimentaire mais incisive, relève que des cartons se doivent encore d'être déballés, quelques aménagements d'être faits. Le studio donne la sensation d'être une chaussure trop difficile à lacer, pour la personne qui réside ici. "Fais pas attention au bordel, je… Je débarque, tu sais. - Je constate," Ce n'est guère dit méchamment, au demeurant. "J’ai pas encore de table, mais j’peux trouver un carton, si tu veux ? - Seulement si on s'assied par terre," Accepte t-il avec la condition qu'on ne lui aurait pas prêté avant qu'il ne l'énonce. Aussi étrange que cela puisse paraître, enfant comme adulte, Armand a toujours eu cette préférence de finir au sol plutôt qu'assit sur une chaise. Les conventions l'y obligent globalement, mais une fois en territoire connu ou susceptible d'accueillir ce genre de comportements, l'enfant en lui se laissait bien entendu aller au naturel. Titan virevolte près de la fenêtre, aperçoit le mot, fait mine de n'avoir rien vu.

Armand laisse reposer le parapluie sur le mur derrière lui. Une fois installés avec leur setup de fortune, le nécromancien lui demande sans transition aucune : "Est-ce que tu regrettes de m'avoir invité ? Ou pas encore ?" Il faut dire que l'invitation en elle-même avait été non seulement une surprise, mais aussi un sujet de débat endiablé avec Titan. Le Caligo est persuadé qu'il s'agit d'une erreur que regrette déjà Peryn, tandis qu'Armand est sur le point de s'assurer du contraire. Si la première rencontre était dans un cadre pour le moins socialement restrictif, ici, semble t-il, ça l'était beaucoup moins. Avant que Peryn ne se mette à balbutier à nouveau suite à ces précédents mots, l'homme poursuit. "J'ai un peu de temps, je peux très bien t'aider à déballer les derniers cartons." Et peut-être qu'avec ça, il se dira que l'invitation n'était pas tout à fait une erreur de parcours, si peu qu'il l'ait vraiment jugé ainsi auparavant. De toute façon, Armand avait des choses à lui dire, à commencer par de plates excuses pour... la dernière fois.
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Armand a cette prestance particulière d’homme figé hors du temps. Sa tenue est un peu vieillotte sans pour autant être totalement démodée ou étrange. Oh, ça doit être un homme sérieux, sans doute. Il n’aurait pas détonné il y a trente ans, et conserverait probablement la même aura qui impose une forme de respect dans trente ans. Peryn pourrait avoir une once d’admiration pour cela si cela n’avait pas en même temps tendance à l’intimider, comme le faisaient naturellement la plupart des personnes de cet acabit, à montrer ainsi au monde prestance et ordre, comme une pleine maîtrise d’eux-mêmes et de leur image.

Pourtant, quelque chose cloche dans ce tableau, un détail qui ne fait pas vraiment sens. Ces lunettes. Ces affreuses lunettes au verre fumé qui masquent les contours de ses yeux et la teinte de ses pupilles, portées à l’intérieur comme si le soleil étendait sa lueur jusqu’aux moindres recoins de son studio – quand il ne s’agit vraiment que d’une douce lueur d’un après-midi automnal. Est-ce une volonté d’ajouter du style au style en en faisant trop sans s’en rendre compte – erreur de goût – ou d’un accessoire ayant d’autres propos – les nécros doivent être des gens étranges, tout le monde s’en doute assez facilement.

Un profond souffle emplit ses poumons. Putain, j’avais oublié de respirer ? Il cligne des yeux, secoue légèrement la tête et fronce des sourcils. Ouais ducon, et t’as visiblement aussi oublié de répondre, de bouger, en le fixant bêtement tout du long. Bien joué. L’hydromancien se gratte la gorge, démuni face à cette nouvelle vague d’embarras. « Euh… Ouaip. Bien sûr, par terre c’est euh… Ouaip. » Soulagé d’avoir un prétexte pour se détourner, il se dirige d’un pas vif vers son lit de fortune, saisit son carton à linge propre, le retourne face au sol et l’envoie glisser plus loin, vaguement au milieu de la pièce. Ça fera l’affaire. Un oreiller suit le mouvement par la même voie, et le second s’envole en direction d’Armand. Puis, prenant soin de ne pas le regarder, revient dans la cuisine, prend les deux tasses fumantes et vient le poser sur la surface incertaine de la table improvisée. Se laisse finalement choir sur son fauteuil de fortune, invitant par là-même son invité à le rejoindre.

« Est-ce que tu regrettes de m'avoir invité ? Ou pas encore ? » La question le prend au dépourvu et il écarquille les yeux dans l’embarras. Sa bouche s’ouvre pour répondre et aucun mot ne vient. Ça veut dire quoi, ça ? Qu’il sait que ce sera le cas dans tous les cas ? Cherche à combler le vide en prenant une gorgée de café trop chaud, grimace. « Je passe ma vie dans les regrets. » Ok, ça il ne fallait peut-être pas trop le dire si tu voulais lui expliquer derrière que tout va bien. « Mais non, je pense… Je pense que c’est bien que tu sois là. On est dans le vif du sujet, et tu vas sûrement comprendre que ça va pour moi. J’suis paumé, pas très adroit avec les gens, mais ça va. » Pourquoi n’arrive-t-il pas à donner plus d’énergie à ses mots, à les rendre vivants et percutants ? Pourquoi il sonne creux comme cela ? « J’regrette le timing par contre. Ça aurait été mieux avec des meubles. » Et sans les cartons de pizza qui trainent à deux mètres de lui. « T’aurais vu mon dernier appart’, à Rotterdam, ça n’avait rien à voir. » Sa main se passe dans les cheveux et il baisse les yeux vers sa tasse. « J’étais à Rotterdam avant. Un peu. » Deux ans c’est pas si peu. Il hausse les épaules, comme pour se dire que c’est comme ça.

« J'ai un peu de temps, je peux très bien t'aider à déballer les derniers cartons. » Un sourire se dessine doucement sur ses lèvres pincées, de l’amusement au fond des yeux. « Oh c’est gentil ça, mais t’sais, c’est un rangement comme un autre. J’veux dire… A défaut d’avoir assez de meubles pour ranger, c’est mieux là que par terre, non ? » Bien rattrapé ça. Et les meubles, c’est pour quand ? « Et puis c’est pas contre toi mais je me débrouille très bien tout seul. Enfin, je me débrouille. Mais c’est gentil. » Le café a toujours l’air trop chaud pour lui. En vrai, pourquoi il a fait venir Armand chez lui, déjà, en dehors de cette brillante démonstration d’homme indépendant ? Ah oui. « Du coup, tu disais l’autre jour que euh, tu es un O’Moran. Tu pourrais m’en dire plus ? Ma mère, Maeryn, c’est une aéromancienne. Elle m’a jamais parlé d’origines nécro… manciennes dans la famille – mais bon après, elle m’a jamais trop parlé de sa famille. D’sa mère un peu, qui venait du Yorkshire, de son pater pas trop. Après, j’imagine que plein de familles de sorciers sont un sacré bordel au niveau des branches de magie aujourd’hui ? Enfin, voilà… Ya une vraie tradition de nécromancie dans la famille, ou c’est dans ta branche ? »
Armand O'Moran
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Quel est l'homme de bien qui regarde les maux d'autrui comme lui étant étrangers ? S'il ne s'agit pas là de boire les émotions de l'autre sans préavis, laisser de l'espace à l'autre et l'accompagner n'est cependant pas une option. La seule limite à celle-ci est le risque d'arriver à une dévotion qui finirait par abîmer l'individualité de chacun, mais aussi... le déni. Ces strates qui engourdissent l'esprit et l'enfle d'un fiel dont il ne s'aperçoit qu'à peine. Armand ne peut bien entendu pas aller au delà de ce qu'on lui autorise, ne s'en blessera pas. Toutefois, pourquoi les anciens l'auraient-ils guidé jusque là si cela n'avait pas un réel intérêt, au moins pour l'un ?

C'est d'autant plus vrai qu'un indice est posé là comme un pot de fleur fané en plein milieu du séjour.

"Je passe ma vie dans les regrets." Trait d'humour ? Armand ne l'interprète pas ainsi, peut-être à tord. "Mais non, je pense… Je pense que c’est bien que tu sois là. On est dans le vif du sujet, et tu vas sûrement comprendre que ça va pour moi. J’suis paumé, pas très adroit avec les gens, mais ça va." La pirouette est, en apparence, efficace. Il le laisse dérouler ce qu'il a besoin de dérouler, car il semble avoir besoin d'expirer le plus d'air possible, faute de savoir respirer quand il ne parle pas. L'information du meuble fait son chemin dans l'esprit du nécromancien, dont la pensée en arborescence va faire un lien jusqu'en Irlande, à ce dont il a hérité parce que la O'Moran n'en voulait guère, sans pouvoir le transmettre à qui elle le voulait - des têtes qui étaient pour la plupart loin d'ici, aux Etats-Unis d'Amérique. Si bien qu'Armand perd un peu le fil, se laisse surprendre (non) par le refus poli que lui adresse Peryn et, effectivement, fait tout à fait sens. Le manque de meuble est encore relevé, et plus encore... "Et puis c’est pas contre toi mais je me débrouille très bien tout seul. Enfin, je me débrouille. Mais c’est gentil."

L'homme accuse-réception en silence de ses propos, d'un geste appuyé du chef. Une fois de plus, l'hydromancien le prend de court mais, semble t-il, pour la bonne cause.

"Du coup, tu disais l’autre jour que euh, tu es un O’Moran. Tu pourrais m’en dire plus ? Ma mère, Maeryn, c’est une aéromancienne. Elle m’a jamais parlé d’origines nécro… manciennes dans la famille – mais bon après, elle m’a jamais trop parlé de sa famille. D’sa mère un peu, qui venait du Yorkshire, de son pater pas trop. Après, j’imagine que plein de familles de sorciers sont un sacré bordel au niveau des branches de magie aujourd’hui ? Enfin, voilà… Ya une vraie tradition de nécromancie dans la famille, ou c’est dans ta branche ?" La curiosité est finalement piquée, après l'entrée en matière un peu cavalière qui s'était déroulée au pub, la dernière fois. Titan vient se poser sur l'épaule du nécromancien, qui laisse le temps au temps, pour ses pensées, pour ce qu'il va en faire pour les exprimer. La démarche est on ne peut plus sage et mesurée, comme qui dirait, mais a le don de perturber, lorsqu'on y est pas habitué.

"J'ai connu certains de tes aïeux, de leur vivant, en Irlande." Il n'y a d'ailleurs pas beaucoup de doute quant au fait qu'Armand le soit, irlandais : son accent est rasoir. "Ils n'étaient pas majoritairement nécromanciens, et la génétique étant ce qu'elle est, je dirais même qu'il y avait plus de beauté dans leur diversité que dans ma propre lignée." Derrière le fumé de ses lunettes rondes, un regard qui se perd sur le drapé du carton, comme s'il effleurait un monde bien trop lointain. "Mon père les appréciait beaucoup pour leur ouverture d'esprit. La magie pouvait bien être différente, l'affection était équivalente pour tous."

Il approche sa main du contenant encore chaud, ne le touchant pas, l'écho de sa température à son approche suffisant à répondre à sa question intérieure.

"Tu as des a priori sur les nécromanciens ?" C'est demandé sur le ton du peut-être, mais Armand l'a observé, en arrivant : le fait qu'il porte des lunettes fumées l'a un tant soit peu perturbé. Pourtant, il est presque assuré que ne pas voir ses deux cercles fjord est plus rassurant que de les avoir là, fixés sur lui. On lui a déjà fait cette remarque plusieurs fois : te regarder dans les yeux, c'est comme s'engouffrer dans un blizzard. "Je porte ces lunettes pour me protéger du soleil, nous autres y sommes fragiles." Le terme fragile ne le fait aucunement frémir, lui et son ego : c'est un fait. Armand lui fait l'aveu de souffrance, mais souffrance qui s'attache à du concret, du réel, de l'explicable... c'était donc à moindre mal. "Rien qui soit bien personnel, aujourd'hui." Être fringant c'est une chose, mais il aurait fallu l'inventer avec pareil temps.

L'homme marque une pause. Il croit sentir Titan un peu... tendu.

"Je voulais aussi profiter de cette invitation pour deux choses." Réalise que cela pourrait être n'importe quoi. L'esprit de ce membre méconnu de sa famille se torturerait à laisser trop de temps s'écouler avant la suite, si bien qu'Armand abrège plutôt rapidement. "M'excuser."

Le O'Moran ne le fait guère par convention, mais sincèrement. C'est la façon dont il fonctionne en permanence : communiquer clairement. Il est si rare ici bas d'en faire preuve, entre jeux psychologiques, faux semblants et hypocrisie sociale, qu'il y aura légitimement toujours un doute quant à son honnêteté. Mais, il le sait, c'est là une interprétation qui ne lui appartiendra jamais.

"Je t'ai abordé d'une façon un peu trop cavalière la dernière fois, j'aurais probablement dû te contacter par écrit en amont." Les regrets ne sont plus des regrets, si peu qu'on parvienne à les exprimer. "C'est aussi pour ça que je veux te remercier pour ton geste, peu importe les motivations qui t'ont amenées à m'inviter aujourd'hui." Qu'elle fut désintéressée, forcée, il y aurait toujours la place de tout s'imaginer, mais pour autant, ce qu'il en était n'ôtait en rien ces remerciements. L'homme dépose enfin d'autres informations précieuses, demandées un peu plus tôt par le Tanner. "Ce sont nos ancêtres communs, défunts, qui... sont venus me contacter."

De quoi lever un peu plus le voile sur ce que tout un chacun pourrait s'imaginer d'un nécromancien. La mort fait peur, la mort est un passage, un état. Les Enfants Vagabonds sont les rares à réellement embrasser complètement cette évidence de l'existence.

"Je n'ai jamais sollicité d'informations sur la branche de Maeryn." Il n'ose ajouter, par expérience, que les défunts ne communiquent pas pour le bon plaisir de communiquer avec lui. S'ils lui ont demandé de prendre soin de lui, c'est qu'ils pensent que le besoin est réel. "Je pourrais te dire ce qu'ils m'ont dit, si tu le souhaites." Que cela éveille quelque chose d'endormi chez Peryn, une curiosité, un intérêt ancestral même pas supposé, peu importe ; il préférait lui offrir cette opportunité, il en ferait bien ce qu'il voudrait. Au pire il refusera, au mieux, il aurait peut-être l'occasion de trouver des réponses sur le chemin à prendre : Armand serait prêt et prompt à lui offrir l'information, si peu que les concernés y répondent.
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TW : tabac

Beaucoup de personnes ont besoin de savoir d’où elles viennent, pour y trouver une forme de confort sans doute, un écho à leur trajectoire. Ça rassure. Ça cadre. Il ne s’est jamais posé la question, lui. Un héritage multiple, réalité de l’immense majorité des américains, des racines dans de nombreux pays, des ancêtres qui n’avaient sans doute rien à voir. Certains devaient être riches, d’autres ont sûrement grandi dans la misère. Certains étaient des pourris ou des ratés, et d’autres des modèles d’inspiration pour les générations à venir. Il ne s’est jamais vraiment senti relié à ça.

C’est pourtant la question qu’il pose à Armand, et toutes celles sous-jacentes dans son ombre. Peut-être parce que l’inconnu qui se tient à présent en face de lui - les traits impassibles derrière ses lunettes fumées, les paumes à distance raisonnable de l’émail gris de sa tasse – est le premier en mesure de répondre à cette question, en dehors de ses parents. Peut-être parce qu’il est curieux d’imaginer l’enfance et le cadre dans lequel sa mère a grandi et de chercher les raisons qui l’ont empêchée de retourner voir les siens. Peut-être parce qu’il sait qu’elle ne répondra jamais vraiment s’il l’interroge et que le respect du réel n’a jamais été une de ses grandes priorités.

D’une certaine manière, Peryn cherche l’anatomie d’une fuite pour donner un sens aux siennes. Il ne se sent pas de le formuler de cette manière à Armand. Pas tout de suite. Une question simple alors, pour commencer et cerner le degré d’ouverture de cette branche par rapport aux différences et au monde. La réponse lui convient bien, et il hoche doucement de la tête, satisfait. C’est le bordel dans tes veines, Peryn, et ces O’Moran trouvaient ça beau. Un bon point de départ. Il note qu’Armand semble issu d’une lignée plus traditionnelle et portée sur la nécromancie, et cela fait également sens pour l’heure.

« Tu as des a priori sur les nécromanciens ? Je porte ces lunettes pour me protéger du soleil, nous autres y sommes fragiles. Rien qui soit bien personnel, aujourd'hui. » Confusion. Il le dévisage bêtement, se découvrant dans les reflets teintés, et secoue la tête comme pour ranger le bordel qui tourbillonne doucement dans son crâne. Putain, mais bien sûr que ça fait sens pour les lunettes, et je le savais en plus. Il n’a jamais vraiment côtoyé d’enfants vagabonds par le passé, que ce soit dû au hasard ou à une forme de suspicion qu’il ne s’avoue pas, mais son lointain cousin ne fait que rappeler une connaissance commune. Ouaip. Ouaip ouaip ouaip, c’est le matin ducon. D’un autre côté, il ne se souvient pas avoir fait la moindre remarque à ce sujet. C’était si évident que ça, ou… ça lit dans les pensées les nécros ? Sors de ma tête si tu m’entends Armand, tout de suite, tu vas te faire mal.

« Je… » Tu as des a priori, Peryn ? Tu penses quoi des nécromanciens, hein ? « Noooon ? » Bah non hein, t’es un mec ouvert et tolérant, tu juges pas toi. T’es tout à fait à ton aise d’ailleurs. « Attends, j’ai rien dit sur les lunettes, tu sais ? Je ne crois pas ? » S’il te dit qu’il lit dans les pensées, tu fais quoi ? Armand, vraiment, sors de là si t’entends, et pardon. « Les nécro… manciens sont, euh… » Tu sombres, Peryn. « Je sais pas. Etranges, je crois, parce que je ne comprends pas, euh… Tu es télépathe aussi ? Vous êtes télépathes ? » Et les onirimo… orini… ironimanci… et les autres, c’est pas leur dada plutôt de lire les pensées ? « Je sais pas te répondre. Vous avez des pouvoirs moins… matériels ? C’est abstrait, la mort, les esprits, les connexions mystiques, et moi j’suis un hydro… mancien, et je… sais manipuler les émotions, qui ne sont pas très palpables. Ouais, ok, oui peut-être, peut-être que j’y connais r. C’est pas tant la mort je crois, et les morts, parce que c’est un cycle il parait, tout ça, et il y a une continuité flippante et rassurante en même temps mais ça va. Je crois que… Je crois que je ne suis pas à l’aise avec ce que je ne vois pas. »

Le sujet change, ses contours presque aussi dérangeants pour Peryn. Le sorcier place sa tasse à hauteur de sa bouche tout le temps des explications du O’Moran, soufflant sur le liquide noir pour le refroidir – ou simplement faire quelque chose. Puis, le silence se fait, la tasse se pose et Peryn bascule sur le côté pour tendre la main du côté de son matelas et récupérer un paquet de clopes. Il en prend une, la main légèrement tremblante, l’allume, inhale, expire. Regarde la fumée stagner devant lui un instant. « Attends, que je résume. » Sa voix est lente mais ses mots posés avec plus de force et d’assurance à présent. Les yeux bleus baissés sur sa tasse, il évite à présent de regarder Armand ou de chercher le caligo. « T’es en train de me dire, comme si c’était évident et normal, que j’ai des ancêtres en Irlande que je n’ai jamais vus, une fois ou deux grand max quand j’étais tout môme, mais qui t’ont parlé de moi. Non seulement ça mais ils t’ont pas parlé d’un gamin timide, mais de moi maintenant, et ils l’ont fait parce qu’ils savaient que j’arrivais ici et qu’ils pensaient que j’avais besoin d’aide ? »

La cigarette se consume sans que la cendre ne tombe vraiment, courbe dangereuse pointant vers le sol. « Est-ce que ça veut dire qu’ils sont là, maintenant, d’une certaine manière ? Qu’il y aurait j’sais pas, un arrière grand-oncle qui nous regarde du plafond, qu’il prend note et fait ses petits commentaires ? Est-ce que ça veut dire qu’on n’est jamais seul, même quand on va… Même quand on… » La cendre tombe sur son genoux. « J’suis pas dans les délires de voyeurisme moi. »
Armand O'Moran
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L'évident malaise l'étreint après la question du nécromancien, sans doute trop éclairée voire rentre-dedans pour pouvoir être accueillie avec totale légèreté. Ce sont les mots délivrés comme justifications, presque aussi emmêlés que les siens parfois, qui confirment bel et bien l'espèce d'a priori, car ce sont ces termes qu'il a employé, qui creuse sous le plexus de Peryn. Il serait mal venu de le prendre avec défi, étant donné la candeur ignorante qu'éponge l'esprit d'Armand à l'entendre parler. Malgré tout, il parvient à cerner une portion de ce qui le dérange le plus chez ces autres qui conversent avec défunts et prétendent pouvoir éclaircir la voie des vivants en leur transmettant celle de leurs aïeux. Ce qui n'a rien d'étonnant, ni de blessant ; étant donné que la majeure partie des sorciers, pour ceux qui n'ont été exposé à leur présence ou dûment informé, tenaient un discours quelque peu similaire.

Les croyances de ces derniers pouvaient bien être fortement ancrées, à l'instar des humains, la mort restait un passage difficilement appréhendable, source d'inquiétudes légitimes. Humains comme sorciers sont tout aussi vulnérable face à cet indicible mystère, la plupart n'y pensant pas vraiment lors de leur existence, à moins de la sentir arriver de par la vieillesse manifeste, ou bien un concours de circonstances qui justifierait pareille pensée teintée d'imminence. Tout ce que le père d'Armand lui a apprit se résume en cette locution : Memento Mori. Et il n'y a pas un seul jour où il n'y songe pas, pas un seul jour où il ne s'estime pas en paix d'être là. A la fin de cette journée, où il aura passé un moment auprès de ce membre de la famille quelque peu éloigné, qu'en ressortira t-il ? L'important est d'avoir agi en accord avec soi, en respect vis à vis de l'autre. Le Tisseur n'attendait pas plus de l'existence que de poser des graines, autant que ses pas, au fur et à mesure ; jusqu'à ce que son souffle de vie lui soit reprit. Ainsi, s'il mourrait le lendemain, il n'aurait rien regretté  - car ce sont les regrets qui tourmentent l'âme, s'y accrochant jusqu'à sa migration vers l'au-delà.  

Armand ne souhaite pas être un fardeau pour ceux qui resteront, même dans cet amas invisible qu'il effleure depuis petit, sans toutefois en faire sa maison. Un jour, sans doute. Peut-être même demain...

"Je ne suis pas télépathe." parvient-il à lui glisser avant le changement de sujet, initié par ses propres soins. Il ne s'agirait pas là de lui faire miroiter des inepties qui aggraveraient son état. Ce même état dont il se disait être capable de gérer seul, ce qu'il pouvait bien concéder à son monceau de déni. L'avenir seul dira si ce dernier tiendra sur la durée. Armand n'était pas là pour briser ce genre de glace, cette dernière se fêlant aisément avec les affres de la vie. L'important étant qu'un moment d'épiphanie guette la conscience de l'hydromancien, si jamais cela devenait trop lourd à porter. Le genre d'épiphanie qui inverserait l'énergie, habituellement cernée entre les côtes, pour la propulser vers l'extérieur, à un endroit qui lui serait le plus profitable.

Peryn accroche son paquet de cigarettes et s'en allume une, probablement pour rassembler ses esprits face à ce déroulé. S'il fallait l'avouer, Armand dirait faire la même chose par habitude. A vrai dire, ses pensées étaient bien trop disparates pour pouvoir se condenser, rester sur un même fil conducteur, sans vraiment y être aidé. Ca lui demandait un effort de concentration supplémentaire qu'il ne saurait nier, exacerbant toute fatigue qu'il aurait pu contracter par la suite. "Attends, que je résume." Les clairs de l'hydromancien le fuient, ce qui n'est guère le cas du O'Moran qui, tout naturellement, le fixe et l'observe derrière le fumé de ses lunettes rondes. "T’es en train de me dire, comme si c’était évident et normal, que j’ai des ancêtres en Irlande que je n’ai jamais vus, une fois ou deux grand max quand j’étais tout môme, mais qui t’ont parlé de moi. Non seulement ça mais ils t’ont pas parlé d’un gamin timide, mais de moi maintenant, et ils l’ont fait parce qu’ils savaient que j’arrivais ici et qu’ils pensaient que j’avais besoin d’aide ?" Le silence d'Armand est une réponse à lui seul, mais hoche doucement la tête pour pouvoir se rendre plus explicite - ce qui semble, pour le moment, suffire. Le nécromancien n'était décemment pas capable de lui expliquer à quel point sa façon de percevoir le monde est particulière, et justifierait de pareilles expériences. Le phénomène en lui-même paraît difficile à digérer pour Peryn, à raison. Il aimerait lui dire que la trame temporelle n'existe pas vraiment, que ses aïeux savaient déjà qu'il serait là avant même d'arriver et qu'ils savaient tout aussi bien ce qu'il allait pouvoir se passer par la suite. Le fil du destin est mince, en réalité, et certains esprits n'ont d'intérêt à partager certaines choses que lorsque cela les importe. Ainsi, si Armand a été interpellé au sujet de Peryn Tanner, ce n'était guère pour décorer ses séances de communication spirites journalières.

"Est-ce que ça veut dire qu’ils sont là, maintenant, d’une certaine manière ? Qu’il y aurait j’sais pas, un arrière grand-oncle qui nous regarde du plafond, qu’il prend note et fait ses petits commentaires ? Est-ce que ça veut dire qu’on n’est jamais seul, même quand on va… Même quand on…" Si cela s'avère naturellement plus compliqué que ça, l'homme s'avoue perturbé, projetant des idées non maturées. Il ne peut pas lui en vouloir. "J’suis pas dans les délires de voyeurisme moi."

L'espèce d'omnipotence des âmes décorporées peut parfois laisser penser que ce genre de scénario puisse être possible, et ce serait mentir de dire qu'Armand n'y a pas pensé aussi, plus jeune, se disant que des yeux le scrutaient çà et là sans qu'il ne puisse les percevoir. Puis le temps, l'apprentissage, ses contacts avec eux a affiné sa perception, jusqu'à le faire se détacher plutôt naturellement de ce concept un peu rustre. Les fictions ont eu tôt fait de transmettre des idées bien arrêtées sur les manifestations d'esprits, encore plus chez les humains, qui sont au mieux fascinés, au pire effrayés parce qu'ils ne savent pas expliquer. Armand pense que certaines visions ne sont que des empreintes du passé, l'énergie résiduelle se matérialisant, ce assez rarement, dans une forme humanoïde. La plupart du temps, estime t-il, ce n'est pas le cas.

Il va chercher l'anse de sa tasse, s'en empare, la ramène à lui doucement avant de réaligner son dorsal sur le mur. Le naturel temps de flottement entre son geste et sa prise de parole est toute mesurée. Armand réfléchit toujours ce qu'il compte dire, car le poids des propos d'un Tisseur, d'un médecin, d'un révolutionnaire à condamner sont d'or. Les mots font mal, font du bien, sont interprétés comme une masse d'énergie, elle aussi ; et malgré tous ses bons efforts, parfois, ne sont pas reçus comme ils avaient été envisagés, leur valeur initiale travestie par l'interprétation de l'autre. Le juste milieu, toujours, en s'assurant de ne pas noyer de douleur qui que ce soit, si peu que cela fusse possible.

"Je n'envisage pas les Esprits sous une enveloppe comme nous pourrions l'imaginer." S'il peut s'aventurer à donner ainsi son avis, ce dernier a d'autant plus de poids au vu de sa place au sein de son propre Coven. Il ne peut en revanche pas forcer l'autre à croire à sa vision. Qui plus est si ce dernier n'a jamais baigné un seul pied dans ces eaux. "Les Esprits ne voient pas par les sens, puisqu'ils n'ont pas de chair. Ils lisent des trames." Des trames d'un Livre sur lequel personne n'a la main, pas même lui ; quant bien même on lui permettait, pour le rituel, d'accéder à des informations pour orienter la destinée d'une jeune âme venue le trouver. Pour le vulgariser, encore une fois, Armand pourrait parler d'énergie, autant de choses qui ne sont palpables que par certains d'entre eux, en toute modestie. "Ce sont des constellations d'énergie résiduelle. Leur empreinte est authentique, et c'est à celle-ci qu'on sait les reconnaître." Il prend enfin une première gorgée de son café, de quoi laisser le temps à Peryn d'entendre ce qu'il venait de dire. Sans doute était-ce la façon d'Armand de le rassurer quant à ses inquiétudes, ne se sentant guère plus proche de lui pour l'exprimer de manière plus claire encore.

"On ne vient jamais me solliciter par hasard." glisse t-il malgré tout, justifiant son entrée en matière un peu cavalière, pour reprendre ses mots, dans la vie de l'hydromancien, il y a de cela quelques temps. Il ne lui faudrait pas plus d'envolée philosophique, puisque de toute évidence, pour Armand, le hasard lui aussi n'existe pas vraiment. Encore moins lorsque les ancêtres s'en mêlent de la sorte. Meuble. Le terme lui revient en boomerang, si bien qu'il se sent forcé d'ajouter, l'effet escompté se faisant probablement sorti du chapeau. "Sineah O'Moran." C'est son entrée en matière, et l'homme a l'air d'être aux prises avec une multitude de pensées à la fois. Il lui était étrangement plus simple de lui parler des Esprits comme des amas d'étoiles aux fréquences individuelles caractéristiques...

"Je lui rendais visite, en Irlande, parfois." Plus que ses propres proches, séparés par l'Atlantique. Plus qu'une question de néglicence (qui n'en était pas une à son sens), il s'agissait de logique : les moyens ne pleuvent pas pour tous. "Elle m'a légué des meubles, et d'autres choses, qu'elle aurait voulu transmettre à votre famille." Elle avait perdu contact avec eux, et même sa mort a dû être tue, voire à peine célébrée ; à moins que Peryn ne lui admette reconnaître ce prénom. Faute de mieux, la vieille Sineah avait offert ces legs à Armand ; qui l'avait accepté par défaut, sans jamais se séparer de ces objets. Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il réalise que ce frein inconscient à s'en débarrasser avait peut-être une explication. "Ils sont à toi, si tu le souhaites." Quitte à faire un petit tri avant ça : cela parait évident que tout ne pourrait pas passer entre les murs de cet appartement. En attendant, Armand le considérait plus légitime ; car cela faisait écho aux dernières volontés de Sineah.
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TW : Evocation de morts violentes, tabagisme

Il n’aime pas l’idée de ne pas être seul, comme s’il se trimbalait en permanence son héritage entier, centaines de sorcières et sorciers épiant ses faits et gestes. En dehors de ce sentiment teinté de malaise, la perspective dérangeante que des ancêtres veillent et cherchent des moyens d’intervenir pour influer sur ses gestes, postures, choix, actes. Trop de vivants se sont déjà souciés de ça. Trop, à dépasser les bornes muettes pour étendre leur emprise et leur volonté, trop, à vouloir qu’il se comporte comme il était bien de le faire, pour les sorciers et le coven. Trop, à vouloir le briser pour prendre sa place ou le convaincre plus simplement de faire des choses dont il n’avait pas envie. Pas besoin d’arrière-grand-oncle pour cela. Et pourtant, c’est bien Armand qui hoche tranquillement de la tête devant lui, le nécro et son calme agaçant. Comme si ce constat allait de soi.

"Je n'envisage pas les Esprits sous une enveloppe comme nous pourrions l'imaginer. Les Esprits ne voient pas par les sens, puisqu'ils n'ont pas de chair. Ils lisent des trames. Ce sont des constellations d'énergie résiduelle. Leur empreinte est authentique, et c'est à celle-ci qu'on sait les reconnaître." Peryn cligne plusieurs fois des yeux. Il imagine une galaxie de petites boules de lumière aux teintes différentes, chacune s’exprimant avec la voix de l’être passé quand on s’en approche. Alors, quand les humains disent qu’on monte au ciel… Peut-être. Il est pas sûr de comprendre. En fait, il est presque sûr de ne pas comprendre, parce que ce spiritisme magique nage dans une abstraction qui le dépasse, lui si peu à l’aise avec ce qui n’est pas palpable. L’image lui plait cependant plus, parce que c’est loin les étoiles et qu’il est beau de s’y perdre de temps en temps. C’en serait presque réconfortant si ces explications n’étaient pas entrecoupées d’une phrase qu’il n’aimait pas du tout.

Armand laisse filer une seconde et poursuit, lui parlant d’une sorcière au nom obscur qui aurait voulu leur léguer des meubles mais n’en aurait eu l’occasion ou les moyens. Et ces meubles, étrange héritage d’une famille qu’il ne connait pas, proposés avec douceur par le nécromancien. « Je suis pas sûr… » Comment dire ça poliment ? Aucune envie de devoir se coltiner d’énormes meubles de bois sombre dans les escaliers pour faire plaisir à une vieille qu’il ne connaissait pas, et voir son studio ressembler petit à petit en un obscur musée du troisième âge, voir du cinquième. Pas faute d’intérêt pour la famille nécessairement, mais faute de goût clairement. Pour dépanner pourquoi pas, mais ensuite, s’en débarrasser quand Armand venait d’avouer qu’elle veillait au grain. Désolé arrière-grand-tante, mais vraiment, c’était moche. Non, pas possible. « C’est qui Sinad ? » Froncement de sourcils, sa main se lève, index tendu. « Attends, avant qu’j’oublie. On peut rev’nir sur les ancêtres deux minutes ? »

« Des étoiles spirituelles d’accord, ça me va. » Comme s’il avait son mot à dire dessus. « Tant mieux d’une certaine façon en plus, parce que la galère sinon pour les personnes qui ont une mort violente, avec des bouts en moins, ou qui pourraient plus parler ou quoi. Et puis z’ont pas d’âge comme ça, sont pas non plus à jamais de vieux croulants à moitié aveugles, sourds et plein de rhumatisme. Ouais, tant mieux pour eux, c’est bien. » Il essuie la ligne de cendre tombée sur son genou et dépose le mégot dans le cendrier. « Par contre, j’aime pas du tout du tout ce que tu sous-entends là, avec le bouquin… La trame, là. Si y’a une trame, y’a un écrit. Bidule va naître ici, se comportera comme un connard et mourra tel jour. Ça, ça veut… si je comprends hein… ça veut dire qu’il y a un Destin tout puissant qui fixe la grande histoire du monde, et que le reste, toi, moi, ce café, c’est juste… Des variables, même pas complètes parce que déjà dans l’ensemble. Comme des cordes avec plus ou moins de mou. Et ça c’est Destin, avec un grand D, donc le libre arbitre on se torche avec puisque c’est déjà écrit – par qui, d’ailleurs, hein ? Et pourquoi ? – et que du coup, toi, moi, on n’a pas d’emprise en fait. J’peux choisir de boire ce café – ou pas – on s’en fout, ça change rien, mais qui j’aime alors, avec qui je décide de passer ma vie, si j’ai un accident de voiture, si j’fais cramer un restaurant, si j’ai une fille – ou des jumelles tiens, des jumelles : tout ça, niet, que dalle, tu crois que mais en fait non ? Si t’as une vie d’merde c’est juste parce qu’on doit t’emmener d’un point A à un point B ? J’suis pas d’accord avec ça, moi. »

Comment l’être, finalement ? Comment se contenter de n’être qu’une pièce sur un échiquier, utilisée pour un plus grand dessin ? Qui pourrait trouver de la satisfaction là-dedans ? « Qu’ils restent loin les ancêtres alors, parce que j’veux certainement pas de leurs conseils. Ils y voient peut-être, et peut-être que je suis pas sur une bonne pente et que ça pourrait être mieux, mais niquez-vous. J’veux me tromper moi. Faire mal, m’faire du mal, faire du mal, me rater, réessayer, faire mieux, croire mais se tromper, douter, avoir peur, bouillonner, réussir, comprendre. La meilleure route c’est la mienne, pas la plus simple, la plus glorieuse ou la plus arrangeante. Qu’ils soient pas contents je m’en tamponne. » Bougon râleur, il l’est certainement à cet instant, mais Peryn ravale pénible des mots plus acerbes et bloque ses mains sous ses coudes pour ne pas céder à la douce tentation d’envoyer valser le carton-table par la fenêtre. Le Destin, je lui chie dessus moi.
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La question posée par Peryn est court-circuitée par ce dernier très vite, qui ressent le besoin d'exprimer son avis sur ce qu'avait pu dérouler le nécromancien. Il ne s'estimait pas plus légitime à lui imposer cette vision du monde que l'hydromancien était en incapacité naturelle de contacter les défunts, et inversement ; ce qui, de prime abord, était un premier handicap et pas des moindre, pour appréhender la chose. Armand était toutefois à l'écoute, dans cette absence de jugement, d'autant plus vis à vis du jeune homme qui était très loin de tout ceci - et parachuté là-dedans malgré lui.

Son exposé est pour le moins rudimentaire, mais traduit un fil de pensée qui lui est propre. Trop de personnes ne songent pas à l'après-vie, par crainte, les humains les premiers, mais des sorciers le sont aussi. C'est cette étrange sagesse de l'outremonde qui permet de mieux guider les jeunes de son coven, et certains autres, parfois, venant d'ailleurs, y trouvent un certain réconfort. Des endeuillés, principalement, qui essaient de comprendre pourquoi il est si dur d'être seul, là où d'autres leur disent qu'ils ne le sont pas et ne le seront jamais. A commencer par la pensée : les morts vivent ici, soufflent certaines choses, font semer des graines chez les vivants sans qu'ils ne s'en aperçoivent vraiment. C'est tout du moins ce qu'Armand considère, et par de nombreuses expériences passées, personnelles ou non, cela avait su être confirmé. Penser à eux, c'est les honorer, mais aussi leur nourrir d'une énergie impalpable ; cette même énergie qu'ils utilisent comme canaux pour venir prévenir un nécromancien qu'un certain Peryn se doit d'être protégé. Protégé de qui, de quoi ? De lui-même, peut-être bien ; qui est-il pour juger, et quoiqu'il arrive, il n'insistera pas.

Peryn qui tique sur la notion de destin, avec un grand D. Si l'univers est mathématique, Armand sait aussi éprouver le fait que les probabilités existent, vont et se nuancent au fil des choix effectués par tout un chacun. Il n'y a pourtant que la colère face à l'injuste qui semble déborder du sorcier en face de lui, consumant sa cigarette comme si elle allait pouvoir apaiser ce qu'il était en train d'expier.

"Je comprends."

C'est ce que lui cède Armand, seulement, après ce monologue qu'il a bien fait de lui délivrer : il n'y avait rien de pire que de garder sous ses côtes le mépris pour les lois de l'univers, parfois ingrates sur le papier.

"Je ne pense pas qu'un quelconque destin existe pour autant. Si tu t'accordes à penser qu'il s'agit de variables, il faut pouvoir le considérer aussi par ses probabilités. Elles changent sans cesse, au fil des choix effectués. Mais je ne suis pas là pour te convaincre de quoi que ce soit aujourd'hui, merci de m'avoir partagé ton ressenti."

Parenthèse fermée, il termine son café, avec une envie de fumer à son tour qu'il canalise au même titre que Titan se retenait de râler - il avait bien entendu lu le post-it sur la fenêtre.

"Tu as le droit de vouloir ignorer les conseils, et s'il y a bien une meilleure façon de vivre, c'est celle que tu décris."

C'est bien là quelque chose qu'il pouvait lui concéder. Les erreurs sont peut-être même ce fameux destin dont il parle, allez savoir. Il y a aussi très probablement des choses qui sont là pour une raison, et d'autres qui ne sont que des quêtes annexes pour mieux reprendre le fil principal de sa propre existence.

"Sans les erreurs, il n'y a pas d'apprentissage."

Et telle une mise en abîme, il pourrait même lui dire que d'être venu le voir à ce pub, la dernière fois, en était une ; mais que finalement Peryn l'avait rappelé, pour en arriver à ce point étrange, à converser sur l'univers et son fonctionnement, et la place des ancêtres dans tout ce cosmique d'incompréhensible.

"Mais si tu me dis passer ta vie dans les regrets, tu auras encore le temps d'y réfléchir."

Armand va chercher son propre paquet dans le fond de sa poche, et pince sa cigarette entre ses lèvres, et se l'allume. L'hôte ne s'en offusquera probablement pas, ayant lui même fait la même chose. Titan, contre toute attente, s'exprime, en virevoltant au dessus du crâne de l'hydromancien : "Nécro bizarre, hein ? T'es un bien drôle de lascar, toi !" le nécromancien lui, tirant sur sa cigarette, ne capte pas trop d'où cela sort, à vrai dire, cette information l'air sortie de nulle part ne lui faisant ni chaud ni froid. Ce qui ne serait peut-être pas le cas de son vis à vis, au demeurant.

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TW Rupture amoureuse

Peryn a cette même rancœur que celle qu’il porte depuis des années contre les siens - les hydromanciens et leur volonté de contrôle, leurs dons de séduction et d’influence, leurs pratiques malhonnêtes quand on dévie de trop et que l’on risque de devenir plus gênant qu’autre chose, une personne qu’on aimerait redresser plutôt qu’oublier. Armand est là, dans un calme absolu, tentant de le guider vers de nouvelles perspectives avec pédagogie et douceur, et il s’en voudrait presque de l’amertume qui revient pourtant en vagues régulières, et des mots qu’il pose et qui condamnent cela.

Oui, le nécro est sûrement pétri de bonnes intentions et n’est pas responsable de ces actes passés, pas plus que de l’attention des âmes passées. Il voudrait faire bien, quand Peryn voudrait juste être libre, loin de l’attention perverse de celles et ceux qui pensent le connaître. Il s’en veut brièvement, en se disant qu’il n’aurait probablement pas dû l’inviter ici si c’était pour l’envoyer péter aux premiers remous, que ce n’était pas très correct. Pas un très bon départ, pas gage d’une très bonne volonté non plus. Il s’en veut mais ne saurait faire autrement, tant toute tentative de conseil prend des airs malsains dans son esprit méfiant.

"Mais si tu me dis passer ta vie dans les regrets, tu auras encore le temps d'y réfléchir."

Peryn se raidit, le souffle court, comme si le nécro venait de lui asséner une baffe sans prévenir et sans même hausser la voix. Les regrets. Il a bien évoqué ça, oui – sans y réfléchir parce qu’il ne pense jamais à ce qu’il dit qu’après coup, quand la connerie est faite et qu’il est trop tard. Certains regrets ont un prénom, un visage, des taches de rousseur qu’il comptait au bout de son nez, l’océan infini dans les pupilles, quand ils se regardaient en silence et que ses doigts courraient doucement sur sa joue. Putain… Pas elle mais putain quand même, parce qu’il ne sait pas le dire autrement et que ça résume bien le désarroi soudain, quand d’autres images, d’autres souvenirs veulent remonter à la surface eux aussi et qu’il fait de son possible pour les maintenir loin de lui.

Les regrets, c’est ce qu’il n’aurait pas ou moins peut-être s’il laissait d’autres personnes – un peu comme des étoiles – le guider, parce qu’iels savaient, n’est-ce pas ? Était-elle une erreur de parcours ? Et ses mots à son oreille alors, et la toute-puissance, ce sentiment qu’il pouvait tout faire, tout casser, tout vaincre juste pour son sourire, se faire héros et partir en guerre mille fois pour retrouver ses bras et s’y perdre, encore une fois, une dernière fois ? Était-elle son destin dont il s’était privé par d’autres erreurs, le quotidien et la mort lente de l’attention, les signes qu’on ne voit pas, les alarmes sourdes ? Et ce sentiment de vide, et ces pincements au cœur, étaient-ce des regrets ? L’avaient iels vu, ça ?

"Nécro bizarre, hein ? T'es un bien drôle de lascar, toi !" Caligo au-dessus de sa tête chasse les doutes d’un battement d’ailes, mots pointus qu’il peine à comprendre dans l’instant avant que les lettres du post-it ne s’impriment dans son esprit. Ses yeux clairs cherchent ceux d’Armand et ce heurtent au voile teinté des lunettes, reviennent au familier, embarrassés. « Oui. » Qu’en dire de plus ? Mentir, quand la preuve était en évidence dans sa cuisine ? Se dire tout à fait normal ? Se moquer du terme lascar, quand ce genre de vocabulaire lui échappait toujours, lui préférait des tournures inexactes et simplistes ? S’excuser en disant que non, finalement, les nécro n’étaient pas bizarres ? Pas après cela. Pas face à Armand.

JE SUIS LA PERYN ! Oh putain. T’as besoin d’aide ? Mais Helium, t’es complètement con ? C’est super dangereux ! Nan mais ça vaaaa, y’a une vieille dame qui m’a aidé à traverser. « Et… je ne suis pas le seul, si tu veux tout savoir. Helium est en bas. » Pupilles se reportent vers Armand, et après un demi-silence : « Mon familier. Phoque gris. » Le gris n’a pas vraiment son importance. « Tu veux bien qu’on aille le chercher ? Il ne sait pas monter les marches. » Il se lève avec nonchalance, hésite à mettre des chaussures, se ravise. « Tu… c’est peut-être un peu intime comme question mais bon, tant qu’on y est… Tu n’aurais pas voulu faire autre chose, toi ? J’veux dire, ça a l’air hyper lourd c’que tu fais, et en plus c’est pas mégaaa joyeux ? Je comprends très bien euh… le sentiment… l’envie d’être utile, et tu l’es hein, mais toi derrière ? Tes rêves ? Tes passions ? » Il s’arrête à l’encadrement de la porte, dubitatif. « T’es qui Armand, au-delà du nécro… mancien ? »
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Les propos de Titan paraissent aussi incohérents à l'oreille de son sorcier que ne l'est la réponse de l'hydromancien, à peine prémâchée avant d'être délivrée. Ce oui est d'ailleurs tout ce dont a besoin le Caligo pour se faire une idée de l'énergumène, qu'il peine lui-même à considérer désormais. Le papillon a ses propres desideratas et ses propres jugements, ne partage pas vraiment ce qu'Armand peut lui trouver, pour dire ça simplement. Le Tisseur ne fait pourtant que respecter une guidance qui le dépasse lui aussi, et si le timing apparaît comme inadapté à cet instant, quelque chose lui souffle à l'intérieur qu'il fait bon de s'y attarder. "Et… je ne suis pas le seul, si tu veux tout savoir. Helium est en bas." Nez un peu froncé sous l'incompréhension, le nécromancien n'a pas besoin de faire plus de comédie pour pouvoir avoir la précision. "Mon familier. Phoque gris." Etant en train de fumer, il se contente d'hocher la tête à la positive, jetant une brève œillade à son propre familier, qu'il sait remonté comme une pendule, dans sa nuance la plus légère qui soit.

La suite en revanche, il n'était pas prêt à l'aborder, bien que les prémices auraient dû suffisamment l'en informer.

"Tu veux bien qu’on aille le chercher ? Il ne sait pas monter les marches."

Le nécromancien suit alors le mouvement, après avoir laissé reposer sa cigarette encore fumante dans un des crans du cendrier, pour ne pas perdre la fin une fois remontés avec leur nouvel invité. Les deux êtres, liés par l'invisible, vont pour sortir de l'appartement, mais l'instant est suspendu par les questionnements de Peryn. "Tu… c’est peut-être un peu intime comme question mais bon, tant qu’on y est… Tu n’aurais pas voulu faire autre chose, toi ? J’veux dire, ça a l’air hyper lourd c’que tu fais, et en plus c’est pas mégaaa joyeux ? Je comprends très bien euh… le sentiment… l’envie d’être utile, et tu l’es hein, mais toi derrière ? Tes rêves ? Tes passions ?" c'est comme si, à l'inverse, l'hydromancien était en train de lui tendre la main, sans qu'il ne s'y soit réellement attendu non plus. C'est précisément ce qu'il lui démontre en le faisant, que peu sont à même de lui rendre la pareille, aussi utile puisse t-il être pour sa communauté. Le fameux échange équivalent que prônait beaucoup d'éminents alchimistes. "T’es qui Armand, au-delà du nécro… mancien ?"

Sans doute voulait-il dire au delà du Tisseur, soit son rôle au sein du Coven ; car s'ôter cette part de lui-même était comme s'effacer tout entier. Quoiqu'il en soit, si l'on admet que la curiosité de son cadet soit justifiée, il n'a cure si elle est présente pour se faire une idée plus nuancée de qui il est, ou si cela est tout à fait désintéressé. En témoigne la spontanéité de sa réponse, alors qu'ils n'ont pas encore traversé le seuil de la porte.

"Je suis médecin." Aveu énoncé clairement, le regard vissé dans celui de son vis à vis. O'Moran soulève ses lunettes fumées un instant, rendant ses fjords visibles, et qui plus est vulnérables eux aussi. Pourtant, le fond de ses iris, comme un océan nourri de deux mers différentes, ne traduit pas la souffrance, ni le regret d'être devenu ce qu'il est. "Et un collectionneur de cartes Pokémon depuis 1999."

Aussi le quarantenaire lui emboîte le pas pour descendre aller chercher son familier coincé là, au bas des escaliers. Armand le salue et, après une mise au point plutôt rapide avec le sorcier d'Helium, s'engagent vers l'ascension jusqu'à l'appartement. Reprenant un peu leur souffle sur le palier qui donne l'air de terminus, Armand en profite pour céder à son vis à vis, manifestement toujours investi dans les propos qui résonnent encore dans son crâne.

"Mes rêves sont réalité. Mes passions sont ce qu'elles sont. Je suis aussi entier que n'importe qui d'autre et je me suis toujours vu aider et transmettre. Médecin, Tisseur. C'est du pareil au même." Armand a toujours été différent des autres, précisément parce qu'il ne s'est jamais vraiment senti aussi entier qu'avec ces réminiscences d'exécution macabre, qui le rappellent à une vie qu'il croit avoir endurée. Personne n'est parfait, et il ne se targuerait pas de l'être non plus : de l'aide, il en a besoin comme Peryn, et comme d'autres aussi. Il n'y a cependant aucun ancêtre pour retourner qui que ce soit vers lui.

"Et toi, qui penses-tu être, Peryn ?" car c'est de cela dont on parle au final, d'une projection de soi à soi ; lorsqu'on est pas parasité par le regard des autres, qui nous façonne autant qu'il nous détruit. Armand ne voit pas que Titan s'est posé sur la tête du phoque, pas plus qu'il ne s'aperçoit pas de la brutalité de sa question, qui était pourtant peinturlurée des meilleures intentions. Et toi, qui souhaites-tu être, libre étoile filante que tu es ?
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"Je suis médecin." Une réponse épurée, efficace, simpliste. Le nécromancien manie l’efficacité du verbe quand la synthèse échappe si souvent à Peryn. Médecin, c’est pas rien. De longues études difficiles qui requièrent passion, discipline et rigueur – pour mener finalement vers un métier ingrat qui n’est utile que quand les gens vont mal. Médecin c’est renoncer à apporter des sourires pour se concentrer sur l’autre et réparer au mieux, assister dans la peine, la douleur et la peur. S’oublier pour les autres peut-être et se mettre soi au service d’une plus grande cause. Il y avait de la noblesse là-dedans, qui pourrait être belle si de nombreux hydromanciens n’exerçaient pas dans ce domaine. Un choix surprenant, pour un nécro – et pourtant l’affirmation ne se teinte pas de surprise. Il en a clairement la posture et le phrasé.

Il fronce des sourcils quand son invité retire brièvement ses lunettes pour croiser son regard, pupilles glaçantes. C’est ça en fait. L’homme est un modèle de contrôle, et la froideur de son bleu n’est pas de ceux qui s’illuminent de surprise. Il a déjà vu, tout, et vécu, tout, compris, analysé, assimilé. "Et un collectionneur de cartes Pokémon depuis 1999." Sourcils hésitent et se haussent finalement, décontenancés. Ça ne marche pas. Ça ne colle pas. On ne peut pas dire : je suis quelqu’un d’extrêmement précis et sérieux et je fais flipper grave mais j’adore perdre du temps à collectionner des conneries sur des petits monstres au design douteux. On ne devrait pas pouvoir le dire, mais jamais sa voix ne vibre d’un semblant de rire, pas plus qu’une expression de satisfaction ou de joie effleure son visage. « Depuis 1999 ? Je sais qu’il y en a beaucoup mais quand même, en 24 ans t’as pas réussi à tous les avoir ? » C’était aussi : qu’est-ce qu’il pouvait en foutre une fois qu’il les avait tous ? « Qu’est ce que tu fous des doublons ? Ça se recycle, les cartes Pokemon ? Tu préfères Mystherbe ou Rondoudou ? » Hein ? Elle sort d’où cette question ? Et toi tu préf… Mystherbe ? D’accord.

Oh Peryn, c’est lui ? « Ouais Helium, je te présente Armand… » OH BONJOUR ARMAND « … et sa bestiole. » Peryn ? « Quoi ? » Tu te rends comptes de ce que tu viens de dire, hein ? Tu sais quand même, dans ton cerveau de moineau, que personne n’aime se faire appeler bestiole ? Ah oui, merde. Il regarde Armand puis le caligo, hésitant. « Le truc c’est que j’connais pas son nom », marmonné. Helium redresse le museau pour toiser le nécromancien. Il faut pardonner à Peryn, il est un peu con.

Il a le souffle court quand il pousse dans un dernier effort pour hisser Helium sur le premier pallier. Nan mais voilà, je sais pourquoi je le fais pas visiter aussi… Il lève la main pour demander deux minutes de trêve. "Mes rêves sont réalité. Mes passions sont ce qu'elles sont. Je suis aussi entier que n'importe qui d'autre et je me suis toujours vu aider et transmettre. Médecin, Tisseur. C'est du pareil au même." Peryn cligne plusieurs fois des yeux, à nouveau mal-à-l’aise, comme si l’explication était teintée de reproches. « J’ai jamais dit que… » Non, c’est vrai. Juste que les nécro sont des gens étranges. « … mais je vois, hein, y’a quelques similaritudes. C’est juste pas évident au premier regard de faire la part des choses quand on voit l’aide mais pas la personne en-dessous. Après si c’est toi pleinement je juge pas, vraiment, et j’respecte ce don de soi. C’est juste que moi, même si j’veux faire du bien pour les autres bah des fois j’pense à moi avant, et c’est compliqué. Et j’ai toujours… souvent, du mal à bien comprendre. Les gens. »

Dans un monde rêvé, il y aurait des manuels bien foutus pour comprendre les gens et se comporter de manière adéquate envers chacun. En attendant, l’hydromancien doit souvent se contenter de regarder Helium lui faire des remarques ou, comme dans le cas présent, des gros yeux, en mode : sérieusement coco, on n’est pas au bout de nos galères avec toi. "Et toi, qui penses-tu être, Peryn ?" Ça pique, les mots, quand aucun n’est laissé au hasard mais qu’ils sont énoncés clairement. Armand ne le connait pas bien, mais il en sait assez pour formuler sa question de cette manière. Main se passe dans les cheveux, les yeux dans un autre vague. Il n’a pas très envie de répondre à cette question mais le cousin éloigné a été franc avec lui une fois de plus, lui offrant l’essence de ce qu’il était sans s’étendre dans des superflus, sans broder, probablement sans mentir non plus. Il voudrait faire pareil et trouver son fondamental profond, ce qui le définit vraiment, mais mots et pensées n’ont jamais été épurées chez lui.

« Je pense que j’aurai changé le temps que je trouve, donc bon… Je suis cuisinier, ça je le sais, mais ça ne me définit pas comme si j’étais médecin comme toi, enfin pas de la même manière, parce que je pourrais être autre chose. P’têtre que je serai autre chose. Je pense que je cherche la réponse à cette question, et que c’est important de chercher et de se chercher. P’t’être que je suis surtout ça, une recherche de soi. Je pense aussi que je veux faire quelque chose de bien, qui me rende fier et qui rende fières les personnes qui comptent, et que je veux aider et soulager à ma hauteur. Et niquer la gueule aux personnes qui voudraient baliser tout ça. » Son regard croise celui d’Armand. « Sauf toi parce que… bon, c’pas pareil, y’a les ancêtres et tout ça, et c’est pas de la balise solide mais de la balise mora… ou spirituelle. Et ce serait pas bien. Mais tu t’es déjà fait péter la tronche par quelqu’un que tu voulais aider, Armand ? »

PERYN ! « Mais quoi ? » PERYN, TU T’EXCUSES MAINTENANT ! Pardon Armand, il voulait pas dire « Bah si, c’est une vraie question. »
Armand O'Moran
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Trombinoscope : [Abandonné] Prove me wrong ~ Armand Jrby
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(TISSEUR DE RECITS) Maintenir le lien fragile avec les ancêtres et faire demeurer leur savoir d'avant, d'ici et pour toujours.

Familier :
Un CALIGO qui se fond sur les tristes teintes qu'Armand porte.

Compte en banque : 74
Champion.ne : [Abandonné] Prove me wrong ~ Armand Byky [Abandonné] Prove me wrong ~ Armand 23p7
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tw; mention de suicide, santé mentale fragile

Au regard de cette question dont l'incisif n'était pas à même d'être discuté, il y avait de quoi s'attendre à tout un tas d'interprétations, et qui plus est, de réactions. Armand n'est pas là pour tester Peryn, pas plus qu'il n'insistera davantage en lui présentant cette main tendue, sous prétexte que les ancêtres ont souhaité que leur regards respectivement d'azur ne se croisent. D'ailleurs, s'il fallait être honnête, la seule réelle assistance qu'il venait de lui apporter était liée à l'ascension d'un phoque gris jusqu'à son appartement. Helium, qui semblait s'investir de la mission de tempérer son sorcier dont la psyché s'éparpillait presque autant que ses mots. Titan, lui, lorsqu'on a parlé de lui comme une bestiole (affront), s'est contenté de soupirer, pédant, préférant s'ôter les mots de la trompe, reprenant son envol là pour se poser là où on saurait un tant soit peu le respecter.

Pas même sur l'épaule du O'Moran, donc : il n'a même pas prit sa défense, pense t-il ; mais ce n'était quand même pas bien grave, quelques éraflures sur un égo déjà fragile.

"Je pense que j’aurai changé le temps que je trouve, donc bon… Je suis cuisinier, ça je le sais, mais ça ne me définit pas comme si j’étais médecin comme toi, enfin pas de la même manière, parce que je pourrais être autre chose. P’têtre que je serai autre chose. Je pense que je cherche la réponse à cette question, et que c’est important de chercher et de se chercher. P’t’être que je suis surtout ça, une recherche de soi. Je pense aussi que je veux faire quelque chose de bien, qui me rende fier et qui rende fières les personnes qui comptent, et que je veux aider et soulager à ma hauteur. Et niquer la gueule aux personnes qui voudraient baliser tout ça."

Noble quête que celle de la recherche de soi, c'est d'ailleurs le principe même d'une vie saine, à dire vrai. Il n'y a pas un seul sage qui ne s'y soit pas adonné, et le seul fait d'essayer est une preuve de bonté. A mieux se connaître, on connaît aussi mieux de quoi l'univers est fait. Et souvent, on s'aperçoit qu'il est fait de Tout, alors que notre esprit fait miroiter le fragmenté. Tout ce que Peryn voulait être, c'est d'être libre et de comprendre le sens de la vie, en trébuchant ; lui-même l'a dit. Expérimenter fait partie du processus, il y a bien des façons de l'aborder.

"Sauf toi parce que… bon, c’pas pareil, y’a les ancêtres et tout ça, et c’est pas de la balise solide mais de la balise mora… ou spirituelle. Et ce serait pas bien. Mais tu t’es déjà fait péter la tronche par quelqu’un que tu voulais aider, Armand ?"

Armand effleure à peine l'idée que l'hydromancien zélé l'ait comparé à une vierge de fer, lui et ses croyances, voire même les ancêtres en eux-mêmes. Il ne peut que concevoir qu'il soit en colère face à ce qu'il interprète de lui-même comme étant une limitation. N'y avait-il pourtant pas des stations services à peu près partout sur le territoire ? Il fallait pourtant bien s'y arrêter, parfois, le temps de reprendre l'énergie, là où ce puits se fait oasis. Au il fallait s'ajoute bien entendu le choix de ladite station. Souvent, le nécromancien sous-estimait ses propres stations à disposition. Imparfait, comme peut l'être ce jeune cousin devenu dramatique face à l'inexplicable, voire l'incompréhensible.

Comme pour beaucoup d'autres choses, le médecin, aussi excentrique puisse t-il avoir l'air, ne s'encombrait pas de mensonges, ni de fioritures ; encore moins face à une question qui aurait pu être travestie en provocation par son esprit. Le seul encart qu'on lui laisse est celui où familier et sorcier se chicanent, quelques secondes providentielles pour mesurer ses propos.

"Oui. Métaphoriquement."

Il n'est arrivé qu'une seule fois qu'un homme, en fin de journée, se soit montré violent mais, le nécromancien ayant sa magie bien aiguisée, avait pu reprendre le contrôle de la situation avant que cela ne devienne irrécupérable. Du reste, il y avait trop d'exemples pour ces patients qui, au fond, ne voulaient pas vraiment d'aide, alors qu'ils étaient venus prendre rendez-vous. Souvent, c'était leur proche qui les poussait, voire, les maintenaient en vie. Il y avait des contextes et circonstances qui justifiaient bien entendu que l'on respecte la volonté de son prochain.

"Lorsque j'étais externe, une femme m'a souhaité la mort, là où elle n'avait pas réussi à s'octroyer la sienne."

Une anecdote comme une autre, mais qui en dit long ; avec une émotion qu'il ne feint pas. Il n'avait précisément fait que son travail de soignant, et la rescapée d'un suicide raté ne l'avait pas supporté. C'était une réaction brute, distordue par la détresse qui l'avait amenée jusque là. Le raté était déjà là avant qu'elle n'arrive aux urgences, mais il n'avait fallu que de sa présence pour qu'elle expie tout le mal qu'elle ressentait alors ; avant de s'excuser mille fois dans des sanglots tordants d'une douleur psychique abyssale.

"J'admets que la vie n'est pas faite pour tous. Et je le respecte."

Comme d'autres passent leur vie à se mentir à eux-mêmes, à se vautrer dans le divertissement et l'échappatoire par l'irréel, ou même se surmener dans un travail qu'ils n'ont parfois pas vraiment choisi. Il y a trop de disparités pour avoir à en juger une plus qu'une autre. Et de fait, Armand O'Moran est un être comme un autre, logé à la même enseigne. Impossible de le nier, lorsque sa propre voix interne a tendance à s'éteindre, face au surplus de ceux qui viennent le trouver pour tout et rien.

"Comme je sais que beaucoup nient avant de pouvoir réaliser le besoin d'être épaulé... avant qu'il ne soit trop tard. Enfin, il y a un temps pour tout."

Et c'est sur ces mots qu'ils s'embarquent pour l'ascension vers le second et dernier étage qu'Helium devrait supporter, porté par les deux sorciers. Avec ça, il y a fort à parier que sa cigarette, laissée brûlante dans le cendrier, avait eu tôt fait de se consumer.
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TW Tabagisme, mention de suicide, mention de burn-out

Se faire péter la tronche métaphoriquement, il n’y aurait pas pensé. Cette simple réponse mettait en exergue l’abysse insondable entre la culture indéniable d’Armand, l’éducation aiguisée au fil des ans et des expériences, et Peryn, qui sans être un benêt n’avait jamais été très à l’aise dans l’abstraction. Sans dire qu’une chose ne peut être que binaire, l’hydromancien trouvait sa question assez claire et la réponse beaucoup moins. Cette dernière a au moins le mérite de faire taire le binôme, Helium et son regard outré, Peryn dans l’incompréhension. Peut-être que sa question était vraiment déplacée finalement, et qu’Armand ne souhaite pas y répondre. Peut-être que c’est ça qu’il y a à comprendre. « Pardon si c’était euh… déplacé »

Armand développe sa réponse par une anecdote qui prend Peryn au dépourvu. Il n’est pas sûr d’être très à l’aise avec cette idée ou la simple évocation de cette immense souffrance. Comment aurait-il encaissé ça, à sa place ? En cuisine, Peryn avait bien souvent vu de la souffrance, des cris et des pleurs, des crises de nerfs, de la violence et des menaces, mais rien de similaire à quelqu’un qui souhaite intimement et profondément ça, parce que c’est trop lourd, qu’il faudrait mieux tout plutôt que ça. Se faire péter la tronche métaphoriquement alors, oui, ça peut marcher. Il en comprend les contours, imagine ce ressenti d’abasourdissement, et la tête qui tourne, et la nausée. Certains chocs n'ont certainement pas besoin d’être physiques pour être violents.

"Comme je sais que beaucoup nient avant de pouvoir réaliser le besoin d'être épaulé... avant qu'il ne soit trop tard. Enfin, il y a un temps pour tout." Hisser Helium encore, quand ce dernier rentre son ventre comme pour se faire plus léger alors que son poids écrase les corps et tord les muscles trop chauds. Heureusement qu’il saura redescendre tout seul – normalement. Dans le pire des cas Peryn glissera des planches la prochaine fois pour imiter un tobogan, et placera quelques oreillers pour amortir le choc contre le mur si le phoque prend trop de vitesse. Il pousse encore, maudissant les propriétaires successifs qui ont décidé de ne pas mettre d’ascenseur, et plus encore les communautés sorcières si peu au fait de l’accessibilité des familiers dans bien trop d’endroits encore. Il pousse quand il voudrait prendre la parole pour insulter Helium un bon coup, pour ce qu’il est trop souvent, un poids, parce que ce genre de chose ne se dit pas face à d’autres personnes et que la réaction – ou l’absence de réaction – d’Armand l’effraie plus qu’il ne l’aurait pensé au réveil. Comme si le regard de cet inconnu comptait, maintenant que l’hydromancien réalisait qu’il n’était pas seul mais cheminant entre les êtres et les mondes. Comme si par ces yeux d’un bleu glaçant se cachait le jugement des ancêtres et de toutes celles et ceux passés avant. Des milliers d’ombres silencieuses.

Le phoque glisse finalement sur le palier, et Peryn invite Armand à revenir au salon d’un geste de la main sans attendre le cheminement de son familier, qui prendra bien quelques minutes avant de les rejoindre. « Tu sais, je vais pas mourir demain normalement, il y a tout le temps du monde… Si j’avais besoin d’être épaulé bien sûr. » Il s’installe à nouveau autour du carton table, sourire léger en constatant le tas de cendre dans le cendrier là où l’homme avait posé sa cigarette. « Tu devrais passer aux roulées pour éviter ça. Je t’en prépare une si tu veux ? » Puis la gorgée de café mi-froid, qui ferait grimacer beaucoup de monde mais qui lui convient bien. « Bon… supposons que j’ai besoin d’aide – ce qui n’est pas le cas, tout va bien – et que je t’en demande, qu’est-ce que tu ferais, Armand ? Et qu’est-ce que tu dirais ? » Le tabac s’effrite sous ses doigts, trop sec, mais il parviendra bien à en tirer quelque chose. Oui, qu’est ce que tu dirais hein, Armand ? Parce que comme tu vois, nous ça va très bien. Oh le joli duvet ! C’est confort pour dormir ça, Peryn ?
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tw; aucun

Une partie de leur labeur prend fin une fois arrivés sur le palier de destination. Armand guette le phoque comme s’il voulait s’assurer que tout allait bien, sans prononcer un seul mot ; Titan quant à lui se préserve d’exprimer des jugements qu’on lui sait excessifs et faisant rarement dans le gris. Le geste de Peryn pourtant le ramène à d’autres choses, et se permet seulement une remarque à Helium, peu avant de retourner dans l’appartement : “Si tu as besoin de quelque chose…” et ne finit pas sa phrase, lourde de sous-entendus. Le nécromancien s’est de toute façon résolu à ne pas s’appesantir trop longtemps, chose qu’il a déjà suffisamment faite jusque là.

A vrai dire, le cours de pensée est court-circuité par la sollicitation de l’hydromancien.

Tu sais, je vais pas mourir demain normalement, il y a tout le temps du monde… Si j’avais besoin d’être épaulé bien sûr.Hm. Ne pas mourir demain, j’aimerais pouvoir en être aussi sûr que tu l’es.

Memento Mori, ‘souviens-toi que tu vas mourir’, une locution qui a prit beaucoup de place dans son existence, lorsqu’il a eu tôt fait de la comprendre vraiment. Il n’y a précisément rien qui lui assure qu’il se réveillera demain, et c’est aussi la raison pour laquelle il se trouve aussi détaché et présent à la fois. Une tempête n’a pas plus d’importance qu’un rayon de soleil, si l’on sait qu’on en reverra le surlendemain. Être accroché à l’idée que l’existence pourrait lui ôter la vie sans préavis rend chaque chose plus authentique. La vie d’Armand était un ultimatum à chaque instant. N’était t-il pas mort, déjà ?

Tu devrais passer aux roulées pour éviter ça. Je t’en prépare une si tu veux ?

S’il ne l’était pas déjà, et à récidiver durant la nuit, sa cigarette elle, a rendu l’âme.

Volontiers.”, lui répond t-il en se replaçant à sa place initiale, prenant lui aussi une gorgée du café tiédi, qu’il termine au passage. “Et tu as raison, je devrais y songer. Si celle que tu me prépares me convient, je te demanderais probablement la référence de ton tabac.

Léger silence.

Je te laisserais tranquille après.

Annonce plutôt rudimentaire, mais qui prévient qu’il prendrait congé après cette roulée terminée, et consumée. L’esprit du plus jeune cependant, semble être encore aux prises avec son propre déni. S’il s’y accrochait autant, n’était-ce pas qu’il y avait un peu de vrai là-dedans ?

Bon… supposons que j’ai besoin d’aide – ce qui n’est pas le cas, tout va bien – et que je t’en demande, qu’est-ce que tu ferais, Armand ? Et qu’est-ce que tu dirais ?Si tu m’énonces le plus clairement tes besoins, et si je suis en capacité, je t’aiderais en conséquence. Quant à ce que je dirais, sans contexte tangible, ça n’a aucun sens, ni même de légitimité, de te répondre sur une telle abstraction.

Le nécromancien se décale un peu pour pouvoir entrapercevoir le phoque qui s’est permit la remarque concernant son sorcier. L’homme répond au familier, avec une honnêteté au rasoir :

J’ai dormi pendant longtemps sur des futons, ou bien à même le sol. Le confort n’est pas un gage d’équilibre. Son manque m’a beaucoup aidé au contraire.

Peut-être que cette remarque prendra la forme d’un bouclier posté devant Peryn, pour le protéger. Peut-être ne sera t-elle qu’un bref aperçu de sa propre expérience sur le sujet. Quoiqu’il en soit, il n’irait pas blâmer l’ascétisme de qui que ce soit, tant que cela était un tant soit peu choisi, et bien vécu.

Il récupère la roulée que lui a préparé le jeune Tanner, l’en remercie.

Comment fais-tu pour monter Helium, lorsque tu es seul ?

Au delà même du fait que ça ne soit pas adapté pour un familier tel que celui-ci, Armand était seulement curieux de savoir comment il se débrouillait sans une autre paire de bras à disposition. Et si seul il était, espère qu’au moins, le familier comme le sorcier n’en souffraient pas trop.

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