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Edimbourg Sorcier
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Isolationniste
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La discordance des temps modernes
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Trombinoscope :
Face claim : Jensen Ackles
Pronoms RP : Il/He/Him
Âge : 36
Tuer le temps : Protecteur des voies sylvestres
Familier : Témis, une louve grise qui ne le perd jamais de vue.
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Arrivé.e le : 25/09/2024
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Another one bites the dust
27.09.24
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
Isaac Asimov
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Isaac Asimov
Le jour était enfin venu.
Je m’y étais préparé depuis que j’avais reçu le message, le fait de retrouvé ma soeur m’avait même assez rassuré pour que je pense être prêt. J’avais passé toute ma vie à haïr celui que j’allais enterrer aujourd’hui alors, jusqu’à ce que je me réveille, je pensais que tout était parfaitement sous contrôle. Et pourtant…pourtant je n’avais réussi qu’à grappiller deux heures de sommeil cette nuit-là et, depuis, je tournais en rond dans ma chambre, en me passant le scénario de la journée dans la tête. Je savais ce qui était attendu de moi, je savais qu’il y aurait des discours, des hommages à l’homme qu’il était, mais je ne comptais pas être au nombre de ceux qui parleraient de lui en des termes élogieux, devant son cercueil.
Il m’avait tout pris, je ne pouvais pas être plus impatient qu’il soit six pieds sous terre et pourtant…pourtant j’avais l’estomac noué, et le regard que l’autre me rendait dans le miroir était…un mélange de fatigue et de lassitude. Je faisais bonne figure, j’étais présent comme on l’attendait de moi et, aujourd’hui, il en serait également de même. Tout ce que je voulais c’était de m’enfermer dans ma chambre, mon casque sur les oreilles, me réfugiant dans la musique et un pot de glace au chocolat mais je ne le ferai pas car…cette journée était spéciale à plus d’un titre.
Une page se tournait. Tout ce qui allait se passer après aujourd’hui, les prochaines lignes de ces pages seraient les miennes et uniquement les miennes. Mes choix, mes erreurs, mes échecs, mes succès, je ne pourrai plus les mettre sur le dos de celui que nous allions enterrer aujourd’hui. Je me répétais cette vérité encore et encore devant le miroir, alors que j’étalais mes vêtements sur le lit à ma gauche.
Pantalon noir, costume noir, chemise noire et cravatte…noire également. Un ensemble simple mais élégant, qui allait de paire avec l’ambiance sinistre de la journée. J’avais été un mauvais fils, un frère absent, un ami absent mais être présent aujourd’hui…ça, oui, je pouvais le faire.
Assis sur le bord du lit à présent, je passais ma main dans ma crinière en désordre, avant de lâcher un profond soupir. Me penchant en avant, je laissais la même main se glisser sur ma nuque plus raide que jamais, en luttant de toutes mes forces pour ignorer ce noeud à l’estomac. Je ne devais pas faillir, surtout pas ici, surtout pas aujourd’hui. Alors je prenais une profonde respiration, conscient que je n’avais rien réussi à avaler de la matinée, avant d’attraper mes vêtements et enfiler mon sombre costume. J’avais beau me regarder dans le miroir, j’avais beau avoir conscience de ma carrure et de ma musculature, j’avais vraiment perdu l’habitude des vêtements serrés comme celui-ci…je ressemblais vraiment à un pingouin en costume. Enfin c’était ce que je me répétais pour garder les pieds sur terre, car j’étais plus du genre t-shirt et jean que costume cravate mais…maintenant que je renouais avec la civilisation, peut-être était-il temps de revoir ma garde-robe.
Non, ce n’était pas important. Me distraire ne fonctionnerait pas. Ma mère était sans doute déjà partie en avance, pour avoir un moment seule avec son “regretté” époux, enfin c’était ce que je supposais alors que je sortais de ma chambre, conscient du changement radical de look par rapport à avant. Réajustant ma cravate, je descendais et, alors qu’il était temps de partir, je finis par croiser Abigail. Nous avions tous les deux une façon différente d’aborder la situation, mais c’était certain que la journée allait être aussi complexe pour moi que pour elle. Abigail était la raison pour laquelle j’étais revenue alors, en la croisant, je me fendis d’un « Hey. Comment tu te sens ? » Question bête que je regrettais aussitôt mais…trop tard. Je me mordis presque la langue pour me punir, me rappelant que j’allais sans doute devoir garder ma langue dans ma poche, aujourd’hui.
M’approchant de ma sœur, conscient qu’elle voulait probablement en finir autant que moi, j’attrapais doucement sa main gauche dans la mienne, avant de lui glisser un doux regard.
« Bon. On…fait acte de présence, on expédie la cérémonie et, si les autres sont d’attaque, on rentre, je nous fais à bouffer et on picole. Ça te va comme plan ? » Les autres…cette seule mention me fit légèrement grimacer, alors que le nœud de mon estomac se serrait un peu plus. J’avais envie de voir Adriel et Cassy, mais…arriverais-je à supporter leur regard ? Arriverais-je à passer outre ma culpabilité ? Ou est-ce que j’étais simplement en train de me monter la tête, pour rien ? Je n’avais pas hâte d’avoir la réponse mais il était trop tard pour reculer. J’avais fui, j’étais parti sans me retourner et, aujourd’hui, j’allais devoir faire face aux conséquences de mes choix, comme un homme. Enfin…comme un individu responsable, en somme.
« Allez, en route. » La cérémonie ne tarderait pas à commencer, aussi je proposais à ma soeur de faire le trajet dans ma voiture, pour l’occasion, question de nostalgie, alors que cette page se tournait. Durant le trajet, je me répétais sans cesse de ne pas fuir, ne pas fuir, ne pas fuir, alors que le cimetière se faisait de plus en plus proche. J’allais finir par me garer, couper le moteur et, plutôt que de sortir, je rejetais ma tête en arrière, contre l’appui-tête, tout en fermant les yeux pendant quelques secondes.
Témis resterait là, avec moi, tout du long. Je le sentais. =Mon corps tout entier me poussait à être n’importe où sauf ici mais…je ne pouvais pas. J’étais fatigué de fuir. Il était temps de lui faire face une toute dernière fois, et d’enterrer ma noirceur avec lui.
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Un petit pas pour l'individu, un grand pas pour le coven
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Âge : 34 ans
Tuer le temps : Elle vient de demander son transfert comme Préparatrice de Sommeil Éternel suite à son retour à Édimbourg.
Familier : Nyx, une Whippet gracieuse et d’une grande énergie qui fait d’elle une alliée idéale pour aller se dépenser, se vider la tête.
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Another one bites the dust
27 Septembre 2024
« Every man's life ends the same way. It is only the details of how he lived and how he died that distinguish one man from another. » Ernest Hemingway
Il nous complique la vie jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on le mette sous terre. Déjà que mon sommeil laisse à désirer, entre une adaptation non faite au fuseau horaire, à des souvenirs désagréables qui remontent à la surface et maintenant ce réveil matinal… Une cérémonie en journée, quel enfer. « Pour que le plus grand nombre puisse venir. » Que m’avait répondu notre mère quand je lui avais demandé ce qu’il lui était passé par la tête. L’Oracle doit être tout aussi ravi que moi.
Les lourds rideaux protègent encore ma chambre des rayons du Soleil, c’est éclairée par des lumières diffuses que je me prépare, assise à ma coiffeuse. Mes yeux sont bouffis, rouges, signe d’une bien mauvaise nuit, des émotions bien trop contradictoires qui m’ont assiégée. Je hais cet homme du plus profond de mon être, n’en garde aucun bon souvenir et pourtant sa mort m’atteint. C’est à n’y rien comprendre. Je le hais d’autant plus pour la peine que sa mort déclenche. Il ne le mérite pas, il ne mérite que crachat et mépris. J’aimerais tellement m’en foutre mais au lieu de ça je dois masquer les larmes qui m’ont échappé pendant que je luttais avec Morphée, pour qu’elle m’emporte, me soulage. La mort fait partie de mon quotidien, j’en ai compris le sens très jeune, en ai fait ma vie. M’occuper de défunt, redonner de la vie sur ces visages qui n’en ont plus, pour faciliter l’acceptation des vivants, des proches… Tout ça, ça me connait. Et pourtant, aujourd’hui, je suis affectée. Déjà la veille, quand je me suis retrouvée seule face à son corps, j’ai craqué. J’ai pleuré comme une petite fille, face à un homme qui ne l’aura jamais aimée comme un père devrait le faire, un homme qui ne l’a jamais protégée de ce que le monde avait de plus sombre. Après avoir réglé les derniers détails, j’étais rentrée, murée dans un mutisme que j’avais mis sur le dos de la fatigue alors qu’il était surtout dû à cette boule dans ma gorge. Ce matin encore je la sens, ce qui pourrait bien me clouer le bec, pour une fois.
Je couvre mon corps au maximum, pour le protéger de la fraicheur écossaise mais surtout des rayons d’automne encore bien trop agressifs pour ma peau d’albâtre. Des collants épais, aux manches longues d’un gilet, seules mes mains, mon cou et mon visage restent exposés. Je détache mes longs cheveux bruns qui encadrent mon visage, cachent ma nuque. Avant de sortir de ma chambre, je récupère le fedora qui viendra compléter cette armure une fois hors de ces murs.
A la question de mon frère, je me contente de lui répondre par un regard fatigué. Je n’ai pas la force de lui mentir ni de lui dire la vérité. J’accepte avec joie cette main et presse mes doigts sur les siens avant d’acquiescer à son plan. Je suis soulagée du rôle qu’il endosse, lui en suis reconnaissante aussi. Je me laisse guider jusqu’à sa voiture, mes yeux désormais cachées derrière de grandes lunettes noires, suivie d’une Nyx toute aussi silencieuse et discrète. Le trajet se fait en silence, mon regard vide perdu à travers la vitre passager. Une fois la voiture à l’arrêt je tourne enfin mon visage vers celui de mon grand frère et prend le temps de l’observer. Je culpabilise aussitôt de me décharger autant sur lui et glisse une nouvelle fois ma main dans la sienne car lui non plus n’est pas seul. Parce que nous allons affronter cette nouvelle épreuve ensemble, comme bon nombre d’autres avant. Et comme les prochaines, sûrement. Parce que nous sommes une famille. Une famille débarrassée du cancer qui la rongeait.
«
Que je lâche enfin d’une fois éraillée, usée. Et je sors de l’habitacle, le visage fermé, déterminée. J’attends que Caleb me rejoigne et lui prends le bras pour avancer dans l’allée, pour rejoindre la petite foule qui attend le début des festivités.
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Tuer le temps : C’est dans le silence qu’il opère le mieux, chuchoteur onirique est un titre qu’il embrasse depuis 2019.
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Haley. Discrète et indépendante, elle garde ses griffes acérées quand elle n'a pas le regard rivé sur Adriel.
Haley. Discrète et indépendante, elle garde ses griffes acérées quand elle n'a pas le regard rivé sur Adriel.
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27 Septembre 2024
« Every man's life ends the same way. It is only the details of how he lived and how he died that distinguish one man from another. » Ernest Hemingway
Sortant de sa voiture en claquant sa porte, Adriel noua mécaniquement sa cravate tout en prenant le chemin qui menait au cimetière. Non pas qu’il était en retard, mais c'était qu’il préférait la nouer à la dernière minute, bien qu’il aurait pu se passer de cet accessoire. Mais pour Abi et Caleb, sa présence devait être impeccable, repoussant au loin les visions qu’il avait eues durant ces quelques heures de sommeil. Pour la première fois, depuis longtemps, il avait aperçu le visage de son défunt père et se fut en emmurant cette partie de son passé qu’il avança vers la foule qui s'était déjà réuni près du lieu où la famille Reid avait choisi de faire reposer le père pour les sept premières années à venir.
Les mains dans les poches de son costume, lunette sur le nez pour ne pas changer à ses habitudes oniriques, il balaya la foule en espérant apercevoir la cascade rougeoyante de Cass' et de Nelson, un ami proche de leurs pères qui ne manquaient pas l'occasion d'être présent en toute circonstance. Il savait qu’elle non plus, ne manquerait pas d'être aux côtés des Ried aujourd’hui, comme ils avaient été tous là pour le Père Rhodes. On le salua à chaque regard sur lequel il s’accrocha, répondant d’un simple signe du menton sans avoir la moindre envie de parler. Non, cet enterrement soulevait des souvenirs bien trop profonds et qui lui restait en travers de la gorge sans qu’il n’y ait accordé une quelconque importance. Minimiser pour avancer, voilà ce qu’il avait fait, mais c'était clairement un conseil qu’il ne pouvait pas donner à Abi si elle le lui demandait.
Un goût âpre remonta en bouche à l'instant où il remarqua le dos droit de la mère Ried, dont les épaules se secouaient par intermittence légèrement secouée. Et il n’eut qu'à tourner légèrement des talons pour voir Abi et Caleb, tout de noir vêtu, arriver dans l’allée. Un goût de déjà vu, vingt ans plus tard, mais devant lequel il fit en sorte de rester de marbre. Aujourd’hui, c'était pour eux qu’une page se tournait et il serait présent autant de temps que nécessaire. Il accueillit la fratrie à côté, non sans frôler les épaules d’Abi avant de saluer Caleb, qu’il revoyait enfin depuis son retour. Il manquait encore quelques invités, l’Oracle Nécromancien qui faisait l’office n’attendant que l’aval de la famille pour commencer la cérémonie funéraire.
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Familier : Whispers, un lapin " géant des flandres "
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Another one bites the dust
27 Septembre 2024
L'écarlate fit glisser une énième fois une carte de tarot entre ses doigts fins, aux ongles parfaitement manicurés. Comme pour les précédentes tentative, la même lame ressortait à chaque fois. L'Arcane sans nom. Cassandra ne pouvait s'esquiver. Elle jeta un coup d'oeil dédaigneux à l'une de ses étranges horloges qui mêlaient chiffres romains et symboles antiques. Elle espérait presque être en retard à la procession morbide. Whispers lui jeta un regard désapprobateur. Il détestait quand la sorcière luttait contre l'inévitable. La bataille contre le temps était inutile selon lui, et peut être parce qu'il incarnait à merveille le stéréotype lié à son espèce, il détestait être en retarf. Logique pour un Lapin..
- J'ai compris, concéda t elle en quittant sa demeure. Cachant sa chevelure rousse sous un bibi à voilette. Elle ajusta son tailleur et ses gants élégants. D'un pas décidé, elle prit la direction du lieu où le Paternel Reid allait être honoré.
[...]
Son regard gris aux reflets verts se posa sur l'assemblée qui venait de se compléter. L'héritière Ramsay restait en retrait, à l'ombre d'un peuplier. Peu désireuse d'attirer l'attention sur son arrivée tardive pour ne pas dire retardataire. Elle se sentait obligée d'être là, les cartes avaient bien trop insistées pour que ce ne soit qu'un simple message de l'au delà. Et puis, il y a plus de vingt ans, la même scène s'était produite pour le père Rhodes. Ce sentiment de déjà vu ne plaisait pas à la nécromancienne. Les choses se répétaient jamais dans la nature, si il y avait des similarités cela ne pouvait être que du fait de l'homme. Puis, malgré toutes ses années, elle ne pouvait manquer le retour de la fratrie des Reids.
Cette occasion, aussi tragique qu'elle semble être, est aussi l'opportunité de tous se retrouver. Son oeil fut attiré par la carrure athlétique bien qu'étriqué dans un étrange costume de @Caleb Reid. Elle retroussa son nez avec humeur, avant de s'adoucir quand elle repéra sous son grand chapeau sa soeur @Abigail Reid, qui semblait avoir oublié le froid écossais. Il lui fallut peu de temps pour lorgner sur @Adriel Rhodes qui ajustait une cravate mécontente autour de son cou. @Nelson Clemence-Churlloyd était il dans la foule ? Se questionna t elle. Il était le seul qu'elle fréquentait régulièrement, un ami de son père depuis toujours. Il avait toujours la délicatesse de passer la voir plusieurs fois dans le mois. Peu bavard mais ce n'était pas pour déplaire à la cartomancienne. Ils partageaient tous deux, une passion pour les thés et autres boissons plus ou moins alcoolisées.
Whispers s'avança un peu plus qu'elle, posant son regard animal sur la foule. Il aimait prendre de l'avance sur sa compagne, et lui rapportait ses observations. Son pelage sombre se détachait de la pelouse verte et humide du cimetière. La cérémonie allait commencer.
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Arrivé.e le : 25/09/2024
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Another one bites the dust
27.09.24
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
Isaac Asimov
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
Isaac Asimov
L’enterrement était un jour particulier, que chacun accueillait à sa façon. Certains se concentraient sur le vide que le disparu laissait derrière lui, d’autres y voyaient un rappel de notre propre mortalité, de l’aspect temporaire de notre présence sur cette Terre. D’autres, enfin, profitaient de ce jour pour célébrer l’existence du disparu, se remémorant anecdotes et souvenirs heureux, en avançant que le disparu était toujours vivant, quelque part, aussi longtemps qu’on se souviendrait de lui.
Notre mère…j’avais de la pitié pour elle, car elle avait aimé son mari, jadis, j’en étais certain. Son amour avait été la raison pour laquelle elle s’était accrochée à cette famille brisée, alors qu’elle avait eu plus d’une raison de partir. J’aimais à penser qu’elle était restée pour nous mais…non, je n’étais pas naïf à ce point. Elle était restée et avait laissé l’espoir la consumer. L’espoir que son mari verrait un jour la vérité en face, l’espoir qu’il se mette à genoux devant elle et lui demande pardon, l’espoir qu’elle n’aurait plus à avoir peur.
Tout ça pour rien.
Nous avions chacun une façon bien à nous d’affronter la mort, de faire face en public et, dés que je sortis de la voiture, je regrettais de ne pas avoir apporté de lunettes de soleil. J’étais doué pour faire face, pour enterrer mes émotions, mais mon regard finissait toujours par me trahir. Retenant un soupir, je sortais de la voiture en réajustant ma cravate, ignorant l’inconfort que je ressentais à porter cette tenue trop…trop. Lentement, je laissais Abi enrouler son bras autour du sien et posait mon autre main sur le sienne, en signe de réconfort. Doucement, juste entre nous deux, je lui rappelais que « Je suis là. Juste là. » Elle avait sa propre façon de gérer la présence de notre père dans sa vie, elle aurait sa propre façon de gérer sa mort et ce n’était pas mon rôle de lui dire quoi ressentir. Je devais juste m’assurer qu’elle n’oublie pas qu’elle n’était pas seule, qu’elle pouvait se reposer sur moi car j’avais les épaules solides, assez pour supporter son chagrin et sa colère, en plus de mes propres démons.
Moi ? Je prendrai le temps, plus tard, de laisser la colère m’envahir. Pour l’heure je devais faire face et devait le forcer à sourire discrètement, lorsque quelques proches et amis de la famille s’approchaient de notre mère, puis de Abi et moi, pour nous présenter leurs condoléances. Je restais poli car “ Tu peux te carrer tes condoléances là où je pense” n’était malheureusement pas socialement acceptable, même si c’était tout ce que j’avais envie de leur répondre, pour le moment. Rester poli…je pouvais au moins essayer de faire ça, jusqu’à ce que j’arrive à court de patience en tout cas.
Bientôt, mon visage dériva vers une silhouette familière, que j’aurai aimé croiser en d’autres circonstances. Adriel, un fidèle ami que je n’avais pas vu, en personne, depuis une éternité et qui avait pris le temps de venir, malgré tout. Nous avions été à l’enterrement de son père alors, de toutes les personnes rassemblées ici, il devait être celui avec la meilleure idée de ce qu’il se passait dans nos têtes. Pour lui je me fendis d’un petit sourire discret, en lui soufflant « C’est bon de te revoir, merci d’être venu. » Ce qui était tout ce que pouvais dire en ces circonstances, à défaut d’une meilleure idée. Je n’étais pas en mesure d’être sociable, pas pour le moment en tout cas, alors que je combattais chaque fibre de mon corps m’indiquant de me barrer dans la direction opposée.
Je balayais la foule à ma gauche et à ma droite à la recherche d’autres têtes connues mais, de là où j’étais, je ne pouvais pas voir ceux où celle que j’espérais voir. C’était un pari risqué depuis le départ, aussi je retenais un soupir de lassitude et me concentrait devant moi, alors que l’oracle contournait la foule par la droite, avant de commencer son discours devant le cercueil. « Que le spectacle commence…» soufflais-je à ma propre attention, comme pour me préparer à ce qui allait suivre. C’était le moment où l’oracle prenait la parole, pour débuter la cérémonie, pour aider l’esprit du défunt à…traverser de l’autre côté du voile sans doute et, pour les plus sensibles, c’était le moment de ressentir la peine et de la laisser les envahir. Moi ? C’était le moment de serrer la mâchoire, car je n’avais plus aucune larme à verser pour cet enfoiré, seulement de la colère avec un soupçon de haine.
Respire…allez, putain, respire.
Quelques minutes et le cauchemar serait terminé.
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27 Septembre 2024
« Every man's life ends the same way. It is only the details of how he lived and how he died that distinguish one man from another. » Ernest Hemingway
J’ai furieusement envie de baisser la tête devant ces regards qui nous observent à notre arrivée, cependant j’avance tel un automate, la tête haute, agrippée au bras de mon frère. Car il n’a pas besoin de me le dire pour que je sache qu’il est présent pour moi. Même dans les périodes les plus compliquées, même quand on se bouffait le nez, même quand on manquait de se rentrer dans le lard parce que l’un avait décapité la tête d’une Barbie alors que l’autre avait sectionné les cordes de la guitare, on était toujours là pour l’autre, par les liens du sang, par les liens du cœur. Je le laisse me guider, me concentre sur mes pas. Je connais la plupart de ces visages qui se tournent vers nous même si, sur le coup, je serais incapable de mettre un nom sur chacun, bien trop focalisée sur mes pas, sur ce bras dans le mien, cette ancre qui me maintient dans l’instant présent. Tout me paraît brumeux malgré les rayons agressifs de l’astre du jour, les sons comme étouffés, ma tête dans du coton quand une pointe de douleur ne perce pas mes tempes. Comme c’est étrange qu’une nuit de larmes soit aussi difficile à encaisser qu’une soirée trop arrosée. Le contrecoup sans le plaisir, quelle arnaque, du Grant tout craché !
Alors qu’on rejoint notre mère, je sens le contact léger d’une main chaleureuse qui m’accueille et offre un pâle sourire à Adriel. Les circonstances sont tellement étranges, tout sonne faux. Ce soleil radieux qui éclaire les mines accablées, les murmures des personnes venues saluer mon paternel pour son dernier voyage, mais surtout nous venant soutenir une mère éplorée… Je pose une main sur l’avant-bras de Rhodes, presse doucement mes doigts en signe de reconnaissance pour sa présence, lui qui a été le premier de nous tous à perdre un être cher, un père. Puis je prends place à la gauche d’Aylin, décidant de mettre mes griefs de côté le temps qu’elle puisse faire ses adieux, n’arrivant pas à rester insensible face à son chagrin bien que cela m’aurait facilité la vie. Ou bien est-ce une certaine déformation professionnelle qui prend le dessus, faisant passer la peine des autres avant mes propres émotions mises en veille ? Alors que je lance un coup d’œil à l’assemblée, cherchant une autre tête connue que je ne trouve pas, je passe un bras autour de ses épaules qui tressaillent avant de s’affaisser.
L’Oracle Nocturne arrive enfin, vêtu de sa tenue de cérémonie si noire qu’elle semble avaler la lumière du jour à contrario de son masque, véritable travail d’orfèvre, qui en reflète les rayons. Les chuchotements cessent, les yeux suivent la silhouette qui s’installe derrière le cercueil. Débute alors la cérémonie avec une éloge funèbre rédigée avec soin certainement mais je n’y prête pas attention, je reste focaliser sur le mouvement des épaules de ma mère, sur cette personne qui a toussé à quelques mètres sur ma droite, sur cet oiseau qui se pose sur une branche qui oscille sous son poids… Je suis détachée des paroles autant qu’elles le sont de la personne qu’était vraiment mon père. Pourtant, celles et ceux qui se sont occupés du corps ont bien dû voir, sentir à travers les souvenirs qu’ils en ont tiré. Mais les cérémonies ne sont pas que pour les défunts et nul intérêt que d’entacher leur mémoire aux yeux des vivants. Je perçois des mots qui me font grincer des dents. « Grant Reid était un homme dévoué à sa communauté, à sa famille. Un mari aimant et un père attentionné. » Je tente un regard à Caleb par-dessus la tête de notre génitrice, le voit réagir aussi mal que moi. Nous avons été amenés à tolérer le mensonge si longtemps, à faire bonne figure, à ne rien laisser paraître, mais après une vie loin des sourires de façade c’est difficile d’y être à nouveau confronté. Les phrases classiques, de circonstances sont tellement loin de la réalité… Son texte touche à sa fin quand : « Mrs Reid nous a fait savoir que sa fille voulait ajouter quelques mots sur le sorcier à qui nous venons dire au-revoir. » Mon corps entier se tend alors que je me détache de ma mère.
Intérieurement je hurle alors que je serre les poings, les paupières closes derrière mes lunettes noires. « Je… Je ne pouvais pas et… et tu es celle dont il était le plus proche. Tu es celle qui saura quoi dire. » Me souffle-t-elle d’une voix basse et peu assurée, voire suppliante. Pour que ce soit prévu à la cérémonie c’est que cela avait été décidé depuis plusieurs jours où elle m’avait laissé dans l’ignorance, sachant que jamais je n’aurais accepté de prendre la parole. Mais, maintenant que c’est acté devant toutes ces personnes, devant mon coven… Je lui offre une épaule compatissante et elle me jette en pâture aux lions. N’est-ce pas ce qu’elle a toujours fait, au fond, avec celui qui repose entre quatre planches ?
Morue que j’éructe en pensée alors que je marche avec lenteur jusqu’au cercueil, aussi pressée que si j’allais à l’échafaud. Mon chapeau ne me semble plus assez grand et je me sens bien trop à découvert alors que les prunelles se braquent sur moi. Les miennes s’accrochent à l’étendue du cimetière, aux arbres généreux qui protègent les tombes de leur feuillage roussi quand ils ne commencent pas à se dégarnir. Je repère alors la chevelure rousse à l’ombre de l’un deux qui me redonne un peu de cran. Je m’accroche à la vue de mon amie puis aux regards d’Adriel et de mon frère. Je ne suis pas seule. Je m’éclaircis la gorge mais ma voix reste cassée.
«
La gorge douloureuse, sèche, je fais un signe de tête respectueux à l’Oracle avant de prendre congé et de retourner vers les miens. En passant devant Caleb, je désigne du menton la silhouette lointaine de l’écarlate. «
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27 Septembre 2024
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La chevelure écarlate de Cass était celle qui se distinguait le plus dans cette assemblée morose, et une impression fugace de déjà-vu traversa rapidement l’esprit de Rhodes, qui déglutit sans même esquisser un sourire. Il se crispa un instant, avant que la main d’Abi ne vienne chercher la sienne. Il expira silencieusement, ramené à la dure réalité à laquelle les Reid étaient confrontés. Pourtant, tous deux tenaient bon, droits comme des piquets, observant les convives et la famille proche, tous venus rendre hommage à un homme respecté dans la communauté.
D’un léger hochement de menton, il salua Caleb, qu’il voyait enfin après un bref échange de messages la veille, lui assurant par un regard qu’il ne serait nulle part ailleurs qu’ici aujourd’hui. Ce n’était pas seulement un devoir de Vagabond, ni même celui d’un proche de la famille, mais surtout parce que ses amis les plus chers venaient de perdre l’une des attaches qui les liait à Édimbourg depuis plus de dix ans.
Alors que l’Oracle présidait la cérémonie avec le soin requis, Adriel fixa un instant le linceul recouvrant le cercueil, sans vraiment le voir. Des souvenirs enfouis resurgirent, plus de trente ans plus tard. Refusant de se laisser toucher par la moindre émotion, il resta impassible face à la mère Reid, qui venait de présenter sa fille au bûcher avant de prononcer quelques mots à l’assemblée. Abi, en prenant la parole avec son habituel détachement professionnel, marqua également une distance personnelle en prononçant plusieurs fois le prénom de leur père. Adriel avait bien noté que les discordes avaient été assez nombreuses pour que la sœur et le frère ne remettent jamais les pieds ici avant aujourd’hui. Il espérait qu’un jour, ils s’ouvriraient et livreraient un récit plus direct sur les véritables raisons de leur départ.
Sans attendre de telles justifications, le chuchoteur se contenta d’observer la foule qui hocha silencieusement la tête, tandis qu’il sentait de nouveau la main d’Abi glisser sous la sienne. D’instinct, il la serra alors que l’Oracle reprenait, ajoutant à l’impression d’un manège sans fin, au vu des regards froids qu’Abi et Caleb arboraient.
La vérité finirait par éclater un jour. Il espérait simplement que les Reid continueraient à leur faire confiance, sachant qu’ils seraient toujours là. Tandis qu’une partie de l’assemblée commençait à se disperser, la famille proche restait près des Reid, prête à se joindre à eux pour la collation prévue après la cérémonie. Il se doutait qu’aucun d’eux n’avait envie de recevoir une file de personnes leur présentant des condoléances tout en félicitant Abi pour son discours. Son regard se posa sur la mère, qui demeura un instant devant la tombe creusée avant de s’éloigner.
Il se tourna vers la fratrie, attendant que Cass les rejoigne, sa main quittant celle d’Abi pour venir se poser sur son dos.
Il était temps d’avancer.
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27.09.24
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
Isaac Asimov
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Je comprenais l’importance de ce qui se jouait devant moi. Accompagner l’âme du défunt de l’autre côté du voile, célébrer sa vie et pleurer le vide que son absence laisserait, et pourtant je ne pouvais plus me permettre de verser la moindre larme pour lui. A chaque pas, je sentais les regards se poser sur ma soeur et moi, des regards de pitié mêlée de tristesse, des regards qui me filaient la gerbe et pourtant je faisais face, juste aujourd’hui. Demain je pourrai cracher sur sa mémoire, demain je pourrai le détester mais, aujourd’hui, j’étais le fils venu rendre hommage à son père. Cette seule idée me retournait l’estomac mais je n’avais pas le choix, c’était la tradition et c’était ce qu’on attendait de moi. J’accompagnais donc ma soeur à travers la foule, en me demandant ce que tous ces inconnus pouvaient connaître de la vérité…probablement rien, sinon ils ne seraient pas tous là.
Heureusement que Abi était là, sans ça je ne serais probablement pas revenu. Je remerciais également la présence d’Adriel car, malgré notre absence, il avait tenu à être là, comme nous avions été là pour lui, jadis. Nos situations étaient différents, tout comme nos géniteurs, mais le savoir ici m’enlevait un poids des épaules.
Laissant mon regard se perdre à travers la foule d’inconnus, je gardais mes questions pour un autre moment, alors que la cérémonie débutait. Ma mâchoire se serra à la mention du mari aimant et père attentionné, si bien que je fis un effort surhumain pour ne pas éclater de rire, face à l’aspect pathétique et mensonger de cette déclaration. Si seulement ils savaient…mais non, personne ne savait et c’était justement ça le problème. Si mon regard croisa celui de ma soeur, j’hésitais à lui prendre la main et à la ramener vers moi, jusqu’à ce que mes oreilles ne finissent par me jouer un tour. Il devait y avoir une erreur, notre mère ne pouvait pas demander à Abi de faire un discours, pas ici, pas maintenant…non ? Mon regard perçant se tourna vers la silhouette faiblissante de notre génitrice et mon monde entier tourna au rouge, alors que l’indignation se transformait en colère silencieuse. « Putain, j’hallucine… » Non, non, non. Pas elle, pas pour lui, pas ici, pas devant tous ces gens. Elle ne pouvait pas lui demander ça, non. Alors que j’étais sur le point de faire un pas en avant, Abigail eut plus de courage que je n’en eu jamais, acceptant de faire un discours pour l’homme qui l’avait fait souffrir.
Sentant mes poings se serrer à en faire blanchir mes jointures, je pris une respiration et relevais la tête, en écoutant Abigail prendre la parole. Elle parlait du parcours de cet homme, de son ambition, sa détermination, mais pas une fois elle ne mentionna l’amour que ses enfants avaient pour lui, car celle-ci était inexistante. C’était un discours neutre, sans saveur et, pour cela, je ne pouvais que lui en être reconnaissant, car je n’aurai jamais pu faire preuve de la même retenue. Au milieu du discours, je laissais mon regard furieux se glisser vers notre mère et, faisant un peu en avant, ce fut sur un ton froid, cassant et mauvais que je lui murmurais à l’oreille « J’ai pardonné beaucoup de choses. Ton incompétence et ton absence, pour n’en citer que deux. Mais crois-moi bien quand je te dis que ça, je ne te le pardonnerai jamais. Deuil ou pas deuil. » Je voulais lui dire bien plus, que je la détestais presque autant que Grant en cet instant, que j’étais à deux doigts de la pousser dans la tombe pour rejoindre son mari, qu’elle venait de perdre un fils à cet instant mais je me retins, non pas par compassion mais parce que je savais ce discours inutile. Elle n’avait jamais rien fait pour nous, n’avait fait que détourner le regard sans un mot de réconfort, sans un geste tendre à notre égard alors…non. Elle aussi avait été une victime, ce qui ne rendait ce geste que plus impardonnable à mes yeux.
Mon regard finissait toujours par me trahir, raison pour laquelle je baissais la tête à la fin du discours, jusqu’au moment où Abigail passa à côté de moi, pour me faire part de la présence de celle que je cherchais depuis mon retour ici, sans oser l’affronter. Ma mâchoire serrée, je luttais contre la tempête qui faisait rage dans mon esprit, un mélange de soulagement, de tristesse, de colère et de culpabilité qui me donnait déjà mal au crâne. Je luttais pour me retourner, pour la chercher du regard mais je n’en avais pas la force, pas maintenant, pas alors que ma colère était encore trop intense. Alors, une fois la cérémonie terminée, je pivotais et fut le premier à partir, sans demander mon reste, ignorant le regard des curieux alors que je gardais la posture droite, mes mains serrées réfugiées dans mes poches.
Je glissais un regard à Abigail, venue se réfugier près d’Adriel, et je hochais la tête dans leur direction, afin qu’ils comprennent mes intentions. J’étais reconnaissant à mon ami d’être là pour ma soeur, surtout après l’effort qu’elle venait de fournir, pour faire bonne figure. Voyant Témis m’attendre à l’entrée du cimetière, mon regard balaya la foule à mon passage, jusqu’à ce que mes prunelles perçantes et enragées ne se pose sur cette crinière de feu, bien trop familière. J’aurai voulu aller vers elle, prendre la parole mais…pour dire quoi ? Rien de ce que je pouvais dire ne serait jamais suffisant. Je me préparais déjà à un tonnerre de reproches et, si j’allais les accepter sans broncher, comme un adulte, je ne pouvais pas le faire ici, devant cette foule d’inconnus dont je n’avais que faire. Alors, ne ralentissant pas un instant, mon regard troublé croisa celui de Cassy l’espace d’un instant, avant que je ne le détourne, pour me concentrée sur la silhouette de ma louve. Celle-ci m’accueillit en me soufflant « Caleb…» Je savais ce qu’elle voulait me dire. Que j’aurai pu rester jusqu’au bout, que je devais comprendre que ma mère souffrait mais…non, cela je ne pouvais et ne voulais pas l’entendre.« Je sais. J’ai essayé, mais ça…non. »Soufflais-je à mon amie.
Je pouvais tolérer cette farce qu’était cet enterrement mais, veuve éplorée ou non, demander à sa propre fille de faire un discours au nom de son bourreau était…inacceptable, inhumain même. Et, intérieurement, je m’en voulais de ne pas avoir vu le coup venir, ou de ne pas avoir réagi assez vite pour demander à prendre la place de Abi, mais le mal était fait. La cérémonie touchait à sa fin et c’était le fait pour les proches de réconforter la famille, mais Abigail et moi n’avions plus une seule larme à verser pour celui qui n’avait de père que le titre.
Pivotant à gauche à l’entrée du cimetière, en direction de ma voiture qui nous avait amenés ici, je laissais Témis sauter sur le capot de la voiture pour venir s’y allonger, alors que je m’asseyais sur le rebord, relâchant un profond soupir de…soulagement ? Non, je n’étais pas soulagé, car le pire était encore à venir. Passant une main absente dans ma sombre crinière, mon autre main se porta à ma cravate, pour la desserrer quelque peu, afin que je puisse enfin respirer et ne plus suffoquer. Me penchant en avant, mes avant-bras reposant sur mes cuisses, j’attendis que ma soeur, Adriel et - je l'espérais, autant que je le redoutais - Cassy n’arrivent, avant que je ne lâche sur un ton cynique « Bon bah ça s’est très bien passé…quelqu'un est chaud pour une pizza ? » Au moins je n’étais pas parti au milieu de la cérémonie, de cela je pouvais au moins me féliciter.
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Another one bites the dust
27 Septembre 2024
Le discours de la cadette de la famille, et son talent pour faire passer subtilement la violence de caractère de son paternel pour des défauts et de l'ambition était une prouesse que Cassandra ne pouvait qu'admirer. Tout comme la colère partiellement dissimulée qui s'échappait du contour parfait de la machoire de Caleb. Son regard rencontra celui d'Adriel, minutieux et transperçant. Il était le plus clairvoyant du groupe. Du moins dans le passé.
L'écarlate s'échappa dans une étrange mélancolie. Comment pouvaient ils de nouveau se définir en tant que groupe, ou même amis àl'orée ded cette dixième année sans se fréquenter. Dix ans qu'ils étaient séparés par la décision d'une seule personne. L'ainé des Reids avait fait volé en éclat leur promesse. Celle de ne jamais se désunir, de toujours être ensemble. La veille encore, Cassandra s'était endormie dans les bras du guitariste de la famille, après une enième soirée à refaire le, ou les mondes. Ils étaient constamment ensemble, se retrouvant dans des lieux emblématiques qui avaient vu éclore leurs rêves d'adolescent. Et du jour au lendemain, tout avait disparu.
Elle se souvint de l'incompréhension, de la douleur, de la colère et de la rancoeur. Les semaines qui avaient suivies étaient floues, sa mère ne s'était pas gênée pour lui rappeler qu'ils n'appartenaient pas au même " rang social " qu'elle. Qu'on ne pouvait pas attendre grand chose des enfants d'un tel homme. Elle n'avait jamais compris les réflexions faites par sa génitrice, en particulier à propos des paternels de ses amis. Sans doute, une réflexion d'épouse qui ne faisait pas sens pour une enfant.
Whispers, se perdit dans la foule. Se glissant discrètement entre l'herbe grasse et tendre et les jambes des convives. Il reniflait la foule, tirant des conclusions sur les apparences ou mêmes les intentions de chacun. Le géant des Flandres jetta un regard glacial à la louve de l'ainé, avant de reprendre sa place aux côtés de sa sorcière.
- Il y a là, bien du monde.. pour un tel homme. Susurra le lapin avec un mouvement des moustaches. Le paternel Reids n'était pas apprécié pour son caractère, mais c'était en effet une personne d'ambition et dont l'entreprise florissante avait été un modèle de réussite pour bien des âmes.
[...]
Un mouvement de foule indiqua à l'héritière que le discours venait de prendre fin, et la silhouette empressée de Caleb la poussa à quitter son Peuplier pour fendre le cimitière et rejoindre le petit groupe en dehors de celui-ci. Elle ignora les appels et regards de certains des convives, son humeur n'était pas à la discussion.
Comme à son habitude c'est Whispers qui ouvrit les hostilités. Le lapin du haut de son mètre impressionnant toisa le prédateur prélassé sur le capot de la voiture.
- Me voilà bien étonné de votre présence, auriez vous renoncé à fuir toi et ton sorcier, Siffla t il autant à la Louve Témis qu'à Caleb. L'écarlate fit claquer sa langue avec humeur, lui ordonnant de battre en retraite. Même si elle était d'accord avec les propos de son compagnon à fourrure, elle ne cautionnait pas le manque de manière de celui-ci.
- Bonjour Caleb, déclara t elle avec une voix controlée pour ne pas refroidir l'ambiance déjà glaciale du au père... décédé. Abi, Adriel, ça fait un ... moment ajouta la sorcière en leur accordant un regard moins virulent. Ils avaient tant changés, et pourtant elle devinait les jeunes adultes qu'ils avaient été, les amis d'enfance, une autre famille.
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Another one bites the dust
27 Septembre 2024
« Every man's life ends the same way. It is only the details of how he lived and how he died that distinguish one man from another. » Ernest Hemingway
Caleb m’avait avertie qu’il risquait de s’éclipser rapidement, alors quand il file dès la cérémonie terminée je le suis des yeux mais ne lui cours pas derrière, lui laissant ce moment pour souffler, pour peut-être faire tomber le masque loin des regards. Le mien reste fixé à mon visage alors que j’accueille en silence les mots qui se veulent réconfortant de la part de ceux qui quitte le cimetière. De ma main libre j’en sers d’autres, j’effleure des bras mais maintiens une distance voulue, me contente de leur adresser un sourire de façade, concentrée sur le soutien palpable autour de mes doigts, cette main qui me prouve une fois encore que je ne suis pas seule. Aylin s’éloigne à son tour pour des derniers adieux à son époux avant de suivre ses accompagnatrices, ces pleureuses semi professionnelles qui vont se nourrir une fois encore de ses larmes, de son chagrin, en l’attisant par leurs commentaires, leurs questions.
Au contact dans mon dos je bats des paupières, perdue. Comme c’est étrange d’être de ce côté quand on est habitué à faire partie de ceux qui encadrent, qui soutiennent les familles des défunts. Si dans mon métier je connais le déroulement des choses, suis le procédé comme un musicien suit sa partition, là je n’en demeure pas moins déboussolée. Et maintenant quoi ? La mort fait partie de mon quotidien, mais pas cet instant. J’avance vers la sortie du cimetière, plongée dans ces pensées, ces questions. Retourner à ma vie ? Mais quelle vie ? Encore une fois j’ai sous-estimé les émotions qui naitraient de cette journée, l’impact que ça aurait. Je me laisse guider jusqu’à la voiture de Caleb.
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Haley. Discrète et indépendante, elle garde ses griffes acérées quand elle n'a pas le regard rivé sur Adriel.
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27 Septembre 2024
« Every man's life ends the same way. It is only the details of how he lived and how he died that distinguish one man from another. » Ernest Hemingway
La vision des quatre visages réunis en un même lieu, sombre pour l’occasion, raviva des souvenirs contrastés. Ceux d’il y a vingt ans comme ceux d’il y a dix ans, lorsque tous avaient échangé des promesses silencieuses de rester présents, pour le meilleur et pour le pire.
Seuls devant la tombe d’un défunt que les enfants, revenus au pays pour l’occasion, regrettaient peu, il vit Cass les rejoindre, les lèvres serrées, non par chagrin mais par une certaine rancœur. Il la salua en silence en se rendant compte que cela faisait, effectivement, un moment. Adriel avait maintenu le contact avec les Reid au cours de ces dix dernières années, malgré leur départ et leur absence après une période difficile qu’il avait traversée avec Cass. Mais ce n'était pas le cas pour cette dernière, prouvant que le temps avait creusé un fossé dans leur lien, mais pas insurmontable.
Marqué par le manque de sommeil et de magie, il ne remarqua ni n’entendit les familiers de ses amis, veillant simplement à marcher sans couper leur chemin. Caleb fut le premier à briser le silence, évoquant l’envie de se détendre avec une pizza, tandis qu'Abi le taquinait d’un trait d’humour de famille avant de se jeter dans les bras de Cass sans retenue. Parmi tous ces visages familiers, le sien était probablement celui qu’ils attendaient tous. Et il se fit entendre pour la première fois, loin de l’enterrement où la tension avait été palpable.
— On peut aller chez moi.
Le congélateur ne manquait pas de pizzas, et les placards débordaient de thé et de café. Ils auraient largement de quoi se plaindre que le frigo était vide depuis quelques jours, mais c’était probablement un lieu plus neutre que la maison des Reid, celle qu’ils avaient fuie sans un regard en arrière. L’ironie de la situation, où il avait fallu la mort de Grant Reid pour les réunir, avait une étrange résonance. Il était temps qu’ils se retrouvent, non pas comme avant, mais comme ils étaient à présent.
— Une pizza et des thermos au bord de la plage, ça ne se refuse pas.
Il échangea un regard avec Abi, avec qui il avait partagé le dîner l'avant-veille, renouant presque avec l’habitude de manger ensemble. Il tourna légèrement son attention vers Cass, conscient qu’elle avait elle aussi besoin de respirer, comme s’il la connaissait encore aussi bien qu’autrefois, malgré les années d’éloignement.
— Tu viens aussi.
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27.09.24
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
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En revenant ici j’avais espéré pouvoir pardonner à ma mère et repartir sur de bonnes bases mais…maintenant, je n’étais plus certain de savoir si cela en valait réellement la peine. Jadis j’avais essayé de la comprendre, de comprendre pourquoi elle restait, de comprendre pourquoi elle ne faisait rien pour nous et aujourd’hui…peut-être que la douleur avait effacé tout ce qu’il y avait d’elle, pour ne plus laisser qu’une coquille vide, à présent. L’indignation allait durer encore un peu, il me fallait du temps pour que la pression redescende mais cela finirait par passer. Pour l’heure, je préférais sortir d’ici, loin de tous ces inconnus, loin de ces condoléances dont je n’avais que faire, non sans une certaine appréhension.
En sentant les autres arriver près de la voiture, pour se retrouver comme avant, je sentis la remarque de Whispers qui eut l’effet d’un coup de couteau dans la poitrine, sans que je ne cherche à relever. Témis ne fit qu’émettre un grognement rauque en guise de seule réponse, alors que je remerciait Whispers d’avoir vocalisé l’évidence, à la place de Cassy. L’entendre de sa bouche…je n’étais pas sûr de pouvoir le supporter, très franchement. Oh oui j’aurai pu expliquer les raisons de mon départ mais je ne l’avais pas fait, car il s’agissait de mon histoire, et je n’avais aucunement l’intention de l’utiliser comme excuse pour justifier mes agissements.
Passant une main dans la fourrure de Témis, pour la calmer et me calmer aussi, je sentis mon estomac se nouer face au seul mot dont la rousse me gratifia, sur un ton qui ne laissait aucune place au doute. En même temps, à quoi est-ce que je m’attendais ? M’armant du masque de maintien dont j’étais le détenteur, j’eu le courage de soutenir le courage et, avec toute la sincérité dont j’étais capable, lui soufflais « Merci d’être venue, Cassy… » Ce qui était sans doute l’euphémisme de l’année. Elle aurait eu toutes les raisons du monde de ne pas venir, de ne pas revoir nos visages et pourtant…pourtant elle était là. Je remerciais silencieusement ma soeur de prendre le relai, de faire preuve d’une démonstration d’affection dont j’étais incapable, avant qu’elle ne me lance une pique, concernant ma proposition. Ses propos m’arrachant un sourire, ce fut avec sincérité que je m’exclamais « Hey ! Ce n’est pas ma faute, si j’ai tout le temps faim ! » Il en fallait bien, du carburant, pour nourrir une telle machine !
J’aurai dû me douter que ma soeur aurait l’estomac noué par cette cérémonie, et sans doute aussi le coup bas de notre mère. Je ne pouvais pas lui en vouloir cependant, comme toujours, Adriel parvint à proposer un compromis. Bouffe et boissons chaudes à la place ? Je tournais mon visage vers lui, un sourire en coin venant colorer mon visage, avant de confirmer que « Ça, c’est un plan qui me plaît. » J’avais eu dans l’idée de m’enfermer dans ma chambre, pour éviter les proches qui pullulaient dans la maison, mais changer de décor était probablement une bien meilleure solution. Pas encore, pas maintenant, pas avant de…pas encore. Prenant une profonde inspiration, posant ma main sur mon ventre, sentant déjà mon estomac se nouer à nouveau, je serrais les dents, en m’éloignant de la voiture.
« Avant qu’on y aille, il me reste un dernier truc à faire. » Hors de question que je donne plus de détails, même si ma soeur avait probablement une petite idée de ce dont je voulais parler. M’approchant d’elle, je jetais vers elle un regard plus doux, plus triste et aussi teinté d’une légère fatigue, un regard plus honnête, avant de passer mon bras autour d’elle et déposer un léger baiser sur le côté de sa tête. « Je ne serai pas long, promis. » Faisant un dernier signe de main au reste du groupe, j’ajustais ma cravate à nouveau avant de prendre quelques instants, quelques secondes, pour ensuite m’engouffrer dans le cimetière. Balayant les environs, je voyais les derniers proches s’en aller, se dirigeant sans doute vers la demeure familiale, pour ne laisser l’endroit que désespérément…silencieux. Très bien, c’était mieux ainsi. Ainsi, un pas après l’autre, je m’engouffrais dans les allées pour me trouver enfin devant le lieu où reposait le cercueil de Grant.
Il était mort. J’avais beau le savoir, j’avais beau avoir relu le message de ma mère encore et encore, je ne m’étais toujours pas fait à l’idée. Non pas que je pensais que mon père était invincible, mais parce que je n’avais jamais cru qu’il partirait aussi…soudainement. Même plusieurs heures après l’enterrement je me trouvais là, à errer entre les allés du cimetière, sans vraiment avoir la sensation que ce soit réel. Témis était restée une dizaine de mètres derrière moi, elle avait su que ce moment-là était le mien et celui de personne d’autre, pour cela je la remerciais.
Je n’avais jamais voulu revenir ici. Je ne l’aurai pas fait si j’avais eu d’autres choix, le monde me tendait les bras alors pourquoi me limiter à l’Écosse, grise et pluvieuse ? Je regrettais les grandes étendues d’Afrique, je regrettais l’immense forêt amazonienne, je regrettais…tellement de choses. Tellement de choses que je ne pourrai jamais plus récupérer, jamais plus réparer.
Alors, après plusieurs dizaines de minutes, je me trouvais enfin devant cette tombe fraîchement creusée, pour honorer la mémoire d’un homme qui, publiquement, semblait bien sous tout rapport. Homme d'affaires, mari aimant, père de deux beaux enfants, avec le coeur assez large pour en accueillir un troisième. Qu’y avait-il de mauvais dans ce tableau, hum ? Et pourtant, voir ce nom gravé sur cette stèle me donnait la nausée, si bien que je sentais déjà ma main droite trembler dans ma poche. Tout ce que je voulais lui dire, jamais plus il ne pourrait l’entendre. Jamais plus nous ne pourrions régler nos différends. Jamais plus….
Jamais plus je ne pourrai lui dire qu’il ne m’avait pas brisé. Jamais plus je ne pourrai avoir le dernier mot. J’étais à peu près sûr que c’était ça qui m’énervait le plus, en regardant ce nom gravé à même le marbre.
« Même encore maintenant…j’te déteste toujours autant. »
Certains m’avaient dit, au cours de mes voyages, que le temps guérissait tous les mots, ce à quoi je répondais honnêtement “ Connerie.” Le temps n’avait jamais rien réglé pour moi, bien au contraire. Il n’avait fait que me rendre plus tendu, plus nerveux, plus mauvais. Le temps avait corrompu chaque fibre de mon être au point que, bien souvent, je ne reconnaissais pas le regard que je voyais dans le miroir.
« Fallait que tu crèves maintenant… »
Je ne savais pas qui je détestais le plus, entre lui et moi, pour être parfaitement honnête. Lui pour avoir brisé ma vie, ou moi pour avoir laissé cette blessure modeler le reste de ma vie ? Peut-être un peu des deux, sans doute. Tout ce que je pouvais faire, alors que je passais ma main dans ma barbe, c’était de regarder ce nom immortalisé sur le marbre. Dans plusieurs dizaines d’années il serait toujours là, et personne ne saurait jamais ce qu’il avait fait. Cette seule pensée me filait la gerbe…
« J’ai essayé…j’te jure j’ai essayé de comprendre pourquoi. Est-ce que c’était moi, hum ? Est-ce que j’ai…quoi ? Pas été à la hauteur ? Pas été ce que t’aurais voulu ? Ou est-ce que t’étais juste né aigri, hum ? »
Par instinct, alors que la frustration et la colère commençaient à monter en pression, je posais ma main sur mon torse, afin de serrer la bague accrochée à mon collier. Riley n’avait jamais su me calmer, mais serrer cette bague me ramenait à une époque où j’étais plus libre, plus insouciant, plus…détaché de tout ça.
« J’ai fait tout ce que tu m’as demandé…putain j’ai tout fait. Je me suis plié en quatre pour ce satisfaire et…putain, c’était jamais assez bien. J’espère que t’es content, hum ? »
Je ne savais pas ce qu’il avait voulu accomplir, je ne savais pas s’il avait déjà eu un plan ou s’il improvisait au fur et à mesure mais…il avait réussi à me transformer en la pire version de moi-même, colère, aigrie, et bien plus encore. Serrant les dents et les poings, je crachais :
« Ça fait dix ans que je suis sorti de ton ombre et…je la sens toujours. A cause de toi j’suis en colère tout le temps. Tout. Le. Temps. A cause de toi, j’ai rayé l’optimisme de mon vocabulaire. A cause de toi…je n’peux plus faire confiance. J’attends constamment que le couperet finisse par tomber. »
J’aurai voulu qu’il soit là pour que je finisse le travail, j’aurai voulu avoir fini le travail une décennie plus tôt, au lieu de me tenir là devant ce…monument érigé pour le récit de sa vie. D’une vie dont presque personne ne connaissait la véritable teneur. Après tout, ce qu’il se passait derrière les portes fermées d’un foyer n’intéressait personne, non ? Les cris, les bleus…tout ça c’était facilement masquable.
Si j’avais encore des larmes à verser pour qui que ce soit, j’en aurai sans doute verser une aujourd’hui, devant cette tombe, alors que ma main droite venait nerveusement se perdre dans ma crinière, avant de souffler un ultime aveu :
« A cause de toi j’me déteste…»
Jadis j’avais été curieux et souriant, mais aujourd’hui je faisais seulement semblant de l’être. J’étais en colère tout le temps mais je le cachais. J’étais tout le temps sur mes gardes mais je le cachais. Combien de temps devrais-je attendre, avant de déverser cette colère et cette frustration sur mes proches, hum ? J’étais devenu plus semblable à mon bourreau que je ne pourrai jamais me l’avouer, et ce constat me terrifiait véritablement
Revenir dans ce cimetière était une erreur…
Revenir dans cette ville…j’avais espéré que ce n’en soit pas une mais…je ne savais pas quoi faire. J’avais toujours réussi à retomber sur mes pattes, à avoir un nouveau plan, une prochaine direction mais aujourd’hui…je ne savais plus quoi faire.
« J’veux pas devenir comme toi…»
C’était bien là ma crainte la plus terrible, celle qui jaillissait à la surface à chaque fois que je voyais mon reflet dans le miroir, et des traits si proches des siens. Mon estomac se nouait à chaque remarque acerbe, à chaque coup de sang en se demandant si, cette fois, ce serait la bonne. Allais-je basculer comme lui ? Cette seule idée me fit serrer ma main gauche jusqu’à en serrer les jointures, alors que je sentais la noirceur gagner du terrain. Heureusement, ce fut la sensation de la gueule de Témis autour de ma main qui parvint à faire sortir de cette noirceur. Relâchant un soupir, je desserrais ma main et abaissais mon regard, pour trouver celui de ma louve, ce regard dans lequel je me perdis l’espace d’un instant, pour me recentrer.
« Tu te sens mieux ? »
Cette question pouvait paraître ridicule, mais elle savait depuis combien de temps j’attendais ce face à face. Elle l’avait redouté tout autant que moi alors…la question était pertinente. Je laissais mon regard glisser sur la tombe devant moi, relâchant un autre soupir de lassitude en admettant que
« Pas vraiment, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit le cas…»
Il était trop tard pour qu’il me réponde, mais ces mots avaient besoin de sortir alors…ce monologue était sans doute mieux que rien, bien que terriblement insuffisant. Passant ma main sur mon visage, pour se perdre dans la barbe un instant, je pivotais mon regard vers Témis et posais un genou à terre, pour me trouver à sa hauteur. Laissant mes mains se perdre dans son pelage, mon regard perçant trouvait le sien avant que je ne m’autorise à lui sourire. Je pouvais lire son inquiétude dans son regard, aussi je décidais de lui souffler, pour la rassurer
« Ça va aller. Pas aujourd’hui, ni demain mais…ça finira par aller. Ne t’inquiète pas, pour moi. D’accord ? Les Reids sont solides. »
C’était tout ce que je pouvais promettre, pour le moment. Je savais que ma demande était illusoire, que Témis s’inquièterait toujours pour moi mais…je ne pouvais pas lui promettre autre chose, pour le moment. J’avais dis ce que j’avais à dire, j’avais vocalisé ma rage, mon défaitisme et mon dégoût de soi, pour le reste je devais simplement me montrer patient. Me redressant, je passais ma main dans mes cheveux pour les rabattre en arrière, en jetant un dernier regard plus distant, plus détaché, à la tombe qui me faisait face, réfugiant à nouveau mes mains dans mes poches.
Une profonde respiration et tout irait bien, à nouveau.
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Another one bites the dust
27 Septembre 2024
La spontanéité de la cadette des Reids surpris l'écarlate, bien qu'elle ne se l'avoue pas complètement la chaleur de l'étreinte lui fit un bien fou. Voilà des années qu'elle n'avait pas eu de démonstration aussi généreuse. Elle fit glisser discrétement ses doigts sur le dos élégant de la jeune femme, avant d'offrir un sourire discret au groupe d'adultes qu'il était devenu. Rapidement, une proposition d'échappatoire suggérant des collations au bord d'un lac fut proposé par le plus avisé de la bande, @Adriel Rhodes . Comme dans le passé, on ne laissait pas Cassy s'opposer et elle suivrait le mouvement.
Caleb, quand à lui, accusa le coup tout comme sa compagne à fourrure. Faisant frémir d'égo Whispers. Le lapin n'étant pas peu fier d'être la voix de la colère de sa sorcière. La rousse le regarda s'excuser et rejoindre à grandes enjambées la tombe du cruel paternel. Un sourcil arqué fut la seule chose qu'elle put offrir à cette étrange fuite.. en avant. N'étant pas toujours socialement exemplaire, elle laissa les deux autres compagnons d'aventures à la pudeur, et préfèra rapprocher ses pas et ses oreilles en direction du monologue mortuaire que le fils tenait une dernière fois face au silence du concerné.
De pas discret, elle se fit témoin de ses paroles si intimes. Etrangement, elle se sentait légitime à écouter aux portes, du moins, aux morts, et à recevoir la confession de celui qui avait été son plus grand ami à défaut d'autres choses. Elle l'observa échanger avec sa louve avec une tendresse qu'elle jalousait presque. Et d'une voix étrangement enrouée, elle s'autorisa un trait d'humour.
- Ca ira mieux.. peut être au bout de dix ans, c'est un bon délais de prescription.
Consciente du sous-entendu mesquin qu'elle faisait, elle réduit l'espace entre leurs deux silhouettes en signe de paix et de potentielle réconciliation. Elle savait que la perte de son géniteur était aussi douloureuse que rageante, et que le panaché d'émotions qui s'échappaient de ses précieuses punelles provoquerait une tempête dans son coeur dans les jours qui allaient arriver.
Alors pour aujourd'hui, Cassandra préféra laisser ses sentiments contradictoires et sa rancoeur envers le Reids de côté, et se permit une silencieuse mais sincère étreinte vers Caleb. Sa poitrine enfouie sous son manteau vint rencontrer le torse emprisonné par le costume sombre. Ses orbes claires assombris par la voilette de son chapeau rencontrèrent pour la première fois celles de son ami.
- Je suis sincèrement désolée... Que tu n'es pas pu lui dire tout ceci de son vivant. Elle marqua une pause avant de se retourner vers le reste du groupe qui les attendaient. Allons y, avant que ta soeur ne meurt de faim. Ajouta t elle avec un premier vrai sourire.
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27 Septembre 2024
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«
Que je souffle dans un mince sourire alors que je croise le regard d’Adriel. La mer et son immensité, sa puissance mystique qui impose le respect des marins les plus aguerris, qui inspire les poètes. Les vagues qui emportent et avalent les imprudents mais aussi les secrets qu’on leur confesse, en gardiennes. Et cette maison sur la plage qui commence à prendre des airs de refuge dans cette nouvelle étape de vie. Caleb nous fait part de son besoin de se recueillir une dernière fois ce à quoi je hoche la tête avant de venir m’appuyer sur le capot de sa voiture, prête à prendre mon mal en patience, à lui accorder ce moment de solitude que j’ai pu avoir la veille. Mais c’était sans compter sur l’indiscrétion de Cassandra.
«
Avant que je n’aie le temps de l’arrêter, la jeune femme suit les pas de mon frère dans le cimetière. Un nouvel échange de regard avec Adriel et l’instant d’après je repasse à mon tour le lourd portail de fer forgé et m’engouffre entre les tombes, gardant une certaine distance mais pas assez pour ignorer les paroles de mon aîné qui sont comme des coups de massue. Je savais qu’il gardait une certaine culpabilité, nous en avons parlé, comme de cette image sinistre qu’il a de lui mais je ne réalisais pas que c’était à ce point ! Qu’il en était à se… haïr ! Un sentiment que je ne comprends pas car ce n’est pas ce que j’éprouve pour lui. Je ne vois pas l’homme qu’il dépeint avec tant de colère même si j’en ai eu un aperçu le jour où tout a basculé. Non, je ne vois qu’un homme qui est parvenu à faire son bonhomme de chemin malgré un père violent et manipulateur, un homme qui a fait passer les siens en premier jusqu’à ce que ça devienne trop difficile, un homme qui a veillé à ce qu’ils soient malgré tout en sécurité avant de se concentrer sur lui, avant d’enfin vivre sa vie. Aucun monstre sous mes yeux, juste un frère qui prend toute la misère du monde sur ses épaules… Je soupire, impuissante pour le moment.
«
Que je glisse à Rhodes de cette voix toujours cassée avant de l’éclaircir, de frapper dans mes mains et d’enfiler un air enjoué qu’on me connait tant. Un autre rôle que j’ai endossé avec les années, celle du bout en train, celle qui distribue sourires et bonne humeur contre vent et marée, celle qui ravale son chagrin, ses angoisses, pour les digérer plus tard, loin de tous. Je parcours la distance qui me sépare encore de Caleb et Témis, suivie de près par Nyx qui vient donner un léger coup de museau dans la cuisse de mon frère, en signe de soutien.
«
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Tuer le temps : C’est dans le silence qu’il opère le mieux, chuchoteur onirique est un titre qu’il embrasse depuis 2019.
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Haley. Discrète et indépendante, elle garde ses griffes acérées quand elle n'a pas le regard rivé sur Adriel.
Haley. Discrète et indépendante, elle garde ses griffes acérées quand elle n'a pas le regard rivé sur Adriel.
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27 Septembre 2024
« Every man's life ends the same way. It is only the details of how he lived and how he died that distinguish one man from another. » Ernest Hemingway
Alors que chacun saluait l’idée, pourtant peu novatrice, Adriel s’apprêtait à rejoindre sa voiture lorsque la voix de Caleb les arrêta, demandant un instant. Il lança un regard en direction de sa sœur, et le chuchotement silencieux qui passa entre eux laissa Adriel sceptique. Les sous-entendus étaient clairs, presque trop lourds à ignorer.
Par respect, il hocha simplement la tête avant de glisser ses mains dans ses poches. Pendant ce temps, les pas rapides de Cass avaient déjà rattrapé le fils Reid, qui s’éloignait, reprenant le chemin vers la tombe fraîchement retournée de leur paternel. Derrière eux, Abi essayait tant bien que mal de calmer la rouquine, de lui demander du temps. Le temps pour quoi ? Adriel peinait à comprendre. Les deux Reid lui avaient paru si distants et détachés durant la cérémonie qu’il lui était impossible de cerner ce qui se jouait réellement.
Cependant, il ne chercha pas à intervenir. À la place, il suivit le groupe d’un pas mesuré, en retrait, tel un spectateur discret.
S’il avait toujours cherché à se tenir aux premières loges dans son métier d’espion, il savait aussi s’effacer lorsqu’il s’agissait de la vie privée de ses amis. Leur jardin secret était une limite qu’il s’interdisait de franchir. Mais alors qu’il marchait à quelques mètres d’eux, la voix de Caleb perça soudain le silence. Des jurons, des reproches, des mots lâchés dans l’air froid. Adriel accusa le coup en entendant ces bribes.
Un engrenage s’activa dans son esprit. Le départ collectif des Reid. Cette tension constante qui émanait de cette maison. Ce regard d’Abi lorsqu’il était venu la chercher. Tout prenait un autre sens. Ce départ n’était pas simplement motivé par une opportunité de recommencer ailleurs ; c’était une fuite. Une fuite réelle et urgente.
Comment avait-il pu passer à côté de l’horreur qui s’était déroulée sous ses yeux ? Cherchant des réponses, il observa Abi, dont le silence lui en disait plus long qu’il ne l’aurait voulu. Elle évitait son regard, tout son entrain focalisé sur une seule chose : pizza et alcool. Tout pour ne pas penser.
Muet, comme cette tombe que Caleb aurait tout aussi bien pu maudire, Adriel sentit ses épaules s’alourdir. Dix ans de secrets pesaient sur lui, tout comme cette colère brûlante qui habitait Caleb. Ce retour à Édimbourg prenait désormais un sens beaucoup plus sombre. Instinctivement, Adriel effleura la main d’Abi, un geste discret pour lui rappeler qu’il était là, avant de retrouver sa contenance. Non, il ne pouvait pas poser de questions. Pas ici. Pas maintenant. Pas quand les Reid semblaient si déterminés à tourner la page.
Tel un automate, il leva les yeux vers Caleb, qui tenait désormais Cassy dans ses bras, comme si ce geste venait naturellement.
Adriel détourna son attention vers Abi. Ces cernes, ces cheveux noirs défaits, ces yeux autrefois pétillants qui semblaient désormais chercher une lumière qui leur échappait… Il comprenait un peu mieux, maintenant. Ses agissements, ses silences, son besoin constant de fuir ou de se noyer dans l’action. Une question le traversa : Comment fait-elle pour dormir ?
Dors-tu, seulement ?
Une vague de culpabilité monta en lui, amère et lourde. Pourtant, cette émotion s’évapora aussitôt lorsqu’il vit Abi cracher sur la tombe de son père, comme pour signer la fin définitive de quelque chose qui n’aurait jamais dû exister.
— Heureusement que tu n’as pas vidé tout mon stock l’autre soir, murmura-t-il, d’un ton léger, presque détaché, comme s’il cherchait à alléger l’atmosphère ou à combler le silence des révélations qu’il n’avait pas vues venir. Il eut un faible sourire. — Mais j’ai de plus grandes bouteilles dans la cuisine.
Parce qu’il savait qu’un seul shot ne suffirait pas à apaiser les Reid, pas aujourd’hui.
Son regard croisa celui de Caleb. Un simple hochement de tête, pour lui faire comprendre qu’il avait entendu. Qu’il savait, maintenant. Mais qu’il n’insisterait pas. Pas ici. Pas tout de suite. À la place, il resterait là, silencieux, simplement présent, comme il aurait dû l’être depuis longtemps.
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Another one bites the dust
27.09.24
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
Isaac Asimov
Life is pleasant. Death is peaceful. It’s the transition that’s troublesome.
Isaac Asimov
Je n’avais pas prévu de le faire, pas prévu de parler devant sa tombe car je savais que cela ne changerait rien. J’aurai voulu en finir avec lui depuis longtemps, le voir une toute dernière fois alors que j’abattais le dernier pont qui nous liait encore mais j’avais fui, loin, très loin. J’étais venu ici parce que c’était ce qu’on attendait de moi mais voir cette foule d’inconnus, voir notre mère forcer ma soeur à faire un discours pour son bourreau avait été plus que je ne pouvais endurer. Je m’étais donc aventuré dans ce cimetière à présent si silencieux, et j’avais laissé mes paroles ne trouver aucun écho si ce n’était celui des morts…c’était pathétique, proprement pathétique car aucun discours au monde ne me donnerait jamais satisfaction, plus maintenant qu’il n’était plus là pour l’entendre en tout cas.
J’étais en colère, mais cette colère était surtout dirigée vers moi. Moi qui m’étais laissé influencé par cet homme pendant trop longtemps. Moi qui avais laissé son ombre envahir chaque recoin de mon esprit. Moi qui…moi qui n’étais pas digne de l’affection que ma soeur me portait. Tout ce que je pouvais faire, à présent, était de me libérer de ces paroles et prier pour que, un jour, je me réveille avec un poids un peu plus léger sur la poitrine. C’était tout ce que je pouvais espérer, maintenant que j’avais décidé de rester pour de bon, maintenant que j’avais décidé de poser mes racines et recoller les morceaux de cette vie laissée à l’abandon pendant une décennie.
Ce moment-là était le mien. Cet échange-là était le mien, bien que je n’espérais rien en retirer du tout. Témis était là et c’était tout ce qui comptait. Mais, subitement, mon corps se figea en entendant derrière moi une fois qui ne m’était que trop familière. Non…non, non, non. Je ne voulais que personne entende cet échange mais j’avais été stupide. J’aurai dû attendre, revenir plus tard, celui lui aurait évité d’entendre…ça.
C’était trop tard. Je sentais déjà mon coeur s’emballer face à la honte, à la culpabilité et tout un tas d’autres émotions. Je restais là un moment, toujours tourné vers la tombe fraîchement creusée, montrant mon dos à la demoiselle, en essayant de regagner le maintien qui me seyait si bien. « Ce n’est pas comme s’il pouvait m’entendre, de tout façon. » Fut tout ce que je parvins à dire, pour admettre l’aspect futile et ridicule de mon petit discours, une tentative de balayer cette discussion au loin, comme si elle n’était que de piètre importance. Cassy était là, c’était bien plus que ce que je pouvais lui demander mais, en sentant ses bras autour de moi, la surprise s’empara de moi en réalisant que j’avais presque oublié à quel point cette sensation m’avait terriblement manqué. Ma respiration changea instantanément, et elle pourrait sentir mes épaules se détendre, alors mes bras l’entouraient à leur tour. J’aurai pu rester ainsi, pour toute l’éternité, lové tout contre elle, même dans un lieu aussi sinistre que celui-ci, mais je fus rappelé à l’ordre par ses paroles. Elle comprenait mon regret, celui de ne pas avoir pu parler à mon père de son vivant, de tout cela mais, en réponse, ce fut sur un ton amer et fatigué que je lui soufflais, en posant mon regard sur le sien « Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. » Car c’était vrai, j’avais fait un choix et je devais en accepter les conséquences. L’espace d’un instant j’entre-ouvrais la bouche pour lui dire plus, tellement plus, mais la subtilité légendaire de ma soeur me rappela bien vite à l’ordre, mettant fin à cette étreinte que j’aurai voulu éternelle.
Cette façon de faire, cette méthode brutale et directe était celle des Reid. Mais ce moment…ce moment était le mien. Je sentis la langue claquer dans ma bouche et, l’espace d’un instant, j’envisageais de lui demander sèchement de partir, car sa peine et sa douleur étaient différentes des miennes. Elle n’avait pas eu à subir les coups comme j’avais fait le choix de le faire, alors pourrait-elle seulement comprendre ce qu’il y avait dans ma tête ? Mais non, je fermais un instant les yeux et respirait. Une seconde, deux secondes, trois secondes afin de remettre de l’ordre dans mes pensées.
Le moment était passé, tous les mots du monde étaient inutiles à présent. Soupirant, je présentais timidement mon bras à la flamboyante, en répondant à l’appel de ma soeur d’un « On bouge. » Sans grande conviction, mais c’était nécessaire. J’avais dis à cette tombe ce que j’avais à dire, je hochais la tête vers Adriel pour confirmer silencieusement que je comprenais, devinant que nous aurions à reparler de ce petit speech plus tard.
Nous nous étions rapidement mis d’accord. Adriel avait sa propre voiture, il prendrait donc Abigail avec lui et Cassy viendrait avec moi, le temps du trajet. Loin de moi l’idée de la forcer, mais j’avais besoin d’être au volant, de rouler ne serait-ce que pour quelques minutes, pour me vider la tête, comme je le faisais jadis. En arrivant à ma voiture je pliais ma veste et la rangeais dans mon coffre, avant de me débarrasser de ma cravate et de retrousser les manches de ma chemise, pour me mettre à l’aise. La savoir à côté me remplissait d’un sentiment évident de nostalgie mêlé d’amertume, car je savais que les choses ne seraient plus jamais comme avant. M’asseyant côté conducteur, je laissais mes doigts traîner sur le volant en laissant ma tête reposer contre l’appui-tête. Une longue respiration, le temps de faire le ménage dans ma tête, le temps de chasser au loin tout ce que je voulais lui dire, car ce n’était ni l’endroit ni le moment. Elle était présente alors qu’elle avait toutes les raisons du monde de ne pas vouloir l’être, c’était tout ce que je pouvais espérer pour le moment.
« C’est bon de te revoir, Cassy. Malgré…tout ça, c’est vraiment bon de te revoir. » Voilà tout ce que je parvins à dire, en glissant vers elle un regard franc et pourtant si troublé. Elle avait toutes les raisons du monde de me haïr, aussi je ne me berçais absolument pas d’illusions. Je prenais ce moment pour ce qu’il était, pas pour ce que je voulais qu’il soit. Me raclant la gorge pour me recentrer, je démarrais la voiture et, en quelques minutes, nous avions fait un arrêt pour des boissons chaudes, comme réclamé par ma chère cadette. J’avais faim, oui, mais je mangerai plus tard, quand la tempête serait passée et que la maison serait vide, à nouveau.
Pendant tout le trajet j’avais hésité à tendre la maison pour attraper celle de Cassy, à ouvrir la bouche pour lui dire tout ce que j’avais en tête, mes remords, mes regrets, mais je me ravisais à chaque fois. Pas encore, pas maintenant, pas ici. Je ne pouvais pas, cela serait cruel de ma part d’essayer maintenant, alors que les blessures étaient encore fraîches.
En l’espace de quelques minutes de plus pour arrivions en bordure de la demeure d’Adriel, et une fois encore un évident sentiment de nostalgie put se lire dans mes yeux. Passant une main dans ma crinière, je m’extirpais de la voiture et allais en faire le tour, pour ouvrir la portière de Cassy si elle en avait besoin. Croissant le regard de Adriel, je lui demandais avec une simplicité étonnante « Dis-moi que tu as quelque chose d’alcoolisé chez toi. » Parce qu’il était hors de question que je retourne chez moi, que j’affronte les suppliques de ma mère en étant sobre.
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